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Epître placée bien en évidence sur l'autel de WindHowl

Par Arilyn Lamelune le 18/11/2001 à 1:40:00 (#324735)

Brehanites chers à mon cur, cher Haut Prêtre, chers Clercs, Lames et Mains du Seigneur,

Le messager qui porte cette missive en mon nom ma promis daller au plus vite, du moins aussi vite que les vents le permettraient, afin que le message soit délivré pour mon vingtième anniversaire du sacerdoce de Brehan. Il y a vingt ans, je recevais lonction du Seigneur. Je tenais à faire mémoire de cet instant vécu en seule compagnie du Champion Martel, pour que ce partage demeure signe despérance pour toute vocation. Si le Seigneur appelle les Siens, et que ceux-ci répondent à cet appel, Il ne les oublie pas dans lépreuve. Il reste, par la foi, le roc, au cours des ans, qui ne seffrite pas.

La nef qui séloignait de port de WindHowl, sur laquelle jétais montée, a longé la côte un moment, me permettant ainsi, par un hasard inattendu de revoir la plage sur laquelle le Champion Martel et le Champion Sombre Zaebos, antiques amis, anciens ennemis, se sont affrontés pour lUltime Combat de lun des deux. Les hommes de peu de foi en Brehan pourront toujours dire quil sagissait de suicide. Ces gens-là auraient mieux à faire de sassurer de la solidité de leur foi, afin de comprendre quels principes régissent le cur et lêtre dun disciple du Seigneur des Batailles. De ce combat, que je revis à travers les éclats de la pierre de destinée, de quelques cendres qui mont été confiées par le Haut Prêtre Radek, mais aussi par la vue de cette épée que je conserve toujours ; de ce combat, donc, je nai pas trouvé la clef encore. Sans doute faut-il que je parvienne jusquà la plaine de la bataille originelle, qui sépara les deux amis Martel et Zaebos ainsi que Perle.

Au-delà de la mer qui baigne le Royaume de Goldmoon, je pus accoster sur le continent. Je poursuivis sur les routes de lEmpire continental, vers louest toujours. Au bout de longues semaines, avec pour seul présence la lumière du Seigneur, je rejoignis un port où jembarquai sur la Mer de la Désespérance. Les bourrasques peu naturelles qui tourmentent locéan brisèrent une partie de la voilure dès la seconde semaine, rendant la progression sur les flots difficile, sinon vaine. Enfin, je parvins à lIle de la Finitude, dont le nom évoque des souvenirs douloureux au cur dhommes et de femmes du Continent. En quittant le hameau semblable à un village de pêcheurs où javais débarqué, on me demanda si ma foi en dieux étaient suffisamment forte pour que je puisse avancer jusquà la plaine dans le cirque des monts aux roches nues et découpées. Pensive à lidée dun cheminement qui serait vécu comme une épreuve de foi, de confiance en Brehan, jentamai la marche précédée par mon guide.

A lentrée de la passe, se trouve une forme menue, allongée sur quelques marches naturelles. En approchant, mon cur se serra, avant de saigner. La jeune fille devait avoir dix-huit ans, tout au plus vingt, je pense. Son corps reposait dans une position tourmentée, les bras comme tendus vers le ciel en une supplique de douleur silencieuse. Tout en priant sans discontinuer, je retournai le corps. Une énorme blessure béait dans sa poitrine. Une sorte de lance avait furieusement fouillé les chairs qui sétaient contractées, mais larme ne semblait pas être à proximité. Le sang avait coulé, imprégnant le vêtement blanc, et jusquaux marches. A la réflexion, larme ne pouvait être une lance. Une brise apporta à mes sens une odeur de chairs brûlées. La poitrine perforée. Mon regard restait rivé. Quel être bas et sans honneur avait pu frapper ainsi ? La mort remontait à quelques jours : le visage était dune blancheur farineuse. Une raie de lumière éclaira le corps. Un symbole divin luit autour du cou. Un pendentif orné dun rubis cerné de runes rouges. La jeune femme était prêtresse de Syl. Je maperçus alors que mon guide était passé sans rien voir. Et pourtant, le corps était bien en évidence. Lappelant plusieurs fois, je le vis revenir sur ses pas, étonné sans doute que jeusse pris du retard. Arrêté à mon niveau, il me demanda ce que je recherchais. Comme seule réponse, je baissai les yeux vers le sol. « Eh bien, dame Arilyn, quont donc ces marches ? » questionna-t-il impatient. « Par le Seigneur, ne voyez-vous pas le corps ? » répondis-je stupéfaite. « Un corps ? Peut-être bien... Vous savez, dame, ici, les morts et les cadavres sont nombreux. Bien plus, leur nombre est si démesuré que lon ne voit plus ni les nouveaux, ni les anciens. Vous vous habituerez. »

Sa réponse me prit le cur dans un étau. Lindifférence. Lindifférence par habitude. Voilà ce qui détruisait le souvenir des morts et de ceux qui sont tombés, dans les consciences de ceux qui habitaient lîle et certainement au-delà, plus sûrement que les pluies et lair chargé de sel. Et face à cette indifférence, lincompréhension. Celle que je pouvais lire sur le visage de la jeune femme. Une confiance, trahie, ou un amour, renversé. La jeune femme connaissait celui qui la tuée. De lui, nulle trace. Les morts ne comptaient pas, ici, même sils avaient eu une vie auparavant, ce qui était oublié.

Retournant le symbole de la déesse Syl, je tentai de lire linscription maladroite quadresse le nouveau prêtre à sa divinité « ...vie ». Les trois première lettres apparaissaient trop mal pour que je pusse les lire. Le guide semblait sur le point de repartir, mais je lui fis signe dattendre. Brehan nous a appris à respecter lhomme, et notamment dans sa mort. Avec les pierres tout autour, je dressai un cairn à lentrée de la passe. La jeune prêtresse pourra y reposer, en paix, je lespère. Linsigne de sa foi bien en évidence autour du cou. Avant de poser les pierres supérieures, je lui fermai les yeux et tentai de décontracter les traits. Si les paupières acceptèrent finalement leffort, la raideur des muscles froids du visage le refusèrent. Avec les prières rituelles, je confiai cette sur du sacerdoce aux dieux Hauts-Althéens. Que ce qui lui a été dénié dans la vie, subsiste et sépanouisse au-delà de la mort.

Je me relevai enfin et je pris une inspiration pour poursuivre ma marche. A dix-huit pas de lendroit où javais trouvé le corps de la jeune femme sen trouvait un autre. En réalité, je faillis passer à côté sans le voir. Toutefois, un suintement deau dans les roches à la périphérie de mon champ visuel retint mon attention. Tournant la tête de côté, je suivis du regard lécoulement. Quelque gouttes semblaient perler sur le sol... non, par Brehan, sur un cadavre plutôt. Celui-ci était de petite taille. La vieille femme avait eu quelquembonpoint. Mon guide réagit de façon étrange à ce moment. Comme sous leffet dune inspiration soudaine, il sapprocha et, se baissant, observa les traits de la vieille femme. Son visage blêmit, il serra les dents. Son bouleversement manifest contrastait avec lindifférence précédente, mais je me gardai bien de le lui faire remarquer. Bien plus, il allait maider à dresser le cairn à côté de celui de la prêtresse. En déplaçant le corps, nous constatâmes que la jambe gauche était brisée, et quelle formait un angle étrange ave le corps. Le visage de la femme était calme, quant à lui, sérénité retrouvée. Une dernière goutte deau tomba et éclata au-dessous dune paupière. Labsence de cette contraction légère, réflexe de la vie, me tira un soupir.

Les prières rituelles à nouveau achevées, jeus un éblouissement, et je mappuyai sur une roche saillante. Je voyais une hyène rôdant dans une steppe. Des ombres se meuvent en silence dans le feu du soleil couchant. Ce silence nest pas naturel. On nentend rien, si ce nest le grognement en sourdine de lanimal. Celui-ci donne un coup de dents dans le vide, ou plutôt dans une ombre. Un cri perce lobscurité grandissante. Lombre disparaît. La hyène reporte son attention ailleurs. Dautres coups de dents. Dautres cris. Autant dombres qui saffaissent. Lanimal sarrête, soudainement. Il semble contempler le néant. A côté de larbre, tordu par le vent, si près du guet dune rivière dont on ne distingue ni lorigine, ni la fin, se tient une autre ombre. Celle-ci est en mouvement, et elle hésite, sans doute préoccupée par leau rapide et tournoyante. Une voix sélève de lombre. Elle répète une phrase tourbillonnant à mes oreilles. La bête saplatit dans les herbes et parvient ainsi jusquà lombre. Avec un grognement de mauvais augure, elle griffe lombre comme par derrière, la lacère, la déchiquette, la met en pièces. A la fin dun tel acharnement, il ne reste rien, tout juste quelques larmes de brume que le vent emporte au loin, sans aucun bruit.

« Dame ? Dame Arilyn ? Que vous arrive-t-il ? » La voix du guide me fit revenir à moi. Il regardait le sang qui séchappait de lentaille faite par la roche sur laquelle je métais appuyée. Curieux, « A quoi pensiez-vous, dame, que voyiez-vous ? » « La Mort », articulai-je pensive, « la Mort. » « Mieux vaut trébucher que se retourner ? Cest cela ? » demanda-t-il. Je tressaillis à cette évocation, la phrase de la vision. Cherchant ma réponse, je tentai de lire le sens de la question dans les yeux du guide. Etranges, dailleurs. Ils étaient comme ceux de la jeune femme : incompréhension ou déception. « Oui, cest cela... mieux vaut trébucher que se retourner. » Les yeux de ceux qui nattendent plus rien de la vie ? « Dame, continuons, ou laprès-midi viendra sans que nous nayons avancé. » Des yeux de lindifférence si évidente sur cette île ? « Et noubliez pas de soigner cette blessure à votre main ; je ne sais si vous lavez remarquée » ajouta-t-il en souriant. Non, il sagissait simplement des yeux de ceux qui savent quils sont mortels, de ceux qui ne prétendent pas à limmortalité du divin, de ceux qui vivent, ont vécu, en en restant conscient.

La main guérie louanges au Seigneur, nous reprîmes le cheminement, prêts pour la rencontre suivante. Elle prit la forme dun arbre à deux fourches, dressé sur le bord. Il avait dû pousser en enfouissant ses racines dans les interstices des roches, prisonnier de cinq ou six dentre elles. Le troc, les branches maîtresses, mais aussi les feuilles, tout était ridé. Les feuilles de lune des fourches noircissait à vue dil, comme si la sève sempoisonnait. La branche grossissait, le tout restait repoussant. Les feuilles de lautre fourche, jaunes, mais toujours attachées, sagitaient en tous sens, comme sous lemprise de la folie. A cet endroit, jeus une seconde vision. Que les dieux veillent sur elle : je vis dans un éblouissement ma mère, Amnestria Fleur-de-Lune, lépouse du Guide du Savoir Tirman, seffondrer sur le sol de sa demeure, les doigts dévorés par lacide, le visage tiré, voire défiguré, par la fatigue. La douleur que je ressentis me force à croire à sa disparition. Puisse sa déesse Syl veiller sur son âme, et apporter le réconfort au cur de mon père, au nom de Brehan que je sers par mon sacerdoce. La mort indifférente, ultime dérision de la vie indifférente. Rouvrant les yeux, je vis larbre craquer par le milieu ; la sève immonde se répondit sur le sol. Les feuilles agitées tombèrent. Tout était fini pour lêtre double quétait cet arbre. Un soupir le parcourut tout entier, en un frisson murmurant : « Agis toujours de telle sorte que tu puisses ériger chacun de tes actes en maxime. »

La journée fut remplie de telles rencontres. Lîle justifie ainsi son nom à chaque pas. La fin sincarne dans tout ce qui soffre aux yeux. Une épreuve pour la foi, jusquà ce que lon comprenne pourquoi. Je vous livre cela sans angoisse, ni anxiété. La progression sur cette route où le courage, preuve de la foi, détermine la survie de lhomme, reste lente. Brehan pourvoit les Siens du courage en toute occasion, y compris celui qui intervient dans les affrontements de nature peu physique. Gloire à Son nom. La nuit est avancée. Nous avons établi notre campement presque à lextrêmité de la passe. Le guide partira à laube. Il portera cette missive. Quant à moi, cest dans la solitude humaine, mais toujours forte et accompagnée du Seigneur que je pénètrerai dans la plaine ; cette plaine que Brehan me montra le jour où il maccorda le sacerdoce. Là, je trouverai réponse et sens à la mort du Champion Martel, à ces corps étendus sans sépulture sur le chemin. Par la Vérité de Son père, la Gloire du Seigneur transparaîtra, au-delà du déchirement de toutes ces morts.


QuIl vous bénisse tous et chacun, et vous accompagne encore et toujours !


Arilyn Lamelune
Prêtresse de Brehan

[ 18 novembre 2001: Message édité par : Arilyn Lamelune ]

Par Zuby le 18/11/2001 à 2:00:00 (#324736)

Alors qu'il priait son Dieu au temple de Windhowl, il apercut la missive. Apres l'avoir lue, il s'éloigna, pensif ...


( tres joli texte, comme d'habitude devrai-je dire )

Par Sakira le 18/11/2001 à 2:28:00 (#324737)



Très jolie texte

Par Tirman MdA le 18/11/2001 à 6:47:00 (#324738)

*Découvre l'épitre, sur l'autel du Temple*

*D'une voix faible* Arilyn... Puisses-tu trouver enfin ce que tu cherches, en cette plaine. Peut-être y trouveras-tu ce qui fera de ton oeuvre un engagement portant plus loin que les branches du plus grand des arbres des Elfes disparus...

C'est ce que je te souhaite de tout coeur, ma fille, porteuse de l'unique qui me survivra, témoin et futur de mon amour pour Amnestria. Puisse la plénitude se trouver au bout de ton voyage...

Par Mahrieva le 18/11/2001 à 9:32:00 (#324739)

*passe très souvent de longues heures au temple de WindHowl prier le Seigneur*

*lit la missive ne pouvant s'empêcher de ressentir un frisson glacial lui parcourir l'échine*

*s'agenouille face à l'autel s'appuyant sur sa lame et continue ses prières*

Arilyn puisse mes prières t'accompagner; puisse notre Seigneur Brehan t'apporter sa Force et son soutient dans cette épreuve de par les mers...

Par muldan le 18/11/2001 à 10:10:00 (#324740)

Par Soren of Sky le 19/11/2001 à 17:46:00 (#324741)

*a déjà lu l'épître*

*s'est installé pour prier longuement son Seigneur de protéger l'ancienne Haute Prêtresse*

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