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Les aventures d'un troubadour: une rencontre inquiétante

Par Dodgee MIP le 3/6/2002 Ă  13:19:42 (#1583089)

Un troubadour ne se fait que rarement agresser lors de ses voyages. A vrai dire, les brigands et autres voleurs ne voient guère d’intérêt à perdre du temps avec pareils oiseaux sans fortune. Le costume que ces ménestrels arborent sur la route, souvent voyant et reconnaissable sans pour autant être régi par aucune règle, constitue pour eux une meilleure protection qu’une lourde armure. Pourtant, c’était bien un fourreau et un arc que je portais dans mes affaires, car j’avais appris qu’il n’était jamais trop prudent d’avoir une arme quand bien même on ne savait la manier…

Mes compagnons de voyage, souvent des aventuriers accomplis avaient souvent souri de me voir lever mon épée ou balbutier quelques mots de pouvoir. Certains m’avaient appris quelques passes d’armes, sans réussir à faire de moi un épéiste accompli ou un chasseur honorable. Même les mages, intrigués de me voir aussi curieux n’arrivaient pas à m’enseigner plus que des tours magiques, qui auraient plus servi à amuser la foule qu’à me défendre. Heureusement pour moi, malgré mon manque évident de technique et d’aptitude à apprendre à me battre, j’étais d’une constitution plus qu’honorable et me révélait, si ce n’est un combattant efficace, du moins un adversaire crédible. En fait, cela était sans doute plus dangereux pour moi…

Alors que je me promenais en ville, rentrant d’une fort longue soirée, des bruits que je reconnus sans peine. Un petit groupe s’acharnait sur une victime, sans doute un imprudent qui allait y laisser sa bourse, ou pire… Je ne suis guère courageux, encore moins un parangon de vertu, pourtant l’idée d’intervenir m’effleura l’esprit, et le brin de folie qui m’animait fit le reste. Sans dégainer mon épée, je fis un pas en avant en prenant la parole, regrettant presque aussitôt mon geste.

-Halte lĂ  ! Cessez ou jÂ’appelle la garde !

Ma voix claire trancha la nuit, semblant ramener un peu d’humanité dans les agresseurs que je comptais à présent au nombre de cinq autour d’un seul homme, qui avait visiblement été battu. La silhouette était recroquevillée sur elle-même, comme si elle n’avait offert aucune résistance sous les coups. L’expérience m’avait appris que de ne pas sortir son arme évitait parfois d’en faire les frais quand l’adversaire était en position de force. Cet homme avait visiblement fait ce choix, ce qui m’arracha un soupir de soulagement. Devant moi trois des agresseurs se rapprochaient, l’air menaçant.

-Mêle-toi d’tes affaires, ménestrel, sinon la garde n’aura même plus l’occas’ de t’entendre leur conter c’qui s’est passé. Dégages…

A vrai dire je ne savais plus quoi faire, devant ces figures patibulaires et ces menaces, et mon bel élan qui m’avait conduit à intervenir s’était soudain évanoui. Reculant de quelques pas, je sortis mon épée en tremblant, espérant les décourager dans un réflexe stupide. Stupide oui, car immédiatement ce furent trois autres lames qui se dressèrent devant moi, alors qu’un des voleurs laissa échapper un rire gras.

-Matez moi ça, l’oisillon veut se battre ?
-Il va chanter pour nous ce soir le troubadourÂ… Je suis sur quÂ’il sait mĂŞme danserÂ…

Cette fois, j’aurais voulu prendre les jambes à mon cou, mais j’avais été trop loin pour être sur de ne pas prendre un coup dans le dos alors que je tenterais de m’enfuir. Tremblant légèrement, je m’adossais au mur pour tenter de ne pas me laisser prendre de coté, quand soudain un râle de douleur attira mon attention et celle de mes agresseurs.

La silhouette, la victime s’était dressée à présent. Il semblait plus grand, plus imposant que l’image que je m’en étais faite lorsqu’il était replié sur lui-même. Il tenait à présent un long cimeterre, la lame ensanglantée, et se dirigeait sans mot dire vers mes trois agresseurs. Au sol, ceux qui il y a quelques instants encore le rouaient de coups étaient étendus, l’un ne bougeant plus et l’autre remuant difficilement alors que son sang se répandait sur les pavés. Ma surprise devait être à la hauteur de celle de mes agresseurs qui ne purent réagir que lorsqu’il fut sur eux. Alors sa voix, grave comme s’il eut s’agit d’un sermon, résonna.

-Le vol et les coups je peux pardonner. Les moqueries et la violence j’aurais pu accepter… Mais si vous vivez par l’acier et menacer vos semblables, je n’aurais aucune pitié…

Alors qu’il prononçait ces paroles, son cimeterre fendait déjà le court espace entre lui et un premier voleur, emportant dans son sillage une large écume de sang. Les yeux encore élargis de surprise, sans avoir pu faire un geste, le premier s’écroula au sol. Alors que le deuxième relevait la tête du triste spectacle, la lame recourbée siffla de nouveau, avant de l’égorger proprement. Le geste avait été fluide, et le sabre, poussé sur le fil arrière de la lame par l’autre main n’avait pratiquement pas ralenti alors qu’il déchirait la chair et enlevait la vie de l’homme. Le bruit des bottes sur le sol de pierre indiquait que le troisième était en train de fuir sans demander son reste, mais je ne pouvais détacher mon regard de cet homme à la mine sombre qui venait d’exécuter quatre hommes alors qu’un instant auparavant il se faisait ruer de coups par ceux ci.

Tournant enfin son visage vers moi, alors que je tentais de reprendre contenance et de calmer les tremblements qui secouaient mon corps, il me lança un sourire chaleureux, avant de me saluer.

-Navré de vous voir en si horribles circonstances messire troubadour, et merci de votre intervention.
-Mais… Mais… Vous auriez pu les battre dès le départ ?
-Ils n’attentaient pas à ma vie ou à celle d’autrui. La violence tant verbale que physique dont ils faisaient preuve était un bien moindre mal. Je me disais que peut être, ils entendraient raison. Visiblement, ils ne méritaient pas une telle attention, comme ils l’ont montré par la suite.

Je le dévisageais étrangement à présent. Comment un homme pouvait-il rester ainsi face aux coups, tuer mes agresseurs sans hésitation, et me sourire ensuite comme si cela avait été le plus naturel du monde ?

-MaisÂ…
-Je ne sors mon arme qu’en cas de danger mortel ou pour apporter la rédemption à ceux qui la mérite. Ceux qui ne peuvent entendre raison doivent être éliminés. Ce n’est qu’en nous débarrassant de la lie de l’espèce humaine que l’humanité pourra connaître la paix. Dès lors qu’ils étaient prêts à vous tuer, ils ne méritaient plus de vivre. Paix à leurs âmes.

Essuyant sa lame avant de la ranger à nouveau, il avait énoncé ses phrases le plus simplement du monde, comme une évidence. Hochant lentement la tête alors que je tachais de comprendre, je le vis me saluer avant de s’éloigner. Il y avait en lui ce mélange incroyable entre le calme et la paix, et la froide résolution d’un fanatique. En un sens, il était bien plus terrifiant que ces voleurs qui avaient failli me tuer…

Par Dhu Troy le 3/6/2002 Ă  13:35:30 (#1583163)

:merci: :lit:

Joli recit que celui de ce troubadour

Par Alanis Lyn le 3/6/2002 Ă  13:46:41 (#1583228)

Voila un bien beau recit, Troubadour !

J'espere vous en entendre conter d'autres...

Par Syris le 3/6/2002 Ă  15:44:19 (#1583978)

*Up* Une prose fort agréable à découvrir =)

Par Darksoul Zenox le 3/6/2002 Ă  16:41:34 (#1584321)

Hum...ce qu'il peut en voir des choses ce troubadour..et pas toujours les plus belles...

Par Eoll le conteur le 3/6/2002 Ă  18:00:49 (#1584809)

Vous etes sans conteste meilleur à la plume qu'à l'épée,et à défaut d'etre un habile combattant,vous etes un talentueux menestrel.

Par Aqua Sylrus le 3/6/2002 Ă  22:24:02 (#1586609)

Intéressante narration.
Et je suis contente d'entendre parler de tes actions, mon cher conteur... même si tu n'as tué personne cette nuit-là.
*sourire espiègle*

(au fait, on dit "il s'eut agit" :p)

Par Dhu Troy le 4/6/2002 Ă  9:56:44 (#1588758)

hop

Par Ashraam Darken le 4/6/2002 Ă  10:06:09 (#1588813)

:lit:
:)

Par Aqua Sylrus le 4/6/2002 Ă  18:35:06 (#1591883)

Ces aspects du comportement humain sont suffisamment intéressants pour ne pas sombrer si vite dans le gouffre de l'oubli.

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