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Renaissance (Ch 1 à 34)

Par Aron le 28/12/2001 à 13:48:56 (#622541)

Merci à Kanon d'avoir retrouvé ma nouvelle. Une petite histoire dont les débuts remontent aux premiers pas d'un serveur alors tout nouveau tout beau appelé Harn. A l'origine ça devait être un background touffu, et c'est devenu ça. Si vous avez quelques heures de lecture à perdre, ne vous gênez pas.

[Dernière mise à jour (rappel) 31/12/2001 : Chapitre 34 - Crépuscule]

Par LicorneDhormOCR le 28/12/2001 à 14:16:08 (#622677)

tu as essayé de faire une recherche ?

ben voila

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:18:06 (#622690)

pfouuuuuuuuuuuuuuuuu ca va etre long de tout poster, mais bon......

chapitre 1 incantation :

A la lueur de la chandelle, Henr'tar relit le dernier passage du livre de l'Autre. Il jubile par avance du mauvais sort -- c'est le cas de le dire -- qu'il va jouer à cet abruti de Kytap. Cela fait des semaines que le sorcier doit se cacher pour user de son art sans attirer l'attention de ce paladin borné. Pas question de rester cloîtré ainsi plus longtemps. Le sombre grimoire va le délivrer de ce parasite à deux pattes.
Il referme le livre et répète les mots magiques qui composent l'invocation. Il ne devra pas se tromper. Impossible de recommencer ce maléfice s'il échoue. D'abord il coûte bien trop en énergie. Et ensuite la légende veut que l'Autre pourrait sentir l'échec et faire payer au sorcier sa maladresse. Henr'tar se concentre donc. Il n'en est pas à sa première invocation. Nombre de squelettes il a fait apparaître devant lui. Mais cette fois il s'attaque à quelque chose de bien plus dangereux : faire venir un démon de l'autre monde n'est pas à la portée du premier venu. Cependant, a t'il le choix ? Traqué, pourchassé, isolé, le mage ne peut désormais que fuir ou combattre. Il choisit la seconde option, Goldmoon étant un terrain de jeu qu'il affectionne. Si Kytap meurt, sa troupe s'enfuira et n'osera sans doute plus l'embêter pendant quelque temps.

Il jette un coup d'oeil par la petite lucarne de sa cachette. La lune luit maintenant entre les canines du démon. Ces deux pics sont appelés ainsi de part leur forme plutot acérée. La lumière blanchâtre de l'astre de la nuit vient lêcher le crystal noir posé sur la table. L'antre du sorcier prend vite une horrible couleur de part les maléfiques rayons dispensés par la pierre. Henr'tar sourit encore plus intérieurement. Ne plus hésiter !

Il commence l'incantation. Lentement d'abord, dispersant quelques ingrédients ici et là, sans schéma apparent. Tout est pourtant déterminé, calculé à l'avance. Les herbes, les potions retombent toutes au même endroit, formant une tâche sombre sur le sol. Après plusieurs minutes, le sorcier accélère le rythme, élève la voix, comme pour se faire plus pressant. Il prend dans sa main gauche une petite cruche transparente qui contient un liquide rougeâtre. Ses bras se tendent vers la tâche. Le sang va être versé...

(à suivre)

Chapitre 2 : Désobéissance
- Non ! Le sang ne doit plus être versé ! Je ne changerai pas d'avis. J'ai perdu suffisamment de compagnons dans l'affaire. Pas question que tu sois blessé, ou pire, cousin.
- Mais, ..., Seigneur Kytap, vous ne pouvez pas y aller seul tout de même ! Je sais que ma magie est encore faible mais je -
- Ah ! Faible c'est le cas de le dire ! Quand tu sauras faire plus qu'allumer un feu de cheminée, tu me préviendras !
- ...
- Excuse moi, Lavent. Je sais bien qu'un jour tu deviendras un mage blanc puissant et respecté. Cependant, vois les choses en face. Tu commences à peine ton apprentissage. En quoi pourrais tu m'aider contre ce sorcier ?

Kytap jette un regard désolé vers le jeune mage, et finit d'ajuster son armure d'écailles. Il se tourne vers Latent et pose ses mains sur ses épaules.

- Allez, ne fais pas cette tête. Je dois y aller seul. Henr'tar sera occupé avec son incantation, mais j'ai peur qu'une troupe même petite n'ai la discrétion d'un ogre enragé dans une taverne. Et quant à toi, bien plus apte à te dissimuler, ta présence ne fera que me gêner. Si je le prend par surprise, au bon moment, tout se passera bien. Non ! pas de mais ! Dès demain tu t'installeras à Windhowl pour apprendre des meilleurs mages de la guilde. Marsac Cred lui-même te chapeautera. Quand tu auras bien progressé, je t'emmenerai avec moi dans des aventures bien plus spectaculaires que la mission que je dois accomplir aujourd'hui.
- Je sais, Seigneur. Promettez quand même de faire attention !? Je prierai Artherk pour vous.
- Merci, cousin. Sage décision. Tu n'es peut-etre pas aussi écervelé que tu en as l'air.

Kytap lui donne une encolade virile, lui présente son meilleur sourire ironique, prend son casque sous le bras, vérifie son armement et se dirige vers la porte. Le grincement des gonds ne masque en rien son "A plus tard Lavent !". Le paladin referme la porte derrière lui. On entend alors le bruit caractéristique d'une clé qui tourne dans la serrure.

Alarmé, Latent vérifie ses poches ... La clé a disparu ! Maudit chevalier ! Il a profité d'un moment d'inattention pour la lui prendre et l'enfermer dans cette chambre ! Il aurait du s'en douter ! Cette embrassade ne correspondait pas au froid caractère de Kytap. Rage, tout son plan tombe a l'eau maintenant ... A moins que ...
Feu de cheminée, a t'il dit ? On va voir ce qu'on va voir ... Le futur aventurier s'approche de la cheminée, avec, de toute évidence, l'intention d'en faire usage de manière peu habituelle.

Kytap chevauche lentement jusqu'à la sortie du bourg. Personne dehors à cette heure. A l'orée du bois, il accélère l'allure, bien déterminé à ne pas louper son rendez-vous avec le sorcier, dans les montagnes du nord, toutes proches. Cette nuit, vieu fou, pense t'il en lui-même, je te ferai payer tous tes méfaits !

(à suivre)

Chapitre 3 : Rendez-vous
Kytap zigzague entre les rares arbres encore présents si loin dans les montagnes. Au détour d'un rocher, il apercoit enfin les canines du démon. Si l'espion ne s'est pas trompé, la cachette du nécromancien devrait être toute proche. "Suis la langue du démon par une nuit de pleine lune, elle ira lècher la porte de son repaire". Mouais, il aurait pu être plus explicite. Malheureusement, il s'est enfui avec son argent, avant que le paladin ne puisse se quérir de détails. La langue du démon, assurément cela a un rapport avec ces deux pics pointus. Kytap quitte sa selle et laisse sa monture attachée à un arbre. La discrétion est de plus en plus de mise. Quand il se retourne, l'évidence apparaît devant ses yeux. Les rayons de la lune passent entre les deux canines et éclairent quelque peu un renfoncement dans la montagne d'en face. Pas d'ouverture apparente cependant. Peut-être le sorcier a t'il posé un sort de camouflage sur son antre. Cela n'aurait rien d'étonnant. Le chevalier se décide, et avance d'un pas assuré, mais point trop bruyant, vers la zone indiquée.

"Ouille !", s'écrit le petit magicien, lorsqu'une branche lui fouette le visage au passage. Il ralentit l'allure et vérifie les dégats. Pas de saignements. On ne voit décidément rien la nuit dans cette forêt touffue. Il vaudrait mieux tourner de suite vers le nord avant de se perdre pour de bon. Il vérifie sa boussole et tourne son cheval vers la gauche. Si personne ne m'a entendu, pense t'il, je suis au moins sûr de ne pas me faire repérer. Cette suie est bien épaisse et collante. Il faudra que je rappelle à la maîtresse de maison que les ramonneurs ca sert à quelque chose. Il se passe un mouchoir sur le visage, ce qui ne fait qu'améliorer son camouflage, ou plutot étaler la noirceur sur sa peau. Il talonne encore une fois son destrier, qui n'a pas l'air fier de porter un si petit homme, sale et puant qui plus est. Normalement ce raccourci devrait lui faire rattraper son retard sur Kytap. Ah ! Voilà le pont Est. Il s'arrête quelques instants pour faire reprendre son souffle à son cheval. Il va falloir éviter les monstres qui se baladent de l'autre côté. Squelettes, gobelins, bref, rien de réjouissant. Il revisionne la carte dans sa tête. Les deux pics se trouvent au sud. Encore loin de son objectif, la demeure d'Henr'tar, il s'autorise un "Yahhhh" lorsqu'il lance sa monture au galop pour traverser le pont de bois.

Le pichet est maintenant vide. Mais le sorcier s'en rend à peine compte. Plongé dans sa transe, le monde réel ne lui apparaît que troublé. Il enchaîne cependant sur la suite des incantations, comme si son inconscient le guidait, plus que sa volonté. Une fumée noirâtre comme à s'élever du tapis rocailleux qui compose le sol de sa grotte. Heureusement pour lui, il ne ressent pas l'odeur pestilentielle qui va de mise avec le nuage maléfique. Il tombe à genoux, comme en signe de bienvenue et d'allégance à un seigneur haut placé. Dans une seconde de conscience il se rend compte qu'il a complètement perdu le contrôle de son corps, et, par la même, de la situation. Cette brève étincelle de raison s'efface vite, remplacée par la volonté de son hôte.

Quelque part, dans l'Autre monde.

S'il avait un menton, il se le frottrait comme pour aider sa réflexion. Ainsi, mortel, tu as voulu jouer dans le camp des grands. Croyais tu réellement avoir la puissance nécessaire pour me résister ? Bah, probablement que tu n'as pas su ce qu'impliquait l'usage de l'incantation. Une partie de son esprit tournée vers le contrôle de ce frêle corps, le maître, continue sa réflexion. Tu veux un démon, bien, je vais t'en donner un. Mais il n'est pas l'heure de me faire remarquer en lâchant un démon dans la nature. Il faut qu'il habite un corps pendant un moment. Ca me permettra d'avoir un autre point de vue sur ce qui se passe dans Althéa. Difficile cependant de trouver le démon qui fera l'affaire, c'est à dire pas trop sanglant, ainsi qu'un corps récepteur convenable. Ce vieux sorcier n'est pas la cible parfaite. Trop évident, trop frêle, trop usé. Le maître ralentit un peu le rituel. Mais je sens un être puissant approcher. Un paladin ? Hm, oui, il fera l'affaire ! Approche, approche ... Ah ah ah ah ah ah !

(à suivre)

Chapitre 4 : Tension
Lavent n'a jamais vu son cheval aussi rapide. Il faut dire qu'avoir une troupe gobeline aux fesses vous donne des ailes. La vitesse et le danger derrière lui forment une combinaison parfaite pour le jeune aventurier. Son exaltation ne dure cependant que le temps d'apercevoir une autre assemblée de gobelins, en face de lui cette fois. Il réagit vite et tourne sur sa droite, passe entre deux rochers, et repique sur sa gauche. Il se retourne et marmonne quelque chose. Sur la falaise de gauche, un petit bout de rocher se détache, qui entraine un de plus et un autre, et finalement une petite avalanche de rocs se déclenche. Surpris les gobelins s'arrêtent. Le temps qu'ils ne soient plus hésitants, Lavent est loin. "Alors comme ca je ne suis bon à rien, en magie, hm ?", pense t'il. Malheureusement le sourire né sur son visage disparaît rapidement. Un cri horrible lui déchire les tympans. Cela vient du sud ... Henr'tar ? Impossible de reconnaître une voix déchirée de cette facon. Pas de temps à perdre, fonce fidèle destrier !

Kytap n'en croit pas ses yeux, ni son nez. L'odeur pestilentielle du lieu mèlée à celle du sang répandu sur le sol le révulse. Mais bien moins que la forme bizzaroïde qui se tient à quelques pas de lui, près de la table. Juste le temps d'apercevoir le corps allongé du sorcier, et le paladin a déjà compris que le petit jeu d'Henr'tar avait mal tourné pour lui. Enfin, il suppose que c'est Henr'tar, le traitement subi par ce corps ne permet aucunement de l'identifier. Kytap reporte son regard sur le démon, avec réticence cependant car cette vue semble pire que la forme mutilée sur le sol. Le chevalier ne perd pas de temps à essayer de détailler l'anatomie de la chose. Son instinct et son expérience de combattant le pousse de suite à se mettre en garde.

"Imbécile ! Ecervelé ! Déchet d'horreur railleuse !" Voilà ce qu'aurait crié le maître s'il avait l'occasion de parler en face de son démon. Cet idiot a trucidé le sorcier ! Ce qui fait qu'il ne reste plus qu'une cible pour le paladin : le démon lui-même. La stratégie n'est décidément pas le point fort de ces créatures. Impossible maintenant de prendre le chevalier par surprise et lui sucer son âme. Il ne reste plus qu'à ... le tuer !

(à suivre)

Chapitre 5 : combat
Kytap tient fermement son épée devant lui, ne sachant pas trop quel genre d'attaque la "chose" pourrait utiliser. Pendant quelques secondes un mauvais pressentiment l'envahit et il relâche un peu sa vigilance, convaincu qu'il va mourir cette nuit. Mauviette ! Un paladin n'abandonne pas comme ca ! Redresse-toi et montre ta puissance et ta volonté !

Le sourire du maître s'efface quelque peu. Difficile à influencer ce chevalier. Il était quand même sur le point de laisser tomber. Tant pis. Vas-y démon, à toi de jouer, et ne me déçoit pas.

La bête hésite à se lancer sur l'être humain qui lui fait face. Elle n'a jamais rencontré quelqu'un qui porte une carapace de métal à ce point aveuglante. La réflexion n'étant pas son point fort, les doutes disparaissent rapidement, remplacés par la soif. Elle lance un sort de nécromancie, et le combat commence !

L'armure bénie du paladin le protège quelque peu du sort suceur d'énergie, mais la puissance du démon est clairement affichée. Avant de subir une autre attaque magique, Kytap lance des boucliers protecteurs sur lui-même. Ensuite, une petite boule de lumière nait dans son gant de métal et s'en va frapper la chandelle sur la table. Comme prévu le démon détourne son attention du chevalier un bref instant. En un bond vers la droite, Kytap est sur la chose et abaisse son épée de toutes ses forces vers la base de son cou. L'arme traverse le monstre de part en part comme s'il n'était que de la fumée. Hébété et quelque peu emporté par son élan, Kytap titube d'un ou deux pas. La forme a disparu, mais il sent que le démon est toujours là. Par chance pour elle, la lumière a affaibli la consistance de la chose, et le coup du chevalier n'a donc pas porté. Le voile brumeux s'est déplacé vers la mare de sang du sorcier et s'en nourrit pour retrouver une existence physique bien que voilée. Averti par un bruit bizarre, Kytap se retourne juste à temps pour voir la bête se jeter sur lui, griffes en avant. Il roule à terre, passe sous elle et tente une coupe en taille où le saut du monstre l'a mené. Cette fois le coup porte, et le démon grimace. Le chevalier n'a cependant pas le temps d'apprécier le moment, car les griffes de la chose lui arrache la partie gauche du visage d'un mouvement rotatif si vif qu'il ne peut esquiver. La douleur met à genoux le paladin, qui est conscient d'avoir perdu un oeil dans l'affaire. Il est décontenancé par le fait que cette chose soit à la fois forme gazeuse et chair physique bien réelle. Sa réflexion cependant ne dure qu'un instant, le temps pour le démon de lui ouvrir la gorge d'une patte, et de lui arracher la tête de son énorme gueule. Son corps tombe sur le sol, comme une marionnette dont on coupe les fils, étrange poupée sans tête et sans vie.

Le bruit du galop d'un unique cheval arrive jusqu'à l'antre du sorcier. Un peu étonné et décu de ne pouvoir profiter de sa victoire, et surtout de sa victime, le démon recrache le morceau de métal et de chair, et s'apprête à recevoir l'invité surprise.

(à suivre)

Chapitre 6 : Dans l'ombre
Lavent saute de son cheval avant que celui-ci ne soit complètement arrêté. Malheureusement la manoeuvre ne lui est pas habituelle et il n'en sort qu'avec un roulé-boulé qui n'a rien d'élégant. Il se redresse dans la douleur et tourne la tête vers la grotte cachée du sorcier. D'ici il peut voir l'artifice et remarquer qu'une partie du flanc de la montagne n'est qu'une illusion de rocher. De loin cependant, impossible de distinguer la différence. Heureusement qu'une lumière vive, bien que brève, l'a mis sur la piste. C'est à ce moment-là, debout dans la nuit, un vent frissonnant dans le dos, qu'il se pose la question : mais que fais je ici ? Le calme qui règne dans la vallée arride n'est pas plus rassurant que le cri qui résonne encore dans ses oreilles. De toute facon, il ne peut plus reculer. En tout cas c'est ce que disent les héros dans les histoires. Alors, se dit il, soit un aventurier héroïque, effrayé, mais héroïque quand même.

Drôle de petit homme. Que vient il donc faire ici ? Impossible qu'il ait trouvé cette cachette par hasard. Connaitrait il le défunt paladin ? Il n'a rien d'un chevalier en tout cas. Cependant ... Le maître se demande s'il va enfin pouvoir utiliser son démon autrement qu'en arracheur de tête borné.

Le démon entend l'ordre du maître : se cacher, observer, attendre. Se cacher, il aime bien, mais observer et attendre, il s'en lasse vite. L'action, la violence, le sang, voilà les bases de son plaisir. Néanmoins, il obéit, et se dirige vers un coin sombre de la grotte.

Le petit mage essaye de jeter un oeil discret dans l'antre, mais rien n'y fait. L'intérieur reste invisible tant qu'on n'a pas passé la porte. Deux possibilités s'offrent à lui : entrer discrètement en faisant le moins de bruit possible, ou se jeter en avant pour surprendre un éventuel ennemi. Vu ses capacités au combat, Lavent choisit la première solution. Il s'adosse à la montagne et tente de repérer le moindre bruit, la plus petite conversation. Rien. Sa main se pose sur le manche de sa dague, peut-être pour se rassurer. Il se retourne lentement jusqu'à faire face à la supposée-porte. Et fait un pas en avant...

(à suivre)

et la suite

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:21:38 (#622710)

Chapitre 7 : La chair et le sang
Oubliées les bonnes résolutions de discrétion, de sang-froid. Lavent ressort plié en deux de la grotte et vomit son petit diner. Atroce, insoutenable, l'odeur qui règne dans ce lieu l'a assailli de plein fouet. Qu'a t'il donc pu se passer là-dedans ? A regret, il retourne dans la grotte, non sans protéger son nez avec un mouchoir, poussé maintenant par la curiosité. A travers ce filtre il n'arrive pas mieux à distinguer les odeurs. En gros il considère que ca sent la pourriture. Cette analyse olfactive semble des plus légères, mais son attention s'est en fait reportée sur ce qu'il voit dans la pièce.

Celle-ci apparaît quelque peu sombre, juste éclairée par une chandelle presque morte, sur la table près du mur de gauche. A droite on trouve de grands meubles remplis de livres. Entre les deux, pas grand-chose. La pièce est des plus dépouillées et serait presque impeccable, n'était ce le sol couvert un peu partout d'un liquide sombre. Les yeux du mage se portent naturellement vers une des grandes tâches près de la table et découvrent une forme allongée à terre. Lavent s'approche du cadavre et remarque tout de suite la robe qu'il porte. Pas de doute, c'est un mage, et donc probablement Henr'Tar. Le corps sans vie est bizarrement positionné, et Lavent préfère ne pas savoir comment il est mort. Il se tourne ensuite vers une autre mare de sang sur la droite. Cette fois ci il ne trouve pas de corps baignant dans le liquide. Il aperçoit cependant une trace brunâtre, comme si quelque chose avait été trainé sur le sol.

Il s'avance et remonte la trace du regard, un peu inquiet sur ce qu'il va trouver. Malheureusement, son inquiétude est bien fondée. Il finit par découvrir dans un coin sombre, entre deux bibliothèques, les restes d'un chevalier. Sans hésitation, Lavent reconnaît l'armure de son cousin. La tristesse envahit le pauvre mage, qui sent les larmes lui monter aux yeux. Kytap, Kytap, je t'avais bien dit de ne pas y aller seul, se lamente-t'il. Mais non, il a fallu que tu joues au héros, imbécile ! Lavent s'écroule en pleurs près du cadavre de son cousin. Il ne se reprend qu'après quelques minutes, et se dit que lui aussi joue au héros solitaire. L'impression de danger lui revient plus forte que jamais.

Un jeune homme, pas bien costaud, plutôt intelligent, un peu fougueux. Comment pourrais je me servir de ca ? Il y aurait bien une possibilité, rumine le maître dans l'autre monde. Mais son corps ne tiendrait sans doute pas le choc. A moins que ...

Dans son coin, le démon sent sa soif remonter à la surface, comme une envie refoulée qui pousse soudain plus fort et qu'on ne retient qu'à grand peine. Du sang humain, frais, jeune. Il en rêve, si tant est que les démons rêvent, il en veut, il en a besoin !

- Maître, maître laissez moi m'occuper de lui, je ...
- Arrête ca ! ... Tu vas l'avoir ce sang, ce corps, mais pas comme tu le penses.

L'être marmonne quelques basses incantations et les dirigent vers le démon. Celui-ci sent tout à coup sa force le quitter, sa volonté faiblir, sa forme physique se dissoudre.

- Vous, vous me renvoyez vers l'autre monde, maître ? Mais pourquoi ? Je vous servirai mieux, ne me faites pas revenir là-bas !
- Ne t'inquiète pas, pleurnichard, tu vas rester dans ce monde mais pas sous cette forme bien trop, hum, voyante. Je t'ordonne de d'habiter ce jeune humain !
- Qu...quoi ? Cet humain ? Mais il ne résistera pas, son corps ne pourra pas le supporter !
- Arrête donc de geindre, encore une fois ! Je sais ce que je fais ! Pourquoi crois tu que tu te sentes faible tout à coup ? Je t'ai enlevé la plupart de tes pouvoirs et de ta puissance, pour que tu puisses justement imprègner cette chair sans danger. Le seul obstacle, c'est l'âme de ce garcon. Et ca, c'est à moi de m'en occuper, ricane le maître.

(à suivre)

Chapitre 8 : L'Âme
"Mort"

Voilà la première pensée qui vient à l'esprit, c'est le cas de le dire, de Kytap lorsqu'il s'éveille. Plus de corps, plus de lien avec le monde des vivants. Une certaine tristese l'envahit. Pourtant il sent en lui un sentiment encore plus fort dont il ne peut se débarasser.

"Impression d'inachevé"

Oui c'est çà. Il était venu pour tuer un sorcier, pour éviter un désastre. En vain. Maintenant le démon va ravager Althea jusqu'à ce que quelqu'un de plus fort et de plus efficace que le paladin ne le renvoie dans son enfer. Car il y a toujours plus fort que soit, même pour les démons. Mais que de morts horribles à venir avant la disparition du démon.

"Ce n'est plus ton problème."

Kytap se rend compte que ces pensées ne lui appartiennent pas vraiment. Quelqu'un serait il en train de lui ... parler ?

"Je suis le guide. Je t'indique où tu dois aller. Tu as quitté le monde des vivants. Suis moi et repose en paix."

Le guide ? Reposer en paix ? Oui, la paix... Qui n'aspire pas à ce sentiment ? Le chevalier s'aperçoit qu'il peut toujours observer l'antre du sorcier. La sensation est différente de la sensation visuelle des vivants. Il voit tout, il est partout. Et ce qu'il voit ne le rassure pas. Lavent !!!! Que fait il ici ? Cet incorrigible gamin m'a suivi ? Et qu'est ce que ?! .... Le démon ! Il est toujours là. Cousin, non, toi tu ne peux pas mourir ! Je dois faire quelque chose !

"N'interviens pas, il vit sa vie, même si elle doit finir ici."

Tais toi maudit guide ! Tu ne connais pas la douleur, tu ne connais pas la rage, laisse moi agir !

"Que sais tu de ma capacité, ou non, d'avoir des émotions ? Quant à Lavent, je ne peux lire son destin, mais je doute qu'il meure bientôt."

Kytap, sur le point de lui lancer une réponse de son accabit, réfrène son ardeur en prenant conscience de la force de Lavent. Ce frêle petit bout d'homme ? Il dégage plus d'énergie qu'un soleil ! Comment est ce possible ?

"Cela dépasse ton entendement. Retourne toi vers moi, suis moi."

C'est à ce moment que le maître et le démon passent à l'attaque.

(à suivre)

Chapitre 9 : Piège
Lavent, se tourne un peu dans tous les sens, nerveusement. Il cherche le démon, qu'il croit toujours là. Non seulement il est arrivé sur les lieux très peu de temps après Kytap, mais en plus quelque chose en lui, peut-être son instinct, lui dit que le monstre se cache quelque part dans la demeure du sorcier. Pourtant, malgré le stress et l'attention extrême qu'il porte à ce qui l'entoure, le petit mage se fait surprendre.

Le démon écoute les ordres du maître : emprisonner l'humain, sans le tuer. Le monstre habitué à se jeter sur sa proie sans se faire voir -- la survie dans l'autre monde dépend de cette capacité à agir vite et discrètement -- choisit le bon moment et d'un bond se retrouve derrière le mage, et l'emprisonne de ses bras encore relativement puissants malgré l'affaiblissement provoqué par le maître.

Lavent recoit une décharge d'adrénaline, quand le monstre l'attrape, mais le surplus de force qui en résulte n'est pas suffisant pour qu'il se libère. Cependant il lutte et essaie de se sortir de l'étreinte en glissant vers le bas. Peine perdue, il serre trop fort. D'ailleurs, le souffle manque à l'aventurier qui ne peut même pas crier.

Parfait ! Garde le comme ca. Je n'ai qu'à détruire son âme et son corps sera à toi, démon. Le maître, sûr de son fait, se concentre quelque secondes avant de lancer une attaque psychique puissante destinée à éjecter l'âme du garcon de son enveloppe charnelle. Ainsi mise à nue, il n'aura plus qu'à la griller ! Mais le paladin, avec l'énergie du désespoir, se jette sur le démon à point nommé. Le flux d'énergie, sortant de la gueule du monstre, le frappe de plein fouet, et avec une telle force que le chevalier ne peut tenir le lien avec le monde réel et se voit rejoindre le lieu auquel le guide le destinait.

Lavent, lui aussi perd toute sa volonté, croyant sa dernière heure arrivée. Il perd toute sensation avec son corps et tombe dans une inconscience bienvenue. Le maître, enragé par l'intervention de Kytap, croit avoir quand même réussi lorsqu'il ne ressent aucune âme chez l'humain. Puisqu'il ne peut non plus repérer l'âme du garcon dans les alentours, il en déduit que son attaque a été si forte que l'esprit du petit homme a été détruit ou repoussé vers d'autres mondes.

Vas y démon, ce jeune homme est enfin à toi !

A regret, le démon laisse s'écouler de lui le flux vital, obtenu du sang de ses victimes. Il perd ainsi, lentement, sa forme physique. Lavent sans plus rien pour le soutenir tombe sur le sol. Après un court instant d'hésitation, le démon se jette sur le corps à terre, pour le posséder.

(à suivre)

Chapitre 10 : Premiers pas
Douceur, chaleur, protection, sécurité, tous ces sentiments, toutes ces sensations oubliées, résurgences du temps où il n'était qu'un bébé, tout cela, il le revit. Quelle paix après ces heures d'efforts, d'inquiétude, de peur. Il voudrait rester ainsi pour toujours, à l'abri de tous problèmes, de toute agression. Est ce cela que l'on appelle le bonheur ?

Quelque chose en lui le titille cependant. Ce petit défaut, ou grande qualité, qu'on nomme curiosité. Où se trouve t'il réellement ? D'ailleurs est ce la réalité, ou bien un simple rêve ? Fini ce court -- ou long d'ailleurs, sa perception du temps ne semblant plus fiable du tout -- moment de sérénité. Le petit mage est confus, inquiet à nouveau. Très vite la peur refait surface, insidieux parasite qui ne vous lâche qu'à grands efforts. Il prend alors conscience de son environnement. La description de ce qui l'entoure ne prend cependant pas beaucoup de temps : il ne voit rien, il n'entend rien. C'est le noir absolu.

Cet incapable a quand même réussi à faire quelque chose proprement, se dit le maître. Maintenant j'ai un jouet à moi, rien qu'à moi, sur Althéa. Je montrerai à Harn ce dont je suis capable. Il ne pourra que remarquer mon talent, mon intelligence. Un démon à forme humaine, voilà un outil bien plus efficace qu'un stupide arbre démoniaque !
Le maître reporte son attention sur le corps toujours à terre. Lève toi donc, démon ! Ce raté ne peut il contrôler un hôte humain ? Vue son humeur, le maître taperait le sol du pied d'impatience s'il en avait un.

Le monstre se retrouve complètement désorienté dans ce frêle habitat bien peu pratique : seulement deux yeux, une taille ridicule, des membres agiles mais fragiles, et surtout une machoire et une denture inadaptées à la déchirure de chair. S'il veut survivre, il va devoir utiliser des outils, ce qu'il n'apprécie pas trop. Un début de maîtrise de son corps lui permet de se lever, péniblement. L'équilibre lui manque encore, et il titube vers un objet brillant qu'il a repéré. Avec le peu de lumière de l'antre, c'est la seule chose qu'il a pu voir facilement. Exaspéré par tous ces défauts, le démon se met en colère, et sent la réserve de puissance en lui résonner. Et tout d'un coup la pièce s'éclaire, sa vision s'améliore. Il a découvert qu'avec un peu de volonté ou de concentration il peut adapter, il dirait même améliorer, ce corps à ses besoins. Arrivé devant l'objet, il l'identifie aisément : l'épée du paladin. Le souvenir de la souffrance venue du coup reçu dans le dos est encore vivace chez lui, et il rechigne à prendre l'objet. Il ne ressent pas de peur ni de rejet cependant. Il en déduit que la lame n'est pas bénie. Une dernière hésitation, et il se saisit de l'épée. Elle pourra lui servir, assurément.

Lavent est soudain pris d'une douleur intense, comme s'il était agressé de l'intérieur. La souffrance est brève, mais suffisante pour lui infliger un choc qu'il ne peut encaisser vu son état de fatigue. Il retombe alors dans l'inconscience.

- Bien démon, bien. Assez perdu de temps. Il faut tester ton abilité à te mouvoir, et à paraître, dans ce monde. Dirige toi vers la ville la plus proche, Windhowl.
- Oui maître... C'est par où ???
- Au sud, idiot !
- D'acord maître... Dites, maître, le sud, c'est quelle direction ???
- Mais quel crétin ! Sors de la maison, prend à gauche, et descend jusqu'à trouver une route. Suis la, tu finiras bien par arriver quelque part !
- A vos ordres, maître.

Le démon exécute parfaitement les ordres. Il est content que voir qu'il fait encore nuit quand il sort. Considérant ses expériences précédentes dans le monde des vivants, il n'apprécie pas vraiment la brûlure du soleil. Trouvant le bruit de la lame de l'épée trainant sur le sol gênant, li cesse de la laisser pendre au bout de son bras et la passe dans sa ceinture, content de sa perspicacité. Arrivé à la route, il commence à cheminer dans sa direction, sans même se préoccuper du sens. Comme le maître l'a dit, il y a de fortes chances qu'il atteigne un de ces ensembles de blocs de pierre creusés que les humains appellent "village".

(à suivre)

Chapitre 11 : La traversée d'Arrakas
Pas après pas, mètre après mètre, le démon sent la fatigue de son nouveau corps grandir. S'il le pouvait il enragerait d'avoir un enveloppe si faible. Malheureusement lui-même ne semble pas en grande forme. Une sorte de lassitude, de manque de volonté l'a pris il y a quelques lieues. Maintenant, alors que les premières lueurs de l'aube commencent à poindre dans le ciel d'Arrakas, il ressemble à un zombie qui avance sans but apparent. Cela n'est d'ailleurs pas loin de la vérité car le monstre a dû quitter la route plusieurs heures auparavant, pour fuir devant une troupe de gobelins qu'on pourrait qualifier d'agressifs. Il a bien essayé de combattre au début. Mais l'art de l'escrime lui était, et lui reste en fait, inconnu et, cédant devant le nombre, il a pris ses jambes à son cou. Cependant cela n'aurait pas été suffisant, n'était ce l'intervention bien venue d'un groupe de guêpes géantes, qui a semblé plus attiré par la robe rouge des gobelins que par l'accoutrement moins voyant de l'humain.

Ne s'accordant que de courtes pauses pour se désaltérer, il a donc marché et encore marché, suivant une étoile inconnue mais brillante, très bas dans la voute céleste, espérant ainsi conserver une direction cohérente. Une autre fois, pour éviter un groupe de brigands, il a préféré traverser une rivière à la nage. Le démon ne le sait pas mais il a poussé le corps du jeune homme, peu habitué à de telles épreuves physiques, à la limite de ce qu'il peut supporter. De plus le froid qui apparaît au lever du jour et ses vêtements trempés n'arrangent rien. Sa vue commence à se troubler, son dos à se vouter. Il se sert désormais de l'épée de Kytap comme d'un bâton de marche.

Arrivé difficilement au sommet d'une colline, le démon s'arrête quelques secondes pour observer les alentours. Et ce qu'il voit le fait presque sauter de joie. Des lumières partout -- Qui aurait cru le monstre jamais heureux de voir tant de lumière ? --, des maisons, des routes. Il a atteint une ville, et apparemment assez importante. Il a réussi ! Le maître sera fier de lui. Ce que le démon ne sait pas c'est que l'étoile qui le guidait n'était autre que le majestueux phare d'Histcoste, à la sortie du port de Lighthaven. Le nom de la ville qui se dresse devant lui a peu d'importance à ses yeux de toute façon. Malgré sa joie intérieure, il reste calme et quelque peu ébahi par ce qu'il observe. La bourgade fourmille déjà d'activité à cette heure matinale. Les restaurateurs et autres taverniers s'en vont chercher des fournitures au marché. Les paysans nourrissent leur bêtes, ou semblent se diriger vers une grande place pour faire leur vente. Des hommes armés participent à cette agitation, protégeant les travailleurs de possibles attaques de bêtes sauvages ou de voleurs mal-intentionnés.

La présence de ces gardes lui rappelle que la prudence est de mise. Mais il espère passer inapercu en se mêlant aux carrioles circulant sur la route en bas de la colline. Profitant du passage de l'une d'entre elle au détour du virage, il commence à decendre la pente en courant, pour aller se placer derrière elle. Du moins c'est ce qu'il veut faire. Un dévers qu'il n'a pas remarqué lui fait malencontreusement perdre l'équilibre. Le démon essaye bien de se rattraper mais sans réussite, et il dévale la colline en roulé-boulé. Sa chute est stoppée nette à mi-pente, lorsqu'il heurte un rocher de plein fouet. Le choc a porté, entre autres, sur sa tête et fait tomber le monstre dans l'inconscience.

(à suivre)


Chapitre 12 : Le passant
Rubrik conduit sa charrette en silence. Il laisse aux autres les "Hihop", "Ayo", "Eha", et autres onomatopées sensées pousser les bêtes de trait à avancer plus vite. Les siennes trouvent leur motivation dans quelque chose de plus concret : le bon foin qu'elles dégusteront s'ils arrivent à temps sur la place du marché de Lighthaven. Le conducteur, quant à lui, est plus influencé par la peur que par une quelconque manie de l'horaire. Bien qu'il n'en laisse rien paraître, ni dans ses gestes, ni sur son visage, il reste en effet à la fois attentif aux alentours, et effrayé par tout ce qu'on peut rencontrer sur le chemin de Lighthaven. Le temps où la venue à la ville était une joie et une fête est bien passé. Le vieil homme, comme toute personne ayant atteint un âge respectable, a évidemment la nostalgie facile. Mais les faits sont là. Une telle augmentation de présences, et surtout d'attaques, de gobelins, d'orques et même de brigands ne peut qu'annoncer un évènement grave. Quoi, quand, il n'en sait rien. Et de toute manière que pourrait faire un paysan comme lui ? Il garde donc son mode de vie, avec en plus un stress constant qui, à court sûr, augmente ses rides et diminue le nombre d'années qui lui reste à vivre.

C'est donc en surveillant les flancs de la colline qu'il aperçoit un jeune homme inconscient. Vu qu'il n'a pas encoré été dévoré, qu'il n'est d'ailleurs même pas entouré ou surveillé par des monstres, Rubrik considère que le garcon n'est pas là depuis longtemps. Est il en vie ou bien mort ? Le paysan hésite à peine entre continuer son chemin ou bien s'arrêter. Après la mort de son fils cadet, attaqué par une bande de gobelins, et lâchement abandonné par ses compagnons, Rubrik ne peut laisser quelqu'un sans assistance. Il tire sur les rênes pour stopper la charrette. Sa main se saisit automatiquement de l'arc posé à ses côtés. Malgré le poids des ans, il reste encore un des meilleurs archers du coin. Il faut dire qu'ils sont peu nombreux ceux qui savent se servir de cette arme sur Arrakas. Rubrik, quant à lui, a reçu le sien d'un étranger de passage qu'il avait recueilli par un soir de tempête il y a de ça bien des années, et a appris tout seul à s'en servir.

A grands-pas, il s'approche du blessé. Pas la peine de rester trainer là. Il vérifie juste l'état du jeune homme : il respire. Il le prend par les assielles et le traîne jusqu'à son véhicule. Encore un effort et Lavent se retrouve allongé parmi des denrées diverses et variées.

- "Et voilà, mon garçon. Direction le temple. Les prêtres sauront te soigner."

Le paysan retourne à ses rênes et repart, à une allure soutenue vers la ville toute proche.

(à suivre)

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:25:16 (#622727)

Chapitre 13 : Le réveil
Truk observe la scène du coin de la rue. Après avoir confié le garçon aux prêtres, le paysan repart dans sa charrette, sans doute pour se diriger vers le marché.

- Eh, y fait froid à rien faire. Allons donc nous réchauffer à la taverne !

Vrak n'a jamais été connu pour sa grande patience, par contre sa tendance à la boisson est indéniable. Truk indique la voiture qui s'éloigne à son compagnon.

- Puisque tu t'ennuies, suit le vieux. Juste au cas où.
- Mais pourquoi ? J'vois vraiment pas ce qui te pousse à t'intéresser à ce môme et c'croulant !
- Mon intuition... Je crois que tu as appris à la respecter, non ?

La main droite du voleur monte instinctivement à son épaule gauche, pour toucher la cicatrice. Vrak sait très bien qu'il doit la vie à la poussée du "chef", comme il l'appelle, permettant à la flèche, venue d'on ne sait où, de simplement blesser son bras, au lieu de transpercer son cou.

- D'accord, d'accord. J'y vais. Mais j'espère que ca s'ra pas pour rien.
- As tu bien étudié les vêtements du blessé ? Ils sont sales mais peu usés et de grande qualité. Qui te dit que le vieux ne va pas tout simplement aller chercher une bourse tombée par terre ?

Les yeux de Vrak s'illuminent soudain.

- Une bourse ? Tu crois ? Pleine d'or ?
- Pourquoi pas ?

Truk lui offre un sourire mystérieux plein de sous-entendus. Cela achève de convaincre le sous-fifre, qui s'en va, plein de volonté, mais à allure modérée vu le poids de graisse qu'il doit trainer, suivre l'humble équipage. Le chef le regarde trottiner quelques secondes, puis reporte son attention sur la grand-porte du temple. Il marmonne pour lui-même :

- De l'or j'en doute, mais autre chose, qui sait.

Truk n'a pas manqué, grâce à son oeil perçant, de remarquer le badge du gamin : le signe d'un élève-mage. Assurément, il ne vaut pas grand-chose en magie, mais il était peut-être en train de faire une course pour un plus haut gradé.

"Truk, mon vieux", pense t'il, "ton attirance vers la magie, que tu ne sais même pas pratiquer, va t'amener des ennuis un jour".
"En fait", se répond t'il à lui même, "c'est déjà fait depuis longtemps".

Il quitte son point d'observation pour aller enquêter de plus près sur ce jeune homme.

Lavent se réveille dans la douleur et la douceur. Un mal de crâne le lance sur le haut de son front, et il ressent la fatigue dans tous ses membres. Pourtant, en même temps, il apprécie les draps frais et le bon matelas de sa couche. Lit qu'il ne reconnaît pas, d'ailleurs.

"Si je ne suis pas chez tantine, c'est que tout ceci n'était pas donc pas un rêve ?", se dit-il.

Il ouvre les yeux, pour découvrir un plafond vouté en pierre, d'une taille imposante. Il s'appuie sur ses coudes pour regarder un peu plus à l'horizontal. La pièce est en effet assez grande, et remplie de lits, la plupart occupés. Des femmes en robe blanche vont et viennent entre les patients, car apparemment il n'est pas le seul mal en point dans ce lieu, distribuant ici soins, là réconfort. Pas encore très réveillé, le pauvre garçon arrive quand même à se demander comment il a pu atterrir là. Il s'attache en suite à essayer de définir ce qu'est ce "là". S'ensuit une réflexion simple mais difficile -- son cerveau semble rechigner à fonctionner -- par laquelle il conclut qu'il est dans un temple. Ce qui ne fait qu'ajouter des questions, lesquelles ne font qu'empirer la douleur présente dans son crâne.

- Bonjour, jeune homme. Loué soit Artherk, vous allez mieux.

Lavent sursaute à ces mots et se retourne vers son interlocuteur. Il découvre un grand prêtre, apparemment maigrichon, mais c'est difficile à dire avec sa robe, et au visage anguleux bien qu'amical.

(à suivre)

Chapitre 14 : Réalité
Rapidement essouflé, Vrak décide de poser ses fesses après la dernière habitation. Le fermier se doit de revenir pour vendre au marché. Et, pas de doute, il repassera par le pont des gobelins. Pas la peine de le suivre, de risquer une attaque, cardiaque ou bien de monstres, pour filer le train à quelqu'un qui fera demi-tour. Adossé à un arbre, il observe les jeunes aventuriers trucider des gobelins. Il leur laisse ce plaisir, le confort de la ville, et de la taverne notamment, étant plus attirant pour lui. Au loin, il peut même entendre le cri rauque d'orques. Il se demande réellement comment on peut vouloir sortir de la ville de nos jours. Il perçoit encore mieux le bruit des os tombant par terre, dans le cimetière. Ces squelettes ambulants sont une vraie peste. Heureusement que la grille est dissuasive. Malgré tout ce capharnaum, malgré la température encore froide, malgré son sens du travail bien fait, les paupières de Vrak sont de plus en plus lourdes. Il faut dire qu'il s'est levé avant le plus matinal des coqs, réveillé en sursaut par Truk. Celui ci ne lui a pas vraiment donné d'explication, mais, quand il est comme çà, excité par une intuition, impossible de le calmer. Il n'y a pas le choix, il faut lui obéir. Son intuition à lui maintenant c'est qu'une bonne sieste s'impose. Si le garçon a perdu quelque chose le vieux ne le trouvera pas immédiatement. Et tout doucement, le petit voleur s'endort paisiblement.

Trouvée ! Rubrik avait bien cru voir quelque chose de brillant pas loin de l'endroit de la chute de l'adolescent. Une belle épée, de bonne facture. La longue lame pèse lourd au bout de son bras. Que voilà une arme bien inadaptée pour un jeune garçon. Il la met sur son épaule et retourne à sa charrette. En chemin, il revient à l'objet. Intrigué, il regarde de plus près la poignée de l'arme. C'est la meilleure manière de deviner d'où vient une épée. Les deux lettres "WH" sur le pommeau indiquent sans nul doute qu'elle a été forgée à Windhowl. Deux dragons côte à côte, regardant à l'opposé l'un de l'autre, forment la garde. Cela ne lui dit rien. Par contre le petit cercle d'où sortent de légers rayons est facilement compréhensible, bien que troublant : cette arme est l'arme d'un paladin. Un petit chevalier probablement. L'arme n'est pas exceptionnelle, ce n'est donc pas un combattant d'élite. Et aucune pierrerie n'orne l'épée, il semble donc qu'il ne fasse pas partie de la haute, d'aucun disent riche, chevalerie. Il n'empêche que tout cela l'intrigue. La question la plus simple qui lui vient à l'esprit reste évidemement : Où se trouve le paladin ? Si le garçon n'est pas encore réveillé, il pourra peut-être l'interroger avant les prêtres. Sinon, il vaut mieux laisser tomber. Ce genre de détail ne ferait que les rendre méfiants. Le fermier accélère un peu pour passer rapidement le mini champ de bataille du pont, et s'en va ranger sa charrette au marché, avec dans la tête l'idée que cette journée lui réserve sans doute d'autres surprises.

- Es tu blessé à la gorge, mon garçon ? Ou bien es tu muet de naissance ?

Lavent tente de mettre de l'ordre dans les pensées qui vont et viennent dans son cerveau. Il cherche à se rappeler quelque chose que son paternel lui avait dit à propos des temples. Ah oui, ca y est, il se souvient : "Dis tout à Artherk, ne lui cache rien, mais soit moins bavard avec ses représentants.". Prudence est mère de sécurité. Le petit mage garde en tête ce principe.

- Non mon père, je suis juste encore étourdi.
- Ah, c'est compréhensible. Nous avons guéri ton corps, mais ton esprit réclame, lui, du repos. Malheureusement, par les temps qui courent, les lits de notre modeste clinique sont très précieux. Et, comme tu peux le voir, des blessés nous arrivent très fréquemment.

De son bras droit le prêtre indique l'entrée d'où un flot constant de personnes, plus ou moins en forme, entre et sort. Lavent remarque, quant à lui, quelques couches vides dans le fond, mais il préfère ne rien en dire.

- Je ... je peux me lever, mon père.
- Que voilà un jeune homme courageux. Artherk te remercie. Prends ces humbles vêtements. Les habits dans lesquels tu nous es arrivé sont dans un piteux état et vraiment impossible à porter désormais.

Lavent en doute un peu. Sa mère a elle même choisit le tissu de ses vêtements de chasse, et les a renforcé à l'intérieur en prévision des dures conditions que cette activité promet. Pourtant, là encore, il ne relève pas. Pendant qu'il enfile un pantalon et une veste en toile bien effilochés et trop grands de quelque taille, il pose une question au grand homme qui lui fait face.

- Mon père, me permettez vous de vous demander où je suis ?
- C'est une question étonnante, lui répond il en souriant. Viens avec moi, nous devons parler de toute façon. Un coin plus intime serait plus approprié cependant. En attendant je vais quand même te répondre. Tu es au temple d'Artherk de Lighthaven. Comme tu t'en doutes sûrement, non ?

(à suivre)

Chapitre 15 : Surveillance
- Je voudrais faire un don, mon père.
- Ah très bien mon fils, suivez le couloir jusqu'au fond et tournez à gauche.
- Merci. Par là ? Ah d'accord.

Truk prend le couloir. Il sourit en pensant aux yeux brillants du prêtre lorsqu'il a evoqué le don. Il se dit que ces belles robes brodées doivent coûter bien cher. Un peu avant un embranchement, il se baisse comme pour relacer ses bottes. Le prêtre est déjà occupé ailleurs. Le pseudo donneur en profite pour changer de direction. Il connaît bien la maison, pour l'avoir visitée de fond en comble, sans en prévenir les habitants à chaque fois.

D'abord aller jeter un coup d'oeil à l'infirmerie. Le gamin s'y repose peut-être encore, même si, et Truk l'avoue, les soins prodigués ici semblent très efficaces. A l'approche de la grande salle, Truk se met à boiter bas. Mais il n'aura même pas à faire son cinéma. Par chance, il croise dans le couloir le Second Ordonnanceur, accompagné de l'adolescent. Il laisse le grand homme le dépasser, et fait demi-tour pour les suivre discrètement. Le vice, comme l'appelle Truk, s'intéresse à un gamin blessé ? C'est bien la preuve que son intuition était la bonne. Qu'est ce qu'il manigance encore ce squelette ? Les deux personnes entrent dans une petite pièce. La chambre, nom officiel. Truk préfère la dénommer par ce qui se passe dedans : la salle de l'interrogatoire. Il se demande s'il y aura un témoin cette fois. Il garde un plutôt mauvais souvenir de son dernier séjour dans cette pièce. Ils n'avaient rien pu tirer de lui cependant, si ce n'est l'emplacement d'une petite réserve de faux calices d'or. Lui, par contre, avait remarqué le tableau derrière le bureau du questionneur. L'originalité n'est vraiment pas la qualité première des prêtres. Il a tout de suite deviné que cette peinture cachait un oeillet permettant à quelqu'un de tout voir. Maintenant il s'efforce de trouver la pièce connectée à la chambre. Il repère une porte banale un peu en arrière. Rien de remarquable, c'est donc une bonne piste. Il prend la poignée. La porte s'ouvre sans difficulté, ni grincement. Encore un autre bon signe. L'intérieur est dépouillé. Un grand tabouret trône près du mur de gauche, celui mitoyen avec la salle de l'interrogatoire. Truk s'y asseoit. L'oeillet est bien là. Il y a aussi un objet bizarre : un cône qui pend à un fil. Le voleur l'approche de son nez. Rien dedans, à part ... Oui, un bruit semble en sortir, des voix même. Drôle de sorcellerie. Il le porte à son oreille. Il reconnaît de suite la voix du Second Ordonnateur. Voilà un outil intéressant. L'oeil collé à la petite ouverture, l'écouteur sur son oreille, Truk peut maintenant suivre tout ce qui passe.

La colère. Un sentiment qu'il adore d'habitude. Il en retire une délicieuse énergie. Mais cette fois la frustration qui l'accompagne gâche un peu tout. Cet imbécile de démon a complètement disparu. Impossible de contacter son âme déchue. Le maître des sans-noms ferait les cent pas s'il avait des jambes. La dernière fois qu'il avait pris note de la situation du démon, celui-ci approchait de Lighthaven. Pas par hasard bien sûr. Le maître l'a guidé à son insu.
Mais il a perdu la trâce de cette chose il y a un bon moment maintenant. Alors evidemment plusieurs hypothèses se bousculent dans son esprit. La mort du garçon ? Non, le démon serait revenu dans l'autre monde. L'inconscience ? C'est plus probable. Mais pas durant des heures. La reminiscence de l'âme du petit mage ? C'est la pire des possibilités, mais aussi la plus réaliste. Dans ce cas, une seule solution s'impose : "réveiller" le démon, le faire revenir à la surface. Le moyen pour y parvenir ? Le maître, plein de ressources, pense l'avoir trouvé.

(à suivre)

Chapitre 16 : Le passé
- Prenez place jeune homme.
- Merci mon père, répond Lavent en s'asseyant.

Le pauvre se sent nerveux. Pourquoi le faire venir ici ? La pièce semble comfortable, bien chauffée. La décoration assez riche trouble un peu le petit mage. Il s'attend à quelque chose de plus humble dans un temple. Il devine donc que la personne qui lui fait face n'est pas un simple prêtre.

- Bien, je vais commencer par me présenter, car vous ne semblez pas me connaître. Je suis Alver, Second Ordonnateur du temple d'Artherk. En tant que tel j'officie à Lighthaven, qui a toujours été une ville dévouée à notre dieu. Et toi, qui es tu ?

Au regard inquisiteur lancé par le maigre mais solide homme de dieu, le jeune mage se doute qu'il sera difficile de le tromper. De plus ce mélange de vouvoiement et de tutoiement le met mal à l'aise. La vérité, il faut lui dire la vérité. Du moins en partie.

- Je ... je m'appelle Lavent D'Irion. Je viens d'une bourgade du Nord.

Le prêtre ne réagit pas. Aucune surprise ne peut se lire sur son visage.

- Tiens donc. Et quelle ville ?
- Crimlake, mon père.
- Oh, je vois. Ca n'est pas la porte à côté. Le chemin a dû être pénible jusqu'ici, entre les gobelins, les kraaniens et les guêpes géantes... Quel était le but de ce voyage ?
- Je ... ahem ... je devais me rendre à Windhowl. J'ai dû me perdre en cours de route.
- Ah, Windhowl. Mais même la route vers Windhowl est dangereuse. Tu as fait tout ce chemin tout seul, mon enfant ?
- Nnnnon non, mon cousin m'accompagnait. Malheureusement nous nous sommes fait attaquer et il est mort pendant l'assaut, en me protégeant.
- Oh je suis désolé. Nous devrions lui donner une tombe décente. Où vous êtes vous faits attaquer ?
- Je ne me rappelle plus. Avec toutes ces émotions, et mon coup sur la tête...
- Hm oui, eh bien tu devrais prévenir ta famille, qu'il ramasse sa dépouille, sans doute quelque part sur la route de Windhowl. Pauvre Kytap, Artherk ait son âme...

Lavent reste abasourdi par cette dernière phrase. Comment connaît il son cousin ?

- C'est bien ce cousin là, non ?
- Ooui mon père. Comment avez vous deviné ?
- Oh je connais un petit peu la famille D'Irion. Vous n'êtes pas très nombreux. Et Kytap fait le parfait garde du corps. C'était déjà un combattant de talent quand il servait la Garde de Lighthaven.
- La garde ?
- Bien sûr la Garde. Tous les paladins se doivent de rendre service au royaume, et par là-même à Artherk. Kytap avait choisi d'être garde. Oh pour un temps limité, sauf si sa vocation s'affirmait. Tu n'étais pas au courant ? Etonnant, lui dit le prêtre avec son meilleur sourire malicieux.
- Ah euh si, évidemment, répond Lavent en se passant la main sur le front.
- C'était un homme de valeur, qui promettait beaucoup. Dommage qu'une erreur n'ait mis fin à une carrière si bien engagée.
- Quoi ?
- Oui, on ne peut rester garde après avoir tué un innocent. Il a évité le déshonneur de sa compagnie en rendant sa pierre de vie, et en quittant la ville. Sans doute pour revenir à Crimlake.

Le mal de tête de Lavent ne fait qu'empirer. Kytap ? Un tueur ? Radié de la Garde ? Pourquoi n'a t'il jamais rien dit ? Sur toutes ces années d'aventure, il y avait donc plusieurs mois au service de la Garde... Le prêtre se trompe, Kytap a dû vagabonder un certain temps avant de revenir chez lui.

- Une triste histoire, mais nul doute que ses anciens compagnons seront désolés de sa mort. Il a sans doute perdu sa précision et son efficacité à la campagne. Difficile de croire que quelques monstres d'Arakas aient pû le tuer si facilement.
- Eh bien c'est à dire que ... euh ... il faisait noir alors je n'ai pas vu ce qui nous a attaqué exactement.
- Mais pourquoi voyager de nuit ? Etait ce si pressant ?
- Nous euh ...
- Il suffit, gamin. Arrête de me mentir. Quand tu nous es arrivé nous avons remarqué des tâches étranges sur tes vêtements : du sang mêlé à des produits utilisés dans des rituels interdits. COMMENT ces tâches sont elles arrivées sur ton manteau ? Réponds !

Tok tok tok ! Quelqu'un frappe à la porte. Les coups sont rapides.

- Qui est là ? Je suis occupé ? Revenez plus tard !
- Monseigneur, c'est une catastrophe !
- Quoi, quoi ? Que se passe t'il ? Entrez et soyez clair !

Le prêtre ouvre la porte et annonce d'un visage apeuré,

- Nous sommes attaqués ! Une invasion de squelettes !

Alver ne smeble pas effrayé par cette nouvelle.

- Eh bien appelez la Garde. Ce n'est pas quelques squelettes qui vont lui tenir tête. Qu'ils les repoussent au cimetière. Maintenant laissez-moi.
- Mais, mais monseigneur, la Garde est débordée. Les vagues de squelettes les submergent !

(à suivre)

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:28:25 (#622742)

Chapitre 17 : Agitation
Alver suit le prêtre, ou plutôt est trainé par le prêtre hors de la pièce.

- Ah, lâchez moi, je viens ! Une seconde.

La porte se referme violemment. Un bruit de clé. Oh non, pas encore, pense Lavent ! Se faire enfermer deux fois à quelques heures d'intervalle, quelle poisse ! Le bruit des pas des deux hommes s'éloignant s'éteint peu à peu. Le petit mage ne sait que penser. Apparemment il est en danger. Si on l'accuse de magie noire, sa vie se terminera bientôt. Un comble pour quelqu'un qui voulait aider à tuer un nécromancien. Il se lève et commence à marcher de long en large d'inquiétude.

Soudain son cerveau aux aguets avec cette tension lui indique un petit son à peine audible. Ca vient de la porte. Serait il de retour ? Déjà ? Pas d'endroit où se cacher. Il se colle contre le mur, à droite de l'ouverture, prêt à assommer le possible entrant. Le bruit du penne dans la serrure. Un pied se pose un peu devant l'embrasure. La botte n'a rien d'une sandale de prêtre. Au moment où l'intrus s'avance, Lavent balance ses deux poings joints vers son ventre. Truk, expérimenté voleur, évite le coup de justesse et fait perdre l'équilibre au jeune homme.

- Drôle de façon d'accueillir ton sauveur, dis donc. allez relève-toi. Je ne suis pas ton ennemi.

Il tend son bras vers le garçon à terre, qui, après une brève hésitation, l'attrappe et se met debout.

- Qui êtes vous ?
- Pas de le temps de palabrer. La situation est chaude dehors, mais la deviendra ici aussi si on reste là à se faire des politesses. Suis moi ou bien apprête toi à répondre clairement au vice.
- A qui ?
- A Alver, le squelette ambulant parti voir ses frères. Allez viens. J'espère que tu n'as pas peur du vide, hm ?
- Euh non, enfin je ne sais pas. Ca dépend. On va où ?
- Jouer les chats perchés.

Truk entraine Lavent avec lui dans un dédale de couloirs, jusqu'à trouver un escalier en colimacon. Les deux hommes s'y engouffrent, et montent les marches quatre à quatre. Du moins au début. Lavent s'essoufle après le quatrième ou le cinquième étage, il ne compte pas vraiment. Mais la sortie est proche. Ils débouchent sur une petite zone ronde à l'air libre : un minaret. D'ici ils ont une vue magnifique sur la ville. Du moins serait elle magnifique si ce n'étaient les batailles se déroulant un peu partout. Aux quatre coins de Lighthaven, des hommes et des femmes se battent contre des hordes de squelettes. Truk ne lui laisse pas le temps de bailler aux corneilles. Il lui montre le toit derrière eux.

- Par là.

Il passe par dessus le muret, suivi par un Lavent intimidé par la hauteur du bâtiment. Pendant qu'ils s'en vont à la file indienne, en direction d'un autre toit tout proche, le mage jette un coup d'oeil aux alentours. Les combats n'ont pas l'air de faiblir. Des nuages de poussière commencent à s'élever ici et là, masquant un peu le spectacle. Non pas que cela soit si intéressant à voir. Les squelettes s'écroulant en morceau et les hommes tombant sous les coups forment au contraire une peinture dégoutante. En certains endroits cependant des éclairs, des boules de feu, des lumières dénotent des échanges plus remarquables. La magie fait son oeuvre. Et ca ne le laisse évidemment pas indifférent. Alors qu'ils approchent enfin du bord du toit, Lavent ressent d'un coup une forte excitation, bizarrement provoquée par l'odeur du sang remontant d'une ruelle. La sensation est vite suivie d'un horrible mal de tête. Le garçon, de réflexe, se prend le crane à deux mains. Le mouvement lui fait perdre l'équilibre, et il chute sur le toit et commence à rouler vers le bas.

- Eh !

Truk ne réagit pas assez vite et ne peut que constater les dégats. Le jeune homme disparaît dans un cri, parmi la poussière. Enervé, le voleur voit toute chance de rançon s'évanouir avec son otage. Il garde quand même la présence d'esprit de s'enfuir sans demander son reste.

(à suivre)

Chapitre 18 : Réflexion
Le démon se relève difficilement. Quelle chute ! Aussi près de la ville, c'est vraiment pas de chance. Au moins il fait jour maintenant, bien que brumeux, et des murs ont poussé au bord de la route. Des murs ??? Hébété, il regarde tout autour de lui. Des abris humains partout. Où se trouve t'il donc ?? Maître, maître, appelle t'il !

Le dirigeant des sans-noms se satisfait de l'efficacité de son plan, même s'il ne comprend pas vraiment comment le démon a pu revenir à la surface aussi vite. La puissance des défenseurs de Lighthaven l'a également surpris. La bataille fut ardue, mais brève. La haine et la violence dégagées ne lui ont pas semblé suffisantes pour libérer la barrière de l'esprit du jeune homme. Il faudra qu'il étudie cela de plus près. Pour l'instant, il se concentre sur le monstre qui requiert son aide.

- Tu es à Lighthaven, dans la ville.
- Comm... ????
- Tais-toi, laisse moi parler. L'explication, tu as perdu connaissance et le jeune homme a repris sa place dans son corps. Mais j'ai pondu un magnifique stratagème pour te sortir de ce mauvais pas. Seulement, évite de tout gâcher désormais.

Une pensée vient soudain à l'esprit du meneur. Son plan aurait pu se révèler une véritable catastrophe. L'humain aurait pu mourir, tué par un des squelettes. Il doit se prémunir contre ce genre d'aléa.

- Mmmaître ?
- Hum, ne soit pas si bavard, je réfléchis.

Le démon, dépité, se décide à bouger en attendant que le maître ait fini de cogiter. Et il rencontre un obstacle qui l'envoie bouler par terre. Il regarde à ses pieds : il était dans un tonneau ! Comment a t'il pu ne pas remarquer cet état de fait ? Il se frotte la tête de douleur et d'incompréhension.

- Sans-nom, tu vas devoir mettre la main sur un objet très important.
- Quoi donc, Maître ?
- Une pierre de destinée.
- Un caillou ? D'où, vous dites ?
- Ton innocente ignorance m'étonnera toujours... Une pierre de destinée, un bijou d'invention qui permet à son porteur de ne pas mourir, mais, à la place, de se retrouver dans un sanctuaire. Et cela marche à l'infini. De plus ce caillou, comme tu l'appelles, une fois lié à une personne, ne la quittera jamais plus.
- Ca a l'air chouette, Maître ! Où faut il creuser pour en trouver une ? Ou bien faut il en acheter à un marchand ? Parce que vous voyez, je n'ai pas d'argent, et ce corps est assez faible, alors je ne pourrai pas creuser partout, sinon...
- Généralement c'est le roi Théodore qui en donne aux aventuriers qu'il juge dignes de confiance.
- Alors il suffit d'aller voir le roi ! Facile !
- Démon, tu es TOUT sauf digne de confiance. Qui plus est, Le roi est loin et très occupé, du moins dans ses rêves.
- Ah oui, c'est vrai maître, vous avez raison maître.
- Il faut que tu te procures une recommendation.
- Une quoi ?
- Un bout de papier qui dit que tu es un homme valeureux, prêt à servir le royaume. Ca devrait suffire. Trouve toi un faussaire.
- C'est quoi un faux serf ?
- N'y a t'il donc rien dans cet amat de fumée qui te sert d'esprit ? C'est une personne qui va écrire tout çà sur un papier et faire croire qu'il a été écrit par quelqu'un d'autre. Récupère quelques pièces d'or, et débrouille toi pour rencontrer un faussaire. Et ne compte pas sur moi pour t'aider. Mes pouvoirs ont des limites.
- Mais ...

Le contact est rompu. Le démon se retrouve seul et désemparé face à ce monde des humains qu'il ne connaît pas. Peut-être lui était il familié si, alors qu'il était un être vivant, il en faisait partie. Malheureusement cela remontre à bien trop loin. Et lui-même ne sait pas quelle était son incarnation originelle. Il se met en marche la tête basse, sans faire attention à ce qui l'entoure.

(à suivre)

Chapitre 19 : Retrouvailles
Tout semble calme. Rubrik jette un oeil dehors. Pas de trace de squelettes tenant encore debout. Il décide de quitter le refuge des marchands, pour essayer de retrouver son attelage. Les bêtes se sont sans doute emballées. Si la malchance le frappe, elles sont peut-être mortes, tout simplement. L'épée du garçon en main -- on n'est jamais trop prudent -- il marche dans Lighthaven, tentant de trouver des traces de son chariot. Impossible. Tout est brouillé. La bataille a du être rude dehors. Le paysan, courageux mais pas téméraire a en effet préféré rejoindre un endroit sûr, plutôt que se battre contre de tels ennemis. Si la situation s'était dégradée, il aurait aider les combattants, bien entendu.

Il repère enfin des traces de roue dans la poussière. De nombreux sillons, plus ou moins parallèles. Les bêtes ont suivi leur instinct grégaire et sont parties en groupe, vers la sortie de la ville. Il ne reste plus qu'à prendre la direction des rainures, et espérer. Arrivées à la fontaine, les marques bifurquent vers le sud. Plusieurs personnes imitent Rubrik et s'en courent après leur bien. Le vieil homme ne se presse pas au delà d'une limite raisonnable, cependant. Il sais qu'il n'y a pas grand-chose d'intéressant à voler pour un chapardeur, si ce n'est l'attelage lui-même. Il suppose quand même que les voleurs sont probablement plus occupés à détrousser les cadavres, ou les maisons vides, qu'enclins à courir après des boeufs plutôt lents, mais infatiguables.

Alors qu'il s'apprête à saluer quelques têtes connues, avant de repartir jouer les pistards, il aperçoit le jeune homme qui déambule ici et là, apparemment sans but. Rubrik contourne l'assistance et rejoins Lavent rapidement.

- Eh, mon garçon !

Le démon sursaute et se retourne vivement. Il voit un humain s'approcher de lui en brandissant une épée. En voudrait il à sa ... vie ? Un détail pourtant l'empêche de s'enfuir. C'est, oui, c'est bien l'épée du paladin, que tient le vieil homme. D'où la tient il ?

- Ah, content de te voir debout, petit. Tu sembles t'être bien remis. Juste un peu palôt, mais ca semble normal avec la drôle de journée qu'on vit. Mais tu dois te demander qui j'suis. Rubrik, c'est mon nom, je t'ai ramassé inconscient aux portes de la ville, ou quasiment. Je t'ai déposé au temple, et j'allais y laisser cette arme, lorsque les squelettes sont sortis de leur trou. Je m'suis donc retrouvé bloqué dans une masure solide, mais encombrée. Alors c'est un coup de chance de te rencontrer là. Tiens, je te rends ton épée.

Le garçon accepte l'arme sans mot dire.

- Dis donc t'as pas froid avec un accoutrement pareil ? Moi j's'rais gelé jusqu'aux os. Où sont passés tes beaux vêtements ? Hum, peut-être que ca te touche quand même. Tes lèvres sont collées par le givre, ou bien t'es juste muet ?
- Je n'ai pas froid, simplement soif.
- Hé hé avec la température qu'il fait je te déconseille l'eau de la fontaine. Et tu sembles trop jeune pour la taverne.
- Je me débrouillerai.

Le démon commence à s'éloigner sans en dire plus. Etonné, Rubrik ne réagit pas tout de suite. Les jeunes d'aujourd'hui sont vraiment pas polis. Pas même un "merci môssieur". Rien. Il regarde le jeune homme s'éloigner. Sa démarche manque pour le moins d'assurance. Le paysan s'en va rattraper le garçon.

- Petit, attends ! Tu es sûr que çà va ? Où vas tu comme çà ? Voir un parent ? Tu connais la ville.
- Non.
- Non à quelle question ?
- Non à toutes.
- Oh, hum, écoute, je connais un bon coin chaud. C'est vide mais c'est mieux que de se balader dans le froid. Ca te dirait d'y rester un moment ? Jusqu'à ce que tu reprennes réellement tes esprits ?
- Vide ?
- Oui, c'est une ancienne forge. L'endroit est abandonné maintenant, mais je m'en sers, euh, pour mes affaires. On peut y aller, si tu promets de ne parler de çà à personne...
- Parler de quoi ?
- Ouais, apparemment pas de risque. Allez, viens.

Le vieux part en tête. Le démon le suit avec un sourire de mauvaise augure sur le visage.

(à suivre)

Chapitre 20 : La forge
- Nous y voilà. Entre.

Rubrik s'efface pour laisser passer le jeune homme. Le bâtiment semble fait d'un seul tenant. On remarque évidemment d'abord le grand "bac à chaudes", comme l'appellent les gens de la région, c'est à dire un disque concave en pierre sur lequel gisent des morceaux de roc destinés à être chauffer. Le feu se situe en dessous, dans le bloc même. On peut supposer qu'un grand soufflet pouvait se mettre en face de trous visibles sur le côté pour attiser le feu. Le reste de la pièce ne montre rien d'intéressant : de vieux outils, des armes rouillées, une table, un ou deux tabourets, un tapis roussi. Le paysan a raison, c'est vide.

- Pas mal, hein ? Bon, d'accord, c'est rustique. Mais c'est spacieux et bien chauffé, continue le vieil homme en montrant de la main un tas de bois dans l'ombre. Et surtout, c'est discret. Allez, reste pas cloué sur place. Approche toi du feu.

Rubrik prend deux tabourets et les rapproche de la chaude pierre. Il s'assied sur le premier, et invite du geste le garçon à l'imiter.

- Je ne vais pas rester longtemps. J'dois retrouver ma chariotte. Mais toi tu peux te reposer ici.

Le jeune homme se décide à s'asseoir, mais reste toujours silencieux. Il regarde son hôte fixement, sans pour autant sembler le voir. Le fermier se sent mal à l'aise tout d'un coup. Dans une journée pour le moins inhabituelle, ce face à face est pourtant ce qui l'inquiète le plus.

- Mais, euh, tu ne m'as toujours pas dit ton nom, petit.
- Je n'ai pas de nom.
- Ah ah ! Tout le monde a un nom. Et c'est quoi ce bracelet à ton poignet ? L-a-v-e-n-t ... Lavent, c'est çà ? Alors pour quoi m'as tu menti ? Tu ne me fais pas confiance ? Bon j'avoue qu'avec tout ce qui t'arrive, tu dois rester méfiant. Et
- Tu parles trop, humain.
- Huh ?

Sans prévenir, le démon se jette sur lui. Sa main droite attrape la gorge du malheureux et la serre alors qu'ils tombent tous les deux par terre. Accroupi sur Rubrik, il commence à l'étrangler de toutes ses forces et de ses dix doigts. Un rictus d'animosité s'incrit sur sa figure, qui n'a plus grand-chose d'humain ainsi déformée. Le paysan se débat furieusement. Ses mains cherchent d'abord à retirer les bras du démon, puis elles se lancent sur la propre gorge du garçon, sans succès. Il suffoque. La panique lui donne des forces insoupconnées et il réussit presque à détroner l'assaillant de sa place. Mais le démon tient bon, et sert de plus en plus fort. Rapidement, le manque d'air devient intolérable pour le corps du vieil homme, qui est secoué de spasmes aussi violents qu'inutiles. Ses mouvements ralentissent tout d'un coup, et ses bras retombent, flasques, sur le sol. Lavent ne lâche sa prise que quelques secondes plus tard. Un peu essoufflé lui-même par l'effort. Il se relève puis prend l'humain par le col. Il le regarde un instant. Il se tourne ensuite vers la forge, et s'en rapproche avec son fardeau. Un dernier temps mort, et il abat le corps sans vie sur la pierre. Le crâne explose dans un éclat de sang, de cerveau et d'os mêlés. Le démon éclate de rire. Il porte la tête sanguinolente à sa bouche et commence à boire goulûment le liquide rougeâtre qui s'en écoule.

(à suivre)

Chapitre 21 : Sauve qui peut
Vrak relève un peu la couverture et jette un coup d'oeil dehors. La campagne est paisible, comme endormie sous le manteau de neige qui s'étend sur les plaines d'Arakas. Le voleur ne s'y laisse pas prendre cependant. Le danger est présent partout sur cette île. On peut même mourir dans son lit. C'est un des arguments qu'il utilise le matin pour se convaincre de quitter son nid douillet. Il se décide à se découvrir complètement. La charrette s'est arrêtée, mais qui sait si les bêtes ne repartiraient pas pour un rien, un bruit, un cri. Il grimpe sur quelques barils et se met à la place du cocher. Il ne peut s'empêcher toutefois de jeter un autre regard à la marchandise. Le vieux fou fait donc bien de la contrebande d'alcool. Il connaissait les rumeurs -- qui sont nombreuses dans les bas-fonds de Lighthaven -- mais il n'en avait aucune preuve. Il faut avouer que cela reste bien étrange. Les boissons fortes ne sont pas interdites dans Goldmoon. Ces barriques doivent contenir un breuvage rare ou aux effets indésirables. Il se retient de gouter l'énigmatique liquide à grand peine. Une chose après l'autre. La priorité c'est de revenir vers la ville. Les rênes en main, il fait faire demi-tour à l'attelage, et indique une allure modérée aux boeufs. Il sont encore excités et effrayés par ce qui est arrivé. Il vaut mieux les laisser se calmer un peu.

Chemin faisant, il se remémore les évenements qui l'ont amené à conduire un chariot. La frayeur qu'il a eu au réveil de son léger somme le hante encore un peu. Le râle d'un homme mourant tout près de son arbre l'a sorti de sa torpeur en sursaut. A peine a t'il pu repérer l'origine du bruit que le cadavre disparaît comme par magie. Un retour au temple. A l'endroit du méfait ne reste qu'environ une vingtaine de squelettes qui se tournent l'un après l'autre vers Vrak. Une fois comprise l'horreur de la situation, la future cible agit. Il se lève lentement, et tente de trouver un subterfuge pour détourner l'attention de ce tas d'os ambulant. Sa réflexion est encore empruntée et il ne doit son salut qu'à l'arrivée d'une boule de feu dans les rangs des morts-vivants, qui s'éparpillent pour aller dire bonjour à l'auteur de cette nuisible magie. Vrak en profite pour prendre ses courtes jambes à son cou. Son instinct le dirige vers le centre du bourg, d'aucuns auraient dit vers la taverne, mais sa progression est stoppée nette sur la place du marché. Elle semble bloquée de tous côtés par des combattants, défenseurs et attaquants. Et Vrak préfère éviter les coups d'épée ou les éclairs perdus. Impossible de rebrousser chemin cependant. Déjà d'autres zombies arrivent du cimetière. Paniqué, il cherche du regard une solution pour sauver sa petite vie, lorsqu'il aperçoit une charrette près d'un des nombreux stands du marché. Il court vers elle et se jette sous la couverture qui cache et protège son contenu. Il ne reste plus qu'à rester discret et espérer que personne ne s'intéresse à sa cachette.

Malheureusement, les forces motrices du véhicule sont d'un autre avis, et après une explosion plus forte que les autres, et surtout plus proche, les bêtes de trait se mettent en marche, affolées par les évènements et décidées à aller voir ailleurs si les squelettes y sont. Vrak ne fait que deviner tout cela, vu qu'il ne peut rien observer de sous la toile, mais cela n'aide pas à le rassurer. Après dix minutes de cahotage, de changement de direction intempestifs et de meuglements intensifs, l'équipage arrive à destination, à savoir dans un coin sans monstre et sans bruit.

Maintenant, alors qu'il approche de la ville, et que de légers flocons descendent en douceur devant ses yeux, le voleur réfléchit à ce qu'il va dire à Truk et au fermier. Il ne manquerait plus que ce dernier l'accuse d'avoir emprunté son bien. Une solution serait de jouer la carte de l'honnêteté et de l'innocence. S'il ramène la charrette à son propriétaire il ne pourra qu'en être heureux. Avec un peu de chance Vrak arrivera peut-être même à le convaincre d'avoir une petite récompense, tel une dégustation de la marchandise secrète. Au moins devine t'il où Rubrik a de grandes chances de se trouver : la vieille forge. Car s'il ne connaît pas tout ce qui se passe dans Lighthaven, le voleur est bien au fait de chaque bâtiment, de son contenu, et de son propriétaire. La forge, il n'y a jamais rien découvert, cependant. Il décide de s'y rendre, en espérant que le fermier s'y trouve.

Les bêtes paraissent retrouver le chemin d'elles-même. La traversée de la ville se fait sans problèmes. La bataille est bien loin. Les habitants ont la mémoire courte, et surtout l'envie d'oublier tous ces mauvais moments. L'attelage s'arrête de lui-même devant la forge, l'arrière positionné face à la porte. Serait ce pour faciliter le chargement et déchargement ? Vrak descend et se dirige tranquillement vers l'entrée. Il prépare son sourire le plus amical, et donne trois coup sur la porte en bois.

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:31:04 (#622753)

Chapitre 22 : Enigme
De toit en toit, Truk progresse vers l'ouest de la ville. Il pourrait arrêter de jouer les funambules et descendre dans la rue pour faire comme tout le monde, mais il se sent plus à l'aise là-haut, loin de tout le brouhaha de la foule. Loin des squelettes aussi. Néanmoins, la menace des squelettes n'est plus. De son poste il a pu admirer la fin du spectacle. Tant qu'il reste spectateur cela lui convient.

Une fois le stupide jeune homme tombé du toit du temple, Truk est parti à la recherche de son compagnon. Il doute cependant qu'il ait mené à bien sa mission. Non pas à cause d'un manque de compétence, Truk sait bien que Vrak a des qualités, mais plutôt à cause de la bataille qui s'est déroulée. Si ca se trouve, le vieil homme a été pris dedans, ou, pire, est rentré dans sa ferme sans demander son reste. Au cas où, le voleur cherche du regard la charrette de Rubrik. Il finit par la trouver en face de la forge. Et juste à côté, Vrak est là en train d'ajuster sa veste, semble t'il sur le point de frapper à la porte. Truk lance leur signal secret, un sifflement qui imite le piépot, ce petit oiseau très courant dans la région. Vrak réagit et apercoît le chat perché. Les voleurs conviennent, de signes de la main, et se rencontrer dans un coin aveugle du bâtiment.

En quelques sauts, Truk est en place. Dès que son compère arrive il lui demande :

- Alors ?
- Alors pas grand-chose. Je n'ai pas pu suivre le croulant sur la route, après le pont gob. Je me suis donc posté à un endroit stratégique, ...
- Et comfortable.
- Et comfortable, en effet, et ... Mais euh ca n'est pas ce que tu crois. J'ai fait le choix de l'efficacité ! Au moins j'étais sûr que ...
- Passons. Et donc ?
- Hum et la charrette est revenue quelques minutes plus tard, à allure assez vive. Décidé à ne plus la perdre de vue, je sautai à l'arrière du véhicule et me cachai sous la toile.
- Tu as sauté ? En plein course ?
- Oui oui !
- Hum tu devrais te débarrasser de ce tick à ton sourcil quand tu mens.
- Mais je ne mens pas ! Comment serais je arrivé ici sinon ?
- Ca, je m'en fiche un peu. Qu'est ce que le vieux a trouvé ? Voilà ce qui m'intéresse.
- Je n'ai rien remarqué dans la cargaison. Peut-être a t'il gardé son trésor avec lui.
- Il est là-dedans, indique Truk de son menton dirigé vers la forge.
- Il devrait ...
- Comment çà il devrait ? Oui ou non ?
- Nous avons été pris dans la bataille. J'ai attendu caché jusqu'à ce que çà se calme. Je ne sais pas où est parti le fermier pendant ce temps. Avec tous ces bruits d'explosion ...
- Mouais. Il y a de fortes chances qu'il soit là de toute façon. Il ne transporte rien d'intéressant au fait ?
- Des barriques. Des tonneaux bizarres. Rien de marqué dessus. Sans doute de l'alcool.

Semble t'il pas convaincu, Truk marche vers la charrette silencieusement, et monte à l'arrière. Il choisit le plus petit baril et l'ouvre avec sa dague. Sous la couverture il ne peut voir à quoi le contenu ressemble, bien qu'il devine que c'est du liquide. L'odeur ne lui est pas étrangère, mais ca n'est pas de l'alcool. Il plonge un doigt et le ramène à sa bouche. De la mana ! Pas de très bonne qualité, mais de la mana tout de même. Il y en a pour un bon paquet d'argent si cela constitue toute la cargaison. Ainsi la marchande de potion se fait ravitailler discrètement. Truk avait toujours cru que les concoctions magiques étaient fabriquées sur place. Une belle erreur.

- Alors ?
- Ne te moque pas de moi en m'imitant, Vrak.
- Non, non loin de moi l'idée de...
- C'est un chargement intéressant, coupe Truk pour éviter un discours inutile. Mais trop dangereux à subtiliser. Je ne vois pas le rapport avec la forge cependant.
- Mais c'est quoi ???
- De la mana.
- Qu-qu-quoi ?
- Chut ! As tu entendu çà ?
- Non, j'ai rien entendu.
- Ca vient de la forge. Un grincement. Le vieux est sans doute là. Il faut que je vois ce qu'il a ramené qui appartient au gosse.
- Y a qu'à passer par la fenêtre du premier étage. On verra bien du trou dans le plancher, et on entendra encore mieux.
- Tu me voles les mots de la bouche. Allons-y.

Les deux curieux passent derrière la batisse. Ils grimpent à un arbre tout proche et sautent sur un petit balcon. Ils enlèvent les planches cachant la fenêtre, et entrent.

(à suivre)

Chapitre 23 : Découverte
Dans la cave de la forge, Le démon n'a pas entendu les coups frappés à la porte. Il faut dire que la marchandise stockée ici a retenu son attention. Des barriques de mana à foison, du venin d'araignée, des potions en tout genre, et même du sang de gobelin. Rassasié par sa beuverie récente, il n'a pas senti le besoin d'y goûter, mais en cas de pénurie, ça pourrait servir. Le seul hic est que quelqu'un finira bien par s'intéresser à tout ça, ou bien à la disparition du vieil homme. Impossible donc de se servir de cet endroit comme d'un refuge.

Ses pensées se poursuivent alors qu'il finit de cacher les restes de Rubrik derrière divers caisses et tonneaux. Après avoir effacé les traces les plus évidentes, il remonte le petit escalier pour rejoindre la forge. Il referme derrière lui la trappe qu'il a découverte par hasard. En voulant bouger le tapis pour éviter qu'il ne prenne une couleur brunâtre trop alarmante pour le premier venu, il a découvert l'entrée de la cave. Une courte visite l'a convaincu qu'il avait fait une bonne trouvaille. Quelques tapis sont rangés dans un coin de la pièce. Il les a remontés tout à l'heure. Le sang a été épongé mais il reste quelques marques sur le sol. On n'y peut rien, le sol a tendance a absorber les liquides tout en gardant des tâches malencontreuses. Le démon déroule donc les tapis ici et là pour couvrir les marques de la violente scène. Content du résultat, il s'asseoit, adossé au mur nord, pour se reposer un peu. Il oublie parfois que ce corps est un corps faible, même s'il a subit quelques modificatiosn sous l'influence de son esprit. Les doigts se sont rallongés. Les ongles ausi ressemblent de plus en plus à des griffes. La musculature s'est développée. Les yeux se sont renfoncés, les pommettes sont plus saillantes. Tout ça, un miroir le lui a montré. Et bien qu'il ne connaisse pas vraiment l'apparence originelle du garçon, il se doute que son physique n'était pas aussi affuté, aussi tranchant. Un craquement dans le plafond stoppe ses réflexions et lui fait lever la tête.

Les deux voleurs observent la scène depuis l'étage du dessus. Allongés sur le plancher, ils regardent à travers de ptits trous Lavent déployer les tapis et recouvrir le sol. De temps en temps ils se relèvent un peu et leurs yeux se rencontrent, dénotant, chez l'un comme chez l'autre, un manque de compréhension de la scène. Truk a quand même une satisfaction. Il a deviné l'objet retrouvé par le fermier : une épée de chevalier que tient le jeune homme à la main. Il joue machinalement avec, comme si elle lui était familière. Ca n'est pourtant pas une arme d'apprenti-mage. Il savait bien que cette histoire n'était pas normale. Aurait il tué un garde pour lui chiper son gagne-pain ? Non, trop jeune, trop droit. Les hypothèses foisonnent dans sa tête, finissant toutes par se cogner à un obstacle infranchissable.

Un nouveau craquement, plus fort cette fois.

Truk jette un regard de reproche à son compagnon. Bien qu'aucune parole ne soit échangée, Vrak devine le reproche : tu es trop lourd mon vieux, semble lui dire le chef. En réponse, Vrak met toute l'innocence dont il dispose dans ses yeux et hausse les épaules. Mouvement fatal. Le plancher continue de se plaindre de plus en plus, mais cette fois cela dure. Le bois se désagrège en un clin d'oeil, et lorsque les planches lachent, les voleurs partent en chute libre, pour atterir douloureusement dans la pièce du dessous. Le démon se relève d'un coup et s'approche avant que les apprentis cascadeurs ne se soient mis sur leurs pieds.

- Qui êtes vous et que faites vous là ?

(à suivre)

Chapitre 24 : Changement
Truk et Vrak se regardent un court instant, avec la même pensée : On est mal tombé. Ils se redressent douloureusement et s'époussettent ici et là, d'un air plus ou moins digne. Truk reste coï devant le jeune homme, sans doute car il l'a reconnu mais trouve que quelque chose cloche. Vrak, lui, en blablateur invétéré ouvre sa bouche avant qu'une seule pensée cohérente ne traverse son cerveau secoué.

- C'est Rubrik qui nous a envoyé vérifier l'étage au-dessus, parce qu'il pensait que le plancher n'était plus très en forme. Et pour sûr que personne n'aimerait se prendre des planches sur la figure, hein ? Nous sommes en effet charpentiers, et de bons, mais un accident est vite arrivé et en cherchant le point sensible on est p'têt' allés un peu trop loin. Du coup nous avons atterri ici, sûrement en vous faisant une peur bleue, pas vrai ?

Le démon ne dit mot. Il observe Truk, semblant interloqué par quelque chose.

- Toi ! Je t'ai déjà vu !

Truk lance un regard noir vers son compagnon, puis se détourne pour répondre au garçon.

- En effet, c'est moi qui t'ai sorti des griffes du squelette. Pur hasard, car j'étais passé réparer une porte au temple, quand...
- Quel squelette ? Y avait plein de squelettes dans la rue.
- Non, je parle de l'Ordonnanceur, Alver.

Lavent ne semble pas comprendre et tente de chercher dans sa mémoire un peu plus de détails sur sa première rencontre avec le pseudo-charpentier. N'arrivant qu'à faire remonter un mal de tête, il sent sa rage monter à nouveau.

- Je ne connais pas. Vous m'énervez.

Vrak qui cherchait une solution de sortie pendant cette discussion remarque la main du jeune homme serrer plus fermement l'épée. Il donne un léger coup de coude à Truk pour l'avertir du danger.

- Peu importe, mon gars. On faisait que passer. Maintenant qu'on sait dans quel sale état est le plancher on va s'en aller. On reviendra voir Rubrik plus tard pour lui faire not' rapport. Vous l'auriez pas vu par hasard ?

Le démon ne peut plus se contenir. Il veut être seul, plus de conversations, plus de gêneurs. Voulant s'en débarasser rapidement il lance son épée de taille, à hauteur du cou des voleurs, d'un mouvement vif. Les deux compères, habitués des rixes de taverne, et donc des batailles en milieu confiné, se baissent juste à temps et roulent l'un vers la gauche, l'autre vers la droite, obligeant l'agresseur à choisir. Mais le sans-nom est expérimenté, il jette son épée vers Truk et saute sur la proie la plus lente, Vrak. Le premier reçoit l'arme dans l'épaule gauche et recule sous l'impact. Il lâche un cri de douleur et de frustration. Le deuxième, ne s'attendant pas à une réaction aussi promptue est pris au dépourvu. Il est projeté au sol, en bien mauvaise position. Du moins est ce sans doute ce qu'il se dit avant de mourir, deux doigts griffus enfoncés dans les orbites jusqu'au tréfond du cerveau. Horrifié, Truk n'hésite qu'un court instant : une seule solution, la fuite. Alors que le monstre finit le travail en brisant le cou de sa victime, le blessé cherche une voie de sortie. Mais le démon se trouve entre lui et la porte. Reste les escaliers vers l'étage supérieur. Truk retire l'épée de sa chair, tout en la gardant dans sa main, et s'élance vers les marches.

Lavent s'en aperçoit un peu tard et ne se retourne que quelques secondes après, occupé qu'il était à se lècher les doigts. Il bondit à quatre pattes pour rattraper le fuyard. Truk ne jette pas un regard en arrière, il traverse la pièce en un rien de temps et ressort par la fenêtre restée ouverte. Il la referme nerveusement derrière lui, apercevant au travers la bête qui l'a suivi. Le garçon n'a en effet plus grand-chose d'humain dans sa fureur. Passant l'arme dans sa ceinture, le voleur s'appuie de son bras valide et saute par-dessus la rambarde, amortissant la chute par une roulade. il se relève avant que le démon ne fasse de même, et s'éloigne en courant dans une ruelle. Le tueur, ne réfléchissant plus de la même manière, ne perd pas son temps à ouvrir la fenêtre, il préfère la traverser d'un bond. Relevant la tête après ce mouvement, il regarde à droite et à gauche sans trouver l'humain. Son ouie améliorée lui permet de repérer ses pas cependant. Il se ramasse sur lui-même et se détend tel un signe sautant d'un arbre vers le sol. Atteignant la terre ferme, il se remet sur deux pattes et part à la poursuite du témoin.

(à suivre)

Chapitre 25 : Chasse
Truk fonce dans le dédale des ruelles de Lighthaven. L'après-midi est maintenant bien avancée et la lumière décroit rapidement. Il espère en profiter pour disparaître à la vue de son poursuivant. "poursuivant", oui c'est un mot comme un autre pour désigner cette chose. S'il en avait le temps le voleur essaierait d'analyser ce qu'il a vu pour comprendre ce qu'est ce monstre. Car il apparaît évident que ce n'est pas le même garçon que celui qu'il a secouru plus tôt. Pourtant la ressemblance est là. Alors, est ce le résultat d'un maléfice, un frère jumeau difforme, ou bien une coïncidence ? En tout cas c'est dangereux et remonté après lui. Truk laisse tomber ces pensées et se concentre sur sa course. Une course pour la vie.

Le sans-nom, s'appropriant de plus en plus le corps qu'il habite, est maintenant presqu'imbattable à la course par un humain. Mais il ne connaît pas la ville. Pour éviter de se perdre bêtement, il ralentit à chaque carrefour, reniflant de droite et de gauche pour repérer l'odeur du sang. Ainsi, il croit suivre le gêneur à la trace. Sans doute a t'il raison, néanmoins le problème ne se pose plus lorsqu'il débouche dans une grande place. Le démon s'arrête net, et se redresse, tentant de se rappeler ce qu'est l'allure d'un être humain. Dans sa rage, il en a un peu oublié ce qu'il était. Retournant s'accoller dans un coin, à la sortie de la ruelle d'où il a débouché, il observe les alentours. Le lieu ne semble pas rempli de monde, mais n'est pas désert non plus. Aucune trace du blessé cependant. Le démon n'est pas un modèle d'intelligence mais il comprend que sa proie lui a échappé, et que, de ce fait, il ferait mieux de quitter la ville avant que le chasseur ne devienne chassé.

A bout de souffle, Truk débarque dans la taverne, traverse la pièce en titubant vers l'avant et s'affale sur le comptoir.

- Aide ... pffff ... pffff ..... garde ... mort ... monstre ...
- Oh là, du calme, mon vieux. Respire et dit nous ce qui ne va pas. Prend ton temps t'es en sécurité ici.

Halam finit d'essuyer une choppe et s'appuie sur un coude. Il aperçoit la tâche de sang qui s'épand à l'épaule gauche du client. Il regarde ensuite son visage. Halam reconnaît facilement le fuyard, habitant célèbre, du moins dans certains quartiers, de Lighthaven.

- Ben Truk, qu'est ce qui t'arrive ? Encore des problèmes ? Bouge pas, j'appelle un prêtre. Geena ! Va chercher le père Sirius, en urgence !
- Laisse Geena, je suis soigneur.

Un homme en robe, jusqu'ici silencieusement attablé dans un coin délaisse son verre et se lève.

- Oh, ouais, tu feras l'affaire, Horas. Laisse tomber Geena, va plutot remplir la chope de Messire Hackman qui semble assoiffé.
- Alors c'est quoi cette blessure ?

Horas invite doucement Truk à se redresser pour observer la plaie. Profonde mais nette et sans infection apparente, elle ne résistera pas bien longtemps à la guérison. Le soigneur marmonne quelques incantations et lance un sort apaisant sur le voleur, qui soupire de soulagement.

- pffff ... merci ... pff .... ca va maintenant. Il faut appeler un garde. Danger.
- Geena ! Va cherch... Non, rien. On a sûrement un garde ici. Y a t'il un garde dans la salle ???

Cinq têtes se retournent d'un coup vers le comptoir et annoncent en parfaite synchronisation : "Ouais !". Le chef du groupe se lève et s'approche des trois hommes.

- Qu'est ce qui se passe ?
- C'est truk, sergent. Il a l'air mal en point.
- Truk ? Qu'est ce que t'a encore fait cette fois ?
- Rien, sergent. Je viens de me faire agresser par un monstre, une bête à forme humaine !
- Dis plutot que tu t'es coupé en voulant fracturer une porte. Mont' ça.

Le sergent regarde la plaie en train de se refermer. Il remarque tout de suite qu'il avait tort.

- Oh ça c'est du sérieux. Depuis quand tu ne sais plus éviter les coups d'épées ?
- Depuis que les monstres s'en servent comme des lances !

Truk fait apparaître l'épée sur le comptoir.

- Voilà ce qui m'a blessé.
- Une arme de paladin ? Tu te fous de moi, dis ?
- Non ! Ce monstre l'a lancé sur moi et a tué Vrak. Vrak ....
- Il a tué ? Bon, soyons clair et précis. Où, quand, comment, qui ? Je veux un exposé qui tient la route.

Truk raconte une version édulcorée de la bataille, en mentant le moins possible. Il avoue même être entré dans la forge sans s'attarder sur les raisons exactes.

- Aussi bizarre que ça puisse paraître, je te crois. Au moins dans les grandes lignes. Je vais aller faire un tour à la forge. Horas, tu veux bien venir avec nous ? Au cas où cette ... chose aurait fait d'autres dégats.
- Sans problèmes sergent, je vous suis.
- Garde Jermy, prévenez le poste et le temple. Informez les qu'on aura peut-être une traque à faire ce soir. Et cachez cet air réjoui encore un peu, abruti. T'inquiète Truk, si tu dis vrai, on va l'avoir ce monstre.
- Merci, sergent. Ca me fait mal au coeur de l'avouer, mais si vous y arrivez, je vous revaudrai ça.
- Ouais, ben on verra ça plus tard. J'y vais. Restez ici. Je laisse un garde à la taverne au cas où.

Le sergent s'empare de l'épée et quitte l'auberge à grands pas, suivi de près par trois gardes.

- Drôle d'histoire quand même, vieux. C'était quoi exactement ? T'as pas donné de détail très précis sur son physique. Petit, frêle. T'es sûr que c'était pas un gobelin ?
- Je sais reconnaître un gob, Halam. Non ce garçon ...
- Garçon ?
- Je veux dire, ce monstre a bien apparence humaine. Mais rien que l'apparence, tu peux m'en croire.
- Bah y a pas grand-chose qui peut résister au sergent. Une fois la garde de Lighthaven reformée, il pourra refaire son travail "officiellement". Il va l'attraper.
- Tout le monde accepte la milice de toute manière. Et moi ça m'arrange, puisque je peux les doubler facilement, insigne à la poitrine ou non.
- Ouais ben évite les problèmes ce soir. T'en a déjà fait assez.
- T'as ma parole que je me tiens à carreau pendant plusieurs jours. Et merci pour tout Halam.
- Pas de quoi. Tiens, bois ça et tais toi avant de t'enfoncer dans les remerciements. Désolé pour Vrak au fait, c'était pas un mauvais gars.
- Non. Qu'il repose en paix, où qu'il soit.

Laissant à l'alcool le soin de guérir les blessures de l'âme, Truk boit une gorgée de son verre. Sans doute pas le dernier de la soirée.

(à suivre)

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:34:36 (#622779)

Chapitre 26 : Mission
La pluie ne semble pas vouloir s'arrêter. Les nuages gris n'ont pas quitté le ciel de Lighthaven depuis des jours. L'atmosphère dans la ville s'en ressent. Une certaine tristesse flotte dans l'air, sans doute amplifiée par tous les évènements de ces dernières semaines. Entre les attaques de guêpes, de monstres divers et d'aventuriers à la folie furieuse, de nombreuses morts sont à déplorer. Peu de familles n'ont pas connu le deuil depuis le début de l'année. Même la nomination de la Baronne, ou le concours de barde, n'ont apporté qu'une joie temporaire. L'espoir maintenant réside dans le printemps tout proche, à défaut d'une vie tranquille.

Alver, lui, se sent plus frustré que maussade. Comme il se doit, la noblesse a repris les rênes de la ville, et il a du coup perdu pas mal de pouvoir. La milice n'est plus, remplacée par la garde de la ville. Ne restent sous son commandement que quelques mercenaires ou fidèles. Il compte bien s'en servir avec parcimonie.

Trois coup à la porte. Son invité est à l'heure. Délaissant la fenêtre, Alver se retourne pour faire face à l'entrée. Il s'asseoit à son bureau, et prend son air le plus affable. D'un claquement de doigts il indique au molosse posté à sa droite qu'il est prêt.

- Entrez !

La voix forte et rocailleuse du guerrier résonne fortement aux oreilles du prêtre. Comme obéissant d'elle-même à cet ordre, la porte s'ouvre doucement, laissant apparaître un homme mûr en cuir léger. D'une taille respectable, il donne quand même plusieurs pouces au géant qui a fait l'annonce. Il ne lui jette qu'un bref coup d'oeil cependant et s'avance d'un ou deux pas vers le bureau.

- Vous m'avez demandé monseigneur ?
- Oui Eregos. Je t'en prie, assied toi.
- Non merci, je ne compte pas rester longtemps.
- Comme tu voudras. Je ne te présente pas Rashnir, vous vous connaissez déjà.

Eregos ignore le commentaire et l'objet de celui-ci.

- Que veux tu, Alver ?
- Vous n'avez pas l'air content de me voir. Pourtant de vieux amis comme nous, ayant tant de souvenirs en commun.
- Je laisse le passé où il doit être : au placard. Dis moi ce qui t'a poussé à me mander, sans palabres inutiles.

Alver se penche légèrement en arrière, s'appuyant sur le dossier de son fauteuil. Il joint le bout de ses dix doigts, semblant montrer ainsi que son discours va être important et précis.

- Tu te rappelles l'histoire de ce monstre qui a tué un fermier et un voleur il y a quelque temps ?
- Vaguement, oui.
- Bien. Après sa disparition, cet incident a vite été effacé des mémoires. Sauf de la mienne. Ce démon n'est pas à prendre à la légère, j'en suis convaincu. Et je suis décidé à avoir sa peau.
- D'autant plus que tu l'avais entre tes mains et qu'il t'a échappé, non ?
- Pas de sarcasmes avec moi, Eregos. Je ne sais pas d'où vous tenez cette information, mais l'affaire est plus complexe que cela.
- J'ai de bonnes oreiles et des amis au temple.
- Quoiqu'il en soit, je veux le retrouver. Après l'échec de la traque, personne n'a poussé plus loin. Et la nouvelle garde a autre chose à faire que de battre la campagne pour un monstre disparu. J'ai donc besoin d'hommes. D'hommes comme toi.
- Tes sous-fifres et coupe-gorges ne te suffisent pas ?
- Grrrrrrrrrrr !!!
- Du calme Rashnir.
- Oui couché le chien.
- Toi, je vais te ....
- Suffit ! Arrêtez ça vous deux. Laissez donc vos rancoeurs au placard, comme dirait Eregos. Mes mercenaires sont compétents pour la bataille, mais pas pour la chasse à l'homme discrète. Rien ne vaut un rodeur expérimenté, tu le sais bien.
- Les traces ont probablement disparu depuis longtemps.
- Sans doute. Mais il me reste des indices non négligeables.

Ouvrant un tiroir en bas du bureau, Alver, sort la pièce à conviction et la dépose sur la table. Eregos, étonné, s'approche inconsciemment pour observer la chose.

- Belle épée, n'est ce pas ? Mais tu devrais la reconnaître, non ?
- La reconnaître ?
- Voyons, une arme de paladin, un pommeau de dragon, ca ne te dit rien ?!
- Les griffes de la justice ... L'ordre a été dissou en même temps que la garde. A qui est elle ? Quel rapport avec le démon ?
- Le monstre était possession de cette arme. Car avant tout c'était un jeune garçon, dont le cousin avait fait partie de l'ordre.
- Au fait, Alver.
- Un garçon nommé Lavent d'Irion ...
- D'Irion ? Donc l'épée serait celle de Kytap ???
- Tu as une bonne mémoire, ça ne fait pas de doute. En effet, elle appartenait à ce traître. Oh, pardon, je sais que tu n'aimes pas ce terme. En plus je te rappelle là un épisode douloureux, non ?
- J'aurais cru que la remontée de cette affaire t'embêterait plus que moi. La vérité ...
- Elle serait mieux dans un coffre fermé à double tour, en effet. Donc je veux éliminer toute trace encore visible.
- Et Kytap dans tout ça ? Il est mort ?
- Oui, on a retrouvé son corps dans une grotte des monts du nord. il semblerait que le garçon ait assisté à sa mort et se soit emparé de l'arme. Dans la même caverne gisait le sorcier Henr'Tar, dans un état de décomposition avancée. Nul ne sait ce qui s'est passé exactement, mais la transformation du jeune homme en démon doit avoir un lien avec ces deux morts. Bref, tu sais comme tout ce qui touche à Kytap, de près ou de loin, ne m'est pas indifférent. Trouve moi ce démon et tu seras bien récompensé.
- ...
- Décide toi, Eregos. Je peux recruter ailleurs. Je voulais juste éviter de faire appel à des étrangers, mais je pourrais m'arranger. En plus la vie ne doit pas être tous les jours facile pour un mercenaire trop honnête. Tu ne cracherais pas sur un bon paquet d'or.
- Je n'ai pas besoin de ton or, Alver. Mais je vais prendre ce boulot. Si tu me laisses le mener à ma guise.
- Soit, si tu sais rester discret, et si tu prends Rashnir avec toi.
- Cet ogre ? Hors de question !
- Toi, petit gobelin de mes ...
- Rashnir, tais toi ! C'est à prendre ou à laisser Eregos. Je ne peux pas me permettre de perdre la main sur l'enquête. Alors ?
- ... D'accord, s'il ne joue pas trop au petit chef, je saurais règler tous les problèmes qu'il va entrainer.
- Bien, vous êtes un homme intelligent, Eregos.
- J'ai toujours détesté ta façon de mélanger tutoiement et vouvoiement. Je tenais à te le dire. Pardon, à vous le dire, monseigneur.

Eregos remasse l'épée et repart sans un mot.

- Rashnir suis le. Et ne le lache pas d'un pouce, sinon ...
- Bien monseigneur.

(à suivre)

Chapitre 27 : D'Irion
- Attends moi, Eregos, pffff. Tu as entendu Alver, pfff, pfff. Je viens avec toi. Tu as accepté, pffff.
- Ca ne m'oblige pas à te ménager. Je n'ai pas le temps de te donner des cours de vitesse, de discrétion, d'agilité et de logique. J'irai à mon rythme. S'il ne te convient pas, tant pis pour toi.
- pffff, vitesse, pfff, facile à dire tu es à cheval, pffff, et moi à pied !
- Piètre excuse. Trouves toi un cheval. On va plus vite de cette manière. La logique, Rashnir, la logique ...
- Pas facile de trouver un cheval, pffff, pour ma taille.
- Débrouille toi comme tu veux. Je vais à Crimlake. On se retrouve là-bas. Yaaahhhh !

Et la monture d'Eregos de partir au galop, laissant le molosse cloué sur place. Quelques lieues plus loin, le cavalier ralentit l'allure. D'une part pour préserver son cheval, mais aussi pour se donner le temps de réfléchir.

Il a choisi de commencer par Crimlake, plutôt que par Lighthaven. Cette décision n'a pas été difficile. Il se rappelle déjà d'une grande partie de ce qui s'est passé à Lighthaven. Il doute qu'il reste de réels indices sur les scènes des crimes, et les témoins donneraient maintenant une version déformée des faits. Il prend donc l'option de commencer par visiter le village de la famille D'Irion, où il espère récolter quelques détails sur le début de cette histoire. Le temps aura là aussi fait son travail d'érosion de la mémoire, mais ce qui l'intéresse plus c'est savoir pourquoi Kytap et Lavent se sont rendus dans cette caverne et dans quel état d'esprit.

Le rôdeur n'a que rarement mis le pied à Crimlake. Le nord d'Arakas ne l'a jamais attiré, et il n'y allait que contraint et forcé. Il possède quand même quelques données sur ce lieu. Le village est essentiellement composé de fermes, les denrées autres que la nourriture étant achetées à des marchands ambulants. La rudesse de la région a forgé le caractère de ses habitants. L'hiver, le froid vous mord la peau. L'été, le soleil la chaleur vous écrase. Les monstres présentent un danger réel là-bas. Et, bien que les maisons soient le plus souvent bénites par un prêtre d'Artherk, ou par des druides, cela ne suffit pas toujours à repousser gobelins et squelettes descendant des montagnes. Par conséquent, le Crimlakien typique -- terme barbare inventé à l'instant par Eregos -- apparaît de bonne constitution physique, toujours une arme sur lui et un air méfiant envers tout étranger. Ce qui, en somme, décrit bien la plupart des paysans de Goldmoon.

Les D'Irion, cependant, ne sont pas à mettre dans le même panier. D'origine noble, comme la particule l'indique, ils ne sont sans doute pas allés vivre à Crimlake pour la beauté du paysage. De ce que Kytap lui a dit, il se souvient que la migration a eu lieu il y a plusieurs générations. La raison réelle de ce changement de domicile a donc été perdue. Néanmoins elle devait être d'importance car, en plus de quitter leur douillet manoir de Silversky, les ancêtres de Lavent avait jugé bon de changer de nom. Pendant des années ils se sont fait appelés "Ondiri", anagrame des plus simples, mais suffisamment efficace apparemment. C'est en fouillant dans les greniers et, plus tard, dans les archives royales, que le jeune Kytap découvrit la supercherie et décida de reprendre l'appellation originelle, avec l'approbation du conseil royal. Comme Kytap était plutot têtu et savait montrer force arguments, toute la famille suivit le même chemin. Mais seul le nom leur fut rendu. Aucune richesse ou terre ne revint à la famille D'Irion. Du coup pratiquement tous ses membres continuèrent de vivre comme avant. Kytap, lui, apprenant le passé noble et guerrier de la famille partit vers un destin plus mouvementé, et ne revint à Crimlake que plusieurs années plus tard.

Voilà à peu près tout ce que sait Eregos, alors qu'il chevauche sur la route montant vers le nord. Parti en début d'après-midi, il doit s'arrêter avant la nuit, ne ressentant pas le besoin de continuer dans le noir. Repérant une petite cavité facile à défendre, pas trop loin du chemin, il s'apprête à aller l'inspecter lorsqu'il entend un bruit de sabots lourds venant du sud. Se cachant dans un fourré du bord, il descend de sa monture et observe le tournant ou va apparaître l'équipage annoncé. Pas de surprise, c'est ce gros lourd de Rashnir, monté sur un cheval qui ne l'est pas moins, sans doute plus fait pour le labour que pour les grandes chevauchées. Surgissant du bas côté, Eregos lève les bras au ciel et crie un "Ohhhhh" bien senti, surprenant la bête qui se met sur ses deux pattes arrière par instinct, envoyant Rashnir par terre du même coup.

- Par Artherk, quelle est la face de troll qui a ... ?!?! Eregos ! Maudit sois tu ! Pourquoi t'as fait ça ! Je vais te ...
- Alors là je suis désolé, Rashnir. J'étais tellement content de te voir me rejoindre si vite, je n'ai pu retenir ma joie. Ce qui a peut-être troublé ton fier destrier.
- Arrête de te foutre de moi ! Tu l'as fait exprès ! Et je n'oublierai pas ça !
- Allons, allons. C'est toi le roi des coups bas. Moi je ne suis qu'un chétif et innocent rôdeur, incapable d'actions vicieuses. Bon, puisque que tu es à pied, que dirais tu d'aller diner et se reposer en vue du voyage nous attendant demain ?
- Ouais, y a qu'à faire ça. Mais passe le premier ... J'ai pas confiance.
- Oh, tu me déçois là. Ce n'est vraiment pas mon style de frapper dans le dos. Cependant, si c'est que tu veux, suis moi.

(à suivre)

Chapitre 28 : La caverne aux étoiles
L'entrée de la grotte se dessine dans les rochers telle un coup de serpe dans un vêtement, déchirure douloureuse et dure à réparer. Les deux récents alliés se faufilent à travers l'étroit espace -- avec une certaine difficulté pour Rahsnir -- et suivent un petit couloir à peine plus large. Bientôt apparaît sous leurs yeux la salle dont la découverte fait soudain remonter une certaine fierté sur le visage du rôdeur.

La première chose que Rashnir remarque est la miriade de petits points lumineux dont la roche semble couverte, telles les étoiles dans une nuit sans nuages. Leur fluorescence donne un teint verdâtre à la pièce, et elle va croissante lorsque son regard remonte vers le plafond. Les murs se rejoignent tels les pans d'une pyramide, laissant tout de même une cheminée qui rassure le guerrier : ils pourront faire du feu. Etonné par cet éclairage étrange, il jette un coup d'oeil plein d'interrogation à Eregos. Celui-ci, s'attendant à la perplexité du visiteur, répond à la question muette.

- Magnifique, n'est ce pas ? J'aurais aimé te dire que je connais cet endroit depuis des lustres, que c'est un lieu sacré ayant reçu de nombreuses cérémonies divines à travers les âges, mais en fait je n'en sais rien. Je l'ai réellement trouvée par hasard un peu avant ta déboulée cavalresque. Et je n'y ai pas mis les pieds avant toi. Par contre je peux te dire d'où vient la lumière. Les murs sont simplement tâchetés de la lumen aquarii mistya, une mousse qui semble briller d'elle même. Elle prospère dans les endroits protégés mais possédant une source d'eau. C'est pour ça qu'elle est plus développée là-haut : elle se nourrit de l'humidité coulant de la cheminée.
- Mouais. M'en fiche que ca soit beau, et rien à battre de savoir comment ca marche. Du moment qu'on peut s'y reposer tranquille.
- Tu me rassures. Un instant j'ai cru que tu étais capable d'apprécier l'art naturel. Tu restes plus convaincant en gros bourrin.
- Bourrin ? Ecoute, j'en ai marre que tu passes ton temps à me chercher comme ça ! Tu vas finir par ...
- Pardon de te couper mais l'après-midi touche à sa fin. Pourquoi n'irais tu pas chercher du bois pendant je visite la grotte un peu plus en profondeur ?
- Pendant que tu te la coules douce, oui !
- Tu veux échanger avec moi ?

Rashnir, apercevant la noire sortie à l'autre bout de la pièce, fait la moue. Il ne l'avouera pas mais il est légèrement claustrophobe. Et pas question qu'il aille se balader seul dans des endroits étroits et sombre.

- C'est bon je vais le chercher ton bois. et on mange quoi ?
- Les rations que tu a prévues pour le voyage, non ?
- Hein ? J'ai rien pris, moi ! J'ai déjà du courir partout pour trouver un cheval, j'ai pas eu le temps de récolter de la nourriture !
- Ah, la la. Pourquoi ne suis je pas surpris ? Bon, j'irai chasser quelque chose tout à l'heure.

Sur ce, Eregos part visiter le reste de leur abri. En se baladant dans les méandres de la petite montagne, il se demande quand même si cet endroit n'est pas, ou n'a pas été, plus qu'une grotte sans histoire.

(à suivre)

Chapitre 29 : Intrus
Eregos et Rashnir partagent leur dîner en silence. Le molosse ne l'avouera pas mais les talents de cuisinier d'Eregos sont certains. Son antilope grillée au feu de bois vaut bien les mets de la taverne de Halam. Mais il faut dire que les goûts de Rashnir en matière de gastronomie restent simples voire basiques. Quoi qu'il en soit, sa panse est pleine et il s'en réjouit. Il regarde en coin le rôdeur qui regarde le plafond, à demi allongé sur sa couverture, apparemment plongé dans ses pensées.

Bref, un calme certain règne, jusqu'à ce qu'Eregos tapotte l'épaule du géant et lui indique de se taire. Il désigne l'entrée. Haussement de sourcils de Rashnir, qui finit par comprendre que le rôdeur croit avoir entendu du bruit. Celui-ci signifie qu'il va essayer de contourner le ou les gêneurs, d'une mimique de son bras gauche, et pointe son doigt vers le bas pour demander à Rashnir de rester à son poste. Acquiescement de la tête. Eregos se lève et sort par l'arche du fond, sans un bruit.

Surveillant discrètement l'entrée, le sbire d'Alver fait mine de vaquer à des affaires hautement prenantes, comme bouger le bois pour garder le feu vivant, ou étudier le contenu de son sac. Soudain, du bruit venant de dehors. Quelqu'un se bat, mais pas d'armes, pour autant que puisse en juger Rashnir. Il se lève précipitamment pour intercepter celui qui oserait entrer. Ce qui ne tarde pas. Après un bruit de chute, un homme surgit dans la grotte en courant, et s'étale de tout son long quelques mètres plus loin, ayant trébuché sur la jambe tendue de Rashnir. Le dit empêcheur de courir en rond lui saute dessus et lui attrape les bras dans le dos pour l'immobiliser complètement.

- Eregos, ca va ?
- Ouais, ouais c'est bon, il était seul. J'arrive.

Le rôdeur entre en se massant la tête.

- L'imbécile m'a fait chuter sur un arbre. Aïe ma tête. La nature aurait pu mettre du coton autour des troncs pour éviter ce genre de désagrément. Alors voyons un peu ce qui nous observait.
- ...
- Ben quoi, t'as pas envie de parler. Rashnir, fais le parler.
- Avec joie.
- HMMMMMMMMMMMmmmmmmmmmmmmm !!!!!! Hmmmmmmm !
- Il a mal mais il parle pas.
- Enlève la main de sa bouche, ça lui laissera peut-être une chance.
- Pah, tu gâches mon plaisir. Bien, alors si tu cries, tu meurs, compris ?

L'étranger secoue la tête de bas en haut.

- Parfait. Le môssieur ici présent, se croyant le plus malin, va t'interroger, et même si je me fiche de sa personne la plupart du temps, je vais te demander de dire la vérité et pas des bêtises.
- C'est bon, il a compris, n'en rajoute pas. Donc nous avons à faire à .. ???
- ... Truk.

Les deux compères se regardent, surpris de rencontrer ce voleur si loin de chez lui.

- Tiens donc, souligne Eregos, voilà qui s'annonce intéressant. Qu'est ce qui t'amène dans les pauvres contrées du nord d'Arakas ?

(à suivre)

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:36:08 (#622794)

Chapitre 30 : Intérêts
- D'abord, est ce que cette brute pourrait me lâcher ? Pas facile de parler avec 100 kgs sur le palto ...

Eregos fait un petit geste de la tête.

- Allez, fais ce qu'il dit. S'il tente de s'échapper, il se prend un couteau ou une hache dans le dos.
- Merci, c'est rassurant.
- Eh bien c'est à dire que je n'aime pas me faire espionner, mon petit gars.
- Ouais, moi non plus, demi-portion.
- Alors, as tu une explication à donner ?

Truk s'assoit près du feu, se massant les bras pour vite oublier la prise douloureuse.

- C'est simple. Je suis sans doute là pour la même raison que vous.
- Ah vraiment ? C'est à dire ... ?
- Le démon.

Eregos fronce les sourcils en entendant ce mot.

- Sois plus précis. Que sais tu de cette histoire ?
- Cette histoire, j'y ai participé plus que vous deux. J'ai cotoyé le démon et j'ai perdu un ami.
- Ah ... C'était toi à la forge ?
- Oui ...
- Donc si je comprends, tu comptais nous suivre, car tu as appris, je ne sais comment, que nous partions à la recherche du démon ?

Truk approuve encore de la tête. Il regarde ses deux geoliers, se demandant quel sort ils vont lui réserver. Rashnir fait la moue, semblant ne pas apprécier la situation. Eregos, la main sur le menton est sans doute en pleine réflexion.

- Je pourrais vous être utile, vous savez ! Je l'ai vu ! Je peux le reconnaître !
- M'est avis qu'on pourrait le reconnaître sans toi. Mais je dois dire aussi que l'expédition s'annonce dangereuse. Et qu'un allié plein de souplesse peut toujours servir. Ca me changerait du balourd là.
- Le balourd ?! Tu sais ce qu'il te dit le balourd !
- Je m'en doute oui, hé hé hé. Mais il a accepté d'être sous mes ordres alors il ferait mieux de ne pas trop dévoiler ses pensées négatives. Truk, je ne te fais pas trop confiance -- tu restes un voleur après tout -- mais je te laisse venir avec nous.
- Merci, m'sire, je vous promets que ...
- Tut tut, pas de promesse. Et mon nom c'est Eregos. Le troll là, c'est Rashnir. Mais tu le savais probablement déjà. Si tu te tiens à carreau, tu peux venir. As tu une monture ?
- J'ai euh ... emprunté un cheval tout à l'heure ...
- Donc je ne vois pas d'objection à ce que tu nous suives.
- Moi je dis que c'est pas une bonne idée !
- On verra, Rashnir, on verra. Truk, je garde ton couteau jusqu'à demain. Maintenant, une dure journée nous attend demain je propose de prendre du repos. Pas de tour de garde, mais ne dormez pas trop sur vos deux oreilles.
- J'vais chercher une couverture.

Un peu plus tard, la triptique est réunie au coin du feu mourrant. Apparemment tout le monde dort, mais avec ces lascars, rien n'est moins sûr.

(à suivre)

Chapitre 31 : Réveil
Truk, qui n'arrive pas bien à dormir dans cet endroit peu comfortable pour un citadin, hausse un sourcil quand le bruit sourd parvient à ses oreilles. Qu'est ce que cela peut être ? Cela ressemble à quelque chose de lourd qui tombe sur le sol. Il remue sur sa couverture pour chercher une meilleure position.

Et encore ! Ce n'est donc pas son imagination. Il se lève à demi pour voir si ses yeux peuvent résoudre cette énigme. Eregos lui aussi s'intéresse au son étrange. Le voleur lui jette un coup d'oeil. Il semble inquiet. Lui renvoyant son regard, Eregos invite Turk à sortir, lequel ne comprend pas clairement le geste, encore à moitié endormi qu'il est. Les coups sur le sol sont maintenant plus proches. La poussière s'élève même dans la pièce, en réaction aux vibrations.

Cette fois pas la peine de faire un dessin, tout le monde devine qu'il s'agit d'une bête, sans doute énorme, marchant dans la grotte. Et bien qu'ils auraitent sans doute préférés ne pas à en être sûrs, la vérité s'affichent devant eux lorsque le dragon passe sa tête dans la fissure et balaye la pièce de son effrayant regard jaune. Pétrifié, Truk ne peut détacher ses yeux du monstre. Il lui faut quelques secondes pour sentir qu'Eregos tente de le faire reculer. Finalement il se retourne et le rôdeur lui indique la sortie d'un geste qui ne souffre aucune contradiction. Prenant son sac au passage, Truk s'en va à petits pas, vérifiant par dessus son épaule que l'énorme tête ne s'avance pas.

Rashnir, quant à lui, ne s'éveille qu'à grand-peine. Peut-être est ce l'odeur du souffre qui l'incommode. Et de ses yeux à demi-clos il découvre l'invité de dernière minute sans réagir. Du moins les cinq premières secondes. Ensuite son cerveau se rattrape. Bondissant sur ses pieds, le géant choppe sa hache d'une main -- un réflexe après toutes ces années de mercenariat --, son paquetage de l'autre et fait face au dragon. Il n'a jamais été homme à tourner le dos à ses adversaires, du moins dans la mesure du possible. Eregos lui lance des regards alarmés, espérant que le gros balourd ne va pas énerver le dragon par ses grands gestes. Puis tous les deux, ils commencent à reculer lentement vers l'entrée.

La bête, voyant ces bipèdes reculer, leur répond par un cri assourdissant, à la fois grave et aigu, qui fait trembler les roches. Eregos, tentant de calmer un tremblement, finit d'encocher une flèche. Dès que le dragon ferme sa gueule, il épaule son arc et vise l'oeil droit. Droit au but, le monstre gueule encore plus fort sa douleur. Les deux guerriers ne se perdent pas en conjecture et prennent cette fois leurs jambes à leur cou. Grand bien leur fait, ils évitent de justesse le souffle brûlant du gros lézard.

A priori celui-ci ne pourra les suivre, la taille de sa tête suggérant que le reste de son corps ne passera pas par l'ouverture de la caverne. Mais mieux vaut ne prendre aucun risque. A peine grimpés sur leurs montures, les trois compères partent au galop, sans demander leur reste.

(à suivre)

Chapitre 32 : Alternative
- Sans-nom !
- ...
- Sans-nom ! Par la barbe de Nahzghirk, réponds moi !

Agacé, le maître envoie une onde de choc mentale vers son disciple. Sursautant de douleur, le démon cherche ce qui l'a frappé.

- Vas tu me répondre cette fois, incapable ?
- Qui êtes vous ? Où êtes vous ? Que voulez vous ?
- Pas de ce petit jeu avec moi. Je te laisse quelques mois et tu m'oublies déjà ? Je peux te faire revenir à la raison, si nécessaire. Aimes tu tant la douleur ?
- ... M..maître ?
- Voilà qui est mieux ! Tu m'inquiètes sans-nom. Tu traines sur cette terre sans résultat aucun depuis des lustres. Aurais tu oublié ta mission ?
- Quelle mission ... Maître ?
- Attardé de gobelin ! Infiltrer les humains, et semer la zizanie parmi eux ! Mais que t'arrives t'il donc ? Est ce corps qui te gêne ? Je ne peux te voir, mais je sens qu'il a changé.
- Je ... non ça va, je me suis habitué. C'est juste que ...
- Que quoi ? Dépêche toi, je ne peux rester en contact avec toi pour l'éternité !
- C'est ... Enfin, parfois j'oublie tout, j'arrête de penser, et je me réveille ... ailleurs.

L'âme du petit humain serait elle toujours en vie dans ce corps ? Impossible. Après tant de mutations, il est dur de trouver un zest d'humanité dans cet être. L'âme n'aurait pas résisté à un tel traitement. A moins que ces repos forcés ne la protègent ? Ah quel casse-tête. Son plan n'est plus qu'un échec, un déchet. Soit, le maître admet son erreur. Mais il ne sera pas dit que tout cela aura été fait pour rien.

- Sans-nom ... sens tu ma colère ?
- Oui ...m-maitre.
- Parfait alors déchaine mon courroux sur cette terre, soit mon bras, ma rage vengeresse, détruis, broie, déchire ! Montre moi que tu mérites mieux qu'un retour dans le bas-chaudron de l'autre monde ! En es tu capable ?
- Oui, maître, avec joie maître, la terre sera rouge du sang des humains !
- Ahhhh, je te retrouve enfin, démon.

Le maître lance un petit rire sadique. Puis finit, après un bref silence par une lente phrase, où il pèse ses mots.

- Ne me déçois pas !

(à suivre)

Chapitre 33 : Appréhension
Paisible ...
Le village de Crimlake, sous les durs rayons du soleil de midi, ne donne aucun signe d'anormalité. Quelques bêtes broutent dans un enclos sur la gauche. Les trois cavaliers ont laissé les champs et les fermes éparses derrière eux, et s'avancent vers le centre du bourg. On entend quelques bruits en provenance d'une taverne. Après avoir mis les chevaux à l'ombre, Eregos et ses suivants entrent dans la fraicheur de l'établissement. Les conversations se taisent au fur et à mesure que les autochtones aperçoivent les étrangers. Au bar Rashnir commande une cervoise. Truk jette quelques regards nerveux autour de lui. Le tenancier leur verse un liquide brunâtre sans rien dire. Les curieux s'avancent lentement vers les trois compagnons, et l'étau se ressère, se ressère. Bientôt ils sont entourés d'un cercle épais de paysans à l'air patibulaire, qui semblent tous porter une arme sur eux. Soudain, d'un coup l'un d'eux sort sa lame et ...

Le silence ...
Aucun signe de vie autour de Crimlake. Pas même un cri d'oiseau, pas de criquet batifolant dans les champs, pas d'agriculteur au travail. Un peu plus loin, une fois rentré dans le village même, le groupe s'arrête. Un léger vent souffle dans les ruelles du village, soulevant la poussière en petits tourbillons entrainant quelques buissons morts, cuits par le soleil, sur leur passage, renforçant l'impression de désert. Ici, une porte cogne sur un mur, là un pan de fenêtre baladeur grince douloureusement. Accablé par la chaleur, rendu silencieux par l'ambiance fantomatique du lieu, Truk fait signe qu'il va à la taverne. Les autres suivent sans plus parler que leur compagnon. Le bâtiment ne donne pas plus de signe d'encouragement. Les meubles sont endormis sous un simili de couverture grise, le sol aussi crasseux montre quelques tâches brunâtres. Au fond le comptoir ne supporte rien que quelques chopes vides ... et une tête déssèchée, décomposée, près d'une main osseuse entourant encore un verre. Un crâne ? Mais que s'est il passé ici ? Tout d'un coup les portes se referment sur eux, les volets claquent en se retournant pour obstruer les fenêtres, des rires assourdis et disgracieux montent du plancher pourri, et ...

Eregos secoue la tête et cligne des yeux. Comment a t'il pu s'endormir sur son cheval ? La nuit ne fut pas de tout repos, mais de là à somnoler ainsi ... Se fait il donc si vieux ? Tournant la tête il remarque que Truk et Rashnir n'ont pas l'air plus en forme, et affichent la même surprise sur leurs visages. Ont ils, eux aussi, eu ces cauchemards ? Etrange ... Que vont ils découvrir exactement à Crimlake ? Voyant la journée bien avancée, Eregos force l'allure, pressé d'en finir, malgré son appréhension et son instinct qui lui dit de faire demi-tour.

Là-bas, au bout d'une route perdue du nord, le village de Crimlake les attend, patiemment. Et ses habitants aussi ...

(à suivre)

Kanon super fan :)

Par Kelemvor le 28/12/2001 à 14:36:17 (#622796)

Tu veux faire péter le forum Kanon :D

Superbe nouvelle :)

Par Kanon le 28/12/2001 à 14:37:58 (#622810)

Voila, plus qu'a editer le titre et le premier post, et tu peux continuer :)

(nb : j'ai pas inclus les post intermediaires parce que ca aurai ete encore plus long)

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Un Fan

Par Aron le 28/12/2001 à 14:49:50 (#622868)

Alors là chapeau bas *courbette*.

Et euh oui, j'avais essayé la recherche, 's'avait po marché.

Aron, flatté d'avoir un fan.

Par holdrik heutha le 30/12/2001 à 16:28:51 (#633330)

:lit:

J'ai pas tout lut mais ca a l'air pas mal ...




:ange:

Crépuscule

Par Aron le 31/12/2001 à 6:50:39 (#638053)

Chapitre 34 - Crépuscule

En haut d'une petit colline, les trois compagnons observent le paysage. Le soleil couchant leur offre une vue magnifique sur le lac et le village qui lui est accolé. Ils découvrent ainsi l'origine du nom de la bourgade, alors que les reflets du soleil rouge sur l'étendue d'eau donnent l'impression d'un lac ensanglanté. Eregos commençe une lente descente vers le village, suivi de près par un Truk soucieux à sa droite, et un Rashnir tendu à sa gauche. Tous laissent une main près de leur arme, au cas où.

Tout semble calme, trop calme. Les images de ses cauchemars se superposent à celles de la réalité, et Eregos secoue la tête pour tenter de retrouver la vérité dans ce mélange. La chaleur est bien là et le vent aussi, bien que moins gênants que dans ses rêves. Le chemin poussiéreux qui mène au village est vierge de toutes traces de passage récent. Et les marques creusées par les allées et venues de charrettes au fil des années ne semblent rester là que par habitude. Pas après pas, l'entrée du bourg se rapproche. Et toujours pas de signe de vie. Heureusement, pas de signe de mort violente non plus. Mal à l'aise, Eregos se voit avancer sur la place principale -- il ne se rappelle pas son cheminement dans la ville jusque là -- où trône une antique fontaine assèchée, pâle miniature de celle de Silversky. Il n'est même pas étonné de découvrir que la taverne est bien là, à l'endroit même où elle se trouvait dans ses songes maladifs. Arrivé devant la bâtisse, il met pied à terre. Après un bref regard entendu vers ses compagnons, il marche jusqu'à la porte battante, et la pousse une fois qu'il les sent à ses côtés.

Pas de surprise, les seuls habitants de cette baraque sont les quelques rats qui trottinent le long des murs. Une fine poussière et un fragile silence recouvrent l'auberge d'un linceuil décourageant. Eregos n'a pas le coeur à chercher quelque indice -- ou plutôt a t'il peur de ce qu'il trouverait ? -- et il se retourne vers Truk.

- Je pense qu'on est monté jusqu'ici pour rien.
- Faut croire, lui répond le voleur. C'est quand même bizarre un village désert comme ça. Je veux dire, si Crimlake était laissé à l'abandon depuis longtemps, on l'aurait appris à Lighthaven.
- Ouais, et Alver m'en aurait parlé, ajoute Rashnir.

Le rôdeur prend une chaise près de lui et s'asseoit à califourchon avant de reprendre.

- Je dirais que seuls quelques jours, une ou deux semaines peut-être, se sont écoulés depuis la disparition des villageois. Regardez les tables, elles sont sales mais pas blanches de poussières.

Rashnir montre un soudain intérêt pour le comptoir et passe derrière, soulevant dans ses grandes paluches trois ou quatre bouteilles d'alcool.

- Je confirme, tout à l'air en état ici. C'est même bien fourni. Ce qui voudrait dire que les habitants sont partis sans demander leur reste ...
- Voilà qui n'est pas rassurant, remarque Eregos. Je crois que nous devrions ...

Il s'arrête au milieu de sa phrase lorsque retentit un crit déchirant. Une des montures hennit de douleur, et les autres la rejoignent en coeur. Sans hésitation, les trois compères sortent rapidement de la taverne, arme à la main, et découvrent la raison de ce barouf.

(à suivre)

Par Moonraker AspiOCR le 31/12/2001 à 8:22:03 (#638236)

Impressionnant autant BG ke kanon d avoir eut le courage de l ecrire :)

franchement chapeau:eek: :eek: :eek: :p ;)

*a trop lu :maboule: *

Par Lan le 31/12/2001 à 12:45:03 (#639153)

je suis pas sur moonraker ......mais il me semble que c'est aron qui l'a ecrit ......
et d'ailleur felicitation ......heu tu m'excuse si je l'imprime pour lire au calme :)
*remonte le post au passage*
ljd Lan

Par Kanon le 28/1/2002 à 3:10:40 (#805336)

Il était une fois une légende qui méritait des éloges.
Il était une fois une histoire qui tenait en haleine de nombreuses personnes.
Il était une fois une épopée inachevée...

(shoryuken dans le post)

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