Terre glaise

Par Memoire le 3/10/2002 à 15:30:36 (#2275804)

Au milieu de rires des enfants de la rue, la voix d'une femme énervée retentit.

Cela suffit! Laissez-moi! Tenez, prenez ces pièces et allez vous en!

Mais ces cris restent vains et finissent bientôt par se taire, quelques uns empochant bien les pièces, mais ne perdant pas pour autant l'occasion de s'esclaffe.

Il faut bien avouer que l'occasion est belle. Cette femme, encore jeune, est habillée d'une débauche de vêtements autrefois teintés, vraisemblablement d'origine bourgeoise, mais ayant fait leur temps.

Le malheureux qui, à l'entrée du quartier populaire, a cru qu'il s'agissait d'une fille de joie, se tient encore la machoire de la claque retentissante qu'il a obtenu pour seule réponse.

Se frayant un chemin dans la petite cohue qui l'accompagnait, Mémoire entre dans une petite échoppe, dont le panneau s'agite au léger vent.

Moran Laurens, Potier

L'homme qui l'attendait se retient tout juste de rire devant la magicienne qui aux couleurs délavées de ses vêtements, ajoute le rouge de la colère et de l'énervement.

Bonjour Madame... L'atelier est prêt... Je vous montrerais la manière de travailler la terre, mais j'aurais également mon ouvrage à poursuivre... Donc vous devrez vous contenter de conseils occasionnels, plutôt que d'une attention constante... Nous arrêterons deux heures avant le coucher du soleil, et là, vous occuperez de mes enfants... Mémoire suit le regard de l'artisan, vers une montée d'escaliers où elle entend les bruits d'une rapide remontée, puis d'une discussion à voix basse

Paraît brièvement sur le visage de l'artisan une inquiétude.

Je ne sais combien de temps il vous faudra pour comprendre comment travailler, mais vous reviendrez aussi longtemps qu'il faudra pour que Margot et Lissandre apprennent à lire? C'est bien ce qu'il était convenu, en plus de ma rétribution?

La jeune femme le rassure d'un léger hôchement de tête.

Mettons nous au travail alors... Après vous.

Labeur

Par Memoire le 22/10/2002 à 11:38:48 (#2381142)

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas écrit le compte-rendu de cette journée de travail immédiatement mon ouvrage achevé. Etait ce le désir de réfléchir sur ce que m'aura apporté tout ce temps sacrifié? Car je réfléchis et, alors que je contemple ces petits globes, je me dis que mes efforts auront bien été vains. Tant de chose dont leur création m'aura tenu à l'écart... Mais il est trop tard pour avoir des remords. Ces sept orbes seront de précieux outils dans ma pratique de la magie.

J'avais rarement ressenti un sentiment aussi fort à les tâter, mon ouvrage tout juste achevé... Cette idée de force qui réagissait à mon toucher... Qui n'attendait que moi, pour quitter cette petite sphère... Je pense que j'aurais à réfléchir longtemps pour maîtriser tout ce que j'aurais employé dans leur création mais... Ressentir une telle euphorie est grisant. Trop, sans doute.

Histoire de soulager mon esprit de sa tension, de m'éloigner de mes doigts torturés par mon travail, j'ai saisi cette flûte que m'avait donné cette petite fille. La nostalgie m'a gagné un instant, en repensant à ces instants passés en compagnie des enfants du potier... J'ai été touchée par le dévouement de ces parents pour leur descendance... Pour principal paiement, leur apprendre à lire, écrire, et compter... J'ai fermé les yeux, pour me remémorer ces instants précieux, qui m'ont rappeler mes propres moments d'études, passés dans les biliothèques... D'abord difficiles, car je ne ressentais que trop l'éloignement de la forêt dont j'avais l'habitude, puis la révélation, la découverte de ce monde qui s'offrait à moi.

J'ai fait le vide de mon esprit, gardant mes yeux clos, avant de porter le buc de l'instrument à mes lèvres... Une petite mélodie sans prétention s'est envolée dans l'air de ma cellule ouverte aux quatres vents... Et soudain... Le ton, le rythme, se sont fait différents... Plus lent, beaucoup plus lent, quasi-hypnotique... Je ne connais pas cette mélodie, et pourtant, elle m'est familière... D'où vient elle?

hop

Par Nienna Fayree le 23/10/2002 à 12:12:14 (#2388585)

hop hop hop

Mort

Par Memoire le 6/11/2002 à 12:59:22 (#2494499)

L'herbe est plus sombre en ce lieu, l'ambiance plus lourde, les sons semblent presque étouffés au milieu des ces pierres verticales, rectangulaires. Mais j'apprécie ce lieu qui, contrairement à son équivalent de LightHaven, ne voit pas ses occupants troubler les visiteurs. Je dépose quelques chrysanthèmes parmi les sépultures, sacrifice aux esprits qui errent peut être encore, marque de respect et d'humilité. Déposée avec la dernière fleur, au milieu du carrefour central, de mes sept orbes de terre la plus sombre, la plus froide repose.

J'erre en ce lieu, seule... Mendus est allé, suivant mes instructions, surveiller les alentours... Je caresse les pierres, mes doigts effleurant les caractères qui y sont gravés... Nom, dates.. Vies de gens qui reposent maintenant, oubliés des vivants. J'éprouve un serrement au coeur à cette pensée. Gagnée par la mélancolie de l'endroit, je repense à ces gens avec qui j'ai vécu, et que j'aurais tant aimé revoir, reparler... Partager. Quel gâchis. Quelle solitude.

Des réminiscences...
Un petit bruit dans l'air. Celui de petites ailes battant, pour un petit être qui aurait du être si lointain de moi, que j'ai approché sourire aux lèvres et qui a fini par me faire tomber dans mon propre piège. Sans qu'elle s'en rende compte.
Une source. Claire, scintillante. Une complicité. Oubliée...
D'autres images passent, fugitives... Et le trou noir, auquel j'aboutis. Ce puit sur lequel je me penche pour distinguer ce qui y a été jeté, et ce qui m'appartient.

D'une voix basse, où perce une implorance.

Pardonnez moi de vous déranger... Et puisque la vie est chemin de pierres pour mes pieds nus, je demande l'aide que vous pouvez m'apporter...

Je ferme les yeux, vidant mon esprit, et porte la flûte grossière à mes lèvres...