Dilemne.

Par Ame Sombre le 20/11/2002 à 13:29:13 (#2601489)

Naissance d'un printemps, fonte des neiges, renouveau… Aucun terme ne pouvait exactement exprimer ce qu'elle ressentait actuellement. La lutte intérieure qu'elle se faisait involontairement n'avait jamais été aussi âpre.
Ce froid intérieur, cette apparence glaciale, ce cœur gelé la protégeaient de la Marque maudite. Elle avait accepté d'aider cette sœur, elle en avait mesuré les conséquences a posteriori. Une connaissance retrouvée, oui mais le risque de sentir l'influence de la Très Haute de nouveau… Cela ne devait pas poser problème normalement. L'espoir n'était pas présent en elle, rien ne devait changer et les prières pour la Dame de la Nuit ne quittaient pas son esprit…

Mais… car oui il y a toujours un mais… Toujours une dérive imprévue…

Son attirance pour lui, cet homme recelant tant de mystères, avait été plus impérieuse chaque jour. Elle avait voulu se cacher derrière cette barrière d'indifférence caractéristique. Elle avait souhaité se taire et le regarder en chien de faïence… Pourtant quelque chose l'en empêchait. Cette douce folie, cette envie de revivre, de sentir un baume en elle, même éphémère. Ce désir de se rapprocher encore plus de lui, de passer outre son comportement lunatique, agaçant, imprévisible…

Elle avait failli, elle avait baissé sa garde, avec joie malgré tout, avec une délectation palpable. Chaque rencontre allait donner suite à une lutte, pour recouvrer cette froideur protectrice. Elle allait devoir se murer pour ne pas laisser ses sentiments naissants trop s'épanouir, pour ne pas libérer la marque… Pour elle et pour cette sœur qu'elle avait aidé, par respect pour lui et pour la Dame de la Nuit.

Combien de temps allait elle tenir ? Peu importe. Le jeu n'a pas de règle établie et encore moins de gardes fous. Et il était trop tard pour reculer.

Par Ombre Nuit le 20/11/2002 à 15:44:24 (#2602880)

Le schéma de certaines existences pourrait se résumer par une maxime populaire.
Pourquoi faire simple lorsque l'on peut faire compliquer ?

Comme je voudrais que la vie puisse être plus linéaire...

Par Nirthael Keiran le 20/11/2002 à 22:30:15 (#2607084)

Un jeu sans garde-fou, un jeu sans règles ni limites, un jeu aux enjeux dangereux.

L'amusement n'y était plus, le jeu n'était plus un simple jeu.
Jusqu'où aller ?
Jusqu'où risquer la souffrance de l'autre, par folie ?


[hrp] EHLP [/hrp]

Par Nuit d'onyx le 21/11/2002 à 4:11:11 (#2608838)

Finalement je tourne le dos au cercle de pierre, et je m'arrête au bord de l'eau, juste à la limite des vaguelettes qui dessinent le rivage. Mon regard dans le lointain, l'horizon semble si net malgré les brumes du matin. Depuis la disparition de la marque, tous mes sens sont plus vifs, mes réflexes aiguisés, mon esprit même semble plus alerte. Je ne réalisais pas combien sa présence me diminuait, et pourtant... Depuis que sa rune la remplace, j'appréhende et participe différemment à chaque frémissement du monde... Comme un voile, dont je n'avais pas même conscience, et qui se serait levé devant mes yeux. Comme une renaissance, sauf que... Tout n'a pas changé, non... Ce n'est pas vraiment, comme l'a suggéré cet ami, un "nouveau départ"... Mais pour l'heure une sourde alarme occupe mon esprit, le détournant un instant des questions et des doutes qui lui sont trop coutumiers.

Elle a pris en elle un fragment de cette marque.
J'avais pourtant clairement refusé, lorsque nous en avions parlé. Et elle avait semblé trouver une autre option. Mais elle l'a fait malgré tout, à mon insu... Je me remémore ses paroles...
"L'autre partie est en moi, gelée en cet être glacial que je suis devenue."
Malgré la reconnaissance que je lui dois, une sourde colère couve en moi. Et des questions, encore. Cette malédiction qu'elle s'est appropriée, voila une bonne excuse pour céder, ou prétendre céder, une bonne excuse pour soudain trahir ses nouveaux frères de foi, "malgré elle". Quand bien même elle aurait été sincère et aurait agit par pur altruisme... C'était un risque inconscient, une imprudence absurde à laquelle j'étais opposée.

Elle avait ajouté, avec un léger sourire...
"Ne vous inquiétez pas, je doute que quoique ce soit me réchauffe un jour..."

Moui. Quelle prétention, quelle imprudence. Et est-elle vraiment immunisée au réchauffement du cœur, peut-être le plus vivace ?
Je ne me rappelle que trop bien les quelques paroles, trop anodines, qu'il a prononcées à son sujet. Se pourrait-il que ?... Possible... Probable.
Peut-être n'est-il qu'un jouet, une stratégie et un moyen pour elle d'atteindre ses desseins... ou peut-être est-il l'objet d'un désir, d'un attachement sincère, menaçant de libérer à nouveau la puissance de la malédiction qu'elle a pris en elle... Décidément, aucune des deux options ne me satisfait.
Bien sur, mon esprit imagine peut-être des dangers illusoires - Suis-je condamnée à toujours envisager le pire ?...

La marée a monté, les vagues caressent maintenant mes pieds nus, effleurant de leur écume les pans de la longue robe de toile sombre.
Je les ignore, je songe aux ruines qui se déroulent devant moi. Où que je regarde, je ne vois en l'amour que son cortège de ruines. A quoi bon les mises en garde ? Incontrôlable et incontrôlé, ce sentiment n'écoute pas la raison. On peut l'enfouir, le cacher, tenter de l'ignorer ou de le faire taire. Mais il reste tapi là, comme attendant son heure, en riant des tortures qu'il inflige, des dilemmes qu'il fait naître, et brandissant de son air narquois ses menaces de désastre imminent.
Décidément, je hais ce sentiment.

Par Ame Sombre le 21/11/2002 à 14:33:33 (#2611602)

Tout allait bien pour le moment. Ses connaissances étaient bel et bien revenues. Cette magie si agréable qui coulait de nouveau en elle, cette magie de lumière.

Une seule ombre au tableau... Cette "soeur" qui parlait trop... Cette femme qui prétendait lui être reconnaissante. Toujours à vouloir la discréditer, toujours à chercher la faille, toujours à voir noirceur là où se trouvait innocence, toujours à vouloir le faire douter sur elle... Cette femme qui n'était rien d'autre qu'une intrigante sous les apparences d'une brebis. Cette femme dont elle savait la route parsemée de complots sur un autre miroir. Cette femme qui servait Sélène mais qui agissait comme la dernière des haruspiciennes... Elle était toujours égale à elle même, sur ce miroir comme sur un autre, manipulatrice et égoïste.

Les vents commençaient à sentir sa colère sourdre... Si celle ci continuait à aller crescendo, la rune se briserait, nette sans préavis. Les Vents n'aident pas des ennemis.
Ame se méfiait. Le silence serait sont meilleur allié dorénavant... Elle en ferait bon usage pour ne pas trahir sa Foi en la Dame de la Nuit, chaque jour renforcée.