Bienvenue sur JeuxOnLine - MMO, MMORPG et MOBA !
Les sites de JeuxOnLine...
 

Panneau de contrôle

Recherche | Retour aux forums

JOL Archives

Aventures en sous-sol

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 9:23:42 (#1152790)

Est-ce le matin ?

Aucune indication ne permet de le savoir. Pourtant, j'ai l'impression que dehors, le soleil commence à se lever, apportant son cortège de vie dans chaque cœur, sur chaque fleur. Même les animaux dans les étables commencent à émerger d'un sommeil qui fut réparateur, ce qui n'a pas été le cas du mien. Ni celui des autres d'ailleurs. Peut-être que je me trompe aussi. Peut-être fait-il nuit noire au-dessus de nous.
Depuis combien de jours sommes-nous ici ? Je dirais une quinzaine, mais il pourrait bien s'agir d'un mois comme 5 jours. Je crois que c'est le pire de tout, savoir que le temps s'écoule autour de nous sans avoir de moyen de le mesurer. Nous ne nous basons que sur notre fatigue et notre besoin de repos.

Comment tout ceci a-t-il pu merder ? Et quand ? Je crois que tout a commencé quand j'ai vu Béatrice que j'ai compris que la malchance m'avait retrouvé. Je croyais avoir réussi à la semer mais il faut croire que c'est un adversaire plus coriace que je ne l'imaginais. Comme un pigeon voyageur revient toujours à son nid, la malchance me retrouve toujours. C'est relativement dur à vivre pour un mage, mais cela l'est encore plus pour ses compagnons. Ils ne m'en veulent pas. Pas encore. Ils ne savent pas que j'attire la poisse aussi certainement que je repousse la chance. Je pense que nous serons tous morts avant qu'ils en aient pris conscience. Je devrais le leur dire, mais ma lâcheté naturelle m'en empêche. J'aimerais pouvoir mourir en combat plutôt que d'être lynché par mes compagnons d'infortune.

Mais je m'égare, laissez moi vous raconter depuis le début. Je m'appelle Merrick, et je suis un mage. Oh, certes, pas un grand mage, pas un de ceux qui sont capables de faire trembler une armée à la simple évocation de leur nom, mais pas non plus un raté incapable de lancer un sort sans se tromper. J'ai quelques aptitudes naturelles au combat que je mets au service du plus offrant. Ceux qui voudront me traiter de mercenaire en ont tout à fait le droit. Mage mercenaire.
Cette occupation n'est pas toujours de tout repos, mais elle est loin d'être aussi dangereuse que vous pouvez l'imaginer. Sinon, je ne ferais pas ça. Je suis peut-être courageux, mais il y a longtemps que j'ai compris que je serais plus utile à l'humanité vivant que mort, et donc, j'ai choisi de servir l'humanité du mieux possible. Et puis j'avoue que la perspective de mourir ne m'enchante guère. La plupart du temps, on fait appel à moi pour couvrir un groupe de guerriers, ou mieux de couvrir un assassin isolé pour un meurtre dans le silence de la nuit. Dans 90% des cas, je ne fais rien. Il m'est arrivé de transpercer les entrailles d'un gêneur inopportun à coups de boule de feu, mais je laisse souvent le travail aux autres. Peut-être aussi que je bénéficie de mon image. Qui irait se méfier d'un petit bonhomme en robe ? Seuls ceux qui ont déjà affronté des mages en colère se méfient instinctivement des robes ornées de runes. Les autres pensent que nous ne sommes bons qu'à créer des feux d'artifice. Nombreux sont les guerriers qui pourraient aujourd'hui regretter ce manque d'appréciation s'ils n'étaient pas en train de servir d'humus pour les plantes.

Il y a quelques jours, un riche marchand est venu me voir pour me proposer une mission simplissime. Il avait découvert sur son terrain ce qui semblait être une mine d'argent. Il souhaitait que quelques aventuriers l'explorent pour en chasser les quelques gobelins qui pourraient traîner, afin de pouvoir l'exploiter ensuite. Il avait déjà recruté trois autres personnes. Je connaissais déjà l'un d’eux, Melh, un paladin dont la réputation n'était plus à faire. Puis il m'a parlé de deux inconnus, Garret, un guerrier, et Béatrice, une prêtresse-guerrière. Je crois que c'est à cet instant que je décidais d'accepter ce job, non à cause de la paye minable qui m'était proposée, mais à cause d'elle. Je ne sais pourquoi, je m'imaginais déjà la prêtresse guerrière habillée de cuir moulant, laissant entrevoir des formes qui pourraient être un agréable passe temps dans la petite mine. C'est fou ce que l'on peut avoir comme image surfaites de nos jours.
Nous nous sommes retrouvés quelques jours plus tard devant l'entrée de la mine. Je suis arrivé en premier, suivi de Melh. Puis Garret est arrivé, et je me suis demandé pourquoi il était là. Garret est un nain, aussi haut que large, et il porte une épée deux fois plus grande que lui. Son visage et son armure témoignent de nombreux combats. Ce n'est pas le genre de personne à nettoyer une simple mine, mais plutôt qu'on envoie en première ligne dans un combat rapproché.

J'en étais à ces réflexions que Béatrice est arrivée. La désillusion fut dure. Certes, son visage est joli, et elle est habillée de cuir, mais d'un gros cuir épais qui ne laisse rien deviner de son corps. De plus, je lus quelque chose dans son regard qui me fit comprendre qu'il était inutile de tenter quoi que ce soit tant q'on ne se connaîtrait pas depuis au moins plusieurs décennies. Et voilà ma seule raison d'accepter qui part en fumée. Tant pis, j'avais signé, il fallait rentrer. Il m'aurait pourtant été facile de refuser et de rendre l'avance, si je n'avais pas déjà tout bu.

Par Darwil Valdamor le 22/3/2002 à 9:32:29 (#1152818)

(superbe :amour: continue)

Par Aekol le Sombre le 22/3/2002 à 9:38:53 (#1152844)

Avons nous trouve le digne successeur de Perfectus??

Tous simplement superbe

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 9:56:19 (#1152909)

Nous nous sommes ainsi retrouvés devant une ouverture étroite, menant dans un passage sombre, relativement haut de plafond, dont les parois étaient constituées de roche. Ce qu'on appelle couramment une grotte. La température y était fraîche, et je compris bien vite que cela n'encouragerait pas Béatrice à se dévêtir. Il allait donc falloir que je me concentre sur la mission, à défaut d'autre chose.
Bien sur, nous avions prévu quelques vivres, de l'eau, et quelques affaires : du tabac pour moi, un talisman fétiche pour Melh, une pierre à aiguiser pour Garret, ainsi que divers objets personnels.

Nous avons avancé de plusieurs centaines de mètres avant de trouver un changement, qui serait notre premier vrai problème. Les murs n'étaient plus de roches, mais cela ressemblait plutôt à de la terre. Si nous avions pensé un seul instant quela grotte n'était pas naturelle, mais creusée par quelque chose de vivant, à plus forte raison humanoïde, peut-être aurions nous rebroussé chemin, pour annoncer au propriétaire qu'il valait mieux ne pas envisager d'envoyer des ouvriers la dedans à moins de vouloir le voir se transformer en plat de résistance pour un monstre horrible assoiffé de sang. En tout cas, c'est ce que j'aurais fait. Si j'y avais pensé. Mais non. J'étais trop occupé à essayer de lier conversation avec quelqu'un, je vous laisse deviner qui. Nous nous sommes justes contentés de remarquer que rien n'était étayé, et qu'il faudrait sérieusement y songer au moment de l'exploitation, sinon, en cas de tremblement de terre, les ouvriers resteraient coincés à l'intérieur. Aujourd'hui, je pense que nous n'aurions pas du le dire. Nous avons attiré le mauvais sort.
Un autre de nos soucis était la première bifurcation. Nous avons longuement hésité sur la route à prendre, et en rigolant, Melh nous a dit en rigolant "pourvu que ce ne soit pas un vrai labyrinthe après !"
En y réfléchissant, je crois que c'est la première fois qu'il parlait. Et bien sur, j'ai poliment ri à sa réflexion. Je ne vous referais pas une réflexion parlant de mauvais sort et d'attraction dans la même phrase, mais je pense que vous comprenez ce à quoi je pense.

Nous décidâmes donc d'aller à gauche, et Melh fut chargé de cartographier l'endroit, de façon à retrouver notre chemin plus facilement, et surtout à demander plus d'argent au propriétaire vu que le service rendu était plus important. Ce fut ce moment que choisirent les premiers gobelins pour nous attaquer.

Bien sur, je ne leur en veux pas. Pour eux, nous n'étions que des intrus mettant pied dans leurs territoires, et peut-être ont-ils pensé que nous venions les exterminer jusqu'au dernier, ce en quoi ils avaient foutrement raison. Depuis ma plus tendre enfance, je hais les gobelins presque autant que les difficultés financières. Aussi me fis-je un malin plaisir à accueillir le premier d'entre eux avec une magnifique boule de feu dans laquelle je mis toute ma concentration. Il a mis du temps à comprendre qu'il était mort. Il a fallu pour cela qu'il baisse les yeux, constate le trou béant au niveau de son ventre, ce qui signifiait entre autres que son intestin avait fui ce corps pour se répandre une fois carbonisé sur le mur derrière lui. Ayant assimilé cet ensemble de faits au bout d'une ou deux secondes, il tomba face contre terre. Ceux qui sautèrent sur Garret mirent beaucoup moins de temps à comprendre l'utilité d'une pierre à aiguiser lorsque qu'ils se firent tous deux trancher la tête dans un même coup d'épée. Melh et son épée et Béatrice et sa masse ne furent pas en reste, et nous avons rapidement tués les derniers assaillants. Mes compagnons étaient recouverts d'éclaboussures de sang et d'autres matières organiques, et comme après chaque combat, je me rappelle avoir pensé que j'étais heureux d'être mage et d'éviter au possible le corps à corps. Autant une armure peut se nettoyer, ou même être portée recouvertes de sang, autant pour une robe, cela gêne le mouvement.

Bien sur, nous avons regardé les cadavres. Je me rappelle mot pour mot ce que nous a dit Garret.

"Dites, les amis, ça ne vous surprend pas des gobelins en armure de mailles ???"

J'aurais du savoir à ce moment. J'aurais du leur dire de quitter cet endroit. Mais il y a une différence profonde entre être un lâche et le montrer. Alors, une fois de plus j'ai fermé ma grande gueule.

Et j'ai souri...

Par Satch de Toril le 22/3/2002 à 10:07:31 (#1152956)

:lit: tout ca avec grand :)

Encore Merrick ;)

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 10:19:00 (#1152997)

Merci Satch, Darwil et Aekol pour vos encouragements.... Je continue ! :ange:

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 10:23:39 (#1153010)

Je suis pour l'instant le seul à être réveillé, et je sais déjà que je ne dormirai plus de la nuit. Ou du jour, peu importe l'heure qu'il est. J'entends trop de bruits autour de nous, derrière cette porte.

Oui, je sais, il peut sembler surprenant de trouver une porte dans une grotte, et pourtant, on en a trouvé. Plein. D'ailleurs, si je peux vous rassurer, nous aussi avons été surpris. Surtout par les pavés, en fait. Mais c'était bien après.

Après l'attaque des gobelins, nous avons pris conscience que notre mission ne serait pas vaine, et que nous mériterions notre salaire. Pour une fois. Alors, nous avons commencé à être plus attentifs, à fouiller chaque recoin dans le seul but d'éliminer toute trace de vermine. Lors de notre avancée, nous sommes de nouveaux tombés sur une bifurcation. Et quand je dis tombés, ce n'est pas du figuré.

Cela a commencé par un bruit sourd, qui semblait venir des entrailles de la terre. Non, je m'égare. Cela a commencé par un bruit sourd qui venait réellement des entrailles de la terre. Puis celle-ci s'est mise à trembler. J'ai vu un gros rocher se desceller de ce que l'on pourrait appeler le plafond et descendre droit sur Béatrice. J'ai agi sans réfléchir, instinctivement et je lui ai sauté dessus pour la protéger.
Bon d'accord, j'ai réfléchi rapidement, et j'ai sauté sur elle, les mains à hauteur de poitrine pour d'un côté la mettre hors de danger, et d'un autre côté, profiter un minimum des avantages de cette charmante demoiselle. A quoi bon le cacher maintenant ? Comme je l'espérais, elle n'y a pas prêté attention et s'est laissée mettre à l'écart sans broncher, à part un petit cri de surprise. Je l'ai vu tomber quelques mètres plus loin, hors de danger. Il y avait cependant quelque chose que je n'avais pas envisagé, c'est que le rocher continuait à tomber, et que cette fois-ci j'étais pile poil dessous. Je crois déjà vous avoir parlé de ma malchance habituelle, eh bien ce rocher était pour ainsi sire une confirmation de ce que je savais déjà.

J'ai su à cet instant pourquoi j'évitais les combats dans la mesure du possible. Pour ne pas me faire blesser. La douleur est pour moi un processus non nécessaire au bon fonctionnement du corps humain, et depuis longtemps, je me faisais une idée assez négative de la douleur que l'on peut ressentir en étant blessé. Je n'ai eu qu'une confirmation quand le rocher m'a broyé la jambe.

A ce moment, le sol s'est effondré sous nous, et nous nous sommes retrouvés dans une grande salle, qui n'avait rien de naturel. Les murs avaient été étayés, le sol était dallé. J'aurais pu vous faire une description plus complète si des orques n'avaient pas choisi ce moment pour nous attaquer. Ils n'étaient pas nombreux, heureusement. Nous avons réussi à en venir à bout assez rapidement. Enfin, ils ont réussi à en venir à bout dans un temps qu'ils m'ont dit être rapide, je ne peux le confirmer, puisque ma connaissance a choisi ce moment pour s'éclipser. J'ai vu toute ma vie repasser devant mes yeux avant de sombrer dans l'inconscience, et je me rappelle m'être dit qu'il n'y avait pas grand chose à voir, et que j'aurais peut être la chance de me vider de mon sang, et de mourir avant que les orques ne m'attrapent.

Par Satch de Toril le 22/3/2002 à 10:31:42 (#1153027)

normal d'encourager quand ca plait :)

la suitttttteeeeeeeee ;)

Par Akira Sindriel CptGR le 22/3/2002 à 11:00:22 (#1153133)

Qu'un mot a dire : Bravo! Vraiment genial! (heu non ca fais 3 la :p )
Encore! :D

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 11:13:48 (#1153179)

Les orques ne m'ont pas attrapé. Il parait qu'ils ont essayé, mais mes compagnons d'infortune les ont empêchés. Ils m'ont raconté un combat épique, ce que je veux bien croire, puis après avoir nettoyé la pièce, Béatrice m'a soigné. Il parait qu'elle est restée sur moi pendant plusieurs heures pour arriver à m'arracher du monde des morts pour me rapatrier dans celui des vivants. Comme quoi j'étais bien atteint. Et pendant tout ce temps je suis resté inconscient. Malchance quand tu nous tiens....

Je me suis réveillé dans une petite pièce, couché à même le sol. En levant les yeux, j'ai vu mes amis. Ils avaient l'air fatigués. D'après eux, j'e suis resté inconscient pendant près de dix heures. Béatrice dormait dans un autre coin de la pièce, épuisées par les efforts qu'elle avait faits pour me sauver. Ils m'ont dit que l'on se trouvait dans un grand ensemble souterrain, avec des grandes places, des longs couloirs, et quelques pièces. Celle dans laquelle nous nous trouvons semble avoir été habitée autrefois. Il y a une table, un lit, et un squelette sur le lit, posé sur ce qui a du être un matelas il y a des années. Détail intéressant, une grande épée est posée verticalement sur le lit, traversant la cage thoracique du squelette, ne laissant aucun doute sur les causes de la mort du propriétaire. La poussière accumulée sur la table laisse à penser que nous sommes les premiers visiteurs depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies. Melh m'a expliqué qu'ils avaient trouvé cette pièce que l'on pouvait barricader de l'intérieur, et ainsi se reposer sans craindre une agression, mais qu'il faudrait tout de même instaurer des tours de garde.
Béatrice s'est réveillée quelques heures après, et nous sommes restés tous les deux à veiller pendant que Garret et Melh prenaient leur tour de sommeil. Je n'ai rien osé lui dire, ne sachant comment aborder la conversation. Le truc du style "je te remercie de m'avoir sauvé la vie" me semble un peu trop facile. Finalement, c'est elle qui a commencé.

_ Je te remercie de m'avoir sauvé la vie. (Comme quoi, j'aurais pu le dire moi aussi).
_ De rien, c'est naturel. Et je te remercie toi aussi pour ce que tu as fait.
_ C'est normal, c'est mon boulot.

Encore une illusion qui s'en va. C'est son boulot. J'aurais pu m'en douter tout seul de toutes façons. Nous avons passé quelques heures à échanger des banalités, en attendant que nos deux compères se réveillent. Elle a effectué un travail exemplaire, puisque aucune cicatrice n'est visible sur ma jambe. Dommage, c'est un bon moyen de draguer quelquefois.

Puis nous sommes sortis, à l'affût.

J'ignore où nous sommes, mais cet endroit est plein de choses vivantes rarement hospitalières. En fait jamais hospitalières. Nous avons rencontré des orques, des gobelins, mais ce qui est plus inquiétant, nous avons vu aussi des trolls et des squelettes. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir un squelette marcher, et j'aurais aimé ne jamais en voir. Il y en a beaucoup, et nous sommes obligés d'avancer lentement, bien que l'endroit soit très vaste. D'après Melh qui continue à cartographier, nous avons déjà exploré en superficie l'équivalent d'une ville de 2000 habitants, et nous n'en voyons toujours pas la fin. Bien entendu, nous combattons tous les jours, et nos réflexes semblent être de plus en plus rapides. Il en va de même pour mes sorts qui atteignent une puissance que je n'aurais jamais imaginée. Jamais je ne me suis autant entraîné. Pour Béatrice, c'est pareil, elle soigne nos blessures en un clin d’œil, et est capable de remettre sur pied n'importe qui en un claquement de doigts. J'en ai eu un aperçu impressionnant quand Garret a pris une flèche dans la poitrine par un tireur gobelin embusqué. Pendant que Melh a tenté de savoir si on pouvait découper un gobelin en morceaux cubiques de 10 centimètres de côté avec une épée émoussée, Béa a arraché la flèche. Le sang est sorti en même temps qu'un cri de douleur, mais elle a posé sa main, et l'instant d'après, la blessure s'était refermée. Nous devenons tous de plus en plus puissants dans notre spécialité, mais cela ne nous dit pas quand nous pourrons sortir. Si nous pourrons sortir un jour, ce dont je doute de plus en plus.

Jusqu’à maintenant, quand nous avions besoin de repos, nous trouvions un endroit que l'on peut fermer, et nous faisions des tours de garde deux par deux. Nous avions gardé notre premier rythme, et je me retrouvais donc toutes les nuits (jours ?) à parler avec Béatrice. Maintenant, nous dormons tous ensemble, plus besoin de tours de garde. Il semblerait que nous ayons atteint une partie de la ville qui soit plus calme. De plus, il nous faut réduire nos temps de sommeil si nous voulons avancer dans notre exploration. Toutefois, les discussions me manquent. Dans la journée, nous avons quelquefois des sourires complices, mais cela s'arrête là. Bien sur, mon apparence physique laisse à désirer avec ma barbe en bataille et ma robe qui commence à montrer des signes évidents d'usure, mais nous sommes tous dans ce cas. Pour les provisions, on trouve quelquefois de quoi se nourrir, et s'il le faut, nous pourrons manger les créatures que nous tuons, même si je préfère retarder le plus possible ce moment. De nombreuses fontaines sont alimentées et nous produisent toute l'eau nécessaire. Il semblerait donc que l'on puisse tenir longtemps comme ça. Physiquement du moins. Mais je sens le moral baisser, et je crains le jour où l'un d'entre nous craquera. Comment réagiront ses compagnons ? Et qui craquera en premier ?

Par Satch de Toril le 22/3/2002 à 11:50:41 (#1153306)

*impatient* ;)

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 14:12:22 (#1153811)

Voici près de trois semaines que nous avançons, toujours vers le bas. Enfin, quand je dis trois semaines, je suppose. Disons que j'ai compté 20 périodes de repos, et si nous partons du principe que notre corps a conservé ses habitudes d'avoir un cycle de 24 heures, alors cela doit faire trois semaines. La lumière du jour me manque terriblement. Nous utilisons des torches qui se repèrent moins facilement que le lumière magique que je peux générer. Et surtout, une torche peut s'éteindre rapidement.

Curieusement, le moral semble se stabiliser après avoir chuté. Il semblerait que tout le monde ait réussi à accepter que nous soyons tous dans la même galère. Nous nous parlons de moins en moins, mais paradoxalement, nous nous comprenons beaucoup plus. Chacun peut prévoir les réactions de l'autre, et en combat, cela donne une impression particulière que nous combattons comme un seul, tellement nos décisions sont étroitement liées les unes aux autres.

Hier, nous avons trouvé une grande salle qui semble avoir servi de lieu de massacre. Nous avons trouvé des dizaines de squelettes de toutes tailles repartis dans une immense pièce dont les portes étaient verrouillées de l'extérieur. Il n'y avait aucune arme. De nombreux graffitis étaient sur les murs, mais nous n'avons pas réussi à les lire. Il s'agit d'une écriture qu'aucun de nous n'a jamais rencontrée. Vu la position de certains squelettes, nous en avons déduit qu'une foule a été enfermée dans cette pièce puis laissée à l'abandon. Il semblerait que certains des prisonniers aient fait preuve d'anthropophagie avant de succomber. C'est rassurant, au moins, on sait à quoi s'attendre de la part de nos camarades si on se fait enfermer.

La nourriture commence justement à nous poser problème. Nous en sommes arrivés à une extrémité que je n'aurais jamais cru atteindre un jour. Nous avons mangé de l'orque. Malgré l'odeur repoussante, nous n'avons pas eu le choix. C'est ignoble à manger, mais ça nourrit. Le problème, c'est que nous en croisons de moins en moins. Ils sont remplacés par des squelettes chez qui il n'y a pas grand chose à manger. Quitte à manger du cuir, j'ai proposé en plaisantant que l'on mange l'armure de Béatrice, et elle m'a jeté un regard furibond. Je crois que j'aurais mieux fait de la fermer.

Nous continuons d'avancer vers l'Ouest, en espérant que cela nous portera chance, ce dont je doute fortement.

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 14:12:59 (#1153812)

Il vient d'arriver quelque chose d'horrible. J'ose à peine en parler.

Garret est mort.

Hier, nous avancions dans un long couloir, et nous avons vu une fontaine. Garret s'est avancé pour boire et remplir nos gourdes. Au moment où ses lèvres ont touché l'eau, il a émis comme un gargouillis et s'est effondré. Ses lèvres étaient bleues et Béatrice n'a pas réussi à la ranimer. Il est mort quelques minutes après, les yeux grands ouverts. Béatrice a hurlé son impuissance avant de marteler le corps de Garret. Je l'ai prise dans mes bras pour essayer de la calmer, et j'y suis finalement arrivé, mais ça n'a pas été sans peine. Elle s'est défoulée sur moi, et je souffre encore du souvenir de ses poings fermés sur mon torse. Puis, elle s'est effondrée en pleurant. Nous sommes restés près de lui pendant de longues heures, puis Melh et moi avons décidé de lui offrir une sépulture. Nous lui avons élevé un cairn puisque nous n'avons pas de quoi creuser. Son épée restera dessus. Peut-être servira-t-elle un jour à un autre aventurier, mais aucun de nous n'est capable de la manier. Et puis, personne ne voudrait la porter à sa place.

La nuit suivant la mort de Garret, Béatrice est venue se blottir dans mes bras. Je n'aurais eu qu'un geste à faire pour l'embrasser, et pourtant je ne l'ai pas fait. Je pense qu'elle n'aurait pas résisté. Le plus curieux, c'est que je ne le regrette même pas. Plutôt ironique pour quelqu'un qui a accepté de job foireux juste parce qu'il y avait une femme dans le groupe, non ?

La route a repris le lendemain, à trois. Nous avons vu lors du premier combat à quel point il va nous manquer. Nous avons bien failli tous nous faire tuer bêtement par quelques squelettes. Le moral est de nouveau en chute libre, et cela risque de nous coûter cher. Dans tous les cas, un autre problème se pose à nous. Nous sommes tombées sur une fontaine empoisonnée, sans nous méfier. Comment pouvons nous savoir que les prochaines nous donneront de l'eau pure ? Nos gourdes sont presque vides, et nous ne pouvons tenir que deux jours en nous rationnant. Dans notre malheur, c'est une chance que Garret ait goûté l'eau avant de remplir nos gourdes, sinon, nous serions tous morts aujourd'hui.

J'ai trouvé un fragment de miroir aujourd'hui. Je me suis regardé dedans. Je suis méconnaissable. Une couche épaisse de crasse masque les traits de mon visage, et j'ai eu l'impression de voir les yeux d'un fou. En y regardant bien, il en va de même pour les autres.

J'ai l'impression qu'il va bientôt faire nuit dehors.

Par Satch de Toril le 22/3/2002 à 15:27:03 (#1154055)

:lit: ;)

Par Yoshimo Lombra le 22/3/2002 à 15:29:41 (#1154063)

:lit:

Par Nephtys Wells le 22/3/2002 à 15:58:46 (#1154190)

Fan du premier jour... fan de toujours :amour:

Par Lilith_Des_Damnés le 22/3/2002 à 16:25:22 (#1154299)

:lit: Vivement la suite !!! :D

LDD
xxx

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 16:46:39 (#1154401)

Voilà. Tout est fini, et pour une fois, la fin n'est pas totalement catastrophique. Disons que cela aurait pu être pire.

Nous sommes sortis. Presque tous.

Comment cela s'est-il passé ? Je ne saurais le dire. Nous avons erré pendant deux jours après la mort de Garret, puis mon esprit a perdu pied. Des images me viennent, mais je ne sais si je dois les croire ou pas. Tout est trop flou et trop horrible.

Nous n'avions plus de torches, et n'avions pas bu depuis plusieurs heures quand ils nous ont attaqué. Nous étions tellement obsédés par notre soif que nous ne les avons pas entendus arriver. Nous n'étions pas sur nos gardes. Nous avons su qu'une attaque commençait lorsque nous avons entendu Melh faire un bruit étrange avec sa gorge. Lorsque nous nous sommes retournés vers lui, nous avons vu la pointe de flèche qui dépassait de son thorax. Un filet de sang lui est sorti de la bouche avant qu'il ne s'effondre, nous laissant voir un groupe d'une vingtaine de squelettes. Peut-être que si Garret avait été avec nous cela se serait passé autrement. Peut-être le combat n'aurait pas été aussi intense. Certainement même.
J'ai l'impression que nous nous sommes battus pendant des heures, dos à dos. A chaque combattant tombé, un se relevait. Lorsque je fus à bout de forces, je m'imaginais que tout était perdu, Béatrice achevait le dernier ennemi. Je m'écroulai sur le sol, haletant, vidé de toute énergie, pendant qu'elle se jetait sur Melh, toujours vivant, mais respirant avec de plus en plus de difficulté. Elle n'eut pas la force de le sauver. Elle le tenait dans ses bras lorsqu'il expira son dernier souffle. Je m'attendais à une crise de nerfs que je savais ne pas pouvoir gérer, mais elle ne dit rien. Elle posa délicatement sa tête par terre, lui ferma les yeux, puis se leva.

_ Merrick, partons d'ici. Je ne veux pas rester.
_ Oui. Viens.

Je réalisai à ce moment que c'étaient les premiers mots que nous avions prononcés depuis deux jours. Je ne savais pas où aller, mais nous devions fuir ce corps, le corps de celui qui était devenu un ami et à qui nous n'avions pas la force de donner une sépulture. Nous suivîmes notre chemin.
Je ne sais à quel moment ses forces l'abandonnèrent, mais nous étions déjà loin. Elle s'écroula dans mes bras, ivre de fatigue et de soif. Un choix s'imposa à mon esprit. Je pouvais la laisser ici, la laisser dans cet état où la mort ne serait qu'un soulagement. J'ai aussi longuement hésité à rester près d'elle, voire même à réaliser ce pourquoi j'avais accepté de job. Après tout, ce n'est pas elle qui aurait pu résister. Je savais que si je faisais cela, je mourrai avec elle car je n'aurai plus la force et le courage de repartir. Comme je vous l'ai déjà dit, je me préfère vivant que mort. Alors je me suis levé.

Je ne sais pas pourquoi je décidai de la porter avec moi. A bien y réfléchir c'était idiot. Cela ne faisait que diminuer mes forces, dont j'allais avoir besoin. Je fis quelques pas, et au moment où j'allais tomber, j'entendis un bruit familier. Un grondement sourd venant du ciel.

Un orage.

La sortie devait être proche pour que je l'entende aussi bien. Soudain, j'entendis le bruit caractéristique de l'eau qui ruisselle. Et je me retrouvai aspergé. Je me trouvai sous une infiltration, et levai la bouche pour boire, puis réveillai Béatrice qui but à son tour.

Une fois rassasiés, nous avons cherché la sortie au bruit et nous l'avons trouvée. Une sortie de mine dont les étais avaient souffert du temps. D'un commun accord, nous les détruisîmes, fermant ainsi ce que nous espérions être la dernière entrée de ce lieu maudit.

Nous trouvâmes rapidement refuge dans une ferme des environs. Nous eûmes le repas le plus délicieux que j'avais jamais imaginé : du pain et quelques légumes. Après ce festin, le fermier accepta de nous laisser passer la nuit dans sa grange, au sec.

Une fois installés, je m'approchais d'elle et posai mes lèvres sur les siennes. Elle me rendit un baiser plus fougueux que je ne l'aurais espéré. Nous nous sommes endormis quelque temps plus tard dans les bras l'un de l'autre.

Au matin, nous nous sommes séparés et nous sommes chacun rentrés chez nous, sans une promesse.

Voilà. Mon histoire pourrait s'achever là, mais je ne serais pas honnête avec vous.

Je suis retourné voir le marchand pour demander plus d'argent. Il a refusé de m'en donner. Nous avons eu une discussion.

_ Vous auriez pu vous servir dans la ville que vous avez trouvée !
_ Mais comment voulez-vous que ..... Un instant ! Comment savez vous qu'il y avait une ville ?

Il blêmit, reculant d'un pas.

_ Vous saviez depuis le début !?!
_ Non !
_ Vous mentez ! Pourquoi nous avoir envoyés là bas ?
_ Je ne pensais pas qu'il y aurait ce tremblement de terre, je voulais savoir si la ville était accessible !
_ Vous saviez qu'il y aurait des morts-vivants !
_ Non !! Je vous le jure !! Je pensais qu'ils auraient disparu !!!

Il se fait tôt, et le jour se lève. Chaque matin j'admire le soleil qui se lève, en pensant à ceux qui sont restés, et à celle que je ne reverrai peut-être plus. Mais aujourd'hui je n'ai pas de temps à perdre. Une fois le jour levé, ils ne vont pas tarder à découvrir le corps d'un riche marchand, cloué à son lit par une fourche. Je ne souhaite pas être dans le coin lorsqu'ils commenceront à poser des questions....


#################################
Fin.

Cette histoire m'a été inspirée par le jeu "Pool of Radiance" pour son ambiance dans les souterrains.
Merci à tous ceux qui auront lu jusqu'au bout.

Merrick.

Par Marlounet Tarmar le 22/3/2002 à 16:58:39 (#1154473)

Très bon.
Ca redonne vie au forum ce genre d'histoire !

Excellent en bref !

Continue comme ça Merrick !

Par Lilith_Des_Damnés le 22/3/2002 à 17:37:12 (#1154644)

Béatrice à finalement perdu ses cuirs et succombé à ton charme ! héhé ! :p

Beau travail Merrick !

LDD
xxx

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 17:42:29 (#1154665)

Merci. Un grand merci à tous.

Et plus particulièrement à :
- Murmure pour m'avoir donné envie de revenir sur ce forum
- Nepthys pour avoir archivé tout le RP
- Lilith des Damnés pour avoir écrit cette fabuleuse histoire qui m'a donné envie de me remettre à l'écriture
- Aekol pour m'avoir comparé à l'illustre Perfectus (compliment exceptionnel !)
- Darwil, Satch, Yoshi, Akira et Marlounet pour vos encouragements.

En espérant n'avoir oublié personne.

Et puis, pour la forme : EHLP !!

Par Taramir Valdamor le 22/3/2002 à 17:53:10 (#1154715)

Félicitations Merrick :)
J'aimerai trouvé le temps pour écrire aussi :(

un jour j'espère! :)

Par Merrick Nurien le 22/3/2002 à 17:56:50 (#1154731)

Provient du message de Taramir Valdamor :

J'aimerai trouvé le temps pour écrire aussi :(


J'avoue que je n'ai pas été d'une productivité exemplaire au bureau aujourd'hui.... :ange:

Par Satch de Toril le 22/3/2002 à 21:20:20 (#1155721)

Bravo Merrick, c'etait excellent !

j'espere que yen aura d'autre...
J'ai vraiment lu cette histoire avec bcp plaisir ;)

Par Lilith_Des_Damnés le 22/3/2002 à 21:38:34 (#1155834)

J'avoue que je n'ai pas été d'une productivité exemplaire au bureau aujourd'hui....


Ça, ça me fais bien rire, parce que c'est pareil pour moi :D

Mettons cela sur le compte du Vendredi :bouffon:

JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine