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Briser les chaînes

Par Syndrael le 30/6/2002 à 23:38:23 (#1736582)

(Si vous avez manqué le début...)
Captive (Suite des Chaines du Destins)

* * *


Etant donné l'état de tension qui régnait depuis l'affrontement direct avec Thanadar, il ne fallut pas plus d'une journée à Syndrael pour s'inquiéter de l'absence de Leylia. Il lui en fallut néanmoins deux pour que l'inquiétude devienne angoisse, l'absence : disparition, et presque trois pour que l'angoisse, devenue dévorante, la pousse à dépasser la simple interrogation de ses proches. Presque trois en effet puisqu'au terme du troisième jour en question (à savoir celui de l'enlèvement de Leylia à proprement parler), elle avait cherché ou fait chercher dans tous les lieux ou sa belle aurait potentiellement pu se trouver : Stoneheim, SilverSky, la plaine des Kranians.. justement, c'est ici qu'elle recueillit les témoignages les plus précieux. Plusieurs aventuriers et autres baroudeurs occasionnels avaient aperçu le portail qui, après description, ne pouvait être que celui de Thanadar. Si on ajoutait à cela la horde de démons et le rapt ciblé de Leylia, cela n'était plus une supposition presque évidente mais une totale certitude.
Réprimant immédiatement l'élan de panique qui la touchait, elle ne céda cependant pas cette fois au désespoir, si pressant fut-il : sa louve, entre ses mains, pour de bon, prisonnière de ce fou, qui avait déjà tenté de la posséder, la blesser, la détruire, Thanadar, démon entre tous, maître d'une terre abominable qu'il avait lui même corrompue de sa puissance chaotique, créature de cauchemar vers laquelle elle devrait se rendre à présent, pour la sauver, quelqu'en soit le prix. Mais comment, où ?
Pour en avoir vaguement parlé avec Leylia, Syndrael avait une vague idée de l'emplacement de l'île de son père, perdue entre deux archipels dont le nom lui échappait désormais complètement, environ dans cette direction par rapport à ce continent. Elle savait que Kehldarin en saurait plus heureusement, lui qui s'était renseigné sur le destin tragique de ce peuple. Mais elle savait aussi que seule Prophetia avait une chance de 'voir' l'île, de repérer leur route à travers les terres dévastées jusqu'à la citadelle du monstre, et Leylia, seul but de leur quête.

Thanadar serait bien entendu en position de force là bas et l'attaquer relèverait alors bien plus du suicide que d'ordinaire, ce qui n'était pas peu dire. Elle pensait à une mission de sauvetage, une sorte d'infiltration discrète, si toutefois il était possible d'espérer la moindre discrétion dans ce territoire asservi par une volonté si puissante et omniprésente. Au pire, il s'agirait d'une course désespérée, afin de se frayer un passage en force, une route sanglante s'il le fallait jusqu'à elle, si elle pouvait.. encore être sauvée. Peu importait, quoiqu'il lui ai fait subir, y compris le pire.. elle ne la laisserait pas là bas, pas avec lui, en ce lieu qu'elle méritait tant de fuir. La décision n'était même pas à prendre, tout était dit, tout serait fait, et cela même si elle devait y aller seule.

* * *

Ce n'était toutefois pas la solution la plus agréable qu'elle avait envisagé. Elle commença par contacter Arken. Celui-ci avait toujours pris une place active dans les événements liés à Leylia et elle savait pouvoir compter sur son soutien inconditionnel. Elle éprouvait toutefois un remords certain à l'impliquer, sans savoir ce qui les attendrait là bas.
Elle préféra jauger sa réaction en lui présentant simplement la situation. Il répondit avec un pragmatisme réconfortant :
"Si c'est son père on a un problème... Leylia disait qu'il fallait des semaines pour rejoindre son île tu sais comment te rendre la bas rapidement ?
- J'ai pris mes dispositions." Il répondit à sa détermination par une moue interrogative. Elle poursuivit :
"J'ai parlé à Luirn Clar, un ami à la tour de mage de Windhowl, il est spécialisé dans le domaine, des portails et autres transports magiques rapides. Il n'y enverra pas une armée cela dit.. en fait, j'avais pensé à y aller.. avec toi, enfin, je ne veux pas te forcer la main..." Il répondit à son hésitation avec une assurance sans appel :
"Je suis d'accord pour t'accompagner.. Mais je suis pas sûr d'être le meilleur pour cette mission, je ne connais pas grand chose en démons.
- Mais tu es la personne idéale pour un sauvetage.. discret."
Il passa tout de suite aux détails logistiques et topographiques. Le fait est qu'ils n'avaient alors aucune idée de l'emplacement du repaire de Thanadar sur l'île. C'est Arken qui proposa d'avoir recours aux visions de Prophetia, ce qui fut fait sur l'heure. Arken espérait qu'elle put avoir des Panoramas des lieux lors de ses visions.. encore fallait-il qu'elle ait eu les visions en question. Depuis la dépossession de Leylia, elle avait joué une place active dans la résolution du conflit, mettant à profit ses dons de prophétesse du mieux qu'elle le pouvait. Aussi ne fut-elle pas vraiment surprise lorsqu'ils virent la trouver en toute hâte.

* * *

Elle répondit à sa leur requête avec un calme qui les apaisa sensiblement :
"Je ne sais pas comment accéder à l'île en elle même, et mes images du lieu en question sont très floues, je ne peux pas vraiment vous donner de détails..." Elle ajouta d'elle même ce qu'ils n'osaient lui demander : "Par contre, je peux essayer de provoquer une vision afin de vous donner des renseignements plus précis."
De l'extérieur, le rituel fut d'une sobriété surprenante, rien sur le visage concentré de Prophetia ne révélant la lutte intérieure qu'elle menait pour ne pas s'égarer entre les visions, les bribes, les passés révolus et les futurs possibles. La voyant se crisper de plus en plus, ils devinaient que les visions devaient maintenant affluer lentement, images, vagues sons, mots.. elle même n'aurait su dire de quoi il s'agissait.
Elle s'effondra alors a terre, prise de sueurs et de spasmes. Réaction si inattendue qu'elle ne leur laissa pas le temps de se porter à son secours.
Elle les interrompit d'une geste aveugle de la main, brassant l'air dans leur direction pour les empêcher d'interférer. Elle resta ainsi de longues minutes, emportée par une transe dont ils ne pouvaient même saisir les principes, pliée sur le sol, agitée de tremblements continus. Elle reprit peu à peu contenance et se releva prestement, agrippant une chaise d'un geste fébrile.


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"Tout est flou.. confus, je ne suis sûre de rien. Je n'ai aucun détail, juste un survol, un aperçu, je ne sais pas si cela vous sera d'une grande aide. Je n'ai eu que de vagues images, quelques mots, des impressions. N'oubliez pas, en outre, qu'il ne s'agit que de futurs possibles, et non d'un oracle définitif."
Cette précision anticipait vraisemblablement quelque chose de grave mais elle continua sans s'arrêter, comme si elle devait se presser pour ne pas perdre les visions fugaces qu'elle venait d'avoir :
"La dame, haut dans les cieux, montrant le chemin ; des dunes, à perte de vue, loin devant, des courbes profondes - découragement. Une mer parfumée, plus loin encore, une eau fumante, une perte, peut-être l'un d'entre vous.. silhouette sombrant. Une armée de bras et de lame, dense et tranchante, tout autour du pic. Il est noir, tellement qu'on ne le voit pas sur le ciel, on ne voit que son absence, son vide."
Elle s'interrompit, manifestement épuisée d'avoir eu à verbaliser ce qui pour elle n'était qu'écriture et évidences, mettre des mots sur des impressions, prenant parfois la forme d'images vagues. Ils la remercièrent, ne sachant que dire, incapables de savoir en quoi ce qui aurait facilement pu être pris pour un délire d'illuminée pourrait leur être utile. Mais Syndrael savait que Prophetia n'était rien de cela, son don n'était plus à prouver, le gros du travail venant du bénéficiaire, qui devait alors savoir comment les utiliser à bon escient.

Elle quitta Arken, le laissant s'occuper des préparatifs. Le présence de Kehldarin était aussi plus que souhaitable, s'il savait se faire discret et renoncer aux miracles de lumière le temps de l'expédition. Sa force, son expérience et l'appui de son dieu, en dernier recours, le rendaient presque indispensable et il eut été le premier à se plaindre de n'avoir pas été prévenu. Mais comment l'engager dans une telle expédition s'il ne le désirait pas vraiment ? Elle savait qu'il ferait ça pour elle et Leylia, pour ne pas laisser à Arken cette responsabilité également, mais.. Non, impossible d'hésiter maintenant, d'autant plus que l'issue de son hésitation était hautement prévisible.
Elle alla le voir, d'un pas rapide, franchissant la porte du poste de la milice où elle le trouva, assis à une table, récupérant entre deux tours de garde, et aborda le problème avec un maximum de franchise, tâchant de faire un tour exhaustif du problème, anticipant ses craintes et interrogations.
A la nouvelle de l'enlèvement, il ne montra rien de son trouble mais les questions se pressaient à ses lèvres, jusqu'à arriver à Thanadar, dont l'évocation lui arracha un léger frisson. Il semblait attristé pour Leylia, d'autant plus que cela s'ajoutait au sentiment d'impuissance à tenter quoique ce soit.
Lorsqu'elle lui demanda de les accompagner, ce qu'il n'avait curieusement pas encore proposé, il réfléchit un instant, laissant s'écouler de longues et pesantes secondes avant d'accepter, d'une voix qu'il parvint plutôt bien à rendre assurée. Il confirma alors avec plus de conviction, et libéra le flot de questions qui se bousculaient encore dans son esprit.
Il fut convenu qu'il s'habille en noir, pour un maximum de discrétion, concession qu'il ne fut finalement pas si simple d'obtenir mais dont il réalisa tout de même la nécessité. Elle le laissa alors à ses derniers préparatifs et courut à la tour des mages de Windhowl, afin de régler les derniers détails du rituel.

* * *

Arken devait la rejoindre là bas après une petite heure, qu'il mit à profit pour rassembler le nécessaire, tout ce qu'il jugeait utile à un tel sauvetage sans pour autant se surcharger et entraver une progression qu'il voulait avant tout invisible et rapide.
Il ne faisait aucun doute qu'il n'y aurait pas que des portes conciliantes à passer, aussi s'équipa-t-il du nécessaire de crochetage pour serrures non magiques ou à faible enchantement. Une corde et un grappin seraient également utiles, malgré l'encombrement non négligeable qu'ils représentaient. Une dague, une sarbacane et ses fléchettes dans le ceinturon, une petite fiole de paralysant et.. ce crâne démoniaque - avoir une odeur de démon leur permettrait peut-être de se cacher des nez comme de la furtivité des yeux.
Enfin, il prit surtout son arc, à travers lequel jamais il ne serait coupé de sa déesse. L'espoir revint dans son coeur à l'évocation de Sélène, tandis qu'il fixait solidement le carquois à son dos caressant la pointe d'une flèche alors que la détermination montait en lui.
Ils ne partaient que pour sauver Leylia mais n'avaient aucune idée de ce qui les attendait réellement la bas. s'il le fallait, il tuerait lui même l'expédition plutôt que de voir l'un d'entre eux pris par Thanadar. Une flèche bien placée et le retour au sanctuaire serait salutaire.

Kehldarin savait qu'il ne lui restait pas beaucoup de délai avant le rendez vous à la tour mais il prit néanmoins le temps de prier à son temple, se recueillant une dernière fois auprès d'Artherk, pour s'imprégner une dernière fois de Sa lumière avec de rejoindre l'enfer qu'ils trouveraient probablement de l'autre côté du portail.
Il s'était rapidement renseigné auprès des prêtres compétents, espérant en trouver parmi eux ayant des connaissances en démonologie. Il glana quelques informations et conseils, toujours donnés à contrecoeur et regagna sa chambre pour préparer un bagage succinct : son fléau bien entendu, qu'il ferait mordre autant de fois qu'il le faudrait, de l'eau bénite ainsi que quelques autres fioles et trois talismans de protection contre le mal, afin d'en pourvoir chaque membre de l'expédition.

* * *

Le laboratoire de Luirn Clar était plongé dans une obscurité totale lorsqu'il y pénétrèrent, rejoignant Syndrael qui semblait s'être équipée aussi légèrement qu'eux, simplement parées de la cape que lui avait offert Arken et d'un petit sac de voyage, fixé dans le dos pas des sangles de cuir. Noyée dans l'ombre sous le tissu de nuit de sa robe de mage, elle ne leur apparaissait que par un légère reflet de lumière sur sa peu pâle, n'ayant pas encore passé le heaume.
Deux bougies furent allumée afin de permettre au maître des lieux de déchiffrer les runes de son parchemin et le rituel débuta.


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Il commença l'incantation d'une voix rauque et grave, qui commença par un murmure, partiellement inarticulé, sorte de marmonnement inintelligible dans lequel le profane n'aurait pu reconnaître le moindre des mots de pouvoir qui déchireraient bientôt le plan, les menant à elle.
Le chant s'élevait maintenant en une seule note, puissante et continue, soudain magistrale dans sa pureté, avant de se désagréger en une cascade de voix du même timbre, légèrement décalées, dans une harmonie vibrante, se muant lentement en un rythme syncopé tandis qu'elle prenait sans cesse de l'ampleur.
Et le silence retomba comme un couperet les faisant sursauter tant il paraissait incongru après la surréaliste déferlante tonique dont ils venaient d'être témoins. La voix ne s'était toutefois pas complètement tue, réduite à l'état de chuchotement intermittent qui regagna légèrement en assurance, passant la barre de l'audible en même temps que s'élevait dans l'air une rumeur grandissante, comme un grondement, un souffle torrentiel qui explosa au centre de la pièce dans un éclat aveuglant de bleu et de blanc.
Cette fois, Syndrael ne fut pas la seule à reculer lorsque les murs du laboratoire se déformèrent en une improbable grimace de pierre, s'étirant et se contractant au rythme des éclairs qui zébraient les contours évanescent du portail. Portail qui semblait issu de la lumière elle même, irradiant une aura de puissance et de danger.
La sensation de danger, qui s'imposa de concert à leurs trois esprits provenait sans doute de son centre, aplat uniforme de noir absolument opaque : le passage.
Luirn Clar le leur désigna d'une main, sans autre cérémonie, mais les imperceptibles convulsions de ses traits leur indiquaient qu'il déployait un effort constant pour le maintenir ouvert. Le moment n'était plus au doute ou à l'indécision, ce qu'Arken leur montra sans plus attendre, passant la porte avec un naturel admirablement feint.
Kehldarin avança d'un pas et plongea son regard sans les méandres obscurs. Il avait toujours pensé au danger, mais l'avait nié. Il ne pouvait désormais plus reculer, il se serait détesté pour ça et la présence de Syndrael et Arken le rassurait, autant qu'elle l'inquiétait lui rappelant douloureusement qu'il ne risquait pas seulement sa vie. Son regard se voilà, mettant fin à une cogitation qui n'avait pas duré plus de quelques secondes et il passa le portail sans se retourner. Syndrael avança à son tour. Maintenant qu'elle était là, elle aurait tant voulu embrasser Lorana, peut-être une dernière fois, lui dire combien elle l'aimait.. mais celle-ci aurait voulu la suivre et pour rien au monde elle ne voulait l'exposer au danger. "Ne bouge pas mon ange, je reviens.." murmura-t-elle avant de plonger à son tour dans le cercle de lumière.


(Syndrael)

Par Syndrael le 30/6/2002 à 23:44:52 (#1736630)

La dernière pensée d'Arken avait été l'espoir que personne n'apercevrait la brèche sur leur lieu d'arrivée, un espoir qui mourut bien vite lorsqu'il vit le ciel taché d'étoile, couvrant la plaine de son voile protecteur.. et sur lequel le portail devait briller comme un soleil. L'intense halo se résorba vite mais assurément, ils étaient désormais la cible de tout ce qui pouvait voir dans les environs. Kehldarin avait surgi à sa suite, bientôt suivie de Syndrael, encore aveuglée par l'éclat du passage.

Un bruissement d'ailes croissant se fit entendre sur leur gauche, bientôt accompagné de cris et pépiements qui coupèrent cours à toutes les réflexions qu'ils auraient pu avoir à ce moment concernant la route à suivre.
Une simple patrouille probablement, sans doute alertées par leur entrée fracassante. A l'échelle des forces de Thanadar toutefois, une simple patrouille avait de quoi les mettre en déroute dés leur arrivée sur l'île. C'est en tout cas ce qui traversa Syndrael lorsqu'elle vit la meute de démons plonger sur leur petit groupe, griffes et crocs dehors, prêts à libérer une furie qu'ils ne devaient pas souvent avoir l'occasion d'exprimer en ces terres désertes.
Kehldarin ne broncha pas lorsque la nuée passa au dessus d'eux à une vitesse vertigineuse, les frôlant presque de leurs ailes membraneuses, pour prendre de la hauteur et dévier légèrement, se préparant à un mortel piqué contre leurs proies. Il serra le fléau d'une main ferme et incanta rapidement, prononçant quelques prières à Artherk pour qu'il protège de son bras secourable. La magie crépita tout autour d'eux, les entourant de globes tangibles de mana, tourbillonnant un instant autour d'eux en de multiples éclats chamarrés. Arken n'en attendait pas plus pour encocher, faisant pleuvoir les traits en ce qui paraissait une pluie dense. Ils les décochait parfois par paires, les tirant de son carquois avec une célérité et une dextérité qui justifiaient amplement tout ce qu'on avait pu conter à Syndrael sur les talents du champion de Sélène.
Les démons tombaient un à un, systématiquement touchés par les flèches, dont on ne vit pas une se perdre, semant la mort après une course rapide faisant à peine vibrer l'air tant leurs pointes devaient être d'un aigu parfait.
Ses mains, rendues floues et presque invisibles par la vitesse ne rencontrèrent alors que le vide et il dut se jeter au sol pour esquiver l'assaut d'un premier volatile avant de plonger dans son havresac à la recherche d'un autre carquois. L'essaim était maintenant sur eux, quoique déjà diminué de la moitié de son impressionnant effectif. Le fléau du soleil entra alors en action, dans un ballet furieux de sang et sueur. Le paladin de la lumière le faisait tournoyer d'un bras, sans le moindre égard pour sa masse, fracassant chairs et os telle une tornade de violence contrôlée. Les dents et les serres se heurtaient vainement sur les boucliers magiques, ripostant parfois d'eux même, brûlant ou pulvérisant les attaquant dans des vagues de feu ou de glace. Avant qu'Arken ne soit parvenu à tirer plus d'une nouvelle flèche, le ciel était libéré de sa vermine piaillante, sans que la moindre créature n'en ait réchappée.


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Arken se permit un long soupir de soulagement. Le terme de cette confrontation était plutôt rassurant.. la lutte avait été rude mais jamais vraiment risquée, d'autant que Syndrael n'avait pas eu le temps d'invoquer, leur laissant encore un atout supplémentaire en cas de danger. En outre, aucun survivant n'irait alerter qui que ce soit, ce qui était plus qu'une bonne nouvelle.
Kehldarin se laissa tomber sur la terre nue de la colline qui, si elle avait connu l'herbe à une époque, n'en avait probablement pas vue depuis bien longtemps. Il s'assit en tailleur, passant les doigts dans la poussière fine, d'une parfaite aridité et balaya le panorama des yeux. On ne pouvait distinguer grand chose à cette heure de la nuit mais un signe se manifesta soudain, arrachant à Syndrael un cri de surprise. "La Dame !" s'exclama-t-elle en désignant la pâle croissant lunaire que venait de découvrir une bande nuageuse, le temps d'une brèche de clarté qui se résorba aussi vite dans le ciel couvert. "Elle nous montre le chemin" souffla Arken, se relevant d'un geste souple. Il tendit la main à Kehldarin, dont l'armure contraignait quelque peu les mouvements et tous trois se mirent prudemment en route, guidés par les sens aiguisés de l'archer.

* * *

La nuit chavira doucement, et le velouté délicat des tons gris sombre se mua en un camaïeu de bleu pâle, tirant sur le mauve là où l'astre Althéen émergeraient bientôt. Les tons se mêlaient pour le moment avec bonheur, tout en nuance et en demi-teintes, mais le spectacle que révélait cette aube n'avait rien d'aussi enchanteur.. Collines sur collines, élévations sur gouffres, dénivelés profonds, crêtes de roche et de cendre à perte de vue : les dune de Prophétia, sans le moindre doute. Se savoir sur la bonne route ne compensait toutefois pas la déréliction qu'ils ressentirent à cette vue. Leylia avait parlé d'une terre désolée, asservie, asséchée de sa vie et de sa substance par le joug corrupteur du démon, définitivement stérilisé par ses sombres rituels, ses pratiques magiques prohibées et son inextinguible soif de souveraineté.


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Trois heures à peine s'étaient écoulées depuis leur départ et déjà, ils souffraient de douloureux élancements dans les jambes que Kehldarin avait légèrement palliés par l'usage de sa magie de déplacement rapide. Les kilomètres défilèrent encore une nouvelle heure, toujours dans le même ordre de marche : Syndrael se tenaient au centre, dans la mesure où elle était incontestablement la moins robuste, Kehldarin menait le groupe, manifestement moins affecté par la fatigue malgré le poids de ses plates et plus à même d'encaisser un assaut frontal inattendu, et Arken suivait, une vingtaine de pas derrière, laissant à ses deux compagnons le soin d'occuper l'ennemi potentiel le temps que ses flèches ne fusent vers son crâne.
Le terrain ne se prêtait vraiment pas à une avancée discrète, Sélène ne les protégeant plus de l'étreinte salvatrice de Sa nuit et ils devaient redoubler de vigilance, prêts à se plaquer au sol au moindre signe d'un ailé, ce qui ne manquaient pas de se produire à l'occasion. Arken n'en avait toutefois pas encore manqué un, ce qui diminuait d'autant leurs risques d'être repérés et les poussait à avancer après chaque arrêt avec une vigueur et une hâte renouvelée. Ils franchirent une dernière crête.. et elle était là. Déjà en vue : sombre pic de roche homogènement noir, se détachant à peine de la voûte orageuse dans la lueur encore hésitante de l'aurore. La perspective semblait faussée, lui prêtant des dimensions inenvisageable pour un ouvrage humain.. bien sûr. La luminosité ne trompait pas, les ombres étaient franches et la taille de l'édifice s'imposa à eux malgré un scepticisme collectif non concerté.
Ce qui paraissait proche ne l'était pas nécessairement et les étendues qui restaient à traverser le leur confirmèrent, en même temps qu'il comprirent que cette traversée se ferait encore une fois bien loin de la lumière, sous l'ombre de la citadelle de Thanadar.
Seul Kehldarin sembla en être affecté, affichant une morosité figée alors qu'ils dévalaient la dernière pente les menant à l'océan évoqué par la Prophétesse.

http://membres.lycos.fr/lanala/marais.jpgEn guise d'océan, c'est une vaste étendue de putréfaction qui s'étendait au delà des limites de leur regard, se perdant dans une dense brume de remugle poisseux, assaillant péniblement leurs narines. Parfumées, les émanations de ce cloaque l'étaient incontestablement mais la vision de Prophétia leur avait secrètement fait espérer quelque chose de.. différent.
Arken fit quelques pas dans le bourbier, reculant promptement en sentant ses jambes y disparaître jusqu'au genoux. Il posa son regard sur l'armure de Kehldarin, qui fixait la fange avec désapprobation et disparut dans les vapeurs, à la recherche d'un endroit plus propice à la traversée.
Le paladin n'attendit pas qu'on le lui demande pour se séparer de sa cuirasse, qu'il laissa sombrer dans la boue afin de ne laisser aucune trace de leur passage. Syndrael le regarda faire, la gorge nouée, tant le spectacle de l'armure recomposée lui évoquait celle d'un corps s'ensevelissant rapidement dans la vase putride qu'Arken était parti sonder. Ce dernier revint après quelques minutes, leur faisant signe de le suivre et s'engouffra dans un passage entre deux arbres morts, sautant de roche en roche avec une agilité que ses compagnons imitèrent sans grand succès.

La traversée s'avéra moins éprouvante qu'ils ne l'auraient cru, si ce n'était les exhalaisons méphitiques qui manquèrent plus d'une fois de les faire faiblir ou défaillir, ce qui leur aurait été vraisemblablement fatal.
Transis de froid, il glissaient et trébuchaient de pierre en buttes de terre ferme et de terre ferme en pierres pour parfois plonger les jambes dans les étendues visqueuses, le temps d'un pas ou d'une courte distance.
L'herbe était rare et fanée et presque tous les arbres morts, à demis enfouis sous un inextricable maquis d'épineux. La brume glaciale se condensait sur leurs nuques, coulant dans leurs dos à travers les vêtements. La progression se faisait d'ailleurs de plus en plus lente tandis que les derniers buissons flétris faisaient place à des bouquet de pointes et de lames végétales acérées, des buissons complets de ronces et d'échardes dans lesquels Kehldarin dut bientôt leur frayer une route au fléau, brisant sans difficulté les branches mortes, se protégeant de sa cape des aiguilles qu'il projetait.
Ils se savaient maintenant très proches de la forteresse mais la 'forêt' était si dense que rien ne leur permettait de se situer. Le route n'avait pas été longue mais exténuante, les laissant courbaturés et couverts de griffures et de contusions lorsqu'ils parvinrent enfin au pied de l'imposante muraille de roche noire et lisse.

* * *

Aucun moyen d'escalader, aucune porte apparente.. ils ne furent pas loin de céder au découragement et décidèrent de s'arrêter là un moment, le temps de récupérer, et peut-être de trouver une solution.
Kehldarin semblait fourbu, il s'adossa à la paroi et se laissa glisser jusqu'à terre, soupirant d'aise au simple contact de quelque chose de ferme sur lequel s'asseoir. Arken resta debout et partit une nouvelle fois en reconnaissance, se fondant aux vapeurs rémanentes pour n'être plus à leur yeux qu'une silhouette indistincte, s'éloignant d'un pas alerte.
Exténuée, assise à même la terre, Syndrael caressait doucement une petite plume noire qu'elle avait recueillie sur la couture de sa besace. Ses pensées ne quittaient plus Leylia, si proche maintenant bien qu'apparemment inaccessible. Elle déchirerait ce mur poussière par poussière s'il le fallait mais rien ne devait l'arrêter maintenant, bouleversée à l'idée de ce que Thanadar avait pu lui faire.
Peut-être même n'était-elle plus.. c'était probable en y réfléchissant bien, pourtant jamais cette pensée ne l'avait plus qu'effleurait, la maintenant dans un état de confiance qui la poussait de l'avant. Mais peut-être eut-il été mieux ainsi, en comparaison des sévices dont ce monstre devait être capable. Non ! Elle repoussa catégoriquement cette pensée. Quoiqu'elle ait subit, elle serait bientôt sauve, libre, Thanadar serait défait et, comme elles l'avait souhaité si souvent, plus rien ne pourrait se dresser entre elles. Pour la réalisation de ce rêve, elle aurait pu elle même subir mille tourments, elle aurait aimé les subir pour elle d'ailleurs mais le choix ne lui appartenait pas et sa tâche consistait désormais à les faire cesser.
Kehldarin la vit plonger une main dans le sac, sans savoir qu'elle flattait de la main le duveteux plumage du corbeau qu'elle avait emmené avec elle, un des survivants de l'enlèvement qui l'avait rejoint, se joignant à elle en un accord tacite qu'elle avait préféré garder secret, pour des raisons qu'elle ne s'expliquait pas encore.
La traversée du marais avait dû être aussi pénible pour lui que pour eux et elle garda un moment les doigts contre son pennage luisant, sans s'interroger sur la légitimité de ce geste qu'elle voulait croire rassurant.

Arken revint rapidement, après à peine quelques minutes d'inspection. Il avait trouvé l'entrée principale, à éviter à tout prix mais aussi et surtout un passage dérobé, autrefois masqué par une végétation qui ne couvrait désormais plus rien de ses chétives branches dénudées. Quand à son utilité, outre permettre de telles missions de sauvetage, ils n'avaient que peu de moyens de la connaître. La largeur du passage fit craindre pour les épaules de Kehldarin qui s'en tira en fin de compte avec quelques ecchymoses, après quelques contorsions fort peu gracieuses. Le tunnel dans lequel ils se trouvaient était de forme cylindrique et l'humidité de ses parois donnait enfin une vague idée de son usage. Dans ces conditions, il fut unanimement reconnu qu'il valait mieux presser le pas et ils en émergèrent sans encombre après quelques minutes d'ascension sur terrain glissant. A la fois sombre et luminescente, macabrement silencieuse et pulsante, les profondeurs de la citadelle de Kràalghor s'offraient à eux.

(Syndrael)

Par Syndrael le 30/6/2002 à 23:46:39 (#1736646)

Le tunnel avait abouti à une caverne dont la voûte s'ornait d'une multitude de stalactites d'un blanc laiteux suspendus comme une armée de lances acérées. Ils la traversèrent avec une prudence extrême, prenant garde d'éviter la moindre vibration, le moindre faux pas, sachant que la chute d'une des lames de glace entraînerait sans aucun doute celle des autres. Ils se glissèrent par la seule issue visible, une étroite faille de roc noir, qu'ils traversèrent difficilement, s'égratignant fréquemment aux aspérités jusqu'à parvenir à ce qui ressemblait bien à un lac souterrain. La nouvelle caverne était environ d'égale circonférence à la première, s'inscrivant sans doute dans un réseau de grottes et de galeries qui devaient courir profondément sous la forteresse elle même.
Un relent de puanteur douceâtre emplit leurs narines tandis que la chaleur semblait augmentait comme ils approchaient la surface imperturbable de l'étang. Alors que leurs yeux s'habituaient à la pénombre, ils aperçurent parmi les déchets qui jonchaient le sol quelques os humains. Un faisceau de lumière blafarde tombant d'une grille encastrée dans le plafond vint éclairer une cage thoracique, deux crânes et quelques vertèbres, au milieu d'un désordre disparate d'étoffes ternies, de plaques d'armures sans éclat et d'ordures indéterminées. Leurs gourdes étaient vides depuis un moment et l'eau semblait étrangement claire malgré l'ambiance olfactive pesante des lieux. Syndrael avança la main, troublant la surface du bout des doigts pour porter à ses lèvres quelques gouttes qui la fit gémir de dégoût.. Elle recula vivement incapable d'identifier ce que lui rappelait cette saveur, frissonnant malgré la chaleur. Kehldarin la ramena prés de lui, décrochant le fléau de sa ceinture sans vraiment savoir ce qui lui inspirait cette soudaine méfiance. Peut-être l'attitude d'Arken, les sens en alerte, sondant les ténèbres à la recherche d'un ennemi qu'aucun de ses sens ne pouvait encore percevoir.

http://membres.lycos.fr/lanala/demoneau.jpgIl ne les fit pas attendre, ombre floue au centre du lac, surgissant soudainement des tréfonds obscurs, déchirant les flots en une gerbe sonore, tandis qu'il étendait de larges ailes ruisselantes, rugissant dans une langue oubliée ou tout simplement inarticulée.
Sa peau de nuit découpée de muscles saillants brillait comme une cuirasse, s'irisant de reflets bleutés, sa queue battit furieusement la surface avant de se dresser dans son dos tel un dard, entre les ailes puissantes qui le menaient rapidement dessus de la surface. Ils fut sur eux en deux battement et se laissa tomber au sol, presque aux pied d'un Kehldarin, s'efforçant de garder une impassibilité qui l'abandonnait rapidement. Ses pattes arrières, aux articulations inversées se plièrent pour atténuer le choc de l'atterrissage, rendu plus rude par la vitesse qui l'avait mené au sol. L'impact fit suffisamment frémir les parois pour qu'ils entendent les multiples éclats des lames de glaces de la première grotte, se brisant contre la pierre.
La créature se dressait à présent devant eux, à quelques pas à peine, les dominant avec arrogance du haut de ses dix mètres : griffes et mâchoires montées sur une impressionnante stature de chair et de nerfs, au regard luisant d'une voracité irrassasiable.

Il chargea sans avertissement, les noyant dans la poussière qu'avait soulevé son saut, un saut le menant juste derrière Arken, toujours en retrait, qu'il balaya d'un vigoureux mouvement de queue. Fauché alors qu'il tentait trop tard une esquive, pris de cours par l'imprévisible vivacité du monstre, l'archer put à peine s'orienter dans son vol pour ne pas s'écraser de pleine face dans la muraille adjacente. Kehldarin se jeta sur la bête, bien décidé à rendre les coups, sa charge passant momentanément inaperçue grâce à l'intervention de Syndrael, il entreprit de le criblé de magie, l'entourant de flammes en même temps qu'elle déchaînait glace, pierre et foudre et la recherche d'une lacune dans sa cuirasse naturelle. La paladin finit sa course pratiquement entre les jambes gigantesques qu'il fouetta d'un cours de fléau. Le démon hurla lorsque les épieux de l'arme d'Artherk pénétrèrent sa chair qu'il croyait à l'épreuve de tout dommage physique et lui répondit d'un foudroyant coup de patte que le chevalier évita sans difficulté tant la riposte était attendue. Syndrael hasarda un regard en direction d'Arken, qui reprenait lentement conscience, un filet de sang lui coulant du crâne jusque sur l'oeil, et reprit son assaut thaumaturgique avec une énergie décuplée par la colère. Kehldarin était toujours entre les jambes du monstre, se dérobant avec peine aux assaut incessant de la queue. Cette fois la morsure du fléau fut fatale au membre qu'il visait, écroulant le démon en un hurlement étouffé par le sang épais qui lui jaillissait de la gorge, étreignant convulsivement d'une main sa jambe sectionnée. Il n'était toutefois pas encore vaincu, comme en attesta l'autre bras, qui s'écrasa, monumental piège aux griffes affûtées, sur son bourreau, occupé à décrocher le fléau du membre arraché. Un gémissement accompagna le choc sourd de la main heurtant le roc, ainsi que le craquement sec des os. Arken tenait maintenant debout et ajusta flèche, bandant son arc d'une main tremblante, la vue troublé par le choc qu'il venait d'encaisser. Syndrael redoubla encore de vigueur dans ses incantations, craignant immédiatement le pire pour Kehldarin, étouffant sous la patte de l'horreur ailée. La corde vibra et le trait fusa, volant à la rencontre d'un oeil qu'il traversa sans mal, se fichant au fond de la boite crânienne, sans égard pour la cervelle dont le démon n'avait vraisemblablement jamais eu besoin. Cela mit un terme abrupt à toute velléité guerrière de sa part, relâchant la pression sur les côtes du chevalier de la lumière, qui se releva en titubant, soulevant les gigantesques doigts pour se libérer d'une poigne qui avait failli avoir raison de lui.

* * *

La courte halte qu'ils s'accordèrent suffit à peine à le remettre d'aplomb, les deux hommes pansant leurs plaies tandis que la jeune femme méditait, avec sérénité et concentration. Elle y mit fin aussitôt cela fait, leur rappelant que depuis le début, chaque instant pouvait être fatal à Leylia, elle qui agonisait peut-être déjà dans quelque geôle obscure.
Ils quittèrent cette fois la grotte par un passage plus conventionnel, un grand escalier de marbre sombre montant vers une pièce faiblement éclairée.

Arken passait premier. Il avait gardé les fléchettes pour l'intérieur de la forteresse, là où la discrétion était primordiale et les distances trop courtes pour user de l'arc. En outre, bien que d'une discrétion presque surnaturelle eut égard à la puissance dont il était capable, il n'était jamais que 'pratiquement silencieux', ce qui dans leur cas, n'était pas suffisant. A ce stade, plongé au coeur de l'antre du démon, il ne pouvait se permettre la moindre erreur, le moindre bruit ou faux pas. Tout trois avaient conscience que cette expédition avait toutes les apparences d'un suicide et leur première rencontre avec une patrouille leur rappelait qu'il était vain d'espérer lutter contre le gros des forces en cas d'alerte. Il avançait donc, dague en main, d'un pas si léger qu'on eut dit qu'il frôlait à peine les dalles qu'il foulait, attentifs à leurs moindres imperfections, à la recherche de pièges et de mécanismes dérobés. Il gardait également sa sarbacane à portée de main pour paralyser les rencontres impromptue avant de fondre sur leurs gorges. La méthode était éprouvée, d'une grande rigueur et d'une discrétion absolue.
Syndrael venait encore en second, vigilante au moindre son, scrutant les ténèbres à la recherche du moindre indice sur la présence de sa belle. Concentré et apaisée, le grimoire en main, elle était prête à réagir en un instant, au moindre danger, la moindre sentinelle qu'Arken pourrait laisser échapper. Elle ne se faisait aucune illusion sur le silence de ses incantations de combat mais il serait toujours possible d'user d'enchevêtrement ou de poison pour les ralentir, le temps qu'un arc ou un fléau ne prononce la sentence.
Kehldarin venait en dernier, manifestement très tendu. Il observait tout avec une circonspection et une prudence extrême et leur avait expressément ordonné de ne toucher à quoi que ce soit dans la citadelle, le moindre détail pouvant ici être synonyme de piège ou de mort. Il tenait son arme serrée, gardant l'eau bénite à la ceinture, prêt à en user s'ils croisaient plus qu'une sentinelle isolée. Déterminé à ne rien laisser approcher de ses compagnons, il préférerait le contact directe et franc, leur laissant le soin d'achever le travail ou au pire, de fuir. Cela dit, dans ce dernier cas, les deux survivants verraient leurs chances de succès diminuer de façon alarmante, la perte d'un des membres d'une si petite équipe rimant probablement avec la mort à très court terme. Il écarta cette pensait et s'imposa une prudence renouvelée, scrutant les enfilades de couloirs qu'ils venaient franchir, préférant se fier à Arken pour l'exploration et la recherche.

La structure complexe du bâtiment ne rendait pas la taille aisée, d'autant plus qu'elle était suffisamment vaste pour les perdre de longues heures. L'archer savait cependant gérer ce genre de situation et se repérer dans ce genre de bastion, choisissant les directions comme s'il en eut connu le plan. Au bout d'une demi heure, ils s'étonnèrent de n'avoir encore croisé personne, le secteur dans lequel ils avaient évolué jusqu'alors étant curieusement déserté. C'était aussi soulageant que particulièrement angoissant, aussi redoublèrent-il de précautions en continuant leur ascension, escaliers après escalier, gardant à l'esprit le douloureux rappel que chaque marche franchie devrait peut-être être gravie en sens inverse.
En vérité, ils ne s'étaient ménagés aucun plan d'évasion, priant pour trouver un portail de Thanadar avec, dans le pire des cas, l'alternative d'un retour au temple brutal.
Un souffle irrégulier, comme une sorte de grondement, ou plutôt de multiples grondements désynchronisés, un son qu'ils entendaient maintenant depuis quelques mètres, se faisait plus pressant et proche que jamais. Arken prit encore la tête, leur indiquant de ne pas avancer davantage et se glissa comme une ombre jusqu'à l'origine probable du son. Il s'agissait d'une vaste salle, à demi éclairée par les flammes vacillantes des dernières bougies, révélant le spectacle improbable d'une meute de créatures de toutes sortes et espèces, affaissée de part et d'autre des tables et des chaises, parfois affaissées à même le sol pierreux, souvent écroulées les unes sur les autres, ronflant bruyamment au milieu d'un banquet inachevé. Le moment était mal choisi pour comprendre l'origine de cette chance, aussi poursuivirent-ils sans s'en encombrer l'esprit, poursuivant leur progression avec une hâte que leur permettait désormais le soulagement de se savoir seules créatures conscientes dans le dédale.

* * *

Le secteur carcéral surgit au détour d'un couloir, comme une lumière inespérée au terme de leur périple. Syndrael en aurait presque pleuré de joie, malgré la désolation et l'insalubrité la plus totale qui y régnait. Plus qu'un spectacle de mort, ce qui s'offrait à eux dans ces enfilades de couloirs et de geôles était la quintessence du macabre. Car ce qui vivoter dans les cellules n'était plus que carcasses croupissantes, animée parfois d'un souffle ou d'un tremblement qui les rattachait vaguement à la définition formelle de la vie. Prisonniers abandonnés depuis trop longtemps, expériences ratées, certains couloirs étaient un hymne sinistre à la nécromancie. Le regard d'Arken tomba sur un de ceux qui parvenait encore à se maintenir debout mais dû détourner vivement les yeux, tant son aspect était répugnant. Les lambeaux blanchâtre d'une chair pourrissante ne couvraient qu'à moitié une carcasse défoncée d'os jaunis et poussiéreux. Le tout avait globalement forme humaine et se déplaçait péniblement, rampant presque contre les murs et les barreaux, arborant une moue sans lèvres de chicots pourrissant ainsi qu'un regard pour lequel vitreux eut été un doux euphémisme, la chair de l'orbite étant aussi gâtée que le reste du visage. La chose avait dû être un homme par le passé mais n'était plus aujourd'hui qu'une sorte goule trébuchante, exhibant toute l'horreur de sa putréfaction.
Ils pressèrent le pas, avec une appréhension grandissante, passant de nouvelles enfilades de couloirs et d'escalier.
Et elle était là...

* * *

Qu'elle était belle, dans sa robe en lambeaux, les cheveux ébouriffés et les yeux rougis. Elle gardait une allure si gracieuse, une apparente fragilité à laquelle larges ailes noires et sang donnaient un aspect insolite, angélique malgré leur teinte.
Lorsqu'elle aperçut Kaos, l'Haruspicien, Syndrael fut à un doigt d'ouvrir les hostilités, bien que les sachant vouées à un échec évident, voyant en lui un nouveau serviteur du démon, associant la haine qu'elle éprouvait pour lui et Thanadar.
Mais le souvenir du rôle qu'il avait joué par le passé, lors de la fuite de Leylia, tempéra son ardeur et le fait qu'il fut en train de tenter de la raisonner, refusant de quitter sans elle ce lieu funeste le lui rendait presque moins antipathique.
Arken resta maître de lui, constatant simplement la réaction de sa soeur de foi, avec une légère moue de surprise. Kehldarin avait lui aussi réagi instinctivement, s'avançant, la main crispée sur la garde de son fléau. Mais le lieu ni les circonstances ne lui permettaient de libérer ses passions, aussi en restèrent-ils à ce climat de tension palpable.
Désespoir, excès de confiance, la nephilim était à ce point déterminée à en découdre que Kehldarin ne voyait qu'un moyen de mettre un terme à sa suicidaire témérité.. il serra le poing, priant pour ne pas devoir en arriver là.
Passé ce trouble, la jeune femme céda à la vague d'euphorie qui l'emportait et courut vers Leylia, comme pour s'assurer de sa réalité, ouvrant déjà les bras, libérant les larmes qui se bousculaient à ses paupières depuis trop longtemps.
Sa louve la vit venir à elle, son visage déterminé s'éclairant soudain d'un sourire radieux.. qui mourut aussitôt.


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Nulle ne vit d'où il était venu mais en instant, il les dominait de son ombre colossale, presque aussi large que haute, hérissée de pointes et de lames. Syndrael avait fini sa course contre l'armure, comme il s'était interposé entre leurs retrouvailles. Passé l'impact du métal contre son visage et le légère étourdissement qu'elle ressentait encore, elle s'étonna de ne pas être tombée à la renverse. Elle ouvrit la bouche, surprise d'y sentir la viscosité salée du sang, et constata avec un certain détachement que l'épieu qui lui traversait l'abdomen devait y être pour quelque chose. Empalée à l'armure, elle tentait encore d'avancer, ayant imprimé à ses jambes un mouvement que son système nerveux était trop occupé pour arrêter.
Il émanait de Thanadar un si terrifiant charisme, qu'aucun ne pensa même à intervenir lorsqu'il la décrocha sans ménagement, aggravant encore la fontaine de sang qui s'écoulait de son ventre pour saisir sa gorge d'une main gantée de fer. Il brisa la nuque d'un geste sec, alors que Kehldarin accourait enfin à son secours. Leylia bondit à la gorge de son père, dans un hurlement de haine tandis que celui ci se débarrassait de la dépouille désarticulée de Syndrael, qui fut ramenée à son sanctuaire avant de heurter le mur. Kehldarin n'atteignit jamais le démon, qui stoppa sa course d'un geste nonchalant, se tournant vers sa fille pour présenter le dos au fléau. Celui ci ripa dans un crissement suraigu contre l'acier, qui n'accusa pas la moindre fêlure. Leylia était presque sur lui, suspendue en plein vol sur la lame de l'épée qu'il venait de faire jaillir du fourreau. Il rejeta l'arme de côté, sans se préoccuper des flèches d'Arken et abattit Kaos, qui courrait à lui, le poignard au poing, d'un revers de la main. L'archer courut vers Leylia et extirpa la lame sans délicatesse, sachant qu'elle en guérirait en quelques instants. Kehldarin restait toujours au contact, de peur que le colosse s'en prenne à ses compagnons. Thanadar tira une autre épée et la leva au dessus du chevalier ; mais celui ci étendit soudainement les mains vers le ciel, générant un dôme de clarté autour d'eux. "Goûte la brûlure de la lumière, créature de l'obscur !"

Arken avait renoncé à l'usage de son arc et s'apprêtait à tirer sa dague, conscient de la futilité du geste lorsqu'il vit s'abattre le flamboiement incandescent sur les deux adversaires. La plaie de Leylia était déjà presque résorbée mais elle saignait encore abondamment. Il lâcha sa dague, maudissant son impuissance et s'agenouilla auprès d'elle, présentant son cou à portée de crocs. Elle était encore suffisamment inconsciente pour ne pas hésiter à mordre et plongea des canines avides dans la gorge charnue. Il sentit d'abord la blessure, une vive douleur, puis, une vague de chaleur afflua de son cou, courant le long de son échine, ce qui eut effet de le détendre singulièrement, malgré le rythme auquel il se vidait de son sang. Il blêmissait à une vitesse alarmante, le souffle désespérément court. Elle se crispa, voulut reculer, le libérer de son étreinte mortelle mais il la retenait, les mains contre sa nuque, empêchant toute fuite. Elle tenta de s'arrêter mais le vie jaillissait de l'artère en un flot inextinguible qu'elle ne pouvait que boire ou laisser se perdre. Elle s'arracha de lui dés qu'il fut trop faible pour la garder contre lui et le regarda, horrifiée rejoindre le temple, après un dernier spasme.


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La lutte faisait toujours rage sous la bulle rayonnante.
Thanadar en émergea, déchirant la parois irradiante avec une facilité déconcertante. Planté sur son épaule fumante gisait le corps de Kehldarin, manifestement inconscient. Il s'en saisit et le brisa sur son genou d'un geste distrait l'envoyant rejoindre ses infortunés compagnons. Kaos, tenait presque sur ses jambes lorsqu'il roula la pierre de l'amulette entre ses doigts pour activer le portail. S'il pouvait s'emparer de Leylia, de gré ou de force et la tirer dans le passage, ils fuiraient ce lieu qu'ils n'avaient aucune autre chance de quitter vivant. Un rayon éblouissant en surgit presque immédiatement, le temps qu'un petit cliquetis atteste de son fonctionnement, dessinant un passage ovale sur le mur le plus proche. Le maître des lieux n'entendait cependant pas le laisser s'évader si facilement, il abandonna son impassibilité pour la première fois et courut sur l'Haruspicien, qu'il rejoignit en quelques enjambées, ne cherchant nullement à freiner sa course pour le broyer entre la muraille et sa cuirasse. Le craquement douloureux des os, étouffant un cri avant qu'il ne s'échappe des poumons, suivi de la brève détonation du retour au sanctuaire.

Un rire grave et profond résonna sous le heaume du démon, qui se tourna lentement vers sa progéniture, dernière survivante du carnage. Il s'appuya un court instant contre le mur, imbibé du sang de Kaos et reprit son souffle en une longue inspiration rauque. La lutte contre Kehldarin l'avait touché plus qu'il ne le laissait paraître et Leylia devinait qu'il était bien loin d'être indemne sous son armure, ayant subit la fougue du héraut d'Artherk.
La nephilim le toisa, un léger sourire aux lèvres, totalement régénérée par le sacrifice d'Arken. Elle sentait ce doux picotement, précurseur de l'apparition des tatouages et l'électrisation de ses cheveux, virant au roux sous l'effet d'un afflux de pouvoir dont elle commençait à soupçonner l'origine.
"Pour toi maman..." Murmura-t-elle, s'avançant vers lui d'un pas assuré.



Syndrael

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(Merci à Arken, Kehldarin et Prophetia pour les précieuses indications sans lequelles ce posts n'auraient pas vu le jour.)
(Starring : Luirn Clar, Thanadar, un portail, un lac et un cadavre)
(De nombreux jus de pomme et de pudding aux marrons ont été exploités et mutilé durant le tournage.)
Special thanks to : Leylia (pour ses louanges extatiques), Kaos (pour avoir délivré ma louve préférée), La liche (pour son soutien moral), Therion (pour son soutien musical)

Par Arken le 1/7/2002 à 0:35:17 (#1736920)

J'adore vraiment, et pas seulement parceque je suis de l'aventure :)

Cependant c'est un peu court quand meme, la prochaine fois j'espere que sa seras un peu plus develloper :ange:

Ark*qui attends maintenant la suite de Leylia*en

Par Eoll le conteur le 1/7/2002 à 0:57:26 (#1737021)

*A tout lu*

Et Bien ! ça en valait le coup! Comme toujours me dira t'on...

Bravo!:amour:

Par Kaos Dark le 1/7/2002 à 4:51:13 (#1737570)

Le combat fut rude, il avais mener jusqu'aux bout ce quil devais faire, il avais ouvert le portail, et combatu.

Il remercia sa pierre de destiné, mais maintenant il étais au temple en mavais etat, , car de son mieux, il avais tenter de parrer les coup critique du pere de Leylia.

AU sol dans un coin du temple d'artherk, Kaos ensanglanté les cotes briser, respirais difficilement, crachant du sang.

Il avais quand meme un leger sourire sadique aux levres, a la fois satisfait de son acte envers Leylia.

Il n'arrivais pas a perler tellement la douleur étais grande, car il avais eu de nombreuse blessure. Car il y avais eu des garde demon a combatre avant que le pere de leylia n'intervienne.

Il se traina comme il put au sol vers la sortie de temple, il savais pertinament quil étais rechercher, il ne pouvais rester la.

Malheureusement, L'assasin ne pu sortir, la douleur l'emporta, sa vue s'embrouilla, il resta au sol incontient

Par Alanis Lyn le 1/7/2002 à 6:29:55 (#1737673)

Puisse Selene les soutenir dans leurs epreuves...


(ouaaah les heros !!! :) Enfin bon, remarque ils sont tous morts :p )

Par Gabriel Thylin MSF le 1/7/2002 à 6:50:28 (#1737697)

Tout simplement Wow :eek: :amour: :amour: :amour: Tout a fait le genre de récit que j'apprecie mais la c'est encore mieux et j'adore :merci:

Par Nelia De Nazga le 1/7/2002 à 12:03:00 (#1738687)

Ouah ! Excellent, vraiment ;)

Par Kehldarin Osten MSF le 1/7/2002 à 16:14:44 (#1739791)

L'aurore pointait juste, Lighthaven dormait encore. Le temple sortait lentement d'une nuit tranquille, les prêtres sortant du premier office de la journée, prêts à donner leur temps et leur énergie pour servir leur foi.

Kiran fut le premier. Il entrait calmement dans la grande salle du temple d'Artherk, quand un détail attira son regard. Quatre corps apparurent derrière l'autel majeur du temple. Intrigué il s'approcha. Les quatre étaient si pâles, et si abîmés, qu'il n'attendit pas. Il y avait là une femme vêtue sobrement d'une robe noire, un livre de sorts émergeant encore de son sac, et qui se vidait lentement de son sang. L'angle formé par son cou avec le reste de son corps laissaient penser que ce n'était pas là le pire. A quelques mètres un archer reposait face contre terre. Son armure de fines mailles noircies luisait un peu, mais ce fut sa gorge qui attira tout de suite l'oeil averti du prêtre. Elle était percée de deux trous, à quelques centimètres l'un de l'autre, qui béaient à présent. Le dernier ressemblait à un paladin. Il gisait telle une poupée brisée, remuant encore faiblement des membres desarticulés, essayant de bouger un corps qui ne le pouvait manifestement plus. A quelques distances, on pouvait voir un guerrier assez fin, mais pas dans un meilleur état que les autres. A voir la traînée de sang qui le séparait des autres, il avait essayé de bouger. Le pauvre n'avait pas pu aller bien loin.

Hélant ses accolytes, Frere Kiran commença son oeuvre. Réduire les fractures n'était pas bien grave, mais certaines risquaient de venir à bout de la resistance des aventuriers qui luttaient encore conte la mort. Bientôt ils furent quatre autour de chaque corps, et de leur voix semblaient comme sortir une lumière chaude et bienveillante. Moonrock, venue elle aussi, jeta un regard à Kiran. A son regard elle aurait pu comprendre, mais pour dissiper tout malentendu, le prêtre secoua la tête lentement. La jeune femme avait beau lutter, elle ne pourrait pas se sortir de son état. Les novices qui s'occuppaient des autres n'avaient pas l'air plus enthousiastes. Elle laissa aller son regard sur les corps à présent bien alignés. Ce qu'elle vit l'emplit de tristesse. La magicienne et l'archer portaient un anneau serti d'une gemme représentant la lune, le paladin avait un soleil et des étoiles scintillantes gravés sur son bouclier, et le dernier n'avait rien, mais sur son épaule dénudée la grosse araignée ne trompait personne. Même pour lui ça l'eveque de Lighthaven eut le coeur serré, et replaça l'armure du guerrier. Sur les trois hommes les blessures semblaient se refermer petit à petit, les os se ressouder, la chair se reformer. Pas assez vite, pas assez fort, pourtant.

Le paladin bougeait encore, et elle finit par s'approcher de lui. Il le regardait sous son heaume, d'un regard suppliant. Elle s'agenouilla, et souleva la visière. Il lui fallut quelques instants pour se remettre de sa surprise quand elle le reconnut. Mais les mots lui parvinrent nettement, tout entrecoupés de long soupirs et de hoquets de souffrance.
- Alertez... les ordres... transférer... vite...
- Tais toi Kehl. Je vais envoyer des messages, On ne transfère pas comme ça, mais calme-toi. Je...

Elle ne put terminer. Les transferts de blessures, cette fameuse technique de guérison qu'il avait faite sienne. Porter les blessures d'un être vers un autre plus fort et plus solide, et après les réduire, c'était dangereux, et tellement inconnnu. Personne ne l'avait imité, au temple. Peut-être que les ordres savaient comment faire. Le seul qui l'employait c'était Ethel, l'elfe des eaux élu d'Artherk. D'un geste elle avait une dizaine d'acolytes autour d'elle, et bientôt ils couraient dans les rues pour porter la nouvelle au clergé de Sélène et à l'ordre de la lumière. Un autre se hâtait vers le dispensaire de la ville. Avec la médecine profane, Moonrock mettait toutes les chances de son côté.

***

Ils n'étaient pas encore revenus que deux silhouettes se découpèrent devant le portail du temple. Moonrock les reconnut sans peine : Chrysaor et Ethel. Son regard parut se détendre, et elle s'approcha répidement d'eux.

- Nous avons quatre mourants ici. Arken, Syndrael, Kehldarin et un autre que je ne connais pas. Kehldarin veut utiliser votre technique du transfert, mais je ne sais pas si c'est très recommandé, et en plus je ne vois pas qui prendrais sur lui leurs blessures à eux quatre.
Quelques secondes s'écoulèrent, le temps de bien savoir ce qui se passait. Mais les deux hommes n'eurent qu'une réponse, sans se regarder.
- Transferons, je prendrais tout.

Incrédule, la prêtresse les regarda une seconde avant de les mener jusqu'aux blessés. Chrysaor posa sa hache, et ils entrèrent tous les deux en méditation. Après quelques minutes Ethel lança une incantation, et fut nimbé dans un nuage de lumière pure. Chrysaor ne fit pas un mouvement, et ferma les yeux. L'elfe lui murmurait à l'oreille ses consignes, et bientôt le chevalier sembla s'affaisser. Son corps semblait se disloquer, à mesure que Kehldarin reprenait des forces. Il avait à présent le souffle rauque, et ses yeux, toujours fermés, s'étaient cerclés de tension. A son poignet, une espece de rune brillait de mille feux, sans pourtant dégager de chaleur. Kehldarin avait retrouvé quelques forces, et ne semblait plus en danger. L'inconnu en armure non plus. Après quelques secondes, Ethel cessa son chant, et se tourna vers Syndrael et vers Arken. Posant une main sur chaque front, il lança son incantation, et se remit à murmurer. Les mêmes paroles, les mêmes sons. La même force dans les accents.

Mon ami, frappé d'un tel fleau
Partage avec moi tes maux
Et cette douleur en toi
s'attenue car j'en prends
une bonne moitié pour moi
Artherk toi qui m'entends
Preserve donc la vie
Prends un peu de la mienne
Assure la survie
Que partage survienne


La plaie de Syndrael se resorba comme d'elle-même, sa nuque se redressa. Les trous dans la gorge d'Arken s'estompèrent, petit à petit. La couleur revint peu à peu sur leurs visages, comme elle était revenue chez leurs compagnons. Ils n'étaient pas tirés d'affaire, mais ils avaient pris le dessus dans leur lutte pour la vie.

***

Chrysaor était pâle, mais ce n'était rien a coté de ce qui arriva à Ethel. Il sembla se liquéfier sur place, pendant que ceux dont il venait de sauver la vie repenaient des forces, plus endormis qu'inconscients désormais, et en tout cas apaisés. Moonrock les fit porter dans une chapelle attenante. Les messagers étaient revenus, et avec eux venait Henoutsen Tvar, héritière de la baronnie. Elle sortit une fiole et y recueillit ce qui quelques instants avant était son fils, esprit d'Elys. Puis elle partit vers la mer, elle savait ce qu'il fallait faire. Quelques personnes qui l'accompagnaient prirent la direction de la chapelle, enfants de Sélène et de la lumière mêlés. Quelques druides venus du dispensaires leur emboîtèrent le pas. Tous avaient perdu le regard alarmé de leur arrivé, et avançaient désormais confiants.

etats d'ames d'Ethel

Par Ethel MIP le 1/7/2002 à 17:29:33 (#1740178)

Adossé sur le rebord de la fontaine d'Havreclair , Ethel avait semblé préoccupé . Etait il trop alarmiste? Leur absence etait elle si courte que cela ? Son eternel soucis pour autrui lui jouait encore des tours? Ils ne les avait pas vus depuis quelques heures et le crépuscule dévoilait petit a petit sa robe si sobre , si inquiétante en ces temps ci . Elle aurait du l'appaiser mais son coeur pressentait que quelque chose n'allait pas ...

Il devait en avoir le coeur net et se mit a interroger la populace de Havreclair avec son semblant de bonhommie naturelle ... mais cette fois ci , il semblait plus se forcer a sourire . Il se passait reellement quelque chose de déroutant et les étoiles elles mêmes semblaient le conforter dans cette idée . Il tomba sur un vieux couple de residents qui lui dirent avoir vu Le capitaine de la garde de Havreclair et son sergent suivre une mysterieuse jeune demoiselle ... demoiselle qu'il n'avait pas eu le temps de cotoyer et cela l'inquietait un peu . Il apprit egalement d'eux qu'ils avaient quitté Havreclair , chose rare ...

Il devait y avoir quelque chose de grave . Ethel se maudissait de ne les avoir pas accompagnés ... il se serait gifflé s'il en avait eu le coeur . A présent , il ne pouvait que prier le père des dieux ainsi que ses fils pour qu'il ne leur arrive rien . Il se précipita vers le temple .Sa hâte dut alerter Chrysaor , qu'il n'avait pas vu et qui devait s'etonner du comportement si empressé et si inhabituel d'Ethel , et qui a present le suivait discretement sur le chemin du temple . A l'oree du temple , Chrysaor posa sa main sur l'epaule d'Ethel afin que celui ci se retourne , ce qui attint ses but . Chrysaor parla d'une voix anxieuse :


--**


-Ethel? Vers ou courrez vous d'un pas si hâtif?
-c'est que ... je m'inquiete pour Arken et Kehldarin ... ils auraient du revenir . Ils n'auraient jamais du quitter Havreclair si quelque chose de grave n'etait pas arrivé . Je me hâte vers le temple pour voir si Moonrock en sait plus long et pour prier qu'il ne leur arrive rien ...
-Je vais avec vous Ethel !

***






Ils arrivèrent rapidement au temple . Ethel ne pouvait deceler en Chrysaor qu'une certaine anxiété , le reste lui etait insondable . Il esperait que peut etre ... Moonrock leur indiquerait ou ils avaient bien pû passer . En arrivant , la voix de Moonrock les interpella d'emblee et les amena a observer les quatres corps qui gisaient sur le marbre du temple ...
A un moment , le coeur d'Ethel faillit bel et bien s'arreter en pensant qu'ils etaient peut etre morts ... mais Kehldarin bougeait encore et ce n'etait pas le moment de céder a la panique . Il incanta doucement et sa silhouette se nimba rapidement d'une aura dorée , capable de miracles et de vie .Apres avoir murmuré a Chrysaor les directives , il examina rapidement les corps devant lui ...



Deux s'en sortiraient facilement , les deux autres avaient eu beaucoup moins de chance . La situation etait critique et il informa Chrysaor de son intention d'utiliser le "Moitié-pour-moi" . Chrysaor demanda egalement a partager les blessures des deux infortunés . Pendant que Chrysaor se tournait vers Kehldarin et l'enigmatique homme en armure , Ethel approchait Syndrael et le capitaine Arken , tous deux en danger de mort . Le partage de vie commença rapidement en ce petit cantique devant chacun des deux , tout en leur touchant le front :


Mon ami, frappé d'un tel fleau
Partage avec moi tes maux
Et cette douleur en toi
s'attenue car j'en prends
une bonne moitié pour moi
Artherk toi qui m'entends
Preserve donc la vie
Prends un peu de la mienne
Assure la survie
Que partage survienne




Il voyait Chrysaor redonner des forces a Kehldarin et cela lui donna un courage et un depassement de soi hors du commun . Son instinct de conservation n'avait lieu d'etre . Seule importait la vie , et elle seule . Son corps lentement se dégénérait , retournant a son etat d'eau illuminée . Ceci lui permettait de se rattraper par rapport a sa presence qui leur avait fait defaut . La lumiere se sublima , prennant directement les blessures et les donnant a Ethel . Un flash de lumiere innonda la piece , refermant les blessures les plus grave . Ethel eut le temps d'esquisser un sourire ... avant de se disloquer . Quand la lumiere se dissipa ... il n'etait plus que forme rudimentaire de vie . Il n'avait plus conscience de rien et tentait desesperement de se mouvoir , de fuir ... vers la mer . Il fut rapidement attrape par sa mere adoptive puis placé dans un flacon . Il le savait , il regagnait grace a elle celle qui etait vraisemblablement sa seconde mère et sa vie ne serait plus menacée , en son sein il pourrait reprendre corps petit a petit ...

Il esperait que rien de mal ne se produirait et que tous iraient bien ... et il sombra doucement dans une totale absence de conscience ... rapproché peu a peu de la mer ou bien du lac d'argent .

Par Leylia le 1/7/2002 à 20:17:01 (#1740936)

Leylia se rua sur son père la rage au ventre, les griffes toutes sorties. Thanadar s'élança à son tour sur sa fille avec le ferme intention d'en finir une bonne fois pour toute avec elle. Le bruit du frottement de son armure retentissait à chacun de ses pas. Thanadar arrêta sa course brutalement laissant une grande traînée de poussière derrière lui. Brandissant sa main d'où jaillit une énorme boule de feu celle si partit à une vitesse prodigieuse sur Leylia qui freina sa course en dépliant ses ailes. Elle bondit dans les airs évitant la boule de feu de justesse, puis d'un battement d'ailes, elle atterrit lourdement aux pieds de Thanadar.http://www.ifrance.com/Maylancolie/Crocs.jpg

Elle releva sa tête pour le regarder puis d'un geste vif et brutale elle enfonça ses griffes entre les jointures de l'armure du thorax. Le coup fut si violent que la main toute entière avait pénétrée dans le corps de son père qui tomba sur un genoux. Il se releva brusquement en en enlevant le main de Leylia puis donna un coup de point dans les côtes de Leylia qui fut projetée contre un mur. Elle se releva faiblement en se tenant la blessure, puis se mit a incanter des sorts nécromants sur son père. Des cercles magiques entourèrent Thanadar qui essayait de se démêler tant bien que mal des sorts jetés par sa fille, puis soudain il disparut sous les yeux de Leylia quelque peu surprise. Elle sentait toujours sa présence, mais il était invisible à ses yeux. Fermant les yeux, elle écouta les bruit qui l'entourait.

*yeux fermés*- Montre toi lâche!

*apparaissant soudainement* - Mais je suis tout prêt de toi *rit*

Thanadar réapparut juste derrière elle en l'attrapant dans ses bras. Il l'a tenait de plus en plus fort en lui coupant la respiration. Leylia essayait de se défaire, mais ses forces l'abandonnaient peu à peu. Hurlant de douleur, le corps s'écrasant sous la force de son père, Leylia sentait ses muscles s'atrophier l'empêchant de faire tout mouvements. Puis sortit de nul par une petite ombre noir s'abattit dans le dos de Thanadar. Une long filet de sang jaillit de son dos, éclaboussant le mur qui était derrière lui. Les yeux rouge Thanadar poussa un cri terrifiant le faisant lâcher prise. Leylia s'écroula par terre en suffoquant. Reprenant sa respiration, elle releva la tête pour voir ce qui se passait. Un des ses corbeaux avait pénétré dans le dos de Thanadar, son bec transperçant la chair.http://www.ifrance.com/Maylancolie/Corbeau.jpg


Se tordant de douleur incapable d'attraper l'oiseau qui lui dévorait le dos, il tomba par terre agonisant sur le sol. Leylia profita de cet instant pour prendre une hache suspendus de l'autre coté du mur. Elle bondit sur le ventre de son père en brandissant derrière elle la hache, puis de toutes ses forces elle donna un violent coup sur le crâne de Thanadar. Un bruit d'os et de chair tranchée retentit en même temps qu'un hurlement déchirant. Thanadar saisit le cou de Leylia puis commença a l'étrangler afin de lui briser la nuque. Leylia ne cédant pas au la riposte de son père répliqua en donnant sauvagement plusieurs coup de hache. Le corps de Thanadar sursautait a chaques coups reçus, une main griffant le sol, l'autre lâchant le cou de Leylia. Emportée par la rage et la haine Leylia ne s'arrêtait plus, elle frappa encore et encore sur le corps de son père qui ne bougeait plus depuis un moment. Ses assaut durèrent des minutes a ne plus pouvoir en finir.http://www.ifrance.com/Maylancolie/Hache.jpg


S'apercevant de la boucherie qu'elle avait fait Leylia s'arrêta en laissant tomber la hache sur le sol. Le bruit métallique de la hache retombant sur le sol, sonna comme la fin d'un cauchemar. Le corbeaux s'envola, puis se posa sur l'épaule de Leylia en croassant, comme pour montrer sa joie de revoir sa maîtresse en vie. Leylia eu un rire nerveux entrecoupé par une forte de douleur dans les cotes. C'était un rire de victoire en voyant Thanadar complètement déchiqueté. Leylia s'approcha du portail en ramassant le pendentif qui était tombé par terre durant les affrontements. Elle eu un dernier frisson, en imaginant son père encore en train de bouger.


Elle se retourna d'un seul coup empoignant la hache, puis asséna un grand coup à la base du cou de son père. Le coup trancha nettement la tête qui roula lentement contre le mur. Leylia prit une des torches qui éclairaient les lieux puis elle la lança sur le corps décapité. Elle voulait être sur qu'il ne reviendrait pas cette fois ci. Se retournant de nouveau elle avança vers le portail en laissant le corps de Thanadar brûler. Elle entendit au loin des hurlements qui s'approchaient de plus en plus. Elle jeta un dernier coup d'œil au bout du couloir d'ou provenaient les crient des démons, puis fermant les yeux, traversa le portail qui se referma derrière elle. Un énorme portail s'ouvrit dans le temple de Havreclair, d'ou en sortit Leylia ensanglantée. Le portail tournoyant de plus en plus vite se referma d'un coup en faisant retentir un bruit assourdissant.


La populace était déjà sur les lieux, et tous regardèrent Leylia partagés entre l'étonnement et l'inquiétude. Leylia avança faiblement jusqu'à la sortit du temple en poussant tout le monde. Les gens de plus en plus inquiets s'écartèrent en la laissant passer. Elle ne put faire que quelques pas avant de s'affaler au pied d'un arbre. Elle ferma ses yeux tout doucement puis sombra dans un coma, complètement épuisée. Son corbeaux qui se tenait sur son épaule croassa de plus en plus fort, quand soudain une nuée de ses frères arriva tout autour de Leylia, l'enveloppant, la couvrant de leur plumage afin de la protéger. C'est à se moment que le règne de Thanadar prit fin, le tyran qui se croyait invulnérable avait faillit devant sa progéniture et ses amis…

http://www.ifrance.com/Maylancolie/Leylia.jpg

Par Arken le 1/7/2002 à 20:22:44 (#1740964)

Ils etaient venu pour la sauvée des griffes de Thanadar, mais après avoir vu la grandeur de son armée et senti la puissance qui se degageais de cet etre maléfique, Arken savais que pour que Leylia soit libre il fallais que Thanadar soit mis hors d'etat de nuire. Seulement, Syndrael venais d'etre renvoyée à son sanctuaire, les armes conventionnelles ne semblaient pas le moins du monde genées le demon qui leur faisait face. Pas une de ses flèches n'avait preoccupées Thanadar, c'etait pour lui aussi insignifiant qu'une piqure d'insecte. Comment venir a bout de ce monstre, un debut de reponse vint des mains de Kehldarin, la puissance de la lumiere en deferlait semblant pour la premiere fois atteindre leur adversaire.

La magie pouvait l'aneantire, Leylia qui gisait à ses pieds pouvait preter main fortes a Kehldarin, mais il lui fallait toute ses ressources. Ne pouvant etre d'une aide quelconque par ses competences, Arken presenta alors son cou à Leylia, il l'obligea à boire son sang jusqu'a ce qu'il soit trop faible, c'est a ce moment là que sa pierre brilla le renvoyant en son sanctuaire.

C'est à peine conscient qu'il fu trouver en meme temps que Syndrael, Kehldarin et Kaos, tout quatres à l'article de la mort. Il eu vaguement conscience du rituel d'Ethel pour s'approprier ses blessures, mais si ses contusions et autres petites coupures disparraissaient, son sang lui se faisait toujours aussi rare.

Alors qu'Ethel devenais liquide, Gabriel s'approcha de Moonrock lui indiquant son bras; Ayant vu l'air inquiet de Ethel et Chrysaor, il les avait suivi jusqu'au temple, il avait remarqué la blancheur d'Arken et les petites marques au cou, il savait qu'il lui fallais du sang en grande quantité, il etait pret à payer sa dette. C'est ainsi que Moonrock proceda à la transfusion.

Arken reprennais des couleurs, mais il etait encore faible, il lui faudrais quelques jours de repos forcés pour etre sur pieds pret a reprendre son travail.

Par Esper G Sylrus le 2/7/2002 à 9:11:18 (#1743272)

(ahem :p kehl :p Kaos a pas encore recu sa marque de Feyd:p alors non y avais pas de grosse araigner sur le bras:p)

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