Opium

Par MortifeR le 27/9/2002 à 20:09:55 (#2245502)

Il est un lieu où il sait la retrouver. A la frontière de livresse et du néant, ils attendent en silence, tristes et pâles.
Cest à travers les volutes veloutées de fumée blanchâtre quil les a entrevus la première fois, en un soudain délire lucide. Le soir où les ombres lui avaient sourit, émergeant des ténèbres muettes au rythme de la lancinante danse macabre. Le narguilé avait alors roulé sur le sol crasseux, et il avait ouvert les yeux sur lhorreur qui dort dans le noir.

Ce soir là, pourtant, cest volontairement quil les a appelés, cherchant à se laisser bercer de leur savoir aveugle, et de la sagesse des morts. Leurs secrets sont douloureux, comme autant de cancers qui rongent la conscience et lâme. Mais parmi cette cour de parasites blafards, il est une personne quil désire sentir à nouveau quil voudrait voir et entendre, en laissant les vapeurs empoisonnées lui faire croire quelle nest pas morte.
Elle arrive justement, pieds-nus, survolant gracieusement le désordre de lancienne salle de banquet, le regard fixe et mélancolique. Sa voix le transperce comme mille aiguilles, mais il se plaît à lentendre, tant elle est mélodieuse sous les voûtes gothiques.
Comme à laccoutumée, elle lui adresse un sourire sans joie, dont la lumière se fond à son teint dargent, désormais éternel.

La seule héritière du clan Ssahors, dernière enfant du chaos, à jamais. Autour delle dansent les autres spectres, mais sa lumière les rend anodins, misérables. Elle est la plus belle dentre eux, la seule qui existe ce soir.
Le feu de son regard passe sur le sien, et ils se retrouvent un instant, presque réunis entre le royaume de ceux qui se meurent et celui des morts. Elle pose sa main glaciale sur sa joue, comme si elle était la mère et lui lenfant. Sans aucun doute, elle fut toujours la plus adulte deux deux.

Alors, lentement, il la prend dans ses bras, et la serre sur son cur. Il peut presque sentir sa peau froide contre la sienne, et lodeur de ses cheveux dargent.
Le narguilé roule à terre, au milieu de la brume rêveuse où dansent leurs silhouettes embrassées.
Il la serre à nouveau, refrénant un sanglot brutal. Elle était sa fille, son sang, son unique et seul équivalent dans lunivers entier. Ce qui restait du jeune albinos est mort avec lenfant des neiges, ce soir dhiver. Désormais il est seul à jamais.
Sur sa poitrine, elle verse doucement ses larmes immortelles, comme une offrande sans prix à labsurdité du sort néfaste.

Que la fatalité ne temporte pas aussi, mon père, si quelquun a la force de ployer la toile du destin, cest toi.

Elle lui échappe déjà, et seul sur le trône de marbre, il nétreint plus que des lambeaux de nuit. Le brouillard des illusions se dissipe.
Ses larmes ont un goût amer, le goût de lopium, celui qui fait taire la souffrance pour la réveiller plus puissante.

Les dieux mêmes mourront avant moi, mon enfant. Jen fais le serment, pour toi et pour nous. Je toffrirai ma liberté.

Par Aina HarLeaQuin le 27/9/2002 à 20:13:52 (#2245529)

Un Destructeur du Sublime qui écrit du sublime? C'est possible quand on lit Mortifer. :merci:

Par Yolinne MIP le 27/9/2002 à 20:19:28 (#2245568)

Même les plus solides carapaces ont des larmes à faire couler. De simples larmes de peine, de souffrance, mais dont on ne les croit pas capable. C'est seulement dans la solitude que la trahison fait surface, mais nul n'est là pour observer, nul n'est là pour le calmer et lui donner cette illusion d'amour qui l'a quitté. Juste cette fumée opaque qui trouble les sens et le temps d'un soupir éphémère redonne des sensations perdues et des images vénérées mais tombées dans le gouffre de l'Oubli et de l'Amertume... Là subiste le danger de la dépendance, de se voir entouré de ces illusions encore et encore, goûter quelques minutes de repos et de nostalgie, puis reprendre ce masque dur et froid, impassible.

Par Balkis Legend le 27/9/2002 à 20:22:20 (#2245581)

:lit:

Toujours aussi bien écrit. :amour:

Par Gengis Khan le 27/9/2002 à 20:52:05 (#2245722)

Quelqu'un a dit un jour qu'aucune forteresse n'était imprenable , que même la plus solide muraille peut s'éffondrer un jour..
Car la souffrance , le chagrin et la peine empruntent des chemins sinueux et complexes , franchissant nos barrières et nos défenses tels de noirs fléaux pour parvenir à leur fin...Anéantir. Anéantir la joie ,anéantir l'espoir , démolir l'âme le coeur et l'esprit pour que règnent le néant ; le vide de l'âme..
Certains renoncent et sombrent ,sans lutter..D'autres tentent de se battre , faisant preuve d'audace et de courage. Il y parviennent quelques fois mais beaucoup tombent dans la spirale de la douleur ,et leurs efforts n'auront été que vains..Elle devient une compagne , tristement fidèle , nuit et jour elle marche dans nos pas . Alors on court , on fuit , mais en vain elle demeure présente..
Ainsi va la Vie ,ainsi va la Souffrance..

Par Alanis Lyn le 27/9/2002 à 21:50:22 (#2246080)

:lit: :amour:

Par Darksoul Zenox le 27/9/2002 à 21:52:39 (#2246093)

:lit:

*bouche bée*

Par Leylia le 27/9/2002 à 23:11:26 (#2246592)

Pfffiou je ne cesserais de dire que ce Mortifer est un écrivain de talent :)

Par Caspian le 27/9/2002 à 23:28:32 (#2246688)

:lit: :amour: :amour:
;)

Par Syris Lloth le 28/9/2002 à 1:57:33 (#2247312)

:eek: !!! :amour: :lit: :amour:

Par Azulynn Tvar le 28/9/2002 à 6:19:49 (#2247695)

Excellent... :amour:

Par Isis le 28/9/2002 à 18:52:57 (#2250424)

*ne pouvais raté ce post au vu du titre*
*ne fera pas de smiley parce que c presque enervant un tel talent!*





:ange:
*a mentit*

Par Hansel le 28/9/2002 à 19:51:45 (#2250732)

Bravo en effet tres bien ecrit euh dites personne a pensé a reunir tout les ecrivains"en herbe" pour une sorte de grimoire geant heroic fantasy?

Par Yolinne MIP le 28/9/2002 à 20:43:27 (#2250959)

hop un livre comme ca ? =) Roleplay

Par Syndrael le 29/9/2002 à 1:49:21 (#2252062)

:lit: :eek: C'est beau ça, dis donc...

*Fume une plume de Nephilim, un léger sourire aux lèvres* "Tu avais raison Yolinne, on va en tirer un paquet de ce poulain" ^^