à déplacer (long texte)

Par Moire le 16/1/2002 à 6:14:44 (#724229)

(complètement hors-sujet et hrp,mais bon... *sourit*)


Certains aiment à tuer le temps en regardant les paysages défiler sous leurs yeux, alors que d’autres se délassent dans des revues de potins. Il y a encore cette nouvelle génération, portabilisée à souhait, jouant avec leur mini compagnon, lui parlant ou se divertissant les oreilles d’ondes courtes ou modulées. De bien drôles de compagnons, à vrai dire. De nouvelles drogues qui esseulent tout autant les unes que les autres, fussent-elles faites de mots. Heureusement qu’il y a encore ce couple, tout en baisers passionnés, qui se murmure des paroles incompréhensibles… J’aimerais être à leur place. Mais je suis là, seule, et je ferme les yeux. Je laisse mon âme prendre congé de mon corps. Je la libère. Elle en profite pour visiter les limbes oniriques. Elle a bien raison, la petiote. Nous sommes en janvier, période des soldes.

« Approchez, approchez, mesd’âmes ! Aujourd’hui, tout est à 50 % »

Belle réduction tarifaire que voilà ! Un beau rêve à moitié prix. Pour la moitié de sa peine, on peut s’approprier son rêve secret.

« Allons, mesd’âmes, ne vous faites pas prier. Profitez-en ! Ce jour est celui de toutes les réalisations. Tous vos rêves sont à votre portée… »

Elle se laisse tenter… Sait-on jamais, se dit-elle. Rayon « homme de vos rêves ». Ca furète, ça se dispute. Mon âme n’en a cure, elle a déjà trouvé sa sœur. Enfin, son frère, son âme-frère. C’est à peine si elle regarde les articles proposés.

Le rayon débouche sur un autre, transversal, celui des enfants. Je la sens ralentir. Elle admire ce petit garçonnet à l’air fripon, le crâne entièrement dénudé. Oui, mon âme, celui-là serait parfait. Il ressemble assez à ton frère. Mais attends, patiente… Ce genre de rêve ne laisse pas de seconde chance, pas de reprise possible. Ca ne s’achète pas au rabais, un enfant, ni sur un coup de tête. De toute façon, ma tête est ici, avec le reste de mon corps !

Hé ! Que fais-tu ? Je te sens obnubilée, là… Ah ! Je vois… Les fantasmes. Je te comprends. Mon corps te comprend. Celui-ci lui siérait à merveille, tu sais. Et celui-là… Hep ! Pourquoi continues-tu ? Non, reste encore un peu…
Mais elle continue, elle emplit ses yeux mentaux de toutes ces réalisations qui nous font jubiler.

« Chers voyageurs, nous arrivons en gare de Vaaaaa. Vaaaaaa, quatre minutes d’arrêt. »

Quel retour à la réalité ! Réintégration immédiate, réunification nécessaire. Les deux tourtereaux ont déserté la voiture. Ne restent que les célibataires de trajet. Plus rien à voir d’intéressant, plus aucune conversation à épier, le calme complet, le simple cliquetis du frottement du train sur les rails. Et le ballottage me berce. Mes yeux, peu à peu, se ferment et m’offrent la libération et le détachement tant attendus.

« Alors, ma p’tite D’âme, on n'a toujours rien trouvé ? On fait sa difficile ? Jetez donc un coup d’œil par ici… »

Il saitÂ… Il sait toujoursÂ…

Un vertige me prend, mon âme est fascinée. Devant elle gît l’article qu’elle n’osait espérer. Il est si secret que je ne sais ce qu’il est en réalité. Ce n’est ni un homme, pas plus un fantasme. Je la sais amplement pourvue et repue de ce côté. Elle en est trop heureuse pour porter son attention ailleurs. Et nos corps répondent présents, pourquoi donc en serait-il autrement ? Je sens également qu’elle a retardé l’idée même de prendre le poupon. Mais quel peut-il bien être ? Que c’est frustrant quand elle s’enferme dans sa tour d’ivoire en pays de subconscience !

La voilà, regardant son rêve sous toutes les coutures, de haut en bas, à l’envers, à l’endroit. L’étiquette est oblitérée. Offre exceptionnelle, 60 % de remise, indique-t-elle. Mais la peine de départ, je ne le vois pas. Tout est flou par sa volonté, elle me floue volontairement.
Cependant, elle n’est pas seule. Le rabatteur amène d’autres clientes aux karmas si diversifiés qu’elle devrait se méfier, prendre de suite sa décision.

Trop tard ! Elles sont maintenant trois à se l’arracher. Mais, qu’a-t-il donc de si particulier ? Et mon âme qui entre dans la danse ! Ca tire, ça s’insulte, ça impressionne et ça terrorise. J’en suis malade. Des hauts le cœur sont proches de rapatrier l’immatérielle vers la consistance. Pour toi, ma belle, je résiste de toutes mes forces.

Mais la plus sombre d’entre elles me décoche un uppercut persiflant. Rien n’est plus terrible que les coups qui ne se voient pas de prime abord, les bleus à l’âme.

« 1…2…3…. »

Le rabatteur vient d’entamer le décompte. Allez, mon âme, relève-toi. Bats-toi jusqu’au bout, dussé-je en souffrir !

« 4…5…6….7… »

Je te croyais bien plus forte. Comme je suis déçue, comme je me déçois !

« 8…9…d », s’interrompt-il.

Sous les yeux médusés de tous, mon âme se relève à la seule force de son esprit, à la sueur de sa volonté. Elle titube, j’ai des nausées. Elle tente de se redresser, j’engage le combat contre mon propre corps qui ne pense qu’à expulser les restes de mon dernier repas. Elle entre à nouveau sur le ring et je m’apaise. Les coups sont durs, mais je la soutiens, aveuglément. Je lui fais entière confiance.

Et combien jÂ’ai raison : encore un peu et il sera tienÂ… Encre, encore.. EncoreÂ…

« Nous entrons en gare terminus de Lixxxxx. Avant de descendre, veillez à ne rien oublier à bord. La SNCF et son personnel accompagnant vous remercient de votre confiance et vous souhaitent une agréable journée. »

Happée à mon corps, mon âme. Réveil brutal. Air hagard…

Ainsi meurent les rêves, sur le quai d’une gare.



LJD Moire

Par Landri MdS le 16/1/2002 à 11:24:04 (#724531)

héhé

Landri, souriant.

Par Gentil Barde le 16/1/2002 à 11:53:42 (#724653)

Génial :-)

Par Moire le 16/1/2002 à 13:06:43 (#725025)

merci merci *toute fière*

Par McYavel le 16/1/2002 à 13:09:43 (#725047)

Trop fort :)

Par Chani de Pern le 16/1/2002 à 13:33:10 (#725192)

Rêves, rêves, quand vous nous tenez ...
Magnifique Moire

*dérangé*

Par Darhtagnan-MdS le 16/1/2002 à 13:45:51 (#725282)

Moi, le train, je le prends a 7h30, alors, niveau jolis rêves....
En plus, il y a Landri a coté.
Donc ca vire plus au cauchemar.
Ou au fou rire.

Par Gurvan le 16/1/2002 à 18:51:58 (#727365)

comme d'habitude Moiriotte... superbe :o)
bravo..
gus

ouh lala

Par Sancho Falcone le 16/1/2002 à 19:04:29 (#727466)

j'ai pas u le courage de lire jusq'au bout
a 10 lignes j'en pouvait plus ;-) !! :D :D :D

À déplacer ?

Par Frost le 17/1/2002 à 1:06:15 (#729723)

Non ! Pas à déplacer !

Ca, c'est seulement pour nous, ca leur apprendra aux autres à pas être des Caernites, na !

Par Moire le 17/1/2002 à 8:16:20 (#730178)

héhé... merci du compliment frost... votre lourde peine restera donc vôtre, celle de me supporter... hihi *clin d'oeil*

Par Felomes le 17/1/2002 à 11:10:14 (#730563)

*fait son boulot*

Par Foehn le 17/1/2002 à 11:21:00 (#730599)

Magnifique, enchanteur, somptueux, rêveur...
Merci Moire...

Dommage que les impénétrables voies modératrices livrent ce texte à l'Asile :(

Par Corwin d Ambre le 17/1/2002 à 13:49:52 (#731310)

Félicitations Dame Moire, joli texte :)
Et puisque nous pouvons toujours y accéder depuis la page du forum de Caern, ce n'est pas un mal qu'il soit aussi à l'asile, ainsi un plus grand nombre de personnes pourront en profiter.

Par Moire le 17/1/2002 à 14:05:12 (#731386)

*savait qu'un jour où l'autre elle deviendrait folle*

Par Bleiz Tad Koal le 17/1/2002 à 18:42:25 (#732948)

*apprécie énormément*



:aide: :rasta: :monstre: :aide:

Par Voyageur le 17/1/2002 à 20:30:47 (#733706)

cool!

Par LicorneDhormOCR le 17/1/2002 à 20:44:27 (#733810)

pour ma part je ne regrette pas que ce texte finisse à l'asile. Aprés tout, les rêves ne sont-ils pas l'apanage des fous ?
Sans ce déplacement modérateur, je n'aurai jamais pu le lire, ce qui eut été bien dommage.

Voilà un talent qui ne mérite pas l'outrage d'être enfermé sur un unique miroir.

Merci pour ces rêves, j'espère te lire à nouveau trés bientôt :)

Grmbl...

Par Frost le 17/1/2002 à 22:58:10 (#734667)

*Cache son marteau du troll antique +22 derriere son dos*

Felomeeeeees ?

Par Moire le 18/1/2002 à 7:27:34 (#735746)

met sa main sur le bras de frost* laisse, va *sourire et regard doux*

Ce sera avec joie, petite licorne... *clin d'oeil*