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Nature morte

Par MortifeR le 14/8/2002 à 2:53:19 (#1959473)

-N’as tu jamais l’impression de te noyer ?
-Plus maintenant. Répondit la jeune fille au grands yeux couleur de pluie.
-On me hait parfois de vouloir trop aimer, et je me hais de ne le pouvoir assez. J’ai peur de ne jamais y arriver juste ce qu’il faut…
Comme d’habitude, la jeune fille était triste, et pâle. Elle regarda l’homme, sans compassion :
-L’amour n’est pas nécessaire pour mourir.
-Mais je suis bien vivant ! Et je veux vivre encore et toujours ! Protesta l’homme
L’enfant le fixait sans ciller, et sembla irritée de sa naïveté.
-Bien sûr que tu es vivant, seuls les vivants meurent. Mais ne te fais pas d’illusions : ce que tu fais, ce n’est pas vivre, c’est mourir.
L’homme soupira, le regard perdu dans le vague.
-Ah, il m’arrive d’appeler la mort de mes vœux les plus ardents…
-Pourquoi ne pas te la donner ?
L’homme protesta à nouveau
-La mort est la récompense de décennies de souffrance, on ne s’octroie pas un tel présent, on le reçoit, lorsqu’on n’est plus capable de souffrir.
-En es tu encore capable ?
-L’est-on jamais ?
L’enfant fronça les sourcils, d’un air sévère.
-Tu ne sais pas ce que tu veux : Tu souhaites vivre alors que tu meures depuis si longtemps, tu souhaites mourir car tu ne sais pas vivre… presse toi ! Le temps t’est compté, comme à tous.
Le bruit régulier de l’eau accompagnait leurs paroles, rythmant timidement le dialogue insolite. La petite fille s’assit sur la mousse, le long du fleuve. Elle y plongea le bout de ses orteils, comme pour se rafraîchir. Son pied gracile pénétra l’onde néfaste sans la troubler.
Elle se tourna vers lui
-elle est toujours noire, tu sais. fit elle, en montrant les vaguelettes à la surface de l’eau, d’un signe de son menton délicat. Ses grands yeux s’étaient fait plus mélancoliques, inquiétants.
-C’est que je suis si seul…si seul et si las. N’y a t-il personne pour me guider ? Souffla l’homme, dans un murmure, comme s’il s’adressait à la nuit sans fin.
L’enfant quitta la berge, et disparut dans les flots ténébreux, sans un bruit, sans un mot, ni même un adieu.
L’homme regarda autour de lui, avec pour seul écho l’image difforme que lui renvoyait l’Achéron. Il faisait nuit noire, et à perte de vue il n’y avait que le fleuve, que lui.
L’homme était vraiment seul, à présent : la fille, morte depuis bien longtemps déjà, s’en était retourné dans l’oubli du lit d’ombres silencieuses, qui tailladait le paysage sans joie d’un horizon à l’autre.
L’homme eut un léger sourire, résigné.
-Ai-je vraiment le choix ?
Et il pénétra l’abîme à son tour, le cœur lourd de remords et amer de regrets.

Par RedEye Galliano le 14/8/2002 à 6:37:19 (#1959768)

C'est vraiment spécial... j'adore !

Comme toujours avec Mortifer :)

Par Alanis Lyn le 14/8/2002 à 9:08:46 (#1959974)

waouh... que dire...

Par Azulynn Sylrus le 14/8/2002 à 12:10:45 (#1960746)

J'adore... Ahhh, Mortifer, toujours des écris splendides... :chut:

Par MortifeR le 14/8/2002 à 12:43:24 (#1960890)

Merci pour vos réponses.
A noter que n'ayant que très peu à voir avec le jeu, ce post n'est pas vraiment RP, si un modo pouvait lui mettre "sans icône" ça serait sympa tout plein.
Disons juste que c'est un squelette échappé d'un placard : vous savez comment ils sont, quand c'est l'été, ils veulent profiter du soleil aussi, quitte à vous empêcher d'en jouir, les taquins.

Par Tenessia le 14/8/2002 à 13:14:26 (#1961059)

*lit ce conte qui l'emplit de mélancoliques pensées*

( :amour: :amour: :amour: )

Par Alabasyr le 15/8/2002 à 15:52:07 (#1966010)

:lit: Joli

Par La Quenouille Sacrée le 15/8/2002 à 16:46:24 (#1966214)

Rhaaa...splendide! Et toi Potiron, arrête d'etre si modeste :p T'a du talent ;)

Dark *qui a hate de retrouver son nom* soul

Par Khaelon Lloth le 15/8/2002 à 22:26:48 (#1967428)

Original et époustouflant de talent:lit: :merci: :merci:

Par Aina HarLeaQuin le 16/8/2002 à 0:17:09 (#1967801)

Toujours aussi plaisant à lire Mortifer. :merci:

Par Gabriel Thylin MSF le 19/8/2002 à 17:14:05 (#1985868)

:lit: ;)

Par Snoopy le 19/8/2002 à 19:59:39 (#1986832)

:lit: :amour:

Par Leylia le 19/8/2002 à 20:11:45 (#1986904)

:lit: :amour: Wouaaaaouu!! quel talent

Par Feltorn Darken le 19/8/2002 à 20:12:22 (#1986908)

:lit: (tu devrais etre écrivains toi :p )

Par Phoenix Ardent le 20/8/2002 à 1:46:58 (#1988485)

-Nas tu jamais limpression de te noyer ?

- dans le bleu de tes grands yeux mon mortichou :amour: :rolleyes:

dit donc gt pas venu sur ce forum depuis un mois et tu me fait le plaisir d'avoir mit un de tes posts en premiere page, t'est trop gentils :merci:

Par MortifeR le 23/8/2002 à 23:50:59 (#2016042)

Merci les gens, vous êtes trop gentils, je vous fais des gros poutous partout, surtout aux filles, parceque quand même, faut pas déconner :D.
N'empêche, ce truc a quand même rien à voir avec le RP !

L'oiseau

Par MortifeR le 20/9/2002 à 5:17:21 (#2193092)

L'oiseau pique et virevolte, au gré des courants ascendants qui fouettent la falaise baignée de clarté crépusculaire.
Je le regarde avec fascination, tant il m'est supérieur face à l'inéluctable. Oui, dans un sens, il est éternel. Pas dans le temps, non, personne ne l'est. Mais dans l'espace. Dieu lui a donné cette faculté unique de transcender l'appel du vide, et de contrer la force de la nature. Alors qu'il tombe, ce qui devrait arriver n'arrive pas. Et le voilà qui s'élève encore plus haut, se moquant impunément de la mort.

Je m'approche de la falaise, et pense :
Si je m'y essaie, la fatalité me rattrapera et me brisera contre le roc de l'immuable et tangible évidence de mon infirmité.
Quoique je puisse faire, jamais je ne ferais en sorte d'inverser ma course comme l'oiseau sait le faire. La pierre qu'on lance, consciente de sa trajectoire, ne revient jamais à son point de départ. Elle atterrit là où l'ignorance totale l'aurait menée.
Pourtant le bonheur est là haut, sans aucun doute : Il est dans l'extase des cieux irradiés de lumière divine.

Quant à moi, je ne peux que les contempler, ma course est sûrement déjà entamée vers la roche. Et je ne sais pas voler. Je tombe dans un aéronef fou, sans personne aux commandes, et je ne sais pas piloter.

L'oiseau lui, a le choix. Il est libre. Et il remonte à chaque fois. Une, cent, mille fois, et chaque ressource le mène plus près de l'éternité, tandis que la falaise triste l'appelle d'une sourde rumeur mourante. Il jaillit encore une fois, toujours plus beau dans le ciel brûlant d'une lente agonie solaire.
Cette fois, il ne remonte pas. Alors que je m'approche du bord, il gît en bas, disloqué et déchiqueté sur la pierre froide.

Par L'Oiseau de Nuit le 20/9/2002 à 5:57:21 (#2193134)

Il n'y a pas de plus belle fin que celle
Qu'on atteint dans la recherche de l'infini.
Comme on s'ouvre aux cieux, j'ouvrirai mes ailes,
Portée par le vent d'un destin que je defie.
Qu'importe si j'y trouve la mort ou la vie ?

Par Yolinne MIP le 20/9/2002 à 9:16:04 (#2193481)

teuteuteu *met ses lunettes noires* Approchez pas mon poulain laaaaa ! Jvais l'inscrire aux jeunesses littéraire macabres morbides sublimes and co ! Chuis sure qu'on va gagner un bon prix. *sort un cigare, le regard avide caché derriere les verres sombres* En attendant personne l'approche j'y tiens moi à mon bon numéro !


Yo*coatch de Mortichou :ange:*yo

Par Ibuki Tribal le 20/9/2002 à 10:20:35 (#2193727)

:eek: *:amour:*

(Bah Yo j'te voyais pas comme ca :D :p)

Par Bardiel Wyld le 20/9/2002 à 11:00:37 (#2193890)

Yeah mon Mortichou :)

*lui fait un gros poutou* :ange:

Par Darksoul Zenox le 20/9/2002 à 15:38:43 (#2195573)

*a du mal a comprendre tout les sens, mais aodre quand meme*

L'est spécial notre Potiron, n'est-ceeee pas ? ;)

Par Yolinne MIP le 20/9/2002 à 15:41:44 (#2195593)

Provient du message de Bardiel Wyld
Yeah mon Mortichou :)



HAN ! Hey smoi qui l'appelle Mortichou !!!! ;( n'a marre que les gens me piquent les surnoms ridicules que je donne aux gens :sanglote:

Yo*Scribe Royal a temps partiel pour les surnoms :ange:*yo

Par Gadjio le 20/9/2002 à 15:58:13 (#2195699)

Deux textes que je lis avec toujours autant de délices. Ce n'est pas permis d'avoir un tel talent ! ;)
Je propose un texte écrit par une amie, qui m'est revenu à l'esprit à l'instant, et j'espère qu'il pourra plaire comme il m'a plu.

La chute de l'Oiseau

L'oiseau mort observait le plomb brûler ses ailes. Une larme fuyait son orbite béante, traçant un sillon lumineux sur le duvet noir de ses plumes. Quelques vers commençaient à ronger le cadavre et l'agitaient de tremblements qui semblaient un souffle de vie. Et son cœur immobile s'embrasait de souffrance, ses orbites vidées lui refusaient la paix d'une nuit éternelle, son esprit demeurait au sein de cette chair qui avait été sienne. Il sentait cette absence qui dévastait son âme, qui l'écrasait, de plus en plus, s'accroissait au fil des secondes… Un hurlement creusait sa gorge, la déchirait… Mais les morts ne crient plus… Il restait, impuissant, dans son ataraxie sans grâce. Son corps raide se convulsait, faisant parfois suinter quelques gouttes de sang de ses ailes inertes… Les morts ne saignent plus… La larme se tarit et l'oiseau crut mourir vraiment… Mais son cœur continuait de battre, son âme restait prisonnière… Il était son propre linceul, suaire de chair déchirée, d'une âme amputée, de la cendre durcie d'un cœur. Un linceul où la paix n'était qu'une illusion, une étoile déchue dont l'étrange lumière torturait ce mourant qui ne pouvait dormir.

" Je ne suis qu'un cadavre. Je ne peux pas souffrir "… Il se le répétait, chaque instant, ou chaque heure, chaque fois que ses os, écrasés, se brisaient, qu'une plume arrachée entraînait des lambeaux de chair morte et rigide. Chaque fois que les vers s'agitaient dans ses veines, qu'une hyène crasseuse emportait dans sa gueule un organe béant.

Je me souviens si bien… Trop bien, de ses instants. Je sentais la douleur qui écrasait son âme… Qui se terrait en moi aussi. J'aurais voulu qu'il crie, mais il me chuchotait, doucement, longuement :

" Tout cela m'indiffère, ceci n'est plus mon corps… Mon esprit est ailleurs… "

La souffrance pourtant n'a pas cessé de croître. Il traîne ses ailes brisées parmi les débris métalliques et les cœurs putréfiés qui noircissent au sol. La poussière emplit ses orbites et cache les roches brûlantes qui tracent dans sa chair glaciale des stigmates carbonisés, ombres de sa douleur. L'éternité suppure de son ventre vidé, de son crâne fendu… Cette malédiction de survivre aux souillures, de survivre aux souffrances, et de ne pouvoir fuir ni son corps ni son âme. Il est décomposé, il est sans existence… Pourtant, enchaîné à la terre, enchaîné à l'enfer, il ne peut qu'avancer pour ne pas disparaître dans le fond d'une crypte bâtie le temps d'un souffle… Car l'oubli ne viendrait jamais, et il ne pourrait que l'attendre, espérer une délivrance imméritée et chimérique.

Une divinité avait, à une époque immémoriale, posé son œil curieux sur cet oiseau couvert de terre :

- Qui es-tu donc, étrange bête ?
- Je suis un enfant mort qui porte son cadavre. Mon cœur est trop fragile, mon corps est trop étroit…
- Et que fais-tu ici ?
- Je rampe sur mes ailes, sur mes défuntes ailes que la vie a brisées, que la vie m'a volées. Je ne peux que ramper, jusque dans les abysses écrasants de mes rêves.
- N'as-tu donc jamais de repos ?
- Les tiens seuls pourraient me l'offrir… Je t'en prie, jeune Dieu, donne moi un sommeil de cent millions d'années… Le temps de trouver le repos, le temps de tuer ma mémoire, le temps que cette terre soit lavée de mon sang et de celui de ceux que je ne peux rejoindre !

Mais le Dieu n'avait fait que rire

- Seule la Mort pourrait t'aider ! Un tel sommeil n'existe pas ! Adieu oiseau rampant, fantasque créature, l'heure n'est pas venue.

L'oiseau avait pleuré longtemps, lové dans la poussière, jusqu'à en assécher son corps. Ses yeux étaient devenus cendres, et le temps avait dispersé jusqu'à leur souvenir, une nuit de tempête. Ses plumes avaient durci jusqu'à ne laisser sur sa peau que d'étranges écailles noires, comme sculptées dans l'obsidienne. Sa chair s'était décomposée très lentement, jusqu'à n'être plus retenue que par l'amure la recouvrant.

L'oiseau depuis ce jour ne sentait plus le vent, la caresse des ombres et celle de la pluie, pas plus que le parfum des larmes et des rires, ou que les rayons du soleil. La mort l'avait pris en pitié et l'avait effleuré de sa main squelettique… Mais elle avait tremblé devant tant de souffrance, et s'était écartée sans terminer son geste. L'oiseau demeurait prisonnier de son propre cadavre, de sa propre douleur, à jamais séparé de l'univers vivant. Par mon unique faute.

Une nuit, lorsque ses sombres ailes étaient encore intactes, nous avions volé côte à côte en parcourant la mer de l'Ouest, celle qui borde notre monde. Je l'avais questionné :

- Pourquoi me sembles-tu si lourd ? Ta pupille est fermée et noire.
- N'essaie pas de percer le mur de ma mémoire ; tu n'y trouverais rien, qu'un fœtus pré-pubère.
- Tu n'as donc jamais pu effleurer la lumière ?
- J'y ais brûlé mon cœur, ce triste oiseau de bois condamné à l'errance. Offert en sacrifice à ce culte païen que tu nommes espérance.
- Tes paroles sont comme un gouffre de silence. Car tu ne m'apprends rien qui ne se lise en toi, tu ne dis rien de plus sur ta trop longue errance.
- Et je ne veux rien dire. Tu en sais trop déjà. Laisse moi donc mourir de mon inexistence.

Il s'était détourné d'un gracieux virement, pour empaler son corps sur un lointain rocher. Je l'avais ramené, dans le creux de mes plumes, inconscient, apaisé… Mais qu'avais-je donc fait ? Le remords me tourmente... Il avait survolé les eaux jusqu'au royaume Mortuaire, où la cendre inhume les corps. Il voulait y trouver la paix, son sommeil à jamais perdu. Je n'avais pas voulu l'entendre, je l'avais emporté jusqu'au dernier refuge, celui de la Frontière, où les roses toujours fanées entrouvrent leurs corolles pour s'abreuver de sang. C'est un lieu rude et horrifiant, mais je n'osais aller plus loin : j'avais peur de tomber dans le gouffre écumeux qui s'étend au-delà, où les hommes glacés aux écailles brillantes attendent sans repos les voyageurs perdus. Il n'est pas de mort plus terrible que celle devinée dans l'éclat de leurs dents et de leurs yeux hagards.

Il n'y a pas de vie heureuse au-delà de la mer de l'Ouest. On vient pour y chercher la mort. Ici, le plus grand crime est de la retenir. J'ai retenu la mienne, mais j'en avais le droit, j'en suis seul responsable… J'ai osé arracher l'oiseau à la terre promise qui devait l'inhumer. Je ne sais plus pourquoi, je devais avoir peur, peur de la solitude et de la tentation… Il ne m'a pas maudit, mais il a fixé, sans rien dire son corps décomposé, ses ailes putréfiées. Puis son regard s'est élevé… Ses yeux ont déchiré mon âme, ils étaient des miroirs, des miroirs de souffrance… Un verre indescriptible, des larmes cristallines figées dans ses pupilles… J'aimerais l'oublier, mais je suis seul coupable. Je l'avais condamné à vivre, il en était conscient, terriblement conscient… Puisqu'il ne peut mourir, je vivrai moi aussi. Je le regarderai pour me punir encore.

Je suis un être pathétique, impuissant à le délivrer… Un coupable lâche et sordide. Si vous voyez, en Mortuaire (puissiez vous ne jamais venir), un oiseau silencieux qui traîne dans la cendre ses plumes ensanglantées, survolé par un spectre aux longues griffes noires, qui chante doucement l'errance des deux êtres, enfuyez-vous, damnés, jusqu'au gouffre d'écume. Ce destin sera plus plaisant que celui que nous infligeons à ceux qui nous approchent… Ce royaume est à nous, et rien n'entravera sa parfaite douleur, notre ombre et notre essence…

Que le silence y règne. Adieu.

Par Yolinne MIP le 20/9/2002 à 16:40:37 (#2195945)

Charmée, prostrée, extasiée, horrifiée, muette d'admiration même... Voilà un petit panel des sensations que je ressens en lisant ces lignes. Parfaite prose que mes yeux dévorent sans relâche. Une horreur sublime, un dégoût magnifique dont je ne puis être écoeurée. Ces mots poignants qui vous font ressentir à la fois tristesse, pitié, colère ou encore désespoir et impuissance, oui ces mots là je les regarde comme une oeuvre étalée sous mes yeux ébahis de voir une telle beauté à portée. Mes mots à moi je ne les trouve guère pour décrire mon admiration, ou je les trouve trop faibles, pas assez explicites de mes sentiments, trop fades peut-être face à ce texte magnifique. Donnez moi chaque jour ce genre de littérature, et chaque jour je me plongerais avec autant de délices et d'impatience...

En un mot, je suis émerveillée, Bravo.


Ldj Yo, troublée et sans voix.

Par Dodgee MIP le 20/9/2002 à 16:48:44 (#2196006)

Que rajouter de plus aux nombreux compliments? A part peut être signer, des deux mains.

Par Alabasyr le 20/9/2002 à 16:53:30 (#2196052)

*Le connaissait mais relit avec plaisir*

Par Alanis Lyn le 20/9/2002 à 21:52:28 (#2198160)

*glups*

Vraiment superbe... que dire de plus ?...

Par RedEye Galliano le 21/9/2002 à 1:02:42 (#2199378)

Tableau illustrant un immense tourment, mais néanmoins, émanant d'une sombre beauté.

Un récit comme je ne m'en lasserai jamais.

Par Nirlin Khan le 21/9/2002 à 1:11:03 (#2199410)

Tout ça est magnifique...

... Et sombre aussi, très sombre...

Par MortifeR le 21/9/2002 à 3:12:32 (#2199709)

Provient du message de Bardiel Wyld
Yeah mon Mortichou :)

*lui fait un gros poutou* :ange:


Oui c'est derrière ce cynisme et cet apparent mal-être que j'ai décidé de dissimuler la flamme qui embrasse mon cœur réjoui.
Mais Bardychou n'y fut pas dupe. Et oui, vous l'aurez compris, la vraie raison d'être de ce post, c'est de pouvoir déclarer que Bardy et moi nous aimons, et allons nous marier, samedi prochain, au cercle des druides de LH.

ça va j'déconne :D

Par SpEeDbLaSt (Demi) le 21/9/2002 à 8:33:31 (#2200049)

Fantastique.J'adore ta facon de penser tes phrases....
Continue dans ce sens,Mortif :)

PS: LOOOOOOOOOL

Par Zeed Mithror le 22/9/2002 à 14:42:24 (#2209588)

Qu'est ce qu'un homme sinon un enfant qui a perdu ses rêves ?
Comme un oiseau perdant ses ailes.
La vie n'est que souffrance. Sans répit. Sans fin. Sans trêve.
Et pourtant elle n'est pas cruelle.

...

Dure comme la lame qui glisse sous ma peau,
Fouaillant dans la chair, la déchirant sans peine,
Elle ressort de moi en transpercant mon dos,
Répandant le poison qui dévore mes veines.

Blessante , en un éclair elle repart soudain,
Et prennant plus d'élan je la vois qui revient,
Je ne peux plus bouger, je me vois sacrifié,
Elle brille au soleil, de sang humidifiée.

Buveuse de ma vie, qui, jamais rassasiée,
Replonge dans mon corps, y volant son tribut,
Je la subis sans fin, de douleur extasié,
Elle dévore en moi sans montrer d'autre but.

Je voudrais m'échapper mais ses liens sont trop forts,
Qui me vouent à jamais à souffrir en ce corps,
Dont nulle volonté ne peut me délivrer,
Je retombe à genoux sur le dur sol givré.

Elle vient et repart en ouvrant mille plaies,
Expurgeant mon esprit, le mutilant à souhait,
Alors je m'abandonne, à la mort, à genoux,
Je la vois qui se dresse, j'attends le dernier coup.

Mais elle rit de moi, et m'abrutit de giffles,
Empoignant mes cheveux et me levant de terre,
Elle me met debout devant son cimeterre,
Et je ferme les yeux en l'entendant qui siffle.

Le choc qui ne vient pas et ses éclats de rire,
Qui meurtrissent mon âme et déchainent mon ire,
Elle m'a épargné mais pour combien de temps ?
La colère me prend, me possède à présent.

Dans un voile de sang mes bras serrent son cou,
Je voudrais la détruire et mettre fin à tout,
Mais elle se dégage et me transperce encore,
Dissipant toute haine sans la laisser éclore.

Un désespoir mortel pèse sur mes pensées,
Je voudrais vivre en paix ou sinon trépasser,
Mais la vie est ainsi, joueuse et versatile,
Qui m'entaille la langue et me gave de bile.

J'exsude la souffrance qu'elle me renvoie,
En un flux permanent dans lequel je me noie,
Mon esprit la repousse mais je n'ai pas le choix,
La douleur est un puits où lentement je chois.

...

J'ai maudit ma conscience, et j'ai maudit la vie,
Tué tous les espoirs dont elle se nourrit,
Alors, très lentement, la douleur a baissée,
Le mal s'est endormi après s'être dressé.

J'espère qu'à jamais il va le demeurer,
Bien que ce seul espoir puisse le réveiller.

*-_-_-*


Je me permets ici d'apporter quelques vers,
Aux cadavres écrits de monsieur Mortifer.

Mais je reste sans voix devant la qualité de ce qu'a retranscrit Gadjio.


ljd ZM

Par Yolinne MIP le 22/9/2002 à 20:23:05 (#2212495)

*a deux poulains maintenant pour ses jeunesses morbides..and co :D*


Yo*cupideeeeeeeee*yo

Par (Gadjio) le 31/10/2002 à 22:00:31 (#2452419)

Je ne savais pas où ranger cette momie, alors je la mets là. Tu m'excuseras, Romantique, puisque tu n'attends plus rien de moi. (:p)

La faille

Mon reflet détourne les yeux et des larmes de sang suintent de ses pupilles. Je les entraperçois au cœur des soleils vides qui brûlent son regard. Un rire amer se perd sur ses lèvres tremblantes. Il semble si fragile… Sommes nous retournés là où la vie existe ?

Nous avions pu fendre le verre en appuyant sur sa surface, en le frappant pour qu’il éclate, qu’il nous libère. Peut être pour en disparaître. Je ne sais plus ; et peu importe. Nous avions fendu le miroir. Les cristaux de pus s’étaient écoulés des lames brunies qui couvraient nos cœurs. Nous avions mêlé nos dernières larmes, à travers la faille brunâtre où nos doigts pouvaient s’effleurer.

Nous avons exploré les royaumes fragiles qui naissaient de nos rêves. La terre était une encre répandue sous le ciel trop pâle, crevé d’étoiles agonisantes.
Les anges se perdaient dans la splendeur éteinte d'une agonie figée, lointains et apaisés sur leurs socles de marbre. Leurs ombres translucides s'effilochaient déjà dans les brumes glacées qui recouvraient leurs corps.
Leurs âmes se taisaient sous leurs paupières blanches.

Et nous avons marché, au delà des allées où ils tendaient leurs mains pour agripper nos vies, les lambeaux de chaleur qui nous restaient encore. Nous avons continué jusqu’au bord de ce monde, les doigts noués, soudés comme une chaîne aux maillons parallèles. Marché jusqu’à la mer, jusqu’au bord de ce monde. Marché jusqu’à l’oubli de l’aurore avortée qui s’annonçait, déjà, par des fœtus sanglants tordus dans les nuages. Nous avons fait leur deuil, rassurés de savoir qu’ils ne souffriraient pas. Ils étaient beaux, paisibles. Presque sans cicatrices. Pour fermer leurs tombeaux, nos yeux se sont baissés.

L’eau n’était qu’un miroir baigné de sang humain, cadavre d’une mer aux écumes souillées, aux vagues illusoires, dont les navigateurs étaient autant de spectres. Sous le ciel reflété, les poissons s’enivraient de l’absinthe aquatique, avant d’y étouffer. La faille, indécelable, n’avait plus d’existence, perdue sous la souffrance d’une image trompeuse, d’un tableau mortuaire. Figée dans l’éclat vide d’un soleil disparu, donc seul le souvenir aveuglait les marins qui croyaient vivre encore.

Il ne reste sur le miroir que quelques ombres évanescentes, la dépouille suintante du monde gangrené dont l’agonie s’achève. Nous n’aurions jamais dû croire à notre existence. Mais tout était si beau, au travers de la faille, et si loin de la vie. Que reste t’il de nos armures ?
Je cherche vainement la mienne. Renonce. Je ne sais plus lutter, le cadavre du monde a écrasé mes poings, dévoré ma peau de métal.

Mon reflet hurle sous la glace. Le sang s'écoule des éclats crevant ses veines, son cri s’étiole parmi ceux qui gisent à terre.
Il se brise. Devient multiple. Ses centaines d'yeux aux pupilles grises me dardent, m’envoûtent. M’apaisent. Enfin. J’avance jusqu’à elles.

Les ténèbres caressent les anges de gravier, broyés par les sursauts de leur monde mourant, celui qui fut le notre.

Dans ses yeux, les soleils finissent de s’éteindre. Je me mêle aux lambeaux de leur lueur blanchâtre, doucement faiblissante. Une buée s'y forme. Dans l'agonie de mon reflet, je sens ma propre mort, une ombre qui me berce. Je m'endors dans ses bras, dans ce regard perdu que j’ai connu vivant. Nous pouvons nous étreindre. Réunis de nouveau.
J’aurais voulu vivre, tu sais. Mais il ne reste que des rêves amputés de leurs illusions, de leur essence. Il est temps de ne plus souffrir.

Par MortifeR le 1/11/2002 à 7:44:31 (#2454131)

Je me tiens face au seuil, et j'hésite. La porte vibre de profonds cauchemars qui dorment dans cet écrin de folie. Ils semblent s'infiltrer par l'embrasure et par en dessous, comme une vapeur empoisonnée qui m'appellent d'un relent putride de défi nauséabond.

Ouvre la porte une dernière fois, et affronte ceux qui dévorent les rêves.

Assurément je m'y refuse. Les terres dévastées qui gisent au-delà du seuil ne seront jamais fertiles, et chaque voyage peut y être fatal. En parcourant les chemins du désespoir je risque mon âme et mon cur. Pourtant je sais que la vraie victoire ne s'obtient qu'en prenant le risque de perdre l'inestimable.

La dernière fois que j'ai claqué la porte, je ne pensais pas m'y retrouver de sitôt. Pourtant ce soir me voilà. Leurs murmures mexhortent à venir me perdre dans les océans du malheur, bercé par la marée maussade de la solitude. Je les sais en train de se presser de l'autre côté de la porte, avide de ma chair revigorée et de ma plénitude si fragile.

Si je franchis le seuil, je peux tout perdre. Peut-être qu'une partie de moi-même le désire, finalement. Comme je vous hais, vous que j'aimais et qui m'avez acculé à cette extrémité lâche et détestable. Ma main tremble et se fige, puis je pousse finalement la porte, me jetant à corps perdu dans la nuit plus noire et plus funeste.

Pour la dernière fois...
Dis-je en un serment silencieux.
Mes entrailles se nouent pendant l'interminable instant qui précède les pleurs et la démence.

La porte se referme sur moi.


Ce message est à ceux qui ne savent aimer que sous l'impulsion d'une chimie systématique qui les dépasse et se joue d'eux. Vous êtes les vrais perdants. Je vous hais de toute mon âme.

(re-up.)

Par (Gadjio) le 1/11/2002 à 14:20:57 (#2455724)

Quel jour meilleur que la fête des Morts pour s'adonner à l'amour ?
Mon âme, viens donc périr avec moi ; il te suffit d'accepter ce bouquet vénimeux de mes odieux sentiments.

Par Chrysaor Osten le 1/11/2002 à 14:26:11 (#2455770)

La fête des morts, c'est demain en fait, à moins que vous n'ayez des druides celtiques de l'antiquité dans vos familles. ;)

Enfin, c'est si bien dit ^^...

Par (Gadjio) le 2/11/2002 à 2:26:34 (#2459858)

Voilà douze jours et treize nuits que j'ai cessé d'écouter les objurgations pitoyables de l'instinct de conservation. Ma carne enlaidie git dans le noir, rongée aux vers nés de mille larves infâmes. Quel soulagement.

C'est la grande nuit du Samhain, je reviens avec les morts pour saluer ceux qui ne se sont encore libérés de la vie. Samhain, Tu veilles sur nous en cette nouvelle année, cinquante jours avant le Solstice de nuit : je T'en prie, viens enfin en aide à ceux qui s'infligent l'amour.

Les grands brasiers de la passion incinéreront nos douleurs jusqu'à l'aube et jusqu'à l'horizon, et demain tout sera dit.


Bonfire dot the rolling hillsides
Figures dance around and around
To drums that pulse out echoes of darkness
Moving to the pagan sound.

Somewhere in a hidden memory
Images float before my eyes
Of fragrant nights of straw and of bonfires
And dancing till the next sunrise.


I can see the lights in the distance
Trembling in the dark cloak of night
Candles and lanterns are dancing, dancing
A waltz on All Souls Night.


Figures of cornstalks bend in the shadows
Held up tall as the flames leap high
The green knight holds the holly bush
To mark where the old year passes by.


I can see the lights in the distance
Trembling in the dark cloak of night
Candles and lanterns are dancing, dancing
A waltz on All Souls Night.


Bonfires dot the rolling hillsides
Figures dance around and around
To drums that pulse out echoes of darkness
Moving to the pagan sound.

Standing on the bridge that crosses
The river that goes out to the sea
The wind is full of a thousand voices
They pass by the bridge and me.


I can see the lights in the distance
Trembling in the dark cloak of night
Candles and lanterns are dancing, dancing
A waltz on All Souls Night.

I can see the lights in the distance
Trembling in the dark cloak of night
Candles and lanterns are dancing, dancing
A waltz on All Souls Night.


Loreena McKennitt - All souls night

Par Yolinne Ninette MIP le 2/11/2002 à 3:10:38 (#2459979)

Gadounet tu as fini d'avoir les mêmes goûts musicaux que moi là hmm ? :love Lorenna: :amour: *zouxx a Gadounet*

Par MortifeR le 2/11/2002 à 9:28:03 (#2460470)

Je referme enfin la porte sur un vacarme de cris désarticulés et un nuage de fumée acre.

"Oh yeah les enfants, ça c'est ce que j'appelle faire la fête!" :D

Excellent au passage ton morceau Gadounet. Il faut que vous m'en montriez plus des comme ça, ça me soignera un peu de ma musique d'abruti ;).
*zouxx à Gadounet* :D

Par (Gadjio) le 2/11/2002 à 12:11:29 (#2461086)

Recroquevillé sur lui-même, il se détend brutalement, d'un bloc, et balaie l'air d'un large mouvement du bras. Son poignet entre en contact avec le visage albinos avançant dans sa direction, et le percute, avec une violence inouïe qui le projette dans les airs, très loin, très vite, dans un vol désordonné qui vient s'achever contre un mur de pierre, aussi brusquement qu'il avait commencé. Sous la force de l'impact, quelques pierres se descellent et retombent sur la créature abattue, en même temps que le silence.

The Matrix has you,
ou : c'est pas cher, les effets spéciaux, ici,
ou : depuis quand d'autres que ma Yoyo ont le droit de me zouter ? http://membres.lycos.fr/zimage/smile/grrr.gif http://membres.lycos.fr/zimage/smile/grrr.gif


*Regarde son calendrier*
Bon, faut qu'on prépare un post pour la Sainte-Catherine, maintenant.
*Sourire forcé*
:doute:

Par Alanis Lyn le 2/11/2002 à 12:52:07 (#2461334)

*adore la musique egalement*
*et puis les textes aussi, ce post est superbe* :)


*kamikaze, tente quand meme aussi un zou a Gadjio* :chut:

Par Drazhar Ul'Gar le 2/11/2002 à 12:56:48 (#2461363)

Du rp au grand talent, c'est un veritable plaisir.

Par MortifeR le 2/11/2002 à 20:33:58 (#2464530)

Provient du message de (Gadjio)
ou : depuis quand d'autres que ma Yoyo ont le droit de me zouter ? http://membres.lycos.fr/zimage/smile/grrr.gif http://membres.lycos.fr/zimage/smile/grrr.gif


Voyons Gad' tu sais bien qu'il ne s'agissait là que de pure fiction, je ne zoute pas, de toute façon.

Par Zeed Mithror le 2/11/2002 à 21:13:18 (#2464835)

*Les yeux fermés, le visage grave, fait sauter lestement dans sa main le plat de l'une de ses deux longues lames luisant d'une lueur blafarde*

Tiens Mortifer, j'ai une amie qui insiste pour zouter...

*Ouvre lentement les paupières, dévoilant un regard sombre aux reflets étrangement ocres tandis qu'un sourire sinistre se dessine sur son visage*


Zeed Mithror,
Paladin rédempteur,
Et un peu berserker...

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