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Onzième verset du grand livre de la création

Par ADONAI le 21/8/2002 Ă  17:27:49 (#1998865)

Voici ce que découvris les invités du Concile,
Au coeur des méambres du laboratoire d'Ao,
Laissé à l'abandon depuis l'aube de la création,
Ecrit de la main mĂŞme du semeur,

Tel fut ses tourments dans l'accouchement du monde,
Tel fut ses moments qui sont vérités du monde.


Onzième verset du grand livre de la création

« Ma venue n’avait d’autre but que de se substituer avantageusement au néant de cette sphère d’existence. Les arcades du temps, en effet, virent s’écouler de trop nombreux éons avant qu’un concepteur ne s’y attarde enfin. L’intervention d’Ao, cependant, se produisait selon le grand schéma et l’incarnation de l’énergie qui stagnait en ces lieux n’en fut que facilitée.

L’architecture prévue par mes soins s’articulait autour des cinq entités distinctes dont j’avais la charge : le monde du faucon gris, celui de la nouvelle terre, l’univers des faeries, l’aire des drakes et le plan de la damnation éternelle. Tous séparés par les abîmes du néant, tous liés par de rares connexions, que seuls les choisis pourraient emprunter, ils prendraient place au centre de cette sphére, entouré par le champ étoilé, là où s’inscrirait le grand livre de la création et où évolueraient la masse des êtres morts qui peu à peu, mèneraient le chant à son terme. Bien sûr, le tracé du devenir n’en était pas fixé, et les actions des mortels en détermineraient, pour l’essentiel tout du moins, la destinée. Pourtant, l’émergence de ce nouvel univers nécessiterait bien des sacrifices et bien des regrets, car sombre serait l’histoire, et plus noir encore le destin des êtres, voués à la destruction et à la non-vie. L’état du néant, un instant vaincu, reprendrait inéluctablement ses droits : comme le veut la loi, le chaos ne peut vaincre à jamais, mais ne peut qu’être temporairement repoussé.
LÂ’amertume et le remord nÂ’avait donc pas leur place dans le cÂśur du grand concepteur...

Or, en ce neuvième jour, l’astre solaire éclaira pour la première fois la Toril nouvellement crée d’une chaude lumière. Le sol, que je foulais de mon pas, se réchauffa lentement sous la caresse de ce feu nourricier, et je pensai alors que tout cela était bel, et bon.

Mon allégresse fut grande de voir cette terre, par la vie gagnée : arbres et plantes de toutes sortes rendaient hommage à ce soleil qui leur prêtait force et alimentait la sève même de leur existence. En retour, elles croissaient et multipliaient, recouvrant ce monde encore morne des attraits de la diversité et du changement, à nuls autres pareils. Le cycle commençait, selon ma volonté. De retour au primum triare, je reprenais mon ouvrage de création : j’œuvrais tout le jour, achevant d’élaborer ce règne végétal, sphère fondamentale de l’équilibre désiré, sans laquelle rien ne pourrait être ou perdurer.

Lorsque la lumière vint à disparaître au couchant, la mélancolie et le regret envahirent mon âme, et j’abandonnai à regret la forge de vie. Le premier stade était révolu mais le vide était là, et l’échec patent. Le trône d’obsidienne, havre de savoir et de connaissance, guida mes tristes pensées jusqu’au lieu maudit où résidaient mes erreurs, pauvres créatures difformes et malignes, perverties par l’incurie de mon insuffisance...
Je contemplais un instant les dépossédés, produit de mon échec, pitoyables formes rampant dans les ténèbres, anges destructeurs appelant l’armageddon de leurs vœux : tous pareillement me haïssaient, et de cela je ne pouvait les blâmer. Qui d’autre leur avait infligé cette terrible existence, qui les avait maudit de cette éternité de souffrance ? Le père ne peut aspirer à la perfection de son oeuvre et de sa descendance que par l’annihilation de ses propres défauts, cela je le compris trop tard.

Onzième verset du grand livre de la création

Par ADONAI le 21/8/2002 Ă  17:29:09 (#1998874)

Au matin, l’espoir se fit jour de nouveau, car la cause première m’était enfin apparue : je posai ma main gauche sur la forge et la tranchait vivement. Ainsi, je purgeais mon être profond de ses impardonnables imperfections. Lors, un jour entier et unique vit naître le règne animal dont je peuplerai bientôt les terres de ce monde. Dans les ténèbres du non-jour m’apparut enfin l’harmonie de ma création, et la joie transfigura mon âme. Le trône cependant raviva ma conscience. L’œil gardien, diligemment protégé par le seul dépossédé dont la nature fut plus pure que la forme, pourrait un jour être perverti, car loath le profanateur ne pouvait, pour la pérennité de mon univers, que disparaître à terme. Mon équilibre enfin restauré, je compris bien vite ce qui m’avait jusque là échappé, dissimulé par le trouble de la dysharmonie et de l’imprévoyance : une arme devrait être forgé, afin de protéger mes enfants de l’extinction. Les ténèbres nourrirent le feu de la forge, et l’épée noire naquit de leur union. Elle serait l’essence du réel, nantie des plus puissants pouvoirs, premier garant de la sauvegarde de Toril, source et achèvement de la trame même de l’existence primaire.

Afin qu’elle ne put servir les dessins des mortels, dont j’entrevoyais déjà la nature, je la dissimulais dans un profond sanctuaire, qui ne serait révélé que lorsque la nécessité s’en ferait sentir : là, seul le véritable serviteur de mon oeuvre, celui que j’aurais rappelé du royaume de la mort et de l’oubli, pourrait la libérer afin que soit accomplie sa tâche. Il sera la seconde clé du portail, celui qui achève et complète l’œuvre.
L’unique immortel de la création, le grand protecteur, celui qui se nourrit du fluide de la réalité, serait la première. Dés lors qu’il aurait absorbé l’essence gardienne de l’épée noire, l’huis s’ouvrirait pour mon prêtre afin qu’il s’empare avec sagesse et humilité du premier pouvoir. Il sera celui qui ouvre la voie, dont la présence, nécessaire, n’accomplirait rien par elle-même.

Ainsi avais-je dis et ainsi fut-il fait. L’arme ultime une fois protégée, je choisissais sur les tables de la vérité l’âme de la seconde clé. Dés lors que les peuples des royaumes eurent été crée, en ce douzième jour béni, je nommai en leur sein le premier des réceptacles du grand protecteur. Cela fait, la grande oeuvre pu continuer...

Enfin, lorsque l’aube du trentième jour éclaira le monde finalement achevé, je pu contempler ma création entière et goûter à son absolue perfection : je lançai la roue du destin, et confiais pour cela aux premiers-nés les trois dons nécessaires, qu’ils transmettraient à leurs frères encore à naître lorsque le temps serait venu de le faire... la parole, le feu et le savoir. Alors, et seulement alors, je pu me retirer en ma demeure afin d’observer le devenir de mon oeuvre, inscrite pour une part dans les tablettes de la vérité, pour l’autre dans l’âme des mortels. Je ne m’en retirerais que cinq fois : la première afin de restreindre l’hégémonie des dieux du sud en leur imposant une forme mortelle en un domaine limité, la seconde pour conférer aux seigneurs du chaos les règles de leur règne, la troisième pour châtier l’hérétique de sa trahison et enseigner aux immortels gardiens le sens de leur charge, la quatrième pour rappeler l’élu d’entre les morts et lui rendre forme mortelle, la cinquième afin de clore le destin mon univers au jour du jugement dernier...

La part des mortelles dans l’évolution de leur monde ne dépendrait que d’eux. Qu’ils détruisent l’équilibre fragile de la création ou qu’ils le préservent, leur survie ou leur disparition ne dépendrait que de leurs propres actes, car je m’interdis de jamais intervenir... Qu’ils restent et demeurent les seuls véritables maîtres de leurs destinées, ainsi que le veut l’ainülindaé, le chant de la création, l’édit transcrit dans le grand livre par les soins du concepteur. »

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