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Nathanaël ou le centre de la Terre .

Par Rainn le 5/1/2003 Ă  15:03:53 (#2949601)

« Sévèrement à la masse , aujourd’hui , moi … »
Des volutes de fumée s’échappaient des lèvres de Nathanaël alors qu’il prononçait ses mots .

Un peu amusé par cette phrase , il poussa un gloussement à la limite entre l’ironie et la plainte.

Sa cigarette se balançait à ses lèvres , lui donnant un air bourru de vieux marin et son bout incandescent éclairait à grand peine l’obscurité qui régnait dehors , dans le jardin si paisible à cette heure de la nuit .


« C’est étrange .. dit-il en balayant le décor d’un regard incertain , je me sens si bien dans ce froid . C’est fou . Quand je pense que les hommes courent après le soleil , les plages de sable fin , les cocotiers , le bronzage parfait et ce genre de choses .. Pouah .. »


Un Ă©trange malaise . Le sentiment de perdre le contrĂ´le de la situation .


Rentre .. Tu n’as rien à faire ici , tu fais quoi à part de marginaliser ? On a pas idée de sortir en T-shirt en pleine nuit dans son propre jardin ! En plus tu es ridicule , si le voisin t’aperçoit , il te prendre pour un cambrioleur et tu vas finir ta nuit au poste de police pour un petit caprice d’enfant gâté !
… Et éteint moi cette cigarette , par pitié !


« Euh .. j’me sens un peu ridicule » . Il fixa la lueur magique de son petit bout-de-cancer . « Hum .. Je ne fume pas , c’est vrai . »


La voix qui parlait en lui , il l’avait d’abord identifiée comme celle de son père . La figure autoritaire par excellence . Celle qui s’emploie , sous prétexte d’un devoir de géniteur , à montrer ce qui doit être fait , ce qui est bien et bon , et ce qui est pour « Les Autres » , ce qui est indigne , bas , mauvais , Pouah . Celui qui réfrène les désirs et organise la vie , celui qui nous apprend comment creuser notre tombe de la meilleure manière que tout ce que l’on demande , c’est de pouvoir regarder le ciel tranquille ! Ils se mêlent d’abord de la prime éducation , maladroits et fiers , bouffis de fierté virile et puérile plus encore . « C’est Mon fils ! » « Vous verrez , plus tard , j’en ferai un ingénieur ! un astronaute ! un astro-psycho-sciento-quelque-chose ! » N’importe quoi tant que le métier possède un bon suffixe , un préfixe convenable et des retombées conséquentes , à la fin de chaque mois .

Il s’égare , là , dans ses réflexions .

Surtout qu’en réalité , c’n’était pas un vague souvenir de remontrances non digérées , de frustrations quelconques et encore moins d’un complexe d’Œdipe non résolu (Il avait beaucoup lu , sur la psychanalyse , oui ma bonne dame , de tout . Freud , Lacan , Jung … puis il s’était désintéressé de cette science , voyant qu’au fond , une fois de plus , ça n’tournait plus vraiment rond dans notre planète désabusée . Des disputes entres savants « hommes d’esprits » hautains ou vénaux défendant mesquinement leur petite parcelle de renommée .. à celui qui débusquera , ou créera (quelle importance ?) le complexe le plus scabreux .)
Donc , bref , ce n’était pas ce genre de choses , simplement la voix de la raison , sa propre voix . Une partie de lui , et de lui seul , qui lui intimait l’ordre d’arrêter ses gamineries et de rentrer tout de suite chercher les réponses à ses questions existentielles sous sa couette .

« Niiii … »
Petit cri de dépit .


C’pas de la faiblesse , de rentrer au bercail , hombre , c’est pas tout ce que tu peux imaginer , et condamner , avec tes grands mots « Renoncer à ses idéaux » , « S’implanter , perdre le sens du mouvement , le Nord et le Sud pour s’intégrer au troupeau » ou encore d’autres phrases qui contribuent à te rendre ridicule . Ce n’est en rien renoncer , c’est être logique . Tu n’es pas logique ! Tu veux savoir ? Tu es parfaitement idiot avec tes idéaux en plastique . Un enfant qui ne veut pas grandir et qui s’obstine , borné , à parler de ce qu’il ne connaît pas . Bientôt , tu retiendras ta respiration jusqu’à ce que quelqu’un vienne te dire que te caresser dans le sens du poil . C’est ça , l’orgueil d’un rêveur ?


Maisspavrai !

VoilĂ  que sa propre conscience se met Ă  le trahir .
Dans ses réflexions internes , il n’avait pas remarqué que la nicotine avait salement amoché son équilibre et son sens de la réalité .


Le froid . Voilà . Il croit me faire peur . Le monde . Ce satané monde , il croit me contrôler , me dicter ce que je dois ressentir , ce que je dois suivre . Je n’entrerai pas dans la danse , j’ai plus d’orgueil que ça et que cette colonie de cloportes insignifiants , bêlant leur admiration et leur mépris au gré des vents et des modes !


Pris entre deux feux , entre deux tirs croisés . Sale situation pour un adolescent . Pour n’importe qui d’autre aussi , d’ailleurs .


« La soirée commence bien ! » lança-t-il aux étoiles d’un air trouble .
Il attendait une réponse ... Mais visiblement , il y avait déjà suffisamment de remue-ménage , là-haut , pour que quelqu'un ne vienne s'occuper de son cas .

A présent , les deux voix s’affrontaient dans son esprit , dans un déluge d’insultes , de remontrances et de décharges . Toutes deux le sommaient de faire quelque chose , de réagir , mais dans deux directions opposées . Et la véhémence de l’une n’était pas destinée à l’autre , mais bien à lui même , le petit enfant d’une vingtaine d’années , aux prises avec deux conceptions infantiles de la vie . Pas facile de se battre contre des idéaux .

Pendant ce temps-là , en bon arbitre , il fumait de plus en plus nerveusement . Inspirait en tremblant et rejetait des bouffées de fumée en levant la tête vers le ciel . Noir et insipide .

Sigh Â…


Continues ..
Tu n’as peur de rien , et sûrement pas de toi même .
Tu n’es peut-être qu’un grain de poussière sur cette Terre , dans la société , mais tu es tout de même le centre de Ton Univers . Celui de ta vie , celui de tes désirs , de ce qui se passe en toi , tu en es le maître absolu , tu es le nombril de ce monde , le centre , la moelle épinière . Oui .. écoute-moi .. Rien ne peut te faire peur ni t’inquiéter , tu es plus fort encore que l’adversité , puisqu’ici , tu es Dieu !


« Mon Di… »

Heureusement , il s’était interrompu à temps .. A cause de cette pensée si étrange qui lui était venue à l'esprit , et aussi parce que ... il était déjà suffisamment perdu dans un univers qui était en train d'éclore petit à petit dans sa tête , peuplé de voix pénétrantes et hautaines , pour faire appel à des forces encore plus lointaines et incertaines .


Attention , Phrase Inutile .
3 , 2 , 1 ...

« Ce n’est rien après tout , pensa-t-il légèrement résigné, qu’une nuit un peu agitée .. Ca ira , tout reviendra dans l’ordre , alors autant essayer de passer la nuit la moins agitée possible »

Dans le mille .

En réalité , il n’en croyait pas un mot . Voilà quelques mois déjà qu’il ne dormait plus ou trop peu , que ses pensées même les plus conscientes étaient hantées par des images de mort , de violences , de sang … Pourquoi ? Il n’en savait rien , mais la seule certitude qu’il avait , c’était celle d’avoir peur . Au moins , ainsi , il savait qu’il était humain et qu’il avait peur de lui-même , ce qui est le propre de tout être humain , n’est-ce pas ?
Et au-delà de ses troubles du sommeil , beaucoup de choses échappaient à son contrôle en ce moment . Souvent , il se levait , désirant manifestement faire quelque chose , faisait quelques pas , se retrouvait dans le couloir puis , pris d’un doute affligeant , se rendait compte qu’il ne se rappelait plus ce qu’il avait entrepris de faire .
Ou encore , la vue d’une fenêtre lui inspirait sporadiquement des réflexions mi-déjantées/mi-glauques , dans la lignée de « Et si je sautais ? Se défenestrer , ça doit être une sorte d’extase ! » « Une fenêtre .. c’est beau .. » « Woa … il ne fait pas très beau . Pas bien . Pas agréable … » et , dans une sorte de recueillement , il restait prostré pendant cinq bonnes minutes avant de secouer vigoureusement la tête et de reprendre des activités plus .. normales .
Et ce genre de petit désagrément répété une dizaine de fois par heure fini par détraquer la plus minutieuse des horloges suisses .

Dans un geste de désespoir , il voulu s’adosser au mur de fond du jardin .

Vlan .


« Réflechis … » Air inquisiteur .


« Tu ne crains rien … » Bestialité .


Vlan . La cigarette était tombée par terre .

Son dos avait heurté la pierre avec une telle violence que sa poitrine entière semblait s’être disloquée . Il toussa , cherchant au plus profond de lui même une longue inspiration , afin de reprendre ses esprits . L’instinct de conservation . Magnifique chose . Magnifique filet tendu au dessous de nos bêtises d’équilibristes .

Cette perspective de la vie comme un cirque lui arracha un rire désordonné , mais le choc avait été trop brutal , et une violente douleur lui empêcha tout mouvement . Il put seulement se permettre de se traîner , clopin-clopant , traînant ses deux jambes sur l’herbe froide et légèrement baignée de rosée , vers son balcon , son escalier puis sa chambre .

Une partie de lui-mĂŞme exultait .
Mais cet épisode surnaturel l’avait mortifié .

Â…


« Et toi , tu feras quoi , plus tard , Nathou ? »


La voix chaude et envoûtante de Catherine . Même s’il détestait qu’on l’appelle Nathou , il ne put s’empêcher de sourire , puis , réfléchissant à la question qui lui était posée , il déclara d’une voix mi-théâtrale/mi-craintive :


« Déjà , pour commencer , Nathou il t’emmerde , et puis euh … Journaliste , j’avais pensé . Ou bien instit . Quoique je me serais quand bien même vu musicien et … »


Elle l’interrompit avec quelques éclats de son rire cristallin , visiblement , Nathanaël avait marché sur un bout de verre . Elle était si belle , si simplement belle lorsqu’un éclair de joie envahissant son visage fin . On aurait pu voir en elle une princesse de compte de fées . Douce , sensuelle , rêveuse quoique forte . Une artiste dans l’âme , qui plus est . Elle partageait son temps entre les retraites dans sa grotte (sa chambre) et les longues périodes d’extériorisation, d’inspiration , où son côté « ange tranquille » se transformait en « fureur de créer » , et où elle devait absolument irrésistible . Le seul bémol à ce portrait presque trop parfait , ça aurait peut-être été le fait que la Belle portait en guise de parure des colliers de cerbères hérissés de piques et que sa longue robe soyeuse ressemblait quand même étonnement à jean déchiré .
Mais ça ne lui enlevait rien de son charme , en fait ..

Tu dérives , Nathanaël , fais attention , mon enfant , ou ta barque prendra l’eau .


« Tu auras le temps de faire tout ça ? »
demande Catherine d’une voix suave et intéressée . Elle venait de se rendre compte que son petit instant de folie avait déstabilisé le jeune garçon et que ses traits s’étaient soudainement fermés . Elle ne voulait pas déstabiliser ce petit être , avec son air si fragile qu’il en devait presque attendrissant .


« Ben écoute .. j’essayerai d’en faire le maximum ! Je suis humain , après tout .. »


Elle avait du le vexer plus qu’elle ne l’imaginait . On tirerait ça au clair . Etrange et vulnérable petite créature .


« Et toi , Benoît , au fait ? »
Elle avait passé le flambeau à son voisin , et n’écoutait à présent plus sa réponse . Tous ses yeux n’étaient qu’interrogation , et ils étaient rivés sur Nathanaël qui tentait de cacher sa gêne avec la plus grande maladresse du monde .

En réalité , la force de caractère et l’énergie débordante de la jeune peintre lui faisait on ne peut plus peur .
Nathanaël était un garçon triste , soit . Mais pour lui , il existait deux catégories de gens tristes .
Ceux qui le sont profondément , au fond d’eux , et qui terminent leurs vies en déchets de la sociétés , éparpillés sur un trottoir ou nageant dans des flaques d’alcool , à moins qu’ils ne se flinguent avant d’atteindre le fond de la débauche , et ceux qui passent par des mauvais moments , mais qui ont au fond d’eux ce « autre chose » qui fait qu’ils ne sont pas complètement abrutis par leur propres angoisses . Ils vivent , eux .

Cette impression creusait directement un fossé entre lui et le reste du monde .

Ah oui .. j’ai oublié de préciser qu’il se classait d’instinct dans la première catégorie .
Mais était-ce bien nécessaire de le préciser ?

A suivre ...

Par Rainn le 7/1/2003 Ă  20:39:11 (#2967861)

Le balcon , chez Catherine .

« Pfff … »

Nathanaël marche , ou plutôt , erre . Il s’asseoit sur une chaise longue , se relève , titube quelques instants , rassemble ses esprits en passant une main tremblante sur son visage , s’avance vers la baie vitrée , examine avec une minutie affolée ses traits livides , ferme les stores , attend , trépigne , tord ses poignets , se mord les lèvres … En gros , il s’affole . C’est fou comme le sang a la propriété de bouillir vite .

Dans son esprit , pourtant , le silence règne , la calme atmosphère de la réflexion . D’ailleurs , il présumait que la conscience devait contenir deux chambres bien distinctes , séparées par des cloisons impénétrables . L’une devait s’occuper des rapports entre la personne et le monde , entre la personne et les autres , tout ce qui concerne la partie vitale et naturelle de l’existence , et sur la porte de l’autre devait être apposé le sigle « Chambre Métaphysique » .

En effet , dans ce désert silencieux , de vieux sages chenus se rassemblaient en silence autour d’une table , et , sans tenir compte de la Terre qui pouvait bien trembler à l’extérieur , se questionnaient , frisant leurs longues barbes avec des airs malicieux . Ils cherchaient la vérité , ils cherchaient la route vers le bonheur . Et Nathanaël espérait qu’un jour , une petite lettre passerait par l’hypothétiques boîte aux lettres reliant les deux chambres . Sur l’enveloppe serait écrit en fines lettres « Recette du bonheur humain » . Et ce serait pour lui le début d’un époque .

Ainsi même s’il se confinait , par peur d’être déçu dans une attitude négative et fermée , au fond de lui brûlait , ou plutôt survivait une forme d’espoir polymorphe .

Alors à ce titre , parfois , dans les rares moments où la couche de glace se ciselait , il en appellait au soleil , le priant de hâter un peu les cuistots de la félicité ..

Ce soir , il s’était aéré l’esprit , et , comme tous les soirs , il sentait un voile de tristesse tomber lentement sur ses yeux d’ébène . Un voile épais , qui lui faisait voir ses éclats de rire comme de futiles tentatives d’échapper à la réalité . Du coup , les regards pleins de bienveillance de Catherine se chargeaient de poison .


C’est bien … tu es seul .. tu seras toujours seul parce que tu ES de la race de ceux qui vivent seuls ! Et même si tu ne l’étais pas , tu es sauvage , différent , tes idées ne sont pas disciplinés , et tu tentes de t’aveugler en te fondant dans la masse . Relève toi . Ce n’est pas une honte de pousser se relever ! Et tu n’as que faire de la honte . Les liens de ta belle conduite toujours aimable te blessent plus encore que tes propres douleurs ! Rien ne pourra te barrer la route ! Rien n’est important , et pas même toi !


Lentement , son sang s’échauffe . Une scène mille fois répétée . Ses pupilles félines vibrent et de sa tête lourde partaient des spasmes presque imperceptibles qui secouaient son corps entier . Seul il savait . Et attendait . Une interminable attente . Encore une fois l’univers entier allait s’effondrer , en cinq minutes chrono . Tout restera à reconstruire . Avant que les murs ne s’affaissent une fois de plus .


Oui .. tiens bon . Ce serait tellement ridicule . Tout ce que tu as fait .. la situation t’es tout de même plus souriante qu’elle ne l’était il y a quelques mois .. Ecoute . Ecoute-moi .. Je te traître comme mon fils , mon frère , mon égal . La vie est ainsi faîte . Mais par tes colères tu creuses le fossé qui t’écarte du monde .


Jugemtents ... me juger , ridicule , givré ... Ses doigts tremblent , seul mouvement apparent à la surface de son corps : un sordide grincement de dents .

Puis le dernier argument , dernière chance :


Tu nÂ’as pas le droit ! Pense Ă  tous ceux qui sont plus tristes que toi et qui nÂ’ont pas eu ta chance dans la vie ?!


Trop tard , les yeux rétrospectifs de la conscience , ces deux mirettes inquisitrices qui passent au crible de toutes sortes de critères ses moindres gestes , paroles , pensées , idées ou encore pulsions , étaient braqués sur lui . Il n’était plus que la bête apeurée qui gémit dans un coin , et qui n’demande qu’une chose : qu’on lui donne la permission de pleurer .

Mauvaise pioche Â…

Ainsi tendu à l’extrême , dans ce décor d’ombres , adouci in-extremis par les lueurs flottantes d’une demi-lune qui s’étirait paresseusement dans la beauté d’un ciel nocturne et moucheté , il semblait irréel . Irréel petite péninsule de sang dans un monde de glaise . Quelques mèches de ses cheveux d’un noir franc , qui étaient tirés en arrière avant de resserrer dans un nœud qui explosait ensuite , à l’arrière de sa tête , en explosion capillaire , balayaient régulièrement son visage à présent si abrupte .

Les regards de sa conscience le tranchaient à vif , et chaque mouvement était une lésion de plus .

Un simple souffle aurait suffit à le déstabiliser et à lui faire perdre la légère dose de sang froid qui courait toujours dans ses veines , acculée par l’adrénaline , mais ce fut un grand courant d’air qui le fit sortir de son apathie exacerbée , et c’est d’une manière bien peu glorieuse que , dans sa surprise , il s’emmêla les pinceaux et finit le nez contre le sol .


« Eh bien , mon petit animal nocturne aurait-il quelques problèmes d’équilibre ? »


Attention Nathanaël , mon grand , tu rougis comme une écrevisse au soleil .


« Catherine ? Tu n’es pas à l’intérieur ? » .



Dieu merci ... elle est venue me voir ... Depuis le temps que jÂ’attendais Â…Hmm Â…Well Â… Mmh Â… JÂ’ai chaud Â…



Attention Â… Je tÂ’en prie Â…


Nathanaël jeta un soupir , il embrassait le murmure du vent , à défaut de mieux .
Ses cheveux volettent .

Catherine , quel étrange animal cette fille .. elle rôdait près de lui comme un tigre furète autour de sa proie . Elle le sent , elle le jauge , elle se déplace à pas feutrés , ses jambes s’élançaient avec grâce , et dans le silence , elle accomplissait un miracle . Les étoiles qui flottaient dans les yeux du jeune garçon .

Pourtant , on était loin d’une scène de roman à l’eau de rose .

Nathanaël flambait .

Il savait que la vie des êtres humains sont régies en souterrain par des pulsions , mais jamais chez lui , elles prenaient ouvertement la parole . Il sentait le désir ravager sa stabilité morale précaire .

Elle . Elle s’amusait , elle voulait comprendre . Elle était de ceux qui ne tombent pas amoureux , qui ne s’attachent pas , une danse , un rire , un baiser , et la rosée pour la consoler à la pointe de ses nuits d’ivresse . Elle touchait à quelque chose d’inconnu , elle aimait bien ce petit être fragile , mais jamais elle ne voudrait s’y attacher . C’est si morose . Au fond d’elle évidemment , ça lui faisait peur . Elle le savait également , elle n’était pas dupe . Au fil du temps , son propre cœur , les mécanismes enfouis de son esprit lui étaient apparus dans toute leur clarté .

Alors cette énergie si puissante , celle des désirs , elle la sublimait . Dans ses mains fines , la chair pressée devenait lumière .

Elle rĂŞvait .

Décorait sa mélancolie des plus exquises étoiles , drapait son ennui dans des attitudes flamboyantes , choquait son entourage et se riait des airs décomposés des personnes estomaquées qui la rencontraient pour la première fois . Occasionnellement , aussi , elle était triste . De la tristesse de ceux qui ne rêvent plus . Ses songes étaient projetés sur l’écran de ses pensées , et la projectionniste se lassait de ce canular constant . En gros , elle rêvait d’être suffisamment innocente pour rêver .
Un mensonge qui tient la route .

Leurs deux regards ne quittaient pas le seuil de leurs rétines respectives . Ils s’arrêtaient sur l’écran de la tristesse contenue .

Nathanaël s’évaporait . Le désir , la colère , la censure . Catherine se laissait doucement prendre dans ses filets , à sa guise , prête n’importe quand à interrompre la manœuvre , à la moindre trace d’ennui . Il s’avança .


Approches-toi dÂ’elle Â…Tu nÂ’as pas peur Â…


Nathou se cherchait des excuses .


N’aies pas peur , ce n’est rien , tu commences à la connaître .. prends lui la main , et puis …


La culpabilité le rongeait quant à ses propres pensées . A cet instant et à cause de lui seul , il agonisait sous les tisons de la conscience .


Â…



« Je veux juste apprendre à la connaître … , pensa-t-il , je me mens , je le sais .. mais je ne veux pas .. je ne suis pas mauvais , pas méchant , mais j’ai besoin , j’ai besoin de sentir cette chaleur . Ce .. ce n’est même pas de la tendresse . Ou si elle l’est , c’est cet amour si égoïste , concupiscent qui m’a toujours suivi . Si je l’aime .. ça sera pour moi , comme toujours .. »

Ses doigts étaient gelés , et , au contact du cou de Catherine, celle-ci sursauta . Elle le regarda avec amusement : « Tu aurais eu quelques années de plus , on aurait pu s’entendre , toi et moi … » . Il ne l’écouta pas , et , les yeux baissés , caressa une peau satinée avec la plus grande confusion , mêlée d’une tendresse maladroite .

Elle saisit sa main avec douceur , ouvrit la baie vitrée dans un souffle et l’entraîna dehors avec précipitation .

Dans un effort de lucidité , Nathanaël pensa :

« Eh merde … »

Par Glaenwenn le 7/1/2003 Ă  21:40:05 (#2968309)

Très Joli :lit:
J'adore ton style d'écriture, c'est très sympa à lire

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