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La chance l'argent

Par -Arkenon- le 28/11/2002 à 3:02:52 (#2661550)

Aucune fausse note. Aucun sentiment qui ressemblerait à un mensonge à soi-même. Sans tenter de se convaincre, sans être tenté de minimiser, ou de dramatiser. Ce texte n'a qu'une seule prétention : interpeller les rares personnes qui parviendront aux dernières lignes. Puis, il finira sa vie au fin fond de ses forums. ;-) Son auteur est jeune, mais ses quelques années de travail, dans des domaines où l'on est amené à rencontré et à échanger avec énormément de personne, lui ont rapporté des expériences de tous les horizons, des leçons à prendre et à apprendre.

Si il y avait une seule et unique chose à ressortir de toutes les discussions, les consolations et les évènements auxquels j'ai fait face, ce serait sans nul doute cette appréhension que l'inégalité est flagrante dans chaque caractère. J'ai eu le privilège de côtoyer les plus riches, comme les démunis, et chacun possédait son propre masque pour lutter contre les intempéries de la vie. J'utilise donc cette tribune, JoL, pour partager la plus belle, mais la plus dangereuse, des philosophies de la vie. Vous vous demandez quel était mon travail ? J'étais employé dans une maison où l'argent et la chance ne faisaient pas bon ménage.




Ma première expérience se situa entre deux allées de machines scintillantes. Tout le monde était assis, omnibulé par les nombreuses lumières qui émanaient de l'engin. Comme d'ordinaire, le temps n'avait plus de prise sur les joueurs excessifs venus gagner des rêves. J'avançais tranquillement, veillant à l'arrivée des premiers "gagnants" quand j'entendis alors des sanglots. Curieux, et inquiet, je me suis rendu vers la personne souffrante. Elle était là, assise sur son siège, le front posé sur la main et ses yeux cachés du regard des autres. Ses épaules bougeaient légèrement, preuve d'un chagrin. J'ai continué à l'observer, sans oser intervenir. Et c'est là que j'ai remarqué que personne ne semblait se préoccuper d'elle. Les amies qui l'accompagnaient à l'entrée du bâtiment, restaient comme paralysées derrière leur machine, sans rien faire. Mes collègues l'avaient remarqué également mais sembler ne pas trop se soucier de son état. Cette femme était très faible, sans doute trop pour venir jouer. Et après tout, cela faisait presque partie de l'ambiance du lieu.
Lorsque je suis enfin rentré chez moi, le matin car je travaillais de nuit, je n'ai pas réussi à me débarrasser de cette image. Elle me hantait.

Les semaines passèrent et je réussis à oublier son visage. Et ce, malgré le fait que je ne l'ai plus jamais revu dans notre maison de jeux. Ceux qui disent que l'on s'habituent à tout n'ont peut-être pas tord. C'est vers cette période que je fis la rencontre d'une solide personne.
C'était la femme d'un homme d'affaire assez connu dans le milieu, qui ne semblait pas avoir de problème d'argent. Elle venait jouer plus d'une fois par semaine et ramassait ses gains, ou perdait en quantité importantes, sans jamais s'énerver. Notre monnaie avait de l'importance pour elle, ça j'en suis persuadé. Personne de censé ne pourrait accepter de perdre de pareilles sommes sans broncher. Pourtant, elle semblait intouchable. Cependant, tout n'était pas si lumineux. Elle gaspillait l'argent de la famille, se souciant visiblement bien peu de ce qui pourrait advenir de ses proches. Mais, tout ça sans jamais manquer de respect, sans jamais lever le ton. J'imagine d'avance les problèmes familiaux liés à cette accoutumance, nous sommes aussi formé pour les comprendre, mais pourtant, entre ces murs, rien ne pouvait la briser. Cette femme se protégeait d'une admirable façon. Et j'ai rarement côtoyé d'attitude aussi noble.

Il y avait aussi cet émigré. Un homme sympathique que j'ai appris à connaître avec le temps. Une personne intelligente, mais qui risquait beaucoup à chaque sous qu'il offrait aux machines. Ses revenus, déjà faible à l'origine, partaient bien souvent dès les débuts de mois. Il arrivait vers les 20h et finissait généralement vers les 2- 3h. A chaque fois, j'observais la même scène. Il jouait confiant les premiers coups, puis, après chaque perte, son visage s'assombrissait. Vers la fin, il n'était plus que l'ombre du joyeux personnage fraîchement arrivé. Toutefois, jamais il ne pleura, ni ne se mit en colère.

Avant les clients, il y a les employés. D'apparence intouchable, toujours habillé de manière classe, il semble rassurant et offre une certaine conversation. Payé de manière normale, un peu plus que le smic, ils peuvent côtoyer toutes les classes sociales sans jamais sembler petit, ou insignifiant. Ils sympathisent, deviennent parfois de vrais amis de la nuit, et tout cela pour le plus grand bonheur du client. Cependant, ces clichés qui reviennent sans cesse ne sont qu'un petit aspect du microcosme salariale.
Composé d'hommes pour la sécurité, et de femmes pour l'accueil et la distribution des gains, excepté moi, ils évoluent nuits après nuits dans ce labyrinthes de manchots. Des histoires se nouent entre eux, des engueulades, de l'hypocrisie, des rires, des délires, des pleurs parfois... Et lorsque l'on travaille huit heures par jour et de nuit, que l'on récupère très difficilement la journée, ce travail est plus qu'une moitié de notre vie. Le moindre détail prend ainsi son importance. La moindre guerre interne prend une ampleur démesurée.


J'ai retiré trop de choses pour les énumérées ici... Mais la principale est représentée par cette notion malheureusement élitiste : L'innégalité. Pour résumer, et faire très simple : Les personnes les plus fortes sont celles qui ne sont pas rentrées dans notre maison. Celles qui ont su garder la tête froide alors qu'ils perdaient le fruit de leur labeur. Celles qui connaissaient les risques et qui, après, parviennent à assumer leurs erreurs et à changer de vie. Les autres finissent noyées dans les dettes, la dépression, l'alcool (j'en ai tant vu), les regrets et la dépendance malsaine.

J'ai commencé ce travail avec une fierté et un ego démesuré. Je m'aimais en costar. Puis j'ai compris que ce monde ne méritait que l'oubli. Que l'argent n'avait qu'une valeurs, celle de subvenir à ses besoins. Que les gens forts sont rares, mais qu'il est enrichissant de pouvoir les épauler le temps d'un soupire. Depuis, les factures me font sourires, les hommes pressés m'amusent, les boursiers me font rire, les banquiers m'indiffèrent et les "traqueurs de richesse" me paraissent si dérisoire. Et bien que je me complaise dans cette réalité économique, je refuse de laisser l'argent dirigeait mon humeur et mon bonheur.

Par Xeen le 28/11/2002 à 3:40:50 (#2661609)

C'est très bien écrit, clair et agréable à lire.
C'est fin, et réellement bien décrit. Tu en as d'autres comme ça ? N'hésite pas à les mettre sur la taverne.
*ça mérite une inclinaison de tête en guise d'encouragement franc et sincère*


*umh ceci dit... quelques coquilles et fautes d'orthographe sont à revoir*
*n'est décidément jamais contente à 100%*

Par -Arkenon- le 28/11/2002 à 4:47:32 (#2661679)

Oui, je m'excuse d'avance et j'espère que ça n'entrave pas trop la bonne lecture du texte. Mais je n'ai pas pour habitude de faire une correction minutieuse des textes instinctifs qui sombreront dans le néant :)

Par Felomes le 28/11/2002 à 6:37:47 (#2661751)

Une rêverie (c'est du moins le mot qui me vient à l'esprit, désolé si la vocation en est plus noble) assez intéressante pour moi, qui ne connaît rien à ce milieu. J'ai juste un peu de mal à appréhender le thème de l'inégalité dans le texte. Les accros du "cling-cling", inégaux par rapport au "reste du monde" ? Car en tout cas, les clients que tu décris m'ont l'air justement, très égaux dans leur misère, quelle que soit leur origine sociale. En cela, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi c'est le concept qui te vient à l'esprit.

Par Emvé Anovel le 28/11/2002 à 8:56:46 (#2661859)

C'est pas mal

mais le rythme est parfois un peu cassé je trouve...

Par Zehaf le 28/11/2002 à 11:41:46 (#2662657)

C'est la conclusion que je préfère...

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