petite histoire

Par Moire le 8/12/2001 à 14:57:55 (#514615)

Danse...

Il est un pays où toutes les femmes sont belles…
Il est un pays où toutes les femmes sont sensuelles…

Arborant leurs si jolies peaux bleues et douces, elles offrent le spectacle de leurs danses envoûtantes qui font naître en nous des désirs ardents. A voir leurs roux cheveux voleter au gré de leurs mouvements, personne n’échappe au sortilège. Nous restons là, les yeux rivés, sans pourvoir nous en détourner. Seuls battent à l’unisson nos cils et nos cœurs. Communion des esprits…

Il arrive que ces esprits se mêlent à notre monde. Si chacun peut les voir, les remarque-t-on pour autant ? Pour admirer leurs beautés, encore faut-il les regarder, fouiller leurs âmes, les mettre à nu. Nombre d’entre elles meurent ainsi sans avoir été aimées, sans même l’aumône d’un regard, d’une attention. Elles auront dansé en vain…

Et pourtant, la chaleur qu’elle provoquent en nous, ce feu, ce désir, ô combien je l’aime ! Je ne pourrai décrire cette sensation, lorsque je caresse leurs visages, leurs flamboyantes chevelures, lorsque mes doigts se mêlent aux leurs, jouissant du toucher de cette peau satinée, à peine sensible, éthérée autant que brûlante.

Et lorsque le solo se fait ballet, lorsque toutes ces muses s’unissent au point d’engendrer une et unique déesse, la splendeur illumine nos cœurs. Elle éclaire nos visage d’une lumière nouvelle, met en exergue des aspects inattendus. La côtoyer nous transforme, nous transfigure… Oui, lorsque vient la déesse, quand nous est accordée la grâce de sa présence, un frisson nous parcourt, une vague de chaleur nous enlace, nous embrasse et nous embrase… Lorsque vient la déesse, quand elle nous parle de sa voix suave et crépitante, moi, je reste assis, recroquevillée. Et je ferme les yeux pour savourer son chant. Je me laisse bercer par ses mots doux, ses mots qui exhalent la passion. Et tout mon être la désire… Mais je reste sans bouger, catatonique, le menton sur les genoux, les bras enlaçant mes jambes. Je la désire tant et tant. Je me consume à l’attendre. Je sais pourtant que jamais elle ne sera mienne. Non, jamais elle ne sera nôtre… La déesse n’a qu’un amant, un amour maudit. La belle s’est entichée d’un être volage, toujours à fuir, courir, sans jamais s’arrêter. Ses enfants sont myriades, ses passions multiples, ses amours trompeurs et sans lendemain. En attendant chacun de ses retours, la déesse danse son hymne à l’amour.
Lorsqu’enfin elle l’aperçoit, son destin est d’ors et déjà scellé, sa mort est imminente. La jalousie des autres a rendu leur union impossible. Il est un poison pour elle, qui succombera au moindre de ses baisers. C’est sa vie, c’est son monde…

Aujourd’hui, j’ai assisté à la naissance d’une petite, toute petite fille de ce peuple si singulier. J’ai beau savoir leurs vies fulgurantes, à l’instar des papillons, des fleurs, j’ai peine à le supporter. Tout ce qui est grâce, tout ce qui est merveille, nous émerveille et nous émeut, passe dans la vie à la vitesse d’un cheval au galop. Elles sont éphémères. Une journée, quelques heures, une poignée de secondes au cours desquelles elles se donnent, elles se livrent et nous dédient leurs entrechats, dans l’espoir d’un peu d’amour. Futilité des choses établies ! Pourquoi nos rêves s’éteignent-ils, pourquoi les fées n’existent plus ? Pourquoi la beauté rend amer au point de faire de nous des assassins ?

Oui… Aujourd’hui, j’ai assisté à sa naissance et je lui ai offert mes yeux, mon regard, mon attention… Je dépose à ses pieds mon âme, car je sais combien chaque instant est un honneur pour moi, un bonheur pour elle. Danse, ma petite… Chaloupe à ton rythme… Je suis là pour toi… Envoûte-moi, lance ton sortilège, entame le rituel… Je suis à toi… Continue, déhanche-toi… Surtout, ne t’arrête pas… Je sens déjà poindre l’hiver de ta vie, la bise glaciale, la tempête automnale… Danse…
De cet accord, nous tirons notre plaisir, nous profitons pleinement de chaque grain de sable qui s’écoule de son sablier. Car elle et moi savons, nous connaissons l’inéluctable issue… Danse… Je t’offre mon âme…



« Joyeux anniversaire.. », entonnèrent en chœur le couple d’amis qui m’avaient invité à la fête. Le gâteau, avec son unique bougie, gisait au beau milieu de la table. L’assemblée chanta, l’assemblée souffla. Et moi, je pleurais…

Il est un pays où toutes les femmes sont belles…
Il est un pays où toutes les femmes sont sensuelles…
Mais il n’est aucun pays où toutes les femmes sont éternelles…

Par Chani de Pern le 8/12/2001 à 16:19:22 (#515098)

*Essuie ses larmes en lisant l'histoire*
Douce Moire, que d'émotions en si peu de lignes ...

Par Moire le 8/12/2001 à 16:20:56 (#515105)

*sourit*

Par Khetill de Pern le 8/12/2001 à 18:19:14 (#515559)

*Touché*

L'éphémère appartient déjà au souvenir,
pourtant ces quelques lignes de votre main
auront détourneés celles perfides du temps,
très longtemps encore elle dansera en nous...

Par Gilthanas le 8/12/2001 à 18:20:48 (#515571)

*Tique*

Merci, Moiriotte

Par Nebulas Darek le 8/12/2001 à 19:21:54 (#515846)

*sifflote*
*remonte le post discretement*

Par Aelfwin De Vald le 8/12/2001 à 19:29:58 (#515882)

merveilleux, bravo !

Par Tolkienn Hurkyl le 9/12/2001 à 18:29:07 (#520146)

Que de jolis mots et quel beau récit !!!!!!

*HRP* BIG UP BIGUPPPppPPPpppPPPPpPPPPPPpPPPpppp !!!!!!!;) :p :) :D :D

Par Moire le 10/12/2001 à 8:03:59 (#522656)

*rougit* merci merci merci... *énoooorme sourire*

Par Kallista le 10/12/2001 à 9:26:06 (#522786)

Permettez moi de citer quelques vers pour exprimer mon sentiment :

L'amour rend la femme toujours belle.
L'amour rend la femme sensuelle.
L'amour, sentiment éternel,
Rend la femme de son coeur immortelle.