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Chapitre 1 Odric le berserker

Par ULTRAPANDA le 6/10/2001 à 23:30:00 (#320318)

on me l'a demandé, je reposte tout

Par ULTRAPANDA le 6/10/2001 à 23:31:00 (#320319)

Chapitre Premier
Je veux être un orc.


Je suis Odric, un héros pour certains, un fou assassin pour dautres. Les deux sont vrais, je crois. Aujourdhui, je pense que mes derniers moments dans ce monde sont arrivés. Je ne crains pas ce moment ultime, cest mon code dhonneur qui me dicte ma conduite. Dhabitude, juse de ma hache pour régler mes problèmes, mais cette fois, je ne peux pas. Je suis enfermé dans un cristal magique et mon corps est inerte, seul lesprit est là et il ne combat aussi aisément que mon bras. Des démons sont venus méprouver et je peux ne pas en sortir vivant. Mais toi qui lis ces lignes, avant de me juger, écoute plutôt mon histoire. Cest une histoire cruelle, violente, drôle parfois. Laisse moi te conter ces années de fureur de hurlements et de sang Mon histoire.

Mes souvenirs les plus anciens me viennent de mon enfance. Mes parents étaient des paysans, ils travaillaient dur le sol rocailleux des terres du Nord. Pourtant, nous étions heureux, nous ne manquions de rien et malgré des tâches pénibles, nous vivions bien. Une inquiétude avait troublé le bonheur de mon père lors de mon baptême : Un prêtre un peu fou avait déclaré que jétais marqué par Thorgun, le Dieu de la guerre et du combat. Cela signifiait pour moi que je devais être séparé de ma famille pour avoir une éducation martiale dans une école pour devenir soldat du roi. Mon père fit en sorte que la nouvelle ne sébruite pas et me garda caché pendant quelques années. Puis lâge de sept ans arriva, lâge de devenir un homme arriva. Au lendemain de ma septième année, mes parents décidèrent de menvoyer dans une école de magie dans les terres de lEst. Sans que je sache pourquoi, je nai pas éprouvé de peine à partir, jétais résigné. Ma mère mavait toujours dit que seuls les mages étaient dignes de respect et peut être ai-je pensé que cétait le cycle normal de la vie et que lon voulait que je sois respectable. Je nai pas pris ce départ comme une punition, je voulais que lon soit fier de moi. Le voyage dura deux lunes et les précepteurs venus me chercher voulaient déjà menseigner quelques tours simples. Je nentendais rien à leur langage. La pureté, lélévation, la méditation, ces mots sonnaient creux dans mon esprit. Rapidement, jai compris quils essayaient de menseigner de la magie de combat mais lesprit même du combat métait étranger. Mon père mavait rossé à plusieurs reprises quand je me battais contre les enfants de la ville et jen avais conclu quil était néfaste de se battre, même si jaimais me servir de mes poings. Il me disait que se battre était la solution des faibles et des idiots, pourtant, je sais que mon père descend dune tribu de guerriers féroces situés très au nord de nos contrées. Il a aussi été un soldat pendant les guerres contre les trolls. Etait-il faible ou idiot ? Je ne le pense pas, il devait sans doute vouloir méviter certaines déconvenues dues à ses expériences passées. Mais sans que je sache pourquoi, la magie me déplaisait, surtout au combat. Cela me donnait un sentiment de triche face à un adversaire, limpression que le combat était inégal, que les capacités de chacun nétaient pas respectées. Mais je devais me conformer à ce que mes parents avaient décidé pour moi. Alors, je suis entré dans cette école de magie, la forteresse Shinka. Jai immédiatement détesté cet endroit froid et impersonnel. Certes nous étions en sécurité ici, les murailles étaient si hautes que les nuages étaient stoppés dans leur course. Le vent ne passait pas, les odeurs de la forêt non plus Toutes les personnes qui vivaient dans cet endroit avaient appris larrogance et le dédain, je nétais que le petit paysan ici. De plus, jétais un très mauvais élève malgré de réels efforts pour que mes parents soient fiers de moi. Mais il fallait se rendre à lévidence : Je navais aucun talent pour la magie. Au fond de moi, je méprisais ces tricheurs, ces hommes en robe qui se donnaient des airs de protecteurs, leur maigreur navait déquivalent que la sécheresse de leur cur. Au bout de trois ans defforts vains, je décidais de quitter cet endroit maudit. Ce ne fut pas de gaieté de cur, javais décidé de ne pas renter chez moi pour ne pas affronter la honte de mes parents et leur déception surtout. Je pris donc la fuite en trompant facilement la vigilance des gardes peu motivés. Qui serait assez stupide pour quitter un endroit sûr alors que la forêt alentour est si dangereuse ? Moi, je le fus.


Oui, cette forêt semblait dangereuse et inhospitalière mais elle était belle à mes yeux. Elle ressemblait à la forêt des spectres où je maventurais parfois pour me faire peur et pour avoir peut être la chance de voir un fantôme. Des bois profonds aux contours tortueux et surtout : la vie. Pour les mages de la forteresse Shinka, ce lieu est un endroit de mort, pour moi, cest tout le contraire. Evidemment, je suis un enfant de la campagne et je connais les signes de la nature. Je vois les multiples traces de passages successifs danimaux, les odeurs aussi sont là. Jamais forêt ne fut plus vivante que celle ci. Bien que la marche dans ces bois soit difficile, elle est également très stimulante. Sans men rendre compte, je me suis épuisé à marcher et japerçois détranges traces laissées par des animaux que je ne connais pas. Le jour est déjà levé et il ne va plus tarder à se coucher à présent et je ne peux plus avancer. Je sais que je suis loin de tout et que personne ne me sauvera si je rencontrais un monstre ou des loups. Je décidai donc de grimper en haut dun arbre pour me restaurer et me reposer. Je nai que très peu de sorts magiques efficaces pour me protéger mais je ne me sens pas en danger. Après trois ans loin de la nature dans cette forteresse, je me sens revivre. Ici tout est réel, rien de factice. Je me rends compte que rien ne peut mempêcher de vivre dans ces lieux pour toujours, je nai nulle part où aller. Puis, le sommeil vint, je ne me doutais pas que ma vie allait changer à mon réveil.


Dabord, il y eut un sursaut, je me réveillais brusquement un peu effrayé mais sans savoir pourquoi. Je priais les dieux de ne pas avoir crier pendant mon réveil. Quelques secondes plus tard, je compris ce qui mavait sorti des bras du sommeil : Un grognement, là, en bas. Je nosais regarder quelle étrange créature avait émit un tel bruit et je ne voulais pas le savoir mais une partie de moi-même souhaitait ardemment voir un monstre. Ce monstre je lai vu, Il mesurait deux têtes de plus quun homme, il avait la peau verte, une musculature comparable à un taureau, de grandes dents pointues dépassaient de sa bouche. Cétait un orc. Javais beaucoup entendu parler deux mais je nen avais jamais vu. On disait quils étaient moins puissants que les trolls des terres du Nord mais ils étaient plus féroces et plus intelligents aussi. Il paraît que certains dentre eux étaient des maîtres dans lart de manier les sorts. Lidée de voir un tel guerrier en robe mamusa. En tous cas celui là ne semble doué que pour le combat à mains nues. Il est en train de se battre contre un troupeau de tarentules géantes et il a largement le dessus. Je le vois démembrer chacun de ses adversaires avec les dents. Les morsures de ses adversaires ne semblent pas le déranger, il va toutes les tuer, quel spectacle fascinant ! Les mages de la forteresse craignaient les orcs, ils avaient eu de nombreux conflits avec eux et les combats étaient si rudes que les professeurs et les mages les plus puissants étaient tous en première ligne lors dune bataille. Certes nos maîtres méprisaient ce peuple barbare mais ils les craignaient également. Quelle force peut être plus forte que la magie ? Comment cet orc peut il-se battre ainsi ? Je reconnais que la puissance physique de cette brute ma bouleversé. Cette sauvagerie correspondait à quelque chose en moi. Sans comprendre pourquoi, je voulais en faire autant, renier cette magie de lâches et être un orc moi aussi. Jobservais donc de loin lissue de ce combat sans surprise et contemplait lampleur de ce carnage. Lorc écartela son dernier adversaire, essuya le sang sur sa bouche et poussa un cri qui fit trembler les arbres. Oui, je veux être un orc. Je décidai donc de le suivre quand il quitterait ces lieux. Il finira bien par rejoindre un campement ou une ville orc, je mintégrerai parmi eux et deviendrai un guerrier. Quy a t il de plus fascinant que le ballet sauvage dun combat à mort ? Je ne suis pas un être de pureté et de méditation, je suis différent de tous ces petits mages arrogants et je leur prouverai quun bras puissant peut venir à bout de nimporte quelle magie. Lorc a fini de se repaître de la panse de ces araignées géantes. Il regarde autour de lui mais ne me voit pas. Un monstre de cette taille ne peut grimper aux arbres, pour lui, ce qui vit dans les arbres est petit et faible, donc négligeable. Oui, je suis faible et négligeable, mais je nai que dix années et jai soif dapprendre. Et sils refusaient de menseigner ? Et sils me tuaient ? Cest sans importance, si je reste dans ces bois je mourrai de toutes façons, alors inutile de craindre quils me tuent également car ici la même chose mattend. Jai suivi cet orc pendant plus de quatre heures en restant éloigné et ne me déplaçant de branches en branches en faisant le moins de bruit possible. Jamais lorc ne sest retourné et il ne sest douté de ma présence. La nuit maide bien, un nouveau jour arrivera bientôt, jai faim.


Je me suis bel et bien enfoncé en territoire orc, japerçois au loin un campement. La brute que je suivais sest arrêtée et semble attendre quelque chose quelquun. Je suis tout excité par ce suspens. Les buissons tremblent et deux immenses créatures en émergent, un garde et sans doute un chef de guerre. Jamais je nai ressenti tant de puissance et de noblesse dans un être vivant. Ce doit être leur chef. Il porte une hache qui doit être aussi grande que moi et ne semble pas gêné par son poids. Lorc que javais suivi et bien faible à coté. Le jeune orc sagenouille et prononce quelques mots :
_ » Maître Mordak Shen, je me suis acquitté de ma tâche, jai fait hurler le berserker de mon esprit.
_ Tu es un idiot. Tu nes pas prêt.
_ Comment ?
_ Oui, tu as su libérer le monstre de ton âme mais tu nas même pas vu que tu étais suivi par un petit humain.
_ Un humain ?

Lorc lança sa hache vers moi avec une vitesse si incroyable que je nai pas voulu y croire. Il la maniait avec une aisance qui donnait limpression que cette arme ne pesait rien. Personne naurait pu éviter ce coup. La branche sur laquelle je me trouvais fut sectionnée. Je tombais et je me demandais si le chef orc avait raté son lancer ou avait-il simplement voulu me faire tomber. Mes os résonnèrent quand jai touché le sol. Trop fatigué pour fuir, trop faible pour combattre, je ne pouvais quattendre la suite des événements. Le Maître Mordak Shen sapprocha de moi, il me saisit brutalement et me porta jusquà son regard. Il avait un air sévère et semblait vouloir comprendre ce que je faisais là. Je navais pas peur et le regardais droit dans les yeux. Mon regard lui a déplu, il me jeta au sol et récupéra sa hache et parti avec les deux autres sans un regard en arrière. Sur le coup, je me souviens avoir ressenti une humiliation sans borne. Vexé, je décidai de les suivre pour obtenir des excuses. Ils sont grands et rapides et il est difficile de tenir la distance, quand ils font un pas, jen fais trois, cétait plus facile de nuit dans les arbres mais si je grimpe à un arbre, je vais les perdre, alors je cours. Je suis épuisé et jai faim. Au bout dune heure, je suis au camp orc, une véritable armée de puissants guerriers. Normalement, jaurais du mourir en approchant mais je suivais de prés Mordak Shen et les gardes ont conclu que si le maître ne disait rien cest quil tolérait ma présence. Le chef orc entra dans sa hutte et un garde se posta devant lentrée. Furieux, je décidai dattendre quil en ressorte.


Personne ne mapprochait, personne ne me parlait, je restais planté au milieu du camp en attendant que le chef sorte de sa hutte. Javais oublié la faim, le froid, la fatigue, il ne restait que la colère. Pendant tout ce temps, jeus le loisir dobserver les activités de ces créatures. En fait, il ny a quune seule activité : Lentraînement au combat et au maniement des armes. Ce peuple ne vit que pour le combat et tout ce qui na pas de lien avec cette philosophie est immédiatement supprimé. Tout pour la guerre et pour la gagner, voilà leur voie. Peu importe contre qui et contre quoi mais il leur faut se tenir prêt. La journée passa bien vite et la nuit tomba ainsi que la pluie. La faim revint, la pluie me glace jusquaux os mais étancha ma soif et toujours pas de Mordak. Le lendemain, rien ne changea, la nuit arriva et la pluie redoubla de violence et toujours pas de Mordak. Le troisième jour fut identique aux deux précédents mais avec la pluie, le sol devint si boueux que je menfonçais dans le sol. Ce fut une chance parce que javais de plus en plus de mal à me tenir debout, la boue my a aidé. Je ne sentais plus mes pieds, javais dépassé le stade de la faim et je ne pouvais plus penser, javais trop mal, trop froid. Le quatrième jour fut différent, à bout de force je tombai, brisé par la fatigue mais invaincu. Le cinquième jour, je me relevais et toujours pas de Mordak, alors je continuais à lattendre. Personne ne mavait aidé, personne nest là pour moi et jai le sentiment dêtre libre pour la première fois de ma vie. Jai tenu deux jours supplémentaires à regarder ce garde qui mempêchait de parler à Mordak. A la fin du septième jour, je sombrais dans linconscience avec la certitude que je ne me réveillerais plus jamais. Peu importe, jen avais appris plus sur moi-même en une semaine quen dix ans.. Jai été libre pendant une semaine, je sais quil semble idiot dêtre resté là à prendre racine pendant une semaine mais pour moi cela avait un sens. Javais limpression dêtre le seul à pouvoir défier la volonté de tout un peuple. Ca na pas de prix. Mon corps na pas tenu mais mon esprit est resté fort, jamais de doute, de peur et de faiblesse. Jétais heureux de finir ainsi et je mabandonnais aux bras de loubli avec le sourire. Malgré ma défaite, je savais que javais gagné et que jétais devenu un homme. Après cette joie, tout devint noir.


Et puis, je me suis réveillé. Tout dabord jai été surpris, je pensais vraiment mourir. Peu à peu, je ressentis comme une déception, comme si on mavait volé ma victoire. Je sais, ce nest pas rationnel mais jai vécu les choses ainsi. , Un peu de colère, de déception et de la surprise. Puis tout cela sestompa quand je compris que jétais dans la hutte de Mordak. Javais vraiment gagné, il navait plus ce dédain dans les yeux. Il ne me craignait ni me respectait mais il «était vraiment très curieux de savoir pourquoi un jeune humain mettait tant dacharnement à vouloir lapprocher.
_ « Pourquoi, humain ?
_ Je veux être un orc. »
Ma réponse le déstabilisa, il rit de bon cur dans un premier temps, puis se ravisa.
_ « Va-t-en, petit. On ne devient pas orc par choix, cest un privilège de naissance.
_ Je veux devenir un guerrier. Je vous poursuivrais où que vous alliez pour çà.
_ Etre guerrier ne veut pas dire être un orc. Mais je ne vois pourquoi un orc sabaisserait à éduquer un humain. Vous êtes faibles et vous voulez tuer les nôtres. Je ne sais encore pourquoi je tai épargné.
_Parce que je suis un orc dans mon âme. Parce que je suis né pour le combat et que vous êtes un guerrier.
_ Que sais-tu du combat, avorton ? Tu nas sans doute jamais porté une arme de ta vie, ni tué.
_ Cest pour cela que je suis venu apprendre.
_Mais tu es un humain, je nai pas de temps à perdre à téduquer. En plus, tu ne seras jamais aussi fort quun orc. Tu es chétif et tu resteras ainsi, telle est la vie des humains. Tu ne tiendrais pas le coup rien que pour lentraînement.
_Je tiendrais, vous le savez.
_Rien ne me dit que tu as le niveau pour être des nôtres.
_Je suis prêt à subir une nouvelle mise à lépreuve si vous le souhaitez.
_Une nouvelle ?
_La semaine que jai passé devant votre demeure en était une, vous pensiez que je me découragerais.
_Et pourquoi ne tes-tu pas découragé ?
_Ca vous aurait fait trop plaisir.
_Tu me détestes à ce point ?
_Non, mais à ce moment là, vous étiez mon ennemi, je vous ai combattu avec les armes que javais.
_Bien, je vais te donner une chance, tu vas aller au sud de ce village et tu vas planter cette lance devant la hutte Brinko.
_ Et que se passera-t-il ?
_Brinko en sortira mais ne relèvera pas le défi, il enverra son fils combattre parce quil a ton age. Tue son fils dans un combat régulier et je téduquerai.
_Tuer ?
_Tu voulais être un guerrier, non ? Voilà ton premier combat et peut-être le dernier. Le fils de Brinko a ton age mais il sentraîne depuis longtemps. Je serais surpris de te revoir en vie après.
_Vous me défiez encore, espèce de gros lézard puant ! Vous laurez voulu. »

Furieux, je memparais de la lance tendue et je mempressais de trouver la hutte de Brinko. Les guerriers orcs me voient courir dans leur camp mais jai la lance, alors ils ne sen mêleront pas. Voilà la demeure de ce guerrier. Je pousse un hurlement et plante la lance dans le sol et jattends les bras croisés. Une foule samasse autour la hutte et beaucoup de petits rires se font entendre. Cela mimporte peu. Brinko ouvre la porte de son logis et jauge la situation. Il marque son mépris de ladversaire en soupirant et rentre chez lui. Quelques instants plus tard, le fils sort et je comprends ce que Mordak Shen voulait dire. Il a peut être le même age que moi, mais il est vraiment plus grand et puissant que moi. Mais je le tuerais, je veux aussi connaître cette ardeur du combat, mon corps brûle de connaître une telle expérience. Puis à mesure que le fils Brinko se rapproche la peur menvahit, elle en devient presque palpable. Au lieu dêtre paralysé par langoisse, je me sens presque fou de colère et jai du mal à me contenir. Je sens bien que jai toutes les ressources de mon être dans cette frénésie de peur et dimpatience. Je nai jamais été en danger et je ne connais pas vraiment la peur, jai toujours eu une vie heureuse. Mais quelque chose est en train de changer en moi, je trouve cette peur excitante, stimulante, vivifiante. Le jeune orc saisit la lance et la jette au sol. Le combat peut démarrer. Je fonce sur mon adversaire en hurlant et je le frappe, je frappe et mon adversaire est surpris de ne pouvoir contenir mes assauts alors que je suis si faible comparé à lui. Jai déclenché quelque chose en moi que je ne connaissais et que je ne pourrais arrêter. Brinko le Jeune commence à fatiguer et le sang commence à couler abondamment. Cette odeur de sang excite encore plus mes sens et ma fureur. Je frappe, je frappe, je frappe Il ne bouge plus mais je nai pas fini, il faut que je le tue. Je ramasse la lance de Mordak et je la lui plante en plein cur, de toutes mes forces. Ma victime pousse un cri, puis un souffle, un long souffle, son dernier souffle, mon premier meurtre. Toute lassistance est ébahie, un long silence sinstalle. Je les fixe tous, jai encore envie de me battre. Je regarde aussi Brinko devant le cadavre de son fils. Il ne semble pas affecté par la mort de son enfant, il nest que résigné. Quel monde étrange, comment peut-on accepter la mort dautrui sans se manifester ? Je saisis les pieds de mon trophée et le traîne jusquà la demeure de Mordak. Maintenant, il me prendra au sérieux.

_ « Voilà, Mordak Shen, jai relevé ton défi !
_ Tu as fait vite. En effet, il est mort, je nai quune parole, tu commenceras à vivre parmi nous demain. En attendant, va te reposer chez toi.
_ Je nai pas de chez moi.
_Tu as une demeure ici.
_Laquelle est-ce ?
_Celle de Brinko, évidemment.
_ Comment ?
_Tu as tué son fils, il a une place de libre chez lui, installe-toi là bas.
_Mais.
_Ne discute pas, tu nes plus un humain, tu dois obéir. Ton intégration parmi nous impliquait lélimination dun autre, voilà qui est fait.
_Serais-je donc un orc ?
_Pas encore, tu es trop laid pour çà, mais tu nes plus un humain, à nos yeux, cest déjà beaucoup.
_Alors, que suis-je ?
_Ce que tu décideras de devenir. Maintenant, pars, lentraînement commence demain à laube.


Ainsi commença ma première leçon, je devais retourner sur les lieux de mon crime et affronter le regard des proches de ma victime. Tuer est en soi un geste simple, on plante un objet pointu dans un corps. Le plus difficile est dassumer cet acte. Le remord, la honte, les regrets sont pénibles à gérer. Mordak sest bien joué de moi. Il me force à faire confiance à la première personne qui a le droit de se venger, de me haïr. Après avoir éprouvé mon corps, il veut éprouver mon esprit. Je frappe à la porte de Brinko, prêt à payer le prix de mes actes. Brinko ouvre et séloigne. Jentre. Que lui dire ? Que je regrette ? Ce serait faux, jai voulu le tuer et je lai fait. Brinko me montre du doigt un lit.

_ « Tu dormiras là, à présent.
_ Euh, pour ton fils
_ Il suffit, mon fils a perdu un combat loyal. Cest de sa faute.
_Mais
_Jaimais mon fils et il nest plus. Cest ainsi que nous vivons, mais toi tu es son vainqueur, une part de lui vit en toi désormais. Cest cette part là que jhonore et accueille. Toi, je ne taime pas.
_Tu penses que ton fils vit en moi ?
_ Oui, les dieux ont voulu me faire un présent en moffrant un fils plus fort que celui que javais. Nous sommes un peuple martial. A présent tu es mon fils et en prenant la vie de mon enfant, tu possèdes son âme. Tu nas rien à craindre de moi, je ne te ferais jamais de mal, je taiderais si je le peux. Tu es ici chez toi.
_Merci
_Evite de me parler si cela nest pas nécessaire. Ce soir tu partageras mon repas, mais demain tu te nourriras pendant lentraînement. Te nourrir seul fait partie de ta formation. Ce soir, tu manges et tu dors.


Que dire ? Ce monde est si différent du mien, de celui de ma famille, de la forteresse de magie Pourtant, je my sens plus à laise, comme si je comprenais ce qui mentoure de manière innée. Sans approuver tous les rites des orcs, je comprends leur manière de fonctionner, de penser et dappréhender lunivers. Ils sont froids, durs, bruts, un peu comme la forêt. Ils sont le reflet de la nature. Sans être un orc, je me sens orc. Je sais que ma différence gênera toujours ma vie chez eux, mais je préfère gêner ainsi, plutôt que chez les mages. Je me sens coupable davoir tué le fils de Brinko, mais tant de sentiments contradictoires me harcèlent que je ne sais plus quoi penser. Le repas fut très gras et je me suis jeté dessus avec avidité. Jamais je navais mangé ainsi depuis mon arrive à la forteresse de Shinka. Dés la dernière bouchée, je me suis traîné sur ce lit en essayant déviter au maximum le regard de Brinko. Lépuisement physique et mental firent le reste, je mendormis immédiatement. La nuit fut emplie de cauchemars divers liés à mes parents inquiets, les mages ne pensant quà me punir et Brinko Père et Fils voulant se venger. Malgré les malaises et les frayeurs de ses rêves, je ne me suis pas réveillé de la nuit.


Laube, enfin, ma formation commence. Je suis encore faible et mes muscles sont très douloureux mais ce nest pas grave. Jai hâte de devenir un guerrier, ma soif dapprendre est sans limite. Je me rends sans attendre devant la hutte de Mordak en repensant à la semaine que javais passé à lattendre. Mes efforts ne furent pas vains. Le Maître Mordak Shen sortit de sa demeure et me lança une épée et des petits sacs.
_ « Prends, cet équipement tappartient désormais.
_ Cette épée est à moi ?
_ Si tu peux la soulever, oui et noublie pas les sacs de puissance.
_ Quont-ils de particuliers, on dirait des sacs ordinaires.
_ Ils sont remplis de poussière de mythril, un métal très lourd. Tu en attaches un a chaque poignet et les deux autres aux chevilles.
_Pourquoi ?
_ Tu es courageux, entêté et tu aimes défier et combattre mais tu nen as pas les moyens physiques. Il faut donc renforcer ton corps au maximum de ses possibilités pour compenser ta faiblesse naturelle par rapport à nous. Mais noublie jamais que quelle que soit ta force, tu ne seras jamais aussi fort quun orc. Ton entraînement sera donc des plus difficiles.
_Quelle sera mon premier exercice ?
_Porter cette épée.
_Cest tout ?
_Oui. Jusquà la moitié de la journée.
_Et ensuite ?
_Tu devras te procurer toi-même ta nourriture, mais pour linstant, porte tes sacs et essaie de manier cette épée. »

Jattache ces sacs à mes membres, ils ne paraissent pas très lourds individuellement mais ils le deviennent très rapidement quand ils accompagnent chacun de mes gestes. Et je dois ramasser cette épée. Bien, allons-y. Incroyable, cette arme doit être au moins aussi lourde que moi. Jai soulevé la garde mais la pointe de la lame na toujours pas quitter le sol. Si seulement, il ny avait pas ces maudits sacs de puissance, je pourrais peut-être la soulever. Finalement, je fais basculer lépée sur mon épaule. Oui, larme a quitté le sol mais elle me gêne, elle est trop grande, trop lourde et elle me serait totalement inutile au combat, elle serait même nuisible. Mordak Shen semble être très amusé par cette situation.
_ « Ah, ça veut être guerrier et ça ne sait pas porter une arme. Tout dabord, ce nest pas une épée à deux mains que tu portes. Tu dois la tenir dune main et avoir un bouclier dans lautre. Nous verrons le bouclier plus tard. Essaie de tenir cette arme dune main car cest ainsi quelle te servira.
_Elle est beaucoup trop lourde pour cela.
_Tu manques de force, mais il y a autre chose. Tu ne sais pas guider une lame, tu te laisses dominer par larme. Ce nest pas à lépée de te dire dans quelle direction aller, tu dois lui imposer ta volonté.
_Mais comment ?
_Observe les guerriers autour de toi, ils sont forts mais ils ont une manière de tenir leur arme qui leur permet de combattre dans la seconde qui suit. Ils conditionnent leur épée à leurs besoins. Il faut la force pour porter larme et une manière de la tenir pour la guider. Tu nes pas prêt à porter cette épée à la main. Range la dans son étui et porte la sur ton dos, cela te renforcera davantage. Cette épée est unique, si tu la perds, tu nen auras pas dautre, elle tappartient et tu lui appartiens. Tu vas aller jusquà la rivière en courrant et tu vas la traverser cent fois avant la moitié du jour. Je vais taccompagner. Ne dépense pas ton énergie à me parler, tu le regretterais plus tard. Après, tu prendras un temps de repos dune demi-heure et tu partiras en quête de nourriture, tu auras une heure pour trouver et manger ta proie. Et nous reprendrons la traversée de la rivière. Le soir tu repartiras en quête de nourriture. Si tu ne trouves pas une proie, tu ne mangeras pas et ce, jusquà ce que tu trouves. Tu auras également une heure le soir. Je tentraînerai ainsi pendant six mois, ensuite tu iras voir dautres instructeurs qui tapprendront le maniement des armes. Je déciderai tout en ce qui te concerne et cest moi qui, à la fin de ton éducation, te désignerai comme étant digne ou non dêtre des nôtres. En attendant, tu nes rien, ne loublie pas. En route et cours, je te surveille !


Quelle folie de courir avec tant de poids ! Je tombe à chacun de mes pas et me relever devient de plus en plus dur. Je ne suis pas arrivé à la rivière que déjà je suis épuisé. Une heure pour y arriver et je crache mes poumons. Jessaie de reprendre mon souffle mais mon professeur en a décidé autrement. Il me donne un coup de pied qui me propulse dans leau. Alors, il faut traverser et retraverser cette rivière. Leau vient des glaciers et je sens le froid balayer la chaleur de mon corps, je suis gelé. A chaque pas, je manque la noyade de peu. Mon équipement est tellement lourd que je ne peux lutter contre lui et si le courant devenait trop fort, je serais emporté et me noierai très vite et il fait si froid dans cette eau. Mordak pose son céans sur une pierre et fait tournoyer sa hache à deux mains machinalement. Cest à ce moment quil décide de mexpliquer le but de lexercice.

_ « Si tu étais un orc, tu exécuterais mes ordres sans poser de questions mais tu es un humain et tu viens sans doute de la forteresse des petits hommes en robe qui font de la magie.

Cette remarque me fit sourire, je naimais pas les robes, ce vêtement est destiné aux femmes.

_ « Quel est ton nom ?
_Odric.
_Tu ne viens pas dici, cest un nom humain des terres du Nord.
_Je viens des terres du Nord.
_Alors peut-être feras-tu un bon guerrier. Tu vas faire cet exercice pendant six mois, même si tu tombes malade. Tu es mal nourri, tu manques de force. Aller jusquà la rivière développera tes muscles, le passage dans leau les allongera, ainsi tu auras des muscles de bonne qualité et tu pourras encore augmenter leur volume et donc ta force. Le froid augmentera ta résistance naturelle et forcera ton corps à créer plus de chaleur et dénergie. Dans six mois, tu pourras porter cette épée dans une seule main sans faire trop defforts. Mais noublie pas, dans six mois ce sera lhiver et tu devras quand même traverser cette rivière. Si elle est gelée, tu devras la creuser à mains nues. Lentraînement sera ainsi plus dur quavant et sadaptera à ton niveau de progression. Tu seras un humain très puissant mais ce sera insuffisant. Un humain puissant est un orc faible, tu devras développer dautres talents, être plus rapide, plus malin et avoir une volonté de fer. Si tu obtiens tout cela, tu seras un guerrier digne de nous rejoindre. Ton parcours chez nous sera plus long et plus ardu que pour nimporte lequel dentre nous et je doute que tu arrives au bout de ta formation mais tu as éveillé ma curiosité et je me demande ce que vaut un humain élevé parmi nous. Vois-tu la hache que je tiens ? Je ne pouvais la porter quand on me la offerte, à présent je porte cette arme à deux mains dune seule avec une vitesse supérieure à une épée. Cest pour cela que je suis le chef de ma tribu, parce que je suis le plus fort. Quand mes forces déclineront, je perdrais ce titre. Nous sommes des orcs, nous sommes un peuple martial et nous ne respectons que la force et la vaillance. Tel est notre code.

Pendant ces longs moments de lutte contre les éléments, Mordak menseignait la philosophie orc. Je nétais pas très réceptif mais la pensée orc était tellement simple à assimiler que je me disais quil répéterait les choses plusieurs fois sous des formes différentes. Lexistence dun orc na pas de sens hors du combat. Comme ils ont conscience dêtre mortels, ils acceptent la précarité de leur vie mais veulent absolument choisir leur manière de mourir pour honorer les dieux. Pour être simple, ils ne vivent que pour donner un sens à leur mort. Sentraîner à mourir, quelle étrange conception de lexistence. Les orcs rient des humains qui cherchent à être immortels, pour eux, ça na pas de sens. Quel sens donner à sa vie si on ne peut mourir ? Je nétais pas daccord avec toutes leurs idées mais je les ressentais pour la plupart dans mon âme. Mordak parlait beaucoup et le temps passait vite avec lui. Je navais pas le temps davoir faim, que je devais me nourrir. Les moments pénibles furent ceux où je devais trouver un animal à dévorer. Je nétais pas un bon chasseur et les premières semaines je mendormais souvent le ventre creux. Puis à force, jai pu attraper de petits animaux, mais les sacs de puissance et lépée me ralentissaient beaucoup. Avec le temps, je me rendais à la rivière en courrant, sans trébucher, il marrivait parfois de veiller autour du feu le soir au lieu de meffondrer sur mon lit le soir, perclus de douleur et de fatigue. Puis vint le dernier jour de lenseignement de Mordak. Lhiver était précoce et je trouai la glace à mains nues depuis un mois. Mes progrès étaient spectaculaires et malgré la souffrance physique, je mépanouissais dans cette vie. Malgré la rudesse de mes épreuves, je sentais que je pouvais toujours aller plus loin. Javais cette ivresse de me sentir invincible. Ce jour là, je voulais mamuser un peu, le calvaire de la rivière était devenu un jeu à présent. Je voulais aussi honorer Mordak Shen qui ne ma jamais trahi et avait toujours su faire preuve de patience envers moi. Le maître arriva, je saisis cette épée que je portais depuis six mois sur mon dos pour la première fois. Je le fis dune seule main. Certes elle était encore lourde mais je pouvais la porter et la guider.
_ « Maître, cest mon dernier jour avec vous. Suis-je digne de continuer à apprendre ?
_ Peut-être, je ne me suis pas encore décidé.
_Alors, pour ce dernier jour je vous propose de vous défier à une épreuve qui décidera pour nous.
_Tiens, pourquoi pas, quelle épreuve proposes-tu ?
_Une course jusquà la rivière. Le premier qui plante son arme dans le tronc du chêne millénaire a gagné. Je porte mon épée, vous aviez dit que je pourrais le faire à la fin de cette formation. Ce jeu vous convient-il ?
_Un jeu ? Nous, les orcs, ne sommes pas joueurs, mais nous relevons toujours les défis. Jaccepte.
_Alors, allons-y.
_Un instant, tu as oublié denlever les sacs de puissance, petit écervelé. Un défi doit se jouer à armes égales. Après, nous partirons.

Les sacs de puissance, javais oublié. Avec le temps, ils sont devenus une partie de moi-même. En les enlevant, je repense à mes premiers jours. Je me tenais toujours voûté et mes bras étaient toujours attirés vers le sol. Quand cela a-t-il changé ? .Libéré de ces entraves, je suis un peu désorienté. Mes bras se tiennent bien haut, jai limpression quils vont senvoler. Lépée nen est que plus légère et mes jambes courront plus vite.
_ « Maître, allons-y !

Je cours comme un fou, jamais je nai couru aussi vite. Ces sacs me bridaient, mais cétait leffet voulu et je suis heureux den voir les résultats. Mordak est lourd et bouge moins vite mais ses pas sont si grands quil me rattrape à chaque fois. Jentends le souffle rauque de mon professeur derrière moi et jexulte à lidée de le fatiguer. La route est encore longue, je mettais une heure au début, puis une demi, cette fois, je le ferais en moins de temps encore mais ce sera une course intense. Je décide de changer d itinéraire pour atteindre le chêne plus rapidement, le maître garde lancien chemin de la rivière. Après quelques minutes de course, je surplombe la rivière et larbre millénaire. Je nai plus quà sauter pour planter mon épée dans ce tronc. Mordak est déjà arrivé et il est immobile, il na pas encore lancé sa hache et ne semble pas pressé de le faire. Je ne dois pas perdre de temps et gagner la course. Je saute, mon arme au-dessus de la tête et hurle de toute mon âme. Pendant ma descente, je sens un coup de vent puissant qui me déstabilise, je tombe dans la rivière. Le vent a tellement modifié ma trajectoire que jen ai perdu mon élan et suis tombé comme une pierre. En sortant la tête de leau, je vois la hache de Mordak tremblant encore davoir frappé le chêne si brutalement. Il a lancé son arme depuis la rive, le vent cétait lui ! Comment peut-on lancer une hache avec tant de force et de vitesse ? Je ne suis pas très lourd mais jai subi le vent de son lancer et il ma balayé. Si javais reçu le tranchant, je serais coupé en deux et naurait sans doute pas suffit à stopper sa course.

_ « Vous avez triché, Maître !
_ Ne dis pas nimporte quoi.
_ Vous mavez empêché datteindre ma cible.
_ Je tai sauvé la vie au contraire.
_Comment ?
_Je suis arrivé au tronc et jai voulu voir comment tu frapperais avec lépée. Tu tenais ton arme si mal que si tu avais touché larbre, tes bras se seraient retournés, tu serais mort sur limpact.
_Je peux vivre avec des bras cassés.
_Pas chez les orcs.
_
_ Tu dois toujours être prêt à te battre, nous acceptons que nos blessés fassent des duels car cest le destin qui décide. Sais-tu veiller sur toi quand tu dors ?
_Non, il le faut ?
_Evidemment ! Jai dis tout le temps !
_Même quand tu te soulages ?
_ Surtout quand je me soulage, cest là que je suis le plus vulnérable, dans une position qui ne convient pas au combat. Et quand tu dors, cest important aussi.
_Je nai jamais veillé sur mon propre sommeil.
_Brinko la fait pour toi. Tu as tué son fils mais il sait se conformer à notre code. Il a du te protéger plus dune fois. Cest un exemple pour nous.
_Je le remercierais.
_Surtout pas, on remercie pour des actes qui sortent de lordinaire, Brinko respecte le code, cest naturel pour lui. Si tu lui montres que ce quil fait nest pas ordinaire, il va se vexer.
_Vous êtes tous fous.
_Oui, tu as raison, et toi tu es encore plus fou que nous. Qui se battrait comme tu las fait pour vivre parmi les fous ?
_Je renonce à discuter. Quelle est ma dernière leçon ?
_ En ce qui me concerne, tu as fini ta formation. Tu sais porter une épée, tu dois apprendre à la diriger à présent. Je te désignerais ce soir pour ton prochain maître. Je suis fier de toi, je ne sais si tu es un bon humain, mais tu es presque assez digne de nous. Aujourdhui, pas de cours, pas dentraînement ni de chasse au gibier, nous allons parler et manger.
_Parler de quoi ?
_De tes prochains professeurs.
_Quauront-ils de différents de toi ?
_Ils te détestent. Mon pouvoir est incontestable sur ma tribu parce que je suis le plus fort, mais le temps passe vite et mes forces commencent à décliner. Il est probable que je sois destitué de mon rang avant la fin de ton enseignement. Ce jour là, il te faudra fuir. Pour beaucoup dentre nous, ta présence parmi nous est une offense, une insulte à notre peuple.
_ Bah, jaurais bien le temps de me renforcer dici là.
_ Détrompe toi. Dés demain tu seras en danger de mort. Jusquà présent, ton entraînement consistait à te donner une certaine puissance physique mais demain, tu vas commencer le maniement des armes. Tu auras un professeur qui ne taime pas, des compagnons dentraînement qui ne taiment pas et avec des armes à la main, un accident est si vite arrivé. Je crains que tu ne fasses pas le poids. Beaucoup étaient des amis de Brinko le Jeune et sa mort est venue dun humain, toi.
_Alors, je serais prudent.
_Je nai pas le droit dintervenir en ta faveur auprès de tes instructeurs, je te donnerai donc un conseil : Si çà bouge encore, cest que tu as mal travaillé, dans le doute, frappe encore.


Javais un respect immense envers Maître Mordak Shen. Il était droit et personne dautre que lui ne pouvait mieux diriger sa tribu. Malgré nos différences, nous nous estimions beaucoup. Ces conseils furent des plus salutaires. Pendant les cinq ans qui suivirent, je fut régulièrement brimé, battu par mes « collègues » , sous la bienveillante ignorance des professeurs. Mais malgré cela, jamais je ne cédai. Je ne le souhaitais pas et Mordak non plus je crois. Avec le recul, je pense que Mordak samusait beaucoup de voir mon acharnement à vouloir être un guerrier humain parmi les orcs. La contradiction que je représentais lui plaisait. Les années me donnèrent raison, je devins fort habile à manier lépée et cela compensait mon manque de puissance physique. Cest également au bout de ces cinq années que je commençais à tenir tête aux assauts de mes « camarades » dentraînement. Rapidement, ils comprirent quils ne pouvaient plus me rosser sans en payer un prix douloureux. Javais seize années, lâge de savoir quel genre de guerrier jallais devenir. Mes maîtres navaient pu me faire échouer et je retrouvais Maître Mordak Shen pour mes ultimes leçons avant de devenir un membre combattant de la tribu. Mordak était encore le chef mais ce nétait plus quune question de semaines. Il maniait encore sa hache à deux mains avec les doigts dune seule mais avec moins daisance. Je nétais sans doute pas le seul à men être aperçu. Bientôt, un jeune arrogant allait le défier. Si je le peux, je serais dans le camp de Mordak. Le chef me regarda lair satisfait, javais beaucoup changé, jétais fort et le souvenir du petit mage fugueur contrastait beaucoup avec ce que jétais devenu. Si nous devions recommencer la course vers le chêne millénaire, je la gagnerais facilement, cette fois, nous le savions tous les deux. Mais il ny avait pas de compétition entre nous.
_ « Odric, tu es devenu un vrai guerrier à présent. Jai vu tes professeurs, et malgré leur ressentiment, ils reconnaissent que tu es le meilleur élément de la tribu, je suis fier de toi, jai eu raison de te faire confiance.
_Jai frappé tant que çà bougeait encore, Maître.

Mordak sourit à cette remarque.

_ « A présent, il faut voir quel genre de guerrier tu seras : Un garde qui protégera le village, les femmes, les enfants, ou un attaquant.
_Je me sens plutôt attaquant.
_Je le pense aussi mais alors, quel genre dattaquant seras-tu ? Tu obtiendras le respect des orcs si tu deviens un Berserker.
_ Tu veux dire un furieux ?
_Oui, au point où tu en es, tu feras un bon guerrier dassaut mais tu ne seras jamais à la pointe du combat. Seuls les Berserkers y sont, ils sont craints et vénérés par leurs compagnons. Bientôt, je ne serais plus et la seule chance de survie que tu aies parmi nous est de devenir un Berserker. Je peux tenseigner cela mais il faudra faire vite.
_Je comprends, je redeviens votre disciple et ne vous décevrais pas.
_As tu déjà vu un ours blessé ?
_ Oui, jen ai tué plusieurs pour manger, je sais que si lanimal est blessé, il est incontrôlable et très dangereux.
_Tu dois devenir cet ours blessé. Arrivé à cet état de fureur inconsciente. Je te connais bien, faux humain.
_Faux humain ?
_Oui, tu nes pas vraiment humain, la bête vit dans ton cur, ta volonté de fer ne vient pas de ton caractère, elle vient de ton démon.
_Mon démon ? Je ne suis pas un possédé.
_ Si, tu en es un, et ce depuis toujours. Cest pour cela que tu as quitter la forteresse des mages. Tu ne peux être serein, tu as ce besoin sauvage en toi. Cest ton démon qui ta permis de survivre parmi nous. Cest ce démon que tu dois contrôler pour être cet ours blessé. Tu te souviens de Brinko le Jeune ?
_Je ne pourrais jamais loublier.
_Quas tu ressenti au moment de le combattre ?
_ De la peur, de lexcitation et de la fureur. Je ne suis pas fier de ce combat.
_Tu nas pas mené ce combat, cest ton démon qui a agi. Consciemment, tu naurais jamais pu le battre, tu étais faible et épuisé à cette époque. Personne na remarqué les signes berserks que tu avais montré. Je les ai vu. Tu viens des terres du Nord. Les guerriers des terres du Nord ont vaincu les trolls, ce sont de grands guerriers et le sang parle. Le tien me dit que tu es né pour le combat, il me dit aussi que tu ne resteras pas parmi nous et que tu retourneras voir les humains. Certains taimeront, dautres te craindront et te haïront mais tu vivras parmi eux. Plus tard, tu seras un ennemi de notre peuple et beaucoup mourront sous tes coups, je sais cela et je devrais te tuer pour cela.
_Alors pourquoi hésites-tu ?
_Peu mimporte que tu sois humain ou orc, je sais reconnaître un cur vaillant, un guerrier courageux, au nom de cela, je te respecte et je tenseignerais tout ce que je peux avant de disparaître. Nous allons passer un an complet dans cette forêt sans jamais revenir au camp.
_Mais comment vas-tu diriger le village ?
_Moi, jy retournerais, mais pas toi. Pendant cette année, je vais tout faire pour réveiller le démon de ton âme et tapprendre à le contrôler. Après, tu devras décidé de ton destin, mais je préférerais te voir partir et quitter notre tribu.
_Partir ? Je me sens bien avec les orcs.
_Ca changera vite.
_On peut vraiment contrôler le démon ?
_Non, on ne peut pas. Tout ce que tu pourras faire, cest le faire venir mais les dangers sont nombreux. Dabord, tu ne sais jamais combien de temps la fureur va durer. Peut-être sarrêtera t-elle avant que tu aies fini ton combat ou alors bien après. Dans certains cas, la fureur peut durer éternellement. Ensuite, tu nas aucune conscience des actes que le démon commet quand il te dirige, tu nen as aucun souvenir non plus.
_A quoi sert donc de libérer une telle calamité ?
_Dans cet état, tu es invincible, rien ne peut te stopper, ni armées, ni enchantements. Tu es aussi puissant que les héros de légende. Et plus important que tout, tu ne peux perdre un combat.
_Je vois, alors que se passe-t-il si un berserker rencontre un autre berserker et quils libèrent tous les deux leur démon ?
_Celui qui a le cur le mieux accroché gagne mais en général, ils meurent tous les deux quand ils reprennent conscience.
_Pourquoi ?
_Les blessures quils se sont infligés les finissent. Mais cest très rare, les berserkers sont rares et ils sévitent la plupart du temps. Tu as un fort potentiel, Odric, tu peux devenir un guerrier de légende si tu deviens un bon berserker.
_Pourquoi deviendrais-je un guerrier de légende ?
_Nous les guerriers sommes des gens simples et tu verras quavec le temps, tu auras besoin du regard dautrui pour exister. Tu nexisteras que par ta force, ton goût du combat, ta vaillance et la manière que tu auras dagir. Tout grand guerrier se doit dêtre légendaire.
_Pourquoi me dis-tu tout cela ?
_Parce que je crois en toi, tu es le seul humain que je respecte parce que tu transcende ton humanité. Jamais un humain nest venu à nous comme tu las fais. Tu nas jamais cherché à mépriser les orcs, tu as accepté notre monde et notre réalité. Ton cur est bon mais il est sauvage, tu dois apprendre à maîtriser çà, si tu y parviens, le monde tappartiendra.
_Je ne veux pas que le monde mappartienne. Et si tu te trompais sur moi ?
_Non, je ne crois pas, depuis six ans que je tobserve, jai vu qui tu étais. Tu nas jamais pris plaisir à faire souffrir un adversaire, tu ne prends de plaisir quà combattre et tu choisis toujours des adversaires qui te sont supérieurs. Si tu suis mon enseignement final, tu feras trembler les murs des demeures des Dieux.


La fureur berserk, voilà bien un secret que je pensais ne jamais obtenir. Mordak avait pensé quune année suffirait mais il voulait toujours men apprendre davantage. Jai passé quatre années dans la forêt. Mon professeur passait me voir de plus en plus rarement, je comprenais pourquoi et cela me chagrina. Je devenais de plus en plus dangereux et de plus en plus fort et Mordak saffaiblissait de plus en plus. Il tenait encore cette hache monstrueuse avec une main, mais il ne jonglait plus avec et il faisait un effort physique évident pour la maintenir droite. De mon côté, je passais beaucoup de temps seul à me perfectionner. Un jour, je croisais une meute de loups, lesprit sauvage et beau de la forêt. Jamais, ils ne mont agressé. Ils se postaient au loin et mobservaient. Parfois, ils se rapprochaient de moi avec une discrétion fascinante. Ils étaient patients et se rapprochaient de plus en plus. Parfois, je regardais dans leur direction, ils reculaient. Je me suis bien accommodé de leur présence et une sorte damitié naquit de statu quo. Quand je me sentais prêt à libérer mon démon, ils se sauvaient sachant que je massacrerai tout ce qui vit alentour. Puis, quand la fureur était passée, ils revenaient me voir. Odric les intéressait mais le pas le démon. Les voir faire la différence, les plaça dans mon cur comme des êtres intelligents. Avec le temps, je leur donnais une partie de la nourriture que je ne mangeais pas. Malgré les distances de sécurité que nous respections chacun de notre côté, nous nous apprécions beaucoup. Javais le sentiment de faire partie de leur meute. Parfois, je me mêlais à leurs hurlements nocturnes. Je sentais mon humanité qui satténuait peu à peu mais je me sentais si bien parmi eux que jétais presque heureux dêtre un animal.


Un jour Mordak vint me chercher, il avait le regard sombre et la démarche triste.
_ « Rentre au village, nous sommes en guerre contre les petits hommes de lEst. »

Les petits hommes de lEst, une menace permanente pour notre peuple. Des hommes qui se déplacent sans arrêt à cheval et qui détruisent tout ce qui vit. Ils avancent comme un nuage de sauterelles. Chacun dentre eux est un guerrier accompli et malgré une taille modeste, ils font trembler les armées les plus puissantes. Ils sont bruns de cheveux, ont les yeux plissés et poussent des cris aigus au combat. Cela fait longtemps que les orcs souhaitent le combat contre cette horde mais cette fois, cest différent. Les hommes de lEst veulent exterminer les orcs et les orcs veulent en faire autant. Les forces ont mis des semaines à se rassembler et la tribu de Mordak Shen nest quun grain de poussière dans le flot des tribus orcs unifiées. Au milieu de tous ces orcs, je fais un peu désordre et beaucoup me considèrent déjà comme un traître. Je ressemble plus à lennemi quà un lézard vert. Les chefs de tribu étaient conviés par le chef orc suprême pour établir une stratégie, Mordak prit une décision forte ce jour là. Il réunit ses troupes et parla :

_ « Je vais voir Grunt linvincible. Je dois choisir un aide de camp pour cela. Je choisis Odric. »
Tout le monde fut surpris, moi le premier. La désapprobation de la tribu fut telle que je décidais de défier celui qui oserait dire quoi que ce soit mais Mordak fit un geste me barrant la route. Il jeta sa hache au sol avec ces mots :
_ « Que celui qui nest pas daccord se saisisse de cette arme. »
Mordak impressionnait encore et personne ne se sentait prêt à lui ravir son rang. Jaccompagnais Maître Shen chez le chef de guerre orc. Jétais paniqué et je ne pus mempêcher de lui faire part de mes craintes.
_ « Maître.
_Il suffit, je ne suis plus ton maître, tu es un guerrier sous mes ordres, parle moi comme un guerrier.
_Tu es fou, Mordak, tu veux que tout le village te défie ? Ils me détestent, tu las dit toi même.
_La guerre sera longue. Je mourrais dans une bataille, jai trop vécu déjà. Le problème nest pas la tribu, ni la guerre. Grunt voue une haine profonde envers les humains.
_Justement, pourquoi mamener le voir ?
_Si notre chef de guerre taccepte, personne nosera te toucher pendant cette guerre. Tu seras prêt si tu finis cette guerre, il sera trop tard pour profiter de ta faiblesse. Quand tu verras Grunt, ne te laisse pas impressionné, sois fort, volontaire et réponds lui de la même manière quil tauras parlé et sois sur tes gardes, il peut vouloir te tuer, tu devras te défendre. Ne lui laisse aucune chance dans ce cas, il naura pas pitié de toi. Mais entre nous, sil décide dattaquer, tu nas aucune chance.
Nous traversâmes tous les campements orcs pour rejoindre la tente de commandement. Jamais je navais ressenti un tel rejet de la part du peuple vert. Ils allaient combattre des humains, jétais un humain. Sans la présence de mon ami Shen, je serais mort plusieurs fois avant datteindre la tente de Grunt. La garde rapproché du chef suprême hésita à me laisser entrer. Mordak était déjà entré et jentendais la voix de Grunt.

_ « Ah, Mordak, mon ami, quelle joie de combattre ensemble !
_ Salutations, invincible Grunt.
_ Ou est ton aide de camp ? Ou est Brinko le Jeune ?
_Brinko est mort il y a dix ans. Je tamène son remplaçant. »

Jentrai. La surprise de voir un humain fit lâcher un rot désapprobateur des profondeurs de Grunt. De mon côté, jeus la même réaction en le voyant pour la première fois. Il était aussi grand quun ours et au moins deux fois plus large. Mordak fit un pas en retrait, Grunt allait me parler.

_ « Un humain aide camp orc, tu me déçois, Mordak. Alors comme çà cette vermine a tué Brinko le Jeune un coup de chance.
_ Brinko était un imbécile, une victoire facile.
_ Oumph ! Te crois-tu plus intelligent en venant me parler ainsi ?
_Que peux-tu me faire à part me tuer ? Je suis un guerrier, je ne crains pas la mort, tu nas aucun pouvoir sur moi à part celui que je consens à te donner. Laisse moi combattre.
_En face de nous , nous avons des humains, as-tu déjà tué des humains ?
_Pas encore.
_Pourquoi ?
_Je nen ai pas rencontré.
_Mordak, te portes-tu garant de ce nabot ?
_Oui, Grunt.
_Bien, ta tribu ira au plus fort du combat. Sortez et soyez prêt demain.

Nous sortons, je suis furieux de voir ce gros tas de viande me manquer de respect.
_ « Je vais me le faire, ce vieux sac.
_ Calme toi.
_Nan, je vais lui faire bouffer son casque. Il nous place en première ligne pour que lon crève.
_Cest un honneur qui nous est fait dêtre à la pointe du combat, toutes les tribus se battent pour çà. Notre victoire nen sera que plus frappante.
_Oui, ou notre défaite. Quoi quil arrive, après la bataille, je lui fais sauter les dents.
_Tu deviens agressif.
_Oui, la proximité de la bataille, lhostilité des autres tribus et de la notre également me rendent nerveux.
_Pars te coucher dés maintenant.
_Mais le soleil ne sest pas encore couché.
_Bois une outre entière deau, couche toi et dors, cest un ordre.
_Pff, bande de dingues.
_Maintenant !


Au loin, les feux de camps ennemis sont visibles, le soleil nest pas encore couché, ils allument leurs feux pour montrer leur présence. Depuis plusieurs jours nos armées avancent en direction des leurs et eux en font autant. Demain nous serons trop près les uns des autres pour nous ignorer et la guerre prendra enfin forme. Jai hâte. Jai bu loutre deau et suis frappé la tête pour mendormir plus vite.
Demain, jai rendez-vous avec mon destin.

Laube, enfin. Je comprends pourquoi Mordak ma demandé de boire tant deau hier soir. Je nai rêvé que de fontaine, de cascades et de vagues. Le réveil fut prompt et dynamique. Je suis prêt. Mordak et la tribu ont prit position à droite de Grunt. Je mempresse de les rejoindre. Je suis en première ligne. De notre comportement dépendra lissue de la bataille, je ne reculerai pas. Les petits hommes de lEst sont à cinq cent coudées, ils sont des milliers dans leurs armures étincelantes. En face deux, des milliers de peaux vertes rugissantes et moi. Ils ont lair très organisés, plus que nous. Nous avons une stratégie mais elle est assez informelle. Nous allons attaquer de front sans discontinuer. Je reste persuadé que nous aurions pu faire quelque chose de plus intelligent mais nous ne sommes pas là pour gagner mais pour nous battre. Je repense à Thorgun, le dieu de la guerre, je lui offre ma première danse de mort. Sans plus de cérémonie, Grunt ordonne lassaut. Nous chargeons lennemi, cette petite course nous chauffe les muscles. Rapidement, je suis en tête de la vague dassaut, jai toujours couru plus vite quun orc et cela na pas changé. Cest moi qui vais frapper le premier. Les petits hommes de lEst sont un peu surpris de me voir parmi les orcs et je suis un peu troublé de frapper un ennemi qui me ressemble tant. Mais je frapperai. Le premier contact de la chair contre le métal arrive, mon métal, leur chair. Jai empalé mon premier adversaire et ce avant tout le monde. Quelques instants plus tard, Mordak et ses braves me rejoignent et se jettent dans la mêlée. Je réalise comme mon attaque fut faible. Lennemi recule sous la charge orc comme sils recevaient une avalanche de pierres. Nous faisons reculer ladversaire et je redouble dardeur. Javance, je frappe, javance, je frappe. Mordak me hurle de ne pas menfoncer aussi profondément dans les lignes ennemies mais il est déjà trop tard, je suis cerné. Un violent coup sur la tête me fait perdre conscience. Je reprends conscience, je saigne, la bataille ne sest pas déplacée, les humains tiennent bon. Je suis piétiné par tout le monde, je saigne, jai mal, je suis furieux. Lentement, je sens des ondes de folie me parcourir les os. Le démon veut parler, je le laisse faire. Je range mon épée, elle ne servira plus au combat, je sais que tout va se passer à mains nues. Odric disparaît, il ne reste que la bête, lours blessé, le Berserker.


EchoEcho dans mon cur, écho dans mon corps, hurlements dans mon âme. Jouvre les yeux lentement avec la certitude dêtre aux portes du royaume de Thorgun, mort au combat, comme un brave. En fait, je ne suis pas mort et je suis seulement dans ma tente au camp orc. Je suis épuisé bien que légèrement blessé. Mordak est à mon chevet. Il affiche un sourire béat et fier.
_MordakOn a gagné ?
_Non, nous avons subi plus de pertes queux mais ils ont battu en retraite.
_Le combat fut long ?
_Toute la journée, mais notre tribu a tenu sa position. Nous sommes les seuls à avoir pris réellement le dessus sur lennemi. Tu as été digne de mon enseignement.
_Le démon, peut être.
_Non, le démon, cest toi, la manifestation de ton esprit combatif. Tu as été impressionnant.
_Et je nen ai aucun souvenir. Aide-moi à me lever.
_Pourquoi ?
_Tu verras.
Mordak me soutient pendant quelques pas, puis je sors de ma tente. Les regards ont changé. Mordak avait raison, la peur, le respect se lisent sur leur visage. Peu mimporte, jai une promesse à tenir. Je me rends à la tente de Grunt, les gardes me laissent passer et me voilà devant ce monument de bêtise, linvincible Grunt. Le monstre me tend les bras avec une mine réjouie. Je ne dois pas rater mon coup, je naurais sans doute droit quà une seule chance. Jutilise toutes mes forces et mon poids pour le frapper au visage. Jaurais pu casser un arbre avec ce coup. Grunt tombe au sol et glisse sur plusieurs mètres.
_La prochaine fois que tu mépriseras, tu nauras pas autant de chance, gros sac !

Je sais, cétait un acte idiot mais je tiens toujours mes promesses. Le chef de guerre se relève devant son conseil médusé, certains se sauvent avant que la colère de linvincible ne se déclenche. Je nai que faire de sa colère. Puis, je réalise que ne je porte pas mon épée.

_Je nen reviens pas, tu as osé porter la main sur moi, Grunt linvincible, chef de guerre suprême de larmée orc ?
_Ten veux une autre ?
_ Ah ! Ah ! Ah ! Mordak tas bien éduqué, tu es vaillant et stupide, comme nous tous. Demain tu combattras de nouveau à mes cotés, prés de la bannière. Je veux que toute la horde te voit sur le champ de bataille.

Finalement, il a bon caractère ce gros lard. Jai bluffé, jamais je nen serais venu à bout, le démon berserk naurait rien pu faire, Grunt possède cet art également. Mordak sempressa de raconter à la tribu ma rencontre avec leur chef et le camp baignait dans les rires et la cervoise. Jécoutais les récits de bataille, ils parlaient principalement de ma fureur. Le nombre dennemis tombés sous mes coups grandissait à chaque version. A partir de cinq cent, je demandais à Mordak le chiffre exact. Maître Shen me dit quune cinquantaine était un chiffre possible mais cest surtout la sauvagerie déployée qui a ravivé la flamme des orcs. Les petits hommes de lEst ne sattendaient pas à cela et mon ardeur piqua la susceptibilité des orcs qui redoublèrent de violence. Il paraît que même les chevaux sont morts sous mes morsures. Déjà, un scribe rédigeait une ballade en mon honneur.

La nature la mal fait.
Pour nous il est laid.
La nature ne la pas aimée.
Nous ne lavons pas rejeté.

Petit, faible et chétif.
Il a montré son cur.
Celui dun orc combatif.
Empli de divine fureur.

Le démon hante son âme.
Et parle par sa lame.
Acceptez cet étrange destin.
Même si ce nest quun humain.

Ses ennemis tombent par milliers.
A mains nues ou à lépée.
Laissez lui votre porte ouverte.
Même s il na pas la peau verte.

Même si je suis sur que tout cela est très exagéré, Ce chant ma fait grand plaisir, enfin on commence à maccepter. Toutefois, je naccepte pas bien que ce barde me considère comme laid et mal fait. Ce nest pas moi qui ressemble à un lézard et qui a constamment de la morve qui sort des nasaux, sans compter cette haleine de buf. La nuit fut longue, mais nous nattendions que laube pour remettre çà. Mourir nest quune conséquence, combattre est un choix.

Par azygo le 6/10/2001 à 23:43:00 (#320320)

-=HRP=-
euh tu devrai pas poster toutes tes histoires en meme temps parce que meme moi qui ne suis pas bréhanite pourtant, j'ai pas réussi à tout lire la premiere histoire.

Alà *bisou*

Par muldan le 7/10/2001 à 1:18:00 (#320321)

héhé, merci Panda - le forum avait avalé les précédents chapitres .

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