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Chapitre 3 Odric le berserker

Par ULTRAPANDA le 6/10/2001 à 23:33:00 (#320447)

Chapitre trois
Un sens à sa vie.



Encore un matin triste, un ciel sans nuage, sans soleil, juste une lueur uniforme pâle et fluorescente à la fois. Il est temps pour moi de continuer ma route. Les blessures sont encore douloureuses mais plus assez pour que je reste couché comme un vieux sac. Un orc ne tolérerait pas une telle inactivité, je ne la supporte pas non plus. Quand jy pense, je ne métais jamais couché aussi longtemps, jai toujours contemplé lastre du jour debout. Je me lève et saisis mes armes. A leur contact, tout le combat me revient à lesprit, la fureur, la peur, la douleur, la honte. Il faudra bien vivre avec, je nai pas le choix. Javais toujours pensé que jaimais le combat par-dessus tout et je métais résolu à mourir au combat mais pas à perdre sans mourir. Je me rends compte que je naime pas perdre. Jallais quitter le temple quand je me suis rappelé que javais fait une promesse déducation envers le petit Krak. Au premier abord, on pourrait penser que jai eu tort de prendre cette responsabilité mais il est très jeune et un peu trop seul. Sa gaieté apparente est parfois brutalement interrompue par un cynisme et un désarroi profond. Ce qui est sûr, cest quil ne fera jamais un bon guerrier, il est trop faible et il na pas lesprit guerrier mais il semble dominer la magie mieux que moi à son age ce qui nest pas vraiment un exploit. Aesandilas est presque remis de ses blessures et il enseigne quelques tours à mon « élève ». Je me demande ce que je pourrais bien enseigner à cet enfant, je nentends rien à la magie et il semble quune mentalité dorc ne soit pas des plus indiquée en ce monde humain. Je suis moi-même mal à laise parmi eux et jai du mal à croire que je suis des leurs.
_ « Aesandilas, tu mavais parlé dun défi, quel est-il ?
_Devenir humain.
_Je suis humain.
_Non, tu es un orc dans corps humain, ici tu es un barbare.
_Quelle honte y a-t-il à en être un ?
_Tu as besoin délever ton esprit.
_Pff, les mages disent tous ça.
_Tu as la force de réaliser de grandes choses mais tu as une vue desprit trop étroite.
_Les mages de Shinka avaient un esprit plus étroit encore.
_Quen sais-tu ?
_Jy ai vécu.
_Oh, je vois, AldebarranCétait ton mentor.
_Non, mon bourreau, pourtant il passe pour un sage. Toutes ces fadaises sur lintelligence et la clairvoyance des mages ne sont quun voile qui cache leur arrogance et leur perversité.
_Fais comme tu le souhaites. Tu peux rester un chien fou qui part combattre nimporte qui pour nimporte quelle raison, sans intelligence, sans ambition, sans destin, sans espoir ou devenir un héros, un guerrier aimé et respecté pour sa force, son courage et la noblesse de son cur.
Nécoute pas les conseils, ils ne servent que ceux qui te les prodiguent.
_Pourquoi maiderais-tu ? Quest-ce que cela te rapportera ?
_Rien, je suis curieux de voir ce que tu peux devenir. Je suis un érudit, jai beaucoup étudié et je veux voir le monde en dehors des grimoires. Je te conseillerai et tu me protégeras si besoin est.
_Je ne sais si changer est une bonne chose. Jai toujours été fier de ce que jétais.
_Mais contre WildFist, tu as atteint les limites de ton existence, tu dois te transcender à présent car rien de nouveau ne tattends dans cette voie. Choisis entre lélévation et le désespoir dune existence futile.
Rejette la fourberie et la médiocrité, vois plus loin que les étoiles.
_Cette terre aurait-elle besoin de héros ?
_On a toujours besoin dun héros. Je vais texpliquer pourquoi tu as perdu contre WildFist.
_Inutile, je le sais déjà. Il était plus grand, plus fort, plus rapide et possédait une meilleure technique que moi.
_Tu te trompes, tu aurais pu vaincre. WildFist nest pas totalement humain, il a plus de cent ans et de puissants nécromanciens le maintiennent en vie. Tu es un berserker, tu as vu la folie de ses yeux, tu as la même quand tu combats en état de fureur. Le démon de WildFist est plus fort que le tien car il possède WildFist.
_Tu veux dire quil est en transe berserk en permanence ?
_Oui, en dehors de son sommeil, il est toujours en fureur. Quand lEmpereur de BloodSkull na pas besoin de guerroyer, WildFist est enchaîné jour et nuit dans un cachot. Il nest libéré que pour mener des assauts. WildFist est ce que tu risques de devenir. Il a vu en toi un successeur.
_Par Thorgun, je ne deviendrais jamaisça !
_Il a pensé que tu le remplacerais un jour et il a tout donné pour te vaincre. Cest la seconde raison qui ta fait perdre ce combat : les motivations.
_Jétais très motivé, je voulais ce combat.
_Dans quel but ?
_Le combat, juste le combat.
_Cest pour cela que tu as été terrassé. Le combat en lui-même ne vaut rien, cest la cause que lon défend qui a de la valeur. Ton orgueil ta poussé à vouloir prouver que tu étais le meilleur. Si ton bras avait été guidé par une noble cause, tu aurais gagné.
_Le combat est un noble cause.
_Protéger en est une bien meilleure. Quand on a ta puissance, on ne peut se perdre dans des joutes sans fin et des batailles dorgueil. A grand pouvoir, grandes responsabilités ou risque de folie.
_Pourquoi devrais-je protéger des étrangers ? Ils ne sont rien pour moi.
_Mais leurs souffrances sont injustes.
_La vie est injuste, les forts tuent les faibles. La nature fonctionne ainsi, les Dieux lont voulu.
_Non, ça, cest la vision des orcs, les humains se battent contre linéluctabilité. Ils nadmettent pas linjustice, ils la combattent ou se cachent dans leur chaumière, honteux davoir eu la lâcheté daccepter linacceptable.
_Et ils perdent à chaque fois.
_Leurs gesticulations face à linfini et à la volonté des Dieux sont puériles et vaines, mais elles sont dignes de respect. Oui, les humains sont dans le camp perdant face au destin mais ils restent debout et continue sans faiblir. Quel est le meilleur camp ? Celui des indifférents, cyniques, résignés dans leur cur ou celui des amoureux de la vie qui luttent alors que la défaite est déjà là ? Qui a le plus de courage ?
_Je me souviens mêtre battu pour garder un ami en vie. Il est mort quand même. Il voulait mourir comme un brave.
_Tu connais donc cette révolte du cur.
_Oui, et ça na rien changé.
_Ce nest pas une raison pour renoncer. Le courage, cest de recommencer là où on a échoué. De savoir que cest perdu davance, que cest impossible mais y aller quand même. A toi de choisir entre un WildFist désuvré, un outil que lon jette après usage ou un héros plus fort que son démon, un guerrier capable daimer et protéger la vie.
_Par Thorgun, tes paroles ont mis le trouble dans mon esprit. Comment devient-on un héros ?
_Regarde la souffrance et linjustice autour de toi et essaie de réparer les erreurs de la vie.
_Hum, les prêtres sont là pour ça. Je nai pas pour vocation de prendre en charge la misère du monde.
_Tu as bien pris Krak sous ta responsabilité. Mais si réparer le mal ne te convient pas, tu peux toujours le combattre avant quil ne frappe. Le frapper à sa source.
_Bien, je préfère ça. Je técouterai mais si je découvre que tu mas dupé, je te tuerai immédiatement.
_Le marché est correct.
_Krak, quen penses-tu ?
Lenfant sembla amusé quon lui demande son avis.
_Les gens de BlueWind te prennent déjà pour un héros, deviens-le.

Une poignée de main scella notre accord. Je devais trouver un autre sens à ma vie. Je naimais pas particulièrement les humains mais je devais madapter. Les notions de bien et de mal me semblaient floues. Pour moi, le bien cétait un acte dont je tirais du plaisir et le mal ce qui entravait ma route. La justice nétait quun vague souvenir denfance, ce mot est intraduisible en langage orc car il nexiste pas. La souffrance dautruiJe ne métais intéressé quà la mienne jusquà présent. Puis Krak le Déchu ma rappelé ce que je fus. Je suis tiraillé par des émotions contradictoires. Mon enseignement ne ma pas préparé à vivre des émotions autres que la colère. Il faudra surveiller cela.

Nous décidâmes de quitter BlueWind pour IronCloud, la ville où le roi exerçait son pouvoir. Cela impliquait quil fallait nous rendre sur lîle de LoneRock. Je ne voulais pas quitter Shakras par la mer, le voyage en bateau mest insupportable. Aesandilas réussit à me convaincre de passer par les services dun mage qui pratiquait lart de téléportation. Ces transports sans voyages désorientent beaucoup lesprit mais cela semble être une pratique répandue en ce monde. Pour donner un aspect sacré à ce type de déplacement, les mages vous font voyager de temple en temple. Cela oblige les villes à en avoir au moins un. Autre lieu, autres sons, autres odeurs, ici lair pue la charogne. La ville est enfermée dans ses remparts et rien ny entre ni nen sort sans laccord des gardes. Même le vent ne va pas là où il le souhaite. Ainsi, cest lodeur de la capitale des humains, je préférais de loin le camp orc. Dans cette ville tout sachète et se vend, même la dignité. Plus je vois les humains, plus jaime les orcs et la forêt. Je my attarderais une autre fois. Nous quittons le temple quand une voix familière résonne à mes oreilles, le Baron Keen minterpelle.
_Odric ! Je te cherchais partout à BlueWind mais tu étais déjà parti. Je suis désolé de tavoir envoyer Geolandis alors que tu vivais encore mais le récit de ton combat contre WildFist mavait convaincu du contraire.
_Le fossoyeur cétait toi ?
_Oui, je men excuse.
_Ce nest rien, il finira par mapprécier quand je lui aurais envoyé quelques clients.
_Hum, oui, peut-être. Quoi quil en soit, nous cherchons des hommes braves avides de défis pour combattre des nécromanciens dans le cimetière maudit.
_Cest que jai décidé de me comporter comme un héros.
_Aucune importance, les héros sont les bienvenus.
Du regard, je demande à Aesandilas ce quil en pense, celui ci acquiesce.
_Bien, je te suis mais mes compagnons également.
_Le petit ne pourrait pas se vêtir ?
_Il a fait vu de nudité, cest son choix.
_Oh, Thorgun, pourquoi moi ? Bien, suivez-moi, nous allons au château. Je te présenterai mon cousin, Muldan, le Vicomte dIronCloud.

Daprès Aesandilas, nous étions des privilégiés pour être ainsi invités dans la demeure royale. Il est difficile dapprocher un chef. Je me souviens avoir attendu une semaine dans la boue pour entrer chez Mordak Shen. Nous ne pouvions voir le roi, il était très occupé paraît-il. Mais les plus grand guerriers de RedSun se trouvaient là pour mener une opération contre la nécromancie. Je haïssais cette magie, je lavais subi étant enfant et je savais à quel point elle était terrible. Le palais royal était un endroit magnifique mais indéfendable. Au début, on entend les plaintes des prisonniers suppliciés. Une odeur de sang sature lair. Jen conclus que les appartements royaux doivent être le plus éloigné possible de cet endroit. Les gardes se comptent par centaines et les chariots pleins de victuailles et dobjets divers me font penser que ce château est une ville dans la ville. Sdol mexpliqua que la prison était davantage protégée quà laccoutumé. Un certain Lord de Nuit avait été capturé. Il avait proféré des paroles blasphématoires envers le roi et voulait le destituer de son trône. On entendait cet homme hurler sa douleur et sa haine malgré la profondeur du cachot où il était enfermé. La torture est universelle. Je nai jamais aimé cela. Nous entrâmes dans une grande salle et ils étaient là. Lélite des combattants de RedSun, la fine fleur, ils semblaient forts et fiers dans leurs belles armures ou leur robes dapparat. Ils donnaient une impression dinvincibilité et de franche camaraderie. Je me demandais lequel dentre eux jaimerais combattre en premier. Un trouvère chantait les mérites et les exploits de chacun. Ils semblaient tous se connaître et sapprécier. Aux chants du barde, japprenais leurs exploits respectifs.

Curs de géants

Seul contre une horde de tarentules.
Messire Talador jamais ne recule.
Dun geste pur il les pourfend.
Pour les jeter dans le néant.

Puissent-ils vivre au moins cent ans.
Et défendre nos vies et nos cités.
Puissent-ils toujours manier lépée.
Nos braves au cur de géant.

Défié un jour par un centaure.
Messire Riseheart releva le défi.
Il frappa si vite et si fort.
Que les poneys ne craignent que lui.

Puissent-ils vivre au moins cent ans.
Et défendre nos vies et nos cités.
Puissent-ils toujours manier lépée.
Nos braves au cur de géant.

Lâchement touché par les Fervents.
Qui lui reprochaient son rang.
Messire Muldan est parti en guerre.
Et les enverra en enfer.

Puissent-ils vivre au moins cent ans.
Et défendre nos vies et nos cités.
Puissent-ils toujours manier lépée.
Nos braves au cur de géant.

Messire Sullivan a stoppé lenvolé.
De Lord de Nuit qui voulait sévader.
Le brigand sera écartelé.
Et Sullivan sera honoré.

Puissent-ils vivre au moins cent ans.
Et défendre nos vies et nos cités.
Puissent-ils toujours manier lépée.
Nos braves au cur de géant.

Le barde sappelait Melchior. Pour quelques pièces dor, il faisait de chacun une légende. Les intéressés étaient satisfaits des vers du troubadour et il ramassa encore quelques pièces en remerciements. Mais à voir la manière dont le royaume réglait ses problèmes, je ne parvenais pas à voir les trésors de bonté des humains dont Aesandilas mavait parlé. On tuait et torturait comme chez les orcs avec peut-être plus de raffinements mais cela restait de la barbarie, celle quon me reprochait. Le troubadour eut envie de samuser avec moi mais je lui fit comprendre que je naimais pas toujours les chansons des bardes qui déforment certains aspects de la vérité. Loin dêtre vexé, il me jura que je manderais ses services après une escapade au cimetière maudit. Je commençais à douter des capacités du Baron Keen au combat. Il me rappelait Fizar le Boiteux, un de nos frères darmes orcs qui avaient toujours une bonne raison pour éviter le combat.
_ « Dis, moi, Baron Keen, le barde na rien chanté pour toi.
_Cest un peu normal, jai peu combattu ces derniers temps et Melchior ne chante que les exploits récents. Jai eu beaucoup de problèmes à régler, ma maladie, la charge du pouvoir. Tout cela ma éloigné des champs de batailles. Viens avec moi, je vais te présenter à nos meilleures lames. »
Sdol Keen salua lassistance et sourit à quelques quolibets sur sa malchance légendaire. Ils disaient que si un astre devait sécraser sur RedSun, il finirait sa course sur les chausses du Baron Keen. Il fit un large geste de la main et parla :
_ « Messires, mes amis, je suis venu combattre à vos cotés comme avant. Je vous ai aussi amené un fier guerrier avide de défis. Je vous présente Odric.
Je me sentais mal à laise devant tous ces gens. Ils étaient différents de moi. Jétais à demi-nu, mon épée sur le dos et ma hache sur lépaule, ils étaient scintillants dans leurs armures lustrées et un monde nous séparait. Ils nétaient pas hostiles à ma présence mais curieux de voir un barbare parmi eux. Lun deux sapprocha : Muldan, lennemi des Fervents et cousin du Baron.
_Cest toi le berserker de la bataille de BlueWind ?
_Jy étais il y a peu.
_Tu as tenu tête à WildFist, tu dois avoir une grande force.
_Tu veux voir ?
Je ne sais pourquoi je lui ai répondu de la sorte. Je voulais sans doute le défier. Il avait une manière de se tenir debout qui semblait anodine au premier abord mais la position de ses pieds indiquaient quil était en permanence prêt à se battre. La manière de poser la main sur larme quil portait à sa ceinture nétait pas des plus banales. Il pouvait dégainer et frapper dans le même geste. Il était évident que ce nétait pas un vantard et quil avait une grande connaissance des armes. Mais ce qui mincita le plus fut lexpression de son visage. Une lueur étrange baignait dans ses yeux, je connais cette lueur, nous lavons tous quand nous savons le combat imminent. On ne peut mentir à un guerrier, il a ça dans le sang. La position de mon corps était claire, jétais prêt à me battre et lui aussi. Je le vis regarder le bras qui tenait ma hache, nous nous étions compris et cela lamusa beaucoup.
_Peut-être plus tard, nous devons dabord combattre les nécromanciens. Approche, nous allons manger, tes amis sont les bienvenus également. Dépose ta hache, elle sera entre les mains dun serviteur qui la nettoiera, tu la récupéreras en sortant.
_Inutile, je la garde avec moi.
_Tu ne te sépares jamais de ton arme ?
_Jamais.
_Les orcs font ça.
_Jen étais un.
_Viens à table, tu nous raconteras ça.
_Nous nous retrouvions dans une grande salle autour dune table qui devait bien mesurer dans les trente pieds de long. Dautres convives avaient rejoint la table. Un homme étrange présidait le repas. Tout le monde lappelait Nof. Il était grand, maigre et les couleurs de son vêtement étaient si vives quil naurait pas tenu une minute dans la forêt face aux loups, même de nuit. Mais le plus terrible était ce bonnet ridicule à clochettes qui tintait à chaque mouvement de sa tête. Il avait le visage maquillé qui lui donnait de drôles dexpressions. Pendant un instant, je me suis demandé sil était humain. Toute lassistance semblait ravie davoir cet individu à table. Je ne comprenais pas pourquoi et je me demandais à quoi un tel être pouvait bien servir. Puis, il prit la parole.
_ « Tiens, cest la première fois que je vois un barbare qui ne se jette pas sur la nourriture. Nos mets seraient-ils trop délicats pour toi ?
_Non, la nourriture sent bon mais je ne mange que les animaux que je tue moi-même.
_Je vois, et tes adversaires, tu les manges aussi ?
_Il mest arrivé de boire leur sang. Jai mangé le cur dArthax il y a peu.
_Etrange, on mavait dit que ce démon était sans cur.
_On avait mal cherché.
_Tes traditions te commandent de manger tes ennemis ?
_Non, le démon berserk na pas de tradition en dehors de celle de tuer son adversaire.
Muldan prit la parole :
_ En tous cas, je pense quOdric ne te mangerait pas ,Nof. Tes vêtements montrent que tu as mauvais goût.
Le bouffon salua la remarque dun geste de la tête et reprit au milieu des rires :
_Muldan ma dit que ton histoire était intéressante, raconte la.
_Je ne suis pas un grand conteur. Jai été élevé par les orcs, jai combattu à leur coté pendant cinq ans contre les Sung Lung et nous avons gagné. Peu après, jai quitté les orcs pour vivre parmi les humains.
_Les Sung Lung étaient puissants. Comment les avez-vous battu ?
_Notre courage et notre stratégie ont bien fonctionné.
_Les mots orcs et stratégie ne vont pas ensemble. Les orcs narrivent pas à entrer dans nos maisons, ils ne savent pas ouvrir une porte avec une poignée.
_Ils ont pourtant gagné la guerre. Nous prenez-vous pour des imbéciles ?
_Et il prétend ne rien comprendre, le menteur.
Je ne souhaitais pas répondre à ces paroles insultantes mais Nof alla trop loin. Il désigna Krak.
_Dis-moi, Odric, comment sappelle ton petit singe pelé ?

Cela en était trop. Je levai ma hache et sectionnai la grande table dun coup sec. En face de moi, les guerriers avaient déjà sortis leurs armes. Muldan prit la parole :
_Calme-toi, Odric, nous ne raillerons plus ton protégé.
_Oui, cest mon protégé, ça vous gène ?
_Non, nous nous abstiendrons de plaisanter à lavenir.
_Ma place est au combat, pas ici, je vous attendrai dehors.
Cela fut un bon prétexte pour quitter un endroit dans lequel je ne me sentais pas à laise. Javais beaucoup daffection pour cet enfant perdu et un peu dérangé. Son regard me rappelait trop ceux des enfants martyrisés par Aldebarran. La peur de la minute suivante se lisait dans ses yeux. Je ne sais si javais ce regard moi aussi, mais personne ne maltraiterait cet enfant en ma présence. Plus tard, Aesandilas me confirma que ce départ fut assez mal perçu par tout le monde. Le bouffon fut très amusant ce soir là. Je nen avais cure. Jai passé la nuit autour des murailles du palais. Krak et Aesandilas avaient quant à eux, accepté lhospitalité des guerriers de RedSun et profitaient dun bon lit tendre. Il nest de meilleur sommeil que pour celui qui dort au sol. Je ne dormais pas pourtant, jattendais les loups, jétais sûr quils se manifesteraient et je guettais. Quand je me rendais attentif à tous mes sens, rien ne méchappais, je pouvais même reconnaître quelquun à son odeur. Je sentais une odeur de parfum mêlée à de lalcool : Nof était de sortie ce soir mais il était plus bruyant quodorant. Comment un homme aussi gracile peu plaire aux femmes ? Il est vrai que je ny connais rien. Les seules femelles que jai croisé étaient des femelles orcs et je dois reconnaître quelles ne mont inspiré que du dégoût pour ce qui concerne les choses de lamour. Les humaines sont assez gracieuses dans lensemble mais cest bien là le signe de la faiblesse des humains. Pour les orcs, lenfant à naître doit surpasser ses parents en force et en vigueur. Il faut améliorer la nature orc. Peu importe lapparence de la mère pourvue quelle soit forte, capable dallaiter et de mettre bas. De ce fait, elles sont très rugueuses et même franchement laides. Par chance, mon statut humain mépargna certaines obligations reproductives réservées aux guerriers.

Observez le monde à partir dun arbre et vous verrez tout ce que personne ne voit. Une autre odeur méveilla, une odeur que je connais par cur : Lodeur du sang. Il ny a que cette odeur qui vous laisse un goût de métal dans la bouche. Certains diront que le sang humain a une odeur spéciale, mais cest faux, le sang est le sang, peu importe qui ou quoi le verse. Un petit groupe dhommes sétaient rassemblé prés des murs des cachots. Ils voulaient se montrer discret mais leurs mots chuchotés me semblaient être presque des hurlements. Ils venaient de tuer quelques gardes et semblaient vouloir investir le palais. Ils venaient libérer un de leurs amis, le fameux Lord de Nuit. Je navais pas à prendre parti pour ou contre le roi et jétais curieux de voir à quoi ressemblait ce personnage si terrible pour le pouvoir royal. Après tout, si cet homme parvenait à sévader, cétait surtout du à lincompétence des gardes. Dans la forêt, on ma appris à ne pas interférer dans la marche de la vie, jen ferais de même ici. Ils avaient scié des barreaux et tendaient une corde pour leur chef. Curieux, je mapprochais discrètement darbres en arbres de ce groupe qui ne comptait que trois membres dont une jeune femme à lallure jeune. Elle parvint à remarquer ma présence.
_Ne bougez plus, il y a quelquun ici qui nest pas des nôtres.
_Qui donc, Sercille ?
_Je ne sais, un homme, par-là.
Elle pointa le doigt droit vers larbre sur lequel jétais. Il était inutile de se cacher plus longtemps, je sautais donc de mon perchoir et faisait face à ses curieuses gens. La méfiance et le doute devaient être une seconde nature chez eux car ils étaient tous en position défensive. Lun deux me chargea de face. Je ne suis pas de ceux que lon charge de front, cela me paraissait évident, mais je ne veux pas tuer, pas encore. Un simple coup de la paume de la main porté à un endroit judicieux du crane calma lagresseur, je mempressais de prendre la parole avant que la situation ne dégénère.
_Calmez-vous, je ne suis pas ici pour combattre.
_Tu as pourtant assommé Aveas.
_Il ma attaqué.
_Quelle raison as-tu pour venir nous espionner ?
_Je nespionne pas, je suis venu en curieux. Je pense que vous voulez libérer Lord de Nuit et jaimerais voir à quoi il ressemble.
_Nous navons pas confiance, pars !
_Vous ne pouvez my contraindre.
La conversation cessa car leur chef commençait à émerger de son cachot en direction de lextérieur. Je ne distinguais pas ses traits, seulement une silhouette meurtrie par des blessures que je connaissais bien. On ne passe pas sa vie chez les orcs sans reconnaître un corps qui a été torturé. Ses bourreaux étaient des professionnels de grand talent. Jétais assez admiratif, au regard du traitement reçu, il avait encore la force de bouger. Peut-être nest-il quun criminel mais je respecte un homme dont la volonté défie les pires souffrances. Ses amis voulaient le soutenir pour laider à se lever mais il voulait y parvenir seul. Il allait partir quand il remarqua ma présence.
_Qui es-tu, toi, lhomme à la hache ?
_On mappelle Odric.
_Tu es une nouvelle recrue ?
_Non, je suis venu en curieux.
_Alors tu dois être un des vils serviteurs de Childéric la Larve.
_Non, je nai pas de roi. Je suis libre.
_Personne ne lest en ces terres. Rejoins notre cause.
_Je nai pas de cause.
_Alors que fais-tu ici ?
_Je voulais voir à quoi tu ressemblais. Jai entendu tes cris dans la prison. Je timaginais plus grand.
_Mon frère taurait convenu, cest un guerrier aussi. Moi, je lutte pour la liberté sur RedSun en voulant destituer le roi.
_Tu veux être roi à la place de celui qui est déjà en place, je ne vois pas en quoi cela apportera plus de libertés.
_Tu mas mal compris, je ne cherche pas le pouvoir.
_Alors qui régnera ?
_Le peuple, cest lui qui doit prendre en main son destin, qui doit décider ce qui est bon pour lui ou pas. Un jour, tu comprendras, en attendant, évite de croiser ma route, je suis recherché et un homme tel que toi pourrait vouloir toucher la prime qui pèse sur ma tête.
_Un homme tel que moi ?
_Oui, un homme sans cause, sans idéal, un homme qui tuerait pour de lor parce que rien dautre ne lintéresse.
_Je nai jamais été riche et nai jamais eu besoin dor, seul combattre mintéresse.
_Alors, tu es un sot. Adieu, Odric.
Ses amis le portèrent et il disparut dans la nuit me laissant seul face à mes interrogations. Les humains ont besoin dun idéal pour vivre, je nen ai pas. Le combat nest pas un idéal mais une façon de vivre. Quelle cause mérite que lon meurt pour elle ? Bien sûr, il y a cette ballade demain pour aller tuer des mages maudits mais je ny vais que pour laction car je nai que faire de cette cause. Il faudra bien pourtant que je trouve un sens à ma vie. A quoi suis-je destinée ? Tout en me posant cette question, les loups firent leur réapparition. Je commençais à trouver cela amusant. Un jour, je suivrais ces animaux pour savoir ce quils me veulent. Peut-être est-ce un signe que lon menvoie ou alors je suis fou. Aucune de ces deux réponses ne me convient réellement.

Lastre du jour arrive, il désigne ceux qui vivront et ceux qui mourront. Ainsi est la vie et il faut sy soumettre. Il me désignera aussi mais son éclat est si puissant que je ne verrais pas son doigt pointé sur moi. Peut-être est-ce aujourdhui. Les fiers guerriers sont déjà debout, Aesandilas et le petit aussi. Nous allons partir châtier du nécro. Ils ne parlent que dune chose : Lévasion de Lord de Nuit. Je ne pu mempêcher de parler :
_Jai vu Lord de Nuit.
Messire Sullivan bondit comme un chat.
_Quand las-tu vu ?
_Cette nuit, il sévadait.
_Tu nas rien fait pour larrêter ?
_Non.
_Mais, le barde, Melchior, il a dit quil était un criminel.
_Non, il a dit que tu lavais empêché de sévader et quil serait écartelé.
_Mais tout le monde sait que cest un ennemi du roi de RedSun.
_Pas moi, je ne suis pas de RedSun, je ne sais rien de vos lois ni des motifs qui lont envoyé dans un cachot où il a été copieusement torturé.
_Mais il était en prison ! Cela aurait du te faire penser quil était dangereux !
_Il navait pas la force de marcher, il ne représentait aucun danger.
_Jabandonne, tu es un idiot.
_Tiens ta langue, Sullivan. Mon bras parle vite et fort.
La situation allait dégénérer, je navais rien fait pour que les choses se calment et je pris plaisir à voir un de ces fabuleux guerrier perdre son sang froid. Messire Riseheart réconforta son ami.
_Ce nest rien, Sullivan, la prochaine fois nous lexécuterons sur place. Nous avons le droit quand il sagit dun évadé.
_Je bous à lidée quil ai pu méchapper. Si Odric avait
_Ny pense plus, nous avons une rude tâche aujourdhui.
_Les nécromanciens vont payer pour dautres.

Javais établi les limites de ma coopération avec eux. Aesandilas lavait compris et Muldan sen amusa. Nous partîmes avec une absence totale de sérénité puis la marche calma les ardeurs. Cest la première fois que je visite les forêts de cette île. Certains disent que toutes les forêts se ressemblent, ce sont des ignorants. Ces bois cachent bien leurs secrets. Si on sy aventure, on peut y trouver la mort. De nombreux combats tribaux ont lieu ici. Des orcs, des mages, des voleurs, des assassins rien ne manque. Il y a même plus : Les arbres sont différents, ils émettent une aura maléfique comme sils étaient vivants. Je pense quils le sont. Prés de la cime de lun dentre eux, jai aperçu un lambeau de ceinture en cuir de gobelin. Les orcs portent ce genre de ceinture mais aucun dentre eux ne peut gravir un arbre de cette taille. La distorsion des branches nest pas non plus naturelle et les racines ne sont point enfoncées dans le sol comme il le faudrait pour des arbres de cette taille. Et puis cette odeur de charogne qui leur colle à lécorce Ces arbres peuvent bouger deux-mêmes, je suis prêt à le jurer. Jaimerais en combattre un pour me rendre compte. Perdu dans mes observations, javais distancé le groupe de quelques dizaines de pas mais ils étaient toujours visibles. Aesandilas se rapprochait de moi
_Odric, un problèmes avec ces arbres ?
_Pas encore.
_Ne tapproche pas trop, ils sont vivants bien quassoupis à ce moment de la journée.
_Je reviendrais la nuit pour faire quelques combats.
_Regarde ! Un homme en danger !
A ces mots le groupe pressa le pas. Un homme était aux prises avec une tarentule géante comme il en existe en terre orc. Les peaux vertes résistent très bien aux assauts de ces monstres mais les humains ont une peau si fine quelle ne les protège que de la pluie.
_Il va mourir, Odric !
_Cest fort possible en effet.
_Va le sauver !
_Pourquoi ? Si cet homme est assez stupide pour se promener dans un endroit dangereux, il recommencera. Quand on ne possède pas les moyens de survivre dans de tels lieux, on renonce à sy rendre.
Tout le groupe fut consterné par mes propos. Je ne faisais que mettre en pratique ce que lon mavait appris dans ma jeunesse.
_Bien, je vais agir alors.
Je ne voyais pas lutilité de sauver un imprudent. Les murs des humains ne sont pas les miennes, il faut sadapter. Je sauverai donc cet homme. Je pose ma hache et dégaine mon épée. Le temps que je vais mettre à approcher la bête sera trop long, je vais donc lancer mon arme. Si javais utilisé la hache, lhomme serait mort avec la tarentule. Il est aisé de tuer cette créature quand on connaît son point faible. Nous les appelions les ventres mous. Je lance mon arme, elle tournoie et se plante dans labdomen de la bête, une victoire facile. La créature crie dune façon étrange dans son dernier souffle, nous nous amusions à les tuer étant jeunes rien que pour entendre ce bruit unique. Lhomme est sauf, il pose une main sur son front pour me voir puis, il sort lépée du ventre chaud de la tarentule et prends la fuite.
_Mon épée !
Cette fois, jutiliserai ma hache. Le geste fut très rapide et surpris tout le groupe ainsi que moi-même. Personne neut le temps de dire quoi que ce soit. Bragène était déjà loin de moi mais si prés du voleur. Le choc fut terrible. Lhomme mourut sur le coup et lélan lemporta contre un arbre. Les humains sont légers, les Sung faisaient ça aussi. Sans mot dire, je rejoignais mes armes, je ne me sens pas bien sans elles puis je réintégrais le groupe.
_Quy a-t-il, Aesandilas ?
_La vie dun homme vaut plus quune simple épée.
_Ce nest pas une simple épée, cest celle de Mordak Shen.
Muldan était parti voir de plus prés ma victime puis cria
_Ce nest rien, cest un Skunk, tu as bien fait de le tuer.
Plus tard, jappris que les Skunk étaient un clan de voleurs et dassassins activement recherché par le roi. Aesandilas était pâle de colère, Krak indifférent et les guerriers avaient apprécié mon lancer.
_Dis, moi, Aesandilas, peux tu me dire à quoi cela a-t-il servi de sauver cet homme ?
_Je ne pensais pas que tu le tuerais.
_Je ne pensais pas quil me volerait. Si javais laissé la nature suivre son cours, lhomme serait mort, la tarentule vivante. Je suis intervenu et les deux sont morts. Je persiste à croire que jaurais du mabstenir.
_Ce sont des circonstances exceptionnelles, Odric.
_Oui, en effet mais tout est exceptionnel ici : Krak, les Skunk, le bouffon
_Voilà la nature de lhumain, Odric. Il ny a que des exceptions, chaque destin est unique, chaque esprit est unique, chaque choix est unique.
_Alors vivez tous en ermite si vous êtes si différents les uns des autres.
_Nous ne le pouvons pas, nous avons besoin de nos semblables pour exister fussent-ils aussi différents les uns que les autres.
_Fous dhumains !
_Toi-même, tu es diffèrent des autres, ta jeunesse, ton éducation font de toi quelquun dunique comme ce Skunk.
_Ne me compare pas à ce voleur ingrat.
_Nous sommes tous uniques et ce qui est unique est précieux. Voilà pourquoi la vie ne doit pas être retirée avec autant de désinvolture.
_Je ne regrette pas mon geste.
_Jen suis sûr mais à lavenir pense à ce que tu détruis avant de le détruire.
_Quen penses-tu Krak ?
_Rien il aurait du mourir, il est mort, laffaire est entendu. Le destin suit son cours.
Sdol Keen commençait à être inquiet à lapproche des territoires orcs que nous devions traverser.
_Odric, les orcs sont assez méchants par ici. Comme tu as été un des leurs, je pensais que tu pourrais négocier notre passage, cela nous épargnera de la fatigue inutile. Gardons nos forces pour occire les nécromanciens.
_Je ne sais, les orcs de BlueWind métaient inconnus. Ils navaient pas rejoint la horde orc pour la guerre contre les Sung. Mais ils étaient faibles, peut-être est-ce encore le cas ici.
_Que nenni, mon ami, les orcs de LoneRock sont très agressifs.
_Bien, nous verrons cela. Il me tarde de retrouver un adversaire orc, un vrai.
Messire Riseheart nous interrompit.
_Regardez, il y a des loups. Cest la première fois que jen vois sur LoneRock.
Sullivan acquiesça
_Oui, cette terre cache bien ses trésors.
_Jai bien envie dun trophée.
Jaurais bien aimé savoir si ces loups étaient immortels, ils avaient déjà la capacité daller où ils voulaient. Mais mon instinct me hurlait quil nétait pas encore temps de sattaquer à eux.
_Laisse les Riseheart, ils sont avec moi.
_Doù viennent-ils ?
_Ils maccompagnent régulièrement depuis quelques années.
_Cest ton élevage ?
_Non, ils sont libres, ils ont décidé de me suivre où que jaille.
_Tu fais un bien étrange guerrier.
Aesandilas reprit
_Un bien étrange humain aussi.
_Je ne suis pas encore sûr den être un.

A mesure que nous nous avancions vers ce cimetière maudit, le silence se faisait de plus en plus présent, les animaux avaient trouvé bon de quitter cette partie de la forêt. Pas un orc ne croisa notre route, les nécromanciens avaient marqué cet endroit par un sceau de terreur. Quil allait être doux de les tuer ! Parmi ces mages sombres, il y avait beaucoup de Fervents, il se cachaient dans les cryptes pour pratiquer leur art et réveiller les morts. Le but de cette campagne était den trucider le plus possible et de capturer Sobert le Bon, un grand prêtre de cette religion sombre. Les fiers guerriers du roi disaient quil était avide de sacrifices de vierges, déventration à la gloire de son dieu. On le disait beau, charmeur, fourbe, calculateur, manipulateur et certains lui prêtaient des dons dhypnose. Jétais sûr dune chose cependant : Un assassin fanatique qui se fait appeler Le Bon ne doit pas manquer de cynisme. Pourtant, je sentais quil y avait dautres raisons qui poussaient ces hommes à combattre Sobert. Muldan est vicomte dIronCloud, il aurait su venir avec une armée, une escorte, des troupes délite mais il avait tenu à faire cette expédition seul. Je me souvint du chant de Melchior le barde. Muldan aurait des raisons personnelles dagir et seuls ses amis les plus proches laccompagnent. La vengeance froide nest pas le privilège des orcs, les humains la pratiquent également à léchelon le plus haut.

Enfin, le lieu du combat, cette marche commençait à abuser de ma patience. Nous entrions dans la crypte principale. Aucune lumière ne venait jamais par ici. Pourtant un vent glacé enlaçait nos corps. Je naime pas avoir les muscles froids, cela peut devenir gênant au combat. Je regrette de ne point avoir une peau dours Sur moi. La prochaine fois, jirais en tuer un avant de maventurer dans ces tombeaux stupides. Chez nous, les corps sont brûlés. Cest de loin beaucoup plus propre et ça évite à nos ancêtres de puer la charogne, de servir de festin aux rats et dêtre utiliser par des nécromanciens. La crypte est grande, nous décidâmes de nous scinder en deux groupes distincts. Sullivan men veut pour Lord de Nuit et il fera équipe avec Sdol Keen, Riseheart et Aesandilas qui semble avide dinformations sur le fonctionnement de la politique du roi et qui fournira de la lumière aux guerriers grâce à sa connaissance de la magie. Je garde Krak avec moi, il fera de la lumière pour nous et accompagnerai Muldan qui semble intrigué par mon comportement. Il ne fallu que quelques secondes marche pour rencontrer de lhostilité. Ce nétait pas vraiment dangereux mais un échauffement était nécessaire. Des cadavres lents et gauches nous assaillaient. Il ne fut pas difficile de sen défaire. Ils étaient mous et nos armes les transperçaient sans que nous ayons à produire de réels efforts. Les corps étaient toujours actifs même démembrés, les découper ne suffisait pas, il fallait les broyer en les piétinant. Le combat fut peu glorieux car sans risque mais je pus observer la technique de Muldan. Bien quapparemment civilisé et sachant user de bonnes manières, il était très violent et vif en situation belliqueuse. Je ne métais pas trompé, léclat qui brillait dans ses yeux était bien le même que celui des orcs qui attendaient le combat. La sauvagerie est donc humaine également et javais donc ma place parmi eux malgré leurs bonnes pensées et lorgueil de leur civilisation. Pendant cette bataille sans danger et sans gloire, nous avons même le temps déchanger quelques mots.
_Par Thorgun ! Tu aimes te battre, Muldan.
_Ne dis pas de bêtises, jaime le respect de la justice.
_Tu ne peux me mentir, jai fait une guerre et je vois que tu tépanouis comme une fleur au soleil quand tu te bats.
_Je ne suis pas un barbare.
_Tu nen as pas les manières mais tu en as le cur.
_Toi, tu es un barbare, tu ne vis que pour te battre, moi, jai un idéal, pas toi.
_Ca ne change rien au fait que tu vibres en te battant, tu peux te cacher derrière les dentelles de tes vêtements dapparat mais je sais quel genre dhomme tu es. Tu cherches à te battre mais tu as besoin dun prétexte pour cela.
_Sornettes ! Toi, tu te caches derrière un démon pour exprimer ta sauvagerie.
_Le démon est en moi, je le sais.
_Non, tu es le démon.
_Je nai pas besoin de me cacher.
_Si, car tu ne peux assumer tes actes. Le démon est la bonne excuse que tu tes donné pour faire face à tes massacres. Quelle bonne idée de nier ses propres ignominies en accusant un monstre hypothétique.
_Un jour, je te montrerai ce quest une rage berserk, tu comprendras.
_Pourquoi pas maintenant ?
_ Est-ce un défi ?
_Montre-moi le démon et je pourrais voir quel genre dhomme tu es.
_A ta guise mais fais attention.
_A quoi ?
_Si tu as une arme à la main, le démon te tuera, ne me fais pas face avec ton cimeterre.
_Bien, je te laisse mener ce combat.

Muldan rangea son arme dans son fourreau et croisa les bras avec lair de penser que je nétais quun affabulateur et Krak se mit à labri. Dabord, il faut cesser de combattre et accepter de prendre quelques coups pendant que lon vide son esprit. Puis, il faut faire remonter toutes ses émotions sans la raison. La haine, la colère, la peur, la frustration, le chagrin, tout ce qui fait mal. Il faut peu de temps face à une agression pour mettre un responsable face à ses sentiments. Les blessures que WildFist ma infligé sont encore douloureuses et les non-vivants réveillent la douleur en me frappant. Tous mes sentiments violents sont à la surface, rien ne les tempère. Ils me font mal, je suis furieux, cest de leur faute, tout est de leur faute, ils vont payer. Dabord, les tremblements, puis des frissons violents qui lancent dans les reins comme des spasmes de foudre. Les oreilles se bouchent, le rictus grimaçant se met en place, le démon est là. Mes yeux deviennent noirs sur fond noir et la bête va hurler. Depuis peu, jarrive à voir ce qui se passe quand le démon séveille, à rester conscient de ce qui se passe tout en restant impotent. Les affirmations de Muldan étaient pour moi des interrogations depuis longtemps et si jai accepté dentrer en rage cest avant tout pour vérifier cette hypothèse. Suis-je vraiment un monstre ou suis-je habité par lui ? Si je suis ce monstre, je naurait été quun lâche se voilant la face pour échapper à la vérité. Si je suis possédé, quai-je fait pour être maudit et comment puis-je men débarrasser ? Si je souhaite men débarrasser. La bête a hurlé, mon corps est dur comme de lacier, maintenant, elle va frapper. La danse de mort commence et pour la première fois, je vois son comportement. Ses coups sont plus puissants que les miens, plus rapides et je ne pourrais jamais égaler cela malgré mon entraînement. Je ressens vraiment cette puissance en moi et je dois reconnaître que ce sentiment dinvincibilité est grisant. Tout ce qui se présente devant moi tombe. Puis, je ressens aussi un soulagement, le démon nest pas moi. Il se bat dune manière qui mest inconnue. Il possède sa propre technique, sa propre gestuelle et des mots rauques et rugueux dont jignore la provenance ponctuent ses actions. Lours blessé est plus fort que je ne le serais jamais et pourtant jarrive à le contenir. Il ne vient que si je lappelle. Ce nest peut-être pas une malédiction. La lumière de Krak sest arrêté mais ça ne change rien, je nai jamais eu besoin de lumière pour combattre et le démon non plus. Les morceaux déchiquetés de mes ennemis sentassant et il devient impossible de faire un pas sans marcher sur un quelconque moignon. Ces créatures ne saignent pas mais un liquide verdâtre et malodorant gicle à chaque assaut. La bête connaît ses choses mieux que moi. Qui que soit le démon, il a connu les non-vivants. Les minutes passent, puis les heures, puis la présence de lours blessé nest plus nécessaire faute de combattants. Avant de partir, le démon tend Bragène vers Muldan et lui parle dans ce dialecte inconnu. Des mots incompréhensible mais son attitude montre quil souhaite provoquer le Vicomte et quun jour, il faudra un duel entre lui et moi, entre lui et le démon. Cest son désir et peut-être aussi le mien. Un souffle intérieur aspire le démon et je reviens aux commandement de ma vie.

Nausée, fatigue, douleur : Le retour à la conscience seffectue toujours ainsi. Le déclenchement de la rage a presque guéri totalement mes blessures. Jai peine à me relever et Muldan maide en me tenant le bras.
_Tu as gagné, Odric, le démon nest pas toi, je le sais à présent. Il vient des Terres du Nord comme toi mais il parle la langue des Sang-Noir.
Ce nom, je le connaissais. Les Sang-Noir, les furieux de lautre coté de la montagne. Mes parents habitaient près de la montagne de Briim. On disait que de lautre coté vivaient des brutes sans nom, sans honneur, sans conscience. Personne ne sy aventurait et pendant la guerre contre les trolls, les armées des Terres du Nord et les armées trolls évitaient ce territoire maudit. On dit quils se nourrissaient du sang de leurs ennemis et quils étaient capables de tenir une armée en échec avec seulement dix dentre eux. Bien sûr, je savais que les rumeurs amplifiaient leur cruauté mais aucune armée nosa poser pied sur leurs terres. Briim, la montagne sur laquelle rien ne pousse si ce nest le chaos. Certains soirs dhiver, on entendait leurs hurlements qui se mêlaient à ceux du vent. Les adultes disaient que cétait une meute de loups mais nous nétions pas si idiots et savions reconnaître des loups. Ils ne participaient pas aux guerres, au commerce, à notre vie, rien nétait négociable avec eux. Personne ne parlait leur langue et on ne connaissait quune seule de leur phrase, elle faisait office de précepte : Shingr loglar mateyeb sonshü qui voulait dire : Tout ce qui vit doit mourir. Javais vraiment peur de mon démon. Les Sang-noirs étaient la pire chose qui existait, ce nétaient pas des guerriers ni même des mages mais seulement des animaux avides de meurtres, des créatures maudites qui ne sépanouissaient que dans la souffrance dautrui. Un esprit Sang-noir avait du se perdre et mavait investi ou alors on ma choisi. Je cherchais des réponses et jen ai trouvé mais cela épaissit encore plus le mystère. Mordak mavait dit quon ignorait plus de choses en connaissant la moitié des choses quen en sachant rien. Je comprends mieux ce quil voulait dire. Plus jen sais, plus je me pose de question et je me perd dans les hypothèses. Je napprendrais rien dautre aujourdhui, il vaut mieux continuer notre route.

Je marchais lentement, javais froid et je devais récupérer de transe mais je ne souhaitais marrêter. De sombres murmures commençaient à envahir lair.
_Odric, tu entends ?
_Oui, depuis un moment déjà.
_Cest Sobert, le prêtre maudit du Mecquetrex. Je pensais que lautre groupe le croiserait.
_Pourquoi ?
_Mon cousin Sdol est dans ce groupe et il est frappé de malchance. Quand une situation tourne mal, il est toujours là.
_Je me demande si ton cousin est vraiment un guerrier. Il me rappelle un de nos combattant au camp orc. Il avait toujours une bonne raison de sabstenir de combattre.
_Le pouvoir, les responsabilités, la famille, la maladie, rien ne lui est épargné. Son goût du combat sen est trouvé altéré.
_Je vois, Fizar le boiteux était ainsi. Nous allons occire Sobert le Bon, nest-ce pas ?
_Je vais loccire, laisse-le moi, cest personnel.
_Bien, dans ce cas, jaimerais lui parler un peu avant. Je ne sais rien du Mecquetrex et jaimerais en savoir plus avant de leur livrer une guerre totale.
_Je te laisserais cinq minutes, pas plus.
Lair devenait nauséabond, je navais jamais senti une telle odeur. Les murmures étaient devenus des cris, des incantations et détranges lumières dansantes semblaient nous indiquer le chemin. Krak fut saisi par lambiance de lair.
_Odric, je nirai pas plus loin, je ne le peux pas.
_Sois courageux, petit.
_Non, vous ne savez quil y a là bas, mon aura est sensible à la magie noire et je ne peux aller plus loin, je ne suis pas assez fort pour résister à ça. Vous, vous pouvez, vous êtes non-magiques.
_Alors reste dans les parages, nous ne serons pas longs.
Lenfant se cacha parmi les reliefs des murs et senferma dans la méditation pour cacher sa présence. La fine lame de RedSun et le guerrier fou sapproche lentement du lieu doù proviennent les incantations. Les lumières dansent de plus en plus vivement et il est aisé de parvenir à la source. Voilà donc Sobert le Bon, un homme en robe, un de plus qui joue avec la magie. Pâle, frêle, chétif mais dégageant une puissante aura maléfique, tel mest apparu Sobert pour la première fois. Ses yeux étaient rouge et lon sattendaient à ce quune horde de monstres sen échappent. A notre approche, le prêtre maudit prépara une boule de feu gigantesque.
_Fuyez ou subissez ma colère, le puissant Mecquetrex ne souhaite pas votre présence en ces lieux, votre existence est déjà sacrilège.
Muldan avait son cimeterre à la main.
_Cest toi qui tombera, vil mage !
_Ah, Messire Muldan, le Vicomte corrompu par les fadaises de Stygia qui vomi sa bonté et son intransigeance par tous les orifices.
_Il suffit, il est temps pour toi de vénérer ton maître de plus près.
_Hors de ma vue ! Je ne le répéterai pas sinon, je tire dans le tas !
Ce prêtre mamusait énormément sans que je puisse savoir pourquoi. Jeus envie de le taquiner.
_Dis moi, Muldan, a-t-il dit « le tas » ?
Muldan fut décontenancé que je mintéresse à un détail aussi trivial.
_Ouien effet mais
_A ton avis qui désigne-t-il ?
_Es-tu devenu fou ?
_Parce que si lon y regarde près, tu sembles un peu ramolli par tes activités de protocole. Je pense quil cherche à te dire que tu nes plus aussi alerte quavant.
_Le tas, ça pourrait être toi, tu es plus grand que moi.
_Certes mais je suis visiblement en pleine santé.
Sobert eut un moment de colère.
_Muldan ! Pars ! Et emmène avec toi ton barbare décérébré.
Le Vicomte allait frapper, il me devait cinq minutes.
_Attends, Muldan, tu mas promis quelques instants.
_Si cest pour continuer à dire des âneries, je préfère mabstenir de te les accorder.
_Jai juste quelques questions à lui poser. Dites-moi, Sobert, quels sont les bases de votre croyance ?
Ce mage était un orateur né et le simple fait douvrir une conversation clamait son aura.
_Pour être précis, nous suivons les lois dictés par celui que nous reconnaissons être notre dieu, le seul.
_Quelles sont ses lois ?
_Dabord, ne croire que ce que lon voit.
_Tu as donc déjà vu ton dieu ?
_Non, mais il existe.
_Je vois, quelles sont ses autres lois ?
_Nous, les humains sommes indignes de vivre, et notre dieu nous jugera et nous condamnera. Il détruira les humains.
_Toi aussi ?
_Non, pas moi car je le sers.
_Donc tu vénérées un dieu dans la crainte quil te tue. Cela fait de toi un être lâche. Penses-tu quil te pardonnera ce type de faiblesse ?
_Je purifie les hommes à sa gloire.
_Comment les purifies-tu ?
_Jen égorge une bonne partie, je les brûle, je les décapite, en général ils finissent tous par mourir. Les racines de la pureté doivent être abreuvées du sang des innocents. Pas vrai, Muldan ?
A ces mots, javais compris que je ne bénéficiais plus de temps pour parler. Le vicomte avait quelques griefs contre les Fervents du Mecquetrex. Il allait frapper et je me garderais bien de len empêcher. Je pensais quil allait hurler avant de frapper mais il cria ses mots :
_Pour Thorgun ! Pour RedSun ! Pour la vie !
Il se jeta sur son ennemi qui ne lesquiva que de justesse. Muldan faisait tournoyer son cimeterre au-dessus de sa tête et tendait une main vers son adversaire. Je connais cette passe, il va tournoyer deux fois, feinter à gauche et le décapiter en un seul coup. Les Sung faisaient ça et jétais un peu étonné que cette méthode soit enseigné sur RedSun. Linstant fut long, la concentration totale de part et dautre, le combat serait bref mais intense. Muldan était immobile comme une statue et semblait attendre le bon moment. Sobert était un peu essoufflé par ses incantations précédentes et tenait toujours avec lui sa boule de feu géante.

Soudain, Sobert reçut de plein fouet une décharge de foudre, puis deux, puis trois. Ses hurlements de douleur faisaient écho dans toute la crypte. Il reculait sous les impacts et son corps commençait à se consumer. Il y eut une grande lueur furtive et Sobert disparu. Nous nous tournâmes vers la provenance de ces sorts. Un silhouette savançait vers nous. Cétait une femme. Chez les orcs, les femmes ne se battent pas, elles ne font rien dautre que des enfants. Le reste du temps, on les cacheou on cache leur laideur, je ne sais. Mais cette femme était ma foi bien belle. Elle était grande, ses formes ne laissaient que peu de place au mystère et ses cheveux longs et foncés flottaient sous les effluves de son aura magique. Elle semblait en colère, ses yeux lançaient mille éclairs et sa moue en disait long sur son humeur. Muldan rengaina son arme et sinclina
_Mes hommages, Dame Geldriia.
_Muldan, toi et tes compagnons gênez ma méditation.
_Jen suis navré, je vous fais mes plus plates excuses, nous allons quitter les lieux sur-le-champ.
_Cela me semble judicieux en effet, qui est cet homme ? Un de vos amis ?
_Pas vraiment, cest un récent compagnon darmes. Cest le guerrier inconnu de BlueWind, celui qui a bataillé contre WildFist, Odric.
_Celui qui a perdu, je vois. La prochaine fois, fais toi accompagné de ceux qui gagnent.
Jallais lui montrer de quel bois je me chauffais à cette mégère quand Muldan me barra le passage.
_Votre humour na dégal que votre beauté, Dame Geldriia.
Je poussais Muldan
_Tenez votre langue ! Dame ou pas, je pourrais vous faire ravaler vos insultes.
_Tiens, mais il parle. Si tu veux te battre, guerrier, je suis à ta disposition.
_Bien, allons-y.
_Un instant, je ne sais si tu es digne de me combattre.
_Cest le meilleur moyen de le savoir.
_Attends. Tu vois ce couloir ? Il fait cinq cent pieds de long. Si tu peux my rejoindre, je consentirais à taffronter.
La femme sévapora dans les ténèbres. Muldan ne pu contenir son rire.
_Odric, tu ne rates jamais une occasion de te faire tuer.
_Ne tinquiète pas, les mages de combat ne mont jamais fait peur.
_Sans doute mais Dame Geldriia est une femme à part et un mage à part aussi. Elle est farouche, solitaire et très puissante. Je ne laffronterai que si nécessaire car lissue du combat est incertaine tant pour elle que pour moi. Cela dit, elle est de plus en plus belle.
_On verra quand je laurais retrouvé.
_Comme tu voudras, je vais rejoindre lentrée de la crypte et attendre les autres. Si tu vis encore, rejoins nous au palais, je préviendrais la garde.
_Envoie-moi le petit et merci.
_Adieu, je pense quun jour nous devrions nous battre en duel pour le plaisir.
_Je ny manquerais pas, mais change darme, un cimeterre se casse vite.
_Je prendrais une épée. Je sais les manier.
_Je le sais, la déformation de ton pouce lindique.
_Bien observé, adieu.

Krak le Déchu me rejoint et jessaie de lui expliquer la situation.
_Bien, nous allons par ce couloir.
_Pourquoi cela ? Pourquoi ne pas rejoindre les autres ?
_Jai un mage à combattre.
_Quel genre de mage ?
_Une femme puissante paraît-il.
_Dame Geldriia ?
_Tu la connais ?
_Oui, elle est très gentille. Elle ma souvent aidé malgré son mauvais caractère. Peux-tu me jurer que tu ne la tuera pas ? Si tu le fais, je te combattrai.
_Elle est si importante que ça à tes yeux ?
_Cest la seule qui sest rendu compte que jexistais, la seule que jaurais voulu pour mère.
_Bien, dans ce cas, je lépargnerai.

Javançais dans ce couloir humide, je me demandais quel défi mattendait au bout. Pourquoi la rejoindre était-il difficile ? Nous marchâmes prudemment mais aucun assaut ennemi ne pointait le bout de son nez. Au bout du couloir, il y avait cette salle immense. Elle était là, mais elle nétait pas seule. Une dizaine de mages noirs la cernaient. Elle ne voulait pas méprouver mais seulement gagné du temps pour mener un combat. Par Thorgun, le cur de cette femme est noble. Elle allait défendre sa peau chèrement. Elle faisait face au chef de ces hommes un certains Zalus dont la laideur navait dégale que la noirceur de son âme.
_Zalus, ninsiste pas, je ne rejoindrai pas ton clan desprits corrompus.
Le recrutement forcé ne fonctionne jamais bien et Zalus semblait lignorer. Dun geste léger de lindex il ordonna à ses troupes doccire la Dame. Quand on se lance dans un combat, il faut choisir son camp et sy tenir mais surtout, il faut choisir vite. Je lançai mon épée qui transperça le corps dun mage. Son hurlement ultime attira lattention et Dame Geldriia en profita pour lancer des sorts de glace puissants sur Zalus. Je profitais de la confusion pour récupérer mon épée et trancher la tête dun de ces brigands puis je rejoins Geldriia. Nous étions dos à dos et nos chances de gagner étaient devenues correctes.
_Va-t-en, guerrier, je refuse ton mortel présent.
_Tu me dois un duel.
_Tu lauras, va-t-en !
_Ces hommes semblent plus indignes de vivre que toi.
_Je les occirais, pars ! Je ne veux pas de ton aide.
_Je ne le fais pas pour toi, je le fais pour Krak le Déchu.
_Krak ? Que vient-il faire ici ?
_Il ma adopté, il est mon disciple.
_Il ne changera jamais celui-la. Il a trouvé un père de remplacement.
_Il ma dit la même chose de toi.
_Alors peut-être devrions nous combattre ensemble. As-tu une stratégie ?
_Aucune, ils tomberont sous mes coups, les mages de combats ne sont pas dangereux pour un guerrier orc.
_Ou vois-tu un orc ?
_Jai vécu chez eux pendant longtemps.

La tension était à son comble. Jattendais le bon moment pour attaquer. Geldriia attendait les mouvements des muscles de mon dos pour attaquer. Ils nétaient plus que huit, je devais montrer à cette femme que jétais un guerrier puissant et je la soupçonnais de vouloir en faire autant. Elle crépitait dénergie, je jonglais avec mes armes.

Maintenant !

Nous lancions lassaut.

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