La Rose noire.

Par Vaëris le 24/7/2002 à 20:33:26 (#1855852)

On raconte qu'un jour, l'Ancien, l'Ermite, le Sauvage et le Jardinier Céleste se trouvèrent à un carrefour, chacun arrivant par son chemin. Que les trois Vénérables se trouvent au même endroit en même temps alors qu'aucun des deux autres ne les a appelé voilà qui était extraordinnaire et que le Jardinier fut là l'était encore plus.

L'Ancien représentait l'âme de toutes les connaissances du monde depuis la nuit de temps, aussi à ce titre, il se mit à chercher dans les nombreux souvenirs si une telle situation sétait déjà produite dans le passé ou si elle avait un sens dans le présent, et par là même une valeur pour le futur. L'Ancien ne se déplaçait déjà plus depuis des lustres, et d'ailleurs beaucoup le pensaient mort.

L'Ermite était l'âme du vivant, celui qui, dans l'apparente solitude savait tout résoudre car toutes réponses se trouve en l'homme, comme tous ses questionnements. Il tenait en ses mains une épée de simple apparence, paraissant fort ennuyé de la tenir. L'Ermite n'était plus guère visité, chacun s'accordant à dire que décidemment sa caverne était trop éloignée.

Le Sauvage était l'âme vivante des clans de forestiers que les cités avaient à peine effleurée au gré des millénaires. De la ferveur à la Nature et de son bâton de marche il puisait la connaissance du monde et portait en lui le livre des Runes. Le Sauvage n'apparaissait qu'à ceux trop égarés ou effrayés pour savoir lire le tracé de la route vers leur monde, mais avec les passeurs de chemin, il ne trouvait plus à apparaitre.

Le Jardinier Céleste était l'âme du futur des hommes, par lui passaient toutes les âmes à naître et à chacune d'elle il donnait une Rose, symbôle de son futur. La Rose est en soi une fleur qui entoure son coeur et ne le dévoile qu'à ceux qui savent trouver son chemin, mais qui la cueille doit prendre garde à ses épines. Le Jardinier Céleste, vous l'avez compris, n'apparaissait jamais puisqu'il était au départ de chaque vie.

Conscients qu'il leur fallait se cacher du monde, et qu'un évènement important était en route, ils se dirent qu'il leur faudrait se mettre en route... En route, certes, mais où? Autour d'eux se formait une tempête à venir, et les habitants de la forêt proche courraient en tous sens pour se réfugier. Les nuages dans le ciel paraissaient ralentir, sombres, tournant en rond. Les formes étranges de dos noirs bordés de franges laiteuses processionnaient lourdement, des pleurs de sang n'attendaient que l'orage et son cortège d'éclairs pour tomber sur eux. Le vent montait et faisait gémir les arbres alentour, faisant courber bien des têtes à son passage.

Ils se sentirent encerclés par ces ténèbres, pourtant ils continuaient à avancer, l'Ancien soutenu par le Jardinier Céleste, le Sauvage précédant tout le monde et l'Ermite comme à son habitude fermant la marche tant la présence prolongée des autres pouvait lui déplaire. Nos trois Vénérables cherchant en ses connaissances ce que l'on attendait d'eux pendant que le Jardinier Céleste souriait comme pour les rassurer.

Le vent les stoppa dans leur progression. Là, nos quatres compagnons s'assirent en rond, chacun posant près de lui qui son savoir, qui son bâton et ses runes, qui cette épée dont il ne savait pourquoi il l'avait avec lui, quant au Jardinier, il mit au centre une rose.

Autour d'eux se formait une arche de nuages, dont certains aux tons roses tournaient dans l'antharcite des nuages. Ces derniers se gonflaient comme s'ils allaient crier, on aurait dit qu'ils gonflaient leurs poumons cotonneux. Du sol montait une brûme dont les milles voluptes se teintaient du nuage le plus proche d'elle, la fusion du ciel et de la terre était en route.

Le Jardinier, se levant, prit le bâton du Sauvage et entreprit de trâcer un cercle autour d'eux. Il ramassa délicatement tout le savoir du monde et le livre des Runes, il souffla dessus . Un chant composé des voix du passé, des Dieux aimés puis oubliés, des divinités perdues, des simples hommes ou femmes, des bruissements de la Terre et de ses nombreuses espèces se mit à naître et à les entourer. De ce qui ressemblait à un brouhaha furieux comme l'était la tempête les emprisonnant, prit forme en une longue incantation qui se fit litanie.

A ce chant le ciel sembla se mettre en ordre également, et les nuages se mirent à tomber sur la clairière, laissant passer en son centre un halo de lumière. Les lisières devinrent sombres et disparurent. En ce lieu, en ce moment, il ne restait que la clairière, nos quatre compagnons, un double anneau de ténèbres et en son centre à l'endroit où le Jardinier avait posé la rose. Le Jardinier se dirigea vers le centre, levant les bras au dessus de sa tête, il se mit à tourner sur lui même. Plus il tournait et plus il semblait s'élever pour arriver au niveau des éclairs qui ne pouvaient traverser l'aura magique qui avait été créée.

Il rassembla tous les éclairs contenus dans le double anneau, et d'un geste précis les jeta tous réunis dans un seul mais formidable éclair au cercle, faisant disparaitre la rose. Nos trois Vénérables furent aveuglés pendant un temps qui ne semble pas avoir été défini, mais quand leur vue revint, ils découvrirent le Jardinier tenant en ses bras un enfant.

Il virent aussi les nuages qui semblaient être pompés par le sol, formant une brume, un vent chaud l'entrainant au loin, le murmure de la vie reprenant, les deux mondes se détachaient l'un de l'autre, leur étreinte étant terminée. Tous regardaient le Jardinier qui berçait doucement l'enfant.

"Ainsi est né celui qui doit la vie à la lumière venue du ciel et aux ténébres provenant des profondeurs de la terre. Il est dit que celui qui sera enfanté par ces moyens se verra doté d'une épée."

A ces mots, il prit l'épée de l'Ermite et la posa sur l'enfant.

"En vous, tous les savoirs du monde des hommes, tous les savoirs du monde de la Nature, toutes les réponses à tous les questionnements, il ne reste plus qu'une tâche à accomplir."

Se couchant sur la mousse, il prit sur lui l'enfant et son épée, fit courir sur eux ses doigts, trâçant des symboles oubliés, prononçant dans des langues issues d'autres mondes un rituel que personne ne pourrait jamais appréhender, ferma les yeux et se dissout.

Il est dit qu'un enfant fut trouvé après une tempête qui avait fait rentrer chez eux toute âme suffisamment avertie pour ne pas rester sur son passage, et qu'il portait une épée. Il est raconté aussi que cet enfant devint forgeron et que ses épées à la grande renommée étaient appelées les roses noires.

A-t-on jamais vu une épée s'appeler rose noire? Allons donc... restons sérieux, ce ne sont là que racontars de soulards qui ne savent même plus qu'une épée.... et bien c'est une épée tout simplement.

Par Karl le 24/7/2002 à 20:42:52 (#1855899)

Formidable !
Voici un récit qui devrait etre lu par tout Brehanite !
J'ai personnellement toujours été adepte de cette arme légendaire. Je ne sais pas si cette legende est fondée ou non, mais connaissant la puissance et l'énergie que dégage ma fidele épée, je crois , oui je crois qu'il y a une bonne part de vérité.

Grand Bravo à Dame Vaeris pour cette oeuvre envoutante.

Par Ethan Elros le 24/7/2002 à 20:45:53 (#1855916)

:lit: :lit: :lit:

MAgnifique :)

*attend avec impatience la prochaine histoire*

:lit: :lit: :lit:

Par Aërandis le 24/7/2002 à 20:51:21 (#1855956)

La légende nait rarement du néant, et l'on a jamais vu un saoulard conté aussi bien, de si belle histoires.

C'est toujours un grand plaisir que de vous entendre mademoiselle Vaëris.

Par Lagh le 24/7/2002 à 21:32:27 (#1856173)

Tres beau :D

Par Grand Caribou le 24/7/2002 à 22:53:50 (#1856535)

:lit: :merci:

Par Cristale Srn le 24/7/2002 à 23:27:37 (#1856708)

:lit: :lit: :lit: :merci:

Par Cyrielle le 24/7/2002 à 23:31:52 (#1856732)

:lit: :lit: :lit:

Magnifique.Superbe recit.

Par Aubiwan le 25/7/2002 à 19:12:04 (#1858618)

Vraiment... *ne trouve pas les mots*

C' est superbe.

:lit: :lit: :lit:

Par Olivier Lyhrel le 25/7/2002 à 20:34:18 (#1859042)

Toujours aussi merveilleux et enchanteur....

Que dire sinon que jamais je ne me lasserais de vous écouter Vaeris....:lit:

Par Procyon Loken le 26/7/2002 à 2:12:36 (#1860479)

Vous arriver a lire tout ca ? *respet* :merci:

Par Ines Athkins le 26/7/2002 à 11:59:46 (#1861986)

:lit: :lit:

Par Xatar LyriX-Gr le 26/7/2002 à 12:45:19 (#1862233)

Hum, je l'avais déjà lu, mais je ne voulais pas marquer...
Mais il le faut...

C'est magnifique... vraiment, vous avez beaucoup de talent...
Bravo...

Par Elvandir le 26/7/2002 à 23:58:23 (#1865619)

:lit: :)

Par Ross le 14/11/2002 à 3:42:44 (#2557973)

*repose le livre dans la rangée dédiée à Vaeris*

Mmh fabuleux texte.

*glisse un petit mot à l'intention de la bilbiothécaire puis s'en va découvrir d'autres écrits*

Par Benisseur Earth le 14/11/2002 à 18:39:41 (#2562636)

Provient du message de Procyon Loken
Vous arriver a lire tout ca ? *respet* :merci:

J'aime pas critiquer mais là c'est petit Procyon


Très chouette bravo ;)

Par Isildur Valygar le 14/11/2002 à 22:12:09 (#2564361)

Superbe Effectivement.

Ah quand la légende de la lame Vipérine ?

*impatient*

Par Angel Mac Roeg le 15/11/2002 à 12:39:57 (#2567520)

Vraiment très joli :merci: :lit: