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Les fantômes du passé.

Par Silwenne le 13/1/2003 à 12:42:34 (#3009275)

Ceci est le background de Silwenne présenté comme une histoire à suivre. Certains connaissent déjà mais à la vue du contenu de ce forum je me suis dis qu'un peu de rp ne ferait pas de mal... :rolleyes:

Une jeune femme, vêtue d'une capeline noire à la capuche masquant les traits de son visage, avançait sur un chemin boueux serrant un vieux bâton de marche au bois noueux dans sa main droite gantée de cuire. D'un pas ferme la silhouette traversait champs et forêts, rivières et plaines, faisant halte à la tombée de la nuit, attentive aux cris des créatures nocturnes. Après quelques jours de marche elle arriva dans un petit bourg alors que le soleil déclinant la poussait à se trouver logis. Elle n'eut pas de mal à trouver l'auberge sur la place, non loin d'une église donc les grosses pierres à moitié descellées étaient une incitation à l'impiété. Poussant la porte de l'édifice bruyant la jeune femme se glissa à l'intérieur, s'arrêta sur le seuil embrassant toute la salle du regard, et se dirigea vers une place libre dans un coin sombre. Le silence qui suivit son entrée fut vite brisé et le brouhaha reprit bientôt à son grand soulagement. Le tenancier, un homme peut-être aussi sale que gras que Silwenne fut surprise de ne pas voir de mouches volées autour de lui, ne tarda pas à venir s'enquérir des désirs de l'inconnue qui prenait soin que son visage resta dans l'obscurité du recoin.

Alors qu'elle attendait sa commande, une soupe de pois cassés et du pain, la jeune femme remarqua une boule de parchemin chiffonné traînant sur le sol et se baissa pour s'en saisir. Se redressant, elle déplia le manuscrit découvrant une affiche qui devait être belle avant d'être malmenée par les intempéries et la malveillance. Ses sourcils se froncèrent dans une expression de concentration tandis qu'elle déchiffrait les quelques mots encore lisibles tout en ôtant sa capuche pour mieux voir, et, entre taches et déchirures, son regard se posa sur un nom: Layelis. Une étrange sensation s'empara d'elle, indescriptible et insidieuse comme une voix lointaine surgit d'outre tombe pour vous hanter. La jeune femme ne reprit ses esprits que lorsque l'aubergiste posa le repas et une grosse bougie tordue allumée sur la table.

- V'là vot' command' Mam'zelle!

Relevant le visage vers l'homme, le regard encore perdu d'incompréhension, sortant à peine de ses pensées, elle fixa l'homme et balbutia, devant l'air ahuri du gros homme qui découvrait son visage pour la première fois à la faveur de la bougie, en écarquillant les yeux:

- Me... Merci messire. Euh.. Dites-moi.. -montrant le nom sur le reste d'affiche- Qui est-ce?
- Hein? Comment ça c'qui? Vouv' moquez d'moi, Mam', c'pas très gentil ça...

Dit-il en affichant un grand sourire à faire vomir un cheval. Puis il claqua ses grandes mains sur son ventre rebondissant sous le choc et se frotta la panse:

- Allez, vous z'en faites pas pour vot' repas Mam', c'est comme qui dirait au frais d'la princesse! C'pas tous l'jours, pour sûr!

Il lui fit un clin d'oeil ridiculement exagéré et reparti en se gaussant, laissant Silwenne hébétée par la scène aux allures surréalistes à laquelle elle venait d'assister. Une plainte de son estomac lui rappela la priorité du moment, aussi rangeât-elle l'affiche froissée en la pliant soigneusement malgré tout, avant d'entamer son souper avec appétit. Chaque chose en son temps...

Son soupé terminé, Silwenne se redressa pour s'enfoncer dans la pénombre de son alcôve afin d'observer à loisir les clients de l'auberge. Ainsi elle prit une pose plus décontractée se sachant peu ou pas visible, s'adossant au dossier de sa banquette en posant le talon d'une cuissarde noire sur le rebord tout en sortant une pomme de sous sa capeline. Elle mordit à pleines dents dans le fruit vert pâle laissant son regard voler de table en table, comme un papillon de nuit.

Outre les soiffards qu'il est commun de trouver en tel débit de boissons frelatées, elle distingua des aventuriers contant leurs exploits, imaginaires ou embellis, tous parlant plus fort les uns que les autres dans un ballet incessant d'aller et venues de chopes de bière moussantes. De cette cohue organisée se détachait un homme seul à une table lançant inlassablement une paire de dés, l'air préoccupé et calme, peut-être même concentré. Il n'avait face à lui qu'un bock et une chaise vide, mais pas de monnaie. La jeune femme chercha des yeux, dans la salle, une personnes qu'elle pourrait lier à cet homme mais elle ne trouva nul être qui satisfasse l'idée qu'elle s'en faisait. Haussant les épaules elle fit disparaître son trognon de pomme sous sa capeline et rabaissa sa capuche avant de se lever et de saisir son bâton de marche posé contre le mur.

D'un pas rapide, comme pour éviter d'attirer trop longtemps l'attention, la tête baissée, regardant devant elle au raz de la bordure de la capuche, elle alla jusqu'à une extrémité du comptoir massif d'ou elle attendit que l'aubergiste vienne la rejoindre. Le gros homme, au tablier tellement crasseux qu'on eus cru un lange de troll, s'approcha d'une démarche lourde en jetant un vieux torchon mité sur son épaule. Il s'accouda sur la desserte en se penchant en avant accompagné d'un bruit de flatulence:

- Qu'est-ce que j'peux d'aut' pour vous, M'dam'?
- Combien vous dois-je pour le soupé?
- Rien d'tout j'vous dis! Ca m'fait plaisir, pour sûr, quand j'vais dire ça à la Jocelyne! Héhéhé.
- Ah... Merci dans ce cas. Et... Euh... Auriez-vous une chambre à me louer pour la nuit?
- Bien sûr! -levant les bras puis les rabaissant en faisant à nouveau claquer ses mains comme des battoirs sur son ventre- Les meilleurs de toute la ville!
- Il y a une autre auberge dans cette ville? -demanda-t-elle sans cacher son intérêt-
- Non, justement! Hahaha!
- Evidement... -avec une petite moue-

Silwenne paya sa chambre d'avance, prit la clef et gravit l'escalier, qui débouchait sur un petit couloir sombre, sous l'oeil de l'aubergiste qui la regarda monter en se curant le nez avant de retourner servir les clients. La chambre était plongé dans une douce lueur provenant de la lune, découpant la forme de l'ouverture sur les planches du parquet grinçant sous ses pas. Elle referma la porte derrière elle et observa les lieux. La pièce minuscule n'était meublée que d'un lit au matelas douteux, d'une chaise, d'une armoire dont une porte manquait et d'un chevet orné d'une bougie presque totalement consumée. Ca et là, ou plutôt un peu partout, d'énormes toiles d'araignées donnaient à l'endroit ce qu'il lui manquait de sinistre. Elle inspecta le lit et décida qu'il serait suffisant pour passer la nuit. Après avoir coincé la chaise contre la porte, elle se dirigea vers la fenêtre et s'accroupie devant elle en ressortant une fiole de sous son habit. Elle déboucha le flacon et versa un liquide visqueux sur le sol, de telle façon à former une petite flaque, juste sous la fenêtre. Se relevant, Silwenne ôta sa capeline, aussi noire que le reste de ses vêtements, et s'allongea sur la couche se servant de celle-ci comme d'une couverture, son bâton posé à coté d'elle. La jeune femme ferma les paupières et laissa son esprit vagabonder à la recherche du sommeil, guettant les bruits qu'un tumulte assourdi couvrirait aisément jusqu'au départ des derniers ivrognes...

A suivre...

Par Lyuno le 13/1/2003 à 12:54:49 (#3009355)

[HRP]

De plus en plus de RolePlay... ça fait plaisir :)

Je t'encourage pour la suite, très joli texte.

Par une nuit sans lune.

Par Lyséa le 13/1/2003 à 13:57:23 (#3009822)

Je patientais l'arrivée de mon maître.

Le pont prydwen me semblait approrpié pour cette attente, alors je m'y installais, m'attribuant à mon activité favorite: Observer les habitants du royaume.

Il était là, bien qu'il ne se montrait pas je sentais sa présence, alors je repris ma route, sachant qu'il me suivrait.

J'arpentais le pont quand j'entendis une voix étrangement familière, je me retournais vers la jeune femme. Soudainement je fus prise de vertige, et comme par instinct, par protection, je me cacha dans l'ombre, ma plus fidèle alliée.

Ce ne pouvais être elle...

La jeune femme était tout de noir vêtu, cette couleur bien que sombre lui allait à ravir.
Je la détaillais du regard, m'attardant sur son visage...Qu'elle ressemblance frappante.
Mais...

Ce ne pouvais être elle...

L'attirance fu trop forte, et je lui murmurais quelques paroles.

-Silwenne..en d'autres temps, d'autres lieux...nous étions proches...nous étions soeurs...

Elle m'ordonnas de me montrait, ce que je ne fit pas au début, perdus dans ma contemplation, mon esprit s'égarait dans de vieux souvenirs, étreint par les fantômes du passé.

Ce ne pouvais être elle...

J'apparu alors à ces yeux, elle se présentat à moi comme thaumaturge du royaume, mais je n'entendais pas ces paroles, un flot d'image se deversait dans ma mémoire.
Non...

Ce ne pouvais être elle...

Je lui proposa de me suivre, ce qu'elle fit sans rétisence, sans méfiance, comme si elle aussi se souvenait, comme ci elle aussi savait qu'elle ne devait me craindre.
Je l'emmena à la fontaine de la capitale, m'installant contre le marbre froid, et je me mis à lui contais les souvenirs qui me troublés.
Cette ressemblance étrange avec ma soeur, cette voix familière...Tout en elle me rappellais le passé.
La lune atteignais son paroxysme, l'Ombre m'appellais à nouveau, et je ne pouvais refuser son embrassade.
Je disparu de nouveau à ses yeux, puis je lui chuchotta quelques paroles avant de m'éclipser.

C'etait elle...

Suite.

Par Silwenne le 14/1/2003 à 14:44:03 (#3018598)

La nuit était déjà fort avancée, les étoiles scintillaient comme des milliers de trous d'épingle dans le manteau de la Dame des songes. Depuis longtemps déjà, la faune et la flore s'étaient assoupie. Dans la forêt toute proche un ruisseau coulait paisiblement chantant sa douce musique de clapotis cristallins, reflétant la pâle clarté de la lune en des myriades d'éclats étincelants. Posé sur la branche d'un grand chêne, un hibou suivait, de ses yeux luisants, une silhouette de ténèbres courrant dans les fougères en direction du village et se faufiler vers l'auberge endormie. La forme voûtée épiait, sur ses gardes, plaquée contre un coté de la bâtisse, mais seuls les bruits de la nuit, grillons et hulottes, troublaient le calme apparent des lieux. Quand elle jugea l'endroit sûr, la forme fit face au mur et l'escalada avec l'aisance d'un lézard, se hissant jusqu'à la fenêtre d'une chambrette qui ne résista pas à un coup d'épaule bien placé, s'ouvrant doucement sans bruit. Un dernier coup d'oeil alentours et l'ombre enjamba le rebord en posant le pied sur la flaque visqueuse et terriblement glissante lui faisant faire un grand écart suivi d'une chute dans un fracas qui eut ranimé la ville entière.

Aussitôt réveillée par le vacarme, Silwenne fondit sur l'intrus en le plaquant au sol avec fermeté. De l'arrière de sa ceinture elle tira une fine dague ciselée qu'elle appuya fortement sur le cou faisant couler un fin filet carmin. L'homme grimaça et gémit, autant de la douleur provoquée par la lame sur sa gorge, une joue écrasée contre le plancher, que du genou de la jeune femme dans son dos. La main dans la tignasse crasseuse de l'homme, tenant sa prise le poing crispé, elle le maintenait à sa merci.

- Pi.. Pitié! M'tuez pas! Laissez moi partir, j'vous en supplie.. Et.. Et j'leur dirais qu'j'vous ai eue!

D'un ton aussi froid que l'acier de sa lame effilée, elle lui parla tout en guettant un éventuel mouvement d'héroïsme insensé, peut-être serait-il assez fou pour tenter l'impossible.

- Ecoutes-moi bien.. Je ne sais pas qui tu es, mais ne me prends pas pour une idiote.. Tu m'aurais réellement tuée si je n'avais pas pris mes précautions.
- Mais non, j'vous l'jure!
- Vous me prenez vraiment pour une fillette sans jugeote.. Tss tss tss.. Il va falloir réviser votre jugement, messieurs. Il n'est plus en ma possession, je l'ai mis en lieu sûr, tuez moi et vous ne le retrouverez jamais..

Alors qu'elle prononçait ces mots elle perçut les bruits de pas montant l'escalier faisant grincer les marches. Lui intimant l'ordre de se relever, elle accompagna le mouvement gardant son arme sous la gorge, prenant bien soin de rester dans son dos, et les fit pivoter pour le placer face à la fenêtre ouverte. La jeune femme se rapprocha de l'homme tout en tirant sur ses cheveux, ce qui le fit protester d'un gémissement, et susurra à son oreille.

- Je devrai te livrer, je suis certaine que ta tête doit valoir quelques piécettes.. Mais c'est ton jour de chance, tu vas leur transmettre un message de ma part: jamais vous ne l'aurez, laissez-moi tranquille, car je préfère le détruire que de...

C'est alors que quelqu'un tambourina du poing sur la porte de la chambre. Par reflex Silwenne regarda en arrière relâchant imperceptiblement sa prise et, alors même qu'elle tournait la tête, elle regretta ce geste imprudent. L'homme, qui n'attendait que ce genre d'erreur, en profita aussitôt pour se dégager de la dague en écartant le bras la tenant tout en lançant son autre coude en arrière. L'impact surprit Silwenne qui fut frappée à l'estomac, le souffle coupé, et vit l'inconnu bondir du premier étage en prenant appuis sur le rebord de l'ouverture en criant:

- On t'retrouvera, hahaha!

A cet instant la porte céda sous une charge de l'aubergiste, achevant la chaise qui tomba en morceaux comme un pantin désarticulé. Silwenne était à genoux, retrouvant peu à peu son souffle, et se mit à rire, regardant toujours l'endroit d'où avait sauté l'homme. L'aubergiste se précipita à l'intérieur et l'aida à se relever, l'air sincèrement inquiet.

- Tout va bien, M'dame? Z'êtes pas blessée?

Lui souriant, elle lui répondit qu'elle n'avait rien, feignant le soulagement d'avoir été sauvée par le gros homme en tenue de nuit. Puis, tournant à nouveau le visage vers la fenêtre, elle s'approcha et regarda en direction de la forêt. Elle n'eut que le temps de le voir disparaître sous les arbres et murmura doucement:

- La partie n'est peut-être pas terminée finalement...

A suivre...

Flash-Back

Par Silwenne le 15/1/2003 à 15:39:54 (#3028180)

C'était il y a quelques mois de cela. En ce matin de printemps le soleil se levait paresseusement au-dessus des flots. Quelque part sur la côte sud, dans un grand port marchand, d'une goélette à quais débarquait des passagers tandis que les marins s'affairaient au chargement et déchargement de tonneaux et de caisses. De la passerelle descendit une jeune femme fine et gracieuse d'un peu plus de vingt ans, aux longs cheveux de jais qui tombaient en trois nattes n'en formant qu'une complexe, revêtue d'une robe vert pâle fendue jusqu'à la taille laissant apparaître un pantalon de la même étoffe. Sur ses épaules était jetée une cape à la douce teinte des sous-bois, maintenue par une broche de forme compliquée d'entrecroisements en tous sens. Replaçant une mèche rebelle derrière son oreille droite, pointant délicatement vers les cieux, son bracelet glissa le long de son avant-bras. C'était son seul véritable bijou: un bracelet d'argent portant des runes gravées sur toute sa surface, sertit en son centre d'une pierre d'un bleu profond, peut-être un saphir, qui semblait ne faire qu'un avec l'ensemble. Derrière elle suivait un magnifique destrier à la robe caramel, la crinière également tressée. La jeune femme observa la ville, laissant son regard flotter de façade en devanture, caressant distraitement l'encolure de l'animal. Un hennissement la sortit de ses pensées, elle lui sourit et prit doucement la bride avant de pénétrer dans la cité qui, malgré l'heure matinale, grouillait déjà d'une forte activité. Marchant dans les rues, regardant avec curiosité ce que la ville portait à ses yeux, elle flânait, s'arrêtant parfois devant un étal pour y acheter quelques provisions pour la route. Silwenne arriva finalement à la sortie de la ville portuaire, monta en selle, et fit avancer sa monture au petit trot.

Elle était à la fois excité et effrayée par ce qui l'attendait. Jamais elle n'avait quitté son île natale et ce pays inconnu lui promettait l'aventure et le dépaysement qu'elle cherchait. Cheminant sur les routes dans la campagne verdoyante et les forêts, elle prenait son temps, faisant halte pour se restaurer et se reposer aussi bien elle que Cannelle, sa jument dont elle s'occupait depuis qu'elle était enfant. Terminant son repas elle éteignit le feu et leva les yeux vers le ciel, faisant une petite moue en apercevant les amoncellements de nuages à la teinte acier annonciateurs d'un orage prochain alors que la lumière du jour déclinait. Ainsi reprit-elle la route en quête d'un endroit pour s'abriter de la pluie et pour y passer la nuit.

Une pluie drue tombait déjà depuis plusieurs minutes quand elle aperçut la forme massive d'une grange se découper au loin. Cannelle partit au galop et elles arrivèrent trempées à l'édifice vétuste dont une porte était restée ouverte et par laquelle une lueur diffuse était visible. Silwenne pénétra à l'intérieur avec prudence, suivit de la jument, et vit un homme allongé sur le sol, une lanterne posée à coté de lui. De son dos sortait un carreau d'arbalète et le sang maculait le haut de ses vêtements ainsi que le sol boueux. L'homme devait inconscient ou mort car il n'avait pas bougé quand Silwenne s'était enquit de sa santé. Doucement elle s'approcha jusqu'à poser un genou à terre à coté du corps inanimé, posant une main sur son épaule pour le retourner. La douleur dut le réveiller et il ouvrit les yeux ou se lisait la peur et la souffrance. L'une de ses mains se posa sur celle de la jeune femme qui sursauta et se retrouva sur son séant en reculant vite, finissant acculée contre un ballot de paille. D'une main fébrile elle saisit la dague ciselée logée dans sa botte, la brandissant devant elle en tremblant. L'homme la fixait, le teint pâle par la perte de sang, grimaça un sourire en la voyant faire et fut prit d'une quinte de toux.

- N'a.. N'ap.. N'approchez pas! Je sais m'en servir!
- Je n'en doute pas un instant jeune fille.. Mais je ne pourrai même pas vous gifler.. Même si je le voulais.
- Hmm.. Oui, vous m'avez l'air mal en point.

Rengainant sa lame dans sa botte, elle retourna près du blessé, oubliant ses craintes en un instant. Le manipulant avec plus ou moins d'attention, Silwenne ausculta rapidement l'homme en rapprochant la lanterne, se servant de ses maigres connaissances acquises avec sa mère. Se relevant, elle alla chercher le nécessaire dans les sacoches de sa monture et revint avec du tissus et des onguents qu'elle avait prit soin d'emporter. Une fois le tout préparé et disposé, elle saisit fermement la partie du carreau sortant du dos, le tenant à la base.

- Attendez! Vous êtes sûre de ce que vous faites?
- Non, mais si vous le gardez vous mourrez vite de toutes façons, alors autant tenter de vous soigner, à moins que...
- Non, non, vous devez avoir raison.. Tirez quand...

Et elle tira d'un coup sec avant qu'il eut terminé sa phrase. Elle ignora le hurlement de l'homme, plaçant immédiatement des compresses de tissus sur la plaie en appuyant fortement. Silwenne attendit un moment que la tache carmin ne grandisse plus et retira les morceaux d'étoffe souillées avant de badigeonner la blessure d'une mixture verdâtre, jetant de temps à autres un regard vers l'inconnu qui semblait toujours conscient et haletant. De nouvelles compresses et des bandages finirent le soin et elle l'aida à se relever pour l'amener vers la paille, ils auraient besoin de repos, il ne tarda pas, d'ailleurs, à s'endormir. Silwenne prit le temps de l'observer alors qu'il dormait. C'était un homme d'âge mûr, ses cheveux et sa barbe poivre et sel, ses quelques rides lui donnaient un air rassurant. Il était vêtu d'une robe bleue nuit dissimulant une armure de cuir légère. Pas de bagages... Silwenne regarda dans la grange et la vit non loin de la lanterne et du carreau d'arbalète. Le carreau...

La jeune femme courut tout ramasser et éteignit la flamme, plongeant le lieu dans le noir presque complet. Elle se hâta de mettre de la paille sur le sang et de cacher sa monture avant de refermer la porte, non sans avoir jeté un regard inquiet au dehors. Si celui qui avait tenté de tuer l'homme revenait, s'il l'avait suivit.. Silwenne retourna près du blessé qui dormait toujours profondément. Elle le veilla une partie de la nuit assise sur un ballot, à l'écoute du moindre bruit, le coeur battant au plus petit bruit suspect. Mais le sommeil la rattrapa et elle fini par sombrer accompagnée d'une pensée trouble: « Ca commence bien... »

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 16/1/2003 à 7:28:24 (#3032883)

Silwenne s'éveilla alors que le jour était déjà fort avancé, le soleil presque à son zénith dans le ciel encore chargé de nuages anthracites. L'humidité flottait dans l'air avec une odeur de paille et de foin, une légère brume s'élevant de la terre gorgée d'eau. Elle ouvrit les yeux et vit l'homme feuilletant un gros livre. Leurs regards se croisèrent, il le referma dans un claquement et lui sourit après l'avoir rangé prestement. L'homme semblait aller mieux, la mine reposée, soit la blessure n'était pas si profonde qu'elle n'y paraissait, soit ses soins n'étaient pas si faibles que cela. La jeune femme se redressa et s'assailla, de la paille dans les cheveux, et s'étira en baillant.

- Vous avez bien dormie? -demanda l'homme-
- Oui, merci. Comment va votre dos?
- Ho, bien mieux grâce à vous, merci. C'est encore douloureux mais c'est nettement plus supportable, et surtout, je suis vivant.
- Je n'ai fais que ce que je pouvais, vous savez, bien peu en fait. Il faudra quand même surveiller, au cas ou..
- Oui, vous avez probablement raison.. Vous avez faim?

Sans attendre de réponse il sortit un peu de nourriture et un torchon de sa sacoche, disposant le tout avec soin sur un ballot de paille qui ferait office de table. Il y avait des fruits, du pain et de la viande séchée. Lui tendant une belle pomme en souriant :

- Tenez, goûtez celle-ci, elles sont délicieuses.
- Merci messire..? -prenant le fruit qu'elle croqua aussitôt l'avoir frotté contre sa manche-
- Ah oui, j'en oubli les civilités, pardonnez-moi. Je me nomme Andrew Cuthill, modeste mage parcourant le monde.
- Et moi Silwenne, enchantée. -dit-elle en souriant-

Ils déjeunèrent tout deux en discutant paisiblement, ainsi apprit-elle qu'il voyageait depuis de longues années dans le but de parfaire son art, à la recherche d'un maître capable de lui enseigner ce qu'il ignorait, ou fouillant les bibliothèques en quête de grimoires oubliés... Il resta vague sur l'identité de ses agresseurs, lui disant simplement qu'il avait en sa possession un objets que d'autres voulaient, et qu'ils étaient prêt à tuer pour l'avoir. Elle lui avait sauvé la vie mais Andrew restait sur la réserve, peut-être pour la protéger, à moins que ce ne soit de la méfiance. Il lui apprit aussi que ses poursuivants étaient mort, mais il s'attendait à en voir d'autres leurs succéder bientôt. Cette histoire était véritablement inquiétante, ce pays hostile, tout du moins ce qu'il lui avait été donné d'en voir pour le moment.

Ils parlèrent longuement dans la grange, elle de son pays et de son enfance sans père, lui de ses voyages et de sa soif de savoir. Pour la remercier de l'avoir aider il lui proposa de l'initier à la magie des mots. Au court de la conversation il n'avait de cesse de jeter des regards au bracelet de la jeune femme mais ne dit rien, essayant d'être le plus discret possible, de ne pas paraître impoli. Ils décidèrent de faire chemin commun à la fin de leur repas, aussi prirent-ils la route tout deux à pieds, Cannelle les suivant tranquillement.

En début d'après-midi ils arrivèrent à un village et Andrew acheta une monture pour un bon prix. Bizarrement il choisit un vieux cheval bon pour finir sa vie dans un pré. Silwenne le lui dit mais il insista pour prendre celui-ci plutôt qu'un autre plus robuste. Après tout pourquoi pas, c'était ses deniers, mais elle doutait que Orage, comme il le baptisa, ne tienne bien longtemps à une course s'ils devaient galoper pour échapper à des poursuivants.

A la nuit tombée ils firent halte sous le couvert d'une vieille hutte de branchages dans une forêt. Les chevaux paissaient et Silwenne avait fait un petit feu qui dégageait peu de fumée malgré l'humidité du bois pendant qu'Andrew était parti faire cueillette de baies sauvages. Au cours du dîner l'homme ne pu s'empêcher de fixer le bracelet sans même s'en rendre compte, mais, cette fois, cela n'échappa pas à Silwenne qui lui tendit le bras portant le bijou, avec un petit sourire.

- Regardez de plus près si vous voulez..
- Euh.. Oui.. Veuillez excuser ma curiosité mais.. -prenant le bracelet entre deux doigts, suivant les symboles de l'index de l'autre main- Ces inscriptions m'intriguent depuis un moment... J'y ai pensé toute la journée..
- Vous savez les lire?
- Hmmm... Ce sont des runes je crois, mais très anciennes, je n'en avais jamais vu de semblables...
- Je l'ai depuis toujours, il est magique, mais vous deviez vous en douter. La seule chose que je sache à son sujet c'est qu'il s'adapte à mon tour de poignet, je ne peux pas le retirer, comme s'il voulait ne jamais quitter mon bras..
- Fascinant.. Mais je ne pense pas que cela soit sa seule utilité.. Hmm.. Je dois regarder si j'ai quelque chose qui parle de ça dans mes ouvrages..

Sitôt dit, il lâcha le poignet de la jeune femme et sortit un gros livre qu'il commença à feuilleter rapidement sous le regard amusé de Silwenne qui continuait à grignoter quelques baies. Il chaussa une lourde binocles et lu longtemps, tellement longtemps que quand il referma son dernier livre et le posa sur la pille constituée de trois autres ouvrages, Silwenne somnolait éveillée en fixant les flammes. Le claquement des pages la tira de ses pensées.

- Rien... Il me faudrait consulter les grimoires de la grande bibliothèque de la capitale, là au moins j'aurais une chance de trouver un indice, une piste..
- Vous savez.. Ce n'est pas si important que cela. -souriant-
- Mais je suis curieux et en soif de savoir. -rendant le sourire- Bien! Laissons cela de coté pour l'instant, que diriez-vous de recevoir votre première leçon de thaumaturgie?

Et c'est ainsi qu'il commença son apprentissage en lui inculquant les premiers préceptes de l'art dont il se voulait maître, lui qui se disait éternel élève, jusque tard dans la nuit, sous les étoiles bienveillantes d'une terre encore inconnue...

A suivre...

Par Asakurah Yoh le 16/1/2003 à 8:19:23 (#3032973)

:lit:

:amour: :amour:

C'est tres beau continue..

Par Shiena le 17/1/2003 à 8:49:39 (#3039687)

Juste un poste pour que ca ne disparaisse pas de la premiere page et surtout pour avoir la suite bientot :))

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 17/1/2003 à 9:54:05 (#3039977)



Le feu de camp chauffait doucement une petite marmite lorsqu'elle entrouvrit les yeux sur une fine brume qui avait envahit les sous-bois, l'air était frais et le soleil avait peine à percer la moiteur du matin de ses rayons. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'ils cheminaient ensemble. Il lui faisait faire ses premiers pas dans le monde de la magie et elle l'initiait au royaume de la nature. Andrew semblait satisfait de son élève qui progressait rapidement et savait déjà incanter quelques sorts mineurs mais qui lui seraient toujours utiles, pensait-il. Le temps aidant, il s'était tissé des liens d'amitié entre eux. Peut-être avait-elle trouvé en Andrew ce dont elle avait été privée par l'absence de son père.. De son coté, le magicien n'avait jamais eu d'enfant et considérait la jeune femme sinon comme une amie, presque comme sa fille, et il ne faisait aucun doute que ce sentiment était réciproque. Emmitouflé dans une épaisse cape, il la regardait s'éveiller en lui tendant un bol de bois remplit de soupe fumante de carottes.

- Tentée? -Dit-il en souriant-

Sans même répondre Silwenne se redressa et prit le bol avant de commencer à manger goulûment, faisant une pause de temps à autres pour lui sourire tout en mâchant un morceau de pain au préalablement trempé dans la soupe. Quand elle eut fini elle se lécha les commissures et lui rendit le récipient, prenant un air sérieux :

- Dis... Tu me raconteras un jour comment tu as été blessé quand je t'ai trouvé?
- Maintenant si tu veux.
- Alors maintenant. -Prenant ses aises en s'enroulant dans sa couverture-
- Tout a commencé alors que je m'étais arrêté dans un vieux monastère pour la nuit. J'avais profité de l'hospitalité des prêtres pour consulter leur bibliothèque. J'étais sur un manuscrit depuis déjà une bonne partie de la nuit lorsqu'une lueur attira mon attention et j'ai levé les yeux de mon ouvrage pour voir de quoi il s'agissait. C'est là que je vis la plus incroyable des choses qu'il m'eut été donné de voir de toute mon existence... -il fit une pause pour ménager son effet-
- ...Et c'était quoi? -attendant la suite fébrilement, à présent bien réveillée-
- Un spectre... Ho, je sais que cela parait complètement fou mais je l'ai bien vu, il n'y a aucun doutes dans mon.. Esprit.
- Un peu, oui... Et que s'est-il passé ensuite?
- Bien j'ai refermé mon manuscrit et je l'ai suivi en me cachant, mais le spectre semblait ignorer ma présence, il flottait au-dessus du sol, il paraissait chercher un livre ou quelque chose dans les étagères. Puis il s'arrêta en regardant la tranche d'un épais grimoire, avança une main éthérée et fit un mouvement de caresse, avec ce qui devait être un index, sur le cuir de la reliure avant de disparaître en traversant le mur adjacent. J'ai dû rester un moment bouche-bée à fixé l'endroit ou avait disparut l'esprit et c'est un moine qui me tira de ma contemplation dans un sursaut, posant une main sur mon épaule.

Silwenne le regardait avec les yeux d'une enfant à qui l'on raconte une histoire merveilleuse, elle était captivée par le récit et attendit que le conteur finisse une gorgée de thé et poursuive. Andrew rabaissa le bras, tenant son bock entre ses mains pour les réchauffer.

- Je suis retourné à la bibliothèque le lendemain soir et j'attendis jusque tard dans la nuit. Ce que j'espérais se produisit: le spectre revint et fit exactement la même chose que la veille avant de se fondre dans le mur. Je n'étais pas très rassuré, je dois l'avouer, mais je devais savoir.. Je me suis approcher du livre, somme toutes assez banal d'apparences, couvert d'une épaisse couche de poussière, et j'essaya de le saisir... Mais au lieu de le prendre, il bascula seulement. Au même instant j'entendis un curieux bruit de décliques et de roulements avant que le pan de mur ne pivote lourdement. N'écoutant que mon courage je me glissais dans l'ouverture ou ne régnaient que ténèbres et la faible lumière de ma bougie avait du mal à m'éclairer au-delà d'un ou deux mètres. M'assurant au mur je descendis un escalier pour arriver dans une petite pièce, peut-être une cave, qui avait dût servir de bureau dans une époque éloignée, à en juger par la poussière et les toiles d'araignées...
- Le.. Le fantôme était là? -demanda-t-elle toujours aussi captivée, les yeux brillants d'impatience-
- Non, il n'y avait personne, ni vivant ni mort.. En revanche, il y avait une multitude de parchemins éparpillés un peu partout mais tous étaient dans un état lamentable, illisibles ou tombant en miettes. C'est en dessous de tout ce fatras que je l'ai trouvé: un coffret d'ébène presque totalement recouvert de symboles de protections magiques. Après l'avoir examiné, je décidais qu'il valait mieux ne pas y toucher avant de connaître la nature du sort qui le protégeait, et suis retourné à ma chambre en prenant soin de refermer le passage derrière moi. C'est après que tout bascula.. Je ne sais pas comment ils ont su, peut-être était-ce une coïncidence.. Mais, au petit matin, je fus réveillé par des cris. En sortant de ma chambre je découvris avec horreur qu'une partie du monastère était la proie des flammes. L'un des prêtres qui me croisa dans le couloir me dit que nous étions attaqués par des brigands, aussi étrange que cela puisse paraître..

L'homme marqua une longue pause, il semblait revivre toute l'angoisse de cette nuit, entendre encore les hurlements des moines prisonniers du brasier, l'odeur de la fumée et de la chaire carbonisée. La jeune femme le laissa reprendre son souffle dissimulant son impatience de savoir la suite de l'aventure en le regardant fixer les flammes de leur feu de camp. Il prit une inspiration et poursuivit.

- Je réussis à sortir, je ne sais toujours pas comment, mais dehors, alors qu'il faisait encore nuit, je courus me cacher dans un buisson, j'étais terrorisé... J'eu tout le loisir de les voir, les silhouettes de noirceurs, une dizaine autour du monastère, tandis que d'autres fouillaient le bâtiment. Des bribes de voix que j'entendais m'apprirent qui était le chef de la bande, quelqu'un leurs avait parlé d'un apprenti mage de passage.. -Il laissa un long soupir s'échapper- En fait.. C'est un moine qui les avait informés... Celui qui m'avait surpris.. Sûrement l'un des leurs.
- Ca alors.. Un moine! L'espion idéal en fait, qui se serait méfié de lui.
- N'est-ce pas.. Mais je ne sais vraiment pas ce qu'ils voulaient, de l'or ou autre chose, peut-être même le coffret.
- Mais pourquoi toi?
- Apparemment, d'après ce que j'en ai vu, ils sont très bien organisés, je ne pense pas que ce soit une petite bande, et s'ils savent qu'il y à une possibilité pour qu'un témoin soit encore en vie.. Ou bien attendaient-ils la venue d'un mage pour le trouver, je n'en sais rien.
- Ils le tuent, surtout si tu as vu le visage du chef..
- Oui... Et c'est ce qu'ils auraient fait en découvrant ma cachette si je n'avais réussi à les distancer, et sans ton aide. -Souriant faiblement- Enfin... Il semblerait que je les aient finalement semés, peut-être me croient-ils mort.

Il vida le reste d'eau chaude sur le feu et se redressa. Il resta longuement à contempler les cendres éteintes, sous le regard inquiet de Silwenne qui espérait comme lui que les mystérieux brigands ne le cherchent pas encore. Andrew tourna les yeux vers elle et la fixa un instant avant de lui sourire.

- Ce n'est pas très loin d'ici, je peux nous y conduire si tu veux, je pense pouvoir retrouver le chemin sans trop de difficultés. Et j'aimerai voir si la cave secrète est encore accessible..

A suivre...

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 18/1/2003 à 13:16:49 (#3047905)

Ce qu'il restait de l'ancien monastère n'était que ruines livrées aux lierres et à la luzerne, si bien qu'ils durent lutter avec la nature pour se frayer un passage dans ce labyrinthe de verdure et de murs à demi écroulés. Ca et là subsistaient les vestiges de gravures ornementales, vitraux brisés et des statues que Silwenne admirait tout en suivant Andrew dans sa progression pour retrouver l'emplacement du mur pivotant, s'il existait toujours. Ce n'est qu'après presque une heure passée à fouiller les décombres qu'il découvrirent ce qui fut une bibliothèque. Ils avaient retrouvé la salle avec le mur mais un problème persistait: comment activer le mécanisme alors que la partie extérieure de celui-ci avait été détruite... L'homme s'approcha du mur et s'accroupit devant et réfléchit. Tout en cherchant une solution il regardait Silwenne, puis le mur, puis à nouveau Silwenne.

- J'espère que tu ne penses pas à me jeter contre ce mur de pierres..? -Dit-elle avec un léger sourire en coin-
- Hmm.. C'est une idée... Mais je pense avoir trouvé mieux. -Souriant-

Il prit son grimoire et le feuilleta à la recherche du sort adéquat, s'arrêta en pointant son index sur une page et lu les mots de pouvoir du sortilège en touchant la surface du mur faisant comme s'il écrivait quelque chose sur un coté. Il ne se passa rien dans l'immédiat et la jeune femme crut tout d'abord que le sort était inefficace quand, de l'endroit qu'Andrew avait touché, il lui sembla que la pierre devenait molle, une sorte de boue épaisse. Le mage modela cette matière comme s'il s'était s'agit d'argile, creusant une ouverture de la taille d'une grande assiette. La jeune femme comprit pourquoi il l'avait ainsi regardée car, en effet, si lui ne pourrait passer par le trou, elle était assez fine et souple pour cela. Elle se débarrassa du superflu et se glissa par l'ouverture crée. L'homme lui fit passer une torche qu'elle alluma à l'aide d'un mot, le premier sort qu'elle avait apprit. Il lui sourit en la voyant faire :

- Nous formons une bonne équipe. Sois prudente et n'ouvres pas le coffret, prends-le simplement. Ne touche à rien d'autre et..
- Oui, oui, oui... Ne t'inquiètes pas, je reviens vite.

Elle lui fit un clin d'oeil et déjà elle descendait l'escalier, la lueur de la torche s'estompant à la vue d'Andrew resté devant le trou, guettant son retour. Il s'écoula quelques interminables minutes avant que Silwenne ne réapparaisse portant le coffret sous un bras. Elle était couverte de soie arachnide jusque dans ses longs cheveux de jais, un sourire enfantin figé sur ses lèvres. Après avoir posé la torche à coté d'elle, elle s'apprêtait à lui faire passer le précieux coffre quand une idée lui traversa l'esprit. Et s'il s'était servi d'elle dans l'unique but de le lui faire aller chercher, s'il l'abandonnait en refermant le mur après qu'il aurait eu ce qu'il voulait? Son doute soudain devait se lire dans ses yeux car il lui dit avec douceur:

- Passes la première si tu veux...

Elle le jaugea longuement du regard avant de prendre sa décision et lui tendit finalement la boîte. Il la saisit et la posa au sol avec précaution puis, prenant une main de la jeune femme, l'aida à sortir. Un hennissement de Cannelle attira leur attention, tournant tous deux la tête dans la direction de l'appel. Ils se précipitèrent à l'extérieur pour voir ce qui rendait la monture aussi nerveuse, craignant une meute de loups fréquentes dans la région, et ils virent trois silhouettes se découper au sommet d'une colline. Malgré la distance, Silwenne n'avait pas trop de mal à les voir et, plissant les paupières, elle décrit sommairement les tenues des hommes à Andrew qui pâlit à vue d'oeil. Bientôt les cavaliers firent partir leurs montures au galop dans leur direction. Le mage reculait jusqu'à se retrouver contre un mur de l'ancien lieu de prières, laissant tomber la boite à ses pieds.

- Ce sont eux.. Ils m'ont retrouvé.. Partir.. Vite.. Vite!
- Quoi? Mais qui sont-ils..?!

Andrew semblait complètement paniqué, lui si calme et souriant d'habitude avait perdu tout sang froid et sautait déjà sur le dos de Orage alors que les trois cavaliers s'approchaient à vive allure. Silwenne ramassa le coffret et le fixa à sa selle, rabattant la couverture par-dessus, surveillant à la fois le mage que les cavaliers qui se rapprochaient à vive allure.

- Vite, Silwenne! Ils vont nous tuer!
- Hein?!

Puis elle comprit que «ils» n'était autre que ceux qui l'avaient attaqué et blessé d'un carreau d'arbalète dans le dos, ne manquant de le tuer que de peu. Ils devaient les suivre depuis longtemps ou bien attendre le retour du mage en ce lieu. Elle sauta sur le dos de son cheval et talonna vivement. Cannelle se cabra et partit dans un galop rapide, plus rapide que celui des montures de ce pays, et elle distança Andrew rapidement alors que Orage donnait tout ce qu'il pouvait encore malgré son âge avancé. Elle ralentit pour ne pas le laisser seul contre les brigands mais l'homme lui cria l'ordre de ne pas l'attendre et fit volte face. Silwenne, terrorisée, obéit à son ami alors qu'il commençait à invoquer un puissant sort, d'une voix grave, en faisant de grands gestes. Leurs poursuivants étaient très proches, l'un d'eux épaulant une lourde arbalète en visant la fuyarde. Le projectile siffla à l'oreille du mage en pleine concentration, son aura prenant l'apparence d'une nappe de feu, et vint frapper Cannelle à la croupe, telle la foudre, la faisant hennir de douleur, mais ne s'arrêta pas. Au même instant un mur de flammes se dressa entre le mage et les cavaliers dont les montures, surprises et apeurées, freinèrent brutalement. L'arbalétrier, qui avait les mains occupées à tenir son arme, fut désarçonné et vola à travers le brasier, ses vêtements prenants feu. L'un des brigands contourna l'obstacle ardent en dégainant une épée de son fourreau tandis que le mage enchaînait avec un sortilège de protection. Il était sur le point d'achever son incantation, perturbé dans sa concentration par les hurlements du tireur et le stress du combat, quand il vit un mouvement sur sa gauche. Il n'eut que le temps d'écarquillé les yeux en apercevant l'éclat d'une lame s'abattant sur lui avant que sa tête ne soit séparée de son corps. L'assassin regarda le cadavre décapité glisser lourdement au sol puis, détachant son regard de sa victime, fixa l'autre bout de la route. Il chercha des yeux, scrutant l'horizon, mais il n'y avait nulle trace de la jeune femme: Andrew avait réussi à la protégée au péril de sa vie... Contournant à son tour le mur de feu qui s'estompait progressivement, le dernier homme vint rejoindre son compagnon et suivit son regard.

- Paul a touché son cheval, elle n'ira pas loin...
- Suivons les traces de sang, nous nous occuperons d'elle cette nuit.

Et ils repartirent au galop en laissant le théâtre du combat tel que, sachant que le feu avait détruit tout ce qui pouvait permettre de lier leur ami à leur groupe. La traque continuait et, bien qu'ils aient perdu un ami, ils étaient prêts à aller jusqu'au bout pour accomplir ce qui leurs avait été ordonné, d'autant que Silwenne n'avait rien d'intimidant...

A suivre...

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 19/1/2003 à 20:48:33 (#3055681)

Silwenne chevaucha longtemps au galop, voulant mettre le plus de distance entre elle et ses poursuivants. Elle avait retirer le carreau qui avait blessé Cannelle mais la plaie saignait encore avec abondance, aussi, quand elle jugea qu'elle était assez loin, elle pénétra dans la forêt bordant la route pour soigner sa monture et la laisser se reposer. Quand elle eut fini de panser la pauvre bête, Silwenne s'écroula sur un tronc d'arbre mort, prit son visage entre ses mains rougies du sang de l'animal, et laissa sa peine s'évacuée en un flot de larmes. La marée salée de ses yeux émeraude semblait intarissable. Elle ne savait pas comment mais elle avait l'étrange certitude qu'Andrew était mort, et l'état de sa jument était des plus alarmant, à tel point qu'elle ignorait si la monture y survivrait sans un repos de longue durée et des soins quotidiens appropriés. La jeune femme se laissa glisser au sol et s'allongea avant de fermer les yeux, sans faire de feu ni même manger.

Tapis dans un buisson tout proche, deux paires d'yeux observaient la jeune femme endormie depuis déjà une poignée d'heures. Les deux hommes avaient suivis la piste de Silwenne en remontant les traces de sang et guettaient le meilleurs moment pour passer à l'action. La jument était couchée sur le flan, la fidèle monture avait finalement succombée à un lent poison dont avait été recouverte la pointe du projectile et elle était morte doucement, sans même souffrir, se couchant d'abord épuisée avant de fermer les yeux à jamais. Le plus petit chuchota à son complice:

- Allez, viens... On va s'payer du bon temps avant d'la tuer...
- Ouais spas bête ça. On peut aussi la tuer avant comme ça elle boug'ra pas...
- Nan, moi j'aime bin quand ça gigote...

Tel des serpents ils rampèrent dans les fougères jusqu'à arriver près de la couche de Silwenne dont le sommeil était agité de visions cauchemardesques, revivant sans l'avoir vue la mort de son père spirituel. Lentement, le petit contourna le campement pour la prendre à revers si elle arrivait à s'enfuir. Il avançait tassé, prêt à bondir sur sa proie, quand une branche sur laquelle il avait posé le pied craqua. C'est en sursaut qu'elle se réveilla en pleine nuit, se levant d'un bond, affolée et le regard encore voilé.

- Le sang.. J'ai laissé ma trace.. Ils vont..

Une violente douleur lui vrilla la nuque et elle perdit connaissance en s'effondrant lourdement, assommée par la garde de l'épée du plus grand qui était juste derrière elle. Aussitôt le deuxième sauta sur Silwenne et lui lia solidement poignets et chevilles avant de placer un bâillon. Il se redressa et commençait déjà à vouloir retirer son pantalon alors que le premier, toujours l'épée à la main, regardait le doux visage de la jeune femme d'un air pensif.

- Réveilles-là maint'nant, j'vais la faire frétillée comme un gardon, héhé!
- Non, attends... -Levant sa main libre pour arrêter son acolyte- L'abîmes pas... J'ai une meilleurs idée...

Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres alors que son compagnon, grimaçant bêtement, se demandait ce qu'il pouvait bien exister de mieux à faire avec Silwenne que de la violer tout de suite. Haussant les épaules il remonta son pantalon tombé à ses chevilles et écouta avec attention le plan que son esprit venait de lui suggérer...

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Par Silwenne le 20/1/2003 à 9:54:20 (#3058426)

Elle ouvrit les yeux sur des ténèbres, sa tête la faisait souffrir et tournait, ce qui la rassurait à moitié en se disant que cela prouvait qu'elle était vivante, du moins pour le moment. Silwenne crut d'abord que la terre tremblait et elle voulut s'étirer mais elle s'aperçue que ses mouvements étaient entravés par des cordes. La jeune femme prit quelques minutes pour retrouver un peu ses esprits et analyser la situation. Elle était donc attachée, les yeux bandés et bâillonnée, recroquevillée en position assise dans ce qui devait être une caisse ou un tonneau à en juger par l'odeur de vieux vin. De l'extérieur lui parvenait un bruit de grincement métallique qui se répétait sans cesse, celui des sabots d'au moins un cheval ainsi que la voix d'un homme qui chantait une chanson paillarde. Il lui semblait qu'elle se déplaçait sur une route cahoteuse, elle en conclue qu'elle devait être dans une charrette ou quelque chose comme cela. Elle essaya de se lever en poussant le couvercle du tonneau mais elle était se sentait faible, sans forces, et la douleur qui lui martelait les tempes lui fit perdre à nouveau connaissance.

Elle fut réveillée par des bruits de chaînes et de caisses. La charrette était arrêtée et soudain le monde bascula: quelqu'un déchargeait les tonneaux, le sien y comprit, en les faisant rouler sans aucun ménagement. Silwenne se cala contre les parois pour éviter d'être ballottée de tout cotés. Cela dura plusieurs minutes durant lesquelles elle essayait d'imaginer le chemin, tantôt plat ou caillouteux, tantôt le tournoiement s'accélérait dans une descente, et les descentes étaient nombreuses. Cela cessa enfin et le tonneau fut redressé sur sa base. Quelqu'un frappa sur le bois du couvercle et elle entendit une voix au-dessus:

- 'tention la d'dans!

Silwenne se tassa comme elle pue dans le fond du tonneau. Dans la seconde qui suivit quelques coups de hachette brisèrent le bois et elle sentit que des mains l'empoignaient pour la sortir et la traîner, plus qu'elle ne fut portée. La jeune femme fut finalement jetée négligemment au sol. Une puissante voix d'homme résonna dans ce qui devait être une immense salle.

- Otez-lui ses liens et laissez-nous...

Elle fut libérée de toutes ses entraves par deux hommes qui se retirèrent aussitôt fait, refermant une lourde porte bardée de fer. Silwenne cligna des yeux et observa l'endroit ou elle se trouvait. C'était une grande pièce creusée dans la roche, éclairée par une multitude de bougies disposées un peu partout. Sur les murs était accrochées des tentures, des tapis et des peaux recouvraient presque toute la surface du sol. Une cheminée centrale chauffait la salle, la fumée s'évacuant par une ouverture dans le plafond, et à l'autre bout de la pièce se dressait un trône massif en pierre sculpté flanqué de deux armures étincelantes. Sur le trône était assis un homme à la musculature impressionnante couverte de cicatrices, le crâne rasé, le teint pâle, qui la fixait froidement. Il ne bougeait pas d'un cil, examinant la jeune femme avec un air de méprit. A coté du trône se tenait une inquiétante silhouette vêtue d'une longue capeline d'un noir profond et insondable, une main posée sur le dessus du dossier. La capuche rabattue masquait les traits du visage de l'inconnu créant comme un trou béant et ténébreux. Silwenne restait à genoux, pétrifiée de peur, quand la forme s'avança de quelques pas, leva une main griffue pointant la porte qui émit un bruit de verrou. L'homme ne bougeait pas, à bien y réfléchir, il ne semblait même pas cligner des yeux qu'il avait toujours fixés sur la captive. La forme rabaissa le bras et continua se s'approcher lentement. Arrivée à la hauteur de la prisonnière, qui suivait son déplacement du coin des yeux, elle tourna autour, la détaillant. Il émanait de cette silhouette une étrange fragrance, enivrante, entêtante, troublante, que Silwenne appréciait sans parvenir à l'identifier.

- Relèves-toi...

Sa voix était féminine, suave, envoûtante et autoritaire à la fois. La jeune femme obéit, bien qu'encore faible, se redresser lui ferait sans doute du bien car elle était restée longtemps dans le tonneau. Une main aux griffes pointues vin saisir sa mâchoire inférieure, lui faisant tourner la tête d'un coté puis de l'autre, comme l'on examinerait un animal avant de l'acheter, la relâcha et passa l'un de ses doigts sur une oreille, en une sorte de caresse, du revers.

- Hmm.. Une demi-Elfe.. Une prise de choix, bien que non de sang pur..

La griffe quitta l'oreille en descendant le long du cou à la veine palpitante, longeant le bord de l'étoffe pour suivre la courbe du décolleté. Silwenne esquissa un mouvement pour retirer la main aventureuse, mais avant qu'elle n'eut le temps de terminer son geste, l'inconnue la gifla du dos de la main, si violemment qu'elle en tomba à terre. La silhouette cracha en relevant un index menaçant:

- Debout! Tentes encore de t'opposer et tu mourras lentement!

La jeune femme reprenait son souffle, à moitié sonnée, son esprit l'inondant d'informations contraires. Il fallait survivre, obéir et s'enfuire plus tard, oui, c'était ce qu'il fallait faire, garder espoir et attendre le bon moment, peut-être ne voulaient-ils que lui poser des questions.. Elle se releva péniblement et revint ou elle était, fixant l'homme qui n'avait toujours pas bougé, tel une statue de cire.

- C'est bien.. N'oublie jamais qu'ici j'ai le droit de vie ou de mort sur toi... A n'importe quel moment... -Faisant le tour pour se placer derrière elle- A toi de faire en sorte que je me félicite de t'avoir laisser vivre... Au lieu de le regretter...

La silhouette de ténèbres s'arrêta dans son dos et s'approcha contre elle, son parfum enivrant l'entourant, et susurra à son oreille, envoûtante et suave:

- A présent... Déshabilles-toi...

Silwenne frémit et ferma les yeux, entre humiliation et excitation, peur et soumission, elle s'exécuta avec des gestes lents, pensant à juste titre que l'inconnue apprécierait peut-être. Ses vêtements glissèrent sur la soie de sa peau et tombèrent au sol dans un bruit feutré. Elle sentait son regard envieux détailler chaque parcelle de son corps mis à nu, depuis sa poitrine galbée et généreuse jusqu'au duvet du bas ventre, alors qu'elle avait reprit sa ronde pour revenir devant elle.

- Une prise de choix... A n'en pas douter...

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 22/1/2003 à 18:56:47 (#3078346)

Silwenne avait baissé la tête de honte, la forme sombre prenant un malin plaisir à l'humilier, mais elle craignait que cela ne soit qu'un début. Elle était prisonnière dans un endroit inconnu et dépouillée de sa fierté avec une telle aisance qu'elle n'imaginait même pas résister à ses geôliers. La silhouette était devant elle, son visage enfouit dans les ténèbres de sa capuche, mais la jeune femme sentait son regard sur elle, son désir, aussi sûr que le parfum envoûtant devenait plus fort et oppressant. Lentement l'inconnue ôtât sa capuche dévoilant son visage à la beauté inimaginable. Silwenne releva les yeux pour croiser son regard inquiétant, totalement noir, et fut pétrifiée en réalisant toute la perfection de ce qui n'avait que les traits d'une femme qui lui souriait en montrant des crocs acérés pointant et luisants. Poursuivant ses gestes lents, elle fit tomber sa capeline au sol, laissant découvrir un corps tellement sublime, idéalement surnaturel, que n'importe qui se serait damné sans remord pour la posséder ne serait-ce qu'un instant. Sa peau luisait de sueur comme après un effort, revêtue de hautes cuissardes et d'un bustier de cuire, son sexe apparent recouvert d'une pilosité drue contrastant avec Silwenne, imberbe, qui avait hérité des gènes de son coté Elfe alors que le brun de ses cheveux lui venait probablement de son père.

- On m'appel Ananké...
- Et moi..
- Ne parles que lorsque je te le permets! -La coupant sèchement- On m'appel Ananké, mais pour toi je serais Maîtresse...
- Bien.. Maîtresse..

Silwenne avait baissé les yeux, soumise, au grand plaisir d'Ananké qui gardait un sourire carnassier aux lèvres. Elle la regardait ne cachant pas ses envies, d'une impudeur dérangeante, prenant des poses suggestives.

- Qui tu étais n'a plus aucune importance.. Désormais tu seras ma chose.. Ton nouveau nom est donc.. Chose.. Cela t'ira très bien.
- Oui Maîtresse.
- Alors Chose, dis-moi.. Que connais-tu des plaisirs de la chair?
- Euh.. Ri.. Rien Maîtresse.. -Le rouge aux joues-
- Hmm.. Pucelle hein? -Soupire en secouant la tête- Ces Elfes n'ont aucun savoir-vivre.. Et bien considères que tu as de la chance, Chose.. Car je vais me faire un plaisir de prendre personnellement en charge ton éducation. Tu es contente?
- Oui.. Merci Maîtresse..
- Allons.. -S'allongeant sur une peau de bête, près du feu, prenant une pose lascive, provocante- Approches.. Nous allons commencer tout de suite..

Ce qu'elle subit ce jour là dépassait tout ce qu'elle aurait imaginée, tant dans l'atteinte de l'extase que dans la douleur, Ananké mêlant les deux avec une dextérité et un vice indéniable. Au cours des semaines qui suivirent, elle apprit à satisfaire sa Maîtresse comme une élève assidue, se pliant aux moindres de ses désires avec docilité et servitude, humiliée chaque fois un peu plus, repoussant toujours plus loin les limites de ce que pouvait endurer sa fierté, dans le seul but de rester en vie. Elle vivait continuellement nue, avec pour seuls vêtements son bracelet, qu'ils n'avaient réussit à lui enlever, et un collier à pointes relié à une chaîne, tenue en laisse par l'homme qui n'était qu'un pantin d'Ananké. L'homme à la carrure impressionnante servait d'écran pour diriger les brigands et Ananké tirait les ficelles dans l'ombre de son habit de ténèbres qu'elle ne quittait que quand elle était seule avec Silwenne, pour satisfaire ses insatiables envies de sexe.

Les semaines et les mois se succédaient sans repère pour la captive qui ne quittait jamais la grande salle et l'appartement d'Ananké. Au fil du temps, à mesure que Silwenne se montrait plus entreprenante vis à vis de celle qu'elle appelait maintenant Maîtresse par habitude, il lui semblait qu'Ananké s'attachait à elle un peu plus que comme un simple objet sexuel. Elle la protégeait des autres brigands qui tentaient de la toucher, l'ayant déclarée propriété exclusive du chef. Mais elle sentait bien que c'était uniquement pour la garder à elle seule, aussi étrange que cela puisse paraître à la prisonnière, qui n'avait qu'une peur: qu'elle soit livrée en pâture aux hommes qui n'attendaient que cela... Ananké prenait visiblement un malin plaisir à exhiber sa chose aux regards lubriques, lui ordonnant de prendre des postures plus qu'aguicheuses, suggestives, allant parfois jusqu'à lui demander de se caresser en publique.. Silwenne se disait que c'était là un moindre mal comparé à ce qu'elle risquait, finissant par trouver cela préférable, presque normal, et retrouvait sa Maîtresse seule avec soulagement, la remerciant comme cette dernière l'attendait, pour sa plus grande satisfaction.

Un soir, alors qu'elles étaient toutes deux allongées en sueur et haletantes sur un tapis, après un ébat particulièrement puissant en douleurs et en orgasmes, à tel point que Silwenne crut mourir en atteignant une nouvelle frontière de l'extase, Ananké vint se blottir contre elle, prenant pour la première fois une attitude amoureuse à l'instar de la jeune femme qui n'osait plus bouger, surprise par ce geste, presque effrayée. Ananké caressait un sein pensivement, avec tendresse, léchant doucement le sang qui s'écoulait d'une morsure au second, et dit d'une voix douce..

- Comment t'appels-tu?
- ... Chose.. Maîtresse.
- Non, ton vrai nom, ton nom humain..

Silwenne en resta bouche-bée de stupeur, Ananké était méconnaissable. Elle mit un moment avant de répondre, se demandant s'il s'agissait d'un piège sadique et sournois pour la punir, puis elle bégaya:

- Sil.. Silwenne... Maîtresse.
- Silwenne... -Répétant le prénom en le murmurant- C'est un joli nom..
- Me.. Merci Maîtresse..

Les minutes passèrent durant lesquelles Ananké cajolait Silwenne avec une tendresse que cette dernière n'aurait même pas oser imaginée, jamais elle n'aurait ne serait-ce que soupçonné cela possible venant d'elle. Elle tressaillit quand Ananké prononça son prénom à voix haute et suave, relevant un regard dans lequel se lisait quelque chose d'étrange..

- Silwenne..?
- Ou.. Oui Maîtresse?
- Je t'aime...

Par Croustibat... le 22/1/2003 à 19:47:05 (#3078718)

/cheer ! /clap :merci: :lit: zouli réçit

Flash-Back, suite.

Par Silwenne le 23/1/2003 à 8:11:17 (#3081550)

- Bonjour, mon fils. Sois béni !

Un éclair de surprise put se lire dans les yeux de l'eunuque un court instant avant que le bâton du moine ne vienne s'écraser sur sa tempe, le tuant net.

- Adieu, mon fils. Puisse le plus Haut t'accueillir et te garder dans sa Lumière...

Le Révérend tira le corps jusqu'à la haie de pierre, il le dévêtit et enfila les habits et la pèlerine de l'eunuque en ayant soin d'ajuster la capuche pour qu'elle dissimule ses traits. Il s'approcha sans se hâter de l'immense bâtisse. Il grommela quelque chose d'inaudible en passant devant les larrons de l'entrée qui l'ignorèrent. Il releva la tête. Quelques torches baignaient d'une lueur blafarde les couloirs. Il leva la tête encore plus et huma... Il fit un quart de tour sur lui-même et se dirigea le long des couloirs, la tête levée, le nez en avant.

- Eh bien, nous y voici...

Le moine entra dans la cuisine, déserte. Aucun bruit dans les pièces et couloirs alentour. Il fouilla longuement son sac et en ressortit un sachet contenant une très fine poudre blanche. Il prit deux coupes en argent, les remplit à moitié de vin et les posa sur un plateau tressé.

- Je te hais, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...

Chaque qualificatif était ponctué d'une pincée de poudre versée dans la première coupe.

- ... pas du tout.

Il ne versa qu'une minuscule pincée dans la seconde coupe. Il remonta sa manche gauche, prit le plateau et, observant son bracelet, se mit à avancer lentement dans le méandre des couloirs. Il s'arrêta devant une porte, abaissa sa manche, réajusta sa capuche et frappa lourdement à la porte. Ananké hurla :

- Quoi ?! Qui ose ?
- Votre vin... Maîtresse.

Le Révérend entendit la clé tourner et la porte s'ouvrit à la volée.

- Pose ça ici et disparais, immonde pourceau !

Il déposa le premier verre devant Ananké et posa le second devant la jeune femme brune qui semblait dormir. Sentant que son bracelet commençait à glisser vers son poignet dénudé, il se retira au plus vite de la pièce et s'éloigna en toute hâte. Il entendit la porte claquer et la clé verrouiller la serrure. Il sortit de bâtisse en murmurant :

- Je t'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...

La silhouette s'éloigna dans la nuit. La pierre de son bracelet brillait, brillait...


*
* *
- Pas du tout...

Silwenne répondait à Ananké qui venait de la réveiller par quelques douces caresses intimes et de lui demander si elle avait déjà goûté à son délicieux vin. Se frottant les yeux d'une main en se redressant sur un coude, Silwenne saisit le verre le plus proche, celui posé devant elle. Il lui sembla que la pierre de son bracelet perdait une faible lueur mais elle pensa qu'il s'agissait d'un reflet des bougies ou qu'elle n'était pas bien réveillée. Haussant mentalement les épaules elle afficha un sourire à Ananké tout en levant sa coupe.

- Mais je suis prête à tout essayer pour vous satisfaire, Maîtresse..
- Alors trinquons.. -faisant tinter l'argent- Aux plaisirs..

Ananké bue son vin d'une traite tandis que Silwenne le goûtait doucement pour en apprécier la saveur. Celui-ci n'avait rien de commun avec le breuvage raffiné des Elfes, laissant un drôle de goût acre sur la langue. Lançant sa coupe vide derrière elle, Ananké se dévêtit, ôtant le peu de vêtements qui la couvaient, et fit signe à Silwenne d'approcher en remuant un index griffu, un sourire que la jeune femme connaissait bien aux lèvres. La captive s'exécuta en avançant sur les genoux en traitant la chaîne de son collier. Quand elle fut devant elle, Ananké lui prit la coupe d'une main et se pencha en arrière pour saisir la laisse de l'autre main, entre ses jambes. Elle tira fermement sur la chaîne pour amener, devant son sexe, le visage de Silwenne qui ouvrait déjà la bouche par automatisme:

- Ce n'est pas dans une coupe d'argent que l'on déguste un bon élixir...

Et elle vida lentement le contenu du verre entre ses seins, creusant le ventre, formant ainsi un ruisseau carmin que la jeune femme lapait au confluent de deux sources avec une délectation non feinte. Ananké laissa tomber la coupe pour saisir la chevelure de Silwenne à pleine main, pressant son visage contre son intimité brûlante, alors que la tête commençait à lui tourner. Elle commença par tituber avant de s'écrouler en arrière en lâchant ses prises. La jeune femme se redressa en levant un sourcil, perplexe. Etait-ce un nouveau jeu? Elle s'approcha à quatre pattes au-dessus de la femme, continuant de jouer le jeu en remontant sa langue suivant le chemin du vin. Ananké ronflait.. Pour qu'elle préféra dormir aussi subitement au lieu de poursuivre leur étreinte il n'y avait qu'une explication possible.. Le vin.. Et sa tête commençait aussi à tourner.. Silwenne se redressa trop vite et s'écroula à son tour, les yeux grands ouverts, cherchant une solution. Elle se mordit vigoureusement la langue, lui redonnant assez de lucidité pour penser que c'était le moment ou jamais de s'enfuire. Elle se releva doucement et attendit que le monde cesse de tourner. Il ne lui fallut pas attendre longtemps, profitant de ce court moment pour réfléchir. Il lui fallait avant tout trouver des vêtements pour passer inaperçue car nue elle n'irait pas loin..

Silwenne enroula la lourde chaîne à sa taille et enfila les habits d'Ananké: cuissardes, bustier, gants et bien sûr sa capeline de ténèbres, imprégnée de son odeur. Elle trouva la clef de la porte de la grande salle posée sur la table de la chambre. Elle s'en saisit et vit un objet familier du coin de l'oeil: le coffret.. Elle le prit sous le bras en se disant qu'avec un tel déguisement personne n'oserai l'arrêter. Silwenne allait quitter la chambre quand elle entendit Ananké remuer dans son sommeil, et eut comme un remord, chienne bien dressée qu'elle était devenue... Elle s'avança à pas de velours et se pencha au-dessus de la femme endormie, hésitante un instant en admirant sa beauté parfaite, se disant en son fort intérieur:

- Qu'est-ce que tu fais Sil..? Tu n'as pas le te..

Mais déjà elle scellait leurs lèvres en un doux et long baiser. Elle se redressa à quelques millimètres, leurs lèvres s'effleurant, inspira l'effluve musqué qui émanait d'Ananké et murmura :

- Fin de partie.. Echec et mat..

Puis elle se releva et se dirigea vers la porte sans se retourner, rabaissant la capuche sur son visage, comme elle l'avait vue faire si souvent, avant d'ouvrir la porte des appartements de la femme qui n'en était pas une. Elle passa devant l'homme pantin qui ne bougea pas d'un cil, comme à son habitude en l'absence du marionnettiste, pour aller droit sur la seconde porte bardée de fer. Elle enfonça la clef dans la serrure, la fit tourner dans un déclic, et l'ouvrit avant de sortir en la refermant derrière elle. Son coeur battait à tout rompre alors qu'elle faisait volte face. Elle était terrorisée à l'idée de quitter ce lieu et d'affronter l'inconnu, de la colère d'Ananké si elle se faisait prendre. Par chance l'endroit paraissait désert mais elle savait qu'il ne lui fallait pas s'attarder et ainsi de risquer d'attirer l'attention si elle n'avait pas une attitude que les brigands trouveraient normale. Aussi prit-elle une démarche rapide, s'efforçant d'avoir l'air de savoir ou elle allait.

Elle montait tous les escaliers qu'elle croisait espérant arriver enfin à la surface, essayant de se remémorer, tant bien que mal, un vague trajet en tonneau roulant. Silwenne arriva à un croisement sombre et désert de tout signe de vie. Elle hésitait.. Droite, centre ou gauche? Machinalement elle plaça l'index de sa main droite sur sa bouche en réfléchissant, quand son regard fut attiré par l'étrange lueur provenant de la pierre de son bracelet. Elle remonta sa manche, intriguée, et recula pour regarder à la lumière d'une torche. Mais la lueur s'estompa aussitôt. Fronçant les sourcils elle avança et la lueur réapparut...

- Qu'est-ce que...

Des bruits de pas se firent entendre provenant de derrière elle, il fallait choisir vite. Elle décida d'aller dans la direction vers laquelle la pierre brillait alors qu'elle faiblissait déjà. Rabaissant sa manche elle reprit sa route dans le dédale de couloirs souterrains. Les rares personnes qu'elle croisait la saluaient avec peur et respect, elle sourit: le déguisement fonctionnait. Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'elle arriva enfin à l'air libre, sous une lune pâle. Silwenne passa devant les deux gardes de l'entrée dont un la salua:

- Bonsoir Maîtresse, belle soirée pour une ballade.

Silwenne s'arrêta net avant de se tourner lentement vers celui qui avait eu l'audace de lui adresser la parole. L'homme déglutit avec peine et se jeta à ses pieds en implorant son pardon. Il fallait réagir vite sinon elle serait certainement découverte, si proche du but.. Ses yeux se posèrent sur un objet qu'elle reconnut immédiatement: sa dague, rangée à la ceinture de l'homme. Elle fit alors la première chose qui lui vint à l'esprit. La jeune femme lui asséna un coup de cuissarde dans la mâchoire et reprit sa dague, l'homme assommé.

- Je t'accorde mon pardon..

Elle se retourna vivement vers le second en lui plaçant la pointe de la lame sous la gorge. Le deuxième garde retint son souffle de peur en fermant les yeux, les paupières crispées, en attendant sa sentence, quand un bruit d'eau fit baisser les yeux de la jeune fuyarde. L'homme terrifié se faisait dessus.. Quand il rouvrit les yeux la silhouette ténébreuse avait disparut dans la nuit. Il tomba à genoux, soulagé d'être en vie, heureux d'avoir été épargné et humilié par la Maîtresse en personne...

Up

Par Shiena le 23/1/2003 à 10:39:14 (#3082182)

Up parceque je veut la suite et que je veut surtout pas que notre douce silwenne croit que personne ne lit ca.
Je trouve ca genial continu :)

Par La Lune sOmbre le 23/1/2003 à 10:44:11 (#3082205)

Oui c'est très beau, Je me suis abstenu d'écrire quoi que ce soit pour ne pas entacher ces beaux récits.
Je pense que Silwenne se débrouille très très bien :)

Très Beaux Ecrits Dame Silwenne :)

...

:lit:

Par Paice le 23/1/2003 à 10:56:38 (#3082311)

Très beau recit dame Silwenne...

Par Soir le Sicaire le 23/1/2003 à 13:20:44 (#3083414)

original, je ne me souviens pas avoir vu un texte de cette nature ici, bravo :)

Flash-Back, suite et... FIN

Par Silwenne le 23/1/2003 à 18:09:20 (#3085759)

Dés qu'elle fut hors de vue du bâtiment elle se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait à travers la forêt, il fallait fuir aussi loin que possible avant qu'Ananké ne se réveille et donne l'alerte. Fuir et se cacher, la seule chance qu'il lui restait résidait dans son endurance et sa volonté de vivre. Elle se réfugia à bout de souffle dans une cabane, au fond du jardin d'un corps de ferme, dont la porte était ouverte. La chance était encore de son coté. Silwenne pénétra à l'intérieur aussi silencieusement qu'un chat et chercha un endroit ou passer la nuit. Elle sourit en découvrant une grosse barrique sous une vieille bâche poussiéreuse derrière des sacs de grains. Se glissant dans sa cachette elle se dit que le destin était bien ironique et elle rabattit la bâche sur l'ouverture. Le sommeil ne vint qu'après un long moment passé à épié les bruits nocturnes, n'osant bouger de peur de faire du bruit avec sa chaîne, gênée par ses vêtements, tellement habituée à vivre nue depuis si longtemps. Curieusement, se retrouver libre l'effrayait, il lui manquait quelque chose, une présence pour la surveiller, veiller sur elle-même si c'était dans la servitude. Retrouver sa liberté, être à nouveau seule maître d'aller et de faire ce qu'elle voulait quand elle le voulait, cela lui paraissait encore insurmontable. Se recroquevillant sur elle-même en s'enroulant dans la capeline, elle porta l'étoffe à son visage pour en humer la fragrance si particulière qui l'imprégnait, un parfum qu'elle identifiait maintenant sans difficulté: l'odeur sulfureuse de cyprine d'Ananké.

Le chant d'un coq la tira de son sommeil auquel elle avait finalement cédé d'épuisement. La nuit avait été courte et elle décida de rester encore cachée là pour ne sortir et voyager que de nuit. La jeune femme retint son souffle alors qu'elle entendit la porte de la remise s'ouvrir. Elle tremblait de peur d'être découverte quand le bruit se rapprocha d'elle, et dût lutter contre son envie de bondir pour s'enfuire, mais ce qu'elle entendait n'était autre que celui de quelqu'un portant quelque chose avec peine. La porte se referma et, après un long silence, elle risqua un oeil en soulevant légèrement la toile et s'extirpa de la barrique en repoussant la bâche la recouvrant. Silwenne s'approcha de la porte et jeta un regard au dehors pour voir les occupants de la ferme s'affairer autour d'une charrue avant de partir aux champs pour les labours. Se retournant après avoir refermer la porte, elle s'aperçut qu'il manquait des sacs et sourit de soulagement en comprenant. Son regarde fit un inventaire mental des objets entassés dans la remise, à la recherche de quelque chose qui lui serait utile. Silwenne découvrit ainsi un tonnelet de graisse à rouages, visqueuse à souhait, de longs manches de fourche cassés tout tordus et noueux, des outils et d'autres menus objets de la sorte. Durant plus d'une heure elle s'acharna à tenter d'ôter son collier et sa laisse sans se blesser mais, ne voyant rien de ce qu'elle faisait, risquant de se planter le burin dans le cou, elle préféra abandonner. Elle remplit une des rares fioles intactes avec la mixture glissante et la glissa dans une des nombreuses poches intérieures de la capeline, choisit un manche pas trop abîmé et le posa à part avant de s'asseoir aussi confortablement que possible sur les sacs de grains en attendant la tombée de la nuit.

Quand elle jugea le moment opportun elle se glissa hors de sa cachette et se faufila jusqu'à la maison, tiraillée par la faim. Sa silhouette sombre contourna la masure derrière laquelle se trouvait le verger ainsi que du linge étendu là pour sécher. Elle prit des vêtements au hasard et y jeta quelques fruits en formant un baluchon qu'elle attacha au bout de son bâton, tenant le coffret de l'autre bras. Silwenne s'apprêtait à partir quand elle entendit une voix crier derrière elle :

- Bah.. Clé vin diou! Qui qu'c'est t'y donc qu'est là?!

Elle détala comme un enfant prit sur le vif d'une vilaine bêtise, craignant d'être grondé en criant, alors que le fermier jurait tout ce qu'il savait:

- Bénis soient les paysants! La faim justifie les moyens!

Silwenne ne ralentit qu'une fois certaine de n'être pas suivie. Elle marcha tout en dévorant les fruits qu'elle avait volés, sans éprouver la moindre honte quant à son larcin, cheminant par des sentiers, préférant éviter les routes. La jeune femme fit halte près d'un bosquet et prit le temps de revêtir ce qu'elle avait attrapé sur le fil à linge, une poire entre les dents. Elle retira ses cuissardes et enfila une sorte de collant de laine noire trop petit, décidément, qu'elle déchira en tirant dessus. Un soupir s'échappa de ses lèvres mais le plus important était d'avoir moins froid aux jambes et, accessoirement, de protéger son sexe que le frottement avec le bustier, déroulé en un body, avait rendu sensible.

Elle était entrain de renouer les lacets des cuissardes quand sa longue natte triple glissa sur le coté de son visage. Aussitôt lui revinrent des souvenirs d'Ananké la saisissant par cette seconde laisse naturelle, pour mieux l'entendre crier, alors qu'elle lui faisait subir quelques humiliations et jeux sexuels. Les larmes vinrent brouiller sa vue et elle saisit sa dague et sa natte pour la couper rageusement avant de la jeter à terre avec un air de dégoût. Elle regardait la tresse gisant au sol, une partie d'elle-même qui faisait autrefois sa fierté de ne les avoir jamais coupés, et cria un mot de pouvoir qui sonnait comme une injure. La natte s'enflamma dégageant une fumée puante. Silwenne reprit sa route en replaçant la dague dans un logement dorsal, s'aidant de son bâton noueux pour marcher, sans un regard pour le petit brasier qu'elle laissait derrière elle.

Le soleil pointait à l'horizon quand elle arriva en bordure d'un village, dépassant quelques maisons éparses d'artisans menuisiers, tanneurs et forgerons. Forgerons? Elle fit demi-tour et frappa à la porte dune maison. La voix bougonnante du propriétaire des lieux se rapprocha et bientôt la porte s'ouvrit sur un visage bourru et ensommeillé. Silwenne retira sa capuche, afficha son plus beau sourire et mit du miel dans sa voix.

- Pardonnez-moi de vous déranger à une heure aussi matinale mais.. J'aurai besoin de vos talents, Maître forgeron.
- Hein? Ca peut pas attendre? -Se grattant la tête- Revenez plus tard! -Claquant la porte-
- Messire! -Tambourinant- Je vous en prie, j'ai vraiment besoin de vous maintenant, ça ne peut pas attendre!

La porte se rouvrit après quelques secondes durant lesquelles elle entendit le forgeront se faire sermonner par sa femme qui lui tenait à peu près le discourt suivant : «N'ouvres pas Roger, j'ai pas confiance, tu as vu comme elle est habillée... », ce à quoi avait répondu Roger: «Raaah! Tais-toi Simone... Tu m'enquiquines à la fin!». Et la porte se rouvrit sur Roger, Simone restant en retrait en serrant sa robe de chambre.

- Entrez.. J'espère que c'est vraiment important...

Silwenne pénétra dans la demeure ou régnait une douce chaleur et une odeur de cuisine lui mettant l'eau à la bouche. Elle s'inclina avec un large sourire gêné devant la femme qui disparut dans la cuisine en levant le nez d'un air de dédain.

- Bonjour Madame.. Désolée du déran.. Au revoir Madame..
- La forge est par ici. -Indiquant une direction la main ouverte en guise d'invitation-

La chaleur de la forge était délicieuse au corps engourdi de la jeune femme qui s'approcha du fourneau encore rougeoyant, frottant ses mains au-dessus. Le forgeron enfila son tablier de travail et disposa marteau et pinces.

- Alors.. Qu'est-ce qu'y a de si urgent qui peut pas attendre?

Pour toute réponse Silwenne ôta sa capeline, dévoilant le collier et la lourde chaîne qu'elle déroula de sa taille. Le forgeron resta un instant la bouche ouverte bêtement avant d'ajouter :

- Ah oui, quand même...
- N'est-ce pas...
- J'imagine que vous vous êtes pas fait ça toute seule... -examinant la fermeture du collier-
- On ne peut rien vous cacher dites donc?
- Oui.. Bon.. Mettons que j'ai rien dit.. Posez vot' cou sur l'enclume, j'vais vous arranger ça.
- Vous savez.. -S'exécutant- Je n'ai rien pour vous payer..
- Bah.. J'aurai qu'à garder tout ça, c'est plein d'fer. Mais dites rien à Simone.. -En souriant dans un chuchotement-
- Promis.. -Rendant le sourire en chuchotant de même-

Les mains expertes du forgeron libérèrent Silwenne de la laisse qu'elle portait depuis si longtemps que son cou en portait une marque qui ne s'effacerait certainement jamais. Finalement la maîtresse de maison se radoucit après que Roger lui ait vaguement expliqué qu'ils avaient accueilli une pauvre femme en détresse, lui montrant le collier. Elle devint tout de suite plus gentille, presque collante à en être gênant. La jeune femme profita du repas offert et repartit de la maison avec une petite bourse offerte, après des adieux et remerciements qui n'en finissaient pas.

Elle dormit entre deux rochers dont la profonde crevasse lui offrit un abri sûr pour la journée. A la nuit tombée elle reprit son chemin en laissant le coffret caché bien au fond de la fissure rocheuse, sous un tas de pierres et de branchages. Elle marcha longuement sur un chemin boueux, vêtue de sa capeline noire à la capuche masquant les traits de son visage, serrant son vieux bâton de marche au bois noueux dans sa main droite gantée de cuire et elle arriva dans un petit bourg alors que le soleil déclinant la poussait à se trouver logis...

FIN ?

Et voici la fin de cette histoire, la boucle étant bouclée, retraçant le background et l'arrivée de Silwenne. J'espère que vous aurez éprouvé autant de plaisir à lire ce texte que j'en ai eu à l'écrire :)

Par Soir le Sicaire le 23/1/2003 à 21:42:08 (#3087517)

Pour un BG, c'est un BG :) ! Bravo :merci: ! Ecrit avec talent, et une thème très adulte rare dans ces forums, une sensibilité certaine. Bon, ecris une autre histoire, maintenant :) !

Par gnark le 23/1/2003 à 21:44:57 (#3087531)

:lit:

( excellent )

Par Shiena le 24/1/2003 à 8:28:02 (#3089410)

J'adore et.. Est ce qu'on peut en avoir encore svp ? :)

Par Sir Orlanth le 24/1/2003 à 9:57:34 (#3089720)



Elle fera sûrement une excellente amie au bouseux de Sorcier, le plus "Gland des Solciers" comme il le dit lui même ^^, j'ai nommé Zzabur Laterre :)

Par Angus|GN le 24/1/2003 à 10:23:26 (#3089850)

:lit: :merci:

Par La Lune sOmbre le 24/1/2003 à 11:21:39 (#3090146)

lol Oui, une autre serai pas du tout de refus !
Si le coeur t'en dis Silwenne, que tes doigts voguent sur le clavier tels des étoiles filantes s'éclipsant au loin dans la nuit
aussi longtemps et fréquemment qu'ils le pourront ;)

/bow Silwenne :lit:

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