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[Danahalle Velarn] Retour à l'envoyeur

Par Chantelune le 27/8/2002 à 17:30:57 (#2039012)

Par une aube grise d'hiver le mage Thelorn Velarn fut tiré de son sommeil par des pleurs et des vagissements. Intrigué il se couvrit et ouvrit le volet pour jeter un oeil dans la ruelle en bas depuis la fenêtre de sa chambre. Une paire de chiens errants inspectaient quelque chose qu'il ne pouvait voir, dans le renfoncement de sa propre porte. Il leur cria après mais ce qu'il y avait là semblait trop retenir leur attention pour qu'ils s'en aillent. Un enfant égaré ? Un mendiant en proie à une gueule de bois phénoménale mais encore trop saoûl pour se rendre compte de l'endroit où il avait posé ses fesses ?
Thelorn n'avait pas franchement une réputation de bon Samaritain dans les environs...
Descendant l'escalier pour aller chasser l'intrus il entendit un piaulement suivit de glapissements peureux. Lorsqu'il ouvrit la porte l'un des chiens était déjà à l'autre bout de la ruelle, s'enfuyant ventre à terre. L'autre courait en rond, aveugle, la tête et un côté du corps calcinés.
Aux pieds du mage un couffin où un nourisson de quelques mois s'époumonait, sa main gauche tachant d'écarlate les linges blancs dans lesquels il ou elle avait été enveloppé. Thelorn s'accroupit et attrapa la main pour examiner la morsure, reculant brusquement quand un mince éclair de feu menaça de le frapper. Instinctivement il prononça les quelques syllabes qui l'enveloppèrent d'un bouclier arcanique et, sourcils froncés, entreprit de fouiller le linge à la recherche d'une marque quelconque.

Là... Un rouleau de parchemin entouré d'un collier qu'il reconnut aussitôt, tout comme l'écriture.
Tel père telle fille
Et bien entendu si on ne voulait plus de l'un, l'autre devenait encombrante... Non, il ne devait pas laisser sa rancune l'emporter, vu l'âge du bébé on avait manifestement tenté de la garder quelques temps. Mais sans nécessairement devenir tous des magiciens exceptionnels à l'âge adulte ceux du sang des Velarn qui avaient quelque affinité avec la magie la maniaient très tôt, trop tôt. Chez de tels enfants, là ou un nourisson ordinaire n'avait que les cris pour s'exprimer, la faim, la peur ou la douleur pouvaient provoquer des attaques imprévisibles, à des âges où il était bien impossible de leur apprendre à se maîtriser. Il fallait des parents magiciens et infiniment patients pour qu'un tel rejeton survive à ses premières années. La plupart finissaient abandonnés ou victimes de leurs propres pouvoirs incontrôlés.

Tout en pensant Thelorn s'était chaussé et s'acheminait avec le couffin sous le bras vers le temple de pierres blanches d'Artherk. La main gauche du bébé était assez abimée et il n'aurait sans doute pas su la guérir lui-même sans séquelles. Souriant légèrement dans l'ombre de la capuche de ses amples robes noires il franchit l'entrée monumentale, s'avança un peu et attendit, corbeau au milieu de colombes quelques peu agitées par sa présence. Thelorn Velarn, supposé Nécromancien, supposé Ogrimarien bien qu'on n'ait jamais pu rien prouver.
Le bébé choisit ce moment-là pour se remettre à hurler et l'arrosa d'une pluie d'étincelles plus impressionante que dangereuse, faisant miroiter le bouclier presque invisible dont il continuait à s'entourer.

Une prêtresse finit par s'avancer vers eux après une dernière messe basse avec ses collègues, également enveloppée d'un bouclier semblable au sien, remarqua-t-il avec un amusement approbateur.
- Il ne faudrait pas promener un bébé visage et mains découverts par ce froid.
- Allez dire ça à la personne qui l'a déposé devant ma porte ce matin.
- Vous comptez... le laisser à l'orphelinat ?
Une pause et un haussement de sourcil de la jeune femme saluèrent une nouvelle salve d'étincelles. Thelorn piétina les escarbilles qui étaient tombées sur le tapis.
- Non mais je voudrais qu'on regarde sa main. Un chien l'a mordue.
- Venez à côté, il fait plus chaud et on pourra le démailloter sur la table.
Il suivit sans un mot la jeune prêtresse dans une pièce latérale.

Une guérisseuse était à l'oeuvre, entourée de trois autres prêtresses dont Thelorn ne savait si elles étaient des aides ou des curieuses. Une matrone avait acculé le mage dans un coin de la pièce et, ayant appris par on ne savait quel moyen qu'il semblait vivre seul, lui administrait un copieux exposé de puériculture.
Puis avant qu'il ne réussisse à s'esquiver dans les jardins le temps que la guérisseuse en finisse, un jeune scribe chargé de trois épais volumes reliés de cuir avait pris le relais de la matrone.
- Vous savez son nom ? Si elle a été présentée pour être notée dans les registres de la ville ?
- Non.
- Bon on va regarder... Quatre ou cinq mois ? Une idée plus précise de la date de naissance, du lieu...
- Non.
- ... le nom de la mère, de la sage-femme...
- Elle a sans doute donné un faux nom. Pour la sage-femme aucune idée.
Le scribe le toisa d'un air furieux.
- Hé c'est à votre porte qu'on l'a déposée, il doit bien y avoir une raison. Si vous ne m'aidez pas il va falloir passer en revue toutes les deux cent et quelques naissances pas tout à fait régulières qui ont été notées pour ces deux mois.
Le visage de Thelorn s'assombrit. S'il n'y avait eu ce mot et ce collier offert plus d'un an plus tôt il aurait très bien pu s'agir très simplement et sordidement d'un bébé qu'on espérait ne plus jamais revoir en le déposant à la porte d'un mage de sinistre réputation. Aussi loin que remontait son souvenir son père puis lui-même avaient ainsi déjà par trois fois auparavant apporté un nourrisson à l'orphelinat d'Artherk.
- Assez. Passez moi ces satanés registres et je verrai si une des entrées me dit quelque chose. Sinon je lui en trouverai un de nom, la belle affaire !

- Danahalle... Elle s'appelle Danahalle Velarn.
Le jeune scribe assoupi un peu plus loin se réveilla en sursaut et vint lire le paragraphe désigné par l'index du mage.
Gwylyra, sage-femme des Collines Blanches, déclare avoir aidé à mettre au monde en ce jour dans le quartier du port une fille sans défauts ni signes particuliers, nommée Danahalle, de père inconnu, selon la volonté de sa mère Thyaa, aventurière, nom de famille inconnu, décédée peu après des suites de l'accouchement. L'enfant sera recueillie par...
Thyaa, sa colombe de mer comme il l'appelait. Thyaa l'aventurière était belle et bien morte, laissant le pas à l'Athyane qui avait rejoint la tête basse son étouffante famille sans un regard en arrière en échange de la promesse d'une absence de scandale, d'un riche et honorable mariage. Seule la fameuse compassion Artherkienne avait dû les retenir de faire ce qu'il fallait pour que cet encombrant rappel de l'escapade soit déclaré mort-née, comme Thelorn l'avait supposé quand la date probable de la naissance avait passé sans qu'il reçoive de nouvelles.
Le scribe hésitait, une rêgle et une plume suspendues au dessus du registre.
- De Thelorn Velarn, mage ? Ou je vais chercher le registre des adoptions ?
Le mage lui fit signe de raturer celui qu'il avait sous les yeux.

Par Hebus Lochly le 28/8/2002 à 0:09:31 (#2041922)

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