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Les Très Riches Heures de la cité de Lightaven...

Par Darhtagnan-MdS le 9/4/2002 à 15:57:30 (#1254890)

...ou comment d'une page on fait un livre.

Un matin comme tous les autres. Peu de gens sont deja debout. C'est l'aurore pâle de ceux qui n'arrivent pas à dormir, et qui sortent chercher dehors la paix. Ils ne trouveront que la brume flottant entre les brins d'herbes scintillants d'humidité, depossédés par les premiers rayons de soleils de leur ephémère trésor.
... Stoppons là les digressions.
A cette heure, on ne croisera guère de monde, donc, mais qui s'aventure au delà du pont, en direction de la cité, ne peut manquer de croiser quelques fenêtres faiblement eclairées par les battements d'une bougie...
Un petit aperçu...

Le boulanger, talemelier de Lightaven, petrit tant bien que mal les miches blanchâtres, ingredients de base a tout repas et principal pourvoyeur de calories. Certains mauvais esprits l'appellent "pangoussier", eut egard à sa panse rebondie et à sa mine rejouie. On ne pourrait l'en blâmer ! il travaille plus que n'importe qui dans cette ville, et sans lui, chacun se trouverait dans l'obligation de fabriquer sa fougasse soi même. D'ailleurs, Moonrock, au temple, aidée de quelques frères, fait venir son froment et sa farine dans une boulangerie bénie par Arhterk, située dit on dans un recoin du 4ème sous sol. Mais elle ne rivalise pas avec les galettes, sermineaux, cornuyaux et autres craqelins du boulanger, qui fait aussi office de patissier. Les petits patés, fourrés de viande ou de poisson, les flancs, ou les talemouses, sortes de tartes aux pommes, tout cela servira pour attirer le chaland, par l'odeur alleché.
Les cloches sonnent, et la cité s'ébroue. Le chasse manée se lève et se prepare à faire sa tournée, et à ramener le blé recolté pour son meunier. Des mendiants passent, claudiquant tantot a gauche, tantot a droite, la bave aux lèvres et l'oeil terne, tandis que l'autre est invariablement masqué par un bandeau. Leurs faibles plaintes se mèlent à celles des chiens, couchés sur l'herbe, la langue piteusement étalée sur le sol. Une clameur parvient de la forêt, au loin, preuve que les tribus gobelines sont reveillées. Un coq sonne.

La rosée perle encore sur les feuilles des arbres, et de timides rayons de soleil viennent surprendre l'oeil au détour d'une clepsydre. Tout le monde est levé, ou presque.

Les echoppes ouvrent une à une. Cordonnier, ebroueur, savetier, tous s'activent, tandis que les premiers colporteurs investissent la place et les rues adjacentes, les peuplant d'incessantes complaintes commerciales. Les cochers conduisent leurs maitres chez d'autres maitres. On voit passer le bailli et un echevin, accompagnés du Bourgmestre et d'un detachement de Gardes, qui se rendent très certainement à la taverne, pour une cession extraordinaire de dur labeur. Ha ! on voit apparaitre au bout de la rue le greffier tout dépenaillé, la tignasse hirsute, les bras remplis de parchemins dont certains rejoignent le caniveau plus vite qu'à l'acoutumée, car il est difficile de conserver l'equilibre pendant qu'on court, le pantalon à la main, la bouteille dans l'autre. Il finit par rattraper le noble groupe, qui l'accueille par des gouailleries reprobatrices. On ricane ici et là, et un crachat vient s'ecraser à deux pas d'un garde, qui d'un bond rejoint dans l'auberge le reste de la troupe.
On y boit, donc, a la taverne, mais on y dine egalement. Beaucoup de gens viennent en effet y manger à midi ou le soir, une à deux fois par semaine, en temoigne le Sire de Gouberville, un sombre necromant, qui assure avoir visité l'auberge du Pastichier, fort assidument. Il paraitrait même, d'après quelques sources de confiances, que celui ci, ecoeuré un jour par le mauvais plat servi, entra dans une colère noire, maudit la famille de tous ceux qui se trouvaient dans un rayon d'une lieue,et claqua la porte en jurant de revenir pour se venger. Je n'en sais pas plus. De passage, les messagers déposent baton et gant a l'entrée, et goutent quelques instants de repit les pieds sous la table. On oublie l'ahan dans le tonneaux, pour repartir l'esprit heureux et la demarche hésitante...
Enfin ! A Lightaven, la taverne est tenue par une charmante serveuse, la douce Geena. Elle est le lieu de passage obligé (la taverne, pas Geena) pour les pelerins et les voyageurs harassés. Si l'on demande au Maitre Queux le menu, il vous repondra invariablement : Ventrequenne ! n'avions qu'a prende eu l' bout de carbonnées al li braisouille, la ousque ca chauyffe !
Fort heureusement, la bière vous aidera à faire passer le morceau de lard presque cru, et vous pourrez alors peut être echapper à l'etouffement. Et pour rendre hommage à cette noble boisson, tout le monde peut admirer, ecrite en grosse lettres sur le mur de l'auberge, cette recette :
Brakott. Prends 14 galons de bonne et fine cervoise; que le malt soit ecrasé deux fois. Mets dans un récipient en bois et laisse la reposer 3 ou 4 jours, jusqu'a ce qu'elle s'évente. Ensuite prends un quart de malt et un demi quart de miel "naturel". Mets sur le feu et fait bouillir, en ecumant jusqu'a clarification. Ajoute alors une pincée de poivre en poudre et une pincée de gingembre en poudre, et fais reprendre l'ebullition. Ôte du feu et laisse refroidir. Verse la boisson dans un recipient et le marc, mets le a l'interieur d'un sac dans un pot. Recouvre bien le recipient avec un tissu, que nul air n'y entre. Ajoute de la levure. On peut le boire 3 a 4 jours apres. Ajoute de l'eau de vie.
Louées soient les Saintes Ecritures ! De la salle principale, on distingue accrochée au mur des poêles penderesses, des oules , des casses, des rotissoires et des tournebroches, empilés les un sur les autres. Parfois, le visage luisant de l'écuyer de cuisine se montre, il regarde fugacement les tables, puis se retourne, aspire une grande goulée d'air et houspille les apprentis dans un decrescendo d'insultes, qui se termine dans un murmure outré et cramoisi. Un mage tout de noir vétu observe discrêtement le manège des serveurs, et hume chaque plat, avant de noter dans un petit carnet de mysterieux commentaires.
C'est Landri, l'aubergiste de Silversky.
Un client soupire, et rêvasse, et voit dans les bouts de nuage des quartiers de boeufs grillés, des poulardes en sauces, des tartes dégoulinantes de crême, que surmonte une magnifique cerise dorée ...

Le soleil, car c'était lui, est ainsi haut dans un ciel encore dechiré par de vagues trainées orangées. Un groupe de foulques macroules (fulica atra, oiseau aquatique noir, environ de la taille d'une sarcelle (37cm), bec et plaque frontale blancs, yeux rouges, pattes gris verts à longs doigts lobés, d'aspect lourd, de la famille des Rallidés) glisse gaiement d'un nuage à l'autre et les sélénites prennent des notes, le nez levé.

En arrivant de Windhowl, on apercoit forcement, entre les deux ponts, l'établissement du nacelier, d'où il construit ses petits navires le coeur léger et le geste alerte, chantonnant gaiement son bonheur d'avoir une existence tranquille, quoiqu'un peu bousculée parfois par un gobelin ou une abeille en mal d'émotions fortes.
Precisons que le nacelier n'est pas submergé par la demande regionale. Il apparait que les Althéens sont fort peu attiré par l'élément marin, et c'est en général pour leur dernier voyage que les hommes lui demandent un bateau. De son modeste chantier, on aperçoit l'admodiateur, circulant comme à l'acoutumée de bon matin à l'entour de la ville, le front bas et l'oeil suspicieux, duquel monte parfois un grognement, mecontentement ou plaisir, à la vue d'un champ en jachère ou d'un paysan au travail.
En entrant dans la ville, au bout de la rue principale se trouve l'atelier de l'aladrier. Une araire flambant neuve trône au milieu des copeaux de bois et de la poussière en suspension. Son voisin, l'apothicaire est à Lightaven fort celèbre. La demande est tellement importante qu'ils sont mari et femme à remplir ce rôle. Potions, drogues et onguents de soins divers jonchent le sol jusqu'au plafond, et les liasses de parchemins debordent des armoires dont la vétusté n'a d'égale que leur remarquable capacité a contenir tout ce fatras. Dans l'arrière cours, des piles de bois, enchainées, et un clerc à genoux, recitant prières et saints chapitres, psalmodiant du mieux qu'il peut la bénédiction d'Artherk. Un tas de feuilles mortes attendent pour leur part de partir en fumée. Enfin, tout au bout du petit couloir, un coffre, qu'on peut deviner rempli de pièces d'or. Être apothicaire est une sacrement bonne affaire, dans ces regions mitoyennes des tribus barbares, orque et gobeline.
De l'etablissement adjacent, au sud, parviennent les cliquetis etouffés des chevaliers avides d'entrainement, soucieux de paufiner leurs techniques guerrières et leur allonge trois-quart. Deux hommes s'en occupent, fines lames et seconds du Maitre d'arme. Leur maison est peut être la seule qui, dans Lightaven, ne desemplit qu'à la fin de la nuit (exception faite de la taverne, bien evidememment).
Un peu plus loin, dans une modeste boutique, travaillent le chapelier et son approprieur, surchargés par les commandes de l'asile au Nord de l'Ile, en chapeaux verts, tissés avec des cheveux d'elfes. Certains ignorants viennent souvent leur quemander un chef de maille, ou un bonnet en ecaille de Dragon ! Palsambleu ! ne les prendrait on pas un peu pour les boeufs de la charrue ?! L'armurier est au bout du chemin, insolent !
L'arpenteur, quand à lui, est tout à son affaire, ce depuis l'aube. Il arpente, pour être precis, le chemin reliant la fontaine au cercle des Druides, et malheureusement il rencontre sur son parcours la taverne et ses occupants...dur de resister a l'appel de la Chopine, alors il recommence son manège, encore et encore. Et il boit, encore et encore. De l'avis de tous, devenir arpenteur est la meilleure chose qui puisse arriver à n'importe qui dans le pays. On murmure à ce propos que le frère du Roi lui même faillit epouser cette noble profession.


Si l'on s'égare dans le dédale des rues, dans les bas quartiers de la ville, on echouera peut être contre le réduit du badestamien. Sous les ordres/conseils d'Amaia Mag Dalen, il tisse gants, bas, bonnets et autres vêtements de fil d'estame, qui a la particularité d'être plus tors qu'à l'ordinaire. Les metiers de couture et d'habillement se sont regroupés, et c'est ainsi que non loin on trouvera le bougeteur, chargé de tisser les etoffes non unies, ou le mercier, qui fournit aiguilles et accessoires divers. Bien evidemment, le tailleur tient la porte à coté, lui et ses apprentis habillent une bonne partie d'Althea, car sa boutique est reputée pour le serieux de son travail. Robes blanches, noires, magiques, pourpoints de cuir, jambières et ceinturons, bliauts et capuchons, il s'occupe de tout, pourvu que vous puissiez le payer. Il ne pourra malheureusement rien si votre Plastron des Hauts Elfes est trop etriqué. Et oui, là il vous faudra aller consulter le marechal ferrant.

A la périphérie, l'innocent croit rever en apercevant des tas et des tas de tonneaux, empilés soigneusement en deux lignes de quinze colonnes, mirage delicieusement prometeur, et souvent de bon augure si vous y passez avant midi (une croyance très repandue voulait que celui qui croisait le cuvelier de matin passa une bonne journée, durant laquelle il pouvait boire plus que de raison, protégé qu'il était par le hasard de cette rencontre). Il arrive donc chez le barralier, aussi cerclier, qui transforme un vulgaire tronc de chêne, du merrain, fendu en planches courtes et peu larges, en magnifique outil ouvragé et precieusement ciselé, qui plus tard assumera la plus noble tache qu'il soit donné d'avoir à accomplir : transporter et proteger le vin et la bière des agressions exterieures : air oxydant, chute de pierre ou attaque de MdS. Rigolez donc, mais sachez que ne devient pas cuvelier qui veut. Le travail est rude et l'aprentissage long et ardu. Nul besoin de preciser que le Saint Patron des foudriers est le Dieu Bière. N'oublions pas non plus que c'est le bosquillon qui lui amène le bois necessaire a la realisation de ses oeuvres d'art. Ce bucheron là est particulièrement habile, et il débite 3 troncs à l'heure, sans craindre l'avant garde gobeline qui patrouille aux abords de la ville. La taille de sa hache surement doit le rassurer. Son nom ? ... Sra, Sra le fameux cogneur.
C'est une belle fin de matinée.
On voit passer une nuée de moineaux que pourchasse sans succès, véritable tragédie, un chaton aux moustaches frisées.

Dirigeons nous vers le coeur de la cité, par l'ouest, en laissant à notre droite la crypte. Le soleil est maintenant haut dans le ciel, les champs sont occupés par les paysans, et on croise des grappes de Gardes, la main sur le fer de leur rapière et le sourire aux lèvres, presque narquois, observant paresseusement les allées et venues des gamins chargés de courses variées.
On voit passer un censier, moitié courant, moitié glissant, jetant mille regards derrière son épaule, verifiant que ses poursuivants sont toujours à ses talons, le gourdin à la main et la bave aux lèvres. Il n'aura point recolté moult piecettes pour Théodore, aujourd'hui, le pauvre homme, mais il ne s'en soucie guère, ces gueux paieront, qu'ils le veuillent ou non ! eructe t il pesemment, les joues rouges de dépit.
On laisse Ligthaven derrière nous. Au nord est, sur la plage, un chafaudier fait chauffer la morue qu'il vient de pêcher. Le visage tanné, buriné par les embruns salés, il est assis sur la coque renversée d'un cadavre de sirène. C'est calme. Le soleil brille, tout va bien.

On continue d'une demie douzaine de lieues dans le chemin inverse, on longe la rivière, et devant la porcherie, on observe officier le coupeur de cochon. Cet homme, qui châtre les porcelets vers 4-5 semaines, afin d'eviter que la viande ne devienne immangeable a cause du "gout de mâle", n'aime pas son métier, qu'il trouve trop salissant. Mais que voulez vous, il faut de tout pour faire une île, disait son grand père, qui était crassier dans un hospice d'aveugles, comme quoi on est utile là où on peut. Enfin ! interrogez le donc, tandis qu'il aiguise son tranchant...demandez lui ce qu'il a appris des cochons...voila ce qu'il vous repondra : Ollaa que m'voila ! Un cochon ? tenez donc : " Recueillez le sang du porc dans une grande cuvette ou une poêle. Apres avoir veillé a defaire la fressure, l'avoir fait laver et pendant qu'elle cuit, enlever les caillots de sang qui restent au fond de la cuvette et jettez-les. Ensuite ayez des baies de belladonne épluchées et émincées, en quantité égale à la moitié du sang, avec la moitié de l'entrecerelle des boyaux, coupée menue en dés, avec un peu de sel broyé. Ajoutez tout cela au sang. Puis ayez du gingembre, des graines à chapelet et un peu de poudre jaune, broyés tous ensemble. Ensuite prenez les petits boyaux, bien lavés, renversés et plongés dans une eau courante. Pour ôter la fraichumée, il faut d'abord avoir mis les boyaux sur le feu, dans une poêle, et remuez; ajoutez du sel, et faites cela une seonde fois, et encore troisième, puis lavez. Ensuite renversez-les et lavez-les, puis mettez à secher sur une nappe, en pressant pour bien faire sortir l'eau.
Après avoir mis et ajouté en quantité et proportions égales (moitié de belladonne et moitié de sang avec un quart de graisse) et, quand vos boudins en seront remplis, faites-les cuire dans une poêle, avec le bouillon de la fressure. Piquez les avec une epingle lorsqu'ils gonflent, sinon ils creveraient.
Nota que le sang se garde bien deux jours, voire trois, puisque les épices sont dedans. Certains y mettent pour épices du grand poulieul, de la sarriette, de l'hysope, de la feuille d'arbre rose, cueillis quand ils sont en fleur, puis sechés et pilés.

Héhéh ! c'est y pas simple, foutrequenne! ? ! Et bien non, du moins pas pour Splotch et Mabelle, qui ont fait de notre brave homme leur ennemi personnel ..allez savoir pourquoi...

Restons chez les cochons, mais changeons de porcherie. La maison des echevins se reconnait au premier coup d'oeil, car on voit sortir des fenetres maintes injures et diableries que les vénérables vieillards s'echangent à longueur de journée. Gras et rougeauds, ils administrent la cité, publient réglements et edits, gèrent marchés et foires, font la police et assènent la Justice, pourtant on les voit rarement autre part qu'aux banquets. Meprisés du peuple, qui ne voit en eux que l'expression bouffite de leur suffisance bourgeoise, ils rendent compte au Roi de la vie dans la Cité.

Soufflons donc un peu. Il fait chaud, la vie remue bien vite et il fait bon s'asseoir regarder s'agiter l'autrui.
Un petit groupe de poètes, les yeux plissés, une main en visière sur le front levé, l'autre battant l'air dans des emportements mi-comiques mi-tragiques, taquinent la muse. De futurs perdants au concours de Barde.

A midi, les rues sont encombrées véritablement; les echoppes : graveur, potier entre tant d'autres s'avancent loin au milieu du passage, les bassines, les paniers et les marchandises bouchent et forcent l'equilibre précaire des croquants, qui n'hésitent pas à protester; les ânes lourdement chargés croisent des troupeaux de moutons que leur nourriguier conduit aux champs, et les passants ont le plus grand mal à traverser la ville. Les aventuriers de passage hurlent leur mendicité et cherchent du coin de l'oeil un prêtre bienveillant capable de les renseigner, de les bénir, voir de leur faire la totale svp. On remarque sur les bancs de vieux guerriers, la barbe hirsute, le regard dans le vague, affalés, inertes, qu'on croirait endormis, mais qui ressassent surement de terribles souvenirs. Ilot de silence dans cet océan de cris, de rires, de musique et de bruits divers. Les menestrels, les troubadours, les gens de l'art arpentent le marché et ses affluents, jonglant et sifflotant, slalomant entre les enfants emerveillés et les parents amusés. Le banjo, le tambour quand ils se rencontrent donnent un orchestre improvisé, on chante le Roi, la Bière et les femmes. Un petit théatre de rue joue un fabliau.
Sur la place de la fontaine les marchands blatier font le commerce du blé en petit, vendant au detail le produit de la recolte de leur coopérative aux citadins, et qui couvrent leurs sacs d'une chûte de toile pour eviter que les oiseaux le leur vident discrêtement. Appuyé contre l'enclos de Darkfang,le tabellion public passe contrat pour qui veut. L'intervention de cet erudit est très souvent salutaire pour l'ambiance générale, sans quoi la moindre négociation tournerait de suite en carnage.
Haa ! on pourrait ainsi croire que c'est la fête, et que tout n'est festival de couleur, de son et d'odeurs. Ce serait oublier ceux qui triment dans les maisons, dans les caves. Pensons donc à l'entêteur, qui munit les epingles de la Fée couturière de son indispensable tête. Pensons au Langueyeur, qui se charge d'inspecter la langue des porcs, afin de s'assurer qu'ils ne sont pas atteint d'une maladie parasitaire, et qui bat la campagne pour faire la tournée des ménagers.
Endurons un instant le tourment du Bigre, qui s'essaie tant bien que mal à tenir a distance l'essaim d'abeille dont il tente de capturer la ruche maternelle, pour elever ensuite avec amour ces ingrates qui ne songent presentement qu'à percer sa chair de mille traits. Haa! il faut être bien courageux ! De même, à l'extrême pointe est de Ligthaven officie le marechal-ferrant, qui pousse un gros soupir de désolation à chaque râle poussé par un cheval transpercé par la lame d'un guerrier impie, ou vidé de son âme par un fourbe necromant. Un homme de l'art, puisqu'il sait pertinamment que nul ne monte les chevaux sur Althea..mais enfin, son père, et le père de son père ferraient les bêtes avant lui, alors...il a bien essayé de doter les cochons de fers, mais peine perdu. Il n'a gagné à cette affaire qu'une insomnie galopante causée par les gargouillements affolés du cochon et le crepitement de la peau qui crâme.
Marrisaulx dur labeur, d'être un saint la bonne heure, rumine t il en rouant de coups la pauvre pièce de métal qui n'y est pour rien si les cochons ne portent pas de sabots .
Entre les champs dessous la ville, la terre cent fois maudites par les druides, où les billes de bois equaries, enchainées sur la chêvre qui les maintient en equilibre, sont sciées. Cet emploi, très technique, necessite pas moins de trois personne généralement, le doleur, le renard et le chevrier. Le doleur est le meneur, le chevrier grimpe sur le tronc, et le renard lui fait face en contrebas. C'est dans d'atroces craquements que disparaissent les fils et filles de Titania, qui serviront bientôt a chauffer les fils et filles de nos voisins.

L'après midi est avancée. La taverne est encombrée de gens qui boivent et qui mangent, ca rentre, ca sort, ca chahute, ca se bouscule et parfois ca se cogne. Devant l'entrée, un jongleur récite le Geste de Norad Greymoon dans une épopée guerrière ou l'honneur se mèle au courage et au sang, mixture maintes fois eprouvées pour tenir les foules en eveil, tandis qu'un laron en profite pour faire les poches. Une vielle, sorte de violon a trois cordes, l'accompagne tant bien que mal.
Un trouvère passe et crache par terre. Il n'aime pas la concurrence.
Laissant inachevé l'hymne qu'Amour inspire,
Il faut vers d'humbles soins ramener ses esprits:
Mettons aux petits pois l'oiseau cher à Cypris.
Voici l'heure où le gril va remplacert la lyre. Un poète cynique ecrit quelques vers.

Un convoi arrive, escorté par tout un detachement en arme, on remarque le Capitan, à la plume fichée dans son beret, et quatres anspessades, armés d'une hallebarde. Le sceau du Roi, peut être un membre de sa famille, ou bien un notable, un pair du Royaume. Des chevaliers en robes trottent le long des flancs de l'attelage... le mithril rutile, le capuce aveugle et l'orgueil eclate.
Ceux que la lecture ont asseché peuvent aller boire un coup à ma santé. D'ailleurs y a pas de raison, je vais m'en jeter un aussi.
(un barral et demi plus tard)

L'un d'entre eux est un séraphin à l'armure forgée, entourée d'un halo tremblottant, gravée d'armoiries et de runes. Impressionnante... Il avise tout d'un coup un viellard en toge blanche. Bref salut, plein de mépris, de l'élu d'Artherk. Le vieux, claudiquant en direction du cimetierre, porte, outre le poids des années, un volumineux sac d'où depassent une fiole et la reliure d'un ouvrage. C'est un alchimiste, un sage qui manie les éléments aussi bien que de nombreux mages issus des academies...Il vend notamment du vin émétique, un vomitif puissant qui soulage presque toutes les infections et maladies.Deux virages et trois portes plus loin, l'antre du Banquier. Mithrand vaque, l'air égaré et absent, jetant negligemment de temps en temps un regard aux coffres debordant de pièces d'or. Deux compagnons le secondent, tout aussi energiquement. Seule richesse, une bouteille de Medicis en porcelaine blanche, ornée de motifs druidiques, trône sur la table. Un souffle d'air palpite quand d'un coup entre à pleine volée un paysan, la figure illuminée par un large sourire, sautant sur place, brandissant triomphalement une bourse surement remplie du precieux métal, qu'il jette à Mithrand d'un grand "MONJOIE ! qu'v'ive eu l'bon Roi, cremildiou !". Le magot finit dans le coffre personnel dudit chanceux. En revenant, le regard du banquier traverse la fenetre et echoit sur la maison d'Artherk, de l'autre coté de la rue. Il y a foule.
Du temple fusent cris de douleurs et jurons blasphématoires. Le curé a fort à faire, et Moonrock et Kiliam ne sont pas trop de deux pour l'aider à soulager les pauvres hères qui jonchent le parvis du lieu Saint. On voit remonter périodiquement des groupes ensanglantés, boitant, l'épée raclant contre les dalles et le bouclier fendu, sortant du sombre escalier en marmonnant dans des gerbes de sang la litanie de ceux qui ont affronté les rats maudits des sous sols sacrés : "Aarg..arg.."
Il est tard, la taverne se remplit, les rues se vident, les torches s'allument et les amoureux se donnent rendez vous sous les frondaisons, à l'entrée de la grotte... Sur la plage, le falunier fouille du regard l'ombre qui s'étale entre les rochers, son sac à la main et une epuisette dans l'autre, tel un Beffroi. Il chante un vieil air :
"Dans les prisons du Roi ..." Les paroles s'eteignent au fur et à mesure qu'il s'eloigne.
A l'horizon, une nuée de mouettes se disperse lentement.


Darhtagnan, fou furieux.

[Plus vifs remerciements, dans le desordre, à Walter Cerny, pour "Quel est donc cet oiseau", 790 dessins en couleur, 235 dessins de vol, 64 photographies en couleur et pas un poil de graisse; à feu le ménagier de paris, Maître Taillevent pour l'admirable travail dont il s'est rendu coupable, à Monsieur Larousse, à l'admirable Gavarni, qui est aussi habile à la plume qu'au crayon, aux gens de bonne humeur et à CE site, l'etincelle :
metiers.free.fr. ]

Par youpi le 9/4/2002 à 16:19:18 (#1255019)

*apprécie l'oeuvre d'un confrère écrivain*
*applaudit*

Par Moneta le 9/4/2002 à 16:19:52 (#1255022)

Magnifiiiique !!! *applaudit le sourire aux lèvres*
Mais et la tour des mages ? et le cercle sacré de Syl ? :)

Par Varth de Sith le 9/4/2002 à 17:01:37 (#1255343)

Chapeau bas, voilà un texte qui mérite le respect.
Félicitations à son auteur.

Par Kaïtal Ylis le 9/4/2002 à 17:19:43 (#1255479)

Franchement bravo ! :)

Voilà qui rappellera à tous qu'il faut imaginer les villages de Goldmoon comme des lieux habités, même si techniquement on ne voit que certains PNJ marchands ...

Splotch, qui surveille de près le coupeur de cochon ! :enerve:

Par Landri MdS le 9/4/2002 à 17:34:21 (#1255584)

(LOL c'etait donc ca les livres traitant d'histoire médievale qui tronaient sur ton bureau, juste à cote de la machine infernale? sinon c'est pas mal : )


Que Nenni, j'ai un nouveau cuisinier! Vous allez voir que l'odeur va aller taquinner le nez des adeptes de c'te taverne, pour me les amener comme somnambules! *rit*

Par Corwin d Ambre le 9/4/2002 à 18:26:08 (#1255969)

Ce n'est pas la première fois que j'ai la chance de lire vos écrits et jusqu'ici déjà j'allais d'agréables surprises en impressions favorables. Ce qui me permettait d'ailleurs d'attaquer avec un a priori des plus positifs chacun de vos posts nouveaux.
Mais celui-ci aura su transcender tous les précédents, ceux qu'il m'a été donné de lire en tout cas.
Etant moi-même amateur d'écriture à mes heures, je ne peux que m'incliner devant tant de verve et de talent, de celui qui fait le vrai professionnel.
Bravo monsieur, et ne nous faites pas trop attendre entre ce texte et le prochain !

Corwin, chapeau bas, et pour toute la journée de surcroit.

Par Myriel le 9/4/2002 à 22:31:22 (#1257464)

Je n'aurais qu'un mot : superbe

Puis non je vais en rajouter un : encore !!!!

Par Foehn le 10/4/2002 à 19:11:27 (#1263197)

http://forums.jeuxonline.info/jo/icons/icon16.gif
Pendant ce temps-là, à Vera Cruz...

http://forums.jeuxonline.info/jo/icons/icon15.gif
...la fille de la Baronne Anorah se promène dans la ville, distribuant sourires et bonbons, profitant des premières heures de cette belle journée...

http://forums.jeuxonline.info/jo/icons/icon16.gif
*trouve que ce texte fort sympathique et de bon aloi était situé bien trop loin* :lit:

Par Phylis le 14/4/2002 à 12:33:02 (#1283350)

*chapeau bas*

Magie ! :)

Par Gilthanas le 18/4/2002 à 13:27:14 (#1304926)

(*remonte le post on ne sait comment*)

Dites moi .. mon bon darthagnan .. êtes vous sûr que tout cela est bien légal .. je m'en vais me renseigner ..

Par touanou le 28/4/2002 à 21:38:44 (#1365584)

Bouh, c'est nul !

Oh, tiens, le post igné tout en haut ! Le ciel m'est pourtant pour témoin, jamais je n'ai voulu celà.

Amicalement,
Touanou

Par Shaarila le 28/4/2002 à 22:02:34 (#1365722)

:lit: :amour:

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