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Errance diurne.

Par Ombre Nuit le 15/11/2002 à 21:20:12 (#2571258)

Je marche seul, laissant courir la plage sous mes pas, la plage qui se déroule comme un interminable tapis, la plage qui ceint l’île et qui n’a probablement pas de fin. La fin... Voilà une idée qui m’obsède parmi toutes mes pensées circulaires, au fil de mes raisonnements qui ne semblent pouvoir avoir de terme, défilant eux aussi en motifs moins variés que le sable des vierges rivages. Tourner en rond donne à mon âme le tournis, pauvre toupie qui tournoie, dans les tourbillons interminables de l’absurde. Je ne sais plus vraiment où j’en suis. Même : je ne sais plus vraiment où je suis.

La journée est atroce et infinie, elle n’est qu’attente d’attentes au cours desquelles chaque seconde semble s’égrainer avec une lenteur délibérément exagérée. Je repense aux événements récents, et j’ai l’affreux sentiment du retour cyclique des mêmes scènes, des mêmes difficultés, de mêmes peines. Des peines ? Je me suis longtemps demandé si j’avais déjà connu le sens véritable de ce mot ; j’ai enfin compris que les peines avaient toujours tant fait partie de ma vie que j’avais cessé de les voir. Depuis trop longtemps. L’écoulement des heures joue avec mon impatience pour me rappeler –chaque seconde !– que la nuit est encore loin. Ah, Nuit, que j’aimerais que tu viennes me cacher et ensevelir mes errances sous ton dais chaleureux...

J’ai laissé tant de choses derrière moi, pourquoi n’ai-je su abandonner aussi mes sentiments ? Ils traînent encore, là dans mon esprit, poussiéreux et poisseux de toiles d’araignées, m’engluant comme un insecte pris au piège qu’on ne vient même pas achever. Je n’agonise pas vraiment, tant de choses ont changé... Ici, même les nuits sont différentes. Ou n’est-ce pas simplement mon regard sur le monde qui diffère ? Cette lentille malsaine que le voyage m’a greffé m’exalte des choses anodines et m’écœure de l’essentiel. Quelle espèce de maladie peut amener un homme à vouloir bouleverser sa façon d’être, ou à tout reprendre différemment ? Dois-je seulement m’en alarmer ?

La plage n’en finit pas et les cercles de mon esprit fatigué me ramènent sans cesse au point du départ. Je suis seul. Mais pas vraiment. Mais trop. Mais j’ai déjà beaucoup. Mais pas assez. Mais je ne suis pas seul. Mais quand même. J’espère. Je désespère. Tout cela est trop irréel pour être dramatique et trop dramatique pour être irréel. Cinquante et un mille trois cent vingt-sept secondes se sont écoulées depuis Prime et l’aube. J’arrive au bord du lac. Seul, cela, c’est certain. J’attendrai que la Lune soit levée avant de jeter la pièce. A présent, je sais que souhaiter.


http://membres.lycos.fr/zimage/ombrenuit.jpg

.....

Par Nienna Fayree le 15/11/2002 à 21:23:36 (#2571279)

J'aime bien le style....mais j'aurais pas reconnu sans l'avatar....a moins que je me trompe...:/

Par Harmony Libra le 15/11/2002 à 22:11:37 (#2571546)

Tant d'esprits tourmentés en ce monde décadent,que j'en viendrais a apprécier l'ironie du sort qui me fait vierge d'existence,et de conflits...
Si exister se résume tant de fois a souffrir,a douter,a se perdre,pour se retrouver different ou inchangé...
Peut être suis je plus a envier qu'a plaindre...
Peut etre la mort vaut plus que la vie...

Par Ame Sombre le 15/11/2002 à 22:33:22 (#2571642)

Revivre en ces lieux pour remplir la feuille vierge de son être, quel plus bel espoir? Quelle plus douce folie?

Errance diurne.

Par L'Oiseau de Nuit le 16/11/2002 à 20:26:18 (#2576819)

Je marche seule, laissant courir la plage sous mes pas, la plage qui se déroule comme un interminable tapis, la plage qui ceint l'île et qui n'a probablement pas de fin. La fin... Voilà une idée qui m'obsède parmi toutes mes pensées circulaires, au fil de mes raisonnements qui ne semblent pouvoir avoir de terme, défilant eux aussi en motifs moins variés que le sable des vierges rivages. Tourner en rond donne à mon âme le tournis, pauvre toupie qui tournoie, dans les tourbillons interminables de l'absurde. Je ne sais plus vraiment où j'en suis. Même : je ne sais plus vraiment qui je suis.

La journée est atroce et infinie, elle n'est qu'attente d'attentes au cours desquelles chaque seconde semble s'égrainer avec une lenteur délibérément exagérée. Je repense aux événements récents, et j'ai l'affreux sentiment du retour cyclique des mêmes scènes, des mêmes difficultés, de mêmes peines. Des peines ? Je me suis longtemps demandée si j'avais déjà connu le sens véritable de ce mot ; j'ai enfin compris qu'elles feraient partie de ma vie, malgré mon acharnement à refuser de les voir. Depuis trop longtemps. L'écoulement des heures joue avec mon impatience pour me rappeler - chaque seconde !- que la nuit est encore loin. Ah, Nuit, que j'aimerais que tu viennes me cacher et ensevelir mes errances sous ton dais chaleureux...

J'ai laissé tant de choses derrière moi, pourquoi n'ai-je su abandonner aussi mes sentiments ? Ils traînent encore, là dans mon esprit, poussiéreux et poisseux de toiles d'araignées, m'engluant comme un insecte pris au piège qu'on ne vient même pas achever. J'agonise alors même que je crois revivre, j'essaye en vain de changer ce qui finalement, semble ne pas pouvoir être changé. J'ai pensé qu'ici, même les nuits seraient différentes.
J'ai espéré que mon regard sur le monde diffère. Mais cette lentille malsaine que le passé m'a greffé m'exalte des choses anodines et m'ecoeure de l'essentiel. J'ai essayé, mais il semble que l'on ne puisse bouleverser sa façon d'être, ou tout reprendre différemment... Dois-je seulement m'en alarmer ?

La plage n'en finit pas et les cercles de mon esprit fatigué me ramènent sans cesse au point du départ. Je suis seule. Mais pas vraiment. Pas assez. Mais trop. J'aimerais tant. Mais je ne veux pas. J'ai déjà tant. Trop. Mais pas assez. Mais je ne suis pas seule. Mais quand même. J'espère. Je désespère. Tout cela est trop irréel pour être dramatique et trop dramatique pour être irréel. Cinquante et un mille trois cent vingt-sept secondes se sont écoulées depuis Prime et l'aube. J'arrive au bord du lac. Seule, cela, c'est certain. J'y ai jeté ma pièce cette nuit-là à la lune levée, et mon voeux a été exaucé - au delà de mes espérances, avec cette ironie qui vous inflige les conséquences de vos souhaits.
A présent, je ne sais que souhaiter...

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