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Confrontation

Par Harfang Maugrin le 15/8/2002 à 22:08:01 (#1967361)

Combien de temps s’était-il écoulé depuis mon départ ? Une semaine, peut-être deux. Ces derniers temps avaient été rudes et les jours auraient aussi bien pu être des années. Je m’accordai un instant de repos après l’ascension d’une falaise abrupte. Je m’efforçai de mettre quelque ordre dans mon esprit.

J’étais parti, sans même prendre le temps de laisser un mot, dès que la rumeur m’était parvenue : une abomination avait vu le jour au cœur des bois et il était du devoir des prédateurs d’en libérer la nature, à n’importe quel prix… J’étais parti dans la nuit, n’emportant qu’un épieu à large lame. J’étais parti au devant de la mort… peut-être sans espoir de retour.

Notre première rencontre eut lieu trois jours plus tard. L’ours qui avait été un animal majestueux n’était plus qu’une bête féroce au pelage luisant du sang sombre de ses victimes. Son regard brillait d’une lueur malsaine et folle ; il paraissait voué une haine infinie à chaque être vivant. Même séparés par le fleuve, je pouvais sentir la rage qui l’habitait. D’un rugissement, il me défia à le suivre au plus profond de la forêt où il s’enfonça peu après. Il me fallut près d’une heure pour traverser le cours rapide de l’eau sur un frêle esquif ; il est malaisé de ramer et d’écoper simultanément. J’avais par trop dérivé et mon adversaire était déjà loin lorsque je revins au lieu de son défi. Mais il avait laissé derrière lui une piste impossible à manquer ; mon chemin allait être jonché d’arbres déracinés et de cadavres sanguinolents durant un long moment…

J’eus besoin de deux jours pour le rattraper. Temporairement repu de massacres et contemplatif de son œuvre macabre, il trônait au sommet d’une colline à la boue sanglante. Il se rua sur moi dès qu’il m’aperçut. Saisissant l’épieu à deux mains, je me préparai de mon mieux à l’impact. J’avais commis l’erreur de sous-estimer sa vivacité. Malgré sa masse imposante, il me prit de vitesse et l’acier de mon arme n’entama que superficiellement son cuir. Il me faucha d’un seul coup de patte. Je sentis la douleur me déchirer le flanc… Je dévalai la pente en tournoyant sur moi-même. Il me laissa là, inerte et le visage dans la boue, songeant sans doute qu’une mort lente serait sans doute plus appropriée pour moi. Et pourtant je survécus…

Un hurlement bestial me tira de ma rêverie au sommet de la falaise. Le temps de la troisième confrontation approchait… et il n’y en aurait pas de suivante, pour le meilleur ou pour le pire. En me relevant, j’examinai mon côté. A travers le cuir lacéré de mon armure, je pouvais distinguer la large plaie qui me barrait le flanc. La blessure aurait dû être recousue mais je n’en avais pas eu l’opportunité, aussi laisserait-elle une vilaine cicatrice. Empoignant mon épieu, je me mis en route d’un pas alerte, prenant soin de ne pas révéler ma présence.

Il y eut un nouveau cri, humain cette fois. L’infâme gargouillis qui le conclut ne me laissa guère de doute sur le sort de l’homme qui en avait été l’origine. Une dizaine de minutes plus tard, je trouvai le cadavre, ou du moins ce qui en restait. A moitié dévoré, il ne subsistait de lui qu’un visage au faciès déformé par la terreur et un torse déversant divers organes sur le sol tapissé de feuilles. Sans accorder un regard de plus à la dépouille, je repris la traque. Il n’était plus très loin et je tâchais de me préparer à l’affrontement si proche.

Je le retrouvai avançant lentement au milieu des hautes futaies. Il infligeait consciencieusement de profonds stigmates aux arbres les plus majestueux et abattait d’un coup les plus petits. J’eus le cœur au bord des lèvres en distinguant la forme qu’il avait prise. L’esprit avait abandonné l’aspect de l’ours, se redressant sur ses pattes arrières, les muscles des épaules s’étaient déplacés sur le côté et lui conféraient une carrure de lutteur, bien qu’aucun homme n’ait jamais atteint une telle taille. Sa tête était toujours celle d’un ours et ses doigts à l’air pataud avaient conservés leurs redoutables griffes. J’étais dépité de constater que cet esprit autrefois si vaillant avait choisi de ne devenir qu’une caricature d’homme.

Il se tourna vers moi, bouillant de colère. A nouveau son hurlement retentit ; il était même trop avili pour employer le langage silencieux et étrange des esprits. Ce fut mon tour de lui lancer un défi.


« Ton chemin meurtrier s’arrête ici, démon ! »

Je laissai mon instinct prendre le dessus, je sentis le sang s’accélérer dans mes veines ; les détails de ma vision s’affinèrent, crocs et griffes devinrent mes armes au même titre que l’épieu.

Comme l’autre fois, il se précipita sur moi. J’esquissai un sourire en constatant qu’il était un peu plus maladroit qu’auparavant, sans doute n’était-il pas encore acclimaté à son nouvel aspect. Je bondis par-dessus lui et enfonçai la large lame entre ses omoplates. Son cri fut plus dû à la colère qu’à la douleur. D’un geste presque négligeant, il arracha l’épieu et le jeta au loin. Il fonça à nouveau et je m’efforçai à nouveau d’éviter ses coups en autant de petits sauts. Nos griffes lacéraient l’air et parfois la chair. Si mes serres mordaient profondément son cuir, il n’en laissait rien paraître. J’avais réussi jusque là à n’écoper que de quelques coupures superficielles…

Pourtant, il avait bel et bien le dessus, m’acculant jusqu’à mes dernières limites. J’esquivai ses griffes pour être cueilli par le revers de son bras. Je me sentis propulsé dans l’air… l’atterrissage fut rude et un craquement sinistre retentit au moment où l’arbre céda sous l’impact. Etourdi, je me relevai en vacillant et faillis glisser dans mon propre sang : la plaie s’était rouverte sous le coup. J’en vins à me demander si je pouvais encore envisager vaincre ce monstre. Je perdais trop de sang pour continuer à ne faire que me défendre.

Je m’élançai rapidement vers lui, frappant au niveau du visage. Je sentis le sang jaillir sur moi, sans doute avais-je touché un œil. Il balaya l’air de ses bras robustes et son coude me cueillit à l’arrière du crâne. Je me relevai péniblement tout en crachant du sang. Par hasard mon regard se posa sur l’épieu ; il gisait non loin, sa lame encore trempée de sang. Une idée germa dans mon esprit embrumé par la douleur… je ne pourrais jamais vaincre cet adversaire par la force.

Je restai courbé en deux, feignant d’être trop faible pour poursuivre la lutte. La réaction de l’ours ne se fit pas attendre et je l’entendis hurler tout en fonçant. Mes doigts se refermèrent sur la courte hampe. Le cri de rage paraissait emplir tout l’univers, il ne devait plus être loin. Je pivotai soudainement et pointai la lame vers sa gorge. Son élan l’emporta et il s’empala sur l’arme ; un jet de sang me couvrit du liquide poisseux de la tête au pied. Mais sa course ne s’arrêta pas pour autant. Dans un dernier effort, il me souleva et m’écrasa contre le tronc d’un vénérable chêne. La souffrance devint telle que je perdis la raison. Je songeai non sans ironie qu’à présent je savais ce qu’éprouvait le fer martelé sur l’enclume. Je demeurai ainsi, incapable de bouger, pendant de longues minutes.

Je finis par me relever. Mon adversaire s’était renversé sur le côté, n’émettant plus que quelques râles. Je saisis l’épieu et l’enfonçai de toutes mes forces restantes. Le corps fut agité de spasmes avant de s’immobiliser définitivement… Je lui tranchai la tête par mesure de précaution. Je l’avais vaincu, mais inexorablement le sang s’écoulait de ma blessure.

Je m’éloignai en boitillant, chaque pas m’évoquant une torture. Je finis par m’écrouler plus que m’asseoir au pied d’un orme centenaire. Mes jambes ne pouvaient plus me porter et je sentais la vie s’échapper lentement de mon emprise. Je distinguai plus que je ne vis une silhouette familière : un vieux loup gris. Je lui parlai tout bas.

« Bonjour vieux loup… Une nouvelle fois je ne t’ai pas écouté… mais je me devais de le poursuivre… même toi n’y serait peut-être pas arrivé… j’espère juste ne pas t’avoir déçu… »

Nul reproche ne vit le jour dans ses yeux topaze. Il vint se blottir contre moi m’apportant quelque réconfort. Je caressai son pelage, y répandant de longues traînées de sang rouge vif. Un visage féminin s’imposa à mon esprit, les traits doux d’une jeune fille.


« Tu avais raison sur toute la ligne… »

Je pensai à mes sœurs. Une fois de plus, je ne serais pas là pour les défendre. Je ne pouvais qu’espérer qu’elles mènent une vie heureuse. Je regretterais leurs rires et leurs taquineries, leurs mots gentils à mon égard. Je ne verrais plus leurs sourires… Un visage féminin s’imposa à mon esprit, la voix suave d’une femme.

Je m’appuyai doucement contre le tronc rugueux. Je n’aimerais plus. Jamais je ne pourrais lui dire ce que j’avais ressenti en la voyant. Je ne pourrais lui divulguer mes sentiments, lui avouer que je l’aimais… Un visage féminin s’imposa à mon esprit, un joli portrait qui s’estompait lentement… cédant la place à l’obscurité.

Du doigt, j’avais tracé un mot dans la terre : Calice.

Par Ceinwèn Maugrin le 15/8/2002 à 22:44:34 (#1967495)

Droite et fière, l'archère bande lentement son arc d'un geste gracieux. Un silence funeste reigne dans cette prairie malgrès l'eau rugissant dans la rivière. Une biche s'est arrétée pour s'y abbrever goutant ainsi à ses derniers moments.
La main s'ouvre libérant la flèche qui dans un lèger bruissement vient se planter au flanc de l'animal lui otant son fillet de vie. Ses pensées à cet instant sont pour son cousin.

Tous les opposes. Et pourtant si proches.

Une larme se meurt sur sa joue et un murmure se laisse porter par le vent.

Reviens vite chèr cousin. Ta prèsence me manque.

Par Calice Kerl le 15/8/2002 à 23:15:05 (#1967633)

Les vieux livres embaument...
J'ai de l'encre sur les doigts... Des parchemins éparpillés autours de moi.
L'herbe de la prairie proche de LightHaven ploie sous les assauts de la brise, se transformant en mer emeraude.

Un hurlement... Et un sinistre silence.
Mais pas là... Pas dans le bois environnant...
Loin... plus loin, bien plus loin dans mon coeur... qui se sert...

Par Ivan Maugrin le 15/8/2002 à 23:35:18 (#1967695)

Sa poitrine avec peine se soulève
A mesure que les souvenirs affluent
Images echapées d'un rêve
Symboles d'un passé à jamais révolu.

Sa poitrine avec reconnaissance s'affaise
Descente du rideau sur la scène de sa vie
Son souffle se confondant avec les braises
Qu'un rien pourrait ranimer puis...

Par Åalacã Maugrin le 16/8/2002 à 0:11:10 (#1967784)

Le silence après les prières...

Un vide qui reste vide...

Je crois en ses promesses.... il devait veiller sur nous.

*ne pas verser de larmes*

veiller sur nous...

*larme*

Nous!!!
Frère reviens avec nous!!! nous t'aimons tant!!

Par Cyran le 16/8/2002 à 20:08:07 (#1971785)

Trois jours plus tard, un groupe de chasseurs découvrit le corps massif et déformé d’un ours. Sa tête avait été sectionnée et gisait quelques mètres plus loin. Une piste sanglante s’éloignait du cadavre et s’enfonçait dans les bois. Les hommes la suivirent pour remarquer qu’elle s’arrêtait non loin, au pied d’un arbre majestueux. Les traînées de sang s’achevaient en une marre rouge sombre, mais de dépouille ils ne trouvèrent point. L’un deux remarqua par hasard une inscription sur le sol. Un mot aux lettres tremblantes avait été tracé ; en l’examinant de plus près il constata que la boue était devenue tel le roc. Le nom était devenu immuable. Les trappeurs quittèrent les lieux d’un pas rapide ; sans doute l’endroit deviendrait-il l’objet de superstitions. Et pourtant ils n’eurent pas vent d’autres phénomènes.

Un matin, une jeune femme aux traits doux et répondant au nom de Calice trouva déposé à côté d’elle une pierre d’un jaune profond, une topaze à la pureté rare… elle évoquait étrangement l’éclat d’un regard. Åalacã et Elianne trouvèrent chacune au pied de leur lit une petite chouette sculptée dans le bois, souvenir ancien d’un jouet. Pourtant nulle silhouette n’avait été aperçue…

Un homme était mort…

Un esprit était né…


HRP : voilà, c'est donc un adieu au jeu pour moi sur Harn... par contre vous continuerez à me subir sur le forum... :D

ljd Cyran/Harfang

Par A peine un murmure le 16/8/2002 à 20:17:02 (#1971847)

Meme quand l'on disparait une partie de nous subsiste
Elle prend sa place dans le coeur de ceux que nous avons cotoyé
Donnant a notre fin un petit gout d'eternité
Rejoins moi mon ami dans le néant des phrases... Triste..
Ne le soyez pas.. car au travers des mots nous seront toujours la

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