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Trèfle et la folle non-poursuite du Harnais Millénaire

Par Merry le 7/5/2002 Ă  23:07:52 (#1418222)

Les chroniques d’un aventurier althéen qui souhaitait découvrir le monde grâce à ses petits pieds et à ses petites mains.

I) Où l’on constate que les carottes rendent, nécessairement, les gens adorables.

-Grrroarrr, fit la monstrueuse créature à l’haleine repoussante.
La gueule béante nantie d’un flot de dents acérées s’approchait dangereusement des jambes de sa victime apeurée. La bête, ses oreilles pointues dressées, vers le ciel, à l’écoute du moindre bruit suspect, les griffes des pattes dont on remarquait qu’elles avaient beaucoup servi, le poil hérissé par les pulsions animales, se léchait les babines, heureuse de constater que son repas était sur le point d’être à sa merci, et s’apprêtait à donner le coup fatal. En face, le repas tentait, tant bien que mal, de s’écarter bien que la position assise, les jambes en avant, dans laquelle il était ne s’y prêtait volontiers. Pourtant dans un sursaut fessier, l’innocent pu enfin se tenir hors de portée de l’haleine fétide qui le menaçait mais vint, malencontreusement, buter contre une pièce de bois de tout son corps tremblant. Divers bruits d’entrechoquements et de bousculades se mêlèrent, et c’est finalement le son d’un objet qui fend l’air qui prit le pas. La victime, sachant qu’elle était acculée, ferma les yeux, persuadée qu’elle vivait les derniers instants de sa vie.

-Prrrischtttt, grogna l’infâme engeance.
Le poltron, interloqué, savait que ce bruit n’était pas naturel. Pourtant, l’idée selon laquelle le trépas était proche persistait. Les secondes puis les minutes s’égrenèrent imperceptiblement au fil des grondements sourd du cœur affolé de l’apeuré, sans que la situation ne change. Prenant son courage à deux mains, si on peut appeler ça du courage, il ouvrit lentement les yeux, l’idée du carnage futur encore bien en tête, mais constata qu’à la place de la créature se trouvait maintenant un ouvrage, dont la tranche faisait au moins deux fois la hauteur d’une pomme, sur lequel on pouvait lire ‘Animaux et extermination, tome IV: la dératisation’.

-Louée soit Hunalé, déesse des bibliothécaires, des myopes et des meubles de rangement. Cette engeance, ce suppôt du démon, ce rat a bien failli me faire passer de vie à trépas! fit Trèfle, notre héros, en s’essuyant le front du revers de la main.
Car il avait eu peur. Pourtant, il en avait compulsé des oeuvres sur les phobies et sur les peurs ridicules, il avait maintes fois souhaité se débarrasser de ce petit rien qui lui gâchait la vie, mais jamais il n’avait encore parcouru de livres sur les moyens d’exterminer ce genre de créatures. Il aurait du, mais c’est seulement aujourd’hui qu’il s’en était rendu compte. Pourquoi donc les dieux l’avait-il affublé de cette peur viscérale pour les petits mammifères ? Dubitatif il se releva, nettoya des mains son habit sacerdotal que l’ambiance poussiéreuse de la bibliothèque avait souillé, s’essuya une nouvelle fois le front, qui décidément s’évertuait à lui rappeler qu’il était un trouillard, remit à sa place son sauveur et se dirigea finalement vers l’immense table qu’il venait de quitter précipitamment. Il rassembla tous les ouvrages, visiblement trop troublé par cet instant ridicule pour continuer à en apprendre plus sur le monde, et les rangea soigneusement un par un, parcourant lentement mais attentivement la gigantesque salle aux dix mille volumes qu’il fréquentait si souvent.
Cette première frayeur passée, nous pouvons maintenant nous attarder sur le vaillant héros, et c’est peu dire, de cette histoire. D’une hauteur, somme toute, normale comme on en rencontre tous les jours. Les yeux couleurs argent qui avaient la particularité de briller la nuit et dans la pénombre, ce qui l’incommodait fort lorsqu’il voulait jouer à cache-cache avec les rats. A vrai dire, la majorité de son corps était sans grand intérêt, sans doute parce que celui-ci était assez commun. Pourtant, ses particularités avaient le mérite d’être visibles, en effet, le sommet de son crâne où trônait une chevelure brunâtre, d’une longueur raisonnable, était en trois endroits totalement dénudé, de façon à ce qu’apparaisse la forme de trois feuilles ; une marque à l’avant, entre les deux yeux, les deux autres à l’arrière dans l’axe des omoplates. C’est d’ailleurs cette absence de cheveux qui lui avait valu le nom de Trèfle. L’autre étrangeté, était encore plus insolite que la première puisqu’elle consistait en ces deux excroissances faites de plumes; deux gigantesques ailes dont les extrémités supérieures étaient dorées, membres surprenants qu’il tenait d’un de ses parents, qui l’empêchait d’ailleurs de se vêtir correctement. Cependant, il ne savait pas de qui il les tenait, puisqu’il avait été abandonné dès son plus jeune âge. Ses traits fins, ses yeux pleins de vie, caractérisaient sa jeunesse pourtant celui qui l’avait élevé n’avait jamais su évaluer avec précision son âge, mais à vrai dire Trèfle s’en moquait quelque peu. Il avait passé toute sa petite vie dans cette magnifique bâtisse, vestige glorieux des actions passées de son tuteur, s’émerveillant des choses du monde à travers les livres de la bibliothèque, et s’initiant aux armes où il se débrouillait, ma foi, assez mal, ne devant ses victoires qu’à des pas hasardeux, à des touches chanceuses, et à la vieillesse de son adversaire.
Son tuteur, quant à lui, se prénommait Célestin. Il avait été pendant longtemps un de ces chevaliers en armure rutilante, aux préceptes bien établis, à la foi inébranlable, qui parcouraient, jadis, le monde. Pourtant, l’âge l’avait rattrapé et c’est tristement qu’il s’était vu offrir cette demeure en récompense de ses bons et loyaux services, mais heureusement pour lui, le couffin de Trèfle fut abandonné devant sa porte quelques mois plus tard. Il lui avait dès lors entièrement consacré sa retraite et l’avait éduqué comme il avait été lui-même élevé; dans l’érudition et le combat, selon les directives de l’ordre du Calice Impudent, sainte congrégation de moine-guerriers, qui vouait un culte tout particulier à tout un tas de Dieux tous plus étranges les uns que les autres, et dont la principale activité, outre le combat, et la défense de principes douteux (comme la nécessité de se déplacer en crabe lors des tentatives de séduction), était de concocter toute sorte de boissons alcoolisées pour ensuite les faire partager à tous les membres de l’Ordre, d’où le calice, symbole doré qui ornait les robes de bure des disciples, dont celle de Trèfle.
Ces quelques présentations faites, nous pouvons reprendre le cours du récit. Trèfle contempla encore une fois la vaste salle, dont le plafond était à au moins trois ou quatre fois sa taille. De tous les côtés, on pouvait voir des étagères sur lesquelles étaient rangés des livres traitant de tous les sujets possibles et inimaginables; de la cuisine aux divinités, de la couture à la pêche au kourzob (poisson gigantesque dont le seul appât référencé est l’humain), de la géographie althéenne aux récits d’aventuriers aux tristes destins. Il en avait lu un certain nombre, et pourtant sa soif de connaissances restait intarissable. Il resta là, un instant, les yeux émerveillés, pensant aux vastes contrées, aux batailles épiques, aux créatures indescriptibles, à toutes ces choses qu’il rêvait de côtoyer au fur et à mesure de ses lectures, mais il fut ramené à la réalité lorsque son regard vint à se poser sur le cadavre étalé, allongé, agrandi, de son agresseur. Il mit une bonne trentaine de minutes à nettoyer les restes, et à jeter le tout dans les flammes de la cheminée, qui se trouvait à l’angle des deux plus grandes étagères, pour finalement retrouver une certaine sérénité. Il envisagea donc de reprendre sa lecture.
Il jeta un regard circulaire, je sais c’est la troisième fois qu’il fait la même chose mais j’aimerais bien que vous compreniez qu’il adore ça, cherchant son bonheur. Etagère sud, neuvième rangée, quatorzième colonne, septième livre en partant de la gauche. Son œil avait été irrésistiblement attiré par la reliure faite de dorures. Il s’empressa d’aller chercher l’échelle de bois la plus proche pour l’adosser, car les échelles ont des dos dans cette contrée, à l’étagère en question. Il grimpa tel le kourzob qui aurait repéré un humain, et s’empara de l’objet de sa quête, les yeux pétillants de bonheur, un sourire gravé sur le visage. C’est qu’il était content de toucher un livre, car c’était l’un des seuls plaisir qu’il connaissait, ses hormones mâles en étaient toutes émoustillées à un tel point que … non, reprenons. Trèfle rangea l’échelle puis il contempla quelques instants la couverture de l’ouvrage où il était écrit en lettres rouge sang; ‘Contes et Légendes pour …’, la suite était effacée, les affres de la vieillesse avait eu raison de cet élément qui s’avérerait capital pour la suite de l’histoire. L’homme oiseau, féru de ce genre de balivernes auxquelles il ne parvenait jamais à discerner le vrai du faux, ouvrit une page au hasard qu’il lut sans même chercher où elle commençait, c’est dire s’il était impatient d’en apprendre un peu plus sur les merveilles de ce monde, l’écriture était légère sans bavures ni ratures:


« Par delà monts et vaux, la rumeur s’amplifia. L’objet légendaire de l’Ouest, ce Harnais Millénaire avait, une fois de plus, démontré son efficacité. Les licornes, les cerbères dont on vantait autrefois la virulence et l’agressivité étaient désormais aussi dociles que la cochonnaille. Comment, diantre, ce modeste paysan a-t-il pu les dompter ? Cet objet béni par les âges semblait encore receler bien des secrets. »

Trèfle ne put contenir sa joie. Il allait enfin pouvoir réfréner les ardeurs de ces bestioles et des autres mammifères. Il leva les yeux au ciel, pensant à toutes les possibilités que cet artefact pouvait offrir. La bouche bée, le regard dans le vague, il fit un pas en arrière. Et c’est à ce moment précis qu’un repose-pied vint lui couper son déplacement, car il est bien connu que les chutes incombent toujours au mobilier et non à leurs détenteurs, pour le faire chuter. Il mit quelques centièmes de seconde avant de comprendre que sa tête voulait à tout prix rejoindre le sol. Vainement, il brassa l’air pour tenter de se rattraper à une particule mais la pesanteur en avait décidé autrement. Sa tête percuta le sol de plein fouet tandis que le livre qu’il tenait dans sa main faisait une parabole pour rejoindre, et alimenter, l’âtre de la cheminée. Un seul feuillet resta dans sa main droite alors que la solution était à présent en train de brûler, solution qui lui aurait évité bien des mésaventures alors qu’il aurait pu continuer à se perfectionner selon les préceptes de l’Ordre du Calice Impudent. Dommage. Quoiqu’il en soit, Trèfle sombra dans l’inconscience car il était peu habitué à recevoir ce genre de choc, surtout lorsque c’est un pavé centenaire de granit qui fait office de plancher.

II) OĂą lÂ’on explore le monde en cancanant.

C’est seulement après quelques minutes sans vie que Trèfle pu reprendre ses esprits, ses yeux étaient embrumés, sa tête dodelinait, il avait également une bosse sur le sommet du crâne, mais sinon il allait bien. Enfin presque, puisqu’il avait en tête l’idée de partir chercher ce Harnais Millénaire, son état temporaire d’inconscience n’avait fait que renforcer cette pensée. Soit, il était arrivé à un âge où la bâtisse de naissance devient trop petite, où on se dit que l’on devient vieux parce que l’on a des manies et des habitudes, où on souhaite découvrir de nouvelles choses, où on rêve finalement de toucher, de palper, de caresser des choses inconnues comme des livres légendaires, des vélins jaunis par les années. Le rêve quoi. C’est alors qu’il se rendit compte que le seul indice qu’il avait pour trouver cet artefact était ce petit texte qu’il avait précédemment lu. En somme, c’était à l’Ouest et ça avait appartenu à un paysan. C’était maigre, c’est certain mais n’appartient à l’Ordre du Calice Impudent qui veut.
-La peste soit ce repose-pied ! Maudit soit Golifin, Dieu des tapis, de la poussière et des sets de salon ! pesta notre héros, juron qui d’ailleurs lui était somme toute assez familier.
Trèfle se releva, nettoya une fois de plus son habit sacerdotal, lustra ses ailes de ses mains, pour enfin se diriger vers le laboratoire pour aller prévenir son père adoptif de son voyage incongru. La bâtisse était gigantesque, elle montrait que Célestin avait été très loyal et qu’il avait été d’une aide très précieuse, cette récompense était à la juste valeur de ses actes passés. En plus de cela, dans chaque pièce étaient entassés des icônes, des trésors des expéditions d’antan, des armes reluisantes, des scalps de chefs des tribus barbares vaincues, des couvre-chefs tous plus insolites les uns que les autres, c’est dire si son maître avait voyagé durant sa jeunesse. Et ce n’est pas tout, puisque les meilleurs artisans, ils ont seulement été un peu forcés, de chaque contrée lui ont confectionné les plus beaux meubles, que ce soit tables ou repose-pieds. Pourtant, et c’est une erreur, Célestin n’avait jamais réussi à obtenir d’esclaves, c’est pour cela qu’il était sans enfants légitime, et que les nombreuses toiles d’araignées ornaient les plafonds de la maison, il s’en mordait les doigts, et il savait que la vieillesse n’allait pas arranger les choses puisque Trèfle était bien trop maladroit pour les tâches ménagères. Et je parle, je parle, mais notre héros a déjà parcouru les longs couloirs et se trouve à présent devant la porte du laboratoire.

-CĂ©lestin ! Ouvre-moi, il faut que je te parle dÂ’une chose de la plus haute importance ! hurla-t-il, frappant Ă  grands coups sur le montant en bois.
-Tire la chevillette, et la bobinette cherra mon enfant, répondit Célestin d’une voix nasillarde.
-Euh … d’accord, s’exécuta Trèfle en poussant simplement la porte.
Il s’approcha du vieux maître, dansa le charleston et lui embrassa l’épaule, comme il était coutume de faire lorsque deux membres de l’Ordre se rencontraient. En retour, le mentor se lécha l’index et l’appliqua sur le front de son élève, puis demanda:

-Alors mon fils, qui yÂ’a t il qui te tracasse Ă  ce point ?
-Voilà. Comme tu le sais sans doute, je suis médiocre, je ne sers à rien, je passe des journées entières à apprendre des idioties, et même toi du haut de tes 80 années tu me bats sans conteste lorsque nous nous entraînons, fit Trèfle qui parlait selon l’usage mais qui n’était pas si loin de la vérité. C’est pour cela que j’ai décidé de partir. Partir pour résorber cette peur qui me taraude depuis ma plus tendre enfance, en obtenant le Harnais Millénaire et ainsi …
-Tu t’es enfin décidé ! coupa Célestin. C’est pas trop tôt ! La quête est idiote mais au moins, ça te forgera le caractère ! Allez va mon élève, et surtout n’oublie pas le pain en rentrant et ramène-moi une esclave, si possible.
Trèfle ne su quoi répondre car il savait que son maître était loin de posséder toute sa tête. Cependant, il le remercia pour ces précieux conseils, aussi inexistants qu’ils soient, le salua selon les coutumes ancestrales, c’est à dire en levant le genou gauche, puis il fila à toute vitesse vers sa chambre pour s’équiper et se préparer pour son voyage. En quelques minutes, il était prêt. Dans son sac de cuir tanné, il n’avait pris que quelques outils utiles, une robe de rechange, quelques pièces d’or, un ouvrage sur la géographie pour ne pas trop de perdre, et un peu de nourriture puisqu’il considérait qu’il allait en trouver assez rapidement. Il prit également son cimeterre qu’il accrocha à la ceinture de son habit. Il se dirigea vers la sortie, le cœur léger, enchanté par le destin plein de livres et de coutumes étranges, qu’il s’imaginait, ferma la porte pour enfin commencer son voyage. Il lui fallait aller vers l’Ouest, il attendit donc le coucher du Soleil, il était pas si bête tout compte fait, et se mit en route.
-Que Litani, Déesse des voyageurs, des brigands et des princes errants m’accompagne et me guide vers Lamare, ma prochaine étape, dit-il à haute voix, persuadé que cette déesse l’entendait.
En fait, il aurait fallu que Trèfle soit vraiment très idiot pour se perdre, puisqu’une borne de pierre à quelques pas de la maison de son maître indiquait la direction de Lamare, sachant que la route était de surcroît cailloutée et cernée de chaque côté d’une interminable série d’arbres gigantesques et magnifiques, placés de telle façon qu’on ne puisse pas sortir de la route sans s’écorcher sur les nombreux buissons qui remplisse les vides laissés par les mastodontes végétaux.
Trèfle parcouru la distance qui le séparait de Lamare en une journée presque complète; le Soleil pressé de rejoindre l’horizon, délesté de près du quart de ses provisions, car il avait mal jugé cette distance mais au moins, il pu se rendre compte que les atlas ne sont pas à la bonne échelle, et sain et sauf, ce qui est préférable pour la suite de l’histoire. Lamare, était la cité la plus étrange de la région, en effet personne ne connaissait réellement son histoire, du moins, personne ne savait ce qui c’était passé en cet endroit 100 ans auparavant, on sait juste que cette ville est peuplée de gens parlant un dialecte que peu utilisent encore. Gens qui d’ailleurs, en y réfléchissant un peu, n’étaient pas très normaux, leurs corps blanchâtres minuscules, sans réels membres supérieurs outre deux ridicules os articulés, leurs pattes de la couleur du Soleil couchant, leurs bouches faites de la même matière et de la même couleur, et pour finir, leurs yeux sombres qui reflètent sans doute un passé qui est loin d’être glorieux où le sang a du beaucoup coulé. Pourtant, la cité offre un avantage non négligeable, c’est à dire la complète gratuité de ce que l’on peut trouver, que ce soit équipements, denrées, ou chambres en échange de jeunes pousses d’arbres, ou plus simplement d’un remerciement. Trèfle, bien sûr, le savait, il l’avait lu en tout cas, et c’est donc nonchalamment qu’il s’approchait des fortifications de la cité.
Il passa les gigantesques portes sans problème, si l’on omet de dire qu’il trébucha sur un objet rond, sans doute un caillou, qui se trouvait au milieu du chemin. Il remarqua tout de suite que la ville était vide, mais il ne s’en inquiéta pas puisque les premières lueurs du crépuscule commençaient à faire leur apparition. D’ailleurs, il se conforta dans son idée lorsque les deux lourds battants de la porte se fermèrent juste après son passage, sans doute des mesures de précaution pour éviter les invasions de barbare ou pour empêcher aux indésirables d’entrer, il partit alors en quête d’une auberge, chose qu’il trouva assez rapidement en raison de la lumière vacillante d’une maison, qui s’évertuait à fuir ce lieu sans doute trop tumultueux. Il poussa la porte du ‘Hobbit Farceur’ sans inquiétude et attendit quelques instants à l’orée de la porte, le temps que ses yeux s’habituent au brusque changement de luminosité.
A l’intérieur, la fête battait son plein. Des notes criardes, discordantes, parfois aiguës parfois graves, sortaient d’un instrument que Trèfle ne connaissait pas, dont d’ailleurs il ne voulait pas en savoir plus tant la mélodie lui était inaudible, chose qui ne semblait pas être partagée par les occupants de la bâtisse. En effet, les gens susmentionnés, tous semblables, ripaillaient gaiement, d’une voix unique tout aussi peu mélodieuse et l’intrusion de notre héros ne changea guère grand chose à cette situation, si ce n’est une ambiance encore plus joyeuse. Trèfle se dirigea vers le tenancier, dont rien ne supposait qu’il l’était hormis le fait qu’il soit derrière le comptoir, bien décidé à obtenir de quoi se reposer. Il le salua comme il était d’usage lorsque l’on saluait un étranger, c’est à dire en éructant (plus c’est fort, mieux c’est), une main à plat sur le sommet du crâne. L’autre ne bougea pas, mais regarda toutefois Trèfle d’un air qui en disait tout autant, c’est à dire rien.

-Mon ami, un repas et une chambre je vous prie, hurla Trèfle qui tenta, vainement, de couvrir de sa voix la cacophonie ambiante.
-Coin coin, répliqua le tenancier qui visiblement semblait d’humeur assez joyeuse.
-Quelle fête, oui! dit Trèfle qui s’essayait à la compréhension. Mais pourriez-vous me servir un repas et me louer une chambre ? J’ai un long voyage à faire et je pense qu’une bonne nuit de sommeil dans un bon lit ne serait pas de refus.
-Coin coin, persista l’autre, sans doute envoûté par l’instrument.
-Bon tant pis, je vais voir à l’étage pour une chambre, et ne vous préoccupez pas pour le repas, je vais me rabattre sur mes quelques provisions. Bonne fin de soirée, et merci encore, termina Trèfle passablement énervé.
-Coin coin, conclu lÂ’habitant de Lamare, son visage vide de toute expression.
Trèfle se dirigea alors vers l’escalier et monta les marches d’une manière lasse, les jambes lourdes. Bien sûr, on aurait pu croire qu’il se serait essayer à faire goûter quelques décoctions de son invention, comme on lui avait enseigné jadis, mais à dire vrai, il ne s’était jamais réellement intéressé à cette facette de son Ordre, et c’est plutôt par souci de respect qu’il le faisait. Par ailleurs, il trouvait que l’assistance était bien trop étrange et béatement hypnotisé par l’instrument, et c’est pourquoi il avait préféré s’écarter à une distance raisonnable de cette ambiance festive car il aurait été en bien mauvaise posture si la joyeuse compagnie s’était tout à coup intéressée de trop près à lui. Trèfle chercha donc une chambre vide à l’étage, chose qu’il trouva rapidement puisque c’était la seule chambre à la porte entrebâillée et que les autres semblaient auditivement occupées par quelques couples en mal d’aventures.
Il prit une rapide collation, et s’endormit d’un sommeil profond au bout de quelques minutes dans la couche sale et malodorante prévue à cet effet. Pourtant, si il avait été plus expérimenté des choses de la vie, il aurait bien compris que l’odeur pestilentielle et persistante, que ces effluves nauséabondes, tenaient plus de la chair en putréfaction que de la mauvaise hygiène du drap moisi. Il aurait pu également constater que les gémissements qu’il entendait n’étaient pas le fait de couples mais étaient plutôt les derniers râles à peine audibles de quelques aventuriers trop curieux que les étranges habitants de la bourgade fortifiée avaient décidé de faire taire à jamais. Heureusement, il ne s’en inquiéta pas et c’est donc l’esprit rêveur, pensant aux perspectives de gloire et de richesse, qu’il se réveilla le lendemain matin.
Il rassembla ses affaires, rangea soigneusement les draps et descendit au rez-de-chaussée afin d’obtenir quelques provisions supplémentaires. Mais c’est une salle vide qui vint s’offrir à son regard. Plus d’instrument, plus de présences, même le tenancier était parti. Il haussa les épaules, visiblement peu surpris par tout ceci, et se décida à repartir, n’oubliant pas de prendre le repas qui semble-t-il avait été préparé spécialement pour lui, tout du moins c’est ce qu’il croyait. Il savait pourtant qu’il n’obtiendrait rien de cette ville et de ses habitants, et c’est donc tout naturellement qu’il vint à se diriger vers l’Ouest, avec l’espoir qu’il pourrait obtenir un indice avant d’atteindre le bout du monde, qui n’est pas si proche, surtout lorsque la planète sur laquelle on vit est ronde.

suite et fin

Par Merry le 7/5/2002 Ă  23:09:40 (#1418231)

Il quitta la ville sans se soucier de quoi que ce soit, ne remarquant rien d’étrange comme le fait qu’il n’y ait personne en ville alors que le Soleil était haut dans le ciel, ou qu’il n’y ait aucune sentinelles dans les environs ou sur les fortifications, il ne remarqua même pas le château d’où sortait régulièrement une fumée épaisse et violacée, c’est dire si Trèfle est désespérant comme héros. Lui préférait s’émerveiller devant la grâce des oiseaux, les danses des écureuils ou même devant la rosée qui ne s’était pas encore évaporée, parfois il osait également salir la terre de ses lèvres dégoûtantes, pour la remercier de l’avoir enfanté disait-il. Peut-être qu’un peu d’action lui aurait fait raviser son jugement, mais malheureusement la route était calme et sans encombres, sauf si l’on omet de parler des multiples cailloux qui venaient à se jeter sous les pieds de Trèfle et qui par la même occasion le faisait trébucher, sans le blesser bien sûr parce que le monde est beau et sain. Or au bout de la dixième chute, sans doute lassé par cette répétition, Trèfle vint à s’asseoir sur un rocher au bord de la route, pour se nourrir, encore et pour se questionner sur la direction qu’il lui fallait prendre.
Il se rendit compte qu’il ne savait pas où aller, et qu’à un moment ou un autre, il lui faudrait prendre une décision. Il implora donc le ciel de lui venir en aide et comme les Dieux sont trop bons, ou facétieux, ils vinrent donc à sa rescousse, sous la forme de ce parchemin qui virevoltait au gré des vents et qui se posa délicatement dans la paume ouverte de Trèfle où il était écrit, d’une encre à peine sèche:


« Là où naît le crépuscule,
Au flanc des montagnes acérées,
Marche vers la contrée qui stridule,
Et entre dans la caverne de l’Oeil Exercé. »

-Louée soit Jukonaë, Déesse des solutions trouvées et de la lobotomie divine! Je sais maintenant où aller, et je pourrais ainsi me prévenir de mon mal enfantin, s’exclama Trèfle.
En guise de réponse, un éclair vint frapper le sol entre ses pieds. Il avait du faire une erreur, et c’est compréhensible au vu du nombre effarant de Dieux que louait l’Ordre, mais l’heure n’était pas à la révision du Panthéon du Calice Impudent car il avait à faire, il devait trouver le Harnais Millénaire.


III) Où le monde n’est pas aussi beau qu’on le prétend.

Le destin de Trèfle était d’aller vers l’Ouest, et il s’y rendit sans broncher, car il était bien décidé et surtout aidé par les puissances divines. C’est pour cette raison qu’il pressa le pas, à un tel point qu’une fois arrivé aux montagnes du Cri Etouffé (nom donné en partie à cause des nombreuses crevasses que possède la chaîne montagneuse et surtout des aventuriers qui se jètent dedans), il mit une bonne vingtaine d’heure à reprendre totalement son souffle. Il était peu habitué à ce genre d’exercices, et cela se voyait mais parcourir la distance qu’il avait parcouru en seulement deux jours était un acte presque héroïque, du niveau d’un héros de campagne comme … un fermier borgne, par exemple.
Après son repos forcé, il chercha à résoudre le troisième ver de l’énigme divine. Il prit donc son sac, et en sortit l’atlas géographique qu’il avait emporté. Il balaya du regard les différentes contrées qui jalonnaient les montagnes, et très rapidement il trouva une solution, grâce à sa merveilleuse érudition. Il se mit donc en direction du Sud, vers Minéas, cité millénaire dont la spécialité culinaire était le grillon sauté. En réalité, la réponse était toute autre, puisqu’il s’agissait de se diriger vers la contrée des hommes-insectes, Kr’Kr, qui était réputée, disait-on, pour ses parades nuptiales où chaque printemps, les mâles stridulait pour attirer les femelles, douce mélopée que l’on pouvait entendre des kilomètres à la ronde. Heureusement pour Trèfle, Kr’Kr était au Sud et il se dirigeait donc, malgré lui, vers la bonne direction.
Il lui fallait maintenant repérer la caverne de l’Oeil Exercé. Par conséquent, il marcha lentement le regard en permanence vers la droite, à la recherche d’une particularité dans une des nombreuses cavernes de ces montagnes. Les excavations étaient nombreuses dans ces contrées, et Trèfle mit donc plusieurs heures avant de trouver la-dite caverne. Bien sûr, il la trouva totalement par hasard, après une chute, car qui dit montagnes dit roches fourbes et malicieuses, et c’est en se relevant qu’il perçu un flash dans une cavité. Le noir ne l’effrayait pas, sans peur, ni appréhension, il se dirigea donc dans la caverne. Mais c’est à l’instant même où il entra dans celle-ci qu’une voix grave et puissante provenant du fond, dans l’obscurité, lui commanda:

-HALTE! Toi qui viens chercher la Dague Lumineuse, réponds à mon énigme et je te laisserais passer.
-Mais … tu te trompes, je suis là pour le Harnais Millénaire, moi, se défendit Trèfle.
-C’est vrai ? Le Harnais Millénaire ? Nous ne sommes donc pas dans la caverne de l’Etincelle Eternelle ?
-Bin Â… faut croire que non.
La voix marqua alors une pause, puisqu’elle contactait de manière télépathique son agent. Car avec les temps qui court, il était légion de constater que plusieurs gardiens s’occupent de la même caverne. Plusieurs artefacts puissants avaient donc été volés sans aucune résistance, ce qui avait provoqué la colère des Mères-démons, les génitrices des démons et autres gardiens. Elles ont donc, il y’a quelques centaines d’années, décidé d’ouvrir une agence de répartition des cavernes du monde connu. Les agents, touchaient alors un dividende en fonction des trésors trouvés sur les aventuriers, mais bien sûr malgré cette organisation, il subsistait encore quelques étourdis, comme notre gardien:
-Autant pour moi. Je me suis trompé. Mais en même temps, ça me turlupinait qu’il n’y ait eu que deux aventuriers depuis que je suis posté ici. (Il s’esclaffa) Bon, et bien bonne chance dans la caverne de l’Oeil Exercé. Au plaisir.
Et le gardien disparut dans une vive lumière accompagnée d’une détonation sourde. Notre héros haussa les épaules, visiblement surpris par cette situation incongrue, il en resta bouche-bée quelques instants, mais ce n’était rien comparé à ce qui l’attendait. Il prit le nécessaire pour se confectionner une torche et il s’engouffra dans la caverne, bien décidé à obtenir ce qu’il recherchait. A l’intérieur, le vent était glacial, et les flammes de la torche manquaient souvent de s’éteindre, Trèfle pressa donc le pas. Les parois étaient tout ce qu’il y a de plus normal, c’est à dire, faites de roches et de bon nombre d’aspérités sur lesquelles Trèfle avait bien compris qu’il ne fallait pas s’accrocher, il en était de même pour le sol qui était jonché de … cailloux et de rocs de taille plus ou moins variable. Il n’y avait aucune présence de vie, ou tout du moins, pas de celles que l’on trouve habituellement dans ces endroits. Trèfle ne voyait rien, mais il sentait que l’atmosphère était lourde, qu’une main humaine, ou celle d’une espèce douée d’intelligence, avait, il y’a longtemps, investi cette caverne et qu’elle avait modifié quelque chose ou quelqu’un. La chose se renforça lorsqu’il constata qu’il se trouvait à présent devant une porte de bois, aux montants de fer, ceux-ci rouillés par l’inactivité et l’ambiance humide de l’environnement.
Il essaya vainement de la pousser du plat de la main, et c’est seulement après quelques coups d’épaule que la porte vint enfin à s’ouvrir. L’atmosphère se faisait encore plus oppressante qu’auparavant. Trèfle dégaina son cimeterre en constatant que les parois étaient maintenant des murs faits de pierre grisâtres, que le lierre avait commencé à envahir depuis un certain temps, tout comme le sol qui était faits de dalles dont les interstices laissaient également place à la verdure. Il s’avança à pas feutrés en pénétrant dans la première salle. Il fit bien attention à ce que son pied ne dépasse pas des dalles qu’il foulait, comme l’indiquait le ‘Guide du parfait petit cambrioleur’ (écrit par Stomach le borgne qui mourut seulement deux petites années après l’écriture de ce volume, ce qui au total lui faisait cinq années de carrière dans le cambriolage). Précaution bien absurde lorsque l’on sait être observateur, et que l’on a su reconnaître de quel type de piège il s’agissait. Ce que Trèfle ne savait pas faire, puisque soudainement son pied s’enfonça dans le sol, le cliquetis caractéristique lui indiquant que le piège venait d’être déclenché. Mais il ne bougea pas, immobilisé par la stupeur. C’est à cet instant, que des trous également répartis sur les murs jaillirent des dizaines de fléchettes qui volaient à présent vers notre infortuné héros. En fait, les fléchettes étaient plus en train de planer que de voler et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles vinrent toutes atterrir aux pieds de Trèfle, qui avait eu la délicatesse de croire au piège (et je mens à peine). Visiblement, le mécanisme avait vieilli, et les ressorts n’avaient plus la puissance d’antan. Pourtant, Trèfle resta égal à lui-même, c’est à dire qu’il persista dans sa pétrification et c’est, seulement, quelques minutes après l’incident qu’il se décida à, enfin, trébucher en voulant sortir son pied de la fosse gigantesque.
La main gauche crispée sur le cimeterre, la droite greffée à la torche, il reprit son chemin. Trèfle avançait maintenant encore plus lentement que précédemment, il atteignait à présent la vitesse de pointe de l’escargot apeuré. Une autre porte, et une nouvelle salle qui se profile devant les yeux du glorieux poltron. Il observa longuement les murs pour tenter d’y discerner quelques cavités qui auraient pu contenir d’autres fléchettes, mais il ne découvrit rien. Toutefois, il remarqua une corde au milieu de la salle, et il décida de s’en approcher. Au fur et à mesure de sa progression, ses pas résonnaient de telle façon que tout être intelligent aurait compris qu’en dessous des dalles s’annonçait, sans nul doute, un précipice que des yeux exercés n’aurait pu deviner la profondeur. Mais Trèfle ne s’en inquiéta pas, croyant que la corde servirait à révéler quelque cache secrète qui le rapprocherait de la fin de sa quête, et c’est donc de toutes ses forces qu’il tira sur celle-ci. A un tel point que la corde vieilli par les affres de la solitude vint à céder, sans que le mécanisme ne se déclenche, mais c’est sans compter sur la malchance de Trèfle, car celui-ci dans un mouvement qui lui faisait déployer une force herculéenne (en gros, il se balançait au-dessus du vide, accroché à la corde) percuta le sol de tout son poids, et les dalles sous son épaule gauche cédèrent et rejoignirent les profondeurs obscurcies. Le bras gauche se balançait à présent dans le vide, l’arme autrefois si attachée à Trèfle avait suivi le même parcours que les dalles, et sous le choc, il sombra dans l’inconscience.
Lorsqu’il reprit connaissance, rien n’avait changé, son bras continuant à vouloir descendre. Trèfle se releva pour constater les dégâts, il nota que seules quelques dalles avaient disparues, puis il massa sa bosse nouvellement apparue, et c’est désarmé qu’il se dirigea vers la porte suivante. Tel le félin, il la poussa et vint à se tapir dans l’ombre pour observer cette nouvelle pièce. Elle était de dimensions égales aux deux précédentes, mais au fond, sur un autel, un cône de lumière rejoignait le plafond et en son sein, un objet reluisait. C’était le Harnais Millénaire! L’âge n’avait, semble-t-il, pas altéré la beauté de cet artefact, c’est en tout cas ce que disaient les reflets faits d’or et d’argent qui parvenaient jusqu’au yeux de Trèfle. Il était beau, très beau, et notre héros n’avait plus qu’à sortir de sa cachette pour s’en emparer, ce qu’il fit en courant comme un assoiffé. Mais une fois de plus, il n’avait pas été assez observateur, et c’est dans un entrechoquement d’ossements que se leva le squelette qui auparavant dormait paisiblement devant l’objet qu’il devait garder.

-Jeeeeeeee suissssssssssss leeeeeeee gardiennnnnnn duuuuuuuuu Harnaisssssssssss Millénaireeeeeeeee, s’exclama-t-il d’une voix aiguë qui perçait les tympans. Quiiiiiiii esttttttttt-tuuuuuuuu doncccccccc pourrrrrrrr venirrrrrrrrr troublerrrrrrrr monnnnnnnn sommeillllllll ?
-Trèfle, et je viens prendre cet objet lumineux, là, en montrant du doigt l’artefact.
-Soittttttttt, tuuuuuuuu devrassssssss doncccccccc meeeeeeeeee passerrrrrrrrr surrrrrrrrrr leeeeeee corpssssssssss pourrrrrrrrr lÂ’obtenirrrrrrrrr.
Le squelette se dirigea alors lentement vers Trèfle, qui ne savait que faire. Il resta donc de marbre, fixant les orbites du ressuscité. Trèfle eut alors la judicieuse idée de suivre son instinct. Il se mit alors à crier le plus fort possible, c’est à dire un cri aiguë et perçant, digne du plus grand castrat. Le squelette en fut à peine troublé, et le seul changement notable que l’on pouvait percevoir était que celui-ci avait redoublé sa cadence, se rapprochant à grands pas de sa future victime. Trèfle eut alors une autre idée, au moins aussi judicieuse que la première puisqu’il se mit à courir à toute vitesse en direction de la sortie. Le squelette fit de même mais à moindre cadence. Notre héros traversa alors, en trombe, les deux précédentes salles et attendit comme pour s’assurer que son oppresseur n’allait pas le suivre. Et le squelette ne se présenta jamais. Trèfle reprit donc courage, et finit par revenir vers l’objet de sa quête. C’est alors qu’il nota un changement dans la deuxième salle, un tibia humain jonchait désormais sur le sol, près du précipice. C’est idiot, mais le squelette qui avait toujours connu les trois salles intactes n’avait pas remarqué que le sol avait été percé, et que des dalles manquaient à l’appel. Désormais, le squelette poursuivait Trèfle du fond de son précipice, car il avait été mû par la magie et qu’il possédait, par conséquent, le don d’immortalité.
Trèfle, fier de sa couardise, s’esclaffa pendant de longues minutes pour finalement revenir à l’endroit de sa fuite. Il s’approcha de l’autel et c’est les mains tremblantes et le cœur palpitant qu’il s’empressa de s’emparer du Harnais Millénaire. Sa vision ne l’avait pas trahi, le nombre des années n’avaient pu transformer l’immuable. Et c’est le sourire aux lèvres qu’il rejoignit l’extérieur, fier de sa technique imparable et de son audace à toute épreuve, il en oublia même de jurer. Il rentra lentement vers le nid douillet de son tuteur, à la recherche d’un animal sur lequel il pourrait tester sa nouvelle acquisition. Et c’est dans les environs de sa bâtisse originelle qu’il trouva son bonheur. Un cheval, comme il était indiqué dans la légende, se trouvait face à Trèfle, enfin plutôt en dessous puisque notre héros avait grimpé dans un arbre, malgré ses ailes, et qu’il attendait une cible, même si cela faisait quand même deux journées entières qu’il s’impatientait. Il attendit le moment propice, et il sauta sur l’animal pour lui enfiler autour du cou le Harnais Millénaire. Il y parvint avec grand mal, tant le cheval était fougueux. Trèfle essaya alors tous les ordres dans toutes les langues qu’il connaissait mais rien n’y fit, le cheval continuait à vouloir se séparer des indésirables. Il tourna sur lui-même, il se cabra à maintes reprises et finalement, il jeta Trèfle à terre. L’animal sauvage se mit à courir et finit par rejoindre les sous-bois. Trèfle, quant à lui, venait de perdre son artefact. Les yeux rivés sur le sol, il rentra chez lui, persuadé qu’il avait perdu un objet que rien, pas même ses livres, ne pouvait remplacer. Mais il avait pris goût à l’aventure, malgré la perte de cette chose qui aurait pu lui faire ravaler sa peur des petits mammifères.

Pourquoi donc tous les ordres de Trèfle n’avait-ils eu aucun effet sur le cheval ? Non, ce n’est pas à cause de la maladresse de notre héros. En fait, le problème provenait plutôt du Harnais Millénaire, celui-ci n’avait en réalité rien de magique puisqu’il s’agissait juste d’un harnais pour chevaux tout à fait normal, mais qu’un habile artisan avait fait sertir d’or et d’argent. Certes, son œuvre était magnifique mais l’artisan était mécontent de lui, et il avait donc décidé de cacher l’objet pour le finir lorsqu’il aurait été plus habile. Chose qu’il ne fit jamais.
Pourquoi la présence du squelette alors ? L’artisan avait un ami qui souhaitait alors s’entraîner à manier les sphères nécromantiques. Il prit donc un cadavre humain, le ressuscita et lui fit garder le harnais. D’ailleurs, le sorcier avait grâce à cela pu obtenir son diplôme de maîtrise de la nécromancie à l’Académie de Magie.
Et les pièges ? Les deux compères, l’artisan habile au marteau et son ami magicien, avaient autrefois trouvés cette cache. Ils avaient réussi à tromper la vigilance du gardien, évités tous les pièges, mais c’est avec stupeur qu’ils constatèrent qu’aucun artefact ne se trouvait dans la caverne. C’est pour cette raison que le gardien dit n’avoir rencontré que deux personnes. Ceux-ci avaient la seconde fois, apporté le Harnais Millénaire.
Et la légende ? Elle a été crée par les deux compères, tout comme le livre entier d’ailleurs. Livre qui en réalité était un recueil d’histoires pour les enfants, dont certaines étaient vraies, et d’autres beaucoup moins, comme pour celle du Harnais Millénaire.

Trèfle était maintenant chez lui en train de raconter son histoire à son tuteur. Bien sûr, celui-ci était immensément fier de notre héros, bien que la quête n’ait pas aboutie. Et il avait hâte qu’il se perfectionne, et qu’il explore le monde comme il l’avait jadis fait lui-même. Trèfle acquiesça, mais il décida qu’avant de partir, il aurait besoin de plus d’entraînement. C’est ainsi que, main dans la main avec son père, Trèfle continua à se perfectionner dans le but de dépasser son maître.

Mais pendant ce temps, loin, très loin, au-delà des montagnes et des océans connus, deux personnes discutent à propos du sort de Trèfle:

-Bien, nous l’avons persuadé et il est allé jusqu’au bout, fit une voix féminine emplie de joie.
-Oui, maîtresse. Mais ton immense pouvoir de persuasion n’a d’égal que ton ineffable beauté, ô glorieuse magnificence, lui répondit un homme à la voix faible et soumise.
-Trêve de flatteries, tu sais bien que je déteste ça. En tout cas, il me plaît bien ce Trèfle. Et bientôt, il sera à la hauteur.
-Je nÂ’en doute pas, bienveillante souveraine.
-Allez va, et demande à nos mages de préparer la suite du plan. Quant à moi, je vais me faire belle pour ce soir, finit-t-elle par conclure en souriant.

Par Moire le 8/5/2002 Ă  0:15:32 (#1418734)

(waouw ! ;) )

Par Yodavid le 10/5/2002 Ă  17:20:25 (#1436898)

Merci Merry Christmas pour cette histoire destinée aux enfants.
Il ne s'en sort pas si mal avec trois feuilles le trèfle.
Et comme ça, personne n'aura l'idée de le cueillir.

Par Choke/Cien le 10/5/2002 Ă  17:52:32 (#1437090)

*clap clap* :)

WĂ©Ă©Ă©Ă© !!!

Par Lina InverseCSS le 11/5/2002 Ă  2:48:38 (#1439965)

Chouette !!!
...
Papaaaaaaaaaaa !

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