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Récit d'un voyage
Par Opale le 29/8/2002 Ã 8:12:55 (#2050825)
"Le voyage ne fut guère difficile. Ma pensée était en permanence tournée vers Jason -douloureuse pensée- mais mon frère Toullac m'aidait à l'oublier un peu. Ai-je penser a le remercier ? Il faudra que je le fasse, sa compagnie fut des plus agréable, et comme a son habitude ses sages paroles ont otés de mon coeur un poids bien lourd à porter pour la simple femme que je suis.
Nous arrivâmes au port qui devait m'emmener en Plaine Gelée quatre lunes apres notre départ de WindHowl, et c'est en entrant dans le bateau, après avoir confié ma monture a Toullac, que je me rendit compte à quel point mon dos me faisait souffir, tant de journées passées a cheval. Encore une fois l'appaisement de mon frère avait été profitable sur mon être. Je lui fit signe depuis le Grand Pont lorsque nous nous éloignons du port, et je m'enfermais dans ma cabine pour ne plus en sortir avant notre arrivée à Ghernamp. Bréhan me pardonne, mais je préferai prier sans relaches pour le salut de mon maître d'arme, père de foi et de coeur, que me mêler simplement aux autres passagers, marchands pour la plupart en mission diplomatique.
Je louai un cheval après une promesse de m'en occuper au mieu de mes capacités en la matière, cheval à forte corpulence musculaire, sans doute habitué a de telle traversée, je dois le dire. Il ne faiblit pas devant le blizzard de l'hiver, ni devant les flocons de neige qui nous empechait d'y voir loin devant nous. Cette Plaine Gelée me parrut ainsi accompagnée bien moins douloureuse.
-Mais c'est l'p'tit ! s'exclama Emric en me voyant arriver à la grande porte de la forteresse. Cinq année que je ne l'avais pas vu, mais il m'aurait reconnu entre mille disait il, bien que j'ai changé et grandit.
-Un regard, ça ne trompe pas un hom' ! S'tout un vieux garde comme moi ! Allez entre ! Jason t'attends avec hate.
Je le suivais, le coeur lourd, n'osant poser une question à son sujet. Nous arrivâmes devant la porte de sa chambre. Avec un grand sourire et après une breve accolade amicale, comme les gardes en ont le secret, il me laissa là , face à mon incertitude. Je frappais, puis entrais.
Il était là , étendu sur le lit. Il était étrange de le voir ainsi, lui qui n'aimait pas rester assis plus longtemps dans la journée que pour manger. Mais son air avait l'air joyeux, les rides que l'âge lui avait creusé allait bien avec son regard bienveillant, et il ne paraissait pas en mauvaise forme. Son guérrisseur, alors à ses côtés, m'appris qu'un retournement de situation s'était opérée cette dernière semaine, sans doute grâce à ses soins expérimentés se vanta t'il.Je lui donnais alors quelques plantes venues de Goldmoon, dans l'espoir qu'elles puissent aider, et il en fut ravi. On ne trouve pas les mêmes plantes dans une terre ou le soleil lèche les murs plus de 2 mois par an. Puis il sorti, nous laissant seuls.
Jason se releva sur son oreiller, et me pria de prendre place à son côté. Il m'étreint tendrement, visiblement aussi ravi de me revoir que moi de le voir en telle forme.
-Tu as bien grandi ma douce Opale.
-Comme je suis contente de te revoir, je n'ai de cesse de penser à toi.
-Es tu heureuse dans tes nouvelles terres ? Tu sais ... Maintenant tu pourrais revenir, tous ont accepté à présent qu'une femme les ai cottoyés dans leur maniement des armes ... Ils étaient heureux d'apprendre qu'on t'avais fait demandé.
-Je suis heureuse en effet, mais quant à mon retour, j'aurais bien des choses a regler avant, on m'a accordé une grande confiance que je ne veux trahir.
-Il fallait essayer, dit il, puis il sourit.
Quelqu'un frappa à la porte. Un homme richement vétu entra. Il portait une armure de belle fabrication, mais ne voulait visiblement arborer aucun bijou luxurieux, malgré l'écusson noble qui pronait sur son coeur. Je le reconnu immédiatement.
-Oh ! bonjour Espoir, tu viens m'apporter ma tisane, comme tu es attentionné avec moi, approche ! lui dit Jason, ce qu'il fit.
-Opale, te souviens tu d'Espoir, il s'entrainait jadis dans le même groupe que toi.
-Non, répondis-je simplement.
-Ce n'est rien, renchérit Espoir, tu as du voir bien des gens depuis. En tous cas tu es bien jolie, le temps ne t'as pas trahit, me dit il dans un sourire.
Je me rappelai alors pourquoi j'avais été pleine de sentiments pour lui dans ma jeunesse: la douceur de sa voix et de ses gestes, la tendresse de ses mots, et le sourire angélique qui ne le quittait pas. Je me rappelai aussitôt pourquoi j'avais souffert de cet amour d'enfant, et chassai toute cette douceur de mon esprit, puis retournait ma pensée vers Jason, jusqu'à ce que notre invité parte, après un bref salut.
Jason porta sa tisane à ses lèvres, un grand sourire y était accroché.
-Tu es mariée ? me demanda t'il, les yeux pleins de bienveillance, comme à son habitude.
-Non, je n'y songe pas.
-Ah oui ? il but une gorgée. Pourtant tu es en âge maintenant.
-Je n'en ai pas envie, voilà tout. Je préfère me vouer à Bréhan, lui seul habite mes pensées.
-Mais tu ne peux pas rester seule toute ta vie, il faut que tu ai des enfants, tu en parlais déjà petite.
-C'est vrai, mais les choses ont changées. Je n'y songerai que lorsque Bréhan ouvrira mon coeur à l'amour, en lui seul j'ai confiance. Ce jour là , je reconsidererai sans doutes ma position.
-Peut être que ce jour est déjà arrivé, mais que tu ne souhaites pas le voir, tu laisses encore ton destin t'échapper, jeune apprentie ... dit il avant de reboire quelques gorgées et de se lever de son lit de malade, sans même me laisser répondre. Même s'il en eut été autrement, aucun mot ne serait sorti de ma bouche, de toute façon, tant ses paroles me troublèrent.
Il prit à deux mains sa belle épée reluisante, bien qu'un peu usée par le temps, puis la posa, et sortit d'une malle une magnifique masse, au manche parsemé d'ornements. Je reconnu le travail.
-C'est Fertison qui l'a forgée cette étoile, n'est ce pas ? Il travaille toujours avec une précision sans précédent.
-Oui, répondit il, pensif, avant de la reposer dans son emplacement. Manie tu les masses ?
-J'ai finit mon entrainement des lames, avec tes conseils ça n'a pas été bien dur, tu m'as beaucoup appri. Je commence donc à m'interesser aux fléaux.
-Bien bien, c'est une bonne chose, me dit il en souriant.
C'est ainsi que toute la nuit durant, nous parlâmes de choses et d'autres, jusqu'à ce que le guérrisseur arrive a l'aube et me renvoi de la chambre, indigné que j'ai laissé un malade veiller toute une nuit sans repos.
-A tout a l'heure, Petit, me dit Jason, suivit d'un clin d'oeil complice, auquel je répondit avant de sortir.
Je me reposai quelques heures, puis décidai d'aller visiter cette ville que je ne connaissais pas. Outre passé les grandes portes de chêne de la forteresse, je m'aventurait en terre inconnue. Pourtant, un étrange préssentiment me fit avancer à travers les rues, comme si je savais où j'allais. Je finis par franchir la limite de la ville commercante, et arrivait dans le Sous-Bourg, région agricole. Mes pas s'arretèrent devant une maison, ou plutôt ce qu'il en restait. Malgré la neige qui la recouvrait à présent, on pouvait voir les ruines d'une maisonnée de bois, brûlée visiblement plusieurs années auparavant, et laissée ici en décrépitude. Deux croix étaient plantées dans le sol non loin de là , mais ne portaient aucun nom. L'une d'entre elle avait simplement un poupon de chiffon accroché par une ficelle à la partie superieure de la croix. Vu la taille de la croix, je conclut à une enfant. L'esprit troublé, je rentrai vite à la forteresse. Pourquoi mes pas m'avaient menés ici ? Qui vivait là ? Pourquoi avait on laissé là cette maison brulée, sans en oter les débrits ? Il fallait que je vois Jason ... "
Par Klhz le 29/8/2002 Ã 10:15:23 (#2051235)
bravo encore :) j'attend la suite :)
*édite apres le msg d'aekol :p*
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mister aphrael n°2 :p
Par Aekol le Sombre le 29/8/2002 Ã 11:46:38 (#2051787)
Aekol
Mister Aphrael
Par Opale le 29/8/2002 Ã 11:52:20 (#2051834)
Par Opale le 16/9/2002 Ã 18:41:16 (#2168849)
Je frappais doucement à sa porte et l'entrouvrai. Jason était assis sur sa chaise et semblant absorbé par la lecture d'un document. J'entrai doucement, et me postais derriere lui.
-Ah !! te revoilà , fit il en se relevant, non mécontent de ma venue. Je me demandais si tu n'étais pas déjà repartie ...
-Non, je me baladais, dit-je d'un air songeur
-Quelque chose ne va pas ?
Je posai alors le poupon de chiffon que j'avais trouvé sur la petite croix de bois.
-Ah ...
Il perdit immédiatement son sourire et marcha en direction de la fenêtre, afin de perdre son regard sur l'immensité de la plaine Gelée qui s'étendait au loin.
Je rompis le silence.
-Votre regard a changé Jason, vous semblez inquiet ... Je ne me suis donc pas trompée ? Mes pas m'ont menés à la maison que je rejoignais naguere, lorsque j'étais encore un bambin préoccupé uniquement par la recherche du bois que je ramenais pour le feu du soir ? Ce poupon ... -regard douloureux- c'est ... ?
-Oui, me coupa t'il. Tu as eut une petite soeur. Lys d'Or, elle s'appelait, je crois ... Et ton frère Robuste ... Mais son nom lui a fait déf...
-... Mon frère ?
Il se retourna alors vers moi, les yeux remplis d'étonnement.
-Oui, tu ne te rappelles pas ? tu avais un jeune cadet lorsque tu as été emmenée ici ... Si tu ne m'en a jamais parlé, je pensais que c'était par soucis d'oublier ta famille.
-Je n'en ai aucun souvenir ... alors la deuxieme tombe .. ? Mais comment ? Pourquoi cet incendie ?
-Non, la deuxième tombe est celle de ta mère ... Les archives racontent que par un soir d'hiver des bandits ivres se sont éloignés du bourg de la ville, et sont tombés sur la maison de Constance et son vieux père, Renard. Ils auraient martyrisés les animaux de la basse-cour et auraient incendiés la maison. Ta mère serait revenue dans la batisse chercher ta soeur, trop petite et trop craintive pour oser sortir seule d'une maison en flamme, et elles y auraient périe. Ton grand-père aurait emmené plus loin ton frère, pour qu'ils ne soient pas victimes des ivrognes incendiaires ... Nous avons retrouvé un corps gisant à quelques milles de là , mort de froid sans doute ...
-Auraient ? Un corps ? Jason, vous me cachez des choses ...
-Ahhhh mais moi Pet... Opale, je ne te racontes que la version officielle ...
Sur quoi il s'assit difficilement sur le rebord de son lit; il paraissait avoir vieilli de dix ans en quelques instants. Je m'assis tranquillement à ses côtés, lui déposa une couverture chaude sur les épaules, et le laissais chercher ses mots.
-long soupir- et bien ... il y a de cela 2 ans, quelques mois après ton départ en fait ... ton jeune frère est venu frapper à notre porte. Il disait vouloir apprendre l'art de guerre afin de défendre notre belle cité, et échapper ainsi au dur labeur qu'est le labourage des champs, et leur entretien, surtout en nos terres glaciales ... Mais ... Ton aventure était encore trop fraiche dans les esprits de chacun, et bien vite les moqueries s'étaient levées a son encontre. Certains disaient qu'un guerrier par famille était la coutume, et puisque tu l'avais été avant lui, il ne pouvait l'etre aussi. Bien entendu, à cela se melait le fait que tu es une femme ... Les railleries concernant sa virilité étaient donc aussi communes que le rhume en hiver ...
J'écoutais en silence, le coeur lourd.
-Il n'est pas resté longtemps. Un an tout au plus. Le temps d'apprendre quelques bases rudimentaires en épéisterie, et il nous a quitté, sans un mot. Le soir même, un nuage de fumée s'est déversé dans les airs, melant cris de femmes et de bêtes effrayées. Les témoins racontent qu'il avait été prit de folie, et après avoir enfermé les femmes de la maisonnée dans les braises, il aurait voulu s'en prendre aux autres habitants. Armé de son épée, il en a tué cinq, avant de s'enfuir. Renard l'a poursuivis des jours durant, mais finalement, en vain, puisqu'on nous l'a remmené bleui par le froid. Par respect pour les morts, le village a décidé de laisser les ruines du chalet telles qu'elles étaient, pour rappeler à chacun comme la colère d'un Dieu pouvait s'abattre sur ceux qui ne prenaient pas soin de leur cité, faisant bien sur référence à la desertion de Robuste ... Voilà , tu sais tout ...
Au fil des mots, mon coeur s'allourdissait de façon démesurée. Les scènes ainsi racontées défilaient dans ma tête, et un indescriptible sentiment de détresse m'envahit. Tant de mois j'avais vécu sans savoir totu cela, sans savoir que ceux de mon sang avaient péri dans d'attroces souffrances, sans savoir que ce même sang avait à tout jamais anihilé l'origine même de mon existance. En quelques instants, je sentais le sol se dérober sous mes pieds, et je n'avais plus qu'une seule envie, m'engouffrer dans ce néant qui m'appelait.
-Je sais ce que tu te demandes. Non, je ne penses pas qu'il soit encore vivant. Il faut etre particulierement endurant pour résister à notre froid sans fourrure, sans vivres, et sans monture.
Il était a cent lieux de ce que mon coeur pouvait ressentir, mais je préferai taire la rudesse de mes sentiments. Je me haissais, et en même temps je haissais se frère, oublié de ma mémoire, qui avait pu oter tant de vie alors que moi je tachais de les préserver. Je haissais ce qui était à la base de cette barbarie; je me haissais en tant que femme. Si j'étais restée un homme, aux yeux de tous au moins, alors peut etre eut il été vu autrement dans la Forteresse. Alors peut etre aujourd'hui aurais-je pu aller rendre visite sous une fausse identité à ma mère, douce mère, dont je ne reverrai jamais plus le visage, oublié depuis longtemps dans ma mémoire de jeune adulte.
Quelqu'un frappa à la porte, m'arrachant à mes pensées.
C'était Espoir.
Il apportait comme chaque soir une tisane à Jason.
Mon coeur tréssait comme à son habitude en le voyant.
Il était grand et fier, armuré du strict nécessaire, mais tout en conservant cette grâce et ce prestige que donne la naissance à un enfant de nobles. Il avait le visage doux, et les yeux expressifs. Je le dévisageai malgrés moi.
Après quelques formules de politesse il se retira, me laissant à nouveau seule avec mon mentor. Jason but quelques gorgées de son liquide encore brulant, puis posa son bol sur la table de chevet.
Il me dévisagea longuement avant de se lancer.
-Il faut que tu trouves une famille Opale. Cette forteresse aura été ton armure pendant nombre d'années, mais elle ne te servira pas de refuge indéfiniment. Il faut que tu vive pour toi même à présent, Bréhan le veut, je le sais. Si tu ne trouves pas ton bonheur sur ... Comment est-ce déjà ? Althéa ? et bien revient en Plaine Gelée, nous serons tous ravis de t'y retrouver ... Oublie cette famille perdue, et crée en une nouvelle.
-Mais Jason, je ne veux pas aller me battre en me dis...
-en te disant que tu ne peux pas mourir parcqu'une famille t'attends près d'un feu de cheminée, et que ce serai les abandonner, oui oui je sais, c'est moi qui t'ai éduquée rappelle t'en. Mais tu as beaucoup appris Opale, tu as finit ta formation, tu es maitre de ta vie à présent. Tu as acquis assez de sagesse pour pouvoir te battre sans penser à la mort, mais bien à la vie, pour pouvoir enseigner à ceux qui t'aiment que la mort n'est pas une punition, mais une volonté divine, et enfin .... -regard protecteur- assez de sagesse pour ne pas te battre mais raisonner tes ennemis.
Ses dernières paroles raisonnent encore dans mes oreilles, ainsi que toutes les révélations qu'il m'avait faites. Je rentrai blasée et meurtrie pour Althéa.
Par Leeno le 16/9/2002 Ã 19:01:27 (#2169014)
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