Ténébreuse créature.

Par Khae-Lynn le 9/10/2002 à 2:32:35 (#2301777)

Comme cette coupe qu'un couple jetait sur le sol après s'être délecté avec soin du vin qu'elle contenait, le corps encore chaud de ma victime se brisa en mille morceau tandis qu'il s'écroulait, poupée de chiffon informe, à mes pieds.

Une larme de sang coulait au creu de mon cou, comme une trainée sombre synonyme de ma perdition. Je l'étais, perdue, au fond de cet abîme tout de ténèbres vêtue, à jamais, et aucun être ne pouvait prétendre m'en ôter. Je l'avais un temps refusé, mais la soif était forte, plus que je ne l'étais en tout cas. Il est étrange de ressentir une telle animosité en soi, chose que vous, pauvres mortels, ne soupçonnez même pas, et ce malgré vos cauchemars les plus fous et dépravés.

Vous sollicitez vos dieux, mais que vous apportent-ils lorsque vous vous retrouvez damnés, sans vraiment l'avoir voulu et que vous deviez survivre malgré tout, votre non-vie étant tout ce qu'il vous reste. J'observais cet amas de chair qui avait été jadis un homme séduisant, à la musculature imposante et aux habits de bon goût et je me dis que lui ne souffrira plus à l'avenir. Là où il était, il n'aurait plus à subir la vie et son lot quotidien d'embûches.

J'essuyai de ma manche cette goutte qui fuyait et ma main frola mes canines prohéminantes. Etait-il si important que des instruments de mort soient si affutés? Que de questions futiles dont je ne trouvais guère les réponses. A quoi servait-il d'être devenu immortel si cela était ne pas se sortir des affres de l'existence mortelle...?

Aujourd'hui j'ai accepté mon statut d'être des ténèbres, imaginant avec joie le moment où je serais découverte et détruite... si celui-ci venait un jour.

Me mêlant à ces humains, troupeau sans cesse grandissant, que je ponctionnais au gré de ma soif, ignorant d'une vérité qui, pourtant, était là sous leur yeux, si seulement ils savaient regarder au bon endroit, je m'avançais, un sourire de satisfaction sur les lèvres, vers le Temple d'Artherk, afin de bénéficier de sa Bénédiction...

Les nuits sont si belles dans HavreClair...

Par Alanis Lyn le 9/10/2002 à 8:36:53 (#2302236)

J'ai connu jadis un être de ténèbres.
Seigneur de la Nuit, il se nourrissait de sang, et ceux à qui il offrait ce nectar devenaient ses esclaves...

*maigre sourire devant l'expression mal à l'aise du voyageur, qui n'esperait peut-etre pas si sombres paroles dans le court d'une conversation mondaine*
Mais c'est de l'histoire ancienne, cet être a été détruit et la Nuit a retrouvé sa douceur et son calme.

Par Syndrael le 9/10/2002 à 16:51:33 (#2305367)

Et pourtant, le sang peut être si doux lorsqu'on l'offre ou qu'il nous est offert.
Et quelle délectation s'il nous est donné de le boire à la bonne coupe, calice grisant et délicieux des lèvres et veines de l'être aimé.. indicible, indescriptible extase de la morsure, douceur et vigueur de l'étreinte.
Nécéssité vitale ou gourmandise, selon le cas, indispensable nectar, elixir salutaire ou source de voluptée.
Existe-t-il pour autant une dépendance ? La dépendance au plaisir et au bonheur n'attend pas le sang, mais celui ci peut être son instrument, instrument auquel je me soumet et me soumettrai toujours avec le même frisson de délice, au mépris des regards.