Bienvenue sur JeuxOnLine - MMO, MMORPG et MOBA !
Les sites de JeuxOnLine...
 

Panneau de contrôle

Recherche | Retour aux forums

JOL Archives

La légende de Chien Fou [Livre II - Naissance]

Par Ombre Océane le 25/8/2002 à 19:22:46 (#2024735)


_____________________________

Se faufilant parmi les salles de cours, Océane, immédiatement suivie de Lilas, ombres parmi les ombres comme leur avait si bien appris leurs professeurs, s'approchèrent du poste de surveillance de celles qui régissait la sécurité au sein de l'orphelinat. Les deux jeunes filles levèrent un instant la tête et aperçurent derrière la baie vitrée l'imposante Elna et son corbeau, juché sur un piédestal en forme de colonne. Un croassement d'indignation se réverbéra dans les ténèbres, signe que ce dernier avait noté leur petite frimousse et leurs yeux noirs au travers des carreaux. Elna se retourna vers son corbeau et l'écarta d'une pichenette, retournat aussitôt à sa lecture.

- Vas-tu cesser de m'importuner tout le temps, oiseau de malheur? Ne vois-tu pas que j'ai à faire?

Sans un bruit, Océane et Lilas passèrent leur chemin et se dirigèrent vers le débarras, endroit où, si l'on en croyait certains professeurs zélés, il ne faisait pas bon mettre un pied. Mais voilà déjà plusieurs semaines que les deux enfants y avaient élu domicile et y passaient une partie de la nuit, quand le sommeil refusait de s'abattre sur elles. Présentement, elles y venaient pour lire les feuillets suivants de cet étrange livre qui racontait l'histoire du seul homme a avoir jamais été un Lys, plus en adéquation avec cette fleur, si masculine sous bien des aspects, au sens d'Océane.

Ensemble elles entrèrent dans la pièce bondée, accaparée pas les divers objets que les Lys entreposaient à plusieurs titres. Lilas prit la tête du convoi et les mena vers un endroit éclairé par un vasistas d'où les étoiles étaient visibles. Sous la pâle clarté de la lune, Océane s'assit et attendit. Sa compagne amena le livre et l'ouvrit sur le titre, qui brilla sous la blancheur immaculée des rais qui filtraient à travers l'ouverture.

http://membres.lycos.fr/kyrianefeals/Legende.jpg

Lilas souffla doucement sur la page et celle-ci fit place à d'autre pour finalement arriver là où elles s'étaient arrêtées.


--------------------------------------------------------

Une naissance est toujours un phenomene accompagne par la joie: joie de voir un nouvel etre fouler cette terre, joie de le voir respirer l'air, joie de le voir crier pour la toute premiere fois... Jamais je n'ai eu ce plaisir, je dois bien l'avouer car, avant tout, avoir un enfant pour une femme est une preuve de faiblesse envers l'homme aux yeux des Lys. La femme qui est en moi se desespere pourtant d'y gouter, de plonger dans cet interdit. Mais etre une Lys, c'est une vocation, au meme titre qu'une religion.

Oui je crois en ces Lys qui m'ont tout appris, comme Chien Fou a cru en elles pendant une grande partie de sa vie. Longtemps, il a cache l'endroit d'ou il a vu le jour mais aujourd'hui ce n'est plus un secret pour notre Communaute. Comme je l'aurais fait d'une fleche tombee a mes pieds, j'ai parcouru monts et vallees pour retracer fidelement son parcours, un travail de fourmi qui m'a demande bien des annees, mais que j'aurais vivement souhaite etre une quete sans fin. Chien Fou a un parcours particulier, je m'en suis rendu compte des les premiers mois de cette enquete et sa naissance debute avec une infinie clarte ce qui prevaudra tout au long de sa vie: le respect. De nous, les femmes en tout premier lieu puis de tout etre.

Bien sur il a du tuer, comme toutes vous le ferez peut-etre un jour, Lys ou non. Mais le meurtre ne signifie guere l'irrespect... meme s'il s'agit la d'un acte parfois gratuit et peu honorable. Nous sommes des professionnelles et recourons peu a cette extremite, bien que cela fasse parti de nos engagements. Mais dans cette petite maison de deux pieces dans laquelle Isern, du village Elladan, qui deviendra par la suite Chien Fou, vit le jour et qui m'appartient maintenant, il ne songeait sans doute qu'a cette lumiere qui lui brulait les yeux, sans savoir qu'il connaitrait un destin plein d'un optimisme debordant et d'une imprevisibilite que meme les plus sages d'entre nous, a l'epoque, avaient du mal a controler.

Mais n'est-ce pas elle qui fait avancer?

Ce petit grain de folie qui fait de certains des genies, Isern devait sans aucun doute l'avoir. Telle une araignee tissant sa toile dans un des recoins d'un vieux grenier, la vie allait semer ses fils au devant de cet homme qui n'en demanda pas plus pour les suivre. Mais la convenance ne serait pas de mise et cela, un esprit comme l'etait le sien en cette veille de fete n'en avait encore pas encore conscience. Tandis je regarde l'atre de la cheminee, songeant a enlever la pile de cendres qui s'y trouve, je me demande soudain si, lors de l'accouchement, la mere d'Isern ne fixait pas le feu qui y couvait, pale phare dans une nuit de souffrance.

Isern ne fut alors pas prompt a sortir, refusant peut-etre la vie, n'acceptant pas ses conditions. Nous en savons si peu sur ces petites creatures que sont les bebes. Mais, etant les precurseurs de ce que nous sommes, ils ont sans aucun doute les memes reactions typiques de nous, la race humaine. Quitter un bon feu pour s'exposer aux morsures d'un froid d'hiver, quelle personne serait assez sotte pour le faire sans y etre contrainte...? Telle devait etre le sentiment d'Isern a ce moment-la.

Ainsi, il sortit enfin, trouvant surement que l'aube fut si belle qu'il vaille la peine de la contempler. Il n'etait d'ailleurs pas rare de le voir de bon matin sur les rebords de la fontaine situee pres de l'orphelinat; la, il observait silencieusement cette sphere de feu illuminant peu a peu la ville, et s'emerveillait de ce qu'il voyait. Pour moi, qui prefere la compagnie de la lune, je suis loin de m'imaginer ce qu'il pouvait ressentir... mais cela doit s'apparenter aux sentiments que j'eprouve lorsque, les nuits sans nuages, je contemple la Gardienne de mes secrets les plus intimes.

Sa mere mourut au moment meme ou il poussa le cri de la delivrance... elle avait l'air sereine, m'a-t-on laisse entendre au village. J'imagine qu'elle quittait ce monde avec l'idee que son fils s'en sortirait seul, comme elle avait su si bien le faire elle-meme. Il n'y eut personne pour la pleurer, ni famille, ni amis, ni sage-femme... Son mari aimant avait eu maille a partir avec une meute de loups et ces derniers eurent raison de lui, laissant son corps sans vie et dechiquete en pleine foret. Capricieuse est la Mort... elle l'emporte toujours sur la Vie mais decide elle-meme du jour et de l'heure ou elle vous prendra. Elle etait venu finir le travail par celle qui venait de l'expulser de ce cocon si soyeux pour le mettre dans un monde depourvu de cette chaleur, qu'il fallait creer soi-meme afin d'esperer s'en satisfaire.

Qu'allait-il devenir de lui, petit Isern, criant par-dessus les toits sa souffrance, face a ce monde indifferent, ignorant jusqu'a son existence? Heureusement une personne passa devant la maison d'ou provenait ces pleurs teintes d'un desespoir immense, d'une colere a demi refoulee mais aussi d'une furiuse envie de vivre. Pourquoi naitre si c'est pour etre retire de l'echiquier a la sortie du tunnel? C'est une question que je me suis posee bien souvent en constatant le nombre de morts-nes qui ont emailles ma route.

Ainsi doit en decider la Roue de la Vie, Loterie Universelle regissant nos existences... mais pour celui qui deviendrait bientot Chien Fou, Elle decida sans doute de ne pas le blamer plus qu'il ne l'etait deja et de lui accorder sa chance... pour notre plus grand bonheur.

----------------------------------------------------------------------

- Voilà... c'est fini pour ce soir.

Lilas venait de ponctuer cette lecture nocturne, se forçant à épeler les mots que, parfois, elle ne comprenait pas. Certaines phrases même échappaient à son esprit, métaphores au sens flou. Mais elle aimait, tout comme Océane, dont le sourire venait éclairer plus que ne le faisais la lune à son apogée, son replet visage.

- Nous ferions mieux d'aller nous coucher, Lilas.

- Oui...

Lilas referma le livre et partit le ranger, tandis qu'Océane effaça toute trace de leur campement improvisé. Main dans la main, tête contre tête, les deux rêveuses éveillées regagnèrent leur lit respectif, encore envahies par les images d'un enfant criant à la lune, la priant de le sauver des griffes de cet Ombre insensible qui s'approchait... sans aucun doute la verraient-elles un jour, mais elle se jurèrent d'être prête pour que jamais elle ne soit séparées par sa faute...

Jamais...

JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine