Chroniques d'Ashghar de Cormaeryl

Par Ashghar le 17/12/2002 à 17:30:57 (#2814733)

Mes premiers pas sur l'ile d'Arakas...

Une mouette se posa sur la proue du fier Océane nous annoncant
la fin de notre voyage, en effet Arakas se distinguait au large à travers la brume matinale. Le vent claquait dans les voiles du magnifique trois mat et nous menait tout droit vers la plage. Le voyage depuis Eriador avait été long, cela faisait bientôt trois mois que nous naviguons à bord de l'Océane, un vaisseau commercial, le seul navire assurant la liaison entre l'ile d'Arakas et ma terre natale. Le voyage avait également été tranquille, aucun vaisseau pirate n'avait été croisé, la chance nous souriait.
Quelques membres d'équipages préparaient le canot alors que j'allais rassembler nos affaires, ma femme Alusair de Cormaeryl était debout sur le pont, les yeux fixés vers le ciel et pensait sans doute à la nouvelle vie qui nous attendait. Alors que j'empoignais mon sac et celui d'Alusair, l'humidité de la cale, l'excitation ou peut etre encore autre chose, me fit frissoner, sur le moment cela me fit sourire...

Installé dans le canot au côté d'un vieil explorateur pensif et d'un jeune guerrier crispé sur sa hache a double lame, je regardais le visage pale de mon épouse qui semblait figé dans le temps. Deux marins ramaient en direction de la plage, leurs visages étaient lourds. Personne n'osait briser le silence qui régnait a bord du canot, Alusair était allongée et se reposait, ses yeux étaient fermés, elle rêvait. Ma main droite se perdait dans ses longs cheveux bruns, ma main gauche était refermé, mon poing tremblait. Le canot arriva enfin sur le sable, mais mes premiers pas sur la plage d'Arakas n'ont pas été accompagné des sentiments auxquels j'aspirais... bien au contraire.
Deux hommes d'église vétus de blanc sont venus nous accueillir, bien tristement. La joie et la quiétude qui m'enveloppaient il y a peu étaient maintenant loin, remplacés par des sentiments mélés de haine, d'injustice et de rage. La gorge serrée et les yeux rouges, je regardais maintenant la procession se diriger vers le temple de Havreclair amenant le corps inerte de mon épouse... Je ne souhaitais qu'une seule chose en cet instant c'était que mon coeur, broyé par une force invisible, sorte de ma poitrine afin que cette douleur insoutenable disparaisse et que mon âme aille rejoindre celle de ma défunte femme. Mon poing gauche toujours fermé se relacha et laissa tomber lentement sur le sable de la plage une plume... dont le dessin et la couleur resteront a jamais gravé dans ma mémoire... une plume noire... noire de jais.


Les affaires rassemblées je remontait sur le pont et vis Alusair qui discutait avec un homme habillé d'une robe de bure brune à capuche masquant partiellement son visage fin. De quoi discutent-ils me suis-je demandé... de quoi, je ne le su jamais... En effet, alors que je m'approchais, comme sentant ma présence, Alusair se retourna dans ma direction, l'inconnu en profita pour lui saisir la tête entre ses mains tout en me regardant de ses yeux vides et profonds. Et dans un rire glacial et stridant il lui brisa la nuque d'un coup sec, puis sauta par dessus bord. Alusair s'écroula aussitôt au sol dans un bruit sourd, j'accourait alors vers elle mais trop tard, et c'est alors que je le vit en contrebas, flotter au dessus de la mer, de longues ailes noires déployées... il volait vers Arakas.
Ma femme est morte dans mes bras au large d'Arakas et c'est là que je lui juras de ne plus être en paix tant qu'elle ne serait pas vengée. A ses côtés reposait la seule trace du passage de cet ange de la mort, qui venait de m'arracher ma seule raison de vivre, une plume noire... noire de jais.


Pourtant tout commença quatre mois plus tôt, alors que la légende de la quatrième prophétie arrivait à nos oreilles naïves, et que nous n'aurions jamais oser imaginer la drame qui allait nous balayer... Alusair et moi étions mariés depuis près d'une longue et heureuse année, nous avions alors tous les deux vingt ans. Nos éducations respectives, tracées sur deux chemins différent mais conduisant au même but, nous avaient donné la chance de nous rencontrer. Elle avait appris de ses parents la sagesse et la patience, les miens m'avaient enseigné le respet et l'honneur. Ces quatres valeurs étaient alors devenus bien vite notre ligne de conduite. Nous avions alors décidé d'amener notre pierre à l'édifice qui visait à contrer l'avènement de cette prophétie... Les vieux écrits, parchemins et manuscrits que nous avions tant étudié nous ramenaient tous en un seul et unique endroit, là où le destin de l'humanité doit commencer, là où l'Haruspice préparera son arrivé... l'ile d'Arakas.