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Histoire d'une vie (II)
Par Dodgee MIP le 4/9/2002 à 14:43:40 (#2094437)
Un autre lieu, le lendemain.
Elle est seule. Enfermée dans cette pièce depuis leur arrivé, elle na pas encore revu ses ravisseurs. Tant mieux en un sens, ces personnages sombres dont elle ne distingue pas le visage la mettent plus mal à laise quautre chose. En dautres circonstances, elle aurait aimé avoir une présence quelconque, fut-elle ennemie, pour ne pas se sentir seule, seule comme elle ne lavait jamais été, privée de sa mère. Combien de temps a-t-elle dormi ? Elle ne sait plus. Epuisée, ravagée par la détresse, elle a fini par céder et dormir pendant le trajet, à moins quon nait usé de subterfuges pour lendormir. De temps à autres, elle entend des bruits de pas, des murmures échangés de lautre coté de la lourde porte qui constitue lunique accès à sa chambre, sa cellule. Elle a crié. Elle a voulu parler, discuté, peut-être même tenter un projet fou. Mais personne ne lui a répondu. Personne.
A nouveau, elle fait le tour de la chambre, regardant ces quelques meubles comme si deux pouvait venir une solution. La pièce est plutôt bien aménagée, et le lit est confortable, quelques affaires sont posées là, mais par prudence, elle sest refusée à y toucher. Des bruits de pas. Tournant instinctivement la tête vers la porte, lenfant attends, anxieuse. Peut-être celle-ci va-t-elle enfin souvrir. Que fera-t-elle alors ? Comment séchapper, senfuir ? Où est sa mère ? Que lui veut-on ? Ces simples sons réveillent la cacophonie des questions qui la tiraillent depuis quelle sest réveillée. Et enfin, le battant de la porte tourne sur ses gonds.
Un instant la jeune fille aurait voulu voir sa mère, elle laurait désiré si fort. Dans lembrasure de la porte se tient une femme à la longue chevelure noire qui tombe sur une robe du même ton. Son visage, étonnamment doux et calme contraste étrangement avec la situation. Est-ce donc la le visage de ses ravisseurs ? Surprise, lenfant reste un moment interdite, regardant létrangère savancer vers elle, avec un sourire qui se veut rassurant.
-Ylia ? Naies pas peur, je ne te veux aucun mal
-Qui
Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? Ou est ma mère ?
-Ne tinquiètes pas. Je te connais depuis très longtemps. Ta mère sera bientôt à tes côtés. Patience.
-Je
La voix est douce, presque trop. En même temps quelle parle, la femme aux cheveux ébènes se rapproche, pour parvenir aux cotés de lenfant. Pliant ses genoux pour se mettre à son niveau, elle se veut rassurante, et tend sa main vers la jeune fille. Méfiante, Ylia veut se reculer, séloigner de celle ci. Un pas en arrière, et déjà elle sait quil est trop tard. Le sourire se fait jour sur le visage de la femme, un sourire triomphant, malin. Déjà les deux mains se posent sur son visage. Un cri de douleur emplit la pièce.
Cest sa vie qui défile, image par image. Elle voit sa mère se battre contre ses agresseurs, et cette silhouette qui surgit alors, profitant dun instant dinattention. Vite, tellement vite, son cri est étouffé par une main implacable. Sa mère qui se lance à sa poursuite, alors quelle contemple, impuissante, les agresseurs se dresser sur son chemin. Plus loin, ailleurs, son anniversaire. La belle robe de soie claire que lui a offerte sa mère. Le temps magnifique et la douceur du printemps, les soucis sont bien loin. Une autre nuit, une fuite à nouveau. Elle ne comprenait pas alors. Les mêmes silhouettes qui sont à leur poursuite, encore et encore, et les pièges que sa mère avait tendus pour sen défendre. Sa mère enfin, alors quelles prenaient le large sur un navire. Elle ne savait pas à lépoque que sa mère devait fuir. Etait-ce déjà le cas ? Ses premiers souvenirs à présent, ces premières images dun monde. Le visage de sa mère, lui souriant, ces mains tendues vers elle.
Ylia hurle de douleur, face à ce viol mental, à cette intrusion dans son esprit, dans ses souvenirs. A ses côtés, la femme semble se délecter de linstant, ses mains toujours sur le visage de lenfant, lenserrant comme un trésor.
Plus rien
Elle sent pourtant cette présence étrangère, comme un regard porté sur son esprit. Na-t-il donc pas eu assez de contempler ces souvenirs ? Nest-il pas satisfait davoir ainsi brisé lintimité dune âme ? Et voilà que les images changent. Un tourbillon les emporte, dautres surgissent. Le visage souriant de sa mère
Sa mère ? Mais cest le visage de la femme aux cheveux noirs ! Et là, son anniversaire, cette même femme qui lui tend cette robe, sa robe ! Tout cela est faux ! La nuit dernière
Cette femme, sa mère ? Est ce bien elle ? Elle tente de larracher à
Non
La douleur lui vrille le cerveau. Létau se fait toujours plus pressant, forçant un à un les souvenirs, y mêlant une réalité, une autre réalité à celle de son esprit. Ylia crie, elle se replie sur elle-même. Comment accepter cela ? Elle lutte de toutes ses forces, de toute sa volonté. Toujours limage de sa mère revient, balayée par celle de cette femme. Deux existences, deux chemins parsemés de souvenirs. Tout cela est bien trop pour une jeune fille, trop pour un esprit. La coexistence des deux ne peut que lamener vers la folie. Epuisée, fatiguée, et incapable de résister davantage, Ylia cède. Bientôt ses souvenirs dantan sont effacés, comme de vieux ouvrages à la mémoire disparue. Dautres images viennent les remplacer. Ylia sécroule, vaincue
-Maman ?
-Oui ma chérie, je suis là, ne tinquiète pas.
Rassurée par le son de la voix, Ylia lève son regard vers le visage de sa mère. Doù lui vient cette fatigue ? Quimporte après tout, sa mère est là, elle na rien à craindre. Doucement, lenfant sendort, le sourire aux lèvres entre les bras de sa mère. De son coté, la femme aux cheveux sombres affiche un sourire victorieux, tout en caressant les boucles de la jeune fille.
-Dors petite fille, dors
Désormais tu seras ma fille, et tu rempliras ton office
Par Corielle le 4/9/2002 à 15:40:49 (#2094883)
Ton talent d'écriture n'est certes pas une découverte mais là j'ai l'impression que c'est un des textes les plus aboutis que tu ais écris et que j'ai lu.
Comme toute bonne lecture stoppée en cours, elle laisse un sentiment de frustration exacerbé alors vivement la suite !!!
Par Khaelon Lloth le 4/9/2002 à 19:25:36 (#2096575)
Je ne me joignerai qu'au cri déja poussé: la SUITE!!!!!!!!!!!!!;)
Par Gabriel Thylin MSF le 5/9/2002 à 9:29:02 (#2099542)
Par Alanis Lyn le 5/9/2002 à 10:26:39 (#2099820)
Il est des mensonges qui ne peuvent etre eternels.
Par Lars Sylrus le 5/9/2002 à 11:50:52 (#2100408)
superbe Dod :)
Par Dodgee MIP le 5/9/2002 à 12:29:35 (#2100634)
Elle sétait jurée de ne plus jamais user du don, mais elle navait pas le choix. Quimporte, après tout. Les servants de son ancienne maîtresse savaient déjà quelle viendrait chercher sa fille, lutilisation du don ne pourrait pas les alerter davantage. Assise pour méditer, la femme se concentre de nouveau, cherchant les chemins invisibles par lesquels sexprime le don. Lentement, comme au sortir dun rêve, les images se forment. Elle les voit. Bien que ses yeux soient fermés, elle peut les sentir, les voir comme sils étaient face à elle. Les ravisseurs de son enfant, ceux qui ont osé arracher la chair de sa chair, et qui vont sans nul doute commettre mille maléfices à son encontre. Les serviteurs de la Tisseuse. Ils sont là, dans une demeure dont elle narrive à reconnaître les murs. Elle cherche un indice, une piste, quand soudain la vision sestompe. Et un rire quelle croyait ne plus jamais entendre retentit dans son esprit.
-Crssssss, que voilà touchante attention. Que croyais-tu accomplir ma petite Mekhare ? Vois où tas conduit ta folie, ta fille est mienne, aujourdhui et à jamais.
-Non
Tremblante tant de rage quà cause de limposante présence quelle ressent par ces simples mots, la femme qui fût nommée Mekhare tente de rassembler ses moyens, ses esprits face à celle quelle servit si longtemps.
-Ma fille est libre de choisir. Cest la liberté que jai choisi, et je me battrais pour elle.
-Crssss vraiment ? Veux-tu donc voir le choix de ta fille ? Admire donc, comment se porte ta chère
enfant
La voix est moqueuse, mielleuse et railleuse à la fois. La Tisseuse traçait ses intrigues en jouant avec ses proies, était-ce une manière de plus de la manipuler ? A nouveau une image se forme, indistincte dabord, puis de plus en plus claire. Une chambre. Là, une enfant, son enfant. A ses cotés, une femme aux cheveux sombres quelle ne reconnaît guère. Quimporte, cest sa fille qui est là, quelle voit à travers cette vision. Elle tressaille en reconnaissant les traits dYlia, elle soupire de soulagement en la voyant vivante, elle sourit même en la voyant sourire. Puis ses traits se figent. Elle reconnaît ce regard, cette tendresse chez sa fille. Elle la voit, souriante et heureuse, dans les bras de cette autre femme. Cela ne peut pas être.
-Non ! Maudite ! Cest un mensonge ! Tu essaies de me tromper encore une fois !
-Ksss ksss, non ma chère, ce que tu viens de voir nest que la stricte vérité. Cette enfant semble se plaire parmi les miens, na-t-elle pas lair heureuse ?
-Que lui avez-vous fait ? Quavez-vous fait à ma fille ?
-Ta fille ? Vraiment ?
-Que veux-tu dire ?! Que
-Malheureusement tu nous as quitté, quel dommage, jaurais tellement voulu taider
Kssss
La voix sestompe peu à peu, laissant un dernier ricanement résonner dans lesprit de Mekhare. Epuisée, dévastée par ce quelle venait dentendre, la femme reste un long moment là. Elle revoit encore une fois ces images, tentant de se convaincre que non, tout cela nétait quun cauchemar. La Tisseuse cherche encore une fois à la manipuler. Oui, sûrement. Ou nest-ce que la vérité ? Ils ont sa fille, elle, ne leur sert donc plus. Et si Feyd-Ehlan avait dit vrai ? Si cette image quelle avait vu était réelle ? Elle ne pouvait se tromper sur le regard quelle avait vu. Comment aurait-ils pu inventer cela ? Lentement, la conclusion simpose delle-même. Elle sait ce dont sont capables les suivants de la Tisseuse. En elle monte une sourde colère. Si elle comptait la détruire en lui montrant ces images, elle se trompait. Rien ne peut séparer une mère de sa fille, rien ! Elle na plus rien à perdre à présent. Par tous les moyens, quels que soient les sacrifices, elle retrouvera son enfant
Ylia
Par Corielle le 5/9/2002 à 13:08:25 (#2100902)
Par Syndrael le 5/9/2002 à 18:47:45 (#2103206)
Toujours aussi bon
Par Siaro Ruen le 5/9/2002 à 18:50:37 (#2103239)
Par Aina HarLeaQuin le 6/9/2002 à 5:27:23 (#2106027)
*veut la suite*
Par Free Bener le 6/9/2002 à 5:55:11 (#2106062)
La suite la suite...;)
Par Conrad McLeod le 6/9/2002 à 14:15:11 (#2107997)
Provient du message de Free Bener
Ici, tout simplement. :D
La suite la suite...;)
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