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Une enfance... [Part II]

Par Ombre Océane le 23/1/2002 à 23:43:22 (#773369)

Adossée à un arbre, la jeune femme semblait écouter les bruits nocturnes. Elle fixait de ses yeux vides un brin d’herbe que le vent faible faisait bouger de droite à gauche dans un balancement hypnotique.
Rompant avec le silence, sa voix, presque un murmure, mais assez audible pour que quelqu’un de relativement proche l’entende, s’éleva :


- Comme promis, voici la suite de ma vie, celle là même que j’ai tenté un nombre incalculable de fois d’oublier… Mais on ne renonce pas si facilement à son passé.

Elle regarda en direction de LightHaven, distinguant presque les feux qui éclairaient les rues où régnait une agitation peu commune.

- Attention l’histoire commence…



Le froid me gagne.

La vieille Sadie m’a volé ma couverture pour me punir. C’est du moins ce qu’elle m’a rétorqué quand j’ai été la lui demander. Je ne sais pas pourquoi elle me hait tant. Nous sommes pourtant toutes ici des orphelines, toutes sur un même pied d’égalité.
J’ai perdu mes parents voilà un an et je souris encore en repensant au bruit sec de la lame aiguisée tranchant le cou de ce maudit comte. Je l’ai regardé pousser des cris de goret et les yeux pleins d’une surprise presque enfantine, alors qu’il se vidait de son sang et que celui-ci se répandait sur le sol de marbre. Un kaléidoscope d’émotions en moi, je me regardais presque m’enfuir du lieu du crime, du village même, laissant derrière moi cette vie qui m’as tant donné et tant pris, une sœur que je n’ai pas vraiment eu l’occasion de connaître et un passé que je préfèrerais oublier mais qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Se donne l’illusion du contraire reviendrait à nier ce que je suis désormais devenue : une criminelle et une fugitive…

J’ai alors erré…

J’ai tout d’abord été recherché par les fils du comte et n’ai du mon salut que grâce aux quelques talents de camouflage acquis à l’aide des jeux dans les bois auxquels je prenais souvent part avec mes amis. Qui a dit qu’un enfant qui ne pense qu’à jouer n’apprend jamais rien ? Je tendais à prouver le contraire.
Puis, peu à peu, plus je m’éloignais du village, moins les patrouilles étaient présentes. Ce voyage à l’aveuglette pendant quelques mois m’ont appris beaucoup sur moi ; mes capacités, mes limites, mon endurance, mon adaptation, tout ce qui me caractérise m’a alors été révélé. Mais le plus important, c’est que pendant cette période, j’ai enfin choisi mon inavouable voie. Celle de la vengeance…
La nuit je me cachais dans des fermes, dans des arbres, parfois dans des terriers juste assez grands pour y mettre mon frêle corps. La journée je marchais sans but, je me contentais de survivre à ce destin qui me guettait lors de chacun de mes pas. Le vol était mon quotidien. Pas un animal ne m’échappait. Aucun jardin n’avait échappé à ma vivace prestance ainsi qu’à mon vorace appétit.

Je fus prise…

Evidemment j’aurais du m’en douter. Mais peut-être qu’inconsciemment je le voulais. Il est vrai que j’en avais alors un peu assez de n’avoir aucun intérêt, aucun but, alors que ceux que je volais et que j’observais dans la nuit, malgré leur triste sort, semblaient heureux… Où allaient-ils chercher ce bonheur ? Etrange question il est vrai. Pourtant je me la suis maintes fois posée avant de m’endormir…

Il ne s’agissait pas de simples gardes, ces gens qui m’avaient attrapée, mais plutôt d’étranges personnes encagoulées, plus mystérieuses que n’importe quel être que j’avais déjà pu rencontrer jusqu’alors. Ils m’ont amenée ici, dans une sorte de refuge pour fillettes désœuvrées. Même les adultes n’étaient que des femmes.
En échange du gîte et du couvert, elles m’on simplement demandé de suivre avec rigueur les enseignements qu’elles allaient me donner et respecter scrupuleusement les règles. Il ne me fallait guère plus pour m’attirer alors et j’acceptais avec joie.
De nombreuses activités sont dispensées dans ce château. J’excelle particulièrement dans le maniement de toutes sortes d’armes blanches, du couteau à la hachette et dans l’art de surprendre mon adversaire par des techniques de dissimulation fort avancées pour mon jeune âge.

Il y a une semaine, Kinès, l’une des instructrices, celle que j’apprécie le plus et qui me le rend bien, m’a alors dit que j’avais certaines prédispositions nécessaires pour effectuer l’apprentissage des arts sombres.
Ce matin elle est venue m’annoncer que j’allais enfin entrer dans la Salle Interdite devant mes camarades médusées, ce qui a rendu la vieille Sadie folle de rage, elle qui tente depuis longtemps d’y entrer.

Grelottante dans mon lit exposé aux froids vents hivernaux que de simples fissures permettaient de faire entrer dans la pièce, je me dis finalement que c’est sans doute parce que je suis meilleure qu’elle que Sadie me déteste. Elle pourtant qui est la plus âgée d’entre nous et qui jouit du respect non dissimulé craint ma puissance grandissante ? Cette pensée me réchauffe le cœur et je comprends que c’est la puissance qui différencie chaque individu. Je décide alors de résister. Pour l’instant je ne peux rien, mais cela ne durera pas éternellement…

Demain, je passerais le test d’aptitude pour devenir une aspirante au titre de « Lys ». Par ce terme on désigne ici les membres de l’ordre qui dirige ce bâtiment. Kinès me l’a appris tout à l’heure. Seules les initiés ont le droit de le savoir alors je compte bien ne pas la décevoir.

Demain j’aurais neuf ans et mon nom de famille se perdra dans les souvenirs d’un historien pointilleux. On ne m’appellera plus désormais que pas mon prénom : Océane. Qu’il reste à jamais gravé dans la mémoire, comme la mer laisse son souvenir sur les falaises contre lesquelles elle se jette…

Demain… sera un autre jour.



En silence, elle laissa se suspendre sa dernière phrase…
Puis prestement elle se leva et salua son invisible auditoire, car elle ignorait toujours si des personnes étaient présente ou non. C’était là la moindre de ses préoccupations d’ailleurs. Feyd l’écoutait, elle en était persuadée, et cela était l’essentiel.


- Je dois y aller, mais je vous retrouverais ici bientôt pour la suite de mes chroniques enfantines. Bonne nuit… Feyd vous surveille.

Brusquement son corps devint brumes puis ombres et s’éloigna du site en direction du pont aux gobelins, le lieu qu’elle affectionnait particulièrement. Là elle regarda les quelques miliciens, les gardes de la ville, aux prises avec un Elu d’Ogrimar, qui voulait pénétrer dans l’enceinte de la cité. Il avait l’air assez puissant pour que la garde ne le jette pas immédiatement au cachot, mais était néanmoins systématiquement repoussé.
Ombre Océane se dirigea alors vers la ville et trouva un jeune arbre plein de vigueur qui résisterait plus longtemps à sa malédiction.

Elle avait besoin de repos…



http://kyrianefeals.multimania.com/Oceane.jpg

Par Kyriane Feals le 24/1/2002 à 10:32:03 (#774548)

*hop*
:)

Par Azulynn le 24/1/2002 à 12:53:44 (#775267)

:lit: *aime* :amour: :amour: :)

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