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Peu sépare le héros du cadavre exsangue

Par Ashley Funestelame le 7/9/2002 Ă  19:12:16 (#2115655)

Les rues de la ville de Windhowl étaient clames tandis que le soleil à son zénith dardait ses rayons ardents sur les allées pavées. La chaleur anesthésiait l’activité urbaine : beaucoup restaient chez eux et profitaient de la fraîcheur de leurs murs ; ils ne sortiraient que plus tard, lorsque la température serait plus clémente. L’auberge que je venais de quitter était comble : marchands de passage et marins à quai s’y mêlaient sans distinction de classe pour se rincer le gosier. Sans doute personne n’avait-il jugé bon de les prévenir qu’alcool et canicule ne faisaient pas bon ménage ; un sourire effleura mes lèvres comme je songeai aux maux et malaises qui ne manqueraient pas de surgir avant demain.

Je déambulais tranquillement dans les rues, me dirigeant vers la poterne à l’arrière de la cité. J’avais revêtu un ample manteau blanc qui m’abritait quelque peu de l’étuve estivale. Je me souvenais d’avoir ri la première fois où j’avais vu cet accoutrement, mais force était de constater son efficacité. De plus, ses replis dissimulaient sans peine l’épée glissée sous le large vêtement. J’atteignis la sortie sans avoir croisé âme qui vive.

Si tôt les murailles franchies, je pressai le pas, les herbes sèches craquant sous mes lourdes bottes. La végétation et ses mille senteurs assaillirent mes narines. Comme toujours, cette sensation m’enivra et sa richesse me désorienta ; l’odorat était devenu un sens essentiel pour moi. Je respirais à pleins poumons pour m’acclimater au mieux de la situation. Je poursuivis mon chemin jusqu’à une petite colline dégagée et balayée par un faible vent chaud. J’ôtai ma cape et mon plastron, exposant un torse couvert de cicatrices aux rayons solaires. Si je détestais le soleil et ce qu’il représentait, sa chaleur évoquait trop de doux souvenirs d’enfance pour que je ne l’apprécie pas.

L’épée glissa du fourreau avec ce sifflement métallique si caractéristique ; j’imaginais aisément la lame d’acier damasquiné briller de mille feux dans la lumière de ce début d’après-midi. J’adoptai une position de combat en garde haute avant d’entamer une série de moulinets et de coups portés à un invisible adversaire. Chaque geste composait une série d’exercices visant la maîtrise de l’arme. De vieux souvenirs surgissaient …toujours conserver la lame libre de toute entrave… les conseils des instructeurs revenaient comme une litanie obsédante. Mon esprit se scinda : mon inconscient guidait mes mouvements selon un schéma connu depuis longtemps tandis que mes pensées vagabondaient.

Je demeurais un guerrier, incapable de me débarrasser de mon éducation. Je m’étais battu au nom de lois implacables avant de prendre les armes contre elles, espérant lutter pour une cause juste ; ce fut un échec. En cet exil j’avais voulu faire fi de mon passé martial… en vain. J’éprouvais désormais le besoin irrépressible de protéger une personne chère à mon cœur…

Je me reconcentrai sur les exercices, frappant l’air avec une rage irraisonnée, exutoire à mes sombres pensées. Je suais abondamment sous l’effort et le soleil implacable. Tout en reprenant mon souffle, je tendis le bras dans la prolongation de mon épaule. Le but du jeu était de tenir la position le plus longtemps possible malgré les crampes, prouvant ainsi la supériorité de la volonté sur la douleur physique.

Le calme des environs fut troublé par des bruissements non loin, accompagnés d’éclats de voix. Instinctivement je me jetai au sol dans l’espoir de ne pas être vu. Je me laissai rouler au bas de la colline, atterrissant silencieusement dans un buisson. De là je pouvais surprendre la conversation que menaient deux hommes.

« T’as vu comme c’était facile Tonar ? Ces p’tits bourgeois s’évanouissent rien qu’à la pensée d’l’acier tirant une goutte d’leur sang ! »

La voix était grossière et me rappelait le ton des ivrognes avachis sur leur table au petit matin.

« Oui Erk, ils nous ont remis tous leurs biens sans broncher… mais je ne vais pas me contenter de vivre de maigres rapines. On m’a entraîné à me battre, on m’a payé pour que je me batte et je n’hésiterai pas à user de la force pour gagner une petite fortune. »

L’expression de celui-ci était plus posée, plus sure. Il me semblait posséder cette confiance propre aux hommes d’armes expérimentés.

« Ah ouais ?, reprit le premier, et que comptes-tu faire ? Faudra déjà ramasser un joli magot pour payer tous les coupe-jarrets que tu veux employer ! T’pourrais m’dire c’que tu manigances ? J’vois pas où y a une telle somme dans l’coin. »

« Dans les caisses du duché, sinistre idiot ! »

Un rire gras retentit.

« La banque d’la ville ? Mais t’es fou ! C’est impossible… enfin au moins tu m’auras fait rire ! »

« Sombre crétin, tu devrais aller moins souvent chez les catins et réfléchir plus. Nos amis qui seront payés bien plus que ce qu’ils ne valent auront pour tâche de leurrer la garde en un point de la ville… et même si une de ces traînées reste en retrait, je me fais fort de la transpercer de par en par. »

J’étouffai un hoquet de surprise en entendant le plan du brigand… je ne pouvais imaginer que l’on touche à un seul cheveu de Dame Azulynn. Je pris la résolution d’avoir une petite explication avec eux. Je rampai sans bruit, ne prêtant plus garde au sens de leurs paroles mais bien uniquement aux bruits qui me permettaient de les situer.

La conversation allait bon train lorsque je jaillis des fourrés. Ma lame, en un mouvement sec, trancha la gorge du plus sot, qui s’effondra dans un immonde gargouillis. J’aurais davantage souhaité prendre son compagnon par surprise, mais le destin ne m’en avait pas laissé le choix.

Mon adversaire ne perdit pas de temps et je l’entendis dégager promptement son épée du fourreau.

« Je ne sais pas qui tu es, mais tu aurais mieux fait de te mêler de tes histoires… maintenant je vais être obligé de te tuer sans que cela ne me rapporte le moindre sou ! »

« Je ne vous permettrai jamais de porter la main sur ma Dame, gredin ! »

« Ho… un chevalier de la vieille école, comme c’est émouvant… mais cela ne va pas retenir ma main ! »

L’air siffla autour de la lame comme il portait le premier coup. Je le déviai au dernier moment ; sa frappe était puissante et précise, il n’avait rien d’un amateur. Nous échangeâmes quelques passes d’armes, menant successivement l’offensive.

« Je ne laisserai jamais les routiers de votre espèce mener à bien ce pillage… »

« C’est bien dommage chevalier, mais les morts ne nous gêneront pas… »

Son souffle était rauque et bruyant, m’aidant à le situer… mais si j’avais l’avantage de la vitesse, sa force physique surpassait indéniablement la mienne.

Feintes et bottes se succédaient sans cesse, en un ballet d’acier mortels, tels des danseurs nous virevoltions… J’avais appris que lorsque deux combattants de même valeur s’affrontaient, l’endurance déterminait souvent le vainqueur. Et à ce jeu-là, je me donnais perdant ; il allait me falloir ruser.

Murmurant une brève incantation, je lui préparai une surprise : un éclair de feu jaillit de mes doigts. Au lieu de s’abriter de ses bras comme je l’avais escompté, il se fendit et esquiva les flammes en un mouvement souple. Son arme me transperça.

« Tu as perdu, chevalier »

MĂŞme aveugle, je pouvais deviner le sourire qui se dessinait sur ses traits.

« J’ai peut-être perdu… mais tu n’as pas gagné »

Serrant les dents, je relevai mon épée de toutes mes forces. L’acier mordit sa chair au niveau de l’aine ; lui déchira le bas-ventre et continua son chemin jusqu’à buter sur le sternum, séparant son corps en deux. Le flot de sang qui se répandit sur moi me donna la nausée.

J’abandonnai là les cadavres et m’éloignai en boitillant. Il n’était pas difficile d’identifier ma blessure : un poumon avait été percé et se remplissait de sang. Une lésion que chaque soldat savait mortelle.

Je me demandai soudain pourquoi je marchais ainsi, sans butÂ… je me posais toujours la question lorsque je mÂ’Ă©croulaiÂ…

Certaines vies doivent parfois être sacrifiées pour en sauver d’autres…

Peu sépare le héros du cadavre exsangue.

Par Olakith le 7/9/2002 Ă  19:31:43 (#2115749)

:lit: Waouh revoilĂ  le prodige d'Harn :D

Par Fenrill le 7/9/2002 Ă  19:50:59 (#2115863)

Oui oui oui :) sur Harn il est bon , et mĂŞme ici :)

Harn : On est les champions

Plus serieusement : Excellent texte , on en redemande...

Par Conrad McLeod le 7/9/2002 Ă  21:09:37 (#2116134)

Provient du message de Fenrill
Plus serieusement : Excellent texte , on en redemande...
Vu la fin du récit, il faudra demander à un bataillon de nécromanciens d'intervenir, avant d'avoir des nouvelles d'Ashley. :(

Par Ibuki Tribal le 7/9/2002 Ă  22:36:24 (#2116480)

:lit:...

Par Ashley Funestelame le 8/9/2002 Ă  0:33:06 (#2117000)

Provient du message de Conrad McLeod
Vu la fin du récit, il faudra demander à un bataillon de nécromanciens d'intervenir, avant d'avoir des nouvelles d'Ashley. :(


N'y compte pas trop Conrad... c'est ce qu'on appelle le chant du cygne ;)

Par Alanis Lyn le 8/9/2002 Ă  5:30:52 (#2117586)

Un si beau texte... Dommage que ce soit la fin en effet...

Par Aina HarLeaQuin le 8/9/2002 Ă  9:44:45 (#2117833)

Tout comme cette chère baronne. :) :merci:

Par Khaelon Lloth le 8/9/2002 Ă  10:38:58 (#2117929)

Superbement écrit , on aurait peut etre préféré une autre fin....

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