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Le Voile

Par Leuan le 14/12/2001 à 16:30:05 (#550448)

(Reprise des deux premiers épisodes pour information, et suite)

Cela faisait trois jours que durait notre ascension. L'air commençait à se raréfier avec l'altitude, rendant ma progression un peu plus lente. Mon guide bondissait comme un cabri sur le chemin escarpé à peine tracé, avec trois ou quatre virages d'avance, et ne semblait pas affecté, jettant en arrière des regards d'impatience, s'asseyant par moments sur quelque rocher pour faire jouer les rayons du soleil dans une étrange larme de cristal qui ne semblait jamais quitter ses mains. Nombreux sans doute étaient ceux qui l'eussent qualifié d'idiot, mais j'avais choisi de faire confiance au jeune homme dépenaillé au regard un peu fou pour m'amener quelque part.

Seul de tout le village il avait accepté de m'accompagner au-delà de ces montagnes à l'aspect si peu naturel, si j'en croyais certains traités sur les reliefs que j'avais pu lire. Lorsque j'avais lancé mon offre à la ronde dans la salle commune à la veillée l'hospitalité avec laquelle on m'avait jusque là accueilli s'était muée en embarras et silences. Aucun n'avait évoqué d'interdiction claire mais personne ne s'était porté volontaire pour venir ou même parler du sujet... et tous ces regards furtifs vers le jeune berger qui assis devant le feu jouait avec sa larme brillante...
Il m'avait regardé sans rien dire, jusqu'à ce que je me lève et m'approche malgré les bras qui tentaient de me retenir... "Ne lui prêtez pas attention messire il est un peu simple... sans malice mais il a déjà fait perdre leur temps à plus d'un aventurier qui se sont mis en quête de ses "trésors" pour ne trouver que cristaux de roche et autres babioles...".

M'accroupissant devant lui je demandai :
- Tu es allé derrière les montagnes ?
Un hochement de tête farouche.
- Tu m'y enmènerais ? Je te payerai bien.
Une étrange lueur dans le regard accompagna le rapide signe de tête qu'il fit, et refit, se levant brusquement et m'attrappant par le bras pour m'entraîner hors de la salle. Je le retins.
- Demain. Là il fait nuit.
Une femme d'une quarantaine d'années, qui avait du être belle et l'était encore d'une certaine façon bien qu'usée à la tâche tomba en sanglots. Entre les pleurs des paroles indistinctes
- Vous êtes fou ? Il était pas comme ça avant d'aller là-bas... Vous voulez devenir comme lui ?

Quelque peu honteux de provoquer semblable malaise chez ces bonnes gens je sortis et gagnai la chambre que j'avais loué pour la nuit dans la maison la plus cossue du village. Ma résolution restait intacte cependant... il fallait que je sache... peut-être la clé de mes interrogations se trouvait dans l'un de ces endroits placés sous un voile de mystère plus opaque que n'importe quel simple interdit royal... Et sous des superstitions bien enracinées semblait-il. Le jeune berger avait du faire quelque chute et s'était blessé à la tête, cela provoquait parfois des changements de comportement... ou une simple adaptation à la solitude prolongée à laquelle l'exposait sa tâche à la belle saison... il avait semblé peu sociable... mais pas idiot...

***

La nuit dans les montagnes venaient d'étranges rêves... principalement... de la vision d'Alan Kardec... images d'une netteté insoutenable des futurs dépeints par l'ancien Patriarche de la Rédemption lorsqu'il était revenu après une longue disparition, vieil homme brisé et aveugle disant avoir eu sous les yeux la ruine d'Althéa dans une guerre sanglante entre Séraphes et Néphilins.

Oh Alan... Dans le bonheur égoïste et l'affection qui m'unissait moi et mon frère retrouvé Baba à nos nouveaux parents adoptifs je n'avais pas été loin de le prendre pour un vieux fou. Dans l'un des futurs dont il disait avoir été témoin Alan ne s'était-il pas décrit comme vivant heureux pour un temps avec notre mère Kikyan tandis que notre père Lerrys était mort ?
Oh Alan... Maintenant je doutais. C'était une époque étrange que celle que nous vivions... le clergé d'Artherk dispersé à tous vents tandis que les Ogrimariens maintenant en possession de Windhowl par édit royal y faisaient rêgner et faisaient rêgner dans leurs propres rangs un ordre qui défiait avec persistance le chaos qu'ils prétendaient servir. Pour mieux lancer une offensive dont Althéa ne se relèverait pas ?

L'apocalypse annoncée par Alan se mettait-elle en marche ? Menaçant l'humanité d'une destruction aux mains des armées ailées d'autant plus ironique que les Dieux que les deux camps de Séraphes prétendaient servir n'avaient qu'une influence bien lointaine sur les affaires Althéannes, Artherk et Ogrimar s'alliant même en l'Oracle contre un ennemi qu'ils avaient semblé considérer comme autrement plus inquiétant que leur querelle personnelle... l'Haruspice ?

L'Haruspice avait déjà jugé l'humanité de ce fragment de la réalité sans que ces Dieux ni leurs Séraphes n'y puissent quoi que ce soit, et l'humanité avait survécu à celui qu'on présentait depuis des générations aux enfants Althéans comme l'abomination suprême... pour succomber maintenant aux effets secondaires d'un affrontement entre les conséquences vivantes de l'intervention inutile d'Artherk et d'Ogrimar, les Séraphes ? Les Séraphes dont la puissance inutilisée deviendrait même nuisible lorsqu'elle serait mise au service d'une guerre dans laquelle ils essaieraient d'entraîner l'humanité...

Je relevai la tête brutalement. Sans que je m'en aperçoive le sentier avait commencé à redescendre, rendant la marche plus aisée bien que les gouffres s'ouvrant de part et d'autre incitaient à modérer le pas. Une autre nuit approchait vite de toute façon et je commençai à chercher du regard des endroits propices pour nous arrêter. Là...une surface plane assez grande pour nous deux et un feu, un peu abritée des intempéries par un rebord rocheux... Ce soir-là le berger me laissa prendre pour la première fois cette babiole à laquelle il semblait tant tenir. Un cristal en forme de larme, étrangement froid et ne se laissant pas réchauffer dans la main...

[A suivre]

Sans retour...

Par Leuan le 14/12/2001 à 16:33:02 (#550469)

Dans l'aube argentée, froide et un peu brumeuse nous poursuivimes notre descente, revigorés par une nuit de sommeil et par l'approche du but. Un moutonnement continu de cimes d'arbres remplissant la vallée à l'intérieur des montagnes apparut en contrebas au bout de quelques temps. Etrangement l'air était parcouru d'étincelles et de miroitements, apparemment sans danger bien qu'un peu déconcertants et produisant une sensation de désorientation si on s'attardait trop à les regarder.

Mon guide courait presque maintenant, mais le chemin était encore long et ce n'est que vers le milieu de l'après-midi que nous atteignimes le sol de la forêt. L'endroit était d'une beauté enchanteresse, les volutes de vapeur que le soleil faisait monter du sol humide baignant tout de goutelettes... herbe, toiles d'araignées semblaient semées de larmes de cristal de toutes taille. Certaines plus grosses, étrangement solides, se trouvaient éparpillées dans l'herbe et avec un cri de joie enfantin le jeune berger entreprit d'aller en ramasser.

Ne pouvant le retenir à temps je le suivis sur les sentiers moussus. L'endroit semblait calme mais rares étaient les lieux du royaume de Goldmoon qui ne recelaient pas quelque danger plus ou moins visible.
Une heure plus tard nous nous instalâmes sur une pierre plate dans une clairière pour manger un morceau avant de repartir, pour progresser un peu en direction du centre de la forêt avant de devoir chercher un endroit pour passer la nuit.

Soudain un éclair jaillit alors que l'un des arbres se mettait en branle en direction du jeune homme qui vançait devant moi inconscient du danger, qui soudain disparut tandis que l'éclair franchissait l'emplacement où il s'était tenu avant d'aller se perdre dans les fourrés. Un cri de surprise, plus loin sur la gauche, et je vis le berger continuant derechef à ramasser ses cristaux en forme de larme, n'ayant toujours pas vu l'arbre qui après avoir changé de direction revenait lentement à l'assaut.

Me précipitant pour aller l'affronter je me pris le pied dans des racines qui avaient pris vie à leur tour et me retrouvait en train d'affronter un autre arbre animé, incapable pendant ce temps de m'assurer de ce qui arrivait à mon guide. Quand enfin l'arbre s'effondra sous les coups ni le berger ni l'autre arbre n'étaient encore en vue. Entendant un cri de douleur je coupai à travers le sous-bois pour le rejoindre avant de me retrouver à mon tour... ailleurs... les arbres étaient tapissés de toiles jusqu'à une hauteur qui augurait d'une taille respectable des tisseuses...
Une sensation de picotement au flanc me fit me retourner. Deux araignées gigantesques me contemplaient de leurs yeux multiples, attirant à elles la vie de mon corps.

Lorsque je les eu enfin vaincues je me trainai en titubant jusqu'à un tronc tombé pour m'y asseoir et récupérer des forces. Amèrement je pensai que mon guide n'avait pas du rester en vie bien longtemps dans cette forêt traîtresse. Mes arts curatifs vinrent finalement à bout de l'engourdissement créé par les absorptions de vie des araignées mais les tempes toujours battantes d'un martèlement persistant je me remis en route vers le centre, ou du moins là ou je pensais que le centre devait se trouver d'après la position du soleil... vu que j'avais été téléporté je risquais tout autant d'arriver au pied des montagnes sur le bord opposé de la vallée...

J'appelai mon guide à voix haute à intervalles réguliers... vu mon peu d'adresse à passer inaperçu ça n'aggravait guère les risques... mais seul me répondait la rumeur végétale de la forêt et quelques fuites de petits animaux effrayés. Un miroitement... et je me trouvai à nouveau ailleurs... la mésaventure se reprodusit plusieurs fois et la nuit tombait quand j'atteignis le bord d'une immense clairière occupée par un cercle de pierres levées. Mon guide était étendu sur l'herbe face contre terre à l'intérieur, remuant faiblement.

J'allais m'avancer quand un séraphe aux ailes noires arriva à son tour et l'approcha à grandes enjambées, sans me voir dans l'ombre des arbres.
- Qu'est-ce que tu fais là vermisseau ?
Pas de réponse. Le séraphe retourna le jeune homme et sa vue fut comme un coup de poing dans l'estomac... victime de drains de vie au point d'en être presque méconnaissable.
- Hmm qu'est-ce que tu as là ?
Le berger s'accrocha à la sacoche dans un dernier regain d'énergie que l'autre accueillit d'un coup de bâton. Des larmes brillantes jaillirent et se répandirent dans l'herbe. Le séraphe ricana :
- Bien, bien, cela m'évitera de perdre trop de temps dans ce trou perdu.
Le berger s'accrocha aux robes noires du mage, tendant la main vers son... trésor... L'autre le repoussa sans mal, ramassa les gouttes tombées et s'éloigna en riant :
- Ne sois donc pas si pingre... à quoi te serviront-elles de toute façon tu me semble bien parti pour rester ici... indéfiniment... Sur ce aurevoir.
Je récupérai mon souffle juste à temps pour lui hurler après :
- Chien ! Tu ne l'aidera même pas à sortir ?
L'interpellé se retourna, haussant le sourcil en me voyant.
- Tiens donc, les vermisseaux sont décidément de sortie aujourd'hui. Non je ne l'aiderai pas. Les rares humains qui s'aventurent ici et survivent ont la facheuse manie d'en ressortir fous à lier... et sont plus une charge et un chagrin pour leurs familles que s'ils... disparaissent purement et simplement. D'ailleurs je vous conseille de ne pas m'approcher davantage ou je me verrai contraint d'assurer ma sécurité par les moyens qui s'imposeront.

Haussant les épaules je retournai auprès du berger. Il était agonisant et malgré mes soins expira bientôt. Toujours ce maudit martèlement aux tempes... Je n'avais rien découvert et l'endroit semblait trop dangereux pour continuer mes recherches. La seule chose qui m'avait retenu, mon inquiétude pour la santé de mon guide, n'était plus et je me préparai à regagner mon sanctuaire.
Rien...
Encore rien...
Toujours rien...

Une demi-douzaine d'araignées comme celles que j'avais croisées plus tôt déboulèrent dans la clairière. Mes doigts et mon visage perdirent presque instantanément toute sensation. En désespoir de cause je lançai une autre incantation, de magie des vortex... et défaillis en sentant que le sort ajoutait son drain à celui des araignées, le cercle ne m'accordant pas la protection sur laquelle j'avais compté.
Tout devint noir.

[A suivre]

Journal d'Aloysius Starbolt

Par Leuan le 14/12/2001 à 16:35:37 (#550487)

Journal d'Aloysius Starbolt

Le malade semble se porter mieux mais j'ai conseillé au maître-guérisseur de continuer à ne laisser l'approcher que des personnes d'une stabilité certaine. Le brave homme m'en veut un peu d'en savoir ou d'en soupçonner plus que je ne veux lui en dire, mais après le pandémonium provoqué par les deux aides qui ont aidé aux soins apportés au jeune homme lors de son arrivée il a eu la sagesse de se conformer à mon avis.

Le jeune homme lui-même est calme, très calme. Il mange normalement bien qu'il y a une semaine à peine on l'ait trouvé étendu dans le cercle de Silversky, au dernier article de la mort. On ne lui a pas tiré un mot depuis son arrivée et il reste aussi peu loquace dans son sommeil quoique celui-ci soit souvent agité et coupé de cris. Plusieurs personnes du château l'ont reconnu pour l'avoir aidé il y a quelques temps à obtenir avec leur bénédiction son passage sur l'île maudite de Stoneheim, et il me semble bien que j'ai dû lui acheter à plusieurs reprises de ces yeux de tarentules dont j'ai sans cesse besoin. Ievan Ikinthil, ou quelque chose comme ça.

Il présentait un cas typique d'épuisement par magie des Vortex effectuée en dehors d'une enceinte consacrée, aggravé apparemment par des brûlures électriques, empoisonnement et morsures diverses, et surtout par un ou plusieurs drains de vie simultanés à la téléportation. Mais cela n'expliquait pas l'étrange humeur qui semblait s'emparer de quiconque restait près de lui trop longtemps...
Cela, associé à quelques unes de mes recherches antérieures (==>ICI<==) et à la branche d'arbre d'une essence peu commune qu'il tenait en main quand on l'avait découvert, me faisaient louer le ciel que les zélateurs d'Artherk éventuellement présents en ville aient d'autres chats à fouetter avec la dissolution de leur clergé...

Le Voile... La folie toute-puissante et contagieuse irradiant des êtres et des lieux de certaines régions reculées, réduisant vite à néant l'esprit de ceux qui s'y aventuraient sans protection... Tout comme ce jeune berger que j'avais étudié quelques années plus tôt celui là avait pénêtré dans l'une des régions interdites... mais contrairement à ce berger il semblait pour mon plus grand étonnement en bonne voie de récupération complète et pourrait sans doute m'en dire plus...


[Quelques jours plus tard]

Leuan a accepté de me relater son bref passage dans cette forêt, trop bref pour faire plus qu'égratigner l'apparence des choses.... Quoi qu'il en soit il est resté obstinément silencieux sur les raisons qui l'avaient poussé à tenter l'expédition. Cette branche qu'il emporte avec lui, la regardant et la tournant dans ses mains comme s'il y discernait un potentiel invisible du commun des mortels, dont les feuilles à l'extrémité étaient toujours vertes ? Sans doute pas, on ne risque pas deux vies pour si peu quand les arbres animés qui envahissent la forêt juste à l'extérieur de la ville fournissent un bois presque similaire...

Y cherchait-il les réponses aux nombreuses questions qui semblent le préoccuper ? Reste à espérer qu'il n'ira pas les chercher aussi dans les autres lieux frappés du même interdit que la Forêt sans Retour... j'ai partagé mes théories avec lui et cela semble l'avoir dissuadé de chercher à y remettre les pieds.
Il m'a annoncé son intention de repartir pour Stoneheim, chez les Centaures... ce peuple magnifique et paisible...

Par Zaccary Kemler le 14/12/2001 à 16:45:59 (#550567)

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