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Une pièce...Trace d'Humanité ?

Par Saphir - ien le 1/1/2003 Ă  11:30:34 (#2920984)

L'Humanité a disparu, mais toute trace de son passage n'est il plus que cendres et poussières? ... Certains pensent que oui, certains pensent que non.. et pourtant quelque part dans des décombres enfuit on se sait où, il reste un tas de parchemins enroulés, encrassés... probablement un livre..non ce n'est qu'en réalité un simple projet de pièce de la Plume d'Or, cette petite troupe de comédiens qui ne vit guère le jour longtemps... Presque personne n'a pu la lire, mais finalement vu le résultat, cela a t il changé le coeur des Hommes ?...

Une scène vide. Larchiviste entre, portant un grand livre et un stylo. Il regarde à lentour.

Archiviste : Comme cest étrange. Je suis sûr quil y avait quelquun ici. Il y a seulement une minute. Il y a encore un vague écho. Jai pu me tromper, cependant. Ils vont et viennentMon travail, cest dattendre et de regarder. [il se met à laise.] Il se peut que je doive attendre un peumais je ny peux rien. Le temps passe [pause] Ecoutez !Des pas viennent de cette direction, et dautres, de celle-là. Quelque chose va se passer. Il faut que je prenne des notes.
[les A et les B entrent, chacun par un côté. Ils sarrêtent, lair fatigué.]
Le groupe A vient de lEst, le groupe B vient de lOuest.
Epuisé par la route, ils vint faire la sieste. [Il reste pensif sur sa dernière remarque.]
Un vers dans un rapport officiel ? [il barre ses derniers mots.]
Dabord ils sont trop épuisés pour parler. Cest mieux. Petit à petit. Ils regardent autour deux, dabord dun air critique, ensuite avec une admiration et une satisfaction grandissante.
Mais, trop pris par leurs propres soucis pour remarquer lautre groupe.
A1 :Ici ?
B1 :Pour rester.
A2 :Pour y ĂŞtre chez soi.
B2 :Pour toujours, Ă  jamais.
A1 :Cest notre endroit.
B1 :Le nĂ´tre.
A2 :Le nĂ´tre.
B2 :Nous avons mis assez de temps pour le trouver.
A3 :La route fut longue.
B3 :Ca valait la peine de parcourir tous ces kilomètres.
B1 :Regarde ça !
A2 :HĂ©, regarde !
B2 :Regarde ici. [Ils montrent du doigt ce quil leur plaît]
ARCHIVISTE :Bien sûr, il aurait pu commenter les avantages naturels de cet endroit tels que le temps moyen densoleillement, les faibles précipitations, la structure géologique, la fertilité du sol, les riches pâturages. Ils trouveront les mots en temps voulu. Mais bientôt, ils saperçoivent les uns, les autres.
[Après avoir montré les avantages, les 2 groupes se montrent du doigt les uns, les autres.]
A1 :Regarde.
B1 :Regarde.
A2 :Regarde !
B2 :Regarde ! ! [Les groupes bavardent avec frénésie]
ARCHIVISTE :Le groupe A se rassemble, regardant lair las, le groupe B. Le groupe B se rassemblent regardant lair las, le groupe A. Pas de commentaires, cest le schéma classique. Dun instant à lautre, des ambassadeurs vont se faire face.
[Un ambassadeur A savance vers le groupe B.]
AB :Qui ĂŞtes-vous ? [Un ambassadeur B savance vers le groupe A]
AA :Qui ĂŞtes-vous ?
AB :Nous avons fait une longue route.
AA :Cest nous qui avons fait une longue route.
[Les ambassadeurs retournent vers leur groupe pour une concertation rapide.
Après quelques secondes, ils se font face de nouveau.]
AA :Nous voulons rester ici.
AB :Cest nous qui voulons rester ici.
[Les ambassadeurs retournent vers leur groupe pour une concertation rapide.
Après quelques secondes, ils se font face de nouveau.]
AB :Nous ne vous laisserons pas nous chasser.
AA :Nous ne voulons pas vous chasser.
[Les Amb. etc]
ARCHIVISTE :Un homme, une voix, ça prend du temps mais cest la démocratie. Il nest pas sûr ,finalement, quils prennent la bonne décision. Mais ça aussi cest la démocratie. Ce nest pas que je me plaigne de la démocratie ; ça encourage le sens des responsabilités.
En théorie, en tout cas.
[Les A. se retournent et se font face.]


AA :Ny a-t-il pas assez de place pour nous tous ?
AB :Il y a assez de place pour nous tous.
AA :Vous pourriez avoir ce que vous voyez de lĂ  Ă  lĂ .
AB :Vous pourriez avoir ce que vous voyez de lĂ  Ă  lĂ .
AA :Daccord ?
AB :Daccord !
[Les A et les B crient « daccord ». Les ambassadeurs se serrent la main.]
AA :Et si nous suspendions les négociations ?
AB :Pour consulter la base ?
AA :Daccord.[Regroupement, conférence.]
ARCHIVISTE :Propositions, contre-propositions, résolutions, amendements, ordres du jour, appels à la tribune, motions, votes, divisions, objections, comptage et recompte des voix.
Chacun a son mot à dire.Ca peut devenir ennuyeux mais ça présente un avantage :si quelque chose va mal, tout le monde est a blâmer
AA :Nous en sommes arrivés à une conclusion.
AB :Arriver Ă  une conclusion est une bonne chose. Nous nous sommes mis daccord.
AA :Cest toujours mieux de se mettre daccord.
AB :. Pour que vous preniez cette étendue de terrain avec toutes ces ressources naturelles, laccès aux pâturages, laccès à leau, le droit de chasser, le droit de pécher, la terre cultivable et les richesses minérales
AA : Pour que vous preniez cette Ă©tendue de terrain avec toutes ces ressources naturelles etcetc
AB :Par ailleurs
AA :Par ailleurs ?
AB :Oui, par ailleurs. Dans lintérêt de tous
AA :Y compris dans notre intérêt ?
AB :Y compris dans lintérêt de tout le monde. Il faudrait quune ligne soit tracée.
ARCHIVISTE :[se parlant Ă  lui-mĂŞme.]Une ligne ?






AB :Une ligne. Quune ligne soit tracée pour délimiter ou votre territoire se termine et ou le notre commence.
AA :Ah !Oui !Jétais sur le point dajouter quil faut une ligne pour délimiter ou notre territoire se termine et ou le votre commence.
AB :Les bonnes frontières font les bons voisins.
AA :Les bons voisins font les bonnes frontières.
AB :Et si nous tracions la ligne maintenant ?
AA :Pourquoi pas ?
AB :A la craie ?
AA :Avec une ficelle ?
[AA sort une pelote de ficelle, les 2 groupes se rejoignent pour surveiller le terrain et tirer la ficelle.]
ARCHIVISTE :Je ne sais pas qui ma donné ce travail. Daussi loin que je me souvienne, jai toujours fait ça. Ah, ce nest pas que je me plaigne. Quelquun doit le faire. Les archives doivent être établies. Qui sait. Quelquun en tirera peut-être une leçon, un jour.
[les groupes prennent du recul, admirant leur travail.]
AA :Cest une belle ligne.
AB :Moi, je me le demande.
A1 :Je ne sais pas
AA :Critiquerais-tu cette ligne ?
AB :Peut-ĂŞtre, pourrais-tu mieux faire ?
AA :Nous sommes toute ouĂŻe. Quas-tu contre cette ligne ?
A1 :Les poulets.
A et B : Les poulets ?Quest ce que les poulets viennent faire ici ?Laisse tomber. Il a un poulet au plafond !
A1 :Je my connais en poulet ;vous ne pourrez rien mapprendre sur les poulets. Jai été élevé avec les poulets. Et je vais vous dire : les poulets ne savent pas lire.
AB :Les poulets ne savent pas lire ?
AA :Quel problème cela pose-t-il à notre ligne ?
A1 :Aucun pour votre ligne.
AB :Et les poulets, alors

A1 :Inutile de brandir vos pancartes « attention au taureau ». Inutile de coller vos affiches « Les contrevenants sont poursuivis ! ».Et vous pouvez aussi oublier vos « sens unique », vos « déviations » et vos « voie sans issue ». Les poulets vont ou ils veulent. Inutile de tracer une ligne et de sattendre à ce que les poulets restent de notre côté ou de votre côté.
A et B :Cest vrai. Cest un problème. Je nai jamais vu un poulet lire, ou tenir compte dune ligne.
AB :Mais quelle importance de savoir oĂą vont les poulets ?
A1 :Oh, ben, si ça na pas dimportanceIl ny a rien à ajouter.
AA :Bon. Maintenant, nous pouvons passer Ă 
A2 :Mais, suppose que ce soit des moutons.
B1 :Des moutons ?
A2 :Les moutons ne savent pas lire, eux non plus. Du moins, je nai jamais vu un mouton rire. Vraiment ce sont es animaux incapables.
B1 :Une ligne nempĂŞchera les moutons de passer.
B2 :Surtout sils ne savent pas lire.
A3 :Ni les vaches de vagabonder
B2 :Assez haut pour empĂŞcher les poulets de voler par-dessus.
A3 :Les bons murs font les bons voisins.
B3 :Les bons voisins font les bons murs.
AA :Vous voulez des murs.
AB :On va bâtir des murs ?
A1 :Avant de faire quoi que ce soit dautres.
[AA et BB prennent les deux de la ficelle et la lèvent à 20 cm du sol]
AA :A cette hauteur ?
B1 :Plus haut, pensez aux vaches.
[Ils la lèvent jusqu'à la taille.]
AB :A cette hauteur ?
A2 :Plus haut, pensez aux chevaux.
[Ils la lèvent jusquà lépaule.]
AA :A cette hauteur ?
B2 :Plus haut, pensez aux poulets.
[Ils montent la ficelle aussi haut que possible, sur la pointe des pieds.]

AB :Je pense que ça devrait aller.
B1 :Oui.
AA :Ils vaudrait mieux que ça ailleMaintenant, au travail, vite !
[Ils attachent les extrémités de la ficelle à des poteaux.]
AB :Et bâtissez le mur !
[On bâtit le mur. Beaucoup de gestes, de mouvements.
Pour le mur, on utilise ce que lon veut :pierres, ficelles, tissus
Pendant ce temps, lArchiviste observe et prend des notes.]

ARCHIVISTE :Je ne dirai pas quils ont raison, je ne dirai pas quils ont tort.
Mon travail, cest seulement de consigner les événements. Les événements parlent deux-mêmes. Ils voulaient un mur, ils ont un mur. Personne ne voit de lautre côté, ni à travers, ni autour. Cest un mur.
[Maintenant tous les A dun côté, tous les B de lautre.].
AA :Cest un mur.Ca devrait tenir.
AB :Nous navons pas de leçons à recevoir pour la construction dun mur.
ARCHIVISTE :sauf, pour apprendre comment passer par-dessus, à travers ou à côté.
AA :Etes-vous lĂ  ?
AB :Nous sommes ici. Etes-vous satisfait ?
AA :Tout cest passé comme prévu. Et maintenant ?
AB :Nous nous installons. Et vous ?
AA :Nous nous installons aussi. Cest un bon mur.
AB :Cest un très bon terrain. Nous avons de la chance, nous avons de très bon voisins.
AA :Nous avons de très bons voisins nous aussi. Cest un bon mur.
AB :Les bons murs font les bons voisins
AA :Les bons voisins font les bons murs.
AB :Bon, alors, au revoir. Il y a du travail Ă  faire.
AA :Au revoir. On doit se mettre au travail.
[Ils crient « Au revoir » et chacun ramasse ce qui lui appartient, sen va. Les
« Au revoir » se perdent au loin. ».]



ARCHIVISTE :Il ne reste rien, sauf le mur., Et les poulets de chaque côté du mur, et les moutons, de chaque côté du mur, et les vaches, de chaque côté du mur, et les chevaux, de chaque côté du mur, et les gens, de chaque côté du mur.
[les gens réapparaissent de chaque côté du mur, ils travaillent tous.]
Cest une vie bien remplie. Le grand avantage davoir une vie bien remplie, cest que ça occupe lesprit. Le travail permet de contrôler les pensées. Les pensées sont plus susceptibles de sévader que nimporte quel mouton. Les pensées peuvent senvoler plus haut que nimporte quel poulet. En fait, les murs obligent les pensées à voler encore plus haut. Tant que les pensées sont sous contrôle, le mal nexiste pas. Sauf quand arrive le moment où tous les poulets sont repus, les vaches traites, et les moutons rassemblés dans leur enclos, alors, les pensées sont libres de vagabonder.
[Peu Ă  peu les groupes cessent le travail ; se mettent Ă  laise.]
A1 :Je me demande ce quils font, lĂ -bas.
A2 :LĂ -bas ?
B1 :LĂ -bas, tu crois quils font quoi ?
A2 :Pourquoi ?
A1 :Pourquoi pas ?
A2 :Pourquoi tu te demandes ce quils font lĂ -bas ?
B1 :On ne les voit pas, hein.
A1 :Ils ne nous voient pas, hein.
A1 :Je me posais juste la question.
B1 :Tout le monde peut se poser des questions.
A2 :Juste une idée. Du genre : le printemps et lété viennent avant lautomne et lhiver ou lautomne et lhiver viennent en premier ?
B1 :Quelque chose du genre : est-ce que un ver de terre pense ?
A1:Du genre :que font-ils lĂ -bas ?
A2 :Les trucs de tous les jours, je suppose.
B2 :Ils font des trucs de tous les jours.
A1 :Quest ce que tu veux dire par « des trucs de tous les jours » ?
A2 :Les choses quils font habituellement.
B2 :Les choses que nous faisons habituellement.
B1 :Pas les trucs quils font habituellement.

A2 :Les trucs quils font habituellement.
B1 :Tu as dis « Les choses que nous faisons habituellement ».
A2 :Cest la mĂŞme chose.
B1 :Est-ce que cest la mĂŞme chose ?
A2 :Pourquoi ce ne serait pas la mĂŞme chose ?
B2 :Pourquoi ce serait la mĂŞme chose ?
A1 :Ah !Ah !Ils ne sont pas comme nous.
A2 :ALLEZ ! ! !
B1 :Cest Ă©vident.
A1 :DĂ©cide-toi mĂŞme.
B1 :Mais décide-toi.
A1 :Par exemple, tu nes pas comme moi, nest ce pas ?
A2 :Pas tellement.
B1 :Tu nes pas du tout comme moi.
A2 :Alors ils ne sont pas comme nous.
B2 :Alors, ils ne sont pas comme nous.
A2 :Nous sommes de ce côté du mur.
B2 :Ils sont de lautre côté du mur.
A1 :Tu imagines vivre de lautre côté du mur ?
B1 :Tu imagines vouloir vivre de lautre côté du mur ?
A2 :Alors que tu pourrais vivre ici.
B2 :Imagine ne pas vouloir vivre ici.
A1 :Bizarre ton idée.
B1 :Ils ont des murs bizarres.
A1 :Oui. Ils ont des murs bizarres.
B2 :Tu crois ?
A2 :Bien sûr, et toi aussi, tu as des murs bizarres.
B1 :De toute façon, je les trouve bizarre.
A2 :Mais nous sommes tous un peu bizarres.
B2 :Mais ils sont plus bizarres que nous, lĂ -bas.
B1 :On ne sait pas comment ils vivent, en fait.
A2 :Sils ont des murs que nous connaissons pas, elles doivent ĂŞtre bizarre.

A1 :Encore que, tant quils sont de lautre côté du mur, ça na pas dimportance.
B1 :Ca na pas dimportance, tant quils sont de ce côté-là et de ce côté-ci.
A2 :Je ne suis pas sûr.
A1 :Que veux-tu dire ?
B1 :Je réfléchis. Ils ne font pas de bruit du tout.
B2 :Nous ne faisons pas de bruit du tout.
B1 :Ils ny aucune raison pour que nous fassions du bruit.
A2 :Et eux alors, hein ?
A1 :Et eux alors.
A2 :Quest ce quils ont Ă  ĂŞtre aussi peu bruyants.
B1 :Cest pas naturel.
A1 :Cest inhabituel.
B2 :Ca me dérange.
A2 :Ca me met mal Ă  laise.
B1 :Cest pas normal.
A1 :Cest désagréable.
B2 :Cest sinistre.
A1 :Ce nest pas ce que cela devrait ĂŞtre.
B1 :Cest un truc Ă  vous coller des sueurs froides.
A1 :Cest un truc Ă  vous faire dresser les cheveux sur la tĂŞte.
B2 :Penses-y.
A2 :Jy songe.
B1 :Que peuvent-ils bien faire ?
A2 :Que font-ils derrière ce mur ?
B1 :Par exemple ?
A2 :Imagine.
B1 :Ah !
B2 :Oh !
A1 :Non, il ne le ferait pas.
B2 :Pas ça.
A2 :Ils noseraient pas.


B2 :Ils noseraient pas.
A1 :Pas ça !
A2 :Pas quoi ?
A1 :Pas Ă  ce que tu penses.
B2 :Oh !Vraiment ?
B1 :On ne peut pas compter sur eux.
A1 :Tu exagères.
A2 :Jexagères.
A1 :Tu ne penses pas que quelquun puisses faire ça.
B2 :Nous ne le ferions pas.
B1 :Nous ne sommes pas comme eux.
A2 :Ils ne sont pas nous.
B2 :Ils noseront pas. Pas
B1 :Comme
A2 :Ou mĂŞme
A1 :Pour ne pas dire
A2 :Attendez !
A1 :Attendre quoi ?
A2 :Vous verrez, vous me croirez, alors.
A2 :Attendez de voir ce qui va se passer.
B2 :Je ne le crois pas.
A1 :Oh !
A2 :Vous allez voir.
B1 :Si tu veux mon avis, ils sont mauvais.
B2 :Tant quils sont mauvais de leur côté du mur
A1 :Le mal se propage.
B1 :Le mal sinfiltre.
A2 :Combien de temps vont-ils continuer à être mauvais de leur côté du mur ?
B2 :Cest un mur assez Ă©pais.
A1 :Cest un mur assez haut.
B3 :Laissez les faire ce quils veulent de leur côté du mur.


A3 :Ils ne peuvent pas se mĂŞler de nos affaires.
A1 :Non, hein, ils ne peuvent pas.
B1 :Que peuvent-ils nous faire ?
A2 :Ils se pourraient quen ce moment, ils préparent quelque chose.
B2 :Imagine, mais imagine.
A2 :Ils se pourraient quen ce moment, ils nous espionnent.
B3 :Ne sois pas ridicule.
A3 :Cest absurde.
A1 :Hmmtu crois
B1 :Il vaudrait peut-être mieux vérifier.
A2 :Ca ne ferait pas de mal de jeter un coup dil.
A3 :Tu peux jeter un il, si tu veux.
B3 :Je ne veux pas ĂŞtre ridicule.
A3 :Je vais vous dire ce quils font de lautre côté.
A2 :Quoi ?
B3 :Je sais ce quils font ?
B2 :Dis-nous.
A3 :Ils sont allongés au soleil, comme des gens normaux, machouillant un brun dherbe.
B3 :Ils regardent le ciel en se demandant le temps quil fera demain.
A3 :Ou alors ils comptent les poulets.
B3 :Ou alors ils comptent les moutons.
A3 :Ils font ce que nous faisons.
B3 :Ils font exactement ce que nous faisons.
A1 :Je savais que nous ne pouvions pas lui faire confiance.
B1 :Jette un coup dil, vite fait.
A2 :Regarde les.
B2 :Regarde.
A1 :Regarde.
B1 :Comment ?
A2 :Grimpe.
B2 :Grimpe par dessus le mur.
[Ils se préparent à escalader, par tous les moyens.]

ARCHIVISTE :Quand on en est arrivé là, on est toujours tenté de crier « stop ».
Mais un archiviste ne doit pas. Cest le travail dun archiviste darchiver, ni plus, ni moins.
Et mon dieu, comme cest compliqué lécriture et lorthographe. Comme si, à côté de ça, lorthographe avait de limportanceIls ont fais le premier pas maintenant. Et après le premier pas, les autres suivront naturellement. Tout ce quun archiviste peut faire, est archiver. Ils grimpent jusquen haut du mur, et
[Les A et les B sont face Ă  face au sommet. Hurlements aigus.
Ils redescendent en vitesse.]
A1 :Cest vrai
B1 :Ils le faisaient.
A1 :Ils regardaient.
B1 :Ils espionnaient.
A1 :Ils nous espionnaient.
B1 :Ils nous espionnaient.
A1 :Heureusement que nous avons regardé.
B1 :Nous les avons pris sur le fait.
A1 :Ils ont été bien surpris.
B1 :Ils ne sy attendaient.
A1 :Ils ont été bien pris.
B1 :Pris sur le fait.
A2 :Mais pourquoi faisaient-ils ça ?
B2 :Mais pourquoi voulaient-ils- faire ça ?
A2 :Pourquoi ?
B2 :Pourquoi ?
A1 :Ah !Ah !
B1 :Facile Ă  deviner.
A1 :Cest seulement une partie de lhistoire.
B1 :Cest seulement la face visible de liceberg.
A1 :Ils sont capable du pire.
B1 :Ils sont prĂŞt Ă  quelque chose.
A1 :On doit ĂŞtre prĂŞt Ă  les recevoir.
B2 :PrĂŞt Ă  quoi ?

A1 :PrĂŞt Ă  nimporte quoi .
B1 :Tout peut arriver.
A1 :Ils ne sont pas comme nous.
B1 :Ils sont vraiment mauvais.
A1 :Ils sont vraiment cruel.
B1 :Ils sont vraiment sans pitié.
A1 :Diaboliques.
B1 :DĂ©moniaques.
A1 :FĂ©roces.
B1 :Sauvages.
A1 :Voyeurs.
B1 :Lâches.
A3 :Mais réfléchissons.
B3 :Soyons prudents.
A3 :Nous aussi, nous avons regardé par dessus le mur.
B3 :Nous ne les aurions jamais vus, si nous navions pas espionné.
A1 :Cest bien ce que nous avons fait.
B1 :OĂą en serait-on, maintenant, si nous ne lavions pas fait.
A3 :Mais, attendez. Et si nous oublions ce qui sest passé ?
B3 :Nous pourrions peut-ĂŞtre faire des concessions ?
A1 :Ah !Oui ! Sûrement.
B1 :Pourquoi pas, en effet.
A1 :Si nous voulons être taillés en pièces.
B1 :Si nous voulons nous réveiller la gorge tranchée.
A2 :Que peut-on faire ?
B2 :Que fait-on ?
A1 :Une chose est certaine.
B1 :Il ny a aucun doute lĂ -dessus.
A1 :Nous ne pouvons plus vivre ici, avec eux, là, juste à coté de nous.
B1 :Il faudra combattre ou partir.
A1 :Soit ils partent, soit nous devons partir.
B1 :Cest eux ou nous.

A et B :Eux !
A3 :Mais nous avons le mur.
B3 :Il y a toujours le mur.
A et B : DĂ©truisons-le !DĂ©truisons-le !
[Les 2 groupent attaquent le mur.]
ARCHIVISTE :Cest étrange :même des actions raisonnables qui ne seraient jamais entreprises au nom de la paix, le sont au nom de la guerre ;comme travailler ensemble, détruire un mur. Mais, le résultat nest pas le même ;par exemple
[Le mur tombe. Pendant une seconde, les 2 groupes se regardent fixement, puis, avec un cri, se précipitent les uns contre les autres. Ils se battent. Quelques uns sont poussés en bas de la scène, dautres courent en coulisses, ils sont poursuivis. Certains tombent et sont traînés par leurs amis.]
Ils se battent. Non. Je ne vais pas archiver tous les détails. Toutes les batailles se ressemblent. Il y a des actions chevaleresques, des trahisons, un brin de courage, une touche de lâcheté. Mais, les héros, les lâches, les patriotes et les traîtres ont un point commun :ils finissent tous aussi mort les uns que les autres. Ce nest rien. Jai vu des batailles qui font de celle-là nest quune bataille de polochons. Ce nest pas que je décerne un prix de meilleur bataille.
Elles finissent toutes de la même manière :un camp pense quil a gagné, lautre qui laurait dû gagner. Quelquun nettoie la pagaille et le sol se retrouve propre et net, prêt pour une autre bataille à tout moment. Je pourrais tirer une morale, je pourrais tirer des conclusions mais la conclusion est si évidente. Les événements parlent deux-mêmes. Ils combattent jusquà Oh !Cest déjà fini ?
[La scène est propre.]
Maintenant, y a-t-il quelque chose Ă  ajouter afin que je trace la ligne finale ?NON ?
Je lai pourtant bien cru. Comme une dernière étincelle dans un feu qui meurt, comme les dernières syllabes dun écho qui se perd. Ah !Je savais bien.
[Un a et un B sautent sur la scène, venant des côtés opposés. Ils viennent face à face, là ou il y avait le mur.]





A :Vous partez .
B :Nous partons.
A :Vous pourriez rester, maintenant.
B :Nous ne pouvons pas rester, maintenant.
A :Cest un bon terrain.
B :CĂ©tait un bon terrain.
A :Nousnous ne voulions paspas
B :Si seulement nous navions pas
A :Mais vous
B :Nous ?
A :Nous aussi.
B :CĂ©tait le mur, vous savez.
A :CĂ©tait la faute du mur.
B :Le mur.
A :Le mur
B :Nous aurions dĂ» le faire plus solide.
A :Plus Ă©pais.
B :Plus haut.
A :Plus long.
B :CĂ©tait le mur.
[Ils sortent, par les côtés opposés.]
[Larchiviste ferme son livre en le claquant, saute sur ses pieds, en colère.]
ARCHIVISTE :Je ne veux pas en savoir plus. Cest bien fini. Fini pour toujours. Cest de lhistoire. On garde les archives parce que, un jour, quelquun peut en tirer une leçon.
Maintenant, on me demande ailleurs. Oh !Ca devient tellement monotone.
[Il se met en route ;sarrĂŞte]
Un jour. Quelque part. Quelquun. Est-ce possible ?Ah !

Par Sans Coeur le 1/1/2003 Ă  18:08:00 (#2922585)

Bonne année !

Par Orion Ystralia le 1/1/2003 Ă  22:11:39 (#2923955)

:lit: :merci: :lit:

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