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Le passé de Kain...(compilation et suite de la suite de la suite...)

Par Kain Heinlein le 4/12/2001 Ă  2:28:42 (#500217)

« Alors, mon jeune ami, as tu décidé ? »
L’air était chargé d’une douceur estivale, une de ces douceurs aériennes qui font oublier la lourdeur des plus gros soucis, emportés de le flot harmonieux d’un bien être sans mots. Le ciel se marbrait de temps à autre de nuages aux formes éparses, déchirant le magnifique azur de leur blanc grumeleux.
Profitant de la luminosité exceptionnelle de cette fin d’après midi, le jeune enfant était assis dans la cour et laissait son regard voguer doucement sur les gerbes fleuries qui se déversaient en vastes tapis bleutés tout le long de l’allée.
Le maître d’arme, un homme fort bellement moustachu d’une quarantaine sûre, s’impatienta en voyant que le jeune maître n’accordait plus d’attention à sa leçon. Il cogna la hampe de sa lance près de lui, pour le tirer un peu malgré lui d’une rêverie qui faisait plaisir à voir. Le jeune Kain lui lança un regard éberlué pendant le court laps de temps ou il se pensait encore dans les bras cette beauté végétale, mais il se reprit rapidement.
« Oui, m’ssire ? »
Le quadragénaire regarda son jeune élève au visage poupon, soupirant de ne pouvoir être plus dur vis à vis d’un être aussi tendre…Décidément, ce jeune être aux yeux d’un gris clair innocent était à part…Peut être était ce parce qu’il était noble et qu’il avait réussi à vivre cloîtré de la haine d’autrui, bien sagement à l’abri dans le domaine de la Seigneurie…mais toujours est il que sa pureté ne le laissait pas indifférent. Surmontant son affection instinctive, le maître d’arme reprit parole, s’efforçant de rester aussi bourru que le nécessitera cette première leçon.
« Et bien !Je t’ai demandé de choisir la première arme que tu voudras maîtriser !Un jeune seigneur se doit, en plus d’être vertueux, d’être fort au combat ! »
« Je n’aime pas m’battre, moi, messire !Je suis zobligé ? »
« Bien sûr » renchérit le maître d’arme « Sinon tu ne pourras pas protéger tes parents lorsqu’ils seront plus vieux, et si jamais il se font attaquer, tu ne pourras rien faire pour les sauver. Est ce que tu veux ? »
L’homme se surprit lui même d’avoir été aussi pédagogue, et s’en voulait un peu d’ailleurs, il ne devait pas faire dans le sentiment, surtout pas face à ce petit être qui avait grand besoin d’être rudoyé. Mais il n’eut plus à faire d’efforts contre-nature, le jeune bambin semblait amplement satisfait par ce prétexte.
« Je comprend bien, m’ssire ! » dit il , secouant la tête avec enthousiasme.
« Je récapitule donc…ici, tu as l’épée…la hache, l’arc, le fléau, la lance et la dague. » Il joignit le geste à la parole, montrant chaque arme et profitant d’un petit moment de battement dans son énumération pour effectuer quelques passes impressionnantes dans l’air, le coupant de large moulinets destinés à faire envie au jeune apprenti.
« Je veux l’arc !Je veux l’arc ! » Depuis le moment ou il avait vu le maître toucher d’une flèche un pilier situé l’autre bout de la cour, l’enfant ne cessa de le presser de lui en apprendre le maniement, perturbant son maître de ses quémandes incessantes pendant qu’il démontrait l’usage des autres instruments de son arsenal meurtrier.
Le vieil homme paru un peu déçu, rengainant un glaive rutilant dans son fourreau finement ouvragés de ravissantes arabesques. Mais puisque le jeune maître en avait décidé, il dut lui apprendre le maniement de l’arc.
« Pourquoi veux tu maîtriser cet arme ci en particulier ? » Demanda le tuteur à son disciple.
« Ben si je veux protéger mes parents, j’dois savoir les protéger de loin ! »
L’attendrissante assurance de son petit protégé fit rapidement oublier à l’instructeur sa récente déception. Il prit la hampe d’un arc court et la tendit vers Kain qui le prit avec hâte pour en caresser la corde.

Non loin de là, camouflé dans l’ombre d’une arcade menant à la cour, épiait le Seigneur des lieux, grisé d’un plaisir impatient qui lui vrillait doucement les viscères, tel le mauvais trac d’une extase tant attendue.




Â…




« Relève toi. »

Le maître d’arme frappa son bâton taillé dans la paume de sa main rugueuse, toisant son jeune apprenti qui était en train de se relever péniblement, l’arc à la main. L’entraînement avait déjà commencé depuis une semaine et déjà sa sévérité était exemplaire. L’instructeur martial était maintenant dans son élément, et, dans le feu des exercices qu’il imposait à son apprenti, il
n’avait pas le temps de faire dans le sentiment…et encore moins dans la pédagogie.

« Relève toi ! » s’impatienta t’il, ulcéré de voir les maigres capacités physique de Kain dont le temps de récupération ne laissait que beaucoup trop à désirer.

Le jeune enfant s’exécuta docilement, grimaçant de douleur et de fatigue, serrant avec une persistance frustrée l’arc que son maître lui avait donné quelques lunaisons plus tôt.

« Maître Guren , je…je croyais qu’avant de m’exercer ainsi …je, j’apprendrai à mieux tirer. » geint le bambin, cherchant une nouvelle flèche dans son carquois.

« Ne mets pas en doute mes méthodes, jeune impertinent ! Un bon chasseur, outre sa capacité à viser, doit briller par sa mobilité et ses talents d’esquive. Si tu viens à manquer ta cible et qu’elle n’est pas blessée mortellement, tu en pâtiras, et si tu ne t’octroie même pas le temps à toi même de lui décocher une seconde flèche, l’animal ou le guerrier sera déjà arrivé au contact pour te réduire en pièces. C’est pour cela que avant d’apprendre à tuer ton adversaire, tu dois apprendre à survivre en cas d’échec. » Le maître parlait avec un mépris évident à son apprenti, d’une voix altérée qui insistait avec une douloureuse disharmonie sur les « c ». Ce dernier était fort contrarié de voir que son disciple était déjà fort au courant des méthodes habituelles d’entraînement.

« Encore ces saletés d’paperasseries » maugréa t’il à lui même en qualifiant les livres dans lequel le jeune homme tirait sa culture, notamment celles qui lui permettait de remettre peu révérencieusement ses enseignements en doute.

« Peu importe que tu me touches ou non, si tu arrives à décocher ta flèche avant que mon bâton ne te caresse les côtes, je stopperai mon geste ! » s’écria t’il, bourru.
« Je te laisse cinq secondes pour te mettre à distance, ensuite l’exercice reprend ! » continua t’il d’un ton qui ne laisse aucune équivoque.

Kain reprit doucement ses esprits et, se faisant, son visage s’éclaircit d’une curieuse expression, une expression de réveil.
« 1 »
Il fit un pas en direction de l’autre bout de la cour, la démarche décidée.
« 2 »
Il couru sur la longueur d’un petit mètre et s’arrêta.
« 3 »
Il se retourna et lança un regard de défi vers son maître, apparemment fort peu enclin à le laisser le frapper cette fois ci.
« 4 »
Le maître continua à compter, impitoyable, serrant sa main sur son bâton et esquissant déjà le premier pas d’une rapide course. Kain, quand à lui, tremblait d’excitation, il cherchait non seulement à se dispenser de la correction qui allait suivre, mais également de remettre à sa place ce maître si suffisant d’expérience, ce rustre qui méprise la lecture qu’il affectionne tant. Il mit la main au carquois, prêt à prendre sa flèche, adressant à son maître un regard bestial et agressif, le mordant de l’intensité claire de ses prunelles grises.
« 5 »
L’homme fut un très court instant décontenancé par la haine évidente du jeune élève. Malgré son habitude de se faire haïr, le brusque changement qui s’était effectué chez le jeune garçon l’avait laissé une fraction de seconde dans une étrange surprise, et il se laissa surprendre par ce changement inattendu. Ce bambin innocent lui adressait un regard de défi qu’il n’avait que trop rarement aperçu dans le regard de ses anciens adversaires. Cela donna suffisamment de temps à Kain de prendre une flèche et de l’encocher maladroitement.
Il tendit la corde de son arc, le Maître s’élança vers l’enfant.

Une goutte de sang, arrachée par le bois peu pointu de la flèche d’entraînement, échoua sur les dalles claires de la cour du castel. Le maître toisa son disciple d’une défiance semblable, le reconnaissant non seulement comme un élève digne, mais également comme un noble adversaire. Il s’était laissé impressionner par le jeune garçon, qui en profita pour l’effleurer de sa flèche. Il avait tenté de l’esquiver, mais le jeune homme l’avait fixé d’une intensité telle qu’il avait lui même eu envie de le laisser le toucher. Mais cela ne fit que renforcer la détermination de l’homme de faire de lui son meilleur archer et, les jours suivants, il n’allait pas hésiter à le rudoyer plus encore.

Mais pour l’instant, il regardait son apprenti avec un contentement illégitime. Ce n’était pas lui qui avait appris à son disciple une telle férocité, mais c’était lui qui l’avait réveillée. Il se sentait curieusement excité par le déchaînement soudain qu’il avait provoqué. Sans doute la grisance d’avoir déchaîné une fureur qui sommeillait, d’avoir laissé libre bride une force longtemps endormie…Une fausse impression de pouvoir.

La pluie, comme témoin de la scène, en profita pour abattre sa douce tiédeur sur eux, semblant avoir attendu l’instant propice pour calmer ces deux animaux en sursis, qui haletaient jusqu’alors sous la violente pulsion de poursuivre ce qui était pour eux le début d’un combat.
L’eau et le sang s’entremêlèrent sur le dallage, pour ne finalement laisser aucune trace de sang.

Il l’escorta jusque dans la bibliothèque, alors que Kain essayait avec amusement de calquer sa démarche sur sa martiale homologue, celle du maître d’arme, qui ne se relâchait à aucun moment. Ils traversèrent de longs couloirs agrémentés de tapisseries ocres et pourpres, réchauffant de leur belle couleur le froid de l’allée de pierre. Ils arrivèrent finalement à la bibliothèque, ou les attendait la jeune mère Heinlein.
Elle était affalée négligemment dans un lourd fauteuil de sommeil-lecture, triturant nerveusement le livre qui trônait sur ses genoux. Elle était vêtue d’une robe noire, parsemés ci et là de fines dentelles, en terminant esthétiquement les larges courbes. Son visage, où s’y affichait une tension extrême, était fin, quoique sensuellement charnu, tandis que son regard émeraude trahissait plus encore l’inquiétude dont elle était victime.
« Ooooh ! Kain ! Mais tu es trempé ! » s’exclama t’elle en se jetant sur lui, lui frottant les épaules pour le réchauffer. Kain se retint comme il peut, mais laissa un léger « ouille » s’échapper de sa gorge, succombant à la douleur que lui criaient ses divers bleus et meurtrissures, résultat du dur entraînement d’aujourd’hui.
Elle leva les yeux vers le maître d’arme, qui pestait intérieurement contre le gémissement du petit Kain.
« Ne soyez plus si dur avec lui, je vous en prie ! Ne voyez vous pas qu’il est encore un enfant !? » s’écria t’elle, après s’être rendue compte de l’état du gamin.
« Votre mari m’a demandé de ne lui accorder aucun traitement de faveur, et c’est bien ce dont j’avais l’intention. Votre fils doit être fort, et pour cela il doit souffrir un petit peu. »
Il était catégorique, et semblait n’avoir aucun doute quand à cette réponse, mais au fond de lui se cachait, dans un repli de doute, l’intense désir de révéler la nature guerrière de Kain. Il n’y avait seulement qu’une raison qui lui empêcha de le dire : la peur d’être incompris de cette femme. Pour lui, peu lui importait d’être prit pour cruel ou insensible…mais il lui importait d’être prit pour un insensé. Il se tut, lui même peu satisfait de sa propre réponse.
La femme soupira, ressassa son amertume vis à vis de l’impatience masculine de faire des enfants des hommes, et finit par se laisser conquérir par la douceur qui la submergeait peu à peu lorsque son regard se posait sur sa tendre engeance.
« C’est pas grave, maman ! » répondit il simplement. « Et puis ça ne fait pas si mal que ça ! » conclut il avec un sourire angélique.
Elle ferma les yeux et le serra avec précaution contre lui, retenant à grand-peine un sanglot, tandis que le maître d’arme, bringuebalant sa lourde et bruyante armure, s’efforça de quitter la salle le plus discrètement du monde, adressant au passage un regard attendri sur les retrouvailles maternelles.




MaisÂ…



Aujourd’hui était le jour de repos pour le jeune Kain. Cela faisait déjà deux rudes semaines que son entraînement avait commencé et déjà il commençait à se renforcer physiquement et mentalement. Mais ce dernier n’en avait pas pour autant abandonné sa passion pour les écrits et, en ce saint jour de repos sanctifié par une tradition pantouflarde de la lignée Heinlein, Kain s’adonnait à son activité favorite. Il était tranquillement installé dans son fauteuil favori, qui dégoulinait pelucheusement d’un confort indiscutable, reposant ses jeunes os dont quelques rares exemplaires avaient étés douloureusement fêlés par l’entraînement intensif. Il avait sur ses maigres genoux bleuis un des exemplaires des pratiques druidiques du pays de Goldmoon. Au travers des pages fort bien conservées de ce sympathique ouvrage, Kain trouvait un intérêt exemplaire à voyager parmi les merveilles naturelles qu’offraient l’essor pantagruéliquement descriptif du recueil. Par le biais des mots, Kain apprit à faire agréablement la connaissance des cercles druidiques, des présences Lughiennes et Titanesques, de l’harmonie entre les hommes et les bêtes, de l’union entre la nature et le savoir. Il était quelque part fasciné de voir que malgré tout ce que les humains pouvaient faire, ils étaient encore capable de rester proche du téton nourricier de leur terrienne matriarche. L’auteur du livre décrivait avec amour le mode de vie druidique, ainsi qu’une affection sans égal vis à vis de son environnement forestier…Et ce à un point tel que Kain passa de longs moments à se demander pourquoi en première page de l’œuvre il pouvait y lire que le druide en question avait été banni. Il ne comprit tout cela que bien plus tard en réalisant que pour le réaliser, le druide en question avait dû user moult parchemins et qu’user autant de parchemins n’était peut être pas d’un respect exemplaire vis à vis de son culte.

Soudain, surgirent de derrière lui deux bras qui enlacèrent tendrement le torse du jeune héritier, alors que les douces lèvres de sa mère frôlèrent sa joue d’un baiser affectueux. Il y avait trop longtemps que Kain ne s’était plus laissé bercer ainsi, alors il ferma les yeux, ne remarquant pas que les joues de sa mère étaient devenues le théâtre d’un ballet de larmes qui se succédaient dans un rythme douloureusement effréné, finissant leur mélancolique course dans la chevelure blondinette de la juvénile progéniture.
Elle le serra avec force, avec l’une de ces forces fusionnelles qui font désirer à chaque être de ne faire qu’un avec l’autre. Elle le serrait d’amour, mais elle le serrait également de peur. Elle savait que pour Kain sonnait le glas de son destin, perçant silencieusement le cœur de cette mère dévastée de violents à-coups, s’enfonçant dans son âme meurtrie et mutilant son esprit de reproches d’impuissance. Car si elle avait pu, elle se serait sacrifiée pour le sauver et ce mille fois si cela avait été possible.
Mais le marmot restait tranquillement assis dans le siège, profitant de cette si douce chaleur maternelle, un sourire béat de douceur aux lèvres.

Sa mère cessa soudainement cette effusion, et partit rapidement de la pièce, laissant le petit lecteur seul et un peu étonné de cette brusque fin. Il sauta hors du fauteuil d’un bond vigoureux et alla replacer le livre dans la bibliothèque, à l’endroit exact ou il était placé, et ce avec un soin maniaque…mais comment pouvait il faire autrement ? Les étagères étaient tellement soignées, et tellement remarquablement agencées que les coloris et volumes de chaque ouvrages semblaient fait pour concorder exactement avec ceux de leurs voisins, ce qui facilitait grandement la tâche du rangement. Il arpenta la salle de lecture un long moment, tenté entre la recherche d’une lecture plus passionnante encore, et le plaisir de savourer la chaleur de cette après-midi de printemps. Mais il avait été trop alléché par sa lecture pour rester enfermé plus longtemps et il sortit bien vite de son confortable cloître.
Arrivé dans la cour intérieure, il remarqua le vieux majordome, qui penchait son dos chenu pour abreuver la terre reposant aux pieds d’un ravissant tapis de bleuets.
« Vous voilà, jeune maître ! » S’écria avec ravissement le vieil homme, ragaillardi par une présence si juvénile à ses vieux côtés.
L’enfant lui sourit en tout réponse, s’étirant félinement en offrant sa face au rayons bienveillants du soleil solitaire, qui trônait avec un radieux isolement au sein de ce beau bleu saisonnier. Après ses ébats désengourdissant, Kain focalisa son attention sur la tâche arrosière du vieux serviteur, le regardant faire avec grand intérêt, soudainement passionné par les plantes. Il resta un long moment à l’observer en train d’humidifier le terreau de cette eau limpide, semblant compter la moindre goutte d’eau nécessaire au bon entretien de ces ornements végétaux. Au bout d’un moment, Kain pointa son doigt vers le rosier bleu, qui occupait la place la plus importante de cet écueil coloré.
« Et celles là ? Comment vous faites pour qu’elles soient si jolies ? »
Le vieil homme le regarda d’une prunelle ravie, tandis que ses oreilles en feuille de chou semblaient remuer du plaisir d’avoir été flattée d’une question si agréable. Ni une ni deux, il prit la main de l’héritier, lâcha son seau d’eau qui en profita d’ailleurs pour éclabousser joyeusement le dallage qui le jouxtait, et trottina vers les rosiers bleus.
« Vois tu, mon jeune ami, ces roses sont la fierté de ta famille, et il est de mon devoir de te passer le savoir de ta famille, ton père étant trop occupé pour le faire. »
Kain n’en avait cure de son père, il ne le voyait que trop rarement, et lorsqu’il le voyait, il n’avait droit qu’à un vague regard vide, sans affection , sans agression. Le simple regard torve de celui qui voit pour la énième fois le même couloir le menant à sa chambre, qui voit sans remarquer. Non, décidément ces roses étaient beaucoup plus intéressantes que son père !

« Vois tu, mon petit, ces roses… »



Â…

...

Par Kain Heinlein le 4/12/2001 Ă  2:30:39 (#500224)

Le vieux jardinier pointa de l’extrémité de son petit doigt une tige naissante à la base d’un des rosiers bleus, jetant de temps à autre un œil à son jeune interlocuteur pour vérifier son attention, attention qui d’ailleurs était tout sauf relâchée. Kain était absorbé comme rarement il l’avait été auparavant, et le vieil homme le découvrit sous un jour nouveau, cachant sa surprise sous un flegme blasé de sexagénaire . Il avait l’habitude de voir souvent le jeune maître sous des airs angéliques et insouciants mais jamais il n’avait vu un intérêt aussi fort se refléter sur ses traits enfantins. Cela galvanisa davantage la motivation du professeur-d’une-heure, et ce dernier n’hésita plus à s’attarder sur chaque petit détail nécessaire à la culture des ersatz bleutés. Kain était toutes ouïes et toutes pupilles, ne manquant pas la moindre miette de la leçon. Et, en même temps qu’il découvrait les nombreuses misères qu’occasionnaient ces pousses, il se prit d’une passion belliciste à l’encontre de ces fleurs. Il ne les voyait plus seulement maintenant comme un simple apparat végétal, mais également comme le terrain d’un nouveau combat. Rien ne semblait plus dur que de cultiver ces roses, et cette difficulté lui plaisait énormément.
La leçon se poursuivit des heures durant, le jeune comme le vieux étant sous le joug d’une ferveur respectivement tutélaire et avide de connaissance. Mais à un moment, le jeune garçon posa une question qui plongea l’ancêtre dans une hésitation malaisée.
« Vous ne leur donnez pas d’eau, Messire le jardinier ? »
Le vieil homme se gratte la gorge, comme la gêne commande de faire dans ce genre de situations, posa sa main prunelée sous son menton qui ne l’était pas moins, balbutia quelques esquisses de phrases de sa voix enrouée puis conclut par un « Elles n’ont pas besoin d’eau. », frustré de n’avoir pu dire que cette demi-vérité.
Kain se perplexifia un court moment, un peu déçu d’une réponse qu’il suspectait à raison d’être sibylline, mais il n’avait pas l’habitude de douter d’autrui alors il oublia rapidement le peu de satisfaction que lui apportait cette réponse, laissant sa curiosité langue pendante.
Il avait horreur de douter d’autrui, à un point tel qu’il excluait toujours cette éventualité. A une seule exception près : il avait longtemps douté de son père, de son intérêt pour lui, mais au fil de ses nombreuses lectures, Kain avait appris à se détacher et avait finit par se dire un beau jour que si son père le négligeait, c’était pour mieux s’occuper du peuple. Cette raison suffisait à Kain, qui, malgré son curieux détachement, pardonnait de tout cœur à son père ces inattentions. Mais il se trompait. Son père était tout ce qu’il y a de plus intéressé par son fils, malheureusement pour le petit.

…Les jours s’ensuivirent, alors que l’enfant se prélassait de plus en plus souvent aux pieds du tapis de fleurs, entre son entraînement et ses lectures en se tarabustant de la sempiternelle question du « Que boivent elles ? », sans pour autant s’empêcher de magnifier du regard les corolles bleutées qui s’offraient à lui.
Un beau jour, Kain dut relever le nez des rosiers : de brusques éclats de voix suivis de pleurs, vraisemblablement ceux de sa mère, trouvèrent échos dans les froids couloirs du castel pour échouer froidement aux oreilles du jeune garçon. Kain était choqué. Même si il était quotidiennement rudoyé et malmené par son maître d’armes, jamais il n’avait entendu de voix aussi déchirantes, jamais il n’avait entendu des éclats de voix aussi brusques. Il resta coi, nerveusement assis sur le sol de la cour, jusqu’à ce que finalement la voix de sa mère s’éteigne en pleurs incessants. Kain restait là, apeuré. Il était tenté d’aller voir ce qui se passait dans les chambres, mais la peur suggestive de l’inconnu le cloua au dallage. Cette peur se changea peu à peu en terreur, au fur et à mesure que le bruit des pas de la démarche de son père gagnaient en sonorité, signifiant son approche.
Kain le regarda longuement, interdit, alors que sa silhouette se détachait lentement des arcades pierreuses taillées en arabesques. Le visage du père de Kain était creusé, émacié, au point qu’il semblait avoir été taillé dans le granit, alors qu’en émanait un charme cruel, principalement octroyé par la finesse de ses lèvres. Il était élancé et fin, mais sous son sombre pourpoint, on pouvait deviner une anatomie musclée et noueuse. Il était d’une corpulence forte, sans pour autant sombrer dans le bovin barbaresque. Il avança d’une démarche froidement décidée, alors que dans ses yeux bleus brillait une intensité que Kain n’avait jamais vue. Kain était subjugué par cette lueur gourmande qui le vrillait d’une tension incroyable, le seul geste qu’il parvint à faire fut de glisser sa main sur un centimètre du sol, pour s’assurer de la paume qu’il n’allait pas tomber au sol, sous l’affreuse pression qui s’exerçait impitoyablement sur son esprit.
Le père arriva à sa hauteur et ne perdit pas un seul instant et prit brutalement son fils par le bras, refermant ses doigts sur son bras de brindille, pour ensuite le soulever d’un geste brusque, ce qui ne manqua pas de déformer de douleur le visage du jeune héritier. Le père était exalté rien qu’à l’idée de cette possession, à tel point que son visage se fendait d’un sourire déformé par l’extase. Kain voulait se débattre, mais ses viscères étaient soudées l’une à l’autre par la souffrance et la terreur, tant et si bien qu’il finit par se laisser traîner par son géniteur dans un coin sombre du château.
Et, au détour d’une porte dérobée, dissimulée dans cette bibliothèque qu’il adorait tant, Kain fut lancé sans ménagement sur un sol froid, grossièrement agencé de pierres mal taillées et couvert de taches de sang, auxquels allait peut être bientôt s’ajouter le sien.


Â…



« Crache ton sang ! »

L’enfant voletait, nu, aux travers d’une étrange brume qui semblait faite de larmes, de millers de larmes déchiquetées et éparpillées tout autour de lui, qui le prenaient de leurs bras innombrables. Il se laissait dériver, presque inconscient, au travers de vents inexistants, flottant dans cette mélancolie aérienne, le bras écartés, la tête en arrière et le ventre offert.
Le brouillard s’animait de temps en temps de pulsations irrégulières, hoquetant parfois de sanglots violents. Le crachin se renforçait en même temps qu’il s’empourprait, alors que ses spasmes se faisaient plus intenses. L’impalpable étreinte s’affermissait à chaque sursaut, et se changeait peu à peu une coercitive empoignade, écartelant finalement les membres du petit être. Il aurait bien hurlé de terreur face à cette torture grandissante si la bruine rougie ne s’était pas infiltrée dans sa gorge pour aller fouiller les entrailles du poupon, enserrant de ses doigts crochus les viscères qui s’y trouvaient.

« Crache ton sang ! »

Les mains avaient finalement quittés pour laisser à l’enfant l’occasion d’expulser le jus de ses éponges organiques, à quatre pattes, tel un animal vaincu. Kain vomissait sang sans tripes, recouvrant le dallage d’un cercle grandissant de liquide rouge sombre. Il se vidait peu à peu jusqu’à sombrer inconscient, livré à la brume et aux visages grimaçant, déformant l’ombre opaque de rictus indiscernables.

« Crache ton sang ! »

Au troisième coup que lui administra son père, Kain se réveilla de son cauchemars, blême, terrorisé, déchiré par la douleur et le traumatisme. Il était enchaîné sur le dos d’un autel, torse presque nu, encore vêtu de son pantalon et de quelques tâches de sang, apparemment encore trop vives pour les exigences sadiques du père Heinlein. Les murs de la pièce étaient remplis d’instruments de tortures dont le simple suggestif provoquait déjà le plus terrible effroi. Et, au milieu de la pièce, s’y trouvaient l’autel, le sang et la victime. Le père de Kain semblait jubiler d’excitation autant que trépigner d’une pulsion inassouvie : le bassinet qui s’accolait aux lèvres de Kain n’était rempli que d’une maigre flaque de sang. Il pestait intérieurement car l’entraînement qu’avait subi le jeune garçon l’avait trop endurcit. Peut être que malgré ses maigres capacités, le bambin avait le corps naissant d’un guerrier. Il le frappa à nouveau au ventre, abattant son poing de toutes ses forces.

« Crache ton sang ! »

Kain crachota encore un peu plus de sang cette fois, et ce sang terni de ses viscères meurtries emplit avec viscosité le bassinet, pour atteindre à présent un volume plus consistant. Mais le seigneur des lieux était loin de s’en satisfaire et recommença à frapper le ventre durci de son engeance.

« Crache ton sang ! »

C’étaient les seuls mots qu’il répétait, fasciné par cette insanité dont il était l’auteur, se délectant des larmes et du sang qui se déversaient de son fils.

« Crache ton sang ! »

Â…Le bassinet se remplit.

« Crache ton sang ! »

Â…Kain sÂ’Ă©touffait avec son propre sang.

« Crache ton sang ! »

Â…Kain perdit connaissanceÂ…

Le lendemain, Kain se leva, déjeuna et s’entraîna comme à l’accoutumée, mettant la douleur de son estomac sur le compte de ses exercices rigoureux.
Mais à partir de ce jour, le maître d’armes ne vit plus jamais la moindre lueur guerrière dans les yeux de l’enfant.
A partir de ce jour, la mère de Kain s’enferma dans un mutisme trop rarement interrompu.
A partir de ce jour, les rosiers ne passèrent pas deux semaines sans être arrosés.



Â…



« Flac !Flac…Flac !Flac…»

L’arc à la main, Kain titubait à travers la forêt. Ce dernier était indifférent au dialogue qu’entretenaient ses bottes avec la boue, un mince filet de sang s’écoulant de ses lèvres entrouvertes, qui happaient l’air de veules efforts. Son regard était vide, sa silhouette efflanquée. Le jour précédent, son père l’avait battu et torturé d’un sadisme rare, et la peau de Kain du goûter aux aciers les plus tordus en même temps qu’aux sadismes les plus pervers. Et, même si il ne se souvenait de rien comme à l’habitude, il ne s’en trouvait pas moins en état de choc : ses lèvres en tremblaient encore, alors que ses chairs étaient à peine cicatrisées par la magie curative de son insane géniteur .

« A…Agh… »

Il perdit l’équilibre, le temps de retrouver appui sur un arbre mort, et régurgita le sang qui lui montait à la bouche dans l’espoir de venir abreuver le sol. Kain ne savait pas ce qui lui arrivait. Normalement pendant les séances d’entraînement que son maître lui infligeait en même temps que quelques bourrades bien placées, ce dernier le frappait toujours avec suffisamment de dextérité pour épargner sa santé.
L’adolescent passa sa langue sur ses lèvres, léchant son sang sans s’en rendre compte. Rapidement, s’ensuit une grimace gustative, rictus indissociable des saveurs vineuses les plus extatiques. Mais au lieu de s’en sentir ragaillardi de concert, Kain glissa au sol, se prit dans ses bras et se mit à gémir, le désespoir à la gorge. Kain tenta de s’en débarrasser, la mort au corps, en poussant un hurlement que les loups lui envièrent longtemps.

« Mère !Ne m’abandonne pas !Protège moi !Je t’en prie ! »

Son cri se prolongea, mais le silence fut le seul à y répondre, caressant l’âme de Kain d’une terreur que le son ne verra jamais naître. Il était seul, mais il voulait rester là, tout à lécher de son corps la dureté de l’arbre décharné. Son maître arriva quelques instants plus tard, le bâton à la main. Il était sur le point de punir un élève qu’il jugeait trop paresseux, jusqu’au moment ou il se rendit compte que sang et sanglots étaient les seules chose qui sortaient de la bouche de son apprenti. Le quinquagénaire entreprit de l’ausculter, tentant d’enlever oripeaux à une terreur incarnée qui se débattait au moindre toucher. Peu enclin au raffinement et rassuré de l’endurance de son patient, il l’assomma d’un coup de bâton rapide et bien placé, maugréant sur la délicatesse des nobliaux. Néanmoins, ce qui n’était pas coutume, la surprise lui fit regretter son geste, car Guren voulait maintenant à tout prix savoir comment Kain s’était fait des marques si horribles et si…si…
Il déglutit, impressionné par de tels ravages dans une peau aussi fraîche, se découvrit de sa cape, en drapa le corps de l’inconscient et se dirigea vers le castel.
Aucun des deux hommes ne savait, jusquÂ’alors, que ce jour allait figurer comme le pire de leurs existences.

Mais…Sans même avoir entre-entendu l’impleure de son fils, la mère de Kain s’apprêtait à l’exaucer…

(La suite en question)

Par Kain Heinlein le 4/12/2001 Ă  2:31:51 (#500230)

« Mais ôtes toi donc de ma vue, pauvre ersatz ! »

La mère de Kain prit le pied de son époux dans le ventre, premier coup d’une longue série assénée avec une cruauté grandissante. Les coups s’intensifièrent, de même que les gémissement que poussaient la jeune femme sous ce simulacre pervers. Cette fausse gigue continua longtemps, jusqu'à ce qu’il ne puisse plus en tirer que des pleurs. La laissant finalement toute à son agonie, son bourreau s’en éloigna, non sans remarquer avec contentement que sa botte était couverte d’un sang fraîchement vomi. Il attendait le retour de son fils de cette nervosité qui fait claquer chausses au sol, s’affolant en interminables cents pas.
La cause de sa soudaine impatience était vraisemblablement ce grimoire qu’il n’avait pas quitté d’une main depuis la veille. Sans autre marque-page que son doigt, Heinlein ouvrait et refermait, scrutait et relisait sans répit la même page, encore…et encore et encore. Il ne se lassait pas de plonger son nez dans les entrailles parchemineuses de cet ouvrage, captivé par les promesses qu’il y lisait. Il interrompait parfois sa lecture de rires exaltés, en proie à la fièvre de l’envie.

« Souffrance et plaisir…Miens !Pouvoir et Savoir…Miens ! Je serai enfin rassasié…enfin… »

Sa voix se perdait en murmure, pour finalement se muer en pleurs de joie.

Kain ne goûtait, lui, rien d’autre que la saveur douce-sucrée des feuilles roses que lui avait fait avaler son maître, qui pestait d’ailleurs de gâcher d’aussi précieux remèdes au profit d’un élève qu’il jugeait beaucoup trop fragile. Le jeune protégé reprenait lentement connaissance, rétabli par les soins expérimentés d’un connaisseur. Sans doute n’était ce pas pour rien que la devise de ce dernier était « Plus qu’une peine, la mort d’un disciple est synonyme de perte de temps. ».
Kain était encore en proie à la fièvre mais il reprenait peu à peu du poil de la bête, tant et si bien qu’il trouva la force de se lever et arpenter la chambre, cherchant une réponse à la question que venait de lui poser son maître.
« Alors ?Ou as tu tiré d’aussi stupides blessures ? »
L’adolescent l’ignorait et n’en parcourait la pièce qu’avec plus de fébrilité, laissant sa main se crisper sur son front brûlant. Il caressait ses pansements, en essayant vainement de se remémorer l’origine de ses mutilations, mais en vain.
En vain jusqu’au moment ou la réponse se présenta d’elle même : la porte de la chambre claqua en même temps que la langue du fol paternel, qui se soulageait de voir son fils déjà retourné dans sa chambrée. Il n’accorda pas la moindre once d’attention au maître d’arme et empoigna le bras de Kain, le plus meurtri des deux, sans doute dans un accès instinctif de sadisme gratuit. Le jeune garçon serra les dents et retint ses larmes à grand-peine, comprenant bien mal cette peur viscérale qui l’avait saisi dès le moment ou son géniteur fit irruption dans la pièce. Guren, le maître du jeune garçon fut quelque peu troublé par le comportement plus que cavalier du noble, et se surprit à hausser la voix.
« Votre fils est blessé et ses blessures ne proviennent pas de son entraînement…aurait il subi une attaque de quelque félon ces derniers jours ? Un brigand se serait il introduit dans le castel, récemment ? »
Heinlein se retourna et, les sourcils froncés, décocha un regard des plus sombres à son employé, avec cette hargne manifeste de ceux qui ont horreur de se justifier à inférieur à eux. Il resta muet, et envoya valdinguer son fils contre une pile de livres qui s’effondrèrent avec lui. Le Seigneur prononça avec rapidité un sortilège de flammes, ce qui laissa à peine le temps au maître de dégainer son épée pour s’en faire une garde de fortune. Son équilibre était trop précaire et la boule de feu s’écrasa sur la lame de son épée avec une telle violence qu’il en fut projeté au sol, inconscient et la moustache roussie. Il avait laissé distraitement sa garde dévoilée et il avait payé cher cette erreur de débutant.
Satisfait de sa démonstration de puissance, le noble reprit son fils par le bras et le traîna au sol, malgré les tortillements fébriles de sa progéniture affolée. Il s’arrêtait de temps en temps dans son trajet vers la salle de torture pour donner quelques coups à un enfant trop indiscipliné à son goût, sans pour autant se priver de vriller du talon certaines blessures de sa victime, tout engrivoisé qu’il était par le concert de souffrance qui venait lui picoter les tympans. Au fur et à mesure qu’il se laissait traînailler au sol, Kain se souvenait peu à peu des tortures quotidiennes qui avaient ponctuées sa vie jusque là, le faisant définitivement sombrer dans des abîmes de panique.
Il se retrouva comme à l’accoutumée, à quatre pattes sur les pierres poisseuse de cette salle maudite, le nez dans la poussière de sang. Ses yeux prirent un moment avant de s’accoutumer à la pénombre…mais Kain se figea lorsqu’il reconnu sa mère, prostrée et enveloppée dans son manteau pourpre en train de hoqueter pour tenter de reprendre son souffle.
« M…mère ! Qu’avez vous fait à Mère !? »
Kain paniqua et tenta de se relever pour se précipiter aux côtés de sa moitié utérine, mais sans aucun succès : il fut rapidement cloué au sol par une impitoyable botte de cuir.
« Laisse donc cet outil là ou il est, fils. Elle ne me sert plus à rien. »
Il posa son genou sur le dos du jouvenceau et prit son visage entre ses deux mains.
« Tu sais, fils…Si je vais te tuer aujourd’hui, c’est bien à cause de cette créature indigne…Si elle avait été plus pure, je ne serais pas sur le point de t’extraire jusqu’à ta dernière goutte de sang. »
La colonne vertébrale de Kain menaçait de se disloquer, jusqu’au moment ou il relâcha son emprise.
« Tu n’as qu’à lui en vouloir…C’est de sa faute après tout ! » Conclut-il avec un amusement pervers tout en s’occupant les mains d’une serpe runique.
« Mais maintenant de toute façon, ça n’a plus d’importance, chair de ma chair… »

La serpeÂ…

Par Reis Tahlen le 4/12/2001 Ă  6:34:58 (#500636)

Est-il nécéssaire que je dise que c'est excellent?

Ce serait un peu comme dire que l'eau mouille, non? ;)

C'est top !

Par Gozmoth le 4/12/2001 Ă  10:05:25 (#501244)

(il faut que j'arrive Ă  croiser ce Kain Heinlein sur le jeu .... *scrmgbl*)

Ben ouai, excellent

Par GruikMan le 6/12/2001 Ă  12:14:46 (#504453)

:lit:

Kain, tu n'es plus dans le jeu? Je ne t'y voix plus, bouiiiin :(

ljd Ya

Par Kain Heinlein le 6/12/2001 Ă  16:44:04 (#505503)

J'y étais jusqu'à maintenant, avant la déco générale...Mais j'y s'rai ce soir normalement...

...C..comment ça j'en profite pour remonter mon post?

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http://www.rpgicons.com/images/icons/suik2/faces/sid.gif
Le joueur derrière Kain Heinlein,
GĂ©nie, et triomphe vivant de que la modestie peut offrir de mieux.
Tellement Ă©gocentrique quÂ’il floode ses propres postsÂ…

Maintenant vous pouvez le dire...

Par Kain Heinlein le 8/12/2001 Ă  1:24:05 (#512830)

Je remonte mon post!^^
(En attendant la suite prochaine...)

hihi

Par Feoline le 8/12/2001 Ă  1:37:20 (#512872)

Viviviiiiiiiii la suite :)

Si une lady me le demande...

Par Kain Heinlein le 8/12/2001 Ă  1:46:33 (#512891)

Je sais ce qu'il me reste Ă  faire...
*va se faire du café, fait chauffer son Word*

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http://www.rpgicons.com/images/icons/suik2/faces/sid.gif
Le joueur derrière Kain Heinlein.
GĂ©nie au sourire ravag(Ă©?)eur.
Egocentrique, et ne le dira jamais assez...(du moins pour lui...)

héhé

Par Feoline le 8/12/2001 Ă  1:53:16 (#512908)

*lui fait un massage a distance*

Allez, gogogogo !!

*poutoux vampire Cain et courage*

(Fatiguéé!Dodooo!Suite plus tard!)

Par Kain Heinlein le 8/12/2001 Ă  3:00:35 (#513053)

Alors que la dentelure courbée s’enlisait dans la peau tendre de son bras, dessinant de folles arabesques sur son épiderme claire, les souvenirs affluaient dans l’esprit de Kain, passant tel un spasme maladif devant ses yeux exorbités de souffrance et d’horreur.
« C’est bien, mon fils, laisse toi faire…Tu me feras plaisir… »
Le père jubilait, contrôlant à mal les picotements d’ivresse qui agrémentaient les boyaux, poussant et tiraillant son fils, s’amusant à le voir rouler et se débattre au sol, trifouillant de sa serpe les chairs maculées.
Il finit par cesser ce vain petit jeu et se pencha avec malveillance sur sa possession, pour enfoncer deux doigts dans une longue blessure et l’ouvrir de ses longs ongles, malgré les gargouillements de douleur de son enfant qui terrait son âme dans le dernier bastion de la raison. La plaie mise à nue, il plaqua ses deux mains sur le corps de Kain pour calmer ses tremblements et approcha ses lèvres avec une lenteur délicieuse …Il en huma le parfum ferreux, se lécha les babines et y planta ses dents avec appétit, au dépit des débattements de son fils.
« Aaaah…AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!! »
Heinlein eut toutes les difficultés à extraire le morceau de substance du corps de son fils, et se démena pour garder la bouche pleine malgré tout ses efforts, et malgré les soubresauts qui secouaient le corps de son repas improvisé. Ses joues se contractaient alors qu’il aspirait le sang qui venait l’aboucher avec abondance, griffant la dépouille en sursis de Kain d’une frénésie orgasmique, confinant par là même ce dernier à une raison en ballottage. Inexorable, il arracha la bouchée et la garda longtemps entre lèvres, immobile et tout à son phantasme. Il n’accordait maintenant plus aucune attention à son engeance, qui se tordait au sol et qui tentait d’empêcher son essence de couvrir le sol.

Heinlein extirpa le lambeau de peau de sa bouche de ses deux doigts tremblants et entreprit de dessiner un pentacle au sol à l’aide de cette éponge fraîche. Bientôt il pourrait exaucer son vœu le plus cher, et qu’importait les sacrifices demandés…et qu’importait, finalement, son plaisir...


Il avait beau encore trembler d’euphorie, il pleurait. Le sel de ses larmes venait épouser la douceur du sang de son fils, qui s’épandait selon le tracé capricieux d’un pentacle cerclé. Il dessinait, fébrile, râpait le morceau de chair à la pierre pour en finir le cabale magique. Pour lui ne comptait plus que le pentacle, le pentacle et aussi pervers que cela puisse paraître, son fils, qu’il mourrait déjà d’envie de soigner. Il se tortillait au sol, la main crispé sur le vide qui béait à son bras, alors que sa raison tentait de coaguler la folie qui lui vrillait la conscience.
« Mère ?Mèèèèère ! » Son cri de douleur s’était mué par les mots en cri d’inquiétude panique. Sa souffrance ne faisait qu’accentuer sa peur enfiévrée. Son géniteur succomba à sa faiblesse et revint au côté de la folie de sa folie.
« Fils. » Murmura t’il en appliquant sa main sur sa plaie. « Merci…et… » Sa main se referma sur celle qui comblait avec spasmes la blessure, et s’encycla d’une lueur nacrée, pulsant et jaillissant de ses doigt pour aller soigner le bras meurtri. Le saignement stoppa, et les chairs s’élargirent rapidement pour aller couvrir la plaie. « S’il te plait, maintenant, reste tranquille. » Il parlait avec douceur et mélancolie, avec un timbre qui donnait tout le poids de ses larmes. Il souleva son enfant et le coucha près de sa mère inanimée.
« Dis lui que tu l’aimes : elle a voulu te sauver. Tu peux lui en être reconnaisant.. » Il s’aggravait peu à peu alors que la flamme de la folie se ré intensifiait dans ses yeux. Il s’écarta rapidement de sa famille avant de replonger dans les méandres de ses envies vicieuses. Kain était à son désespoir et enserrait fébrilement la dépouille en sursis de sa mère, qui respirait encore faiblement. « Mère, ne me laisse pas…Je t’en prie…je t’en prie ! » Gémit il en enfouissant son visage dans sa robe.

Le père ouvrit le grimoire qu’il avait tenu en main tout le long, et entama les psalmodies avec ferveur, au fur et à mesure que sa libido recouvrait sa peine. Son chant était funeste, tellement grave que les murs eux mêmes résonnèrent de concert pour venir l’appuyer d’un chœur silencieux. Alors que l’incantation attendait un crescendo, le sol sous le sang devint incandescent, évaporant le liquide en volutes rougeaudes.
« Ah !Aaaaaaah ! » Glapit le noble, en voyant le succès de son rituel. « Enfin !ENFIN ! »
Les volutes entamèrent un ballet lancinant, s’appliquant d’un consciencieux factice pour former des cercles concentriques.
« Ogrimar !Envoie moi ton serviteur ! » Il était maintenant à genou, baisant le pentacle à s’en brûler les lèvres, s’abandonnant à sa frénésie.
La fumée finit par se concentrer en une forme solide, vraisemblablement humaine quoique ailée, pour finalement s’incarner en démon. Il était largement plus anthropomorphique que ses congénères, mais rien ne pouvait en aucun cas permettre aux spectateurs de douter de son origine démoniaque. Il piaffa d’impatience, soufflant de ses narines un air vicié et fumailleux d’une irascibilité difficilement contenue.
« Que me voulez vous, humain ? » éructa t’il à l’intention d’Heinlein, qui se contorsionnait au sol d’allégresse. Le démon, rapidement à bout l’empoigna et le tint à bout de bras pour le sommer d’un ultimatum rapide. « Pourquoi m’as tu appelé, créature ? ».
Kain était toujours à prier sa mère de rester avec lui. Il se fichait de son père, de l’incube et de sa frayeur, il ne voulait que sa mère…que cette femme. Il la vit lentement reprendre conscience et essayer de se relever, mais il ne reconnu pas la détermination qui se lisait sur son tendre visage.

Le père de Kain avait entre-temps réussi à suffisamment reprendre ses esprits pour forumler sa quémande. « J…je veux que tu mettes fin à la malédiction de notre famille !Je …je veux que…Que tu…tu ». Le démon semblait déjà fort au courant de la nature de la demande, et n’en attenda pas moins : il aboucha la gorge de sa victime, y planta ses crocs effilés et la déchira d’un rapide mouvement du bras. Il n’avait même pas eu le temps d’hurler sa souffrance, il était déjà mort, négligemment décapité…et à voir le regard de la créature, Kain allait être le suivant. Il s’avança avec hâte, dans la ferme intention d’en finir avec une tâche qu’il savait nécessaire quoique dégradante.
La mère,qui s’était relevée, tituba pour se jeter sur le démon, dans l’espoir de donner à Kain l’occasion de s’enfuir.
« Je t’aime, Kain…tu …dois …vivre, même si tu es…maudit ! Ne devient pas… » Elle n’eut le temps de finir sa phrase que le main du démon était déjà dans ses entrailles, enserrant ses organes de sa main griffue. Elle mourut aussi rapidement que son époux : sans avoir le temps de se rendre compte qu’elle souffrait.
« Quel gâchis » cracha t’il en suçotant sa main. « Petit, tu n’as vraiment pas de chance d’avoir été le fils de ce déchet. » ricana t’il en désignant d’un mouvement d’épaule la dépouille de son paternel. Il leva sa main griffue pour se débarrasser du jeune homme tétanisé, mais ne put terminer son mouvement : une dague en argent s’y était plantée avec force, faisant jaillir le sang noirci de sa plaie récente.

Guren se tenait à l’entrée de la salle, la mine résolue. Il n’attendit pas que le démon réalisa qu’il était blessé pour décocher une volée de carreaux dans son torse. Il attendit encore moins pour laisser tomber son arbalète au sol et dégainer son épée ornée de runes étincelantes.
« On est habitué à combattre mes frères, à ce que je vois, petit guerrier. » sourit le démon en arrachant calmement la dague de son poignet.
« Maître d’Arme, jeune impoli.» Corrigea t’il avec un léger sourire. « Et plus habitué à les combattre que tu n’le souhaiterait. ».
Le quinquagénaire regardait les carreaux fichés dans la poitrine de la monstruosité avec amusement. Cette plaie apparemment bénigne était son Joker : sans le savoir, le démon s’imprégnait de démonicide, poison extrêmement rare que Guren avait appris à bénir au long de ses dangereuses pérégrinations. Après quelques coups d’épées rapidement détournées par la patte de son adversaire, le guerrier vit bien tôt qu’il avait devant lui un adversaire de premier ordre, peut être son meilleur opposant. Mais le poison fit rapidement son office et vint tarir la force et la fluidité de l’être. L’ancien chevalier s’amusa quelques temps à entailler le démon ci et là. Oscillant entre la prudence et le jeu, sous le regard vide d’un Kain parcouru de spasmes.
Le démon courba un instant l’échine, laissant là à son ennemi la possibilité d’une victoire nette sur sa nuque découverte. Mais jamais jusqu’à maintenant Guren n’avait laissé l’occasion à son ennemi d’être rusé …et il se laissa prendre au piège. Armant ses bras et levant son épée au plus haut, il fut frappé de plein fouet au torse par un démon revigoré. Il avait été certes atteint par le poison mais il avait feint rapidement la paralysie avant que le plus gros des dommages n’aient été fait, et, c’est la barbe gorgée de sang que l’homme se rendit compte de sa stupide erreur. Le coup l’avait désarmé et propulsé contre le mur. Sans son armure maintenant disloquée, il aurait été tué sur le coup.
Il resta quelques temps abasourdi et médusé, voyant l’incube s’approcher, jusqu’à ce que, résigné, il prit une dague à sa ceinture pour l’appliquer sur sa gorge. « Mieux vaut le suicide que le déshonneur, vieil homme ? » Ricana le démon. Il était maintenant à quelques centimètres de lui et lui soufflait l’air chaud de sa colère au visage, le toisant de toute sa majesté.
« Non, mieux vaut le legs. » Sourit il en lançant la dague au pieds de Kain, qui avait eu suffisamment le temps de reprendre une ébauche d’esprit. Le démon regarda la lame choir aux pieds de l’adolescent en se retenant à grand-peine de rire. Il n’en fallut pas plus à Guren pour lui donner l’occasion de planter un couteau de lancer également imprégné dans la jambe de l’être, au prix d’un dernier effort qui lui fit malheureusement baisser sa garde. Le démon lui broya le crâne avec irritation, sous le coup de la surprise, avant même d’avoir eu l’envie de le faire souffrir un peu.

Pendant tout ce temps, Kain s’était accroché aux derniers mots de sa mère, et à l’image de la mort de son père qui venait de concert revigorer son âme. Telle une sentence de mort, le jeune homme se dressa, la dague à la main. Le temps de se redresser, son regard était devenu l’hôte de la détermination, et il serrait à présent la dague magique de son maître avec force, au point d’en risquer la crampe.
« Je dois vivre…Je dois vivre… « répéta t’il pour ne pas s’effondrer sous la pression.
Le démon riait moins alors que l’effet du poison s’était décuplé suite à la nouvelle blessure, mais il ne faisait toujours pas de doute quand à une victoire facile sur sa prochaine victime.
« Tu as de la chance que je DOIS te tuer, vermine, sinon je t’aurais appris le vrai sens du mot souffrance… » Grogna t’il en chancelant vers le jeune homme.

Le sang maudit de Kain se mit à bouillir, malheureusement pour le démon…



Le combat –ou plutôt la tuerie- fut rapide. Kain était vivace, il n’avait plus suffisamment de lucidité pour douter ou avoir peur. Il s’était élancé avec célérité sur le démon et, profitant d’esquiver un direct griffu, lui sauta au visage pour lui planter la dague au front. Kain était fort ou fou : son intensité était telle que, à la comparaison, les sentiments semblaient perdre leur personnalité. Quoiqu’il en soit, sa frénésie meurtrière avait surpris l’incube.
Sa dernière irritation fut de loin la plus frustrée, et c’est pétrifié de honte et de douleur que l’invoqué rendit son dernier râle enfumé. La dague avait plongé sa nudité au sein du cerveau démoniaque avec une facilité déconcertante ; l’enchantement qui habitait la lame avait fait son office et la rage de Kain, le reste.
Il resta longtemps à califourchon sur le démon maintenant effondré, les deux mains crispées sur le pommeau à reprendre souffle et pensée, mais en vain. Il n’était plus choqué, il n’était plus apeuré, il n’était plus rien. Il se pencha sur la plaie fraîche et l’enlaça de ses lèvres pour en sucer la chaleur suintante. Kain n’était pas fort, il était fou. Il priait sa mère tout en dévorant la substance de son meurtrier. Et, n’arrivant plus à aspirer que sa propre salive rosie, il se laissa aller en s’endormit sur la dépouille du monstre, se réfugiant contre sa tiédeur, pour rêver de bien être. Ainsi va la vie.

« Vit »
Â…Kain allait vivre, oh oui.
Pendant ces quelques années, il n’avait fait que naître, connaître. On ne vit pas en se rêvant en train de vivre, comme on ne mange pas en écrivant les meilleurs poèmes culinaires. Kain avait fini, il allait maintenant se réveiller. Mais, comme tous, il avait encore en lui le sang, cet instinct fort, cette malédiction chargée de destin. Il allait se battre contre lui même, face à face à l’avenir, se battre contre ce frère qui n’attend rien d’autre que la promesse entrouverte d’un pardon. Kain allait apprendre…et la première chose qu’il apprit, c’est qu’il était seul.

Aussitôt sa raison recouvrée, sa folie recouverte, il se mit à haïr. Abhorrer cette mère impuissante, honnir ce démon débile et exécrer son père. Sa fureur fut telle qu’il mutila ce dernier de sa dague, le dépassant de loin en plaisir destructif. Heinlein avait signé sa descendance, l’avait scellé des germes de la même folie, comme le put en témoigner ses lambeaux de cadavre. Kain s’était tellement déformé à l’effort et à la colère que si il l’avait su, Guren ne lui aurait pas légué sa dague. Ce faux père, plus bienveillant que l’original malgré ses brimades faussement détachées, l’avait également signé. Il l’avait signé en le sauvant, et plus que tout, et le rendant apte à supporter le poids de sa hargne.
Comme tous les solitaires naissant, Kain nÂ’Ă©tait que destruction.

Il erra dans le castel, démolit plusieurs pièces de mobilier en maudissant sa vie, en niant l’existence. Le château était vide déjà depuis quelques jours : le seigneur des lieux l’avait fait évacuer en prévision du rituel. Curieusement, il n’aurait pas voulu la mort d’autrui, tout comme il n’aurait pas voulu de témoins…Kain allait se rendre compte un beau jour que la raison de ce rituel n’était pas une simple déraison…
Mais pour lÂ’instant, rien ne comptait, du moins, cÂ’est ce quÂ’il essayait de le faire comprendre de coups de dagues rageurs, aux flots fleuris qui trĂ´naient avec leur mĂŞme arrogance dans la cour de sa demeure.

Il ne voulait décidément plus rien dans sa maison.



youpiiiiiiiiiie

Par Feoline le 8/12/2001 Ă  3:14:31 (#513063)

*lis le tout avec attention*
:lit: :lit: :lit: :merci: :merci: :merci: :amour: :amour: :amour:

*le remonte et l'update*

Par Kain Heinlein le 17/12/2001 Ă  16:59:17 (#573972)

Fufufu, comme dirait l'autre...

rraaahhh trop cool ! la suite !

Par Gozmoth MdA le 17/12/2001 Ă  17:26:56 (#574154)

*lit avec attention*

Par Reis Tahlen le 17/12/2001 Ă  17:41:57 (#574270)

Bon Dieu de bon Dieu! Le gars, il se fait des "compilations"!

Bientôt, Kain ne nous fera plus des posts RP, mais des "maxis", avec des inédits, interviews de la star, T-Shirt et tout le bataclan!

Je vais te dire un bon truc, mon p'tit gars: t'as du bol, mais un bol phénoménal, que ce que tu écris soit aussi génial, sinon je te casserais comme une allumette fragile dans mes doigts musclés et virils! :D

...

Par Kain Heinlein le 17/12/2001 Ă  21:27:35 (#575623)

Kain s’éveilla dans les débris de la couche plumeuse de ses parents ; sa sauvagerie avait été telle qu’il s’était assommé avec un des montant du lit à baldaquin alors qu’il s’affairait à le réduire en charpie, ce en hommage à ce « bon vieux temps » ou il n’existait pas encore. Il était amusant de constater qu’outre lui imposer un repos abrupt, ce coup l’avait éveillé…et c’est en ce funeste lendemain de fausse ripaille que sa raison lui fit remarquer qu’il était temps pour lui de quitter les ruines encore vives de son gîte familial. Que ce soit cela ou la pénurie de nourriture en cuisine -une raison en vaut bien une autre- Kain avait à partir.
Ce qu’il fit d’ailleurs, avec le plus de simplicité du monde. La dague à la main, l’arc à l’épaule et les vêtements déchirés, il se mit en route, ne daignant même pas se retourner pour cracher sur l’enceinte de l’édifice qui l’avait engrossé jusque là. Mortemère.
Il s’enfonça dans forêt dans l’espoir animal d’y trouver quelques bestiau à égorger. Il avait beau n’avoir tué qu’une fois et s’être rapidement remis de la surprise, il voulait déjà redécouvrir le frisson de sentir un vivant se désanimer sous sa poigne. Grisant son impatience du seul souvenir qu’il s’accabla de garder, Kain savoura à nouveau la mort du démon. Ca lui apprendra, à cet imbécile arrogant : on tue peut être ma mère, mon père, mon maître…mais pas moi ! Kain s’arrêta en chemin pour hurler sa fierté à la face du monde, à tel point qu’il s’en éteint sa voix fluette. Entre ses folies destructrices, sa haine de ce qu’il était et son arrogance de survivant, Kain préservait toutefois un îlot de raison.
Il était en route pour le village le plus proche. Il y avait été que de rares fois, enjoint par sa mère de s’enquérir de ce qu’était le monde extérieur. Ca ne lui avait pas vraiment plu : les livres étaient plus drôle que la réalité et Kain préférait de beaucoup leur mensonge bariolé à la boue des fermiers. Soit !Il n’était plus temps de faire la fine bouche, il allait devoir affronter les Autres.
Le petit fou n’était pas lourdement chargé, et le voyage ne lui prit qu’une petite journée de marche hâtive, à s’arrêter de temps en temps lorsqu’il sentait la proximité de quelconque frère à quatre pattes. Sa seule tentative réelle pour approcher un repas potentiel s’était soldée par un échec stupide : au lieu de tuer le cerf à l’aide de son arc, Kain s’était rué dessus en brandissant sa dague comme un fanatique, alléché par l’idée de se nourrir d’une nouvelle chaleur. Il réalisa à son grand dam qu’il ne pouvait pas facilement rivaliser avec la rapidité des bêtes et que la prochaine fois, il devra user de son arc ainsi que de sa parcimonie. C’était stupide, mais il en fit la moue pendant tout le trajet, comme pour bouder les règles d’un jeu qu’il trouvait injuste.

C’est alors que le soir commençait à empourprer le tapis céleste que Kain arriva en vue du village. Il se réveilla une bonne fois pour toute et rangea sa lame dans sa ceinture, avec une répugnance toute belliciste. Il rêvassait. Peut être allait il connaître des gens intéressant, là bas. Peut être qu’il allait trouver de nouveaux livres…peut être allait il se réfugier contre de nouvelles chaleurs… ?

« Hé ?Hé !Mais c’est vous, Jeune Maître ! »

Kain se retourna à la volée, irascible de rêverie brisée, prêt à saigner comme prêt à sourire…

Par Kain Heinlein le 19/12/2001 Ă  22:52:55 (#587370)

Il ne dut affronter en fin de compte que le sourire désarmant de son ancien jardinier, qui s’était depuis peu reconverti en fermier, faute de mieux. Du moins c’est ce que lui indiquaient ses pantalons gorgés de terre humide.

Un « Si je m’attendais à vous voir ici, jeune maître ! » bondit avec jovialité de sa gorge fripée. Il avait l’air heureux, quoique fortement étonné, mais cela n’importait pas à Kain qui avait maintenant quelqu’un avec qui passer un peu de temps, faiblement immunisé qu’il était à la bonne humeur.
-Ah !Ca me fait plaisir de vous voir, mon bon sire ! » sourit il angéliquement.
-Moi tout autant, jeune maître !Mais que faites vous donc ici à pareille heure ? »
-Ah, mes parents m’ont renié, mon bon. Je ne suis plus leur héritier. » répondit il tranquillement, renforçant son calme blasé par un haussement d’épaule presque provocateur.
-Renié ?Comment ?Renié ?Vous voulez dire que …? » Les yeux du vieil homme étaient grands comme des roues de carrosse, alors qu’il théâtrait sa surprise en gestes larges, manquant de laisser tomber sa fourche.
-Hélas, milles fois hélas, mais c’est le cas, messire. Je n’étais pas assez fort en armes pour succéder à père. Et au vu de la grossesse de mère, la question fut vite résolue. » Il mentait avec aisance, contrairement à son inventivité qui laissait à désirer. Il avait recraché l’agueusique histoire d’une famille noble sur le déclin qu’il avait entrelue pour se distraire, un soir ou il avait eu une de ces envies de médiocre. Curieusement, le jardinier n’en fut pas plus convaincu que cela, mais ça ne l’empêcha pas d’inviter Kain à aller se rincer le gosier à la taverne, à grand renfort d’accolades camarades et de tapes dans le dos, ce qu’il ne semblait pas priser. A vrai dire, il aurait souhaité que les bourrades soient vraiment plus violentes et douloureuses : ça lui aurait donné une bonne raison de lui évincer la pomme d’Adam. Mais bon, il lui fallait un peu apprendre ce qu’était la vie hors du château, et cet ancien employé pouvait se montrer fort utile.
En si peu de temps, Kain était devenu cynique. Peut être méprisait il la vie après avoir vu la maigreur du filin qui la suspendait ou peut être voulait il se protéger d’une sensibilité abusée qui l’aurait sans conteste guidé dans les galeries de la déraison. Toujours est il qu’à présent, que ce soit celui d’homme, bête ou dieu, Kain voulait voir du sang se libérer. Toujours aussi improbable, serait ce déjà à cause du couperet fataliste son propre fluide maudit qu’il désirait tant cette excarcération. Art ?Symbolique ?Plaisir ? Il s’en contrefoutait, et même la curiosité de l’extérieur ne le distrayait pas assez pour qu’il s’y attarde.

-Hola, Faux-druide, que nous amène tu donc ? » Beugla le tavernier au protecteur de Kain, de l’avenant traditionnel de sa profession.
-Le jeune Heinlein, qui n’a pour l’instant plus de toit ou loger. A ce propos, y’aurait il pas une chambrée pour lui, ce soir ? » Héla t’il en retour.
-Pour sûr, après tout, c’est l’fils d’not’ salopiaud d’seigneur » ria-t’il à demi, dans son innocence toute crétine.
Kain grinça des dents de férocité, sous cette double allusion que lui seul semblait saisir et s’assit avec irritation, révulsé par l’odeur ambiante, même si il savait qu’il avait à s’y faire.
-Que boiras tu, mon jeune ami ? » Lui lança courtoisement son vieux compagnon, forçant sur l’étiquette lorsqu’il lui adressait mot.
-Du vin, même si je ne m’attend hélas pas à grand-chose de qualité, de par ici. » maussada Kain.
Le regard du vieil homme s’attarda sur celui du jeune homme, avec le désapprobateur d’un lettré et passa commande par les injonctions de rigueur. Il ne semblait pas étonné de voir son humeur massacrante –car c’était bel et bien le cas !
-J’ai faim, aussi. » murmura t’il une fois servi. Liruce, le vieil homme, commanda repas en conséquence, soupirant à la tâche. Rebelote, recommande, et voici Kain attablé devant une fort généreuse portion de râgout au fumet quelque peu précaire, mais au moins maintenant, il avait de quoi calmer le vide frustrant qui nimbait ses canines. Il mangeait avec un appétit d’ogre, ce qui attira la sympathie de ceux de la taverne qui le trouvait trop maniéré, a tel point qu’ils détournèrent finalement leurs regards de lui.
-Kain…pourquoi es tu encore en vie ? » se risqua finalement Liruce.
-Vieil homme…pourquoi es tu encore en vie ? » retorqua Kain avec agressivité, sans relever le nez de son plat.

Bonne idée!

Par Kain Heinlein le 19/12/2001 Ă  23:01:52 (#587404)

Reis, tu me déçois...
Tu sais bien de un que je ne suis pas génie à me laisser vendre le portrait sur étoffe, même ces ticheurtes venaient à orner les plus généreux bustes féminins.
Ca s'corrompt pas, un LJDKH!

Par contre l'interview, j'dirais plus qu'il y a de l'idée...
(Enfin, pour ceux qui aiment, pas d'applaudissement, quelques billets suffiront...)

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http://www.rpgicons.com/images/icons/suik2/faces/sid.gif
Une chevelure ravissante, masquant avec une pudeur modeste le ravissement quÂ’offre son visage.
Un regard trahissant un génie incontestable. Oui ! il est beau dans son humilité !
Un sourire d’un charme ravageur, lui ayant par le passé valu maints repas gratuits.
Un cou solide, robuste, suffisant pour porter le poids conséquent d’un cerveau si lourd.
Une plus-que-perfection sur pattes, un génie, une ode vivante à ce qu’il y a de mieux dans l’univers (connu ou inconnu).

*a fait un gros effort de modestie*

Tss...

Par Kain Heinlein le 21/12/2001 Ă  20:41:20 (#595767)

Troisième page sans réponses?
Scandale!!

Bon...

Par Reis Tahlen le 22/12/2001 Ă  11:16:04 (#597445)

Je viens de tout relire...et c'est vrai qu'il y a un truc qui me titille...Comme CE Kain va devenir le Kain actuel? Je me le demande....

Accessoirement, je me demande comment il pourrait redevenir sauvage; ça fait toujours bien un archer de plus dans une équipe :D

...

Par Le Cartomancien le 22/12/2001 Ă  13:55:28 (#597830)

Comment il va devenir doux?
Et comment le doux va redevenir fou? (Si ca va arriver...:rolleyes: )

Ca c'est MON boulot.

:)

(Mais j'ai un autre plan pour un membre de l'Ă©quipe Tahlen...*sifflote*)

Un plan pour un membre de mon Ă©quipe?! Et pis quoi encore!

Par Reis Tahlen le 22/12/2001 Ă  14:19:19 (#597903)

Plaît-il?:confus:

...

Par Kain Heinlein le 22/12/2001 Ă  21:24:40 (#599478)

Ah, ce ne sera en rien forcé, bien sûr...à toi de décider, évidemment...;)

Mais pour le reste, je penses que tu verras (dit le cochon.^^)

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