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Un moment du passé de Harn, que jamais personne n'a vu...

Par Kalder'Shee le 4/12/2001 à 2:03:23 (#500157)

---HRP---

Pour resituer ceci, je précise il s'agit d'une conversation via mail, en jeu, qui s'est étendue sur quelques jours. On s'est dit que ça pouvait mériter de figurer ici, finalement... A vous d'en juger.

---RP---

Ceci s'est passé il y a bien longtemps, et jamais personne, mis à part Reine Sorcière et moi-même n'en a eu vent.

Une discussion occulte, dont le sujet était si lourd de sens, qu'il m'écrasait de son obésité. A présent, il est trop tard, irrémédiablement trop tard. Dévoiler tout ce qui a été dit n'a plus aucun sens, et ne représente aucun risque. Alors, écoute... et ne dis rien jusqu'à temps que ce soit terminé.

Un soupir me vient, et prend de l'ampleur, à mesure que les souvenirs s'assemblent comme autant de feuilles d'arbres recouvrant leur place sur l'arbre.

...

Suite...

Par Kalder'Shee le 4/12/2001 à 2:22:45 (#500201)

Quand j'entre dans la salle, La Reine est assise, le regard perdu dans les volutes du feu qui grésille dans la cheminée.

"- Ma Reine, alors que je vous voit si désoeuvrée ce soir, puis-je me permettre de vous conter une légende de Tawrun qui m'est revenue tantôt ?"

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Je sursaute car je ne l'ai pas entendu entrer...

"- Commodore !

J'ai un ton froid mais je ne le garde pas

Une légende ? Oh, Kalder'Shee, viens t'assoir pres de moi... et me conter cette histoire."

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Je prends un siège, le place à la droite de celui de la Reine, légérement plus en avant. Je me tourne vers elle, dont le regard et le visage scintille de reflets de feu et d'intérêt. Je pousse un soupir, pour me laisser le temps de me remémorer l'histoire entière... Et enfin je commence :

"Les premiers jours furent sombres pour le Royaume. Les deux grandes factions, décapitées et exsangues à la suite de la terrible guerre qui s'acheva dans l'Ondée Ecarlate, écoutèrent la Prima Nobilis, qui les enchantait de ses louanges pleines d'espoir pour leur épargner la vision de la disette qui gangrénait la plèbe. Les régents, faibles et peu politiciens, acceptèrent l'alliance des deux territoires pour endiguer la misère, sur le conseil avisé de la Première, qui n'attendait que cela pour asseoir son règne.

La terre réclamait un hériter. Ceux qui prétendirent aux trônes des deux royaumes furent nombreux, et à nouveau des temps obscurs se profilaient. Les armées, malgré les épidémies, se formaient derechef, et les généraux haranguaient leurs troupes. Les escarmouches se multipliaient, de nombreux guerriers périssaient du combat et de la vermine. Mais dans tout ce tumulte, la Première agissait en secret. Elle travaillait à fortifier ses alliances, à faire croire à ses ennemis qu'elle était de toute confiance, et quand le royaume s'enflamma, tout fut réglé en quelques jours. Elle tenta alors un tour de force. Grace à l'appui de troupes loyales, commandées par le Capitaine Tzarunn Algarik, la Prima Nobilis lança un assaut rapide et décisif sur les deux palais en même temps. La vaillance de ceux qui devinrent les Tzaren vint à bout des gardes croupissants, et rapidement, elle se déclara Souveraine du Royaume, qu'elle nomma Tawrun, qui s'étendait sur les terres des deux royaumes désomais défunts.

Sa première décision politique fut de faire cesser la guerre par tous les moyens, et elle eut l'intelligence de faire appel au peuple. Devant la levée des armes de la plèbe, les factions jetèrent les armes, et prêtèrent allégence à la Reine Sorcière. Sa seconde fut d'ordonner la constuction d'un Palais, placé sur l'ancienne frontière. Sa troisième fut de confier quelques territoires aux deux anciennes familles Royales, qui deviendraient Baronnies et vassales. Mais les anciennes familles royales ne l'entendirent pas de cette oreille. La lignée de Laek'Na'Tyl, très affaiblie, n'essaya pas de lutter contre ce nouveau pouvoir. Il n'en est pas de même pour celle de Sieglund, qui ourdit un complot visant à assassiner la nouvelle Reine...

Le palais fut bâti en cinq ans. Déjà, autour de ses remparts, nombre de maisons et masures s'alignaient. La forte escouade de guerriers qui accompagnaient la Reine ne fut pas suffisante pour la protéger. Alors qu'elle parvenait à l'entrée de sa nouvelle demeure, une flèche vint la frapper de plein fouet. Seule la présence d'esprit du Général Tzarunn lui permit de survivre ce jour-là, car il maîtrisait la magie du soin, en plus de celle de la guerre. La garde retrouva finalement l'archer. Lors de son supplice ses paupières furent arrachées, sa bouche fut fendue de chaque coté, et enfin il fut empalé. Son cadavre fut exhibé, nu, devant le Palais pendant deux mois, au terme desquels il fut jeté aux liansens.

La Baronne de Sieglund, voyant que ses complots étaient déjoués, décida d'agir seule. Elle usa de sa puissante magie pour déformer son apparence, et réussit à s'introduire discrètement dans le Palais. Ses périgrinations la menèrent dans les appartements de la Reine Sorcière, où elle prit l'apparence d'une servante. Elle attendit que la Sorcière voulût prendre un bain, et profitant de la nudité de celle qu'elle nommait l'usurpatrice, elle sortit un stylet de ses cheveux. Enfonçant brusquement la fine tige de métal entre les côtes de la Reine, elle accompagna le souffle de douleur de sa victime d'un soupir quasi orgasmique. Le visage qui se tourna vers l'assassine était empreint de terreur et d'étonnement. Mais il n'était qu'à moitié celui de la Reine. Quand le sortilège cessa de se dissiper, il ne l'était plus du tout. Alors, de derrière les tentures sortirent des gardes, accompagnés de la Reine Sorcière, souriant à belles dents, somptueusement toilettée de pourpre et préparée pour la réception qu'elle donnait le soir même.

L'histoire dit que le Général Tzarunn avait conseillé à la Première de vérifier la véritable identité de cette servante peu dégourdie au comportement étrange... Mais, plus sûrement, la Reine Sorcière disposait de grands pouvoirs, et peut-être avait-elle percé à jour le déguisement de la Baronne avec un de ses puissants artefacts.

Cette dernière, avant d'être percée de toutes parts, eut le temps de hurler une imprécation, qui fit disparaitre le sang de la servante recouvrant ses mains en un nuage opaque de brouillard écarlate zébré de fugaces éclairs bleu électrique, dont la forte odeur acre se répandit dans toute la salle. Sa voix était dédoublée, gutturale et aigüe à la fois, et son écho semblait se perdre dans l'éternité.

"Je te maudis, fausse Reine ! Je te maudis, jusqu'à ta treizième génération ! Que ton faux dieu m'entende, et qu'il meure avec toi !"

Quand la Prima Nobilis sortit de la salle, son regard semblait pouvait tuer et son visage était chargé de haine et de désappointement. Elle fit condamner la salle définitivement, et l'on dit que la Baronne y est encore, à l'état de mort-vivant, enfermée dans une vierge de fer dont les gonds et la serrure ont été soudés, enfermée dans une sphère de silence perpétuel. L'on dit que c'est depuis ce temps-là que les Tzaren apprennent la magie de la révélation, et l'utilisent sur quiconque veut entrer dans le palais."

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J'ai ecouté l'histoire mon regard passant des yeux flamboyant du commodore a sa bouche. Sa voix rauque et puissante, qu'il garde basse dans cette salle aux milles echos, me fait frissonner alors qu'il en arrive a la malediction...

je reste encore un instant silencieuse... je ne veux pas quitter ce merveilleux moment ou l'on est plus là mais ailleurs, ou on existe plus vraiment que pour entendre et s'enivrer des contes...

- Qui t'a raconté cette legende, Kalder'Shee ? Cette malédiction ?

J'essaie de me rendre compte si je suis cette treizieme génération... un douloureux sourire sur les levres...

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J'observe les fines rides de réflexion sur le front de la jeune femme qui était ma Reine, et mon regard, en descendant vers le sol couvert d'un lourd tapis, capte la moue inquiète de ses lèvres. Je décide d'éluder ses questions, qui s'accumuleront immanquablement, et de continuer sur ma lancée.

- Oh ! Non, Ma Reine ! Je vois à votre inquiétude que vous vous imaginez être la treizième Reine. Mais votre lignée est millénaire, et compte bien plus de souveraines ! Laissez-moi vous conter la suite, et pensez qu'il s'agit d'un vieille légende, qu'on raconte pour glorifier la dynastie des Reines Sorcières...

A nouveau je soupire, me concentre et continue mon récit :

"La malédiction de Sieglund, malheureusement, n'était pas sans effet... L'Altera Incantatora, la fille de la Prima Nobilis, fit de longues recherches thaumaturgiques à ce propos. Elle découvrit, de la bouche même du démon qui était à l'origine de la magie de la Baronne, que cette malédiction la toucherait, elle, sa fille, la fille de sa fille, et ainsi de suite jusqu'à la treizième génération après la Première née.

Cette nouvelle lui glaça le sang. Elle engagea le combat contre la créature qui l'avait maudite, elle et sa lignée. La lutte fut rageuse, les coups lestes et violents. La magie grésillait et des fenêtres hautes de l'immense pièce sortaient des volutes de fumée toxique qui allait empoisonner le bétail à des lieues à la ronde. Finalement le démon rendit son dernier souffle, qu'il envoya au visage de son adversaire triomphant, lui brûlant gravement peau et cheveux. La Reine Sorcière ne dut son salut qu'à sa volonté de fer, car contre le dernier souffle d'un démon aucune magie ni soin n'est efficace.

Deux semaines plus tard, elle reparut, aussi belle qu'auparavant, mais son visage n'était qu'illusion. Elle se mit en quête d'un moyen d'échapper à la malédiction, ou dans le pire des cas de savoir exactement ce qu'il en retournait. Finalement, après maintes péripéties, elle parvint à pénêtrer dans la Grande Bibliothèque Démoniaque, où elle apprit que le pacte avait été définitivement payé par une âme dont l'identité resta introuvable. Ainsi, en aucune façon le mal ne pouvait être éliminé ou détourné...

Elle apprit également que la malédiction avait été modifiée par une entité d'une terrible puissance, Kcehtra, mais qui malgré tout n'avait pas pu l'annihiler totalement. Dorénavant, elle ne toucherait plus toutes les Reines jusqu'à la treizième génération, mais seulement la treizième Reine... L'Altera Incantatora mit en garde ses descendantes, pour que personne n'oublie cette prophétie...

Le temps passa, et mit assez de poussière sur les travaux de l'Altera Incantatora pour que plus personne ne s'en occupe. Enfin la Treizième Reine naquit. Son caractère mutin la mit dès la plus jeune âge en mauvaise posture. Ses désobéissances constituaient des défiances grandissantes contre l'autorité de sa mère. La jeune effrontée se mettait sans cesse en désaccord avec les lois de Tawrun, et même celles de Kcehtra. Quand sa mère retrouva le texte de la prophétie, il était trop tard, son enfant avait péché trop souvent, et la jeune femme n'était plus apte à régner selon les préceptes des Reines Sorcières.

Alors elle commença un long rituel, dédié à Kcehtra, qui dura trois jours et trois nuits. Au terme de la dernière incantation, une réponse lui vint à l'esprit. L'Unique lui parlait, lui disait que sa fille impie devait mourir sans descendance, et que l'élu qui lui avait donné vie devait refaire ce pourquoi il avait été choisi, afin de remplacer la mauvaise engeance et de perpétuer dignement la lignée, pour la seule gloire de Kcehtra. Il lui souffla aussi que la malédiction se perpétuerait à jamais, et que le cycle reprendrait. Enfin, il dit que les suivantes devraient être testées, afin de voir si la lignée des Reines Sorcières restait pure.

La jeune prétendante au Trône de Tawrun fut sacrifiée le jour de ses vingt et deux ans, et il fut établi qu'elle était enceinte. Le foetus fut jeté aux liansens, la mère fut brûlée comme le veut la coutume. Il fut annoncé à la population qu'un enfant était né de cette fille, mais que la mère était morte en couche, et la douzième Reine passa son trône à la quatorzième quand le temps fut venu."

Suite...

Par Kalder'Shee le 4/12/2001 à 2:23:33 (#500205)

J'evite le regard de mon Commodore...
Je suis dans l'histoire, je suis ces Reines, c'est mon histoire...
Je frissonne mais en aucun cas je ne veux devoiler mon immense trouble.
Je me maudis et j'ai un sourire interieur ironique : me maudire moi même ?
Je cherche la colere, ma colere bienfaisante qui m'aidera a me proteger...
Je la trouve je m'en fais un manteau, une carapace et je tourne vers Kalder'Shee un visage impassible pour attendre la suite...

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Elle semble un instant paniquée... Elle se doute de quelque chose... Un léger frisson la parcourt, et pourtant il ne fait pas froid. Puis, elle prend une attitude froide et détachée... Elle veut rester détachée, ne pas me montrer que ce que je lui raconte la touche...

J'arrive avec peine à contenir un sourire... peut-être l'a-t-elle vu ? Pour réduire à néant tout doute, je reprends la parole...

"La vingt et cinquième Reine était une sage souveraine, douée d'une clairvoyance qui surpassait de beaucoup les talents de sa mère, et même - dit-on - de toutes les Reines qui furent jamais montées sur le trône. Elle passait beaucoup de temps dans l'immense bibliothèque royale, et avait découvert bien des choses cachées. D'obscurs pactes démoniaques, de sombres complots ourdis pendant des dizaines d'années et qui avaient vu leur dénouement bien des siècles auparavant, comme de mystérieux metteurs en scène de l'histoire de Tawrun, et quelquefois, parmi les ouvrages, de puissants artefacts dissimulés par d'anciens mages, qui n'avaient pas eu le temps de les utiliser avant de pousser leur dernier soupir.

Depuis son plus jeune âge, avant même de monter sur le trône, elle était harcelée par un rêve, que jamais elle ne conta à quiconque. Malgré tout, il était presque évident que ce songe obsédant allait guider sa vie, et qu'il était en rapport avec sa fille, la vingt-sixième de la lignée.

Le temps vint où elle dut choisir un élu. Elle désigna un homme que personne n'avait jamais vu jusque là, et dit qu'elle était guidée dans son choix par Kcehtra. Une vive polémique se déclencha, car c'était la première fois que le Grand Prêtre du Culte n'était pas choisi. Mais telle était la décision de la Reine, et personne n'eut le courage de s'offusquer officiellement, de peur de se voir confisquer ses biens et sa famille. Quelques mois plus tard une fille naquit. La nuit même, la Reine s'empoisonna, et mourut. Il fut dit qu'elle était morte en couche, ce que tout le monde prit pour argentcomptant.

Etait-ce là son rêve ? Ou bien préféra-t-elle ne jamais le vivre, sachant qu'il se produirait un jour devant ses yeux ? Le mystère n'a jamais été élucidé, car très peu de personne avaient eu connaissance des réels événements, et s'ils ont un jour essayé d'y apporter un peu de lumière, ils n'en ont jamais fait mention nulle part.

La régence se passa assez mal, car le Grand Prêtre vouait une haine tenace envers celui qui lui avait, en quelque sorte, volé son titre. Cet usurpateur se nommait Sëythenyn, et il venait de la Baronnie de Laek'Na'Tyl. Il était cousin proche du Baron, et était un jeune duelliste arrogant et présomptueux. Il avait cependant tout loisir de pavoiser, car le seul duel qu'il avait perdu de sa vie était celui qui lui avait fait croiser le fer avec son père. Ce dernier lui avait ordonné de se tuer d'un manière ou d'une autre avant la lune suivante, et le jeune opportuniste, dans sa confiance effrontée, avait trouvé le moyen de parvenir à la cour, et de se faire désigner par la Reine, dérobant ainsi un sursis inespéré.

L'on ne sait quelle influence il eut sur sa fille, car son éducation était très stricte, bien plus que de coutume... Mais il eut lui aussi son rôle à jouer dans l'épreuve de Kcehtra..."

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Que pense t il ?
Rentrer dans ses pensées, c'est renforcer ma faiblesse. Trahir mon émoi. Mais je donnerai cher pour savoir pourquoi il me conte cela et ce qu'il en pense...
Il s'interromp, le cri de mon âme est de lui dire de continuer. Mais c'est d'une voix calme que je lui dit :

- Patiente... J'ai soif. *a un serviteur* Sert nous donc de la liqueur Pourpre.

*a Kalder* le moment est opportun pour cette boisson de l'esprit.

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Serait-ce une pirouette ? pour essayer de me convaincre que ce conte reste pour elle une légende ? au vu des questions précédentes et des réactions qui ont suivi, j'ai tendance à penser qu'il s'agit bien de ça... Je profite tout de même de cet instant de pause pour me remémorer le reste du conte. Quand le serviteur en a terminé, je le congédie d'un regard mauvais. Il ne faut pas qu'il soit là. Le reste est trop important...

Puis, à l'invite de ma Reine, je continue...

"Voilà comment se fit l'épreuve...

Le père de Sëythenyn eut soudain à l'égard de son fils un regain de haine, qui le poussa à vouloir l'assassiner de ses mains, en punition pour lui avoir désobéi de si infâme manière. Il arma une escouade de soldats aguerris, et se mit en quête de Sëythenyn. Ce dernier eut une envie irrépressible de voir sa fille, et pour rassasier ce désir, il partit sur l'heure, monté sur son puissant kralaag, vers le monastère où l'on faisait l'éducation de la jeune fille. Quant à cette dernière, poussée par la curiosité et son caractère aventureux, elle décida de sortir de cette morne bâtisse pour voir son royaume.

En quelques minutes elle s'était suffisamment éloignée pour ne plus devoir se cacher. La neige recouvrait le sol, mais un enchantement mineur lui permettait de camoufler ses traces. Ses oreilles l'avertirent que des cavaliers arrivaient. Elle vit une escouade de guerriers montés, vêtus des armures que les nobles prennent pour aller à la chasse. Elle vit des arcs, des épées, des lances. Mais ils parlaient de son père avec des propos véhéments. Se faisant discrète, Elle les vit préparer une embuscade autour du chemin. Elle savait que dans peu de temps son père allait mourir si elle ne faisait rien pour l'aider. Mais elle savait également que cette vengeance était légitime, et qu'intercéder était contraire aux lois.

Alors elle resta immobile. Le silence se fit à nouveau, mais c'était un silence de tension, plus de sérénité. Sonnant comme un tocsin inutile, le galop d'un kralaag brisa l'immobilité de la scène. Elle pouvait presque sentir les gants de cuir serrer le manche des épées, les cordes des arcs se tendre, les regards darder le tournant du chemin...

Le cavalier perça la légère brume, et continua sa course sur le chemin. Trois sifflements strident fusèrent, chacun suivi d'un son sourd d'impact meurtrier au moment où les traits mordaient cruellement la chair. L'homme lâcha ses rênes, ouvrit la bouche et bascula en arrière en écartant les bras, désarçonné par l'assaut. Il tomba lourdement dans la neige, le torse percé par trois fois. Il se remettait laborieusement debout, crachant sang et bulles de salive quand la meute prédatrice arrivait sur lui toutes griffes dehors.

Il esquiva le premier coup porté, stupéfiant le garde par ses mouvements encore lestes. Contournant ce même guerrier, il trouva le temps de dégainer son arme et de lui lancer un coup de taille, qui lui causa une longue estafilade fumante sur la poitrine. Il arma un second coup, l'abattit sur l'épaule d'un autre assaillant qui céda dans un craquement d'os et un hurlement de douleur. Tournant sur lui-même, il dévia le premier coup de lance, mais offrit son dos au second, qui le toucha profondément dans le flanc. Il posa un genou à terre, coupa d'une vindicte taille la hampe de l'arme qui l'avait percé, tout en lançant le cri de guerre "Fer et Fureur" d'une voix qui se voulait, en vain, triomphante. Il posa sa main libre au sol, et vomit un mélange de sang et de chair blanchâtre.

Un pied se posa sur son épée. Il n'avait plus la force de la lever. Un lourd gantelet métallique le prit par les cheveux, redressa sa tête, et un autre le saisit à la gorge. Il concentra ses dernières forces à ouvrir les yeux, et vit la barbe épaisse et noire de son père, ainsi que ses yeux emplis de haine. Un sourire de contentement fendait son visage marqué par les batailles et le blizzard.
La jeune Reine, l'esprit plongé dans la confusion après ce furieux déchainement de rage, eut le malheureux réflexe de sortir de sa cachette, et entreprit de soigner le mourant par sa magie. Les guerriers se tournèrent vers elle, eurent un réflexe d'attaque, mais le vieux chef de guerre les retint dans leur geste, car il avait reconnu la jeune femme. Alors qu'il donnait ses ordres, Sëythenyn, dans un instant de vigueur recouvrée, saisit son épée, et l'enfonça dans les viscères de son père. La jeune Reine, ne sachant que faire, tourna les talons et courut aussi vite que possible vers le monastère qu'elle n'aurait jamais quitté si une force irrépressible ne l'avait attirée au-dehors.

Les guerriers revinrent au palais, portant dans leur visages la douleur du deuil et sur leurs montures les corps de leur souverain et de son fils.

Il n'en fallait pas plus à Kcehtra pour annoncer l'échec de la jeune Reine dans son épreuve, incapable qu'elle était de prendre une bonne décision lors d'un moment critique, écoutant trop son coeur, et n'assumant pas ses actes.

Voici ce qui se passa alors. La jeune Reine fut contrainte de choisir un élu, qui ne vécut avec ce titre que quelques jours. Neuf mois plus tard une fille fut présentée à tous, mais elle n'était pas du sang de la Reine déchue. Parmi ceux qui savaient ceci, aucun ne sut vraiment d'où elle venait, bien que des suspicions aient existé quant à la possible survie des Reines précédentes. Elle fut assassinée quelques semaines plus tard.

Et voici ce qui fut dit à tous, nobles, bourgeois et populace : La régence cessa. Bien que jeune, la Reine Sorcière était assez mûre pour gouverner. Celle-ci choisit un homme pour qu'il lui donne une fille. Malheureusement, ce géniteur était un homme ombrageux et impulsif, qui dût abuser de sa position, et dût accepter un duel contre un adversaire redoutable. Quoi qu'il en soit, il fut retrouvé mort dans les bas-fonds de la ville. Quelques mois plus tard la Reine enfanta. La partie de chasse qui fut organisée peu de temps après fut fatale à la souveraine, qui rendit l'âme la gorge arrachée par un monstrueux liansen.

Une nouvelle période de régence allait commencer la longue révolution du cycle maudit..."

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Je plonge mon regard dans le sien.
En attente d'un sourire narquois, d'un regard mesquin...
Je me prepare a l'affront...

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Je regarde le sol alors que j'achève mon récit. Je n'ose la regarder, de peur de laisser filer inconsciemment des sentiments superflus dans cette situation.

- Les textes cessent là, car rien dans leurs pages ne mentionne la venue d'une trente-neuvième Reine Sorcière. Savez-vous, Ma Reine, quel était le prénom de la Prima Nobilis ? Bizarrement, il est le même que celui de la treizième, et celui de la vingt-sixième... Pour la première des deux, il s'agit peut-être d'une coïncidence, mais ce hasard a scellé la tradition, et la vingt-sixième fut nommée ainsi pour marquer la lignée maudite, et pour que l'on s'en souvienne.

Je marque une pause. Je sens la tension monter dans mon être... Comment puis-je être aussi... Inconscient ? Peut-être suis-je en train de jouer mon rôle, après tout... Je reprends rapidement la parole, pour conjurer tout doute... Ce qui a été entrepris doit être terminé, quel qu'en soit le prix.

- Je dois avouer que tout ceci n'est pas une légende... Il s'agit de l'Histoire, telle qu'elle s'est déroulée, à quelques détails près. Hélas ! C'est pourtant un très joli nom, Llyssender... Dommage qu'il connote de si sombres présages.

Alors, je lève la tête, et l'observe... Mon visage est bien malgré moi empli de compassion, et de tristesse. Peut-être l'ai-je, par mon geste, déjà condamnée...

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Llyssender.... Llyssender....
Je ne me rapelle pas qu'il ai jamais prononcé mon nom... Jamais... J'ai tressailli car il connait autant que moi le pouvoir des noms... Cette legende... non... non.... NON !
Je le fixe, entre colere qui me protege et peur qui emplie au fur et a mesure mon être...
Je me lève et me détourne, en me rapprochant de l'âtre, chaleur sur ma peau glaciale... chaleur dans mon être...
Quand je parle ma voix est basse, presque un murmure...

- Comment oses-tu prononcer ce nom interdit !

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- La lignée des Reines Sorcières ne sait pas tout de ses serviteurs. Il en existe qui, de père en fils, ont contribué à une oeuvre fabuleuse. Le premier à instaurer ce gigantesque travail fut le Général Tzarunn Algarik. Il nota toute l'histoire de la Prima Nobilis, et donna à son fils l'ordre de continuer son projet. Les générations passèrent, et ce même sang coule dans mes veines. La Grande Bibliothèque de Laek'Na'Tyl renferme quelques salles secrètes dans lesquelles reposent des textes édifiants, écrits de la main même du Baron contemporain de l'époque. De nombreuses choses cachées y ont été découvertes, car au fil des années l'observation et les recoupements sont faciles...

Je fais une pause. En plus du secret dans lequel le Grand Prêtre m'a plongé et que j'ai outrageusement trahi, voilà que je dévoile également le plus grand secret de ma famille... A quoi bon, après tout, garder ce secret, puisque aucun héritier ne viendra me remplacer dans ma tâche. Mais je n'ai pas répondu à sa question, et je m'empresse de m'y employer.

- Quelquefois l'interdit doit être outrepassé. L'épreuve est terrible, et vous devez être à son image. Peut-être ai-je à présent joué mon rôle dans cette situation, aussi si vous le désirez, je puis mettre fin à mes jours, comme tout traitre à notre cause. Décidez, Ma Reine, comme il vous faudra le faire devant Kath Su et Kriss. Cependant, j'ose vous demander une seule chose, que j'espère vous accepterez... Gardez tout ceci pour vous, Ma Reine. C'est pour cela que j'ai chassé le serviteur tout à l'heure. Personne ne doit savoir que j'ai osé vous parler de cela. Car dans le cas contraire, rien ne m'empêchera plus de m'éteindre, moi et ma mémoire...

Par Toinou le 4/12/2001 à 11:03:30 (#501419)

Toujours aussi triste cette histoire.

Mais le destin existe t-il ? Ma reine peut elle échapper au sien ?

Je me sent de plus en plus seul et la perspective de la perdre elle aussi me fait peur !

Et pourtant

Par Kalder'Shee le 6/12/2001 à 17:51:33 (#505968)

Le Destin est déjà joué. Tout cela n'est que passé, déjà recouvert d'une pellicule de poussière... Ma Reine était de celles-là, les Reines Maudites, et sa venue sur ce monde était son test.

Kcehtra, son Dieu, lui a ordonné de venir ici pour conquérir les terres, mais il s'agissait d'une façon de voir si elle était de taille à règner sur Tawrun. Manifestement ce ne fut pas le cas.

Le Royaume, là-bas, doit se mourir, croulant sous le poids de ses ennemis, et attendant la venue d'une Reine forte, digne de la dynastie. Mes terres, celles de la Baronnie de Laek'Na'Tyl, doivent sûrement être à feu et à sang...

Mon château de doit plus être que cendres...

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